De Pol Pot à ISIS : les racines du terrorisme (par John Pilger)

9ae3deca6381c2a9e1ecfec3d7b54303John Pil­ger est un jour­na­liste de natio­na­li­té Aus­tra­lienne, né à Syd­ney le 9 Octobre 1939, par­ti vivre au Royaume-Uni depuis 1962. Il est aujourd’hui basé à Londres et tra­vaille comme cor­res­pon­dant pour nombre de jour­naux, comme The Guar­dian ou le New Sta­tes­man.

Il a reçu deux fois le prix de meilleur jour­na­liste de l’année au Royaume-Uni (Britain’s Jour­na­list of the Year Award). Ses docu­men­taires, dif­fu­sés dans le monde entier, ont reçu de mul­tiples récom­penses au Royaume-Uni et dans d’autres pays.

John Pil­ger est membre, à l’instar de Van­da­na Shi­va et de Noam Chom­sky, de l’IOPS (Inter­na­tio­nal Orga­ni­za­tion for a Par­ti­ci­pa­to­ry Socie­ty), une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale et non-gou­ver­ne­men­tale créée (mais encore en phase de créa­tion) dans le but de sou­te­nir l’activisme en faveur d’un monde meilleur, prô­nant des valeurs ou des prin­cipes comme l’autogestion, l’équité et la jus­tice, la soli­da­ri­té, l’anarchie et l’écologie.

Article ini­tia­le­ment publié le 16 novembre 2015, en anglais, sur le site offi­ciel de John Pil­ger, à cette adresse.


Les racines du terrorisme et ce qu’on peut faire contre

Une trêve est la seule sor­tie pos­sible de ce laby­rinthe, explique John Pil­ger, autre­ment, les atro­ci­tés de Paris et de Bey­routh se reproduiront.

En trans­met­tant les ordres du Pré­sident Richard Nixon de bom­bar­de­ment « mas­sif » du Cam­bodge en 1969, Hen­ry Kis­sin­ger uti­li­sa l’ex­pres­sion : « tout ce qui vole sur tout ce qui bouge ».

Alors que Barack Oba­ma mène sa sep­tième guerre contre le monde musul­man, depuis que son prix Nobel de la paix lui a été remis, et que Fran­çois Hol­lande pro­met une attaque « impi­toyable » sur un pays en ruine, l’hystérie orches­trée et les men­songes nous rendent presque nos­tal­giques de l’honnêteté meur­trière de Kissinger.

En tant que témoin des consé­quences humaines de la sau­va­ge­rie aérienne — ce qui com­prend la déca­pi­ta­tion des vic­times, leurs organes épar­pillés sur les arbres et les champs — je ne suis pas sur­pris de cette mécon­nais­sance de l’histoire et de la mémoire, une fois encore.

La mon­tée au pou­voir de Pol Pot et de ses Khmers Rouges, qui a beau­coup en com­mun avec celle de l’état isla­mique en Irak et en Syrie (ISIS), en est un bon exemple. Eux aus­si étaient impi­toya­ble­ment moyen­âgeux et n’é­taient au départ qu’une petite secte. Eux aus­si étaient le pro­duit d’une apo­ca­lypse made in USA, mais à ce moment-là en Asie.

Selon Pol Pot, son mou­ve­ment consis­tait en « moins de 5000 gué­rille­ros mai­gre­ment armés, hési­tants en matière de stra­té­gie, de tac­tique, de loyau­té et de lea­ders ». Après le pas­sage des bom­bar­diers B‑52 de Nixon et Kis­sin­ger, lors de « l’opération Menu », le démon ultime de l’Ouest n’en crut pas ses yeux.

Les états-uniens lar­guèrent l’équivalent de 5 Hiro­shi­ma sur la pro­vince Cam­bod­gienne entre 1969 et 1973. Ils rasaient vil­lage après vil­lage, reve­nant encore pour bom­bar­der les débris et les corps. Les cra­tères lais­saient des col­liers de car­nages, visibles depuis les airs. La ter­reur était inimaginable.

