Article oriÂgiÂnal publié en anglais sur le site de truthdig.com, le 13 sepÂtembre 2015.
ChrisÂtoÂpher Lynn Hedges (né le 18 sepÂtembre 1956 à Saint-JohnsÂbuÂry, au VerÂmont) est un jourÂnaÂliste et auteur améÂriÂcain. RéciÂpienÂdaire d’un prix PulitÂzer, Chris Hedges fut corÂresÂponÂdant de guerre pour le New York Times penÂdant 15 ans. ReconÂnu pour ses articles d’analyse sociale et poliÂtique de la situaÂtion améÂriÂcaine, ses écrits paraissent mainÂteÂnant dans la presse indéÂpenÂdante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a égaÂleÂment enseiÂgné aux uniÂverÂsiÂtés ColumÂbia et PrinÂceÂton. Il est édiÂtoÂriaÂliste du lunÂdi pour le site Truthdig.com.
La poliÂtique de JereÂmy CorÂbyn, qui a remÂporÂté sameÂdi une vicÂtoire écraÂsante à la tête du ParÂti traÂvailliste qui avait essuyé une défaite élecÂtoÂrale en mai derÂnier, fait parÂtie de la révolte gloÂbale contre la tyranÂnie corÂpoÂraÂtiste. Sa longue carÂrière avait été marÂquée par une mise à l’éÂcart au sein même de la classe poliÂtique de son pays. Mais n’ayant jamais renonÂcé aux idéaux sociaÂlistes qui défiÂnisÂsaient le vieux ParÂti traÂvailliste, il est sorÂti intact du tas de fumier que repréÂsente le néoÂliÂbéÂraÂlisme. Son intéÂgriÂté, ainÂsi que son audace, offrent une leçon à ceux qui, aux États-Unis, se défiÂnissent comme apparÂteÂnant à la gauche, font de beaux disÂcours, cherchent à comÂpoÂser avec les élites au pouÂvoir — plus parÂtiÂcuÂlièÂreÂment avec le ParÂti démoÂcrate — et sont totaÂleÂment dépourÂvus de couÂrage.
Je n’apÂporÂteÂrai mon souÂtien ni à un homme poliÂtique qui liquide les palesÂtiÂniens et se plie aux exiÂgences du lobÂby israéÂlien ni à un homme poliÂtique qui refuse de s’opÂpoÂser au comÂplexe miliÂtaÂro-indusÂtriel ou à la supréÂmaÂtie blanche et à l’inÂjusÂtice raciale. La quesÂtion palesÂtiÂnienne n’est pas une quesÂtion accesÂsoire. Elle fait parÂtie intéÂgrante des efforts des états-uniens visant à démanÂteÂler notre machine de guerre, la poliÂtique néoÂliÂbéÂrale qui utiÂlise prinÂciÂpaÂleÂment le lanÂgage de l’ausÂtéÂriÂté et de la vioÂlence pour s’aÂdresÂser au reste du monde, et l’inÂfluence corÂroÂsive de l’argent dans le sysÂtème poliÂtique du pays. Si vous tenez tête aux maîtres de la guerre et au lobÂby israéÂlien, il vous fauÂdra proÂbaÂbleÂment tenir tête à tous les autres pouÂvoirs néoÂliÂbéÂraux et corÂpoÂraÂtistes qui canÂniÂbaÂlisent les États-Unis. C’est en cela que consiste l’apÂtiÂtude à diriÂger. Cela consiste à avoir une vision. Et cela consiste à se battre pour cette vision.
