L’appel des éco-charlatans et la promotion du capitalisme « vert » (à propos des Colibris)

N.B. : Dans l’ar­ticle qui suit, lorsque nous par­lons des « Coli­bris », nous fai­sons réfé­rence aux figures média­ti­sées, à ceux qui sont mis en avant dans l’ap­pel, à ceux qui dirigent ce mou­ve­ment, pas aux mili­tant-e‑s, évi­dem­ment. La dis­tinc­tion est importante.

Le 31 jan­vier 2017, le jour­nal Le Monde, le prin­ci­pal quo­ti­dien fran­çais, appar­te­nant au trio capi­ta­liste Ber­gé-Niel-Pigasse, relayait « l’appel du monde de demain ». Un appel rédi­gé par les prin­ci­pales éco-célé­bri­tés fran­çaises, à la mode dans les cercles bour­geois de la capi­tale, car poli­ti­que­ment cor­rectes et ne mena­çant pas le moins du monde l’ordre éta­bli (Nico­las Hulot, Pierre Rabhi, Cyril Dion, Tryo, Zaz, Marion Cotillard, Mat­thieu Che­did, Alain Sou­chon, etc.). Examinons-le.

Pas la peine de reve­nir sur le pre­mier para­graphe, qui est de loin le plus hon­nête. La situa­tion éco­lo­gique relève effec­ti­ve­ment de la catas­trophe. En cours.

Le deuxième para­graphe pré­sente briè­ve­ment, et de manière subrep­tice, un des points les plus impor­tants de l’appel, en à peine quelques mots : leur sou­tien au déploie­ment des éner­gies dites « renou­ve­lables ». La pro­duc­tion d’énergie étant le socle sur lequel repose la socié­té dont ils font la pro­mo­tion, et le socle sur lequel nos socié­tés indus­trielles reposent. Mais le déve­lop­pe­ment mas­sif de cen­trales solaires, de parcs éoliens, de cen­trales à bio­masse, de bar­rages hydro­élec­triques, afin de « pro­duire de l’énergie renou­ve­lable en abon­dance » est une nui­sance de plus pour les « ani­maux sau­vages », « les forêts », et les « mil­liers d’espèces » dont ils s’inquiètent dans le pre­mier paragraphe.

Bien évi­dem­ment, les éner­gies sales (par oppo­si­tion aux soi-disant éner­gies « propres ») que sont les com­bus­tibles fos­siles et le nucléaire sont autant de catas­trophes éco­lo­giques. Cepen­dant, les éner­gies soi-disant « renou­ve­lables » en étant dépen­dantes, et ce pour encore un cer­tain temps, et ne les rem­pla­çant pas, mais s’y ajou­tant, nous ne fai­sons ici que sou­li­gner l’absurdité qui consiste à les pré­sen­ter comme une solu­tion. Parce qu’en fin de compte, ce qui peut être obser­vé par tout un cha­cun à l’aide d’une connexion inter­net et d’un moteur de recherche, ou sim­ple­ment en obser­vant ce qui se passe dehors, c’est qu’après des années de déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables (les pre­mières ins­tal­la­tions de cen­trales solaires indus­trielles datent des années 1970) rien n’a chan­gé. Que celles-ci ne viennent pas du tout rem­pla­cer le pétrole, le char­bon et le nucléaire, qui conti­nuent à se déve­lop­per. (Pour une cri­tique plus détaillée de ces nou­velles illu­sions vertes, sui­vez ce lien.)

Contrai­re­ment à la confu­sion volon­taire ou invo­lon­taire des auteurs de « l’ap­pel du monde de demain », qui passent tran­quille­ment sous silence la réa­li­té des classes sociales, les acti­vistes en pre­mière ligne des conflits éco­lo­giques com­prennent les enjeux de l’é­poque et le fonc­tion­ne­ment de l’é­chi­quier poli­ti­co-éco­no­mique. Ils com­prennent que nos socié­tés indus­trielles sont frag­men­tées en dif­fé­rents groupes sociaux aux inté­rêts contra­dic­toires. Ils com­prennent qu’il est absurde et dan­ge­reux de faire croire au peuple qu’il lutte main dans la main avec ses diri­geants, avec les élites qui le gou­vernent, et qui l’exploitent.

Voi­ci l’a­gri­cul­ture « éco­lo­gique » / « sym­bio­tique » pro­mue par Isa­belle Delan­noy, « spé­cia­liste du déve­lop­pe­ment durable » et amie de Cyril Dion, avec qui elle écrit actuel­le­ment un livre sur « l’é­co­no­mie sym­bio­tique ». Cette plan­ta­tion est cer­ti­fiée bio™. N’est-ce pas formidable ?!