Un ancien offi­ciel des Khmers Rouges décri­vit com­ment les sur­vi­vants « s’é­taient figés et erraient silen­cieu­se­ment pen­dant trois ou quatre jours. Ter­ri­fiés et à moi­tié hal­lu­ci­nés, les gens étaient capables de croire tout ce qu’on leur racon­tait… c’était deve­nu facile pour les Khmers Rouges de gagner le sou­tien du peuple ».

Une com­mis­sion d’investigation gou­ver­ne­men­tale Fin­lan­daise a esti­mé que 600 000 Cam­bod­giens étaient morts dans la guerre civile qui s’ensuivit, et a décrit le bom­bar­de­ment comme « la pre­mière phase d’une décen­nie de géno­cide ». Ce que Nixon et Kis­sin­ger ont com­men­cé, Pol Pot, leur béné­fi­ciaire, l’a accom­pli. Sous leurs bombes, les Khmers Rouges devinrent une armée forte de 200 000 personnes.

ISIS a un pas­sé et un pré­sent simi­laires. Selon la plu­part des mesures uni­ver­si­taires, l’invasion de l’Irak de Bush et Blair en 2003 a entraî­né la mort d’au moins 700 000 per­sonnes — dans un pays qui n’avait aucun pré­cé­dent de dji­ha­disme. Les kurdes avaient pas­sé des accords ter­ri­to­riaux et poli­tiques ; les Sun­nites et les Chiites pré­sen­taient des dif­fé­rences sec­taires et de classe, mais étaient en paix ; le mariage inter­groupe était com­mun. Trois ans avant l’invasion, je condui­sais à tra­vers l’Irak sans aucune peur, en ren­con­trant sur la route des gens fiers, par-des­sus tout, d’être Ira­kiens, les héri­tiers d’une civi­li­sa­tion qui sem­blait être, pour eux, une présence.

Bush et Blair ont réduit tout cela en miettes. L’Irak est main­te­nant un foyer du dji­ha­disme. Al Qai­da — comme les « dji­ha­distes » de Pol Pot — a sai­si l’opportunité four­nie par le défer­le­ment de « Choc et d’Ef­froi » et de la guerre civile qui s’ensuivit. La Syrie « rebelle » offrait des récom­penses encore plus impor­tantes, avec les réseaux d’armements de la CIA et des états du golfe, la logis­tique et l’argent qui pas­sait par la Tur­quie. L’arrivée de recrues étran­gères était inévitable.

Un ancien ambas­sa­deur bri­tan­nique, Oli­ver Miles, a écrit que, « Le gou­ver­ne­ment [Came­ron] semble suivre l’exemple de Tony Blair, qui a igno­ré les conseils impor­tants du minis­tère des affaires étran­gères, du MI5 et du MI6, sur notre poli­tique au Moyen-Orient — et en par­ti­cu­lier nos guerres au Moyen-Orient — qui ont été un des prin­ci­paux fac­teurs de recru­te­ment de musul­mans bri­tan­niques pour le ter­ro­risme ici ».

ISIS est la pro­gé­ni­ture de ceux de Washing­ton, Londres et Paris, qui, en conspi­rant afin de détruire l’Irak, la Syrie et la Libye, ont com­mis un crime épique contre l’humanité. Comme Pol Pot et les Khmers Rouges, ISIS est la muta­tion issue de la ter­reur Occi­den­tale pro­pa­gée par une élite impé­ria­liste, pas le moins du monde décou­ra­gée par les consé­quences des actions prises à dis­tance géo­gra­phi­que­ment et culturellement.

Leur culpa­bi­li­té est tabou dans « nos » socié­tés, et leurs com­plices sont ceux qui sup­priment cette véri­té critique.

Il y a 23 ans, un holo­causte a iso­lé l’Irak, immé­dia­te­ment après la pre­mière guerre du golfe, lorsque les USA et la Grande-Bre­tagne ont détour­né le conseil de sécu­ri­té des nations unies et impo­sé des « sanc­tions » puni­tives à la popu­la­tion ira­kienne — ren­for­çant iro­ni­que­ment l’autorité domes­tique de Sad­dam Hus­sein. Cela s’ap­pa­ren­tait à un siège médiéval.