CorÂbyn, qui souÂtient les négoÂciaÂtions avec le Hamas et avec HezÂbolÂlah et qui a une fois inviÂté des membres de ces deux orgaÂniÂsaÂtions à visiÂter le ParÂleÂment, a appeÂlé à traÂduire en jusÂtice les diriÂgeants d’IsÂraël pour crimes de guerre contre les palesÂtiÂniens. Il a expriÂmé son souÂtien au mouÂveÂment BoyÂcott, DésÂinÂvesÂtisÂseÂment et SancÂtions (BDS) à l’enÂcontre d’IsÂraël et à l’apÂpel pour un embarÂgo sur les armes contre ce même pays. Il souÂhaite aboÂlir le PreÂvenÂtion of TerÂroÂrism Act (acte de préÂvenÂtion du terÂroÂrisme), équiÂvalent briÂtanÂnique du Patriot Act aux États-Unis et qui a été utiÂliÂsé pour stigÂmaÂtiÂser et harÂceÂler les musulÂmans. Il veut que le Royaume-Uni se retire de l’OÂTAN. Il a déclaÂré qu’il ne conceÂvait aucune situaÂtion nécesÂsiÂtant l’enÂvoi de troupes briÂtanÂniques à l’éÂtranÂger. Il s’est oppoÂsé farouÂcheÂment à l’inÂvaÂsion et à l’ocÂcuÂpaÂtion de l’IÂrak et a été l’un des insÂtiÂgaÂteurs de l’orÂgaÂniÂsaÂtion « Stop the War CoaÂliÂtion ». Il a dénonÂcé les États-Unis pour ce qu’il a appeÂlé l’asÂsasÂsiÂnat de OusÂsaÂma ben Laden, alléÂguant que le leaÂder d’Al-QaïÂda aurait dû être capÂtuÂré et jugé, et il s’en est pris au gouÂverÂneÂment briÂtanÂnique pour avoir utiÂliÂsé des drones miliÂtaires pour tuer deux djiÂhaÂdistes briÂtanÂniques en Syrie, au mois d’août. Il prône le désarÂmeÂment nucléaire uniÂlaÂtéÂral et a exhorÂté à la supÂpresÂsion de « TriÂdent », le proÂgramme de disÂsuaÂsion nucléaire de son pays. Il s’opÂpose à toute interÂvenÂtion miliÂtaire en Syrie et veut exerÂcer une presÂsion sur « nos préÂtenÂdus alliés de la région » — comÂpreÂnez l’AÂraÂbie SaouÂdite — qui souÂtiennent l’État islaÂmique. Il a appeÂlé à des pourÂparÂlers avec les diriÂgeants de facÂtions guerÂrières en Irak et en AfghaÂnisÂtan en vue de mettre un terme aux conflits.
« Aucune soluÂtion aux meurtres et aux vioÂlaÂtions des droits humains {au Moyen-Orient] ne réside dans un recours à une interÂvenÂtion miliÂtaire supÂpléÂmenÂtaire de la part de l’ocÂciÂdent », a écrit CorÂbyn. Il fauÂdra finir par trouÂver une soluÂtion poliÂtique dans la région mais ce ne sont pas les bomÂbarÂdeÂments par les forces de l’OÂTAN qui pourÂront y parÂveÂnir. Le drame des meurtres et de la proÂgresÂsion d’IÂSIS au cours de ces derÂnières semaines est encore un autre résulÂtat de la guerre contre le terÂroÂrisme déclenÂchée par le duo Bush-Blair et qui se pourÂsuit depuis 2001. Les vicÂtimes de ces guerres sont les réfuÂgiés et ceux qui sont chasÂsés de leurs maiÂsons ainÂsi que les milÂliers de civils anoÂnymes qui ont péri et contiÂnueÂront de périr dans la région. Les « vainÂqueurs » sont inéviÂtaÂbleÂment les fabriÂcants d’armes et ceux qui proÂfitent des resÂsources natuÂrelles de la région.
Et il ne s’aÂgit là que de sa poliÂtique extéÂrieure.
