Nous sommes imparÂdonÂnables : nous avons raté le cenÂteÂnaire de l’exéÂcuÂtion de Joe Hill, le 19 novembre 1915, à Salt Lake City. Comme MalÂcolm X, Patrice LumumÂba, Che GueÂvaÂra ou ThoÂmas SanÂkaÂra, il est mort, assasÂsiÂné par l’enÂneÂmi de classe, à moins de 40 ans, exacÂteÂment à 36 ans, fusillé par un peloÂton d’exéÂcuÂtion. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et je m’en vais donc raconÂter cette page épique, traÂgique et sanÂglante de l’hisÂtoire de la classe ouvrière des AméÂriques, ces hommes et ces femmes qui avaient fui la vieille Europe à la recherche du paraÂdis sur terre et tomÂbèrent dans l’enÂfer du capiÂtaÂlisme le plus meurÂtrier de l’hisÂtoire.
Un enfant du fer
Joel EmmaÂnuel HägÂglund est né le 7 octobre 1879 à Gävle, dans le centre de la Suède, une région appeÂlée le GäsÂtrikÂland, terre du fer et de la chaux, qui ont été exploiÂtés depuis le XIVème siècle. Son père Olof, fils de payÂsan, est conducÂteur de locoÂmoÂtive sur la ligne Gävle-Falun. La famille est reliÂgieuse –walÂdensÂtröÂmienne, c’est-à -dire apparÂteÂnant à l’ÉÂglise misÂsionÂnaire suéÂdoise, une scisÂsion de l’ÉÂglise luthéÂrienne offiÂcielle créée par un pasÂteur excomÂmuÂnié, PP WalÂdensÂtröm, fort active dans les milieux ouvriers, attiÂrés par son accent mis sur la liberÂté indiÂviÂduelle — et musiÂcale. Joel apprend très tôt à jouer du vioÂlon, du banÂjo, de la guiÂtare, du piaÂno, de l’harÂmoÂniÂca et sur l’orgue construite par son père ; il comÂmence à comÂpoÂser des chanÂsons, insÂpiÂrées des psaumes chanÂtés par les adoÂlesÂcentes de l’ArÂmée du Salut, dans les jupes desÂquelles il est tout le temps fourÂré.

La situaÂtion de la famille change draÂmaÂtiÂqueÂment avec la mort du père en 1887, à 41 ans, lors d’une opéÂraÂtion suite à un acciÂdent du traÂvail lors d’une fausse manÅ“uvre. EntraîÂné par une locoÂmoÂtive, Olof soufÂfrit d’héÂmorÂraÂgies internes penÂdant un an avant d’être opéÂré et de ne pas se réveiller de l’anesÂthéÂsie. La mère, dont la penÂsion de veuve des cheÂmins de fer est bien maigre — 225 couÂronnes par an, soit le quart d’un reveÂnu ouvrier de l’éÂpoque — et les six enfants en vie (sur les neuf qu’elle a eus) doivent se retrousÂser les manches et la machine à tisÂser fabriÂquée par Olof tourne à plein régime. CerÂtains soirs, il n’y a rien à manÂger et les enfants se couchent dans le froid glaÂcial de l’hiÂver, ventre vide et mitaines aux mains, faute de chaufÂfage.
La mort d’OÂlof a renÂdu sa mère folle. SurÂnomÂmée « Hille-KajÂsa », elle se met à faire les 5 km sépaÂrant son vilÂlage de la ville, se posÂtant à un coin de rue pour lire la Bible à haute voix et dénonÂcer les misères du monde. Les enfants lui jettent des pierres. Elle riposte par des citaÂtions du livre saint. On finit par l’inÂterÂner à l’hosÂpice des pauvres du vilÂlage, d’où elle contiÂnue à s’éÂchapÂper pour contiÂnuer ses préÂdiÂcaÂtions.

Joel quitte l’éÂcole à 12 ans avec les meilleures notes en expresÂsion écrite, desÂsin et comÂporÂteÂment et les pires en hisÂtoire biblique. Il ne sera jamais une greÂnouille de béniÂtier. Il préÂfère aller au local de l’AsÂsoÂciaÂtion ouvrière ou à l’ÉÂglise des marins suivre des cours de desÂsin, de musique et d’anÂglais pluÂtôt que d’acÂcomÂpaÂgner sa mère à l’ÉÂglise de BethÂléem. En ce début des années 1890, le mouÂveÂment ouvrier est en pleine mutaÂtion : le ParÂti ouvrier social-démoÂcrate a été créé en 1889, mais la cenÂtrale synÂdiÂcale ne naîÂtra qu’en 1898. Le parÂti milite prinÂciÂpaÂleÂment pour le droit de vote uniÂverÂsel – les femmes ne l’obÂtienÂdront qu’en 1921 – et la jourÂnée de traÂvail de 8 heures « 8 heures de traÂvail, 8 heures de loiÂsir, 8 heures de repos » – qui ne sera insÂtauÂrée qu’en 1919, avec la semaine de 48 heures. ProÂgresÂsiÂveÂment, les vieilles assoÂciaÂtions ouvrières, qui releÂvaient plus d’un élan paterÂnaÂliste de bourÂgeois éclaiÂrés visant à éduÂquer les traÂvailleurs et, surÂtout, à les détourÂner du vice (alcool, tabac, basÂtringue et borÂdel), disÂpaÂraissent ou se transÂforment en orgaÂniÂsaÂtions de base du parÂti. Joel adoÂlesÂcent a sans doute assisÂté aux débats agiÂtant le milieu des traÂvailleurs actifs, ce qui a contriÂbué à sa forÂmaÂtion.
