Guy McPherÂson est un oraÂteur énerÂgique et un modéÂraÂteur talenÂtueux. Il a à son actif d’inÂnomÂbrables conféÂrences sur les deux conséÂquences directes de notre addicÂtion aux comÂbusÂtibles fosÂsiles : le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique et le déclin énerÂgéÂtique. Plus récemÂment, McPherÂson est deveÂnu inconÂtourÂnable sur le sujet de l’exÂtincÂtion humaine à court terme. Guy est proÂfesÂseur éméÂrite en resÂsources natuÂrelles, d’écologie et de bioÂloÂgie de l’évolution à l’UÂniÂverÂsiÂté de l’AÂriÂzoÂna. Il y a remÂporÂté de nomÂbreuses récomÂpenses pour ses recherches, et y a enseiÂgné penÂdant vingt ans. Son traÂvail uniÂverÂsiÂtaire, qui penÂdant de nomÂbreuses années, a été axé sur la conserÂvaÂtion de la diverÂsiÂté bioÂloÂgique, a été le sujet d’une douÂzaine de livres et de cenÂtaines d’arÂticles. Il habite une maiÂson en paille, hors-réseau (off-the-grid), dans le sud rural du NouÂveau Mexique.
Nous vous proÂpoÂsons, dans cet article, la traÂducÂtion de deux interÂviews de Guy, ainÂsi que d’un de ses articles.
Première interview
- Que diriez-vous à ceux qui ne voient pas de preuve concluante du rôle humain dans le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique, afin de les convaincre ?
Je ne réponds pas à une telle ignoÂrance. Les preuves démonÂtrant le chanÂgeÂment anthroÂpique du cliÂmat sont accaÂblantes, et elles ont été préÂsenÂtées par de nomÂbreuses perÂsonnes utiÂliÂsant difÂféÂrents vecÂteurs d’inÂforÂmaÂtion. Si malÂgré ça vous n’adÂmetÂtez pas l’éÂviÂdence, il n’y a rien que je puisse faire ou dire qui vous fasse chanÂger d’aÂvis.
- Ces praÂtiques non durables débutent-elles avec la civiÂliÂsaÂtion et l’aÂgriÂculÂture ?
Oui, je crois que la civiÂliÂsaÂtion est à la racine de nos innomÂbrables proÂblèmes. C’est la capaÂciÂté et la volonÂté de cultiÂver une nourÂriÂture entreÂpoÂsable (par exemple, les céréales) qui caracÂtéÂrise la civiÂliÂsaÂtion. Le contrôle des aliÂments perÂmet le contrôle des perÂsonnes. Avec la conserÂvaÂtion des aliÂments, une popuÂlaÂtion humaine excéÂdenÂtaire devient posÂsible.
- PouÂvons-nous en sorÂtir avec les soluÂtions proÂpoÂsées par l’État ?
Tim GarÂrett a publié une excelÂlente étude scienÂtiÂfique, dans laquelle il préÂsente la civiÂliÂsaÂtion comme un moteur therÂmique. Il n’y a aucune soluÂtion d’État. En outre, il n’y a pas de soluÂtion. Le chanÂgeÂment anthroÂpique du cliÂmat est un péril, et non un proÂblème. CouÂper le moteur therÂmique de la civiÂliÂsaÂtion est le seul moyen de stopÂper la surÂchauffe plaÂnéÂtaire.
- Que penÂsez-vous des priÂmiÂtiÂvistes ?
Les priÂmiÂtiÂvistes sont des perÂsonnes. Par conséÂquent, je les honore et je les resÂpecte.
- Que vous sugÂgère l’éÂco-blanÂchiÂment (GreenÂwaÂshing) ?