CorÂbyn dit qu’il encouÂraÂgeÂra des hausses d’imÂpôts imporÂtantes pour les riches ainÂsi que la supÂpresÂsion des allèÂgeÂments fisÂcaux accorÂdés aux entreÂprises. Il enviÂsage d’imÂpoÂser des mesures de sauÂveÂgarde pour proÂtéÂger les bénéÂfiÂciaires de presÂtaÂtions sociales et d’insÂtiÂtuer un « salaire maxiÂmum » pour les diriÂgeants d’enÂtreÂprises afin de lutÂter contre « des niveaux d’iÂnéÂgaÂliÂté groÂtesques ». Il souÂhaite la mise en place d’un encaÂdreÂment généÂraÂliÂsé des loyers afin de mettre un terme au « netÂtoyage social », selon ses propres termes, proÂduit par la genÂtriÂfiÂcaÂtion. Il a demanÂdé insÂtamÂment à la Banque d’AnÂgleÂterre de proÂcéÂder à un assouÂplisÂseÂment monéÂtaire pour le peuple qu’il nomme « PeoÂple’s QuanÂtiÂtaÂtive Easing », exiÂgeant qu’elle invesÂtisse des milÂliards dans des proÂjets desÂtiÂnés aux logeÂments, à l’énerÂgie et à d’autres infraÂstrucÂtures. Il souÂtient la créaÂtion d’un sancÂtuaire dans l’ AntarcÂtique pour empêÂcher l’exÂtracÂtion minière et le forage pétroÂlier. Il s’opÂpose au fraÂcking. Il préÂvoit des invesÂtisÂseÂments publics pour la construcÂtion des sysÂtèmes d’énerÂgies renouÂveÂlables solaires et éoliennes, et une « régleÂmenÂtaÂtion monÂdiale » pour entraÂver l’exÂporÂtaÂtion de carÂbone. Enfin, il enviÂsage de mettre fin aux mesures de priÂvaÂtiÂsaÂtion de cerÂtains serÂvices du sysÂtème de sanÂté uniÂverÂsel de son pays, connu sous le nom de « NatioÂnal Health SerÂvice ».
TanÂdis que les traÂvaillistes preÂnaient un virage à droite et subisÂsaient la domiÂnaÂtion de l’argent corÂpoÂraÂtiste et du néoÂliÂbéÂraÂlisme sous les gouÂverÂneÂments Tony Blair et GorÂdon Brown — un proÂcesÂsus qui a égaÂleÂment concerÂné le ParÂti démoÂcrate sous les manÂdats de Bill ClinÂton et de Barack ObaÂma — CorÂbyn deveÂnait un rebelle au sein de son propre parÂti. Entre 1997 et 2000, en tant que membre du ParÂleÂment, où il siège depuis 1983, il a voté contre des proÂjets de loi ou a contesÂté des posiÂtions défenÂdues par le gouÂverÂneÂment du « nouÂveau » ParÂti traÂvailliste plus de 500 fois. Blair, qui déteste CorÂbyn, a préÂveÂnu que si le parÂti souÂtient CorÂbyn lors des proÂchaines élecÂtions généÂrales (qui sont préÂvues pour 2020 mais peuvent se tenir à tout moment si un vote de non-confiance au ParÂleÂment a lieu), il risÂqueÂra d’être anéanÂti lors du scruÂtin. CorÂbyn a réagi en sugÂgéÂrant que Blair devrait être pourÂsuiÂvi en tant que criÂmiÂnel de guerre pour son rôle dans l’inÂvaÂsion de l’IÂrak en 2003.