Il traÂvaille comme garÂçon de courses, puis dans une corÂdeÂrie, puis comme chaufÂfeur d’une machine à vapeur sur un chanÂtier. A 20 ans, il est atteint de tuberÂcuÂlose cutaÂnée – qui, après être disÂpaÂrue en Europe, est réapÂpaÂrue ces derÂnières années et reste endéÂmique au MaghÂreb – nécesÂsiÂtant un traiÂteÂment aux rayons X dans un hôpiÂtal de StockÂholm, où il passe deux ans, et dont il garÂdeÂra des traces sous forme de cicaÂtrices au visage et sur le cou. Cela ne l’empêche pas de contiÂnuer à chanÂter, lors de meeÂtings ouvriers et dans des cafés locaux. En 1901, il est réforÂmé du serÂvice miliÂtaire pour raiÂsons de sanÂté.

MarÂgaÂreÂta CataÂriÂna, sa mère, meurt en 1902, à 57 ans. Comme son mari, elle avait refuÂsé de consulÂter un médeÂcin jusÂqu’au bout. Joel a 23 ans. Les six frères et sÅ“urs vendent la maiÂson famiÂliale, se parÂtagent l’héÂriÂtage. Une fois les dettes payées, ils se retrouvent chaÂcun avec mille couÂronnes, l’éÂquiÂvalent d’une année d’un bon salaire ouvrier, corÂresÂponÂdant à 6 000 € d’auÂjourd’Âhui Paul, l’aîÂné de deux ans de Joel, est malÂheuÂreux en mariage et vient de perdre sa fille à l’âge de trois mois. Il décide de parÂtir, abanÂdonÂnant sa femme et son fils. Joel l’acÂcomÂpaÂgneÂra. Ils s’embarquent à GöteÂborg sur la vapeur WilÂson qui les conduit à Hull sur la côte Est de l’AnÂgleÂterre. De là , ils rejoignent en train LiverÂpool, où ils embarquent sur le SaxoÂnia de la Cunard Line pour l’AÂméÂrique, en troiÂsième classe. Après 10 jours de traÂverÂsée, au cours de laquelle ils ont donÂné un concert de piaÂno et vioÂlon, ils débarquent à Ellis Island le 28 octobre 1902.

Ils ont des notions d’anÂglais, acquises auprès de l’UÂnion chréÂtienne des jeunes gens (YMCA en anglais, KFUM en suéÂdois), une orgaÂniÂsaÂtion fonÂdée par George Williams, un ancien comÂbatÂtant yanÂkee deveÂnu prêtre bapÂtiste, dans le but d’œuÂvrer au déveÂlopÂpeÂment harÂmoÂnieux du « corps, de l’esÂprit et de l’âme » des jeunes (d’où le fameux triÂangle rouge qui est son logo). George Williams fut à l’oÂriÂgine du mouÂveÂment interÂnaÂtioÂnal de dénonÂciaÂtion du coloÂniaÂlisme belge au Congo, alors proÂpriéÂté perÂsonÂnelle du roi LéoÂpold II. Ce sont des aniÂmaÂteurs de l’YMÂCA qui ont invenÂté le basÂket-ball et le volÂley-ball, étant à la recherche de formes de sport non-violent à faire praÂtiÂquer aux jeunes. La secÂtion locale de KFUM avait été fonÂdée à Gävle en 1890. Les jeunes pauvres ne voyant pas d’autre soluÂtion à la misère ambiante que d’éÂmiÂgrer aux AméÂriques étaient très assiÂdus aux cours d’anÂglais.
Svenskamerika
Un milÂlion et demi de SuéÂdois ont émiÂgré entre 1850 et 1930, dont 1,2 milÂlion aux USA. Ces « SvensÂkaÂmeÂriÂkaÂner » ont laisÂsé une forte empreinte dans le MinÂneÂsoÂta (capiÂtale MinÂneaÂpoÂlis), où leurs desÂcenÂdants constiÂtuent aujourd’Âhui 10% de la popuÂlaÂtion, et un peu parÂtout où ils se sont insÂtalÂlés, du MasÂsaÂchusÂsetts à la CaliÂforÂnie. Les émiÂgrants de la période des pionÂniers, à parÂtir du XVIIème siècle, étaient en généÂral des « réfuÂgiés reliÂgieux », fuyant la répresÂsion exerÂcée par l’ÉÂglise luthéÂrienne d’ÉÂtat contre toute forme de disÂsiÂdence, en parÂtiÂcuÂlier l’inÂterÂdicÂtion des convenÂtiÂcules, autreÂment dit les réunions de prières tenues à domiÂcile sans la préÂsence d’un prêtre, qui furent punies de peines de priÂson jusÂqu’en 1856. Cette interÂdicÂtion visait toute une série d’éÂglises libres, qui contesÂtaient cerÂtains dogmes de l’ÉÂglise offiÂcielle.