La pluÂpart des « soluÂtions » que l’on entend généÂraÂleÂment relèvent de l’éÂco blanÂchiÂment. J’ai un autre mot pour le défiÂnir : le menÂsonge. Vous pourÂriez préÂféÂrer le terme de proÂpaÂgande. Edward BerÂnays serait flatÂté de voir toute la contiÂnuaÂtion de cette camÂpagne pour que les gens resÂtent satisÂfaits d’eux-mêmes.
- Face à cette réaÂliÂté, comÂment faire le deuil ?
ReconÂnaitre le deuil perÂmet d’en guéÂrir. Quand vous avez un éclat d’oÂbus proÂfonÂdéÂment ancré dans votre hanche, et qu’il cause des douÂleurs penÂdant de nomÂbreuses années, il n’y a qu’une soluÂtion garanÂtie à long terme : s’inÂtroÂduire, extraire le morÂceau et netÂtoyer la plaie. Le même concept s’apÂplique pour une douÂleur émoÂtionÂnelle pluÂtôt que phyÂsique. La plaie à netÂtoyer, dans notre cas, c’est pluÂtôt le cÅ“ur que la hanche.
- PourÂriez-vous comÂpaÂrer « Oubliez les douches courtes » de DerÂrick JenÂsen à « Une vériÂté qui dérange » d’Al Gore ?
Le brillant essai de JenÂsen démontre que préÂserÂver ne nous sauÂveÂra pas du péril. Al Gore approche le proÂblème sous un mauÂvais angle, lorsÂqu’il prône la préÂserÂvaÂtion comme une soluÂtion. Les arguÂments scienÂtiÂfiques d’Al Gore étaient larÂgeÂment corÂrects pour l’éÂpoque, mais ses « soluÂtions » sont, pour la pluÂpart, des exemples d’éÂco-blanÂchiÂment.
- On voit les mouÂveÂments indiÂgènes, à l’insÂtar de l’ELF, employer des tacÂtiques de saboÂtage et de résisÂtance. Est-ce que vous souÂteÂnez ces actions ?
Je souÂtiens l’orÂgaÂnisme plaÂnéÂtaire. Je souÂtiens les indiÂgènes, humains, ainÂsi que les espèces non-humaines. Je souÂtiens l’éÂpaÂnouisÂseÂment des idées, y comÂpris des tacÂtiques, qui améÂnagent un souÂtien durable pour les indiÂgènes, humains, et autres orgaÂnismes. Je n’ai encore jamais parÂtiÂciÂpé à la desÂtrucÂtion de barÂrages, ou de quelque autre infraÂstrucÂture majeure conçue pour le mainÂtien de cette civiÂliÂsaÂtion et par conséÂquent, détruire l’orÂgaÂnisme plaÂnéÂtaire. Je resÂpecte et j’hoÂnore ceux qui ont le couÂrage de franÂchir ce pas, comme « Idle No More ».
- Que conseilleÂriez-vous aux jeunes miliÂtants pour lutÂter effiÂcaÂceÂment contre l’aÂpaÂthie et l’éÂpuiÂseÂment ?
Faites ce que vous aimez, ausÂsi longÂtemps que vous le pouÂvez. Si vous n’aiÂmez pas ce vous faites, arrêÂtez de le faire.
- Que penÂsez-vous du ParÂti écoÂloÂgiste des États-Unis ?
Le ParÂti Vert États-unien reste un parÂti poliÂtique : Il repréÂsente un moindre mal, peut-être, mais lorsque l’on consiÂdère l’orÂgaÂnisme plaÂnéÂtaire, un parÂti, en tant que rouage de la civiÂliÂsaÂtion, ne peut être que desÂtrucÂteur.
- Que réponÂdez-vous à ceux qui disent qu’on ne pourÂra renonÂcer à la civiÂliÂsaÂtion qu’au prix de milÂlions voire de milÂliards de morts, et que perÂsonne ne devrait avoir à prendre ce genre de déciÂsions ?
