« Qualifier la société de thermo-industrielle permet aussi de négliger tout ce qui d’ores et déjà s’y produit en matière de coercitions et d’embrigadement, sans contribuer, ou si peu, à l’épuisement des ressources énergétiques. On passe d’autant plus volontiers là-dessus qu’on y trempe soi-même, à l’Éducation nationale ou ailleurs. Attribuer tous nos maux au caractère « thermo-industriel » de cette société est donc assez confortable, en même temps qu’assez simpliste pour combler les appétits critiques des niais et des crétins arrivistes, déchets ultimes de l’écologisme […]. »
— René Riesel et Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances (2008).
France Culture, Le Monde, Le Point, Les Echos, Libération, Mediapart, LCI, L’Obs, sont quelques-uns des médias grand public qui ont choisi de faire la promotion du courant relativement récent de la « collapsologie ».
La « collapsologie » — néologisme issu du latin lapsus qui signifie « chute », inventé (« avec une certaine autodérision ») par les chercheurs Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur livre Comment tout peut s’effondrer, petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Seuil) — désigne, toujours selon eux : « l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus. »
Derrière cette définition un peu nébuleuse, la collapsologie se caractérise — dans les publications qui lui sont associées, comme le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, les conférences qu’ils tiennent ou que d’autres personnes proposent sur ce sujet, etc. — par des perspectives et des analyses parfois contradictoires, ou bien trop limitées.
Dans l’ensemble, elle correspond à une réflexion qui admet l’inéluctabilité de l’effondrement de la civilisation « thermo-industrielle », qui le considère comme un drame, comme une « catastrophe » (Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur livre précité), et qui implique de « faire le deuil de notre civilisation industrielle » (ibid). La réalisation de ce que la civilisation industrielle n’est pas viable, de ce qu’elle est vouée à s’auto-détruire, constitue, à leurs yeux, « un énorme choc qui dézingue les rêves » (ibid), une « mauvaise nouvelle » (ibid). Ils citent même, à ce propos, cette phrase de Jean-Pierre Dupuy : « C’est parce que la catastrophe constitue un destin détestable dont nous devons dire que nous n’en voulons pas qu’il faut garder les yeux fixés sur elle, sans jamais la perdre de vue. »
***
Mais avant de continuer à examiner cet aspect de la collapsologie, un rappel : au-delà du fameux Rapport Meadows de 1972 sur « les limites à la croissance », de nombreux courants, collectifs et individuels ont réalisé et dénoncé l’insoutenabilité de la civilisation industrielle il y a bien longtemps, et bien souvent sans avoir eu besoin, pour cela, d’une avalanche de « chiffres », de « données » et « d’études scientifiques ». Le seul bon sens leur aura suffi.
Citons, pour exemple, Aldous Huxley dans un essai de 1928 intitulé « Progress : How the Achievements of Civilization Will Eventually Bankrupt the Entire World » (en français : « Le progrès : comment les accomplissements de la civilisation vont ruiner le monde entier ») publié dans un vieux numéro du magazine Vanity Fair, pour lequel il écrivait à l’époque :
« La colossale expansion matérielle de ces dernières années a pour destin, selon toute probabilité, d’être un phénomène temporaire et transitoire. Nous sommes riches parce que nous vivons sur notre capital. Le charbon, le pétrole, les phosphates que nous utilisons de façon si intensive ne seront jamais remplacés. Lorsque les réserves seront épuisées, les hommes devront faire sans… Cela sera ressenti comme une catastrophe sans pareille. »
En France des anarchistes naturiens de la fin du 19ème siècle à de nombreux écologistes du 20ème siècle (on peut penser à tous ceux du journal La Gueule Ouverte), en passant par les situationnistes, les auteurs de l’Encyclopédie des Nuisances, et bien d’autres (Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, Ivan Illich, etc.), beaucoup nous ont averti et nous avertissent depuis longtemps de l’insoutenabilité de la civilisation industrielle.
Ainsi Pierre Fournier écrivait dans le journal Hara-Kiri Hebdo du 28 avril 1969 :
« Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie supérieures. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. »
Tandis qu’aux États-Unis, l’historien et sociologue états-unien Lewis Mumford écrivait, dans un article publié en 1972 :
« Malgré toutes ses inventions variées, les dimensions nécessaires à une économie de vie font défaut à notre économie technocratique actuelle, et c’est l’une des raisons pour lesquelles apparaissent des signes alarmants de son effondrement. »
Il ajoutait également qu’il « devrait être évident que cette société d’abondance est condamnée à périr étouffée sous ses déchets […] ».
Toute l’œuvre littéraire de l’écologiste états-unien Derrick Jensen (et des écologistes des courants anti-industriel et anti-civ en France, aux USA et ailleurs), depuis son premier livre publié en 1995, se base sur la compréhension de ce que la civilisation industrielle est fondamentalement destructrice et qu’elle est ultimement vouée à s’auto-détruire.
Tout cela pour dire que cette réalisation n’est pas nouvelle, que de nombreux individus se sont efforcés de l’exposer et s’efforcent de l’exposer depuis déjà longtemps. Seulement, la manière dont ils le faisaient et dont ils le font n’est pas médiatiquement recevable (politiquement correcte), contrairement à la manière dont les collapsologues discutent de ce sujet, comme nous allons le voir.
***
Reprenons l’examen de la collapsologie. Une des raisons pour lesquelles les médias grand public s’autorisent à la promouvoir, c’est qu’elle considère l’effondrement de la civilisation industrielle comme une « catastrophe », un drame, une terrible nouvelle. Du point de vue de la culture dominante, qui détruit les biomes et les espèces du monde entier pour satisfaire sa frénésie de croissance et de progrès, cette perspective est logique. Mais pour tous ceux qui se sont défaits de l’aliénation qu’elle impose, pour les peuples autochtones du monde entier, menacés de destruction (et non pas d’extinction) à l’instar de toutes les espèces vivantes, pour les rivières, les saumons, les ours, les lynx, les loups, les bisons, pour les forêts, pour les coraux, et ainsi de suite, la catastrophe est la civilisation industrielle, et son effondrement, lui, constitue la fin d’un désastre destructeur qui accable la planète depuis bien trop longtemps.
Considérer l’effondrement de la civilisation industrielle comme la catastrophe, c’est perpétuer le paradigme destructeur qui le précipite. Si la culture dominante, la civilisation industrielle, se dirige vers son effondrement, si elle détruit les écosystèmes du monde entier, c’est entre autres parce qu’elle ne considère pas le monde naturel et ses équilibres et ses dynamiques comme primordial. Au contraire, ce qu’elle considère comme primordial, c’est elle-même, son propre fonctionnement, sa croissance, son développement, ses industries, etc.
C’est précisément parce que la civilisation industrielle est profondément et fondamentalement narcissique, qu’elle ne se soucie que d’elle-même, qu’elle est amenée à détruire tous les autres (les autres espèces et les autres cultures), tout ce qui n’est pas elle.
Ainsi, considérer l’effondrement de la civilisation industrielle comme la catastrophe, c’est perpétuer le paradigme destructeur qui le précipite, c’est perpétuer le narcissisme qui est au cœur de ses pulsions destructrices.
L’effondrement de la civilisation industrielle est une solution, pas un problème. La santé de la biosphère est ce qu’il y a de plus important. Au-delà de l’aspect empathique élémentaire qui devrait nous pousser à nous soucier des autres, il s’agit également d’une réalité écologique élémentaire. Nous ne pouvons pas vivre sans une biosphère saine.
Je n’insinue pas par là que le sort des milliards d’humains piégés dans la civilisation industrielle m’indiffère profondément, non, seulement que considérer les choses d’abord et avant tout de leur point de vue me semble à la fois indécent et peu judicieux.
Pourtant, à côté de cette tendance majeure qui consiste à percevoir l’effondrement comme une catastrophe, dans leur livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens nous rappellent que :
« Dans un texte publié en décembre 2013, le cocréateur du concept de permaculture, David Holmgren, plus pessimiste que jamais, s’inquiétait des récentes découvertes sur les conséquences du réchauffement climatique. Selon lui, la seule issue pour éviter de trop graves dommages sur la biosphère serait désormais de provoquer un effondrement rapide et radical du système économique global.
La proposition a généré une grande controverse chez les collapsologues du monde entier, qui est loin d’être terminée… »
David Holmgren semble avoir les pieds sur Terre.
***
Le principal problème de la collapsologie relève donc du narcissisme qu’elle perpétue (l’effondrement comme la catastrophe plutôt que la civilisation industrielle comme la catastrophe).