Et jusÂqu’à cette même période, l’ÉÂglise exerÂçait une foncÂtion poliÂcière et fisÂcale. Les prêtres devaient tenir les livres de recenÂseÂment, dans lesÂquels étaient entrées toutes les donÂnées sur chaque famille, y comÂpris leurs connaisÂsances reliÂgieuses, vériÂfiées chaque année lors d’un « interÂroÂgaÂtoire de catéÂchisme » mené à domiÂcile au début de chaque hiver. Les chréÂtiens mal notés n’aÂvaient qu’à bien se tenir. Eh oui, la Suède d’auÂjourd’Âhui, si riche, si cool et poliÂtiÂqueÂment si corÂrecte, vient de loin. Mais aucune plaque ne comÂméÂmore sur la Place aux foins (HötorÂget) du centre de StokÂcholm – là où se dresse le Palais des concerts où a lieu la céréÂmoÂnie de remise des Prix Nobel – l’exéÂcuÂtion des sÅ“urs BritÂta et Anna SipÂpel et d’AnÂna MÃ¥nsÂdotÂter brûÂlées, non pas vives mais une fois décaÂpiÂtées, le 24 avril 1676, pour sorÂcelÂleÂrie…

Les raiÂsons écoÂnoÂmiques pour émiÂgrer sucÂcèdent aux raiÂsons reliÂgieuses à parÂtir de la seconde moiÂtié du 19ème siècle, en même temps que l’apÂpaÂriÂtion des bateaux à vapeur perÂmet un voyage beauÂcoup plus rapide de masses beauÂcoup plus imporÂtantes de gens que les bateaux à voile (qui preÂnaient deux mois pour la traÂverÂsée de GöteÂborg à New York). Après la fin de la guerre civile aux USA (1865), les autoÂriÂtés de WashingÂton lancent une camÂpagne de recruÂteÂment d’imÂmiÂgrants en offrant des lopins de terres graÂtuits dans des zones dépeuÂplées (et pour cause, on y avait exterÂmiÂné la popuÂlaÂtion native, les « Indiens »). De 1840 à 1914, 50 milÂlions d’EuÂroÂpéens émiÂgreÂront aux USA. En Suède, les crises agriÂcoles des années 1880 accéÂlèrent le mouÂveÂment. Les payÂsans suéÂdois devienÂdront des proÂléÂtaires améÂriÂcains. À parÂtir de 1900, les ouvriers prennent le pas sur les payÂsans. Et chaque échec du mouÂveÂment ouvrier proÂvoque une grande vague d’éÂmiÂgraÂtion, notamÂment après les deux derÂnières grèves généÂrales de l’hisÂtoire suéÂdoise, celle de 1902 et celle de 1909. Après la grève de 1909, la moiÂtié des gréÂvistes furent licenÂciés, et la moiÂtié d’entre eux prirent le cheÂmin de l’AÂméÂrique. Ils constiÂtueÂront une base des mouÂveÂments sociaux révoÂluÂtionÂnaires qui agiÂteÂront les USA avant, penÂdant et après la PreÂmière guerre monÂdiale.
De New York à la Californie
À New York dans l’hiÂver 1902, Joel comÂmence par deveÂnir netÂtoyeur de craÂchoirs publics dans les quarÂtiers de tauÂdis où s’enÂtassent les immiÂgrants. C’éÂtait là un preÂmier emploi typique d’imÂmiÂgrants à peine débarÂqués, comme celui de ramasÂseur de crotÂtin de cheÂval, lui ausÂsi menaÂcé de disÂpaÂriÂtion par le « proÂgrès », l’auÂtoÂmoÂbile preÂnant la place de l’hipÂpoÂmoÂbile pour le plus grand proÂfit des RockÂfelÂler et autres pétroÂliers texans. Les craÂchoirs dans les lieux publics, fabriÂqués en cuivre, en fer, en verre ou en porÂceÂlaine, étaient alors à l’aÂpoÂgée de leur difÂfuÂsion, consiÂdéÂrés comme un facÂteur d’hyÂgiène publique. Des orgaÂniÂsaÂtions de scouts et la Ligue anti-tuberÂcuÂlose orgaÂniÂsèrent à l’éÂpoque des camÂpagnes sur le thème « Ne craÂchez pas sur le trotÂtoir ». Il fauÂdra attendre l’éÂpiÂdéÂmie de grippe de 1918 – qui fit entre 50 et 100 milÂlions de morts dans le monde, dont plus d’un demi-milÂlion aux USA, frapÂpant parÂtiÂcuÂlièÂreÂment les pauvres et les AméÂrinÂdiens – pour que le corps médiÂcal remette en cause la foncÂtion proÂphyÂlacÂtique de ces craÂchoirs.