La civiÂliÂsaÂtion détruit tout le vivant de cette plaÂnète, y comÂpris l’haÂbiÂtat de l’être humain. PerÂpéÂtuer la civiÂliÂsaÂtion indusÂtrielle, c’est perÂpéÂtuer une secte vériÂtaÂbleÂment morÂtiÂfère. Chaque jour, nous exploÂsons les records de surÂpoÂpuÂlaÂtion et pourÂtant, mettre un terme à la civiÂliÂsaÂtion appaÂrait comme une chose immoÂrale. Cette même civiÂliÂsaÂtion, qui polÂlue l’eau, empoiÂsonne l’air, draine les terres jusÂqu’aux océans, est sysÂtéÂmaÂtiÂqueÂment déclaÂrée intouÂchable et gloÂbaÂleÂment posiÂtive par la quaÂsi-totaÂliÂté des parÂtiÂciÂpants au débat. Lorsque cette civiÂliÂsaÂtion sera confronÂtée à son échec — nous savons que toutes les civiÂliÂsaÂtions finissent par s’éÂteindre — beauÂcoup y perÂdront la vie. ImaÂgiÂnons qu’elle s’éÂcroule dès demain, et l’on comÂprend que les pertes en vies humaines auraient été moindres si la civiÂliÂsaÂtion indusÂtrielle s’éÂtait écrouÂlée il y a 40 ans. Ce même raiÂsonÂneÂment est valable pour les 40 proÂchaines années. ConserÂver ce confort de vie, tel qu’il est améÂnaÂgé, est imposÂsible.
- ComÂment votre intéÂrêt pour l’enÂviÂronÂneÂment est-il né ?
J’ai pasÂsé une grande parÂtie de mon enfance à l’exÂtéÂrieur sans aucune surÂveillance. Plus tard, j’ai finanÂcé mes études uniÂverÂsiÂtaires en comÂbatÂtant les incenÂdies de forêt. Je pense que ces deux expéÂriences ont réveillé ma pasÂsion pour l’enÂviÂronÂneÂment natuÂrel. Ce besoin de vivre à l’exÂtéÂrieur ne m’a jamais quitÂté. PenÂdant pluÂsieurs dizaines d’anÂnées, j’ai effecÂtué des recherches de terÂrain en tant que bioÂloÂgiste, pour la conserÂvaÂtion. Je suis à l’aise dehors.
- ComÂment vos colÂlègues perÂçoivent ils votre traÂvail, et parÂtiÂcuÂlièÂreÂment ceux qui prônent l’inÂgéÂnieÂrie ou la techÂnoÂloÂgie comme soluÂtions ?
Je n’ai plus de contact avec mes anciens colÂlègues qui, pour la pluÂpart, consiÂdèrent que je suis fou. Je n’ai jamais vraiÂment échanÂgé avec les techÂno-utoÂpistes, et je n’en connais aucun qui aborde le sujet d’une extincÂtion humaine comme proche conséÂquence d’un chanÂgeÂment cliÂmaÂtique souÂdain.
- Au sujet de Ted KacÂzynsÂki et John ZerÂzan, quel est votre resÂsenÂti ?
Tous deux véhiÂculent de grandes idées. Le proÂblème c’est qu’il n’y a pas, à l’éÂchelle gloÂbale, de mouÂveÂment ou de gouÂverÂnance qui nous mèneÂraient vers des améÂnaÂgeÂments de vie plus sains. C’est proÂbaÂbleÂment très frusÂtrant pour eux.
- ComÂment amorÂcer une révoÂluÂtion qui abouÂtisse ?
Toutes les révoÂluÂtions ont échoué, et je ne vois pas la proÂchaine réusÂsir. Quoi qu’il en soit, nous sommes à court de temps pour sauÂver notre espèce.
- Que penÂsez-vous des tenÂdances secÂtaires ?
On m’a accuÂsé d’être un peu boudÂdhiste, Je prends ça comme un comÂpliÂment. Je suis fan de la modéÂraÂtion.
