Je le sais, soyez-en cerÂtains. On vous a, on nous a serÂvi un bon milÂlier de fois le rapÂproÂcheÂment avec les Accords de Munich. Ce ne sera donc qu’une fois de plus. Comme je l’ai écrit constamÂment depuis des mois, il était cerÂtain que la COP21 se finiÂrait sur un texte proÂdiÂgieux, « hisÂtoÂrique », jamais vu, etc. Et tel est bien le cas.
RapÂpel : les 28 et 29 sepÂtembre 1938, DalaÂdier, ChamÂberÂlain, MusÂsoÂliÂni et HitÂler se retrouvent en Bavière pour tenÂter, offiÂcielÂleÂment du moins, d’éviter la guerre. Les deux preÂmiers sont le préÂsident du Conseil franÂçais et le PreÂmier ministre briÂtanÂnique. On ne préÂsente pas les deux autres. La crise des Sudètes – cette région du nord-est de la TchéÂcoÂsloÂvaÂquie peuÂplée d’Allemands « de souche » – menace une paix euroÂpéenne qui date de vingt ans tout juste et cette conféÂrence quaÂdriÂparÂtite se proÂpose de trouÂver une soluÂtion.
HitÂler ne songe qu’à une chose : envaÂhir les Sudètes, puis croÂquer la répuÂblique tchéÂcoÂsloÂvaque, qu’il déteste avec la vioÂlence qu’on lui connaît. Il n’entend faire aucune concesÂsion et comme les FranÂçais et les Anglais ne veulent à aucun prix d’un affronÂteÂment, il emporte le morÂceau. Les Sudètes iront à l’Allemagne nazie, avant que ne vienne le tour du préÂsident tchéÂcoÂsloÂvaque Edvard BeneÅ¡ et de son pays.
Dans l’avion du retour, DalaÂdier a peur. Quand approche la piste d’atterrissage du BourÂget, voyant la foule qui envaÂhit les pistes, il craint qu’on ne soit venu le lapiÂder pour avoir cédé encore une fois au chef nazi. Mais non, on l’acclame ! N’a‑t-il pas sauÂvé la paix du monde ? La suite montre que non. Et qu’il aurait falÂlu une tout autre poliÂtique pour empêÂcher HitÂler de tuer des dizaines de milÂlions d’êtres humains.
Bon, la leçon est terÂmiÂnée. Que veux-je dire ? Non pas que l’accord signé ce sameÂdi à la COP21 est de même nature que celui conclu à Munich il y a 77 ans. Non pas. Mais en tout cas, que les hommes s’illusionnent volonÂtiers, avec un souÂlaÂgeÂment qui resÂsemble fort à de l’obscénité, quand leur peur est si haute qu’elle brouille leur entenÂdeÂment. C’est arriÂvé maintes fois, cela contiÂnueÂra de se proÂduire.
Est-ce le cas aujourd’hui ? Je le répète, je ne sais pas. Mais en toute sinÂcéÂriÂté, je le crois. N’est-il pas épouÂvanÂtable de voir cette armée de jourÂnaÂlistes serÂvir sans disÂconÂtiÂnuer la pauvre proÂpaÂgande imaÂgiÂnée par Laurent Fabius, préÂsident de la COP, et ses nomÂbreux serÂvices de comÂmuÂniÂcants ? Je tombe par le hasard de Google ActuaÂliÂtés sur la prose d’un jourÂnaÂliste du NouÂvel ObserÂvaÂteur, Arnaud GonÂzague (ici). Je vous jure que je n’ai rien contre sa perÂsonne. Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu. Lisons ensemble : « Mais il est inconÂtesÂtable que Laurent Fabius, préÂsident de cette COP, dont tout le monde a salué l’implication depuis un an et demi, a remÂporÂté son pari. La plaÂnète des hommes n’est pas guéÂrie de son addicÂtion morÂtiÂfère aux énerÂgies carÂboÂnées, loin de là . Mais sans jouer les béni oui-oui de serÂvice, on peut dire que cette fois, elle s’est mis sérieuÂseÂment sur le cheÂmin de l’être ».