BienÂtôt, Joel et Paul se séparent pour tenÂter l’aÂvenÂture chaÂcun de son côté. Joel « goes west », part vers l’Ouest, vers l’ElÂdoÂraÂdo, la CaliÂforÂnie. Il est ouvrier agriÂcole, maçon, docker, bûcheÂron. Une carte posÂtale à sa famille en 1905 est posÂtée de CleÂveÂland, Ohio.
Il est à San FranÂcisÂco lorsque la ville est frapÂpée par le tremÂbleÂment de terre du 18 avril 1906, de force 8,3 sur l’éÂchelle de RichÂter, dont les effets catasÂtroÂphiques furent les incenÂdies déclenÂchés par des exploÂsions en chaîne de conduites de gaz, qui comÂmenÂcèrent à Hayes Street lorsÂqu’une mère de famille préÂpaÂrant le petit déjeuÂner déclenÂcha le preÂmier incenÂdie, faiÂsant entrer la catasÂtrophe dans l’hisÂtoire sous le nom de « Ham and Eggs Fire » (IncenÂdie des Å“ufs au bacon). Mais deux autres facÂteurs contriÂbuèrent à la desÂtrucÂtion par le feu de 28 000 bâtiÂments, soit 80% de la ville : le recours non maîÂtriÂsé par les pomÂpiers à la dynaÂmite pour faire sauÂter les bâtiÂments frapÂpés par le tremÂbleÂment, qui ne fit qu’éÂtendre les incenÂdies, et le fait que les proÂpriéÂtaires de maiÂsons jouèrent avec leurs alluÂmettes pour pouÂvoir bénéÂfiÂcier des assuÂrances, qui n’inÂdemÂniÂsaient pas pour dégâts par tremÂbleÂment de terre mais le faiÂsaient pour dégâts d’inÂcenÂdie. Bref, bilan : 3 000 morts. Le quoÂtiÂdien Gefle DagÂblad publie le 16 mai 1906, sous le titre « La catasÂtrophe à San FranÂcisÂco-Un habiÂtant de Gävle raconte » une lettre envoyée par Joel à un ami, qui l’a transÂmise à la rédacÂtion, où il raconte les effets de la catasÂtrophe sur la ville.

Wobbly !
En 1907, notre Joel se retrouve docker à PortÂland, dans l’OÂreÂgon. Des miliÂtants de l’IWW viennent un jour appeÂler les dockers à se soliÂdaÂriÂser avec les gréÂvistes de la scieÂrie qui exigent des meilleurs salaires et une réducÂtion des horaires de traÂvail. Joel enlève ses gants et adhère à la secÂtion 92 du synÂdiÂcat. L’InÂdusÂtrial WorÂkers of the World est une des expéÂriences les plus pasÂsionÂnantes de l’orÂgaÂniÂsaÂtion ouvrière. Ses miliÂtants furent appeÂlés les « wobÂblies », sans qu’on sache d’où vient ce mot. LitÂtéÂraÂleÂment, il signiÂfie « les tituÂbeurs » et vienÂdrait du lanÂgage péjoÂraÂtif utiÂliÂsé pour les désiÂgner par les patrons qui les haïsÂsaient comme la peste et traÂduiÂsaient « IWW » par « I Want WhiesÂky » (Je veux du whisÂky), mais ce n’est là qu’une des nomÂbreuses hypoÂthèses.

Le mouÂveÂment a été créé en 1905 à ChiÂcaÂgo par 200 miliÂtants sociaÂlistes, anarÂchistes et radiÂcaux vouÂlant rompre avec le réforÂmisme du synÂdiÂcat offiÂciel AFL-CIO, repréÂsenÂtant les intéÂrêts de l’aÂrisÂtoÂcraÂtie ouvrière, c’est-à -dire les ouvriers quaÂliÂfiés, mâles et blancs qui à l’éÂpoque n’orÂgaÂniÂsait que 5% des salaÂriés du pays. L’IWW devienÂdra le synÂdiÂcat de « l’autre mouÂveÂment ouvrier », les non-quaÂliÂfiés, les femmes, les Noirs, les immiÂgrés récents, les traÂvailleurs nomades, bref les souÂtiers du sysÂtème capiÂtaÂliste.
Il déveÂlopÂpa une forme d’orÂgaÂniÂsaÂtion horiÂzonÂtale, oppoÂsée à la strucÂture par métiers de l’AÂFL-CIO, que l’IWW voyait comme un obsÂtacle à l’uÂniÂté ouvrière (les wobÂblies appeÂlaient l’AÂmeÂriÂcan FedeÂraÂtion of Labor « AmeÂriÂcan SepaÂraÂtion of Labor »).