Ce narcissisme s’observe également dans les questions souvent posées par les collapsologues vis-à-vis de l’effondrement :
« Comment fait-on pour “vivre avec” ? » (Pablo Servigne et Raphaël Stevens)
« Comment vivre avec toutes ces nouvelles tristes sans sombrer ou rester dans la dépression ? » (Clément Montfort dans un billet publié sur Reporterre[1])
« Qu’est ce qui nous attend concrètement ? Comment s’y préparer ? » (ibid)
Beaucoup de leurs questions tournent autour d’un « nous » ou d’un « on » qui désignent quelques habitants des pays riches qui redoutent la fin de leur mode de vie destructeur, basé sur l’exploitation systématique de tout une myriade d’autres, d’autres êtres humains et d’autres espèces.
Une autre citation tirée du livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens qui rend particulièrement flagrant le narcissisme de la collapsologie :
« Au fond, la vraie question que pose l’effondrement de la civilisation industrielle, au-delà de sa datation précise, de sa durée ou de sa vitesse, c’est surtout de savoir si nous, en tant qu’individus, allons souffrir ou mourir de manière anticipée. Projetée à l’échelle des sociétés, c’est la question de la pérennité de notre descendance, et même de notre “culture”. » (L’emphase est mienne).
Là encore, plutôt que de se soucier du sort de ces autres, actuellement exploités, torturés ou tués par le fonctionnement normal de la civilisation industrielle, c’est du futur du leur que ces privilégiés du monde se soucient avant tout.
Rien d’étonnant. La plupart de ceux qui promeuvent la collapsologie (et dans une autre mesure, de ceux qui s’y intéressent) ne sont pas issus des milieux militants, des luttes contre les injustices sociales, ils ne sont pas de ceux que le fonctionnement normal, quotidien – diaboliquement et fondamentalement inique – de la civilisation industrielle révulse.
D’où la citation introductive de René Riesel et Jaime Semprun.
Et pourtant, dans leur livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens expliquent que les inégalités sont un des facteurs dont découle la destructivité de la civilisation industrielle. Malheureusement, dans l’ensemble, et notamment dans les médias grand public, ne reste de leur réflexion qu’une « critique écologique expurgée de toute considération liée à la critique sociale » (Jaime Semprun et René Riesel).
L’objet de ce billet n’étant pas d’examiner toutes les exploitations, toutes les coercitions, toutes les aliénations, toutes les acculturations, tous les embrigadements, tous les conditionnements, qui constituent la civilisation industrielle (et la civilisation tout court), et dont elle dépend, fondamentalement, je me contenterai de rappeler que les quelques objets que monsieur tout le monde utilise au quotidien le lient à l’exploitation d’une multitude d’individus et d’endroits du monde (endroits constitués d’autres individus non-humains, végétaux, animaux, etc.), dont il ignore à peu près tout, et que de cette ignorance des conséquences réelles de son mode de vie découlent les horreurs les plus diverses et les plus insoupçonnées[2]. Il nous suffirait d’examiner la fabrication d’un téléphone portable, d’une télévision, d’un t‑shirt Nike, ou d’une simple brosse à dent, ou encore d’un ballon de foot, d’une voiture, ou de n’importe quel objet produit en masse, de n’importe quelle infrastructure industrielle, pour trouver d’innombrables destructions environnementales et asservissements sociaux.
***
La collapsologie, en s’appuyant uniquement « sur des travaux scientifiques reconnus » (considérés comme tels par l’autorité dominante de la Science institutionnelle moderne), et d’ailleurs en le vantant, sert également à renforcer le règne de l’expertise officielle, du « fétichisme de la connaissance quantitative » (Jaime Semprun et René Riesel).
Ce règne de la Science institutionnelle et de la connaissance quantitative a été (et est) une des raisons pour lesquelles ceux qui dénonçaient (et dénoncent) l’insoutenabilité et la destructivité de la civilisation industrielle simplement sur la base du bon sens et de l’observation sont souvent moqués, ignorés ou dénigrés.
Ainsi que Jaime Semprun et René Riesel l’écrivent dans Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable :
« Le fétichisme de la connaissance quantitative nous a rendus si sots et si bornés qu’on passera pour un dilettante si l’on affirme qu’il suffisait d’un peu de sens esthétique – mais pas celui qui s’acquiert dans les écoles d’art – pour juger sur pièces. »
Ils ajoutent, à propos de la soumission à l’autorité Expertise-chiffrée-et-approuvée-par-les-institutions-scientifiques :
« Telle est en effet la rigueur de l’incarcération industrielle, l’ampleur du délabrement unifié des mentalités à quoi elle est parvenue, que ceux qui ont encore le ressort de ne pas vouloir se sentir entièrement emportés par le courant et disent songer à y résister échappent rarement, quelque condamnation qu’ils profèrent contre le progrès ou la technoscience, au besoin de justifier leurs dénonciations, ou même leur espoir d’une catastrophe salvatrice, à l’aide des données fournies par l’expertise bureaucratique et des représentations déterministes qu’elles permettent d’étayer. »
Car « accepter de “penser” avec les catégories et dans les termes qu’a imposés la vie administrée » (Jaime Semprun et René Riesel, encore), c’est effectivement se soumettre aux limites, aux contraintes et aux risques que cela implique. Dont le risque de donner l’impression que puisque les choses sont mesurées et mesurables, alors elles sont d’une certaine manière maîtrisées et maîtrisables.
À ce propos, un autre extrait de l’excellent Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable de Riesel et Semprun :
« Le culte de l’objectivité scientifique impersonnelle, de la connaissance sans sujet, est la religion de la bureaucratie. Et parmi ses pratiques de dévotion favorites figure bien évidemment la statistique, par excellence science de l’État, effectivement devenue telle dans la Prusse militariste et absolutiste du XVIIIe siècle, qui fut aussi la première, comme l’a remarqué Mumford, à appliquer à grande échelle à l’éducation l’uniformité et l’impersonnalité du système moderne d’école publique. De même qu’à Los Alamos le laboratoire était devenu caserne, ce qu’annonce le monde-laboratoire, tel que se le représentent les experts, c’est un écologisme de caserne. Le fétichisme des mesures, le respect enfantin de tout ce qui se présente sous la forme d’un calcul, tout cela n’a rien à voir avec la crainte de l’erreur mais plutôt avec celle de la vérité, telle que pourrait se risquer à la formuler le non-expert, sans avoir besoin de chiffres. C’est pourquoi il faut l’éduquer, l’informer, pour qu’il se soumette par avance à l’autorité scientifique-écologique qui édictera les nouvelles normes, nécessaires au bon fonctionnement de la machine sociale. Dans la voix de ceux qui répètent avec zèle les statistiques diffusées par la propagande catastrophiste, ce n’est pas la révolte qu’on entend, mais la soumission anticipée aux états d’exception, l’acceptation des disciplines à venir, l’adhésion à la puissance bureaucratique qui prétend, par la contrainte, assurer la survie collective. »
***
Enfin, un autre problème de la collapsologie, en partie lié à tout ce qui précède, concerne la naïveté de son discours.
Mais pour le comprendre, récapitulons. En quoi tout cela pose-t-il problème ?
Eh bien, si la collapsologie passe à la télévision et est promue dans les journaux, c’est parce qu’elle ne dérange pas plus que ça l’idéologie dominante : comme elle, elle considère que l’effondrement de la société industrielle est une catastrophe. En outre, la diffusion d’un tel message dans les médias ne fait que renforcer le climat d’insécurité et de peur qui garantit une population toujours plus docile et apathique. Du pain béni pour l’hyperclasse mondiale qui ne cesse de s’enrichir sur notre dos à tous (à ce sujet, le dernier rapport d’Oxfam[3] est effarant, comme ceux d’avant).
En effet, pour prendre un exemple, l’intervention de Pablo Servigne sur LCI s’est résumée à la prédiction d’un effondrement de la civilisation industrielle par manque de ressources (principalement). Aucune suggestion de ce que la civilisation industrielle constitue une catastrophe mortifère qui détruit, exploite, torture et asservit au quotidien humains et non-humains.
Tout ce que cela a dû instiller dans l’esprit du téléspectateur de LCI, c’est qu’il va falloir que les gouvernements et les experts se retroussent les manches pour trouver des moyens de faire continuer cette magnifique aventure de Progrès et de Bonheur™ qu’est la civilisation industrielle.