Les vrais héros du mou­ve­ment éco­lo­giste, dont on parle peu, parce que les médias de masse les ignorent volon­tiers, ceux qui risquent gros, en per­tur­bant l’ac­ti­vi­té des cor­po­ra­tions mul­ti­na­tio­nales qui détruisent la pla­nète et asser­vissent les êtres humains, et qui, par-là même, les dési­gnent et les exposent à juste titre pour les enne­mis qu’elles sont, ont un autre appel à dif­fu­ser. Contrai­re­ment aux auteurs de « l’ap­pel du monde de demain », ils ne s’ex­priment pas depuis le pié­des­tal du pri­vi­lège et de la célé­bri­té. Ils nous disent que les actions directes orien­tées contre les pra­tiques nui­sibles pour le monde natu­rel, comme le sabo­tage ou l’ar­rêt de pipe­lines, comme les occu­pa­tions, les blo­cages et les grèves, font par­tie de nos der­nières et de nos meilleures armes.

On entend rare­ment leurs noms, citons Ken Ward aux Etats-Unis, qui risque 30 ans de pri­son pour avoir fer­mé une valve d’un pipe­line pétro­lier, à l’instar d’Emily Johns­ton, et qui a récem­ment décla­ré qu’il « ne res­tait plus que l’action radi­cale pour défendre la pla­nète » ; Jean Léger, au Cana­da, qui fer­mé une valve et s’est cade­nas­sé au pipe­line 9B d’En­bridge, et des mil­liers d’autres, au Cana­da et aux États-Unis, en Amé­rique cen­trale, en Amé­rique latine, en Europe, en Afrique, en Asie, et ailleurs. Comme ces vil­la­geois en Thaï­lande qui sont par­ve­nus, à coup d’occupations et de blo­cages, à faire annu­ler la construc­tion de cen­trales à char­bon et de voies fer­rées qui mena­çait de détruire l’environnement. Leurs noms importent peu, eux se fichent de la sta­ri­fi­ca­tion et de la culture de la célé­bri­té. Les actions directes (vio­lentes ou non vio­lentes) qu’ils entre­prennent sont, par défi­ni­tion, les tac­tiques les plus effi­caces pour s’opposer à l’industrialisme impo­sé par les cor­po­ra­tions mul­ti­na­tio­nales. En France, les dif­fé­rentes ZAD en sont un bon exemple.

Bien sûr, celles-ci n’ex­cluent pas les mani­fes­ta­tions, les recours en jus­tice, les péti­tions ou même le vote. Elles n’ex­cluent pas non plus les actions com­mu­nau­taires locales, l’é­du­ca­tion popu­laire, et ain­si de suite. Elles s’y ajoutent. Étant don­né la gra­vi­té et l’ur­gence de la situa­tion, nous avons besoin de tout ce qui va dans la bonne direction.

Tan­dis que l’appel des éco-capi­ta­listes a pour effet de nier les luttes sociales. En insi­nuant que nous avons tous ou devrions avoir les mêmes inté­rêts, il joue le jeu de ceux au pou­voir. Bien sûr, tech­ni­que­ment, les êtres humains devraient se regrou­per der­rière l’in­té­rêt com­mun de la pré­ser­va­tion de la pla­nète. Mais dans les faits, ce n’est pas le cas. Comme l’é­cri­vait Jacques Ellul :

« Je vou­drais rap­pe­ler une thèse qui est bien ancienne, mais qui est tou­jours oubliée et qu’il faut réno­ver sans cesse, c’est que l’or­ga­ni­sa­tion indus­trielle, comme la « post-indus­trielle », comme la socié­té tech­ni­cienne ou infor­ma­ti­sée, ne sont pas des sys­tèmes des­ti­nés à pro­duire ni des biens de consom­ma­tion ni du bien-être, ni une amé­lio­ra­tion de la vie des gens, mais uni­que­ment à pro­duire du pro­fit. Exclu­si­ve­ment. Tout le reste est pré­texte, moyen et justification. »

Les classes diri­geantes sont intrin­sè­que­ment imper­méables à ce genre d’ap­pel. Elles conti­nuent aujourd’­hui plus que jamais à exploi­ter les êtres vivants et le monde natu­rel. Dis­soudre ces réa­li­tés dans un dis­cours miel­leux qui n’in­cite abso­lu­ment pas à entre­prendre quoi que ce soit à leur encontre — qui ne soit auto­ri­sé ou encou­ra­gé par les ins­ti­tu­tions offi­cielles de pou­voir — revient à se ran­ger du côté du pouvoir.

Même Fabrice Nico­li­no, qui défend pour­tant régu­liè­re­ment ses amis Coli­bris Cyril Dion et Pierre Rabhi, le recon­nais­sait dans son livre Qui a tué l’écologie ?, publié en 2011, sachant que ses consi­dé­ra­tions se basaient sur l’état des choses d’a­lors, et que depuis, tout a empiré :