Son objecÂtif était clair :« aboÂliÂtion du salaÂriat ». Son sloÂgan ausÂsi : « An injuÂry to one is an injuÂry to all » (Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous). Le moyen était « One Big Union », un seul grand synÂdiÂcat pour tous, recouÂrant à l’acÂtion directe et traÂvaillant à préÂpaÂrer la grève généÂrale insurÂrecÂtionÂnelle pour aboÂlir le capiÂtaÂlisme. L’IWW aura certes des leaÂders, hommes et femmes, Noirs et Blancs, mais jamais de bureauÂcrates.
C’est sans doute le seul synÂdiÂcat ouvrier de l’hisÂtoire qui ait essayé d’être ausÂsi mobile que la classe qu’il vouÂlait orgaÂniÂser. Les traÂvailleurs non-quaÂliÂfiés se déplaÂçant de chanÂtier en chanÂtier, de planÂtaÂtion en port, d’uÂsine en mine, les wobÂblies se transÂforÂmeÂront en orgaÂniÂsaÂteurs itiÂnéÂrants.
En octobre 1907 éclate la grande panique banÂcaire, suite à une manÅ“uvre frauÂduÂleuse de spéÂcuÂlaÂteurs en bourse sur les actions de l’UÂniÂted Cooper, qui entraîne des retraits masÂsifs de fonds et des faillites en casÂcade. D’où chôÂmage en hausse. La Réserve fédéÂrale US sera créée en 1913 pour éviÂter le retour de telles crises (on a pu voir son effiÂcaÂciÂté en 1929…).
Rebel Girl
Joel a sauÂté dans un wagon de marÂchanÂdises sur un train de pasÂsage et se retrouve au prinÂtemps 1908 à SpoÂkane, dans l’ÉÂtat de WashingÂton, un imporÂtant nÅ“ud ferÂroÂviaire en plein chanÂtier. Et c’est là que naît Joe Hill, durant l’éÂpique « Free Speech Fight », la Bataille pour le droit de parole, menée par l’IWW de novembre 1908 à mars 1909.
La comÂpaÂgnie NorÂthern PaciÂfic recouÂrait aux serÂvices d’une mulÂtiÂtude d’aÂgences priÂvées d’emploi pour recruÂter des traÂvailleurs, venus de parÂtout. Le turn-over était inferÂnal, les traÂvailleurs étant remÂplaÂcés tout le temps par des nouÂvelles recrues. Les agences preÂnaient de l’argent aux traÂvailleurs pour des postes qui s’aÂvéÂraient inexisÂtants. L’IWW menait une intense agiÂtaÂtion dans les rues de la ville pour ameÂner les traÂvailleurs à s’orÂgaÂniÂser. Sur la presÂsion des patrons et des négriers, le conseil muniÂciÂpal édicÂta une interÂdicÂtion généÂrale de prises de paroles, disÂtriÂbuÂtions de tracts et meeÂtings dont l’ArÂmée du Salut fut exempÂtée.
L’IWW riposÂta en appeÂlant à la désoÂbéisÂsance civile de masse. ImaÂgiÂnez la scène : sur une place, un wobÂbly, fouÂlard rouge au cou, monte sur une caisse de savon et lance « CamaÂrades et amis ! ». Un flic arrive et le desÂcend de la caisse. Quelques secondes après, arrive un deuxième wobÂbly. La même scène se reproÂduit, et ainÂsi de suite, jusÂqu’à épuiÂseÂment des forces de police disÂpoÂnibles. Quand le énième wobÂbly monte sur la caisse et lance son adresse, il est tout étonÂné de ne pas se faire alpaÂguer et a un moment d’héÂsiÂtaÂtion avant de se rendre compte qu’il peut contiÂnuer son disÂcours. RésulÂtat : penÂdant l’hiÂver, plus 400 miliÂtants de l’IWW furent empriÂsonÂnés, d’aÂbord à SpoÂkane, puis dans les enviÂrons quand il n’y eut plus de place à la priÂson locale, ce qui déclenÂcha un incroyable borÂdel, non seuleÂment parce que les wobÂblies enferÂmés praÂtiÂquaient ce qu’ils appeÂlaient « construire un bateau de guerre » – consisÂtant à faire le plus de bruit posÂsible, tous ensemble, par tous les moyens disÂpoÂnibles – mais ausÂsi parce que des orgaÂniÂsaÂtions de contriÂbuables comÂmenÂcèrent à proÂtesÂter contre le coût de l’emprisonnement de cenÂtaines de perÂsonnes qu’il falÂlait bien nourÂrir.