CorÂbyn, au cours de la quaÂranÂtaine d’anÂnées qu’il a pasÂsée en marge de l’esÂtaÂblishÂment poliÂtique briÂtanÂnique, a appeÂlé à l’aÂboÂliÂtion de la monarÂchie briÂtanÂnique et a décrit Karl Marx comme « une figure fasÂciÂnante qui a beauÂcoup obserÂvé et dont on peut apprendre beauÂcoup de choses ». Il veut natioÂnaÂliÂser les comÂpaÂgnies de proÂducÂtion d’énerÂgie et renaÂtioÂnaÂliÂser la poste et les cheÂmins de fer. « Sans excepÂtion, la majoÂriÂté des infraÂstrucÂtures briÂtanÂniques d’élecÂtriÂciÂté, de gaz, d’eau et de cheÂmin de fer ont été construites par le biais d’inÂvesÂtisÂseÂments publics à la fin de la deuxième guerre monÂdiale et ont toutes été priÂvaÂtiÂsées à des prix défiant toute concurÂrence par les gouÂverÂneÂments conserÂvaÂteurs de ThatÂcher et de [John] Major au proÂfit d’inÂvesÂtisÂseurs avides ». a‑t-il écrit dans une colonne du jourÂnal « The MorÂning Star ».
Il a souÂleÂvé la posÂsiÂbiÂliÂté d’un retrait du Royaume-Uni de l’UÂnion EuroÂpéenne, citant l’atÂtaque draÂcoÂnienne orchesÂtrée par l’UE contre le peuple grec au nom de l’ausÂtéÂriÂté. « ObserÂvons les choses sous un autre angle », a déclaÂré CorÂbyn. « Si on perÂmet à des forces qui n’ont pas à répondre de leurs actes de détruire une écoÂnoÂmie comme celle de la Grèce, quand tout l’argent de ce plan de sauÂveÂtage ne va pas au peuple grec mais à pluÂsieurs banques à traÂvers l’EuÂrope, alors je pense que nous devons réfléÂchir très sérieuÂseÂment au rôle joué par l’UE et au rôle que nous jouons dans tout cela ».
CorÂbyn a proÂpoÂsé la créaÂtion d’un SerÂvice NatioÂnal de l’éÂduÂcaÂtion qui fourÂniÂrait, grâce à l’augÂmenÂtaÂtion des taxes sur les entreÂprises, une éduÂcaÂtion uniÂverÂselle graÂtuite de la garÂdeÂrie jusÂqu’à l’uÂniÂverÂsiÂté, en pasÂsant par les écoles proÂfesÂsionÂnelles et la forÂmaÂtion pour adultes. Il souÂhaite supÂpriÂmer l’éÂquiÂvalent briÂtanÂnique des écoles priÂvées sous contrat et mettre fin à l’ocÂtroi d’exoÂnéÂraÂtion d’imÂpôt consenÂti aux écoles priÂvées desÂtiÂnées aux élites. Il vouÂdrait rétaÂblir les subÂvenÂtions d’éÂtat dans le domaine des arts. Il a publié une déclaÂraÂtion en août ayant pour titre « Les arts sont pour tous et non pour quelques uns ; il y a de la créaÂtiÂviÂté dans chaÂcun d’entre nous. » Elle vaut la peine d’être lue.
La comÂmuÂnauÂté artisÂtique aux États-Unis, comme celle de Grande-BreÂtagne, est en grande détresse. Les acteurs, les danÂseurs, les musiÂciens, les sculpÂteurs, les chanÂteurs, les peintres, les écriÂvains, les poètes et même les jourÂnaÂlistes ne parÂviennent pas à gagner leur vie. Ils disÂposent de peu d’esÂpaces pour se proÂduire ou pour publier une nouÂvelle Å“uvre. Les théâtres déjà implanÂtés offrent des specÂtacles de mauÂvais goût ou des pièces qui sont des diverÂtisÂseÂments vides de sens pluÂtôt que de l’art. La guerre contre les arts a contriÂbué dans une large mesure au nivelÂleÂment par le bas de la popuÂlaÂtion des États-Unis. Elle nous coupe de notre patriÂmoine artisÂtique et intelÂlecÂtuel, contriÂbuant ainÂsi à notre amnéÂsie hisÂtoÂrique et cultuÂrelle. En paralÂlèle, la supÂpresÂsion des matières artisÂtiques des proÂgrammes scoÂlaires, mainÂteÂnant domiÂnés par des comÂpéÂtences proÂfesÂsionÂnelles et des tests stanÂdarÂdiÂsés, a consoÂliÂdé un sysÂtème dans lequel on a enseiÂgné ce qu’il faut penÂser et non comÂment il fat penÂser. L’exÂpresÂsion libre et la créaÂtiÂviÂté, disÂciÂplines qui rendent posÂsibles la connaisÂsance de soi, la transÂcenÂdance et l’apÂtiÂtude au resÂpect, sont des anaÂthèmes aux yeux de l’éÂtat capiÂtaÂliste. Le dogme impoÂsé du néoÂliÂbéÂraÂlisme ne doit pas être remis en quesÂtion.