- Avez-vous des recomÂmanÂdaÂtions de lecÂture ou un derÂnier mot pour la fin ?
Il est tard, plus que ce que la pluÂpart des gens imaÂginent. La culture domiÂnante nous garde pieds et poings liés. Il est temps de briÂser les chaînes, il est temps de vivre.
DEUXIÈME INTERVIEW
L’inÂterÂview qui suit a été réaÂliÂsé avec le proÂfesÂseur Guy McPherÂson par téléÂphone, un peu avant la fin de la COP21 :
Près de 200 pays sont attenÂdus à la ConvenÂtion-cadre des Nations unies sur les chanÂgeÂments cliÂmaÂtiques, qui comÂmence le 30 novembre en France et est cenÂsée finir le 12 décembre. Mais les négoÂciaÂteurs interÂnaÂtioÂnaux de Paris ont manÂqué leur échéance du venÂdreÂdi pour parÂveÂnir à un accord pour contrer la menace du réchaufÂfeÂment cliÂmaÂtique, avant qu’il ne condamne la plaÂnète. Le secréÂtaire d’éÂtat US John KerÂry a dit venÂdreÂdi que les nations déveÂlopÂpées devaient prendre des déciÂsions difÂfiÂciles afin de parÂveÂnir à un accord monÂdial sur le cliÂmat.
« Il est inconÂceÂvable pour moi que les négoÂciaÂteurs parÂviennent à un accord qui empêÂcheÂrait la desÂtrucÂtion totale de la plaÂnète », explique le proÂfesÂseur McPherÂson.
« Nous savons depuis longÂtemps, en raiÂson de traÂvaux publiés par des insÂtiÂtuÂtions reconÂnues que la civiÂliÂsaÂtion elle-même est un moteur therÂmique, que si nous mainÂteÂnons la civiÂliÂsaÂtion sous quelque forme que ce soit, que ce soit à l’aide de panÂneaux solaires, d’éoÂliennes ou de vagues de comÂbusÂtibles fosÂsiles, cela proÂduit le même effet : la civiÂliÂsaÂtion elle-même est un moteur therÂmique », explique-t-il.
« Et je ne vois aucun négoÂciaÂteur avanÂçant l’iÂdée de mettre fin à la civiÂliÂsaÂtion », ajoute-t-il.
« Nous savons ausÂsi, grâce à d’aÂbonÂdantes études récentes – sur ces 5 derÂnières années à peu près – à proÂpos de l’assomÂbrisÂseÂment gloÂbal, que si nous metÂtions souÂdaiÂneÂment fin à la civiÂliÂsaÂtion, cela entraiÂneÂrait un réchaufÂfeÂment si souÂdain de la plaÂnète, en raiÂson de la perte de cet assomÂbrisÂseÂment monÂdial, que cela condamÂneÂrait cerÂtaiÂneÂment l’huÂmaÂniÂté à l’exÂtincÂtion », explique le scienÂtiÂfique.
« Donc, soit nous garÂdons le moteur therÂmique alluÂmé et condamÂnons notre espèce et bien d’autres, soit nous couÂpons le moteur therÂmique et nous condamÂnons notre propre espèce et bien d’autres. Il semÂbleÂrait que nous soyons dans une de ces situaÂtions de ‘quoi que nous fasÂsions, nous perÂdons’ », souÂligne-t-il.
« Je ne vois aucun négoÂciaÂteur ne serait-ce que se diriÂger vers la bonne direcÂtion, encore moins entreÂprendre une approche radiÂcale qui pourÂrait colÂlecÂter le carÂbone de l’atÂmoÂsphère, par exemple, et réduire les émisÂsions en même temps. Je ne vois pas ça arriÂver », explique-t-il.
Le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique est une menace plus grande que le terÂroÂrisme
« Si j’éÂtais un théoÂriÂcien du comÂplot, je serais porÂté à croire que la concenÂtraÂtion sur le terÂroÂrisme est un choix spéÂciÂfiÂqueÂment conçu pour détourÂner l’atÂtenÂtion des proÂblèmes imporÂtants, comme le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique abrupt », explique le proÂfesÂseur McPherÂson.