ParÂmi eux, EliÂzaÂbeth GurÂley Flynn, une fille du Bronx (à New York) qui avait à peine 17 ans et venait de finir le lycée. Elle retarÂda son arresÂtaÂtion en s’enÂchaîÂnant à un réverÂbère. Dès qu’elle resÂsorÂtit de priÂson, elle accuÂsa la police d’aÂvoir transÂforÂmé la priÂson locale pour femmes en borÂdel, ce qui déclenÂcha une chasse au jourÂnal IndusÂtrial WorÂker conteÂnant la dénonÂciaÂtion, dont les poliÂciers essayèrent de détruire un maxiÂmum d’exemÂplaires. EliÂzaÂbeth, bapÂtiÂsée par la presse réacÂtionÂnaire « la chienne anarÂchiste » insÂpiÂreÂra à Joe Hill sa chanÂson Rebel Girl en 1911. Des échanges qu’il aura avec elle, il tireÂra des prises de posiÂtion résoÂluÂment fémiÂnistes, insisÂtant sasn cesse auprès de ses comÂpaÂgnons sur la nécesÂsiÂté de recruÂter plus de femmes dans l’orÂgaÂniÂsaÂtion et de leur donÂner toute leur place.
Mais la chanÂson ne comÂmenÂceÂra son parÂcours public hisÂtoÂrique qu’en novembre 1915, lorsÂqu’elle sera chanÂtée à la céréÂmoÂnie funéÂraire en l’honÂneur de l’auÂteur, à ChiÂcaÂgo. Je vous proÂpose une verÂsion émouÂvante de la chanÂson par la jeune Alyeah HanÂsen à Salt Lake City, un siècle plus tard :
PenÂdant leur bataille de SpoÂkane, les wobÂblies se retrouÂvaient non seuleÂment face aux flics et aux PinÂkerÂtons, des détecÂtives priÂvés utiÂliÂsés par l’enÂneÂmi de classe pour la chasse aux empêÂcheurs d’exÂploiÂter en rond, mais à … l’ArÂmée du Salut, dont la fanÂfare arriÂvait et jouait le plus fort posÂsible à chaque fois que l’IWW faiÂsait un meeÂting, couÂvrant ainÂsi la voix des oraÂteurs, qui, dans le meilleur des cas, ne disÂpoÂsaient que de porte-voix acousÂtiques, le mégaÂphone élecÂtrique étant encore une rareÂté et le haut-parÂleur invenÂté par Ernst WerÂner von SieÂmens en 1877 ne se trouÂvait pas encore dans le comÂmerce.
Que faire pour contrer les flonÂflons de l’ArÂmée du Salut ? Joe et ses camaÂrades trouvent la réponse : eux ausÂsi vont chanÂter et faire de la musique ! Joe connaît bien le réperÂtoire de l’ArÂmée du Salut depuis son enfance suéÂdoise, il a une plume bien tourÂnée et de l’huÂmour. Il se met au bouÂlot. L’obÂjecÂtif de ce qui devienÂdra la « Petit livre rouge de chanÂsons » de l’IWW a été fixé lors de réunions. Il se résume ainÂsi : « Des chanÂsons qui sèment la colère et la révolte, pousÂsant les traÂvailleurs à agir, enveÂlopÂpées d’une dose d’huÂmour, pour attéÂnuer la trisÂtesse du mesÂsage ». Ou, pour reprendre les termes de Joe : « Un texte bien ficeÂlé, chanÂté sur un ton de plaiÂsanÂteÂrie et sur une méloÂdie connue ». Et ça marche.
RapiÂdeÂment, les agiÂtaÂteurs de l’IWW s’emparent du réperÂtoire proÂduit par Joe, qui devient un outil d’orÂgaÂniÂsaÂtion. ImaÂgiÂnez la scène : elle se passe dans un camÂpeÂment de cueilleurs de raiÂsin en CaliÂforÂnie, le soir, après l’éÂpuiÂsante jourÂnée de traÂvail. Les gens sont assis en cercle autour du feu, seule source de lumière. Le wobÂbly arrive, s’asÂsoit et sort sa guiÂtare ou son banÂjo. Dès la preÂmière chanÂson, dont la méloÂdie vient d’un psaume qui est dans toutes les oreilles, les gens comÂmencent à rire et à reprendre le refrain. Après quelques chanÂsons, le wobÂbly lance son appel à rejoindre l’IWW, disÂtriÂbue les cartes aux nouÂveaux adhéÂrents, échange des renÂseiÂgneÂments praÂtiques avec eux pour resÂter en contact et disÂpaÂraît dans la nuit, avant que les PinÂkerÂtons, alerÂtés par le mouÂchard de serÂvice, lui tombent desÂsus, et grimpe dans le preÂmier wagon de marÂchanÂdises qui passe pour débarÂquer ailleurs le lenÂdeÂmain.
Les chanÂsons de Joe, qui, entreÂtemps, est deveÂnu Joseph HilÂlÂstrom – sans doute pour semer les flics – sont publiées dans l’InÂdusÂtrial WorÂker, où, avec le texte, est indiÂquée la méloÂdie l’acÂcomÂpaÂgnant. Cela perÂmet une difÂfuÂsion à traÂvers tous les USA et une bonne parÂtie du CanaÂda. « Une broÂchure ou tract, ausÂsi bien écrit soit-il, n’est jamais lu qu’une seule fois, mais une chanÂson, on l’apÂprend par cÅ“ur et on la chante coup après coup ».