« Sau­ver la pla­nète, cela va bien si l’on mène le com­bat depuis les confor­tables arènes pari­siennes. Mais affron­ter le sys­tème indus­triel, mené par une oli­gar­chie plus inso­lente de ses pri­vi­lèges qu’aucune autre du pas­sé, c’est une autre affaire. Il fau­drait nom­mer l’adversaire, qui est sou­vent un enne­mi. Rap­pe­ler cette évi­dence que la socié­té mon­diale est stra­ti­fiée en classes sociales aux inté­rêts évi­dem­ment contra­dic­toires. Assu­mer la pers­pec­tive de l’affrontement. Admettre qu’aucun chan­ge­ment radi­cal n’a jamais réus­si par la dis­cus­sion et la per­sua­sion. Recon­naître la néces­si­té de com­bats immé­diats et sans rete­nue. Par exemple, et pour ne prendre que notre petit pays, empê­cher à toute force la construc­tion de l’aéroport nan­tais de Notre-Dame-des-Landes, pour­chas­ser sans relâche les pro­mo­teurs cri­mi­nels des dits bio­car­bu­rants, dénon­cer dès main­te­nant la pers­pec­tive d’une exploi­ta­tion mas­sive des gaz de schistes, qui sera pro­ba­ble­ment la grande bataille des pro­chaines années.

[…] Il fau­drait enfin savoir ce que nous sommes prêts à ris­quer per­son­nel­le­ment pour enrayer la machine infer­nale. Et poser sans fré­mir la ques­tion du dan­ger, de la pri­son, du sacri­fice. Car nous en sommes là, n’en déplaise aux Bisou­nours qui vou­draient tel­le­ment que tout le monde s’embrasse à la manière de Folleville.

Au lieu de quoi la gran­diose pers­pec­tive de remettre le monde sur ses pieds se limite à trier ses ordures et éteindre la lumière der­rière soi. Les plus cou­ra­geux iront jusqu’à envoyer un mes­sage élec­tro­nique de pro­tes­ta­tion et faire du vélo trois fois par semaine, se nour­ris­sant bien enten­du de pro­duits bio. J’ai l’air de me moquer, mais pas de ceux qui croient agir pour le bien public. J’attaque en fait cette immense coa­li­tion du « déve­lop­pe­ment durable » qui a inté­rêt à faire croire à des fadaises. Car ce ne sont que de ter­ribles illu­sions. Il est grave, il est même cri­mi­nel d’entraîner des mil­lions de citoyens inquiets dans des voies sans issue.

Non, il n’est pas vrai qu’acheter des lampes à basse consom­ma­tion chan­ge­ra quoi que ce soit à l’état éco­lo­gique du monde. La machine broie et digère tous ces gestes hélas déri­soires, et conti­nue sa route. Pis, cela donne bonne conscience. Les plus rou­blards, comme au temps des indul­gences catho­liques, voyagent en avion d’un bout à l’autre de la terre autant qu’ils le sou­haitent, mais com­pensent leur émis­sion de car­bone en payant trois francs six sous cen­sés ser­vir à plan­ter quelques arbres ailleurs, loin des yeux. On ne fait pas de bar­rage contre l’océan Paci­fique, non plus qu’on ne vide­ra jamais la mer avec une cuiller à café. Les dimen­sions du drame exigent de tout autres mesures. Et il y a pire que de ne rien faire, qui est de faire sem­blant. Qui est de s’estimer quitte, d’atteindre à la bonne conscience, et de croire qu’on est sur la bonne voie, alors qu’on avance en aveugle vers le mur du fond de l’impasse. […] »

Tout au long de l’ap­pel, ses auteurs exposent une ana­lyse erro­née, ou plu­tôt une absence d’a­na­lyse, du constat qu’ils dénoncent. Ils ne remettent abso­lu­ment pas en ques­tion la socié­té indus­trielle, l’or­ga­ni­sa­tion sociale domi­nante, ils se contentent de fan­tas­mer une socié­té indus­trielle basée sur des indus­tries « vertes ».

Une autre vision du monde éco­lo­gique pour lequel Isa­belle Delan­noy milite. Elle parle de cette forme d’a­gri­cul­ture (indus­trielle) urbaine comme d’une mer­veilleuse sym­biose réus­sie entre l’être humain et la « nature », et pré­sente cette « ferme » comme un modèle à reproduire…

Le lan­gage uti­li­sé est éga­le­ment assez révé­la­teur. Les termes uti­li­sés cor­res­pondent à un lan­gage cor­po­ra­tiste, qui plaît aux éco­no­mistes et aux capi­ta­listes (verts ou pas), aux puis­sants et aux riches : inves­tis­se­ment, entre­prendre, déve­lop­pe­ment, élus, entre­pre­neurs, sala­riés, fonc­tion­naires, pro­jets, tran­si­tion, res­sources.

Il est absurde de pré­tendre se sou­cier des ani­maux non humains et du monde natu­rel en géné­ral tout en encou­ra­geant le déve­lop­pe­ment de nou­velles indus­tries (« vertes »), qui sont autant de nou­velles nui­sances. Ces indus­tries vertes qui servent à main­te­nir un cer­tain niveau de confort pour les humains uni­que­ment. Et plus lar­ge­ment à per­pé­tuer la socié­té indus­trielle dans son ensemble, et son déve­lop­pe­ment, qui consti­tue par défi­ni­tion un sac­cage écologique.