Pour en savoir plus sur cet embar­go et la guerre qui s’ensuivit :

LA guerre

Presque tout ce qui ser­vait au main­tien de tout état moderne fut, dans leur jar­gon, « blo­qué » — de la chlo­rine, pour rendre potable l’eau, aux sty­los d’écoles, en pas­sant par les pièces pour machines à rayons X, les antal­giques com­muns, et les médi­ca­ments pour com­battre les can­cers aupa­ra­vant incon­nus, nés de la pous­sière des champs de bataille du Sud, conta­mi­née par l’uranium appauvri.

Juste avant Noël 1999, le dépar­te­ment du com­merce et de l’industrie à Londres restrei­gnit l’exportation de vac­cins ser­vant à pro­té­ger les enfants Ira­kiens de la diph­té­rie et de la fièvre jaune. Kim Howells, sous-secré­taire d’état par­le­men­taire du gou­ver­ne­ment Blair, a expli­qué pour­quoi, « les vac­cins pour enfants », dit-il, « étaient sus­cep­tibles d’être uti­li­sés comme armes de des­truc­tion mas­sive ».

Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a pu évi­ter l’outrage en rai­son de la cou­ver­ture média­tique de l’Irak — glo­ba­le­ment mani­pu­lée par le minis­tère des affaires étran­gères — qui blâ­mait Sad­dam Hus­sein pour tout.

Sous cou­vert d’un pro­gramme « huma­ni­taire » bidon, de pétrole contre nour­ri­ture, 100$ furent alloués à chaque Ira­kien, pour vivre pen­dant une année. Ce mon­tant devait payer pour la tota­li­té des infra­struc­tures de la socié­té, et pour les ser­vices essen­tiels, comme l’élec­tri­ci­té et l’eau.

« Ima­gi­nez… », m’a dit l’assistant secré­taire géné­ral de l’ONU, Hans Von Spo­neck, « …que l’on oppose cette somme déri­soire au manque d’eau potable, au fait que la majo­ri­té des malades ne pou­vaient pas se payer de trai­te­ment, et au simple trau­ma­tisme de devoir vous en sor­tir jour après jour, et vous aurez un aper­çu du cau­che­mar. Et ne vous y trom­pez pas, tout cela était déli­bé­ré. Je ne vou­lais pas, aupa­ra­vant, uti­li­ser le mot géno­cide, mais c’est aujourd’hui iné­luc­table ».

Ecœu­ré, Von Spo­neck a démis­sion­né de son poste de coor­di­na­teur huma­ni­taire de l’ONU en Irak. Son pré­dé­ces­seur, Denis Hal­li­day, un membre dis­tin­gué de l’ONU, avait éga­le­ment démis­sion­né. « On m’a ordon­né », dit Hal­li­day, « de mettre en place une poli­tique qui cor­res­pon­dait à la défi­ni­tion d’un géno­cide : une poli­tique déli­bé­rée qui a effec­ti­ve­ment tué plus d’un mil­lion d’individus, enfants et adultes ».

Une étude du Fonds des Nations Unies pour l’en­fance, l’Unicef, a esti­mé qu’entre 1991 et 1998, l’apogée du blo­cus, il y eut 500 000 morts « en excès » d’enfants ira­kiens de moins de 5 ans. Un repor­ter TV états-unien rap­por­ta cela à Made­leine Albright, ambas­sa­deur des USA aux Nations Unies, en lui deman­dant, « le prix en valait-il la peine ? », Albright répon­dit, « nous pen­sons que le prix en valait la peine ».

En 2007, l’officiel bri­tan­nique en charge des sanc­tions, Carne Ross, connu sous le nom de « Mr Irak », dit à un comi­té de sélec­tion du par­le­ment, « [les gou­ver­ne­ments US et Bri­tan­nique] ont effec­ti­ve­ment pri­vé une popu­la­tion entière de tout moyen de sub­sis­tance ». Lorsque j’ai inter­viewé Carne Ross trois ans après, il était dévo­ré de regrets et de repen­tir. « Je me sens hon­teux », dit-il. Il est aujourd’hui l’un des rares lan­ceurs d’alerte qui aver­tit de la façon dont les gou­ver­ne­ments trompent et du rôle com­plice cri­tique des médias dans la pro­pa­ga­tion et le main­tien de ces trom­pe­ries. « Nous don­nions [aux jour­na­listes] des ren­sei­gne­ments et anec­dotes asep­ti­sés », dit-il, « ou nous les empê­chions de tra­vailler ».