Joe passe les années 1909 à 1913 prinÂciÂpaÂleÂment en CaliÂforÂnie, à San Pedro, San DieÂgo et FresÂno, parÂtiÂciÂpant à une longue série de luttes ouvrières, en parÂtiÂcuÂlier de dockers, et à d’autres camÂpagnes pour la liberÂté de parole en public. En janÂvier 1911, il s’asÂsoÂcie aux cenÂtaines de comÂpaÂgnons US et euroÂpéens qui rejoignent les forces révoÂluÂtionÂnaires mexiÂcaines en Basse-CaliÂforÂnie, où ils essaient d’éÂtaÂblir une répuÂblique libre de traÂvailleurs, mais une attaque de forces fédéÂrales du régime agoÂniÂsant de PorÂfiÂrio Diaz les contraint à se replier aux USA.

L’éÂté 1913, sorÂti de la priÂson de San Pedro où il a pasÂsé 30 jours pour « vagaÂbonÂdage », en fait pour son souÂtien musiÂcal trop bruyant à une grève de dockers itaÂliens (« J’éÂtais un peu trop actif aux yeux du patron du bled »), notre héros venu du froid atterÂrit dans une des pires régions du Far West, l’UÂtah, livré à la secte des MorÂmons et aux comÂpaÂgnies minières. Il s’insÂtalle à Park City où il a des amis suéÂdois parÂmi les mineurs de la mine d’argent. Et il prend le cheÂmin de la mine.
Un procès yankee
Le 10 janÂvier 1914, à 23 h 30 Joe se préÂsente chez un médeÂcin de Salt Lake City avec une blesÂsure par balle, infliÂgée, dit-il, par un mari jaloux dont il aurait offenÂsé la femme. Un peu plus tôt, dans un autre quarÂtier de la ville, un épiÂcier et son fils avaient été tués par des camÂbrioÂleurs dont l’un avait été blesÂsé. Il n’en falÂlut pas plus pour que la police accuse Joe du double meurtre et l’arÂrête de manière specÂtaÂcuÂlaire, le surÂpreÂnant au lit et lui tirant desÂsus lorsÂqu’il tenÂdit la main vers son panÂtaÂlon pour l’enÂfiÂler.
Il eut droit à un vrai proÂcès yanÂkee : pas de preuves matéÂrielles, des témoins très vagues. Et Joe refuÂsa de nomÂmer au triÂbuÂnal la femme au mari jaloux pour « préÂserÂver son honÂneur ». On a beau être un sacré agiÂtaÂteur rouge, on n’en est pas moins gentÂleÂman.

L’IWW lanÂça une camÂpagne de souÂtien deux mois avant l’ouÂverÂture du proÂcès, ameÂnant des perÂsonÂnaÂliÂtés à prendre la défense de Joe. Des maniÂfesÂtaÂtions eurent lieu un peu parÂtout, y comÂpris à StockÂholm (l’auÂteur de ces lignes fit de la figuÂraÂtion dans le film sur Joe Hill tourÂné par Bo WiderÂberg en 1970, où il eut l’honÂneur de figuÂrer un traÂvailleur suéÂdois maniÂfesÂtant pour Joe en 1915*). L’IWW d’AusÂtraÂlie envoya une résoÂluÂtion porÂtant 30 000 signaÂtures demanÂdant la réviÂsion du proÂcès. L’amÂbasÂsaÂdeur suéÂdois à WashingÂton demanÂda au préÂsident WilÂson de faire retarÂder l’exéÂcuÂtion de la senÂtence, ce qui donÂna quelques mois de répit au condamÂné, mais pas plus.
Dans les 16 mois qui suiÂvirent sa condamÂnaÂtion, tanÂdis que la senÂtence suiÂvait son cours dans les insÂtances judiÂciaires, Joe écriÂvit beauÂcoup de lettres et d’arÂticles, mais refuÂsa d’éÂcrire sa bioÂgraÂphie : « Ne gâchons pas du papier à de telles bêtises. Seul l’iÂci et mainÂteÂnant signiÂfie quelque chose pour moi. Je suis un citoyen du monde et je suis né sur une plaÂnète qui s’apÂpelle la Terre. L’enÂdroit où j’ai vu le jour a si peu d’imÂporÂtance que ça se passe de comÂmenÂtaires : je n’ai pas grand-chose à dire sur moi-même. Je veux seuleÂment dire que j’ai fait le peu que j’ai pu pour ameÂner le draÂpeau de la liberÂté plus près du but ».
Le 19 novembre 1915, à l’aube, Joe Hill fut fusillé dans la cour de la priÂson de Salt Lake City. On lui avait donÂné le choix entre être penÂdu et fusillé. Il choiÂsit la seconde soluÂtion : « On m’a déjà tiré desÂsus quelques fois. Je crois que je pourÂrai m’en sorÂtir ». Il donÂna lui-même l’ordre de faire feu. Il laisÂsait ce tesÂtaÂment :
Mon tesÂtaÂment est facile à déciÂder,
Car il n’y a rien à diviÂser,
Ma famille n’a pas besoin de se plaindre et d’erÂgoÂter
« Pierre qui roule n’aÂmasse pas mousse »
Mon corps ? Ah, si je pouÂvais choiÂsir,
Je le laisÂseÂrai se réduire en cendres,
Et les brises joyeuses soufÂfler
Ma pousÂsière là où quelques fleurs pousÂseÂront.