Le der­nier para­graphe conseill toutes les niai­se­ries habi­tuelles (réflé­chir, limi­ter son impact éco­lo­gique indi­vi­duel, sou­te­nir des can­di­dats poli­tiques, voter, mani­fes­ter et rêver). Le plus gro­tesque, c’est que cet appel (et c’est la rai­son pour laquelle il est relayé par des grands médias capi­ta­listes), qui com­mence par un constat à peu près lucide sur la catas­trophe éco­lo­gique en cours, qu’il affirme ensuite vou­loir résoudre, ne pré­sente stric­te­ment aucune ana­lyse de ce qui pose pro­blème, de ce qui fait que nous en sommes ren­dus au point de catas­trophe éco­lo­gique mon­dial qu’ils recon­naissent pour­tant. Par sou­ci d’éviter tout ce qui pour­rait sem­bler néga­tif, ils font l’impasse sur la cri­tique. On n’y trouve aucune men­tion des coer­ci­tions et des exploi­ta­tions qui sont à l’o­ri­gine de tous nos pro­blèmes. Aucune men­tion non plus, ni aucune cri­tique, de l’impératif de crois­sance, qui garan­tit à lui seul le carac­tère com­plè­te­ment insou­te­nable de la socié­té indus­trielle. Si l’on consi­dère la Terre comme un orga­nisme vivant, et les pol­lu­tions éco­lo­giques comme les symp­tômes d’une mala­die qui l’affecte, alors la rai­son devrait nous ame­ner à éta­blir un diag­nos­tic, afin d’en déter­mi­ner l’origine. Une fois le diag­nos­tic posé, et les pro­blèmes iden­ti­fiés, il serait alors pos­sible de sup­pri­mer les causes de la mala­die, comme l’aurait conseillé Hip­po­crate : « Si quelqu’un désire la san­té, il faut d’abord lui deman­der s’il est prêt à sup­pri­mer les causes de sa mala­die. Alors seule­ment il est pos­sible de l’éliminer ».

Cette phrase d’Hippocrate est cru­ciale pour le rai­son­ne­ment qu’elle expose. Le remède consiste à sup­pri­mer les causes de la mala­die, et non à inves­tir dans le pro­blème, ni à ten­ter de l’aménager de diverses manières. La méde­cine que nous pro­posent les auteurs de l’appel n’est rien d’autre que du char­la­ta­nisme. Sans men­tion­ner aucun renon­ce­ment à aucune pra­tique, à aucune indus­trie, ils pré­tendent que nous pou­vons « net­toyer les océans, replan­ter les forêts, pro­duire une nour­ri­ture saine pour tous, en régé­né­rant les sols et les éco­sys­tèmes ». Eh bien non. Nous ne pou­vons pas. Pas tant qu’un sem­blant de socié­té indus­trielle per­dure. Nous ne répa­re­rons rien tant qu’existe la socié­té de pro­duc­tion d’ob­jets super­flus en tous genres, élec­tro-métal­lo-plas­tiques, qui trans­forme la pla­nète en une décharge géante. Et étant don­né qu’elle en est encore en plein éta­le­ment et en pleine crois­sance, le début des répa­ra­tions n’est pas pour « demain ».

Au final, cet appel est une aubaine pour les indus­triels, qui doivent se réjouir à la vue de ces éco-célé­bri­tés ser­vant la soupe aux citoyens anxieux de l’état actuel du monde, et de son futur. Une aubaine parce qu’il n’évoque aucun renon­ce­ment, parce qu’il ne s’attaque pas au prin­cipe le plus nocif de la culture domi­nante, qui est son impé­ra­tif de crois­sance, son carac­tère expan­sion­niste, et parce qu’il prône au contraire de nou­veaux déve­lop­pe­ments. Il s’a­git d’un mani­feste en faveur du capi­ta­lisme vert.

La culpa­bi­li­sa­tion finale et la fausse solu­tion qui consiste à inci­ter les gens à « limi­ter » leur « impact sur la pla­nète et les êtres humains » est élo­quente. Auchan n’a pas à s’inquiéter du déve­lop­pe­ment de son désastre anti­éco­lo­gique qu’est Euro­pa­ci­ty. Les 90 cor­po­ra­tions res­pon­sables de la majo­ri­té des émis­sions de gaz à effet de serre sont-elles mena­cées par cet appel ? Pas le moins du monde. Les riches, dont l’impact éco­lo­gique est incom­pa­ra­ble­ment supé­rieur à celui des pauvres, n’ont pas de sou­ci à se faire. Leurs pri­vi­lèges ne sont pas mena­cés. Ils peuvent conti­nuer à gâcher l’eau du monde en jouant au golf (on en dénombre plus de 700 en France, qui consomment autant d’eau que des mil­lions d’individus) ; à se pava­ner en yacht et à se rendre en jet pri­vé à Dubaï, puis au Rwan­da pour y faire du shop­ping, comme le nou­veau gou­rou offi­ciel de l’écologie, Leo­nar­do DiCa­prio (mais tout en prô­nant la sobrié­té éco­lo­gique pour les autres, bien évi­dem­ment, et en com­pen­sant ses émis­sions de car­bone grâce à des méca­nismes finan­ciers qui per­mettent aux riches de pol­luer moyen­nant quelques frais). N’oubliez pas de bien fer­mer le robi­net lorsque vous vous lavez les dents. On compte sur vous. Si vous ne le faites pas, la pla­nète sera détruite. Ce sera de votre faute, et pas de celle de Total, de BP ou d’ExxonMobil, ou de DiCa­prio et de ses voyages en jets.