L’an der­nier, on pou­vait lire à la Une du Guar­dian ce titre qui n’a­vait rien d’in­ha­bi­tuel : « Face aux hor­reurs d’ISIS nous devons agir ». Le « Nous devons agir » est un spectre que l’on ranime, un aver­tis­se­ment de la sup­pres­sion de la mémoire avi­sée, des faits, des leçons apprises et des regrets ou de la honte. L’auteur de l’article était Peter Hain, l’ancien ministre des affaires étran­gères res­pon­sable de l’Irak sous Blair. En 1998, lorsque Denis Hal­li­day révé­la l’étendue de la souf­france en Irak, dont le gou­ver­ne­ment Blair était le pre­mier res­pon­sable, Hain le fit pas­ser lors du jour­nal du soir de la BBC pour un « défen­seur de Sad­dam ». En 2003, Hain sou­tint l’invasion de Blair d’un Irak déjà bles­sé, sur la base de men­songes colos­saux. Lors d’une confé­rence plus récente du par­ti tra­vailliste, il qua­li­fia l’invasion, en la balayant rapi­de­ment, de « pro­blème mar­gi­nal ».

Voi­là que Hain deman­dait « des frappes aériennes, des drones, de l’équipement mili­taire et autre sou­tien » pour ceux « fai­sant face au géno­cide » en Irak et en Syrie. Ce qui ren­for­ce­rait « les impé­ra­tifs pour une solu­tion poli­tique ». Le jour où fut publié l’article de Hain, Denis Hal­li­day et Hans Von Spo­neck étaient venus à Londres pour me voir. Ils n’étaient pas cho­qués par l’hypocrisie mor­ti­fère du poli­ti­cien, mais déplo­raient l’absence per­pé­tuelle, presque inex­pli­cable, de diplo­ma­tie intel­li­gente visant à négo­cier un sem­blant de trêve.

A tra­vers le globe, de l’Irlande du Nord au Népal, ceux qui se consi­dèrent mutuel­le­ment comme des ter­ro­ristes et des héré­tiques se sont fait face. Pour­quoi pas main­te­nant en Irak et en Syrie ? Au lieu de cela, nous avons une ver­bo­si­té insi­pide et presque socio­pa­tho­lo­gique déver­sée par Came­ron, Hol­lande, Oba­ma et leur « coa­li­tion des volon­taires » pres­cri­vant plus de vio­lence, lar­guée depuis 10 000 mètres d’altitude, sur des endroits où le sang des pré­cé­dents conflits n’est tou­jours pas sec. Ils semblent tel­le­ment savou­rer leurs propres vio­lence et stu­pi­di­té qu’ils sont prêts à ren­ver­ser leur seul allié poten­tiel de valeur, le gou­ver­ne­ment Syrien.

Ce n’est rien de nou­veau, comme ces fichiers ayant été publiés, car ayant fui­té des ser­vices de ren­sei­gne­ments Bri­tan­nique-US, le montrent :

« Afin de faci­li­ter l’action des forces libé­ra­trices [sic]… un effort spé­cial doit être four­ni pour éli­mi­ner cer­tains indi­vi­dus clés [et] pro­cé­der à des per­tur­ba­tions internes en Syrie. La CIA est pré­pa­rée, et le SIS (MI6) ten­te­ra de pro­vo­quer des sabo­tages mineurs et des inci­dents [sic] en Syrie, en tra­vaillant à l’aide de contacts avec des indi­vi­dus… un degré néces­saire de peur… des conflits fron­ta­liers [mis en scène] four­ni­ront un pré­texte d’intervention… la CIA et SIS devraient uti­li­ser… leurs capa­ci­tés à la fois psy­cho­lo­gi­que­ment et d’action sur le ter­rain pour faire croître la tension ».

