Servir l’empire, éternellement
Traduction d’un excellent article écrit par Cory Morningstar et Forrest Palmer, initialement publié (en anglais) sur le site de Wrong Kind Of Green, à l’adresse suivante.
« L’objectif c’était de faire en sorte que cela devienne un mouvement que les consommateurs, les publicitaires et les médias puissent exploiter et utiliser »
— 2009 HAVAS WORLDWIDE Communiqué de presse pour la “campagne TckTckTck” [Source]
En Janvier 2010 j’ai écrit « Les yeux fermés : TckTckTck exposé », j’y expliquais en détails comment nous, la société civile, avions été collectivement manipulés afin de nous faire coucher avec l’ennemi, à savoir le pouvoir des corporations et des entreprises. Aujourd’hui, presque 6 ans après, alors que nous vivons au cœur d’une accalmie mentale ayant des airs de syndrome de Stockholm, nous nous sommes enchainés au lit – nous sommes devenus des participants volontaires, et avons accepté de devenir ses esclaves.
Bien qu’il soit réconfortant pour beaucoup (pour des raisons qui m’échappent) que les marches mondiales soient dirigées par « l’organisation mal agencée » des richissimes Rockefeller, 350.org [1], l’ONG au cœur de ces machinations est toujours TckTckTck (GCCA), une ONG au vernis légèrement abîmé, qui tente encore de se faire discrète aux yeux du grand public. Ce n’est qu’un simple tour de passe-passe étant donné que 350.org (ainsi qu’AVAAZ, Greenpeace, le WWF, etc.) est un des partenaires fondateurs de TckTckTck [2].
350.org, en tant que partenaire de TckTckTck [ainsi qu’AVAAZ, et toutes les ONG indiquées ici, elles sont plus de 450] soutient le GCCA [Global Call for Climate Action – Appel Mondial pour une Action Climatique], dont les politiques et engagements sont consultables ici (en anglais). On peut notamment y lire, dès les premières lignes :
« Le GCCA reconnait qu’afin d’éviter une catastrophe climatique sur la planète, les gouvernements, les entreprises et le public doivent tous agir ».
« GCCA [Global Call for Climate Action – Appel Mondial pour une Action Climatique] a travaillé en coulisses pendant plus d’un an pour préparer la marche de 2014, en utilisant toutes les ressources et contacts possibles pour organiser un rassemblement autour de la marche historique du Peuple pour le Climat (The People’s Climate March) en vue du sommet climatique des dirigeants à l’ONU… dans les mois précédents, GCCA a organisé des conférences téléphoniques hebdomadaires avec les partenaires clés comme 350.org, Avaaz, USCAN et Climate Nexus pour catalyser les activités et identifier les manques… Tout s’est bien déroulé, et nous avons pu être témoin de la plus importante marche pour le climat du monde, qui a inspiré d’autres évènements à travers la planète, avec des dirigeants mondiaux, des hommes d’affaires, des activistes, des parents et des artistes marchant main dans la main ».
— Rapport Annuel de 2014 du GCCA
Comme les mercenaires qui se battent pour l’Empire, en Syrie et ailleurs, le « mouvement » environnemental collectif (dont les marches mondiales pour le climat deviennent le symbole) reproduit ce combat pour l’empire, étant donné qu’il est entièrement financé et acheté par les fondations. Cela ne fait de lui qu’une filiale bon marché de l’état corporatiste, un soutien pour ceux dont le seul et unique intérêt est de servir, d’étendre et de protéger à la fois le capital et le pouvoir – à n’importe quelle prix. Il n’y a pas d’armée nous imposant leurs ambitions et leurs objectifs ; nous sommes l’armée, l’armée de l’empire, les « rebelles », créant les espaces d’expansion des marchés, acquiesçant devant la croissance perpétuelle dépendant du viol et du pillage de nos frères et sœurs sur toute la planète, et de notre Mère, la Terre. Le fait que nos oppresseurs parviennent à nous faire défiler à l’occasion d’un spectacle hautement financé, signifie que nous marchons vers notre propre anéantissement en raison de notre propre conformisme.
« Lorsque le consensus n’existe qu’en raison de la domination de la conformité, le processus social est pollué, et l’individu abandonne les pouvoirs dont dépendent ses sentiments et ses pensées. La tendance au conformisme dans notre société est si forte que des personnes jeunes, raisonnablement intelligentes et censées sont amenées à désigner le noir pour du blanc. C’est très préoccupant. Cela soulève des questions sur notre façon d’éduquer et sur les valeurs qui guident notre comportement. »
— Solomon Asch, Opinions et Pression sociale, 1955
Nous avons besoin d’une illusion : fini le pétrole, voilà le lithium. Nous avons besoin d’un démon : Exxon Mobil est le Saddam Hussein du 21ème siècle pour la gauche plastique. Un océan de sang, de sueur, de pleurs, et d’organes humains nous regarde droit dans les yeux. Nous regardons en retour, mais ne percevons que notre propre reflet.