Mais si vous le faites, nous serons tous sau­vés. Ou pas.

A l’instar du film « Demain », cet appel sera sûre­ment très par­ta­gé, comme tout ce qui ali­mente la soif anxieuse et gran­dis­sante de bonnes nou­velles, de ras­su­rances, et d’espoir. Cet espoir qui sert d’anxiolytique de masse, et qui per­met de main­te­nir l’ordre, et la paix, ou plu­tôt la léthar­gie sociale, afin que les gens conti­nuent à ache­ter, à tra­vailler, à croire que nous allons col­lec­ti­ve­ment nous en sor­tir à l’aide de bouts de ficelles, à croire que les struc­tures sociales qui nous ont menées là où nous en sommes ren­dus vont éga­le­ment nous en sor­tir. À croire que les cor­po­ra­tions vont, d’une manière ou d’une autre, faire ce pour­quoi elles n’ont pas été conçues ; qu’une culture pro­fon­dé­ment toxique peut, moyen­nant quelques éco-gestes et autres éco-réformes, se chan­ger en une idylle verdoyante.

Plus nous nous rap­pro­chons de la catas­trophe, plus les choses empirent, et plus le lan­gage des ras­su­rances men­son­gères dif­fu­sées par les médias de masse est excen­trique. Ils pro­mettent désor­mais un nou­vel âge de « l’abondance », tan­dis que notre situa­tion col­lec­tive empire chaque jour qui passe. « Plus une socié­té s’é­loigne de la véri­té, plus elle haï­ra ceux qui disent la véri­té », comme l’a écrit George Orwell.

Ter­mi­nons en reve­nant sur un mal­en­ten­du impor­tant. Il n’y a pas de « guerres de cha­pelles », ain­si que le lais­sait entendre un article récem­ment publié sur Repor­terre. Il y a des par­ti­sans du capi­ta­lisme vert qui se font pas­ser pour des « éco­lo­gistes », et il y a l’écologie, celle qui consiste à défendre le monde natu­rel, les humains et les non-humains, les forêts, les rivières, les fleuves, les prai­ries, les col­lines, les mon­tagnes et les îles. Cette éco­lo­gie ne fait cer­tai­ne­ment pas par­tie de l’Église du capi­ta­lisme vert. Les nou­veaux apôtres de la reli­gion du déve­lop­pe­ment durable par­ti­cipent, en disant cela, à semer la confu­sion. Cla­ri­fions. Un véri­table mou­ve­ment de défense du vivant doit être anti­ca­pi­ta­liste et décrois­sant. Pour la simple rai­son que le capi­ta­lisme et le prin­cipe de crois­sance sont anti­éco­lo­giques. Il doit fon­da­men­ta­le­ment s’opposer à toutes les formes d’exploitations et de coer­ci­tions, et par consé­quent mili­ter en faveur des low-tech (des basses tech­no­lo­gies). Il ne doit pas les igno­rer et feindre une union tota­le­ment irréelle et contre-pro­duc­tive de toutes et de tous. La pen­sée magique et la com­plai­sance envers l’ennemi n’ont pas leur place dans un mou­ve­ment de résis­tance sérieux. Le capi­ta­lisme vert n’est pas de l’écologie.

P.S. : Pour ceux qui ne com­prennent pas bien ou doutent encore du fait que les Coli­bris font la pro­mo­tion du capi­ta­lisme vert, sou­li­gnons le cas d’I­sa­belle Delan­noy, men­tion­née dans l’ar­ticle ci-des­sus dans le cadre des deux pre­mières pho­tos d’illus­tra­tions, amie proche de Cyril Dion dont le tra­vail est au cœur des pro­po­si­tions qu’il avance. Isa­belle Delan­noy est une cham­pionne de longue date de la crois­sance verte et du déve­lop­pe­ment durable. Dans un article inti­tu­lé « Muni­ci­pales 2008 : l’in­dus­trie envi­ron­ne­men­tale [sic], un plan pour libé­rer la crois­sance », elle écri­vait, usant d’un lan­gage cor­po­ra­tiste, des choses comme « L’environnement, des taux de crois­sance à deux chiffres », assi­mi­lant l’en­vi­ron­ne­ment à la crois­sance des indus­tries liés au déve­lop­pe­ment durable. L’en­vi­ron­ne­ment, dans le même temps, le vrai, le monde natu­rel, connait inver­se­ment des taux de décrois­sance à deux chiffres (50% de ver­té­brés sau­vages tués en moins de 40 ans, par exemple). Dans une inter­view pour femi­nin­bio (du sérieux, donc), elle se charge d’ailleurs d’at­ta­quer la décrois­sance (en répon­dant à la ques­tion « Pour­quoi la décrois­sance n’est-elle pas la solu­tion ? »), et de rap­pe­ler que « le pro­blème n’est pas la crois­sance ». Signa­lons éga­le­ment qu’elle pré­sente l’é­co­no­mie sym­bio­tique dont Cyril Dion compte aus­si faire la pro­mo­tion (ils écrivent un livre ensemble sur le sujet) comme une « éco­no­mie de la crois­sance ». Son « audi­tion » du 13 juin 2013, une pré­sen­ta­tion de l’économie sym­bio­tique devant la com­mis­sion Inno­va­tion 2030 mise en place par l’E­ly­sée, est révé­la­trice. Cyril Dion lui-même, dans une inter­view pour Repor­terre, expli­quait que « ça n’a pas de sens de par­ler de décrois­sance », entre autres parce que « c’est un mot repous­soir pour les gens ». Et qu’il faut plaire aux gens, faute de quoi votre mes­sage n’est pas relayé par les médias de masse et pas subventionné.