Je crois savoir que Pablo Servigne a des penchants anarchistes.
Paradoxalement, en l’état des choses, le discours extrêmement modéré et anthropocentré (narcissique) de la collapsologie risque d’appuyer à la fois le narcissisme des habitants des pays riches qui vont principalement s’inquiéter de leur propre sort, de leur propre survie, ainsi que la soumission aux mesures gouvernementales et étatiques dont le discours dominant affirme et affirmera de plus en plus qu’elles permettent et permettront si ce n’est d’éviter l’effondrement, au moins de le repousser.
Les initiatives comme celle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes n’émanent pas, ou du moins pas uniquement et pas principalement, d’une inquiétude narcissique, elles émanent d’un désir de faire cesser le désastre industrialiste, de défendre le monde naturel et tous ces autres que la civilisation ignore et méprise. Elles s’inscrivent dans une logique conflictuelle, d’opposition à l’État (et à la civilisation industrielle en général).
Actuellement (et dans les années à venir), le développement des technologies dites « renouvelables » (solaire, éolien, barrages, biomasse, etc.) et des hautes-technologies en général engendre (et va engendrer) une intensification[4], un accroissement, des pratiques extractivistes et de l’exploitation des « ressources naturelles » en général (au nom donc, de la « croissance verte[5] » et/ou du « développement durable »), qui correspondent à une aggravation significative de l’impact environnemental de la civilisation industrielle. Entre autres, parce que le solaire et l’éolien industriels requièrent des métaux et minerais rares que l’on trouve en quantité limitée et en certains endroits du globe uniquement. L’extraction, le traitement et l’exploitation de ces matières premières génèrent d’ores et déjà une catastrophe écologique[6].
Les États du monde et leurs dirigeants (PDG et politiciens) connaissent ces problèmes écologiques et s’en moquent éperdument – c’était attendu. Les dirigeants étatiques savent que cela risque de créer de nouveaux conflits internationaux. Ils se disent prêts à affronter cette éventualité, ainsi qu’on peut le voir dans un rapport d’office parlementaire publié sur le site du sénat[7] et intitulé « Les enjeux stratégiques des terres rares et des matières premières stratégiques et critiques ».
De manière globale, la militarisation du monde va croissante, également à cause des prévisions concernant les migrations humaines massives que les changements climatiques vont engendrer, et des pénuries ou épuisements à venir ou de différentes ressources stratégiques (dont la terre elle-même, dont l’eau, etc.).
Les injustices massives vont perdurer et s’accentuer.
Plus que jamais, si nous voulons défendre le monde naturel contre les assauts qu’il subit et qu’il subira au cours des décennies à venir, nous avons besoin d’une résistance organisée, qui assume une conflictualité délibérée vis-à-vis de l’État, ainsi que Notre-Dame-des-Landes nous l’a montré.
Les initiatives d’individus du monde riche cherchant à augmenter la résilience de leurs communautés (façon villes en Transition) à l’aide de panneaux solaires et d’éoliennes industriels ne feront qu’appuyer l’extractivisme des États et des corporations et l’exploitation d’esclaves modernes à travers le globe et surtout dans les pays pauvres.
Nous ne savons pas quand un effondrement se produira. Mais nous savons qu’actuellement les choses vont mal et qu’elles vont empirer, pendant un certain temps.
Pour celui qui se bat contre l’agrégat d’exploitations et d’injustices qui compose la civilisation industrielle, la perspective de son effondrement n’est qu’un espoir distant. De même que pour celui qui se bat contre l’accumulation des destructions écologiques qui la compose. Pour eux, l’effondrement constitue un évènement attendu avec impatience.
Plus haut, j’ai dit comment les collapsologues ont tendance à considérer l’effondrement à venir comme une catastrophe. C’est majoritairement et le plus souvent le cas. Mais pas toujours. Dans leur livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens, en plus de la timide référence à la position de David Holmgren, suggèrent de temps à autre que l’effondrement de la société industrielle sera une sorte de délivrance.
Cette ambivalence, cette incapacité à savoir ce qui constitue une catastrophe, de la civilisation industrielle ou de son effondrement, se double d’une incapacité à tenir un discours clair et cohérent sur ce qui est à entreprendre.
La web-série NEXT produite par Clément Montfort sur le thème de la collapsologie s’inquiète, à l’instar de la plupart des collapsologues, à la fois des désastres écologiques que la civilisation industrielle génère (les « anéantissements biologiques des écosystèmes ») ET de l’effondrement de cette civilisation (« les risques d’effondrement de notre civilisation »). L’épisode où Yves Cochet est interviewé, par exemple, ne fait que discuter de la perspective d’effondrement pour les humains qui vivent au sein de la civilisation industrielle, il y parle d’« évènements dramatiques », d’un « certain type d’effondrement quand même assez atroce », du fait que « quelque chose d’aussi atroce que l’effondrement puisse arriver », d’une « réalité catastrophique qui nous attend », et de choses du genre. Après quoi on a le privilège de découvrir comment M. Cochet fait pour vivre avec cette idée d’effondrement (« Comment vous faites, vous personnellement au quotidien pour vivre avec cette idée d’effondrement ? »).
Cette confusion quant à ce qui compte vraiment, cette consternante propension à considérer qu’il est en quelque sorte aussi problématique et aussi triste de voir le monde naturel partir en lambeaux que de concevoir l’effondrement de la monoculture mondialisée qui le détruit, est typique de la confusion culturelle et idéologique sur laquelle la civilisation industrielle s’est bâtie et qu’elle entretient toujours.
Pire, en réalité, cette série penche largement du côté du narcissisme des civilisés et se concentre principalement sur la catastrophe que l’effondrement va représenter pour les habitants des pays riches et pour les membres de la civilisation industrielle plus globalement.
D’ailleurs, dans l’épisode 4, intitulé « Bercy invite les collapsologues », nous suivons Pablo Servigne et Raphaël Stevens qui se rendent au Ministère de l’Économie et des Finances, en octobre 2016, pour participer à une réunion du Conseil Général de l’Économie organisée par une certaine Dominique Dron, qui y travaille et qui a apparemment beaucoup apprécié leur livre. Et l’on apprend que « lors de cette réunion, une vingtaine d’experts de l’État assiste à leur présentation » et que « le ‘Conseil Général’ du Ministère de l’Économie rédige des avis et expertises à destination des ministres demandeurs ». Si Dominique Dron a apprécié leur livre, c’est parce que son contenu « était très intéressant pour notre activité portant sur les risques », pour « le travail de la section ‘sécurité-risque’ » qui s’occupe de « cyber-résilience » (qui vise à garantir des « systèmes numériques résilients »), mais aussi des « risques d’approvisionnement sur l’énergie », et d’autres choses dans « le domaine de l’énergie, le domaine de l’industrie, le domaine Télécom numérique, le domaine services financiers ». Nous avons là à la fois une collaboration avec les services de l’État, qui confirme l’absence d’esprit critique de ces collapsologues, leur sympathie pour l’État (ce qui infirme probablement ma remarque concernant les penchants anarchistes de Pablo Servigne), et une illustration de ce que la collapsologie peut servir au renforcement de l’État face aux multiples risques qu’il encourt et qu’il encourra davantage à l’avenir.
Et pourtant dans l’épisode 5, Yves Cochet parle des zadistes et de ceux qui luttent contre divers projets étatico-corporatistes comme de « précurseurs ». Aider l’État ou lutter contre ? On ne sait pas trop. Les deux apparemment.
L’article du journal Le Monde sur la collapsologie publié au début de cette année 2018 présente — évidemment — l’effondrement de la civilisation industrielle comme une catastrophe, tout en promouvant, à travers Jared Diamond, le mensonge raciste du pessimisme anthropologique, qui consiste en une affirmation grossière selon laquelle « l’homme s’est toujours comporté de façon dévastatrice dans ses relations avec tout ce qui vit ». Et passent aux oubliettes de l’histoire — rédigée par les vainqueurs — tous ces peuples qui vivaient d’une manière si ce n’est entièrement soutenable, au moins infiniment plus soutenable que les civilisés qui les ont massacrés. Sans parler de ceux qui subsistent encore aujourd’hui, en Inde, en Amazonie, en Océanie, en Afrique et ailleurs (des Jarawas aux Penan, en passant par les Pygmées), et que la civilisation industrielle détruit actuellement à petit feu. Une manière de justifier et de rationaliser l’abominable au prétexte que c’est simplement la nature humaine (cette nature humaine qui n’est, en réalité, qu’une illusion occidentale, ainsi que Marshall Sahlins le rappelle très justement).