Le monde entier uni à Paris pour un accord hisÂtoÂrique sur le cliÂmat. FierÂté et resÂponÂsaÂbiÂliÂté : une vicÂtoire pour la plaÂnète. MV #Cop21
— Manuel Valls (@manuelvalls) DecemÂber 12, 2015
FéliÂciÂtaÂtions aux équipes franÂçaises, parÂtiÂcuÂlièÂreÂment à @LaurentFabius pour cette méthode de négoÂciaÂtions. Un accord sans préÂcéÂdent. #Cop21
— Manuel Valls (@manuelvalls) DecemÂber 12, 2015
GonÂzague n’est certes pas le plus déliÂrant des optiÂmistes de la place. Il ne manque pas de prendre de petites préÂcauÂtions, car on ne sait jamais. Mais enfin, le tout est simÂpleÂment déliÂrant. Ce garÂçon de 36 ans s’occupe à l’Obs des quesÂtions d’éducation. Qui a jugé bon de le déplaÂcer souÂdain pour suivre le dérouÂleÂment de la COP21 ? Je ne sais et je m’en moque bien, mais c’est pleiÂneÂment ridiÂcule. Il ne sait rien de la crise cliÂmaÂtique, et de la sorte, se trouve être la perÂsonne rêvée à qui faire avaÂler ce que les poliÂtiques souÂhaitent lire et entendre. N’insistons pas. Le triomphe était proÂgramÂmé, il est là .
L’acÂcord est fait ! Une nouÂvelle hisÂtoire peut s’éÂcrire pour une harÂmoÂnie entre l’huÂmaÂniÂté et la plaÂnète. Une espéÂrance à bâtir #COP21
— SégoÂlène Royal (@RoyalSegolene) DecemÂber 12, 2015
Ce sameÂdi 12 décembre, vicÂtoire de la conscience humaine face à son desÂtin. #Paris à la hauÂteur du rdv du monde avec son aveÂnir #COP21
— StéÂphane Le Foll (@SLeFoll) DecemÂber 12, 2015
Moi, qui suis de près les quesÂtions cliÂmaÂtiques depuis un quart de siècle, ne peux que ricaÂner – ou pleuÂrer, c’est égal – à l’écoute des réacÂtions imbéÂciles et si mal inforÂmées d’Emmanuelle Cosse, resÂponÂsable d’Europe ÉcoÂloÂgie-Les Verts, ou de PasÂcal CanÂfin, ci-devant ministre deveÂnu ces derÂniers jours le direcÂteur-généÂral du WWF-France. Vous cherÂcheÂrez par vous ‑même et penÂseÂrez par vous-même. Le senÂtiÂment généÂral est celui d’une déroute comÂplète de toute penÂsée criÂtique. Notez que je ne demande à perÂsonne de suivre mon proÂpos, radiÂcal et noir, j’en ai conscience. Mais pourÂquoi diable se vauÂtrer dans des satisÂfeÂcit sans queue ni tête ?
#COP21 La France et sa diploÂmaÂtie peuvent être fières du traÂvail accomÂpli.
— FranÂçois Fillon (@FrancoisFillon) DecemÂber 12, 2015
This is huge : Almost eveÂry counÂtry in the world just signed on to the #PariÂsAÂgreeÂment on cliÂmate change—thanks to AmeÂriÂcan leaÂderÂship.
— Barack ObaÂma (@BarackObama) DecemÂber 12, 2015
« C’est énorme : presque chaque pays du monde a signé l’acÂcord de Paris — grâce au leaÂder améÂriÂcain »
La crise cliÂmaÂtique impose des choix poliÂtiques et écoÂnoÂmiques tels qu’aucune des élites en place, ici au Nord, là -bas au Sud, n’est en mesure de les faire. Cette cour tourÂbillonÂnante, autour de Fabius, HolÂlande et consorts, me fait immanÂquaÂbleÂment penÂser à VerÂsailles au début de l’été 1789. Le bal est éblouisÂsant, chaÂcun se trouve beau et plein d’avenir, les manants sont au pied, au cheÂnil, au cachot. On sait la suite. Je sais pour ma part où est mon cheÂmin.
Fabrice NicoÂliÂno
Source : son blog
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