« Sous l’apÂpaÂrence d’un proÂgramme d’ausÂtéÂriÂté à caracÂtère poliÂtique, ce gouÂverÂneÂment a détruit le finanÂceÂment des arts avec des proÂjets qui devaient jusÂtiÂfier de plus en plus souÂvent leurs contriÂbuÂtions artisÂtiques et sociales dans l’apÂproche réducÂtrice et implaÂcaÂbleÂment insÂtruÂmenÂtaÂliste de l’adÂmiÂnisÂtraÂtion ThatÂcher », a écrit CorÂbyn dans sa déclaÂraÂtion du mois d’août. Au cours des années 80, ThatÂcher qui était alors preÂmier ministre, a cherÂché à affaiÂblir la comÂmuÂnauÂté artisÂtique, en tenÂtant de réduire au silence les proÂvoÂcaÂteurs et en favoÂriÂsant le popuÂlisme. Les méthodes actuelles de mesure des valeurs du TréÂsor (insÂpiÂrées de praÂtiques utiÂliÂsées dans le marÂché immoÂbiÂlier et ailleurs) pour tenÂter de trouÂver des mécaÂnismes approÂpriés au calÂcul de la valeur des visites des galeÂries d’art ou de l’oÂpéÂra, constiÂtuent une voie danÂgeÂreuse vers la comÂmerÂciaÂliÂsaÂtion impiÂtoyable de chaque sphère de notre exisÂtence. Il en a résulÂté des coupes dans le budÂget du « Arts CounÂcil » (orgaÂnisme public charÂgé de la proÂmoÂtion des arts et de la culture) qui ont atteint 82 milÂlions de livres en l’esÂpace de 5 ans et la ferÂmeÂture de la grande majoÂriÂté des orgaÂniÂsaÂtions artisÂtiques subÂvenÂtionÂnées, en parÂtiÂcuÂlier en dehors de Londres. »
Il contiÂnue :
Au-delà des bénéÂfices sociaux et écoÂnoÂmiques éviÂdents des arts, on retrouve leur contriÂbuÂtion imporÂtante à nos comÂmuÂnauÂtés, à l’éÂduÂcaÂtion et au proÂcesÂsus démoÂcraÂtique. Des études ont démonÂtré l’imÂpact bénéÂfique de l’éÂtude du théâtre dans les écoles sur la capaÂciÂté des adoÂlesÂcents à comÂmuÂniÂquer, apprendre, et se toléÂrer les uns les autres, ainÂsi que sur la proÂbaÂbiÂliÂté qu’ils votent. La hausse de l’imÂpliÂcaÂtion des jeunes dans le proÂcesÂsus poliÂtique est une chose qu’il faut encouÂraÂger et céléÂbrer. De plus, la contriÂbuÂtion et la criÂtique de notre sociéÂté et de la démoÂcraÂtie que le théâtre a la capaÂciÂté d’ofÂfrir doit être proÂtéÂgée. Pour citer David Lan, « la disÂsiÂdence est nécesÂsaire à la démoÂcraÂtie, et les gouÂverÂneÂments démoÂcraÂtiques ont intéÂrêt à préÂserÂver les sites où la disÂsiÂdence peut s’exÂpriÂmer ».