« Il est assez clair que nous sommes en plein chanÂgeÂment cliÂmaÂtique abrupt. C’est la plus grave des menaces exisÂtenÂtielles menaÂçant notre espèce, et au lieu de cela les médias et les gouÂverÂneÂments se concentrent sur la « menace terÂroÂriste » qui a tué bien peu de gens dans toute l’hisÂtoire de la guerre-fabriÂquée contre la terÂreur », explique-t-il.
« Donc je pense qu’en tant que sociéÂté, en tant que culture, nous avons les mauÂvaises prioÂriÂtés, et je ne vois pas ça chanÂger de sitôt », ajoute-t-il.
Pour finir, un court article, rédigé par Guy McPherson:
La politique de l’affrontement du changement climatique
Il n’y a aucune réponse poliÂtiÂqueÂment viable perÂmetÂtant de faire face au chanÂgeÂment cliÂmaÂtique.
Pour qu’une réponse soit poliÂtiÂqueÂment viable, il fauÂdrait qu’elle soit poliÂtiÂqueÂment attiÂrante. Une réponse qui ne tueÂrait pas la carÂrière des poliÂtiÂciens. Ce qui signiÂfie une réponse pour laquelle les gens pourÂraient voter, une qui soit souÂteÂnue par les écoÂnoÂmistes et les diriÂgeants corÂpoÂraÂtistes. Et les gens votent pour des choses qui leur plaisent, pas pour des poliÂtiques qui les priÂveÂraient de leur confort.
Éteindre le moteur thermique de la civilisation
Comme souÂliÂgné par l’éÂtude de Tim GarÂrett publiée il y a quelques années, seul l’efÂfonÂdreÂment de la civiÂliÂsaÂtion pourÂrait éviÂter un embalÂleÂment du chanÂgeÂment cliÂmaÂtique. La civiÂliÂsaÂtion est un moteur therÂmique, qui requiert des débits masÂsifs de resÂsources et d’énerÂgies afin de mainÂteÂnir la croisÂsance de notre écoÂnoÂmie monÂdiaÂliÂsée et la comÂplexiÂté que nous preÂnons pour un acquis. La seule façon d’arÂrêÂter ce réchaufÂfeÂment c’est de couÂper le moteur. ComÂbien de perÂsonnes, au sein du monde indusÂtriaÂliÂsé, attendent cela avec impaÂtience ?
CerÂtaiÂneÂment pas celles qui sont aux comÂmandes de l’inÂdusÂtrie. Bien que nombre des colÂlègues de GarÂrett souÂtiennent sa théoÂrie, les « leaÂders » du monde des corÂpoÂraÂtions et des gouÂverÂneÂments ne sont pas prêts d’adÂmettre sa valiÂdiÂté, et les écoÂnoÂmistes ont presque tous criÂtiÂqué la sugÂgesÂtion selon laquelle l’éÂcoÂnoÂmie ne peut, ni ne devrait, croitre indéÂfiÂniÂment. Ces gens-là tirent encore plus proÂfit que nous de l’arÂranÂgeÂment actuel des choses.
Dans mes rêves, les deux joues jumelles du fesÂsier corÂpoÂraÂtiste – appeÂlées aux USA les DémoÂcrates et les RépuÂbliÂcains – font la proÂmoÂtion de l’iÂdée de l’efÂfonÂdreÂment. J’aiÂmeÂrais voir un débat entre les canÂdiÂdats finaux se concenÂtrer sur le sauÂveÂtage de l’haÂbiÂtat de l’Homo Sapiens et des autres orgaÂnismes. Comme la pluÂpart de mes rêves, il y a peu de chance que cela devienne réaÂliÂté.