C’est dire qu’en l’état des choses, la collapsologie renforce l’identification toxique de la plupart des gens qui vivent au sein de la civilisation industrielle à cette culture mortifère, au lieu d’encourager leur identification au monde naturel. Ainsi, elle sert les desseins destructeurs de l’État et des médias grand public, de leur propagande, de la culture dominante, bien plus qu’elle ne sert la planète et toutes les espèces vivantes.
On ne peut que souhaiter que ses promoteurs éclaircissent leur perspective, qu’ils s’affranchissent des relents toxiques de la culture dominante qui les empêchent de prendre position de manière plus déterminée, qu’ils intègrent la critique sociale à leur analyse, qu’ils adoptent une perspective plus compréhensive, biocentrée ou écocentrée, rejoignant ainsi, sans équivoque, le camp de ceux qui luttent contre la « guerre contre le monde vivant » que mène la civilisation industrielle, selon l’expression de George Monbiot.
Nicolas Casaux
- https://reporterre.net/La-web-serie-qui-raconte-l-effondrement-de-notre-civilisation ↑
- https://partage-le.com/2017/12/8414/ ↑
- https://reporterre.net/Le-nombre-de-milliardaires-a-connu-en-2017-sa-plus-forte-hausse-de-l-histoire ↑
- Voir cet article que j’ai récemment publié, « La transition anti-écologique : comment l’écologie capitaliste aggrave la situation » : https://partage-le.com/2017/09/7654/ ↑
- Pour en savoir plus sur la nuisance de la croissance verte, vous pouvez lire ce texte de Philippe Bihouix, « Du mythe de la croissance verte à un monde post-croissance » : https://partage-le.com/2017/09/du-mythe-de-la-croissance-verte-a-un-monde-post-croissance-par-philippe-bihouix/ ↑
- Voir le nouveau livre de Guillaume Pitron du Monde diplo dont parle ici le magazine les Inrockuptibles : https://www.lesinrocks.com/2018/01/06/livres/un-livre-revele-la-plus-fantastique-operation-de-greenwashing-de-lhistoire-111026872/ ↑
- http://www.senat.fr/rap/r15-617–1/r15-617–1.html ↑
il est très bien rédigé ton article Nicolas et très sérieusement documenté .. bien plus que ce qu’écrit pablo et son collègue .. j’ai parcouru son livre et je l’ai trouvé assez simpliste .. bien évidemment l’idéologie de l’effondrement ne fait qu’accroitre le sentiment de disruption et d’abandon dans la tête des gens .. afin d’y mettre du passionnel à la place d’une réelle démarche d’émancipation.. une nouvelle forme de millénarisme à la mode anthroposophique ..
Je suis d’accord en grande partie avec votre critique, notamment le problème d’absence de critique sociale au sein de la collapsologie, concept lui-même souvent flou.
Cependant, il est quand même compréhensible que les gens soient effrayés à l’idée d’un effondrement du monde qu’ils connaissent. Même si je vous rejoins pour le trouver souhaitable, pour les même raisons que vous défendez, j’en ai moi aussi peur. Réduire cela à du narcissisme me semble être un raccourci.
Aussi, à la fin du texte, quand vous dîtes :
» C’est dire qu’en l’état des choses, la collapsologie renforce […] au lieu d’encourager leur identification au monde naturel », l’idée d’ »identification au monde naturel » me semble être aussi un concept très flou.
Bien à vous,
Bonjour et merci pour cet article, encore un fois, très argumenté.
En étant aux premières loges de l’effondrement de la biodiversité de par mes études de terrain, je ne suis pas surpris que les notions de « nature » et de « naturel » soient aussi perverties : les urbains qui pensent et qui décident, les raisonneurs comme les décideurs, n’ont aucune idée de ce quoi il est question réellement derrière ces termes.
L’infantilisation pousse à l’égoïsme et au narcissisme, un aveuglement centré sur soi. Alors, l’esclavage moderne, comme la souffrance des exterminations massives d’espèces vivantes, leur passe très largement au dessus du nombril… Cet engouement pour la collapsologie est aussi l’expression de la peur d’un changement radical que quasiment tous sentent venir : ça ne peut pas durer ! Et ça ne durera pas. J’ai coutume de dire, depuis des décennies maintenant, que le dragon va remuer la queue et que nul ne peut savoir à l’avance de quelle façon.
D’énormes forces sont actuellement en mouvement dans la biosphère, mises en mouvements accélérés par le cumul des impacts de l’activité humaine… Je pense pour ma part, qu’il est déjà trop tard pour faire autre chose que de l’observer…
PS qui n’a rien à voir, pourquoi donc vos excellents article ne sont-ils pas datés ?
Je ne peux m’empêcher de réagir en lisant que nous ne pouvons qu’observer. Qu’un seuil critique ait déjà été dépassé, cela me semble une évidence… depuis le Néolithique, voire même avant : l’extinction de la mégafaune du Pléistocène et la transformation radicale des milieux en Amérique du Nord ou en Australie coîncide avec la fin des glaciations mais aussi avec l’arrivée d’Homo Sapiens. Et aujourd’hui ? Ne rien faire ? Laisser faire ? Certes, l’avenir de la plupart des espèces « supérieures » est sévèrement compromis. Mais cela pourrait être encore pire : mort des océans, voire la destruction totale de l’Ecosphère (une petite guerre nucléaire). Pensez donc à ce livre merveilleux de Giono : l’homme qui plantait des arbres. La messe n’est pas encore dite.
Bien vu, c’est nouveau, ils l’étaient avant. Je vais regarder.
Il faut prendre le livre sur la collapsologie pour ce qu’il est. Il n’a pas d’objectif à définir une vérité fondamentale sur les causes ou les conséquences. Il établit un constat et donne les éléments disponibles.
Oui, il aurait pu appuyer sur la responsabilité de l’homme quant à la destruction de la nature. Il aurait pu insister sur l’incapacité de l’homme à anticiper les conséquences de ses actes (et il l’aborde un peu). Il aurait pu dire que l’homme est profondément bête de scier la branche sur laquelle il est assis.
Mais ce livre aurait probablement été plus juste mais moins lu. Alors nous pouvons aussi le voir comme un livre de transition, qui amène la ménagère de plus ou moins de 50 ans à prendre conscience de la nature du malaise (extractivisme, consommation), et rien que ça c’est déjà beaucoup.
Il faut probablement que la masse du peuple — par opposition aux élites — passe par ce type de prise de conscience pour changer ses comportements et commence à changer sa manière de vivre et influencer les choix politiques par leurs choix individuels. Evidemment, il est trop tard et le changement se fera dans la douleur et tant pis.
Je trouve normal que tout le monde ne soit pas au même niveau de recul ni d’information sur la situation actuelle. Et s’il renforce le côté narcissique, c’est aussi pour être lisible. Une thèse sur la disparition des hippopotames nains du fleuve congo, décimés par la pollution des industriels locaux aurait probablement une audience moindre, de même que les nombreux documentaires disponibles sur la perte de la biodiversité (on a déjà oublié que 80% des insectes ont disparu en Allemagne ?). Il sont pour autant une réalité et montrent effectivement mieux la responsabilité de l’homme dans la destruction de la nature.
Pour ma part, j’ai trouvé ce livre éclairant, utile, à mettre dans les mains de ceux qui n’avaient pas cet éclairage. Les autres qui avaient déjà conscience de tout ça n’en ont effectivement pas besoin. Ensuite, chacun fera son chemin, et finira irrémédiablement sur le constat que l’homme est à l’origine de sa propre perte.
Après, on peut aussi discuter du terme de nature. L’homme fait-il partie ou pas de la nature ? C’est une espèce invasive comme une autre après tout, non ?
Merci pour cette analyse. Oui c’est utile de pointer du doigt que ce livre ne va pas assez loin pour rappeler les enjeux finaux à ceux qui auront le niveau de conscience à même de le comprendre. Pour autant, les autres en bénéficieront pour avancer sur leur chemin de prise de conscience, sujet essentiellement personnel.
Pareil que le camarade : la prise de conscience commence forcément à partir de soi. Elle a précisément pour effet d’aboutir à la conclusion que le soi n’est qu’une partie d’un tout. La biodiversité est aussi humaine. On est tous pareils : différents. La Nature a fait l’Homme a son image. Nous sommes la Nature en train de prendre conscience d’elle-même. A force d’enfiler les perles, j’en ai fait un collier. 😉
Salut ami Marxien-Hegelien.