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11 comments
  1. Je par­tage avec vous, cher DGR, l’a­vis que les « repré­sen­tants » média­ti­sés de Coli­bris, dans cet appel et peut-être dans leur com­mu­ni­ca­tion en géné­ral, n’ex­priment pas assez clai­re­ment que la civi­li­sa­tion indus­trielle n’est pas sou­te­nable, fai­sant ain­si, volon­tai­re­ment ou non (je ne suis pas en mesure d’en juger), la pro­mo­tion du « capi­ta­lisme vert » et je regrette le choix de cer­tains de ces repré­sen­tants et de cette forme de com­mu­ni­ca­tion (uti­li­ser des gens connus) qui met l’ac­cent sur la volon­té d’être enten­du et qui ne cor­res­pond pas à la réa­li­té du fonc­tion­ne­ment de Coli­bris, telle que je la vis.
    Je déplore que vous vous conten­tiez d’o­pé­rer la dis­tinc­tion uni­que­ment en début d’ar­ticle entre ces repré­sen­tants et les Coli­bris eux-mêmes car bien évi­dem­ment le lec­teur qui lira ensuite tout au long de l’ar­ticle que les Coli­bris ceci, les Coli­bris cela ne fera plus cette dis­tinc­tion. C’est humain.
    Je retrouve dans cet article ce qui ne me convient pas dans votre façon d’a­bor­der les choses : une radi­ca­li­té qui découle de, et qui mène à, la dua­li­té, la bina­ri­té. En cela vous per­pé­tuez un mode de fonc­tion­ne­ment qui ali­mente jus­te­ment à ce que vous dénon­cez. Quand vous met­tez l’ac­cent uni­que­ment sur ce qui n’est pas satis­fai­sant, vous divi­sez, comme le fait jus­te­ment remar­quer Maud Sam­pie­ri (sur fb). Un exemple : concer­nant Kai­zen vous vous foca­li­sez sur l’ex­pres­sion « 100 % posi­tif » alors que l’es­sen­tiel est dans le sous-titre « construire un autre monde… pas à pas ».
    Les Coli­bris sont des êtres humains, en che­min. Ils par­tagent la croyance que le chan­ge­ment de la socié­té ne peut venir que de la trans­for­ma­tion inté­rieure, car la socié­té c’est cha­cun d’entre nous. Et cela prend du temps et demande de la bien­veillance, envers soi-même et envers les autres, car nous sommes tous reliés.
    « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine. » Gandhi

    1. Soyons brefs. Nous vivons une guerre. Lit­té­ra­le­ment. Dans une guerre il n’y a pas 38 camps. Dans la vie, cer­taines choses sont de carac­tère binaire, comme une guerre. Déni­grer une cri­tique parce qu’elle serait binaire ne suf­fit pas. Les Coli­bris (la tête), et leurs pré­co­ni­sa­tions prin­ci­pales, leur mes­sage média­ti­sé, selon notre ana­lyse, pèsent du mau­vais côté de la balance. La fin n’est pas dans les moyens, c’est encore un sim­plisme (et nous ne sommes pas par­ti­cu­liè­re­ment fans de Gand­hi), pour com­prendre ce que j’en­tends par là, je vous invite à lire cet article : https://partage-le.com/2015/12/le-pacifisme-comme-pathologie-par-derrick-jensen/

      1. Mer­ci pour votre brève réponse. J’a­vais déjà lu l’ar­ticle que vous men­tion­nez et j’y avais lais­sé un com­men­taire, qui n’est mani­fes­te­ment pas par­ve­nu jus­qu’à vous, dans lequel j’ex­prime pour­quoi cer­tains pro­pos qui y figurent me posent ques­tion et motivent mon com­men­taire ain­si que ma diver­gence avec votre posi­tion radi­cale : je ne suis pas du tout d’ac­cord avec la « Sei­zième pré­misse : Le monde maté­riel est pri­mor­dial. ». Je vais re — « pos­ter » mon com­men­taire sur la page en question.