Cela fut écrit en 1957, mais cela aurait aus­si pu être écrit hier. Dans le monde de l’Empire, rien ne change fon­da­men­ta­le­ment. En 2013, l’ancien ministre des affaires étran­gères fran­çais Roland Dumas a révé­lé que « deux ans avant le prin­temps arabe », on lui avait dit qu’une guerre en Syrie était pla­ni­fiée. « Je vais vous dire quelque chose », dit-il dans une inter­view avec la chaîne fran­çaise LCP, « j’étais en Angle­terre deux ans avant la vio­lence en Syrie pour d’autres affaires. J’ai ren­con­tré des hauts fonc­tion­naires bri­tan­niques qui m’ont avoué qu’ils pré­pa­raient quelque chose en Syrie. L’Angleterre pré­pa­rait l’invasion des rebelles en Syrie. Et ils m’ont même deman­dé, bien que je ne sois plus ministre des affaires étran­gères, si j’ai­me­rais y par­ti­ci­per… C’est pour dire que cette opé­ra­tion vient de très loin, elle a été pré­pa­rée, conçue, orga­ni­sée » (cita­tion en entier, ici).

Les seuls enne­mis effec­tifs d’ISIS sont dia­bo­li­sés par l’Occident — la Syrie, l’ran, le Hez­bol­lah et main­te­nant la Rus­sie. L’obstacle est la Tur­quie, une « alliée » et membre de l’OTAN, qui a conspi­ré avec la CIA, le MI6 et les médié­va­listes du Golfe pour four­nir du sou­tien aux « rebelles » syriens, dont ceux que l’on appelle aujourd’hui ISIS. Sou­te­nir la Tur­quie dans sa vieille ambi­tion de domi­na­tion régio­nale en ren­ver­sant le gou­ver­ne­ment Assad entraine une guerre clas­sique majeure et le démem­bre­ment ter­ri­fiant d’un des états les plus eth­ni­que­ment diver­si­fiés du Moyen-Orient.

Une trêve — aus­si dif­fi­cile à négo­cier et à mettre en place fut-elle — est la seule sor­tie de ce laby­rinthe ; autre­ment, les atro­ci­tés de Paris et de Bey­routh se repro­dui­ront. En plus d’une trêve, les auteurs et super­vi­seurs de la vio­lence au Moyen-Orient — les Amé­ri­cains et les Euro­péens — doivent eux-mêmes se « dé-radi­ca­li­ser » et faire preuve de bonne volon­té envers les com­mu­nau­tés musul­manes alié­nées, par­tout, y com­pris sur leur propres territoires.

Il devrait y avoir une ces­sa­tion immé­diate de tous les envois de maté­riel de guerre à Israël, et la recon­nais­sance de l’état Pales­ti­nien. Le pro­blème de la Pales­tine est la plaie ouverte la plus puru­lente de la région, et la jus­ti­fi­ca­tion la plus citée pour l’avènement de l’extrémisme Isla­mique. Ous­sa­ma Ben Laden l’a­vait expri­mé clai­re­ment. La Pales­tine offre aus­si de l’espoir. Ren­dez jus­tice aux pales­ti­niens et vous com­men­ce­rez à chan­ger le monde qui les entoure.

Il y a plus de 40 ans, le bom­bar­de­ment Nixon-Kis­sin­ger du Cam­bodge libé­ra un tor­rent de souf­france dont le pays ne s’est tou­jours pas remis. La même chose est vraie du crime ira­kien de Blair et Bush, et des crimes de l’OTAN et de la « coa­li­tion » en Libye et en Syrie.

Avec un timing impec­cable, le der­nier livre égo­cen­trique au titre sati­rique d’Henry Kis­sin­ger a été publié, « Ordre Mon­dial ». Dans une cri­tique ser­vile, Kis­sin­ger est décrit comme « un façon­neur clé d’un ordre mon­dial qui est res­té stable pen­dant un quart de siècle ».

Allez dire ça au peuple du Cam­bodge, du Viet­nam, du Laos, du Chi­li, du Timor orien­tal et à toutes les autres vic­times de son « façon­nage ». Ce n’est que lorsque « nous » recon­naî­trons les cri­mi­nels de guerre par­mi nous et arrê­te­rons de nier la véri­té que le sang pour­ra com­men­cer à sécher.

John Pil­ger


Tra­duc­tion : Nico­las Casaux

Édi­tion & Révi­sion : Hélé­na Delaunay

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