Comme des marionnettes articulées, dirigées par des fils, nous dansons au son de leur musique. Tout comme le Joueur de flûte de Hamelin mena les enfants à leur perte, nous suivons volontairement les dirigeants de cette société dans leur autodestruction, sans l’excuse de l’ignorance, car si c’est d’ignorance qu’il s’agit, alors elle est volontaire…
Voila. C’est le plus bref des articles que j’ai écrit sur ce sujet ; j’ai déjà largement documenté l’argent et le pouvoir qui rendent possible cette charade, jusqu’à en être verte. Que dire de plus ? Pour ceux d’entre vous qui peuvent encore lire au-delà du premier paragraphe, voici les liens d’articles écrits avant et après la marche du peuple pour le climat de 2014 (2014 People’s Climate March), qui détaillent l’argent et le pouvoir qui les rendent possible.
17 Septembre 2014 : Ça ne change rien. Pourquoi la Marche du Peuple pour le Climat garantie la catastrophe climatique
30 Septembre 2015 : Sous un mauvais ciel | La marche du peuple pour le climat (TckTckTck’s 2014 People’s Climate March) de TckTckTck de 2014 : ça n’a rien changé
Vidéo : Comment fonctionne la conformité politique (Expérience d’Asch)
« Asch conclut qu’il est difficile de soutenir que l’on voit quelque chose lorsque personne d’autre ne le voit. La pression du groupe exercée par l’intermédiaire des opinions exprimées par les autres peut amener à la modification et à la distorsion, et vous faire effectivement voir pratiquement n’importe quoi. »

[1] 350.org, aujourd’hui de portée international, continue à s’auto-appeler et à être appelé un “mouvement populaire”, malgré l’injection de millions de dollars de la part d’infâmes et silencieux partenaires ; la Clinton Foundation (via 1Sky) a participé à sa conception, la fondation Tides (elle-même financée par la fondation NoVo, du fils de Warren Buffett) la finance, ainsi que bien d’autres fondations issues des millions des oligarques.
[2] GCCA (AMCC), une initiative née à Bali (2007) avec un financement de 300 000 dollars de la part du gouvernement du Québec, est une « coalition de 20 organisations internationales clés », dont Avaaz, 350.org, Greenpeace, le forum mondial humanitaire de Kofi Annan, OXFAM, le WWF, le World Council of Churches, l’Union des Scientifiques Concernés, Equiterre, et Global Call to Action against Poverty (appel mondial contre la pauvreté, aussi dirigé par Kumi Naidoo), et le Pew Environment Group. [Source]
Cory Morningstar & Forrest Palmer
Cory Morningstar a longuement documenté, sur les deux sites où elle publie les résultats de ses investigations, la création et le financement des ONGs comme 350.org et TckTckTck, et AVAAZ, effectuant ainsi un travail remarquable ; si vous souhaitez en savoir plus, je ne peux que fortement vous recommander de vous rendre sur ces sites (en anglais — nous sommes toujours à la recherche de traducteurs bénévoles pour nous aider à traduire les nombreux, excellents, et essentiels articles qu’elle a écrit):
http://www.theartofannihilation.com/ et http://www.wrongkindofgreen.org/.
D’ailleurs, si vous souhaitez participer et enquêter vous aussi, il suffit de vous rendre sur http://350.org/2014-report/, vous trouverez tout en bas de la page une liste de plus de 70 fondations ayant donné de l’argent à 350.org… mais vous pouvez également enquêter sur AVAAZ, ou n’importe quelle autre grande ONG, surprises garanties.
AVAAZ, qui a été fondée par les millions du milliardaire George Soros, et par une équipe de 7 petits génies, issus en partie des universités de l’Ivy league états-unienne, est une ONG qui n’aura servi qu’à semer la confusion dans le milieu militant, et à manipuler l’opinion publique.
Cette ONG a entre autres soutenu et inciter les gens à soutenir les interventions militaires en Libye, en Syrie, bientôt au Burundi.
Récemment, elle s’est imposée en France pour tenter d’organiser (ou de désorganiser, c’est selon) les manifestations et actions en marge de la COP21 (les chaussures partout par terre, par exemple). Un article l’explique (moyennement bien, mais c’est rue89, pas étonnant), extraits :
Vous les avez peut-être aperçues dans la rue ou dans vos e‑mails : les pétitions de la plateforme Avaaz sont partout et bousculent les assos classiques. A l’approche de la COP21, l’ONG prépare le show. A l’américaine.
[…] Tout est là, dans la jovialité de cet Ecossais de naissance aux joues broussailleuses. La « positive-attitude », l’appel à la « communauté » et les mots maintes fois léchés : le terme « énergie propre » a été testé, par sondage. Les retours indiquent qu’il est « plus vendeur qu’énergie renouvelable ». Oublié le langage abscons des rapports du Giec.
Une « marche pour le climat » se tiendra à la fin du mois de novembre, à Paris et dans d’autres villes du monde. En France, l’initiative est pilotée par la coalition Climat21, qui rassemble plus de 130 organisations. Au cœur du dispositif, on trouve la plateforme de mobilisation Avaaz – un géant américain assis sur l’une des plus vastes listes de diffusion e‑mails au monde.