Après avoir lu tout ces commentaires, j’aimerais évoquer un auteur, Jerôme Baschet, évoquer un livre, « Adieux au capitalisme ».
Il est dans le dépassement de la civilisation actuelle, et surtout, il repositionne l’homme là où il n’aurait jamais dû cesser d’être.
En plus de « Le Capital » de Marx, voici un livre à proposer à toutes les consciences en mouvement.
Merci d’être là.
Bonjour à tous,
https://partage-le.com/2015/04/comment-tout-peut-seffondrer-la-fin-des-energies-industrielles-et-le-mythe-des-renouvelables/
Je n’ai pas grand chose à ajouter en dehors qu’effectivement, la principale qualité de leur livre (qui à l’origine et d’après les auteurs, ne devait pas être ‘comment tout peut’ mais ‘comment tout va’ — un choix de l’éditeur … donc quoi qu’il soit entrepris, tout est plié) utilise le langage et des matériaux [récents] de la science, des élites, celui qui imprègne encore beaucoup de personnes qui n’écoutent, ne jurent, ou ont été éduqué comme tel, que par les chiffres et les études détaillées (même au détour de nébuleuses infréquentables) voire le « vu à la tv ». Ici donc est la preuve, réelle, objective, la seule que la toute puissance est en mesure d’accepter ou ne peut plus ignorer au final, car réalisée avec ses propres outils/armes, l’ultime plan stratégique de sa future défaite en quelques coups qu’elle pensait être, de son point de vue tronqué et trop optimiste pour son appétit trop vorace : une victoire sur elle-même.
Mais oui, je suis également pour en finir avec cette civilisation industrielle la précipiter ou bien la voir arriver à grand fracas sans mon concours, recroquevillé même au fond de mon canapé suédois, je l’avoue honteusement. Même si tout (ou presque ?) mon confort matériel est mis à la benne par la suite, ça me fera bouger enfin le cul que pour des raisons, des causes plus essentielles, plus proches des besoins humains et de ses relations ; la simplicité de vie à y retirer semble à mes yeux une véritable délivrance de ce capharnaüm et ces mensonges au quotidien que tous ces cons de technocrates nous ont effectivement empilé depuis des décennies sur notre gueule à coup de messages hypnotiques « le progrès te simplifiera la vie ».
Et le livre de Guillaume Pitron est, me semble-t-il, un excellent complément du livre Comment tout peut s’effondrer.
Il finit d’enfoncer le clou sur « vous croyez encore qu’on pourra sauver le monde par la technologie ? Voilà pourquoi c’est impossible ».
A déconseiller aux dépressifs, mais à conseiller aux adeptes de pilule rouge.
Bravo pour ce commentaire juste et lucide.
Bonjour Laurent
Je suis totalement d’accord avec vous.… Toutefois une de vos formules me chagrine…
« La ménagère de + ou — 50 ans… »
Effectivement Le ménager de + ou — 50 ans ! ça sonne bizarre.…. On n’est pas habitué.…
Mais je n’arrive pas à m’habituer à la ménagère.…..
Anne
Tout à fait d’accord avec Laurent Genier, le livre de Pable Servigne et Raphael Stevens permet de (se) situer (dans) l’effondrement au niveau de notre condition humaine. Ensuite, je pense que vous vous êtes arrêtez trop rapidement à ce seul livre. Vous devriez lire le dernier livre de Pablo Servigne, « Entraide, l’autre loi de la jungle », vous y decouvririez que justement, il dépasse cet aspect narcissique et technique que vous critiquez tant. On y trouve les éléments pour dépasser cette culture mortifère de l’identification toxique civilisation industrielle et encourager une identification au monde naturel.
Et puis, c’est quoi la différence entre des « penchants anarchistes » et le souhait de voir tout s’éffondrer très vite de David Holmgren qui lui, « semble avoir les pieds sur Terre » ?
J’ai lu L’Entraide. Je n’ai pas lu la même chose que toi apparemment. Et il me semble que des choses t’échappent dans l’article, manifestement, je doute des penchants anarchistes de Pablo, l’as-tu remarqué ?
Ma démonstration en version courte.
Thèse :
Nicolas Cassaux est plus efficace. Grâce à sa plume, il sensibilise. Il fait avancer le schmilblick. Mais pas Servigne & Stevens car quelques (très petits) articles à propos de leur livre sont parus dans les grands médias qui s’accommodent très bien de leur déclinisme.
Antithèse :
Le problème de Nicolas Cassaux : Il nous fait croire qu’il défend les autres qu’humains mais en fait il les détruit à travers son activité électronique.
Synthèse :
Bravo à Nicolas Cassaux pour cet article plein de bon sens, pas du tout parano et sans aucune citation retirée de son contexte. Il a atteint son objectif. Grâce à lui des milliers de libellules ont pu être sauvées.
Wow. Le sophisme tu quoque comme contre-argument. J’avoue que je ne m’y attendais pas. Enfin, que je ne pensais pas lire des choses aussi nulles. Mais bon, si tout ce que tu as à rétorquer c’est un appel à l’hypocrisie, c’est que je ne dois pas trop m’être trompé.
Oui, mon intervention était volontairement courte et ironique (rien à voir avec de l’hypocrisie). Cela ne te fait pas rire apparemment. Oups… désolé. A bientôt, ailleurs.
Bonjour Nicolas , je lis toujours vos articles avec intérêt , et c’est grâce à vous que j’ai compris que l’effondrement est la seule solution .
Cependant je trouve normal aussi que cet effondrement fasse extrêmement peur et qu’on l’appréhende comme une catastrophe , je le souhaite et en même temps je me demande comment nous vivrons ou même si nous survivrons .
Même si on est très critique vis à vis de notre civilisation consumériste , on ne peut pas nier que nous en avons profité et elle nous apporté un confort de vie .
Et c’est très inquiétant d’imaginer un futur différent de ce que nous connaissons , avec probablement des difficultés pour se nourrir , trouver de l’eau potable etc…Nous n’y sommes pas préparés et cela nous fait peur .
Il me semble que le mouvement de la décroissance est ce qui va le plus dans le bon sens .
Bonjour,
Je ne dis pas dans l’article qu’il ne faut rien craindre, n’avoir peur de rien. Du moins si l’on comprend cela, ce n’était pas mon intention. Je dis qu’il ne faut pas le considérer comme un mal. « on ne peut pas nier que nous en avons profité et elle nous apporté un confort de vie », très franchement vous, peut-être, moi je suis bien incapable de dire ça. Cette civilisation m’a trop pris, d’une certaine manière je peux tout à fait dire, à l’instar de beaucoup, qu’elle m’a volé ma vie et en a fait, par certains aspects, un enfer. Mais de la vie de beaucoup, de millions, principalement dans les pays pauvres, elle a fait un enfer bien pire. Qui sait ce à quoi la vie aurait pu ressembler sans elle, la liberté à laquelle on aurait pu goûter, la richesse relationnelle, émotionnelle, la profondeur…
Je ne considère pas non plus qu’un futur différent de ce que nous connaissons est inquiétant, je m’inquiète bien plus d’un futur qui ressemblerait à la suite de ce que nous connaissons (une longue agonie, un longue torture qui finirait par une mort atroce, pour des millions d’espèces). Les difficultés feront partie du coût, et peut-être que ces difficultés, il nous est possible de les considérer bien autrement.
Que de nouvelles pistes de pensées après avoir lu cet article ! Merci beaucoup !
Détaillez-vous également quelque part ce que vous évoquez brièvement dans le commentaire précédent ?
Merci beaucoup de vos articles en tout cas !
Si cet article vous a plu je vous conseille de lire celui-ci : https://partage-le.com/2018/06/le-probleme-de-la-collapsologie-suite-next-cyril-dion-et-lideologie-du-progres-par-nicolas-casaux/
Et plus généralement de consulter notre site, de nombreux articles traitent directement ou indirectement de ces sujets.
Bonjour et enchanté,
En terme de justice sociale, ne pensez-vous pas qu’un effondrement non contrôlé de la civilisation thermo industrielle engendrerait des situations d’injustice (encore) pires que ce que nous vivons actuellement ?
J’ai l’impression (peut être non suffisamment documentée) que les privilégiés renforceront leurs privilèges relatifs à l’occasion d’une crise importante, et que l’addition sera payée en grande proportion par ceux qui n’ont plus qu’une diminution de leur espérance de vie pour le faire.