AinÂsi peut-être qu’une fleur fanée
RevienÂdrait à la vie et fleuÂriÂrait une nouÂvelle fois.
Ceci est ma derÂnière et ultime volonÂté,Bonne chance à tous, Joe Hill.
Son corps, transÂporÂté à ChiÂcaÂgo, fut inciÂnéÂré après une céréÂmoÂnie à laquelle assisÂtèrent plus de 30 000 perÂsonnes et ses cendres envoyées dans des enveÂloppes à toutes les secÂtions de l’IWW des AméÂriques et aux orgaÂniÂsaÂtions sÅ“urs en Europe et ailleurs avec la consigne de les ouvrir le 1er Mai 1916 et de les disÂperÂser au vent. Ce qui fut fait. Une de ces lettres, reteÂnue par la Poste US pour « non-conforÂmiÂté », a été remise aux Archives natioÂnales US en 1988. Elle conteÂnant un sachet de cendres et une phoÂto de Joe avec la menÂtion : « Joe Hill murÂdeÂred by the capiÂtaÂlist class, Nov. 19, 1915 ».
Joe avait écrit à Big Bill HayÂwood, un des leaÂders les plus connu de l’IWW : « Je ne veux pas être trouÂvé mort dans l’UÂtah ». JusÂqu’au bout, il avait garÂdé son énorme humour comÂbaÂtif.
Mais je fais parÂtie de ceux qui pensent que Joe n’est pas mort, ni dans l’UÂtah ni ailleurs. Puisse la jeune généÂraÂtion d’auÂjourd’Âhui, comme toutes celles qui l’ont préÂcéÂdée, redéÂcouÂvrir l’auÂteur inouÂbliable de The PreaÂcher and the Slave, Casey Jones — The Union Scab, The Tramp et de tant d’autres chanÂsons qui n’ont pas pris une ride. Elles ont été chanÂtées par tous les chanÂteurs proÂgresÂsistes US qui l’ont suiÂvi au XXème siècle, de Pete SeeÂger, Joe GlaÂzer et Mats PaulÂson à Phil, Ochs, Joan Baez et Bob Dylan. il sufÂfit d’alÂler faire un tour sur youÂtube ou si le film de Bo WiderÂberg * passe près de chez vous, ne le ratez pas !.
* Le film, Prix spéÂcial du Jury à Cannes en 1971, a été resÂtauÂré et est sorÂti en France le 18 novembre. Pour en savoir plus
Texte Alfred Hayes, Musique Earl RobinÂson, 1938
I dreaÂmed I saw Joe Hill last night Alive as you or me Says I, But Joe, you’re ten years dead I never died, says he I never died, says heIn Salt Lake, Joe, says I to him Him stanÂding by my bed They fraÂmed you on a murÂder charge Says Joe, But I ain’t dead Says Joe, But I ain’t deadThe copÂper bosses killed you, Joe They shot you, Joe, says I Takes more than guns to kill a man Says Joe, I didn’t die Says Joe, I didn’t dieAnd stanÂding there as big as life And smiÂling with his eyes Joe says, What they forÂgot to kill Went on to orgaÂnize Went on to orgaÂnize Joe Hill ain’t dead, he says to me From San DieÂgo up to Maine I dreaÂmed I saw Joe Hill last night
|
La nuit derÂnière, Joe Hill m’a visiÂté en rêve AusÂsi vivant que vous et moi. Moi : » Mais Joe, tu es mort il y a dix ans » Lui : » Je ne suis jamais mort » Lui : » Je ne suis jamais mort « A Salt Lake, Joe, j’lui ai dit Lui debout à côté de mon lit Ils t’ont colÂlé une accuÂsaÂtion de meurtre Lui : Oui, mais j’suis pas mort Oui, mais j’suis pas mortMoi :« Les patrons du cuivre t’ont tué, Joe, Ils t’ont fusillé » Lui : « Il faut plus que des flingues pour tuer un homme Je ne suis pas mort « Se tenant là , plein de vie Un souÂrire dans les yeux Joe dit : « Ce qu’ils ont oublié de tuer A contiÂnué à s’orÂgaÂniÂser » Joe n’est pas mort, m’a-t-t-il dit De San DieÂgo jusÂqu’au Maine La nuit derÂnière, Joe Hill m’a visiÂté en rêve
|
FausÂto GiuÂdice
Le Parc Joe-Hill à Gävle, sa ville natale
Vous avez réagi à cet article !
Afficher les commentaires Hide comments[…] de trouble, la sagesse de la Mère Marie m’inÂtéÂresse moins que celle de Joe Hill : Ne vous lamenÂtez pas, […]