Il est peu proÂbable que nous accepÂtions le défi de la liquiÂdaÂtion de la civiÂliÂsaÂtion indusÂtrielle et du sauÂveÂtage de l’haÂbiÂtat pour les humains de la Terre, et il est proÂbable qu’il soit de toute façon trop tard pour faire une difÂféÂrence. Les preuves semblent indiÂquer que le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique abrupt a déjà comÂmenÂcé.
A quel point est-ce grave ?
Le chanÂgeÂment graÂduel du chanÂgeÂment cliÂmaÂtique, jusÂqu’iÂci – qui a fait augÂmenÂter la temÂpéÂraÂture de la Terre d’un peu moins d’1 degré °C de plus que les mesures de réféÂrence [il semÂbleÂrait que nous ayons désorÂmais dépasÂsé le 1°C d’augÂmenÂtaÂtion] – c’est déjà trop et trop rapide pour que les orgaÂnismes puissent suivre. Déjà , la vitesse de l’éÂvoÂluÂtion est 10 000 fois plus lente que celle du chanÂgeÂment, selon une étude publiée dans le numéÂro d’août 2013 de EcoÂloÂgy LetÂters. Sans une plaÂnète vivante pour fourÂnir de la nourÂriÂture, nous ne surÂviÂvrons pas.
Le comÂmerce-comme-d’haÂbiÂtude (busiÂness-as-usual) place la Terre sur le cheÂmin d’un réchaufÂfeÂment de +6°C d’iÂci 2050, selon la très conserÂvaÂtrice Agence InterÂnaÂtioÂnale de l’EÂnerÂgie (AIE), qui est loin d’être l’enÂneÂmi du comÂmerce-comme-d’haÂbiÂtude. L’éÂvaÂluaÂtion de l’AIE ne prend en consiÂdéÂraÂtion qu’un seul gaz à effet de serre, le dioxyde de carÂbone. En ajouÂtant uniÂqueÂment le méthane on obtient une date bien plus proche pour le moment où les humains ne pourÂront plus vivre sur Terre, selon beauÂcoup de scienÂtiÂfiques.
Et bien que nous soyons préÂocÂcuÂpés par les effets maniÂfestes des perÂturÂbaÂtions cliÂmaÂtiques graves, la monÂtée du niveau des océans, les sécheÂresses chroÂniques impacÂtant l’apÂproÂviÂsionÂneÂment aliÂmenÂtaire, perÂsonne ne remarque l’éÂléÂphant dans la pièce. DémanÂteÂler les cenÂtrales nucléaires du monde en toute sécuÂriÂté nécesÂsiÂteÂra des décenÂnies de traÂvaux sérieux, et cela doit être fait avant que cela soit renÂdu imposÂsible en raiÂson de contraintes au niveau des resÂsources ou en raiÂson de catasÂtrophes natuÂrelles – ces deux choses entraiÂneÂraient un compte-à -rebours jusÂqu’à l’efÂfonÂdreÂment, et deviennent de plus en plus proÂbable à mesure de l’éÂvoÂluÂtion du chanÂgeÂment cliÂmaÂtique. Sans ce temps et cet effort, la catasÂtrophe nucléaire qui se proÂfile fera de FukuÂshiÂma un souÂveÂnir agréable.
Les preuves indiquent qu’il ne nous reste pas beauÂcoup de décenÂnies avec un habiÂtat viable pour les humains sur cette plaÂnète, encore moins pour la contiÂnuaÂtion de la plus insouÂteÂnable civiÂliÂsaÂtion de l’hisÂtoire.
Vivre dans le présent
Au vu de cette situaÂtion draÂmaÂtique, je sugÂgère que nous vivions dans l’iÂci et mainÂteÂnant, dans le moment. Nous ne vivons pas longÂtemps, un concept qui est vrai pour les vies indiÂviÂduelles comme pour notre espèce dans son ensemble.