Si un jour, il y a longtemps, un soir d’élan humanitaire, vous avez signé l’une de ses pétitions, que ce soit pour sauver les abeilles, protester contre le traité transatlantique ou sauver un dissident de la peine de mort, il est probable que vous soyez considéré comme l’un de leurs 42 millions de « membres ». La France est le deuxième pays, après le Brésil, en termes de signataires.
Cet « ONU des citoyens » centralise et toilette des pétitions pour en assurer la promotion. Cela peut agacer. Certains diront qu’Avaaz saute de sujet en sujet, écrasant les problématiques, récupérant le travail de fond d’autres ONG. Des expressions comme « surfer sur le buzz » ou « faire du chiffre » reviennent ici et là. Mais Avaaz peut se targuer d’une certaine efficacité [sic], qui informe sur le militantisme à l’ère numérique [re-sic].
[…] Avaaz rend le militantisme simple comme un clic de souris. Ce faisant, il lui est reproché d’appauvrir l’engagement, en y distillant une logique utilitariste, individualiste. Celle de l’individu zappeur du touriste perpétuel. Toutes ces critiques peuvent être regroupées sous la bannière du « solutionnisme technologique ».
[…] En juin, le G7 confirme l’engagement de « maintenir la hausse de la température moyenne dans le monde au-dessous de 2°C ». Pour beaucoup d’associations, comme Attac, les sept pays font du « surplace ». A l’inverse, Avaaz se gargarise :
« Nous avons fait un pas de géant nous laissant enfin espérer un éclatant succès lors du sommet de Paris en décembre. »
Un des seuls articles en français parlant d’AVAAZ a été écrit par Dominique Guillet de Kokopelli. Il se base en partie sur les excellents travaux de Cory Morningstar (citée plus haut), journaliste canadienne. Quelques extraits :
[…] Est-ce donc une coïncidence si l’organisation dénommée Avaaz a soutenu les interventions militaires en Libye (19 / 20 / 21) et en Syrie (25 / 26 / 27 / http://www.avaaz.org/…/us_and_india_stop_syrias_merchants_…/) ? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes de la Somalie (2 / 3 / 4) ? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes du Soudan (5) en accusant, par ailleurs, le très diabolisé Iran de livrer des armes (7 / 8) ? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes de l’Iran (9 / 10) ?
Qui sont donc ces « activistes Avaaz » impliqués très concrètement, en 2012, dans des opérations de déstabilisation de la Syrie (11) ?
[…] Avaaz fut, en juin 2009, l’un des partenaires dans la campagne Tcktcktck lancée par Havas [une des plus grosses boite de comm’], aux côtés d’EDF, de la Loyds Bank… et de 350.org, une organisation financée par la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller, le Rockefeller Brothers Fund et le milliardaire George Soros.
[…] Dans la clique des fondateurs d’Avaaz — dont l’idéologie est fondée sur la pratique du clic-clic et le syndrome du petit montant — Ricken Patel, [un anglo-canadien qui a travaillé pour la fondation Rockefeller, la fondation Bill Gates, a été consultant pour l’ONU, et fréquente tous les patrons de la mondialisation, un autre co-fondateur d’AVAAZ], n’est pas le seul à arborer de multiples casquettes. On retrouve Tom Perriello dans la consultance ou la direction chez : National Council of Churches of Christ, Catholics United, Catholics in Alliance for the Common Good, Faithful America, Faith in Public Life, Center for a Sustainable Economy, Center for American Progress Action Fund, Youth and Environmental Campaigns, E‑Mediat Jordan, International Center for Transitional Justice, Res Publica, The Century Foundation, l’ONU, Open Society Institute, etc, etc. Il oeuvra avec le Reverend Dr. James Forbes sur des concepts de « justice prophétique ». Tom Perriello soutient l’opération psychologique spéciale dénommée « guerre à la terreur » qui fut lancée par Bush et prolongée par Obama. Sa vision d’Israël participe du conte de fée : il considère ce pays comme l’une des « créations les plus spectaculaires et excitantes de la communauté internationale » au 20ème siècle et est convaincu qu’il « existe une relation stratégique et morale permanente entre les USA et Israël ». Etc, etc, ad nauseam.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il est clair (ça ne pourrait pas l’être plus, c’est écrit sur leurs sites, noir sur blanc, et dans les clauses du GCCA, le Global Call for Climate Action, ou Appel Mondial pour l’Action Climatique) que les ONGs comme 350.org, TckTckTck, AVAAZ, Greenpeace, et le WWF ne s’opposent pas au capitalisme financier, ne s’opposent pas aux corporations, aux entreprises et aux gouvernements actuels, au contraire, elles espèrent d’ailleurs nous faire gentiment marcher « main dans la main » avec eux.
Le mouvement des ZAD semble avoir une vision de l’écologie plus cohérente, à laquelle nous adhérons, mais qui est à l’opposé de celle de ces ONGs hautement subventionnées :
Contre l’aéroport et son monde
Traduction : Nicolas Casaux