      2. Après réflexion, j’ai besoin de rajou­ter quelques remarques.
        L’être humain et l’u­ni­vers sont com­plexes, la vie est com­plexe et réduire ce que nous vivons à une guerre contre le capi­ta­lisme est un choix qui construit votre réa­li­té, pas la mienne.
        Il n’y a pas de tête à Coli­bris, l’as­so­cia­tion fonc­tionne selon les prin­cipes de la socio­cra­tie et Isa­belle Delan­noy, à ma connais­sance, ne fait pas par­tie de l’é­quipe Colibris.
        Quand vous lisez dans l’ap­pel : « pro­duire de l’énergie renou­ve­lable en abon­dance sans détruire les éco­sys­tèmes, réduire dras­ti­que­ment notre consom­ma­tion, trou­ver les moyens de fabri­quer les objets de demain avec les déchets d’aujourd’hui, inven­ter les moyens les plus simples et les plus sains de vivre sur cette petite pla­nète sans en épui­ser les res­sources ou en per­tur­ber les équi­libres… Le che­min ne sera ni court ni facile. Nous aurons besoin de rem­por­ter des luttes démo­cra­tiques,… », vous consi­dé­rez que c’est sou­te­nir la capi­ta­lisme vert ?
        De même dans l’é­thique du Coli­bri, les valeurs énon­cées sont sans équi­voque même si les mots anti­ca­pi­ta­liste et décrois­sant n’y figurent pas (https://www.colibris-lemouvement.org/mouvement/nos-valeurs/lethique-colibri). Quand on lit ce docu­ment, on com­prend éga­le­ment que Coli­bris ne sou­tient pas le capi­ta­lisme vert.
        Voi­là pour­quoi je me per­mets de cri­ti­quer votre ana­lyse sans nuances et fai­sant des rac­cour­cis qui conduisent à déni­grer le tout et je trouve ça dom­mage parce que nous sommes, de mon point de vue, dans le même camp.

  2. Atten­tion quand vous par­lez de la trans­for­ma­tion de la société.
    La socié­té, aujourd’­hui, c’est le monde. Le monde veut du pro­grès, le monde ne veut pas se tenir les mains dans un stade en pen­sant que si on se trans­forme inté­rieu­re­ment, ça peut encore passer.
    Il n’y a que les riches qui veulent vivre comme des pauvres. Les pauvres, ils veulent vivre comme nous, les riches. Les pauvres, ils sont bien plus nom­breux que nous.
    Pen­dant que les riches ne font rien, ou font sem­blant de peindre en vert le monde pour qu’il ait l’air moins dépri­mant, RIEN ne se fait du côté des cou­pables. Et ceux qui savent et qui ne disent rien, ou qui ne dénoncent per­sonne, ils sont com­plices. Je peux com­prendre la timi­di­té, et la crainte de repré­sailles. Mais alors quand on ne fait rien par parce qu’on a peur, c’est qu’on sait que c’est binaire. Si on agit, il va y avoir une consé­quence. Si on dénonce, il va y avoir une consé­quence. Quand les Coli­bris ose­ront dénon­cer des choses, vous ver­rez qu’ils per­dront tout leur réseau de médias, et seront frus­trés, et ils com­pren­dront que soit on est pris pour des cons parce qu’on est gen­til, soit on doit se satis­faire des moyens qu’on a. Essayer d’in­ven­ter une 3eme voie, qui serait celle du chan­ge­ment du monde sans que per­sonne ne s’en rende compte, c’est d’une naï­ve­té affli­geante. Les bour­geois se pro­té­ge­ront, et comme pour toutes les guerres dans les­quels ils ont défen­du leurs pri­vi­lèges, ils use­ront de la force, du men­songe, de la mani­pu­la­tion, des médias qui leurs appar­tiennent, etc… Et ceux qui sont encore dans le déni dénon­ce­ront ceux qui se battent pour eux. Un bour­geois ne se demande pas si ça va mal ou pas, il regarde son compte en banque et il sait si ça va mieux pour lui depuis hier ou non. Simple sous­trac­tion. Le reste, pour eux, ce sont des outils pour cana­li­ser les peurs et la colère de ceux qu’ils exploitent. Quand les Coli­bris pro­posent de cana­li­ser tout ça sans qu’on le leur ait deman­dé, c’est joli, mais c’est un ser­vice qu’ils rendent à ceux qui sont le pro­blème, et ça devient le sou­cis de ceux qui veulent s’oc­cu­per du problème.

  3. Certes mais nous sommes dans une phase ou il faut agir vite du fait du chan­ge­ment climatique.
    Le temps qu’un sys­tème capi­ta­liste mon­dial change, n’est-il pas plus judi­cieux d’en uti­li­ser les rouages et la cupi­di­té de cer­tains pour essayer de dimi­nuer le réchauf­fe­ment climatique ?
    L’ur­gence est-elle dans le chan­ge­ment d’un sys­tème poli­tique mon­dial qui peut prendre des siècles et reste aléa­toire… On n’établit pas une dic­ta­ture pour sau­ver une révo­lu­tion, on fait une révo­lu­tion pour éta­blir une dic­ta­ture. Orwell… alors même que l’ur­gence abso­lu­ment prio­ri­taire est de dimi­nuer les émis­sions mon­diales de CO2 avant 15 ans quitte à ce que ceux qui ont le pou­voir de le faire s’enrichissent ?