Bonjour,
Je partage l’avis de Nathalie : article fort intéressant de par son contrepoint avec la collaspologie, discipline peut-être encore nébuleuse mais que ses « inventeurs » ont le mérite d’avoir su rendre accessible à un grand nombre.
Pareillement je ne peux que constater que la perspective de l’effondrement me réjouit autant qu’elle m’atterre. Ambivalence, donc. Même si je déplore les méfaits colossaux et tentaculaires du capitalisme, j’avoue que voir s’écrouler le mythe d’un progrès que j’imaginais aller vers je ne sais quel mieux-être généralisé est assez douloureux à accepter.
Et puis pour le côté égoïste (plutôt que narcissique) je ne cacherai pas que la possible désagrégation des conditions de vie de mes enfants et de mes proches est de nature à m’inquiéter, en toute subjectivité. Il y a, dans cette perspective d’effondrement, des dimensions émotionnelles non négligeables.
En tout cas merci pour cette réflexion argumentée, qui enrichit la mienne.
Excellent article mon cher Nicolas !
Merci à toi de diffuser cette évidence : afin d’assurer la pérennité de la vie sur cette planète, un effondrement civilisationnel est plus que souhaitable.
Qu’on se le dise !
Afin de vous déculpabiliser, dites-vous que de toute façon il est inéluctable.…
Plus le système perdure, plus désastreux seront les effets de sa destruction, et donc il vaut mieux qu’il s’effondre au plus vite.
Que le George Hayduke qui sommeille en nous se réveille.
Que crève le vieux monde !
Je vous signale au passage que , selon les références de Servigné , la population mondiale devrait régresser au mieux à un milliard d’habitants voire seulement quelques millions d’ici à 2100 ! Et certains s’en réjouissent !
Jusqu’au bout, on va se déchirer pour des broutilles ?! A lire cet article imbécile je me dis que décidément nous n’avons rien compris. Car lisez bien tout ce qu’écrivent les gens qui gravitent autour de la « collapsologie » et vous verrez que tout le monde partage peu ou prou vos diagnostics. Depuis toujours, à vouloir la pureté absolue en matière d’idées, on se condamne à promouvoir la pérennité du désastre. Car peu importe de savoir que tout a déjà été dit, de manière parfaitement lucide et claire, il y a longtemps, il faut juste tenir compte de la situation où nous sommes aujourd’hui et d’imaginer la suite. En tenant également compte de la crétinisation absolue du monde par le capitalisme. Et en tenant compte aussi, pour finir, que plus vite sera le mieux ce qui n’est une garantie de rien.
Huh. « tout le monde partage peu ou prou vos diagnostics », c’est étonnant alors tous ces extraits de livres, toute cette série NEXT sur la collapsologie, toutes ces conférences organisées autour de ce thème dans de prestigieuses institutions parisiennes, qui mettent en avant un diagnostic qui peine à sortir de l’ethnocentrisme (au-delà de l’anthropocentrisme), pétri de contradictions, qui n’ose pas présenter la civilisation industrielle comme une calamité dont on aurait dû souhaiter se débarrasser pour une myriade de raisons et pas seulement pour son insoutenabilité écologique, qui ouvre sur des propositions contradictoires (tous ensemble dans le même bateau, alors aidons l’Etat, collaborons tous comme une grande famille VS. la reconnaissance des logiques conflictuelles qui opposent l’Etat aux militants des nombreuses luttes socio-écologiques, ETC). Si vous ne voyez pas les différences, assez flagrantes, entre notre diagnostic et leurs discours, relisez le texte. J’apporte suffisamment d’exemples et d’illustrations de ce que tout le monde ne partage pas peu ou prou le même diagnostic. Je ne devrais pas prendre la peine de répondre à ni même de publier ce commentaire strictement injurieux, cela sera donc l’unique et dernière fois.
L’ethnocentrisme est sans aucun doute regrettable mais il nous est « naturel » (ou culturellement intégré). Il n’est pas étonnant que la plupart des gens, y compris les collapsologues, se sentent hautement concernés par leur propre sort et celui de leurs congénères, avant de voir les bénéfices que pourrait tirer de l’effondrement le reste du vivant. Il n’est pas donné à tout le monde de prendre suffisamment de recul et faire preuve de suffisamment d’abnégation pour se réjouir du déclin d’une civilisation qui, outre toutes ses dérives écocides, apporte un « confort »… aussi aliénant soit-il. La plupart d’entre nous sommes traversés d’ambivalences et bourrés de contradictions, désirant l’impossible, effrayés de perdre les avantages que nous nous sommes octroyés.
Ayant assisté à une conférence de Pablo Servigne lors de la parution de son rapport « Nourrir l’Europe en temps de crise », j’ai pu appréhender la personne derrière l’auteur. A mon sens, Servigne amène un travail de vulgarisation remarquable. Prendre un point de vue anthropocentré est la meilleure manière de toucher un public qui ne manipule pas aisément la pensée systémique, ou tout simplement le langage scientifique et sociologique. A vous lire, c’est peut-être là que le fossé se creuse.
Par ailleurs, il est on ne peut plus important, et Servigne l’a bien compris, d’amener la composante émotionnelle à l’avant-plan. L’effondrement qui vient est traumatisant. Il agrège notre rapport à la mort, à la douleur, à la perte de nos acquis. Il est vrai aussi que le traumatisme est sans commune mesure avec celui que notre civilisation inflige quotidiennement à Gaïa. Mais c’est de nouveau se trouver dans une pensée dualiste (l’homme d’un côté, la nature de l’autre). Il est temps de sortir de ce moule.
Il est temps de devenir sensible, empathique. Nous sommes tous, humains ou non-humains, des êtres sensibles. Notre société a bien fait son travail d’annihilation de cette partie de nous.
La meilleure préparation à ce qui vient est de recontacter, d’accueillir cette part émotionnelle. Servigne l’a compris (ou plutôt ressenti). Et vous ?
Pas d’accord sur tous les points. « L’effondrement qui vient est traumatisant. Il agrège notre rapport à la mort, à la douleur, à la perte de nos acquis. « , + « Il est vrai aussi que le traumatisme est sans commune mesure avec celui que notre civilisation inflige quotidiennement à Gaïa. » C’est une belle remarque d’Occidental, notre civilisation inflige aussi à plein d’être humains des traumatismes terribles, elle en exploite des millions, en torture autant et en tue également, et ce depuis des siècles. La posture de l’Occidental qui découvre la mort quand son mode de vie inflige la mort partout dans le monde me paraît particulièrement indécente, et pathétique. Et comme quoi le problème n’est pas qu’un anthropocentrisme. Si tu avais une perspective anthropocentrée tu aurais compris que notre civilisation inflige quotidiennement des horreurs non seulement à Gaïa mais à des millions d’êtres humains, qu’elle est bâti sur des montagnes de cadavres, des génocides et un ethnocide encore en cours. L’effondrement, ce sont uniquement les Occidentaux qui se découvrent mortels, eux aussi, eux qui avaient jusque-là plutôt l’habitude d’infliger la mort aux autres êtres humains et au monde naturel. Bah mince alors. On n’a pas à « se préparer à l’effondrement », ce n’est pas du tout le comportement éthique à adopter, s’il nous reste une once d’éthique, on a surtout à mettre fin aux exactions en cours, celles qui permettent à notre quotidien d’Occidentaux de se maintenir.
Merci pour ta réponse, mais encore une fois, je trouve ta vision dualiste et donc, à mon sens, erronée. Je suis d’accord avec l’état de fait de la mauvaise santé de notre terre.
Néanmoins, l’humanité entière fait partie de Gaïa, elle-même imbriquée dans des sphères d’influences encore plus vastes, complexes et abstraites ; Il n’y a pas de « Nous, méchants occidentaux impérialistes » et eux « Gentils peuples Natifs, autochtones, primitifs,sages ».
Et tu as encore raison, je fais des remarques d’Occidental car j’en suis un. A moins que je ne me trompe, tu en es un aussi. Alors qu’est-ce qui fait que je suis plus Occidental que toi ?
« Si tu avais une perspective anthropocentrée tu aurais compris que notre civilisation inflige quotidiennement des horreurs non seulement à Gaïa mais à des millions d’êtres humains, qu’elle est bâti sur des montagnes de cadavres, des génocides et un ethnocide encore en cours. »
C’est un jugement, et je pense que tu te trompes, que je l’ai bien compris. Cela dit j’ai décidé à un moment d’arrêter de chercher les coupables, c’est stérile et ça reproduit exactement ce que tu semble dénoncer. J’essaie plutôt de créer des ponts.