CorÂbyn dit qu’il annuÂleÂrait les coupes budÂgéÂtaires gouÂverÂneÂmenÂtales qui ont évenÂtré la BBC. Il comÂprend que la desÂtrucÂtion de la radioÂdifÂfuÂsion publique, qui est conçue pour fourÂnir une triÂbune aux voix et aux artistes que l’argent corÂpoÂraÂtiste ne contrôle pas, signiÂfie l’aÂvèÂneÂment d’un sysÂtème de proÂpaÂgande domiÂné par les corÂpoÂraÂtions, comme celui qui contrôle la majoÂriÂté des ondes états-uniennes.
« Je crois ferÂmeÂment au prinÂcipe de la radioÂdifÂfuÂsion publique et je ne vouÂdrais pas qu’on suive la voie traÂcée par les États-Unis, où PBS a été éviÂdée, incaÂpable de fourÂnir un conteÂnu assez large pour pouÂvoir affronÂter les radioÂdifÂfuÂseurs priÂvés, et où Fox News a, par conséÂquent, acquis une posiÂtion domiÂnante et donne le la dans le domaine de l’acÂtuaÂliÂté », a‑t-il écrit. « Je veux voir le parÂti traÂvailliste au cÅ“ur des camÂpagnes de proÂtecÂtion de la BBC et de ses droits de licence. Lorsque nous [les traÂvaillistes] retourÂneÂront au pouÂvoir, nous devons entièÂreÂment finanÂcer la radioÂdifÂfuÂsion publique sous toutes ses formes, et reconÂnaitre le rôle cruÂcial qu’a joué la BBC dans la mise en place et le souÂtien d’arts natioÂnaux de classe monÂdiale, du théâtre, et du diverÂtisÂseÂment ».
CorÂbyn est deveÂnu végéÂtaÂrien à l’âge de 20 ans après avoir traÂvaillé dans une exploiÂtaÂtion porÂcine et avoir été témoin de l’aÂbus, de la torÂture et du masÂsacre de ces aniÂmaux. Il souÂtient les droits des aniÂmaux. Il ne posÂsède pas de voiÂture, se déplace presque parÂtout en vélo et est notoiÂreÂment fruÂgal, est habiÂtuelÂleÂment le moins dépenÂsier de tous les membres du parÂleÂment. Son romanÂcier préÂféÂré est l’éÂcriÂvain nigéÂrian ChiÂnua Achebe, qui a écrit « Things Fall Apart » (« le monde s’efÂfondre »), une exploÂraÂtion de la force desÂtrucÂtrice du coloÂniaÂlisme. CorÂbyn parle couÂramÂment l’esÂpaÂgnol et vient d’une famille de gauche. (Ses parents se sont renÂconÂtrés lors d’un rasÂsemÂbleÂment en souÂtien aux répuÂbliÂcains qui comÂbatÂtaient les fasÂcistes de FranÂco durant la guerre civile espaÂgnole).
Il est très conscient du proÂblème de la vioÂlence masÂcuÂline contre les femmes. Il bloÂqueÂrait la ferÂmeÂture des centres pour femmes vicÂtimes de vioÂlences domesÂtiques, comÂbatÂtrait la disÂcriÂmiÂnaÂtion contre les femmes sur leur lieu de traÂvail et souÂtienÂdrait les lois contre le harÂcèÂleÂment sexuel et l’aÂgresÂsion sexuelle. Il explique que son cabiÂnet serait comÂpoÂsé à 50% de femmes.