PourÂtant les voix dans nos oreilles – qui difÂfusent les mesÂsages que proÂmeut cette culture – contiÂnuent à dire que nous pouÂvons et allons connaitre une croisÂsance infiÂnie sur une plaÂnète finie sans conséÂquences adverses. RéfléÂchir maniÂfesÂteÂment sur le sens de cette notion vous amène à la concluÂsion logique selon laquelle une telle idée est démente. Peut-être est-ce pour cela que nous éviÂtons de « trop » penÂser.
ImaÂgiÂnez si seuleÂment quelques milÂlions de gens adopÂtaient ce mesÂsage et comÂmenÂçaient à vivre dans le préÂsent au lieu de dépenÂser de l’argent sur des assuÂrances et des remÂbourÂseÂments de prêts. ImaÂgiÂnez qu’ils se fichent de leur ratio de créÂdit et refusent de payer leurs dettes. ImaÂgiÂnez qu’ils arrêtent d’aÂcheÂter toutes les idioÂties dont ils n’ont pas besoin.
A la lumière de ces images, je serais prêt à parier que le sysÂtème imploÂseÂrait bien plus vite qu’il n’imÂplose actuelÂleÂment, si les gens intéÂgraient ce mesÂsage et vivaient vraiÂment. Et cela repréÂsente une menace signiÂfiÂcaÂtive pour la civiÂliÂsaÂtion et ceux qui en bénéÂfiÂcient.
Il y a une raiÂson pour laquelle on ne vous dit pas toute la vériÂté sur le chanÂgeÂment cliÂmaÂtique abrupt. C’est la même que celle qui fait qu’on ne vous dit pas tout sur FukuÂshiÂma. Et sur le sysÂtème banÂcaire. Et sur le masÂsacre en cours de gens dans ce que nous appeÂlons intelÂliÂgemÂment « guerre » (cf. conquête). Et sur d’inÂnomÂbrables autres phéÂnoÂmènes. Si vous ne parÂveÂnez pas à saiÂsir cette raiÂson, essayez de creuÂser un peu plus proÂfond. Essayez de regarÂder au-delà de notre mode de vie, et de consiÂdéÂrer d’autres modes de vie.
PenÂsez au cout du pouÂvoir entre les mains de quelques-uns.
PenÂsez à la myriade de coûts du « proÂgrès ».
PenÂsez au-delà des voix qui émanent du mainsÂtream.
PenÂsez au-delà de la civiÂliÂsaÂtion.
PenÂsez.
Sources :
1ère interÂview : http://thefifthcolumnnews.com/2015/11/interview-with-guy-mcpherson/
2ème interÂview : http://presstv.com/Detail/2015/12/12/441334/Humans-global-warming-
L’arÂticle de Guy McPherÂson : http://shift-magazine.net/2015/11/20/the-politics-of-addressing-climate-change/
TraÂducÂtion : BruÂno Malier & NicoÂlas Casaux
ÉdiÂtion & RéviÂsion : HéléÂna DelauÂnay, ChrisÂtine KorÂnog
Vous avez réagi à cet article !
Afficher les commentaires Hide commentsAh ! une alluÂsion à Edward BerÂnays 🙂 C’est vrai que faire assiÂmiÂler fumer et liberÂté ( torches of freeÂdom ), c’est quand même fort ; les femmes et le phalÂlus ! Mais W.Lippmann, Ivy L.Lee, Paul Mazur ( LehÂman BroÂthers ), G. Le Bon et bien d’autres. Tous ces penÂseurs, finanÂciers, psyÂchaÂnaÂlystes, socioÂlogues, jourÂnaÂlistes et invenÂteurs des temps modernes, se concerÂtant, afin de canaÂliÂser et insÂtruÂmenÂtaÂliÂser les pulÂsions desÂtrucÂtrices humaines inconsÂcientes, à des fins moyenÂneÂment phiÂlanÂthropes ; disons pour garanÂtir la paix et l’ordre de la sociéÂté tout en s’enÂriÂchisÂsant ; sociéÂté comÂpoÂsée d’inÂdiÂviÂdus non éduÂqués et généÂraÂleÂment non éduÂcables ( pathos ) et bien incaÂpables d’apÂpréÂhenÂder la comÂplexiÂté de la sociéÂté. ( Le public fanÂtôme ). Il sufÂfit de voir réagir de grand public à l’acÂtuaÂliÂté : avis, opiÂnion sans comÂpéÂtences, mais inflaÂtion de l’eÂgo. Ego=consommation.