« L’effondrement, ce sont uniquement les Occidentaux qui se découvrent mortels, eux aussi, eux qui avaient jusque-là plutôt l’habitude d’infliger la mort aux autres êtres humains et au monde naturel. »
Je ne suis jamais allé en Afrique. Je ne suis jamais allé en Amérique Latine. En fait je n’ai pas eu l’occasion de quitter l’Europe.
Cela dit je pense que tous les peuples ont eu, dans leur histoire, du sang sur les mains. J’ai l’impression que tu idéalises les « non-occidentaux ».
Tu sembles voir notre Techno-science comme destructrice et meurtrière. Je pense que c’est vrai, mais ce n’est qu’une partie de la réalité. Accepte l’autre partie, ça te réconciliera peut être avec « les occidentaux ».
A te lire,
Julien
Vous êtes prompt à critiquer certains d’avoir une vision « d’Occidental ».
Pourtant la plupart de vos textes me semblent illisibles pour d’autres personnes que le mythifié « Occidental ».
J’irai même plus loin en disant qu’ils sont illisibles pour le « non-Occidental-issu-des-classes-supérieures-et-déjà-sensibilisé-à-l’écologie » ; autrement dit, ceux-là même qui sont en premières lignes des dégâts causés par le néo-libéralisme.
N’est-ce pas une stratégie contre-productive lorsqu’il faut justement toucher, réveiller et mettre en mouvement ceux-là, quelque soit leur couleur de peau et la société dans laquelle ils vivent autour du monde ?
Sur le problème spécifique que vous soulevez de la non dénonciation par Servigne (voir d’une certaine collaboration) des politiques et économies néo-libérales à la base de la destruction du vivant, on peut s’en faire une idée plus juste en allant voir :
« Ce sont les mains gauche et droite d’une doctrine de philosophie politique appelée libéralisme et dans laquelle nous baignons depuis plus de deux siècles.
Le problème est que la main droite a pris le pouvoir durant ces dernières décennies et impose ses méthodes. La vague néolibérale des années 80 n’a pas fini de privatiser tous les domaines de la société et de la vie. Cette attaque frontale aux biens communs se passe généralement de manière silencieuse à cause justement de leur invisibilité. Sauf dans certains cas trop scandaleux (l’eau en Bolivie, les gènes dans les laboratoires pharmaceutiques, etc.) où une partie de l’opinion publique réagit ponctuellement (on pense à toutes les luttes autour de l’AMI 4 menées entre autres par l’association ATTAC dans les années 2000). L’idéologie du marché débridé est corrosive pour les biens communs. Malheureusement, elle est bien implantée dans l’imaginaire collectif de nos sociétés, et en particulier dans la tête des élites financière, politique et médiatique, qui imposent leurs méthodes au reste du monde et contribuent à maintenir invisible les biens communs… jusqu’à ce qu’ils soient privatisés et rentables pour l’actionnaire
! »
https://raforum.info/IMG/pdf/2013pablo-penserlesbienscommuns.pdf
« Nous montrons dans notre livre que les inégalités sociales et économiques sont un facteur très important des effondrements. Plus précisément, plus une société montre d’inégalités de classes, plus elle a de chances de s’effondrer vite et de manière certaine. »
http://www.cadtm.org/L‑effondrement-qui-vient
« On croit souvent que le progrès est naturel. En fait, ce sont des choix politiques. Des élites au pouvoir ont imposé le pétrole, par exemple. Ça a créé des monopoles et on a détruit les trains, les trams et les autres sources d’énergie. Un régime énergétique fait émerger un régime politique. C’est bien montré dans Petrocratia (Editions Ere, 2011), de Timothy Mitchell. Le charbon a permis l’émergence de la démocratie de masse et des mouvements ouvriers ; l’arrivée du pétrole a détruit ces mouvements par la qualité même de cette énergie et a mis au pouvoir une élite technocratique. Le changement climatique est connu depuis longtemps. Les élites ont décidé de l’ignorer pour faire plus d’argent. »
http://www.terraeco.net/Pablo-Servigne-Les-plus,64497.html
Bonjour,
très intéressant article sur le narcissisme catastrophiste Occidental. Cette « crise » du monde moderne (R.Guenon) est contenu dans son ADN matérialiste,elle est donc inéluctable. Cette « catastrophe » ne serait pas pour autant bénéfique pour écosystème. La levée du voile ne peut être que celle du voile intérieur , celle qui nous ramène à notre Nature Traditionelle intérieure, la seule en harmonie avec la nature « exterieur ». Pour l’heure chevauchons le Tigre avec Humilité et quête de Sagesse.
Bien à vous
Bonjour,
Je vous remercie pour votre article, qui invite à la réflexion. Je vous ai trouvé par par le blog d’Olivier Berruyer
https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-04022018/
Cette source vous indiquera que l’écologie n’est pas ma préoccupation principale. J’essaie de me tenir au courant des enjeux principaux du monde, j’ai donc lu ce livre de Servigne, qui m’a laissé plus d’une gêne, mais pas assez pour analyser.
Depuis votre point de vue, vous avez mis le doigt sur cette gêne, le narcissisme compassionnel.
Ensuite, je pense que nous aurions plus d’un différend, je me suis formulé sur mon blog
https://blogs.mediapart.fr/glorieux/blog/110218/catastrophe-est-ce-que-la-therapie-suffit
Je vais vous lire plus longuement sur ce site, afin de saisir plus précisément les points de ma différence.
Merci à vous. Oui, Olivier partage régulièrement certains de nos articles, c’est tout à son honneur parce que nous n’avons pas les mêmes bases et les mêmes perspectives disons, même si nous partageons certaines analyses concernant les temps présents. Si vous voulez comprendre notre perspective, je vous conseille ces articles :
https://partage-le.com/2017/10/7993/
et
https://partage-le.com/2017/12/8414/
Notre perspective pourrait être qualifiée de biocentriste (un mot-clé pour en savoir plus rapidement). Nous partageons certaines analyses du courant anti-industriel français, du courant technocritique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Technocritique), et des situationnistes, entre autres.
Je n’ai pas du tout été convaincu par ton article, qui critique le livre pour ce qu’il n’est pas (une recherche des causes, qui/quoi/comment combattre, …)
Pablo Servigne est passé par ThinkerView, et complète pas mal de lacunes que tu as relevées.
https://youtu.be/5xziAeW7l6w?t=1h37m31s
Vu l’interview, elle confirme précisément tout ce que j’ai écrit ici. Apolitisme complet. Souci avant tout de son propre sort d’Occidental. Aucune discussion des rapports de pouvoir, des structures sociales oppressives. Des réalités atroces du fonctionnement normal de la civilisation. Etc. J’en ai conclu que mon article était plutôt modéré.
Les collapsologues comme Srevigne et consor ne sont pas là pour dénoncer les aberrations du système capitaliste quant aux inégalités qu’elles génèrent. Ce n’est pas leur objet.
La collapsologie tente de mettre en lumière l’impasse dans laquelle nous nous trouvons et les conséquences du fonctionnement du monde tel qu’il est.
Ainsi, il va sans dire que nous courons tous à la catastrophe, sans distinction de race ou de quoique soit d’autres. Si certains paient depuis longtemps un lourd tribut quant à Nos (!) choix, Nous (!) sommes une fois pour toutes sur le même bateau. Après tout, c’est un message humaniste non…?
J’ai beaucoup aimé cet article mais les critiques envers Pablo Servigne sont trop stéréotypées. Son livre quo-écrit avec R. Stevens, « Comment tout peut s’effondrer », est innovant et très pédagogique et ne nie pas que l’effondrement est aussi « une bonne chose ». Il a l’avantage d’éveiller un large public à la réalité de l’effondrement inévitable et déjà en cours. Son dernier ouvrage « L’entraide, l’autre loi de la jungle » quo-écrit avec Gauthier Chapelle, est tout à fait enrichissant (n’étant point érudit, j’y ai découvert Kropotkine et bien d’autres auteurs passionnants). C’est aussi grace à Pablo Servigne que je découvre votre article. À nous lecteurs de faire la part des choses.
c’est pas seulement de la chutte de notre civilisation dont il faut avoir peur, c’est surtout de la boucherie dans laquelle ça va se passer.
Une fois que toutes les bombes nucléaires et toutes les armes chimiques auront été utilisées qu’est-ce qui restera de vivant sur terre ou dans les mers.