  4. Clai­re­ment non. La capi­ta­lisme s’en fout com­plè­te­ment de ce a quoi il sert, tant qu’il peut se ren­for­cer. Le capi­ta­lisme est amo­ral. Il ne sert à rien, si ce n’est accu­mu­ler de la richesse. Pour­quoi ? Ceux qui en ont plus qu’ils n’en ont besoin ne sau­rait même pas vous le dire.
    On ne piège pas le capi­ta­lisme en l’u­ti­li­sant. Il n’en res­sor­ti­ra que plus fort.
    Dans le capi­ta­lisme, la richesse est créée par l’ex­ploi­ta­tion. Soit d’une res­source, soit d’autrui.
    Plus on est riche, et plus on a par­ti­ci­pé direc­te­ment ou indi­rec­te­ment à cette exploi­ta­tion. Pour exploi­ter, il faut de l’éner­gie (pour faire des machines, des armées, de la science…etc). Celui qui exploite le plus dépense donc plus d’éner­gie que les autres.
    Ain­si on ne peut pas engrais­ser le capi­ta­lisme sans aug­men­ter son uti­li­sa­tion d’éner­gie pour s’en­ri­chir. Et donc au final, en pen­sant la com­battre, vous la ren­for­cez, et elle a pol­lué d’au­tant plus pour ca.
    On peut tour­ner autour du pot long­temps, il n’y a pas d’autre solu­tion que la décrois­sance, et l’ac­cep­ta­tion que celle-ci va se faire dans la dou­leur, et qu’une grande par­tie de l’hu­ma­ni­té va dis­pa­raitre dans le pro­ces­sus. On est comme des coyotes coin­cés parce qu’on avait plein de lapins à man­ger. Ya moins de lapin, on va décroitre. Sauf que nos lapins, c’est le pétrole, et qu’il n’y en de moins en moins, et sans éner­gie, on ne peut plus faire per­du­rer notre socié­té. Donc elle s’é­crou­le­ra. Les éner­gies renou­ve­lables étant dépen­dantes du pétrole, seule la pre­mière géné­ra­tion dure­ra, avant de dis­pa­raitre. Mettre notre argent dans des solu­tions qui durent 30 ans… c’est dommage.
    Je ne pense pas qu’on puisse chan­ger de model éco­no­mique avant que ça s’é­croule, cela dit.
    Je crois qu’il faut sim­ple­ment obser­ver le spec­tacle, pleu­rer les pertes, et ten­ter de sur­vivre, si vous trou­vez une rai­son pour cela.

    Ce qu’il faut aus­si savoir, c’est que si l’homme sur­vit, il est aus­si confron­té à l’ex­tinc­tion de masse qu’il a démar­ré, et qui pour­rait ter­mi­ner le tra­vail, si ce n’est le réchauf­fe­ment lui même. Et si on éta­blit une nou­velle socié­té, n’ou­bliez pas que tout ce qui peut être extrait sans machine sera désor­mais inexistant… 

    C’est noir, comme tableau, mais c’est le tableau. Même peint en vert, vous savez qu’il est noir.

  5. Coli­bris ? ? .… le der­nier compte  » com­plet « trou­vé … page 9 et 10 … charges , salaires https://www.journal-officiel.gouv.fr/publications/assoccpt/pdf/2014/3112/494678857_31122014.pdf Mathieu Labonne « direc­teur  » coli­bris .… s’oc­cupe ferme du ples­sis / amma … page 9 .. 1M € sur dix comptes dif­fé­rents … cher­cher ce qu’est  » inten­seo  » vous serez sur­pris ! 🙂 https://www.journal-officiel.gouv.fr/publications/assoccpt/pdf/2014/3112/449752591_31122014.pdf Et les éco­ha­meaux oasis , des doutes … sci , tra­vaux par bene­voles … capi­ta­lisme vert ? ?

    1. Je suis en train de ten­ter d’é­crire un essai sur la pul­sion orale à l’oeuvre actuel­le­ment. Effec­ti­ve­ment, les puis­sants qui gou­vernent ce monde sont des psy­cho­pathes inca­pables de maî­tri­ser, de mettre un frein à leurs pul­sions. Nous assis­tons en fait à une sorte de retour du can­ni­ba­lisme, et ce, de façon sym­bo­lique. C’est cette dimen­sion qui est lar­ge­ment absente des dis­cours. Voi­ci pour­quoi il convien­drait de ne plus jamais consi­dé­rer les choses d’un point de vue mani­chéen, mais en fonc­tion d’un point de vue psychopathologique.
      La psy­cha­na­lyse appli­quée au champ sociale pour­rait appor­ter des réponses adé­quates. Mais les psy­cha­na­lystes dans leur majo­ri­té ne sont inté­res­sés que par les psy­cho­pa­tho­lo­gies indi­vi­duelles et n’ar­rivent pas à « pen­ser » la société…

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