L’ascension de CorÂbyn à la tête du parÂti traÂvailliste a d’ores et déjà déclenÂché un lynÂchage contre lui de la part des forces de l’ordre poliÂtique néoÂliÂbéÂral. Ces forces sont déterÂmiÂnées à l’empêcher de deveÂnir preÂmier ministre. Les élites enraÂciÂnées dans son propre parÂti — dont un cerÂtain nombre ont déjà démisÂsionÂné de postes de direcÂtions, en signe de proÂtesÂtaÂtion contre l’éÂlecÂtion de CorÂbyn — cherÂcheÂront à lui faire ce que les démoÂcrates firent en 1972 à George McGiÂvern après qu’il ait obteÂnu la nomiÂnaÂtion à la tête du parÂti. La rhéÂtoÂrique de la peur a déjà comÂmenÂcé. Le preÂmier ministre David CameÂron a tweeÂté dimanche : « le parÂti traÂvailliste est mainÂteÂnant une menace pour notre sécuÂriÂté natioÂnale, notre sécuÂriÂté écoÂnoÂmique et la sécuÂriÂté de votre famille ». Cette bataille sera rude.
CorÂbyn, à l’insÂtar de SyriÂza en Grèce et PodeÂmos en Espagne, fait parÂtie de la nouÂvelle résisÂtance popuÂlaire qui émerge des ruines du néoÂliÂbéÂraÂlisme et de la gloÂbaÂliÂsaÂtion pour comÂbattre le sysÂtème banÂcaire interÂnaÂtioÂnal et l’imÂpéÂriaÂlisme améÂriÂcain. Il nous reste à orgaÂniÂser cette bataille effiÂcaÂceÂment aux États-Unis. Mais parce que nous vivons au cÅ“ur de l’empire, une resÂponÂsaÂbiÂliÂté parÂtiÂcuÂlière nous incombe pour défier la machine, mainÂteÂnue en place par l’esÂtaÂblishÂment du ParÂti démoÂcrate, défier l’inÂdusÂtrie de la guerre, Wall Street et le lobÂby israéÂlien. Nous devons nous ausÂsi Å“uvrer à construire une nation sociaÂliste. Notre vicÂtoire n’est pas assuÂrée, mais ce comÂbat est le seul espoir qui nous reste pour nous sauÂver des forces préÂdaÂtrices déterÂmiÂnées à détruire la démoÂcraÂtie et l’éÂcoÂsysÂtème dont nos vies dépendent. Si les forces auxÂquelles nous sommes confronÂtés triomphent, notre aveÂnir sera comÂproÂmis.
Chris Hedges
TraÂducÂtion : HéléÂna DelauÂnay
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Afficher les commentaires Hide commentsMerÂci à la traÂducÂtrice !
Juste une remarque : la traÂducÂtion choiÂsie pour le titre me semble ambigüe.
Je proÂpoÂseÂrais : « Nous, AméÂriÂcains, où est notre JereÂmy CorÂbyn ? » ou bien « Nous, les Etats-Unis, aurions besoin d’un JereÂmy CorÂbyn ».
Je souÂtiens comÂplèÂteÂment cette démarche car elle montre une vraie volonÂté poliÂtique, ce qui manque à cette période de fin de civiÂliÂsaÂtion comme la nomme ma femme. C’est effecÂtiÂveÂment un homme poliÂtique de gauche ce qui n’est pas la moindre des quaÂliÂtés aujourd’Âhui.