Bonjour,
Tout est dit dans les premiers paragraphes de votre article : à partir du moment où le discours de la collapsologie est recevable par les institutions, c’est qu’il a perdu toute sa radicalité… Et le pire, c’est que Servigne défend cette position. Dans le numéro de printemps de la revue suisse Moins!, dans laquelle Servigne est interviewée, il dit clairement que sa démarche est inclusive et vise à intégrer à la réflexion au plus large public… quitte à être totalement dépolitisé (et à bannir « les mots qui fâchent » comme il le dit : écologie, anticapitalisme, décroissance).
Faire l’économie de la lutte contre les inégalités est impensable si on veut abattre réellement la société capitaliste et industrielle.
Hello, une critique intéressante. Maintenant, on peut approuver l’effondrement systemique de la civilisation industrielle, tout en ayant peur pour ses enfants. C’est cette peur qui fait parler de catastrophe. Et n’opposez lutte (zad…), initiative de transition et permaculture, ce sont toutes des actions choisies en fonction des choix personnels. Je suis fondateur de sombreffe en transition, j essaie d’être permaculteur en forêt jardin, et je félicite les resistants des zad, tout en n étant pas dans ce type d’action. (Lire la réponse de Rob Hopkins au pamphlet « un écologisme apolitique ? »)
Si seulement. La volonté d’affirmer que nous voulons tous la même chose me semble terriblement nuisible. Elle élude toute véritable réflexion. Il existe des divergences fondamentales entre les différents diagnostics posés par les différentes mouvances écologistes (certains collectifs de zadistes, de transitionneurs, etc.). Tous les transitionneurs, zadistes, colibris, collapsologues, etc., sont loin de partager la même lutte, en fin de compte. Sans une certaine cohérence, sans un minimum de cohérence, la nébuleuse écologiste n’ira nulle part et ne parviendra pas à freiner ou endiguer le désastre en cours. Je suis curieux de lire la réponse de Rob Hopkins. Mais je n’ai pas très envie de payer pour ça (d’acheter le livre).
Personnellement, je pense que nous n’éviterons plus le désastre et que le travail qu’il nous reste à faire pour les générations qui survivront est de laisser nos témoignages pour que l’Histoire ne se répète plus. Nous devons envisager l’inévitable, ce sera une période transitoire pour l’Humanité. Cordialement
Bonjour a tous et merci pour votre article !
je m interroge depuis longtemps sur la fin de ce systeme de « société de consommation/capitalisme » qui ravage notre monde.
J aimerais surtout partager sur les emotions que provoque cette extinction annoncée. Comment vous sentez vous avec ce constat accablant ?
Réjouissance de la fin d un modèle destructeur ou déprime devant le spectacle de gâchis humain ?
Dans la serie « next », un des deux auteurs evoque le fait qu il a un enfant, comme pour témoigner de son optimisme.
Comment avoir des projets avec cette fin annoncée ? comment avoir la joie de vivre quand nos habitudes de vie dependent de l oppression de milliers d esclaves invisibles (humains ou non)?
‑Pratiquer la decroissance, la resilience, se regrouper avec des gens en transition, faire sa part de colibri comme dit rabhi ?
‑decoloniser son esprit et son coeur des emotions destructrices de haine, convoitise, egoisme,…par un « travail » personnel ?
‑elargir la perspective : l’ humain doit faire l experience de ses propres erreurs, quitte a s auto detruire, pour comprendre en profondeur comment interagir dans le monde ?
Si vous avez de bons conseil pour m aider a negocier le virage qui s annonce serré, merci !
Merci pour ton article Nicolas,
Je suis partagé par la lecture de ta critique. L’économie de la critique sociale dans la collapsologie, et le point de vue occidental aisé est une mauvaise chose, que tu développes bien.
Par contre, il y a plusieurs choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord avec toi. D’abord, je pense que les théories de l’effondrement s’inscrivent dans la suite de certains pans du mouvement écologique. La raison pour laquelle cela marche maintenant et pas avant n’est pas une question de catastrophe pour l’humanité mais bien une question de moment. C’est maintenant dans les années 2017–2018, alors que le développement durable peine depuis 30 ans à solutionner quoi que ce soit, alors que le réchauffement climatique commence petit à petit à se faire ressentir, alors que la disparition des insectes se voit à l’oeil nu, alors que l’avenir technologique questionne et fait peur, c’est maintenant que les thèses relatives à l’effondrement commencent à être acceptées par le grand public.
Le fait que Servigne dit que cela sera une catastrophe pour les « nous », c’est parce qu’il s’adresse à « nous » justement. Servigne, comme plein d’autres collapsologues, est conscient que cette société dévaste notre planète et entretient des inégalités horribles entre humains. C’est pour ça qu’il s’autorise à rêver d’un mieux après. Mais il a creusé la question, il ne s’est pas limité a pensé pourquoi la société pourrait s’effondrer, il s’est demandé comment. Et c’est là que ce sera très dure pour les humains, pour « nous ». C’est psychologique, tu ne peux pas transmettre un message en disant : « J’ai une bonne nouvelle, le monde tel que nous le connaissons va laisser place à d’autres sociétés. Cela sauvera beaucoup d’espèces vivantes et permettra que l’on arrête de tout détruire. Beaucoup d’entre nous mourrons aussi, il y aura des famines, des guerres, mais ça reste secondaire ça.. »
En fait, je crois que ce genre de critique (tu n’es pas la première personne à défendre l’écologie ou des luttes en disant que la collapsologie est à bannir), ne vient que depuis que la collapsologie est passée dans les magasines grands publics. Je n’en ai pas vu avant et pourtant j’en cherchais. C’est dommage car d’une part cette approche grand public, de même que le film Demain fort critiqué dans les sphères de luttes aussi, peut être un premier pas vers une plus grande conscientisation. D’autre part, « la collapsologie approfondie », est très critique envers le modèle capitaliste actuel aussi.
Plutôt que de se taper dessus, il nous faudrait nous écouter mutuellement, et tenter de faire converger les différentes luttes pour penser des projets communs. Cela n’en rendra que les luttes plus fortes !
Bonjour
Je me retrouve bien dans ce commentaire. Chaque regard vient d’où nous sommes. Je vis à la campagne, mari agriculteur bio et situé politiquement à gauche écolo soutenant la zad, dans la décroissance chaque jour un peu plus.… manifestante.… bref je fais une toute petite pars (beaucoup diraient certains de mes amis) pourtant je me sens loin du compte.… Je vais voir en moi.… Je milite collectivement.….
Et avec tout ça.….. j’ai peur. J’ai lu « Comment tout peut s’effondrer » et j’ai beaucoup appris. Merci Pablo!!!! J’aime l’éclairage de Nicolas qui m’invite à aller encore plus loin. Mais ne nous tapons pas dessus.…. Il faudra des forces colossales pour apprendre à PARTAGER quand la débandade sera dans notre monde occidental. Je pense déjà à comment accueillir les plus démunis de mon village qu’ils votent Besancenot ou Le Pen.
Bref je chemine la peur au ventre. Et j’ai 3 enfants.… en âge de comprendre. Bouh.….
J’apprends à.….semer.
Allez!!!!!! TOUS!!!!!
ON S’AIME!!!❤ Anne
Moi aussi, je me retrouve dans les commentaires d’Anne et de David. J’ai beaucoup aimé le livre de Servigne et Stevens ainsi que cette nouvelle perspective présentée par Nicolas. Sur le livre, le fait de s’adresser au méchant blanc occidental, fruit de la société thermo-industrielle, de lui expliquer que maintenant, ça va aussi aller mal pour lui et ses enfants est pour moi le meilleur moyen de le sensibiliser et de déclencher un éventuel changement de sa part. Malheureusement, les ours polaires, les abeilles, les pauvres africains qui meurent chaque jour, ça fait peut être mal sur le coup mais c‘est trop loin : ça peut éventuellement nous toucher mais le jour d’après, c’est vite oublié jusqu’au prochain reportage. Par contre quand on vous dit que vous et vos enfants allez en subir les conséquences, la flèche a atteint sa cible. Oui nous sommes des égoïstes narcissiques, et je remercie Nicolas pour l’avoir fait remarquer. Très juste aussi la remarque sur le fait que la catastrophe, c’est notre civilisation occidentale et ses conséquences désastreuses pour notre système Terre. Ceci étant, l’effondrement ou même la décroissance auront un impact à court terme extrêmement négatif voire catastrophique non seulement pour les civilisations occidentales