Un bulÂleÂtin dans une urne devrait sufÂfire… Le reste, l’imÂporÂtant, c’est de consomÂmer et d’enÂtreÂteÂnir l’eÂgo domiÂnaÂteur..
… à nouÂveau merÂci LE PARTAGE pour cet article !
AppréÂcié, parÂtaÂgé et difÂfuÂsé via « SociaÂlisme liberÂtaire » :
http://www.socialisme-libertaire.fr/2016/07/extinction-de-l-espece-humaine-le-suicide-de-la-civilisation-industrielle.html
AmiÂtiés liberÂtaires ★
[…] Source : ExtincÂtion de l’espèce humaine — le suiÂcide de la civiÂliÂsaÂtion… […]
[…] canÂnot. If one assembles the science in a way such as Guy McPherÂson has done, it is clear we have surÂpasÂsed the utmost limits (1C) to which we warÂned by the UniÂted Nations AdviÂsoÂry Group on GreenÂhouse Gases (UNAGGG) publiÂshed […]
[…] Guy McPherÂson in https://partage-le.com/2015/12/extinction-de-lespece-humaine-le-suicide-de-la-civilisation-industriel… ; […]
[…] ayant un miniÂmum de connaisÂsance scienÂtiÂfiques admettent que la situaÂtion est draÂmaÂtique. Du chanÂgeÂment cliÂmaÂtique à l’extinction de masse des espèces, de l’élevage indusÂtriel aux vioÂlaÂtions des droits […]
[…] La civiÂliÂsaÂtion est rareÂment remise en cause lorsqu’on disÂcute de jusÂtice sociale. Il y en a bien quelques-uns qui font la connexion entre jusÂtice et civiÂliÂsaÂtion, mais ils sont peu, et resÂtent vagues. Lorsque j’ai comÂmenÂcé à connecÂter la civiÂliÂsaÂtion à la jusÂtice sociale, j’ai complèÂteÂment perÂdu cerÂtaines perÂsonnes. Cela peut être lié au fait que je n’ai pas préÂsenÂté de docuÂmenÂtaÂtion assez claire ou assez bonne, mais au fil des ans, je me suis mis à penÂser qu’il y avait plus que ça. J’ai comÂmenÂcé à remettre en quesÂtion nos arranÂgeÂments de vie, et, pour cerÂtains, ça n’est pas négoÂciable. […]
[…] d’anÂnées, mais aucune perÂsonne raisonÂnable ne peut préÂtendre que la civiÂliÂsaÂtion indusÂtrielle n’enÂdomÂmage pas graveÂment la vie sur […]
[…] ExtincÂtion de l’esÂpèce humaine — le suiÂcide de la civiÂliÂsa&sh… […]
MerÂci Mr Mc PherÂson Si vous étiez le seul à affirÂmer la fin de notre civiÂliÂsaÂtion, on aurait du mal à vous croire, mais d’autres perÂsonnes
en France disent la même chose contiÂnuer à affirÂmer cette réaÂliÂté
et peut-être des gens réagiÂront
C’éÂtait dejà la fin lorsque tout cela a comÂmenÂcé. Sans maîÂtrise d’une popuÂlaÂtion galoÂpante qui pousse la plaÂnète à l’ agoÂnie l’homme aura tout raté…il ne reste plus qu’à savoir quand et comÂment tout cela finiÂra…