Thanks to Chris Hedjes to have supÂplied us the opporÂtuÂniÂty to know JereÂmy CorÂbyn ‚his so noble ideals in the serÂvice of his country,his felÂlow counÂtryÂmen in parÂtiÂcuÂlar weak ones, soliÂdaÂriÂty , jusÂtice but also a jusÂtice for the good of the humaÂniÂty, an ideal which you share and which you would like to see one day applied in your counÂtry, AmeÂriÂca, at the heart of « the empire » as you say. Is enough these wealth which beneÂfit only the rich, the banÂkers, the arms deaÂlers, the big mulÂtiÂnaÂtioÂnals and all those power seeÂkers. Is enough all these atroÂcious wars which bring back only misÂforÂtune and sadÂness ! The task is cerÂtainÂly difÂfiÂcult, the thorÂny and very long path but the man when he wakes up can move mounÂtains and sweep like a tsuÂnaÂmi the eneÂmies of the human race
MerÂci à Chris Hedjes pour nous avoir fourÂni l’ocÂcaÂsion de connaître JereÂmy CorÂbyn, ses idéaux telÂleÂment nobles au serÂvice de son pays,de ses conciÂtoyens notamÂment les faibles,de soliÂdaÂriÂté de jusÂtice mais ausÂsi une jusÂtesse de vue et une jusÂtice pour le bien de l’huÂmaÂniÂté entière,un idéal que vous parÂtaÂgez et que vous aimeÂriez voir un jour appliÂqué dans votre pays,l’Amérique, au coeur de « l’empire » comme vous dites.Suffit ces richesses qui ne proÂfitent qu’aux riches,aux banquiers,aux marÂchands de canons ‚aux grandes mulÂtiÂnaÂtioÂnales et tous ceux assoifÂfés de pouvoir.Suffit toutes ces guerres atroces qui ne rapÂportent que malÂheur et désolation!La tâche est certes difficile,le cheÂmin épiÂneux et bien long mais l’homme quand il se réveille peut déplaÂcer des monÂtagnes et balayer tel un tsuÂnaÂmi les enneÂmis du genre humain
MerÂci à Chris Hedjes pour nous avoir fourÂni l’ocÂcaÂsion de connaître JereÂmy CorÂbyn, ses idéaux telÂleÂment nobles au serÂvice de son pays ‚de ses conciÂtoyens notamÂment les faibles ‚de soliÂdaÂriÂté de jusÂtice mais ausÂsi une jusÂtesse de vue et une jusÂtice pour le bien de l’huÂmaÂniÂté entière ‚un idéal que vous parÂtaÂgez et que vous aimeÂriez voir un jour appliÂqué dans votre pays,l’Amérique, au coeur de « l’empire » comme vous dites.Suffit ces richesses qui ne proÂfitent qu’aux riches,aux banquiers,aux marÂchands de canons ‚aux grandes mulÂtiÂnaÂtioÂnales et tous ceux assoifÂfés de pouvoir.Suffit toutes ces guerres atroces qui ne rapÂportent que malÂheur et désolation!La tâche est certes difficile,le cheÂmin épiÂneux et bien long mais l’homme quand il se réveille peut déplaÂcer des monÂtagnes et balayer tel un tsuÂnaÂmi les enneÂmis du genre humain.
[…] JereÂmy CorÂbyn, le nouÂveau chef du parÂti traÂvailliste [briÂtanÂnique], nous offre exemple difÂféÂrent. Il a été marÂgiÂnaÂliÂsé au sein de son propre parÂti penÂdant trois décenÂnies parce qu’il est resÂté fidèle aux prinÂcipes cenÂtraux du sociaÂlisme. Et tanÂdis que le menÂsonge du néoÂliÂbéÂraÂlisme, défenÂdu par les deux parÂtis diriÂgeants, deveÂnait appaÂrent, les gens ont su à qui ils pouÂvaient accorÂder leur confiance. CorÂbyn n’a jamais manoeuÂvré pour faire évoÂluer sa carÂrière. Et c’est pourÂquoi l’establishment a si peur de lui. Ils savent qu’il ne leur est pas posÂsible de suborÂner CorÂbyn, pas plus qu’il n’était posÂsible de suborÂner Mother Jones ou Big Bill HayÂwood. L’intégrité et le couÂrage sont des armes puisÂsantes. Nous devons apprendre à les utiÂliÂser. Nous devons défendre ce en quoi nous croyons. Et nous devons accepÂter les risques voire le ridiÂcule qui accomÂpagnent cette prise de posiÂtion. Nous ne nous impoÂseÂrons d’aucune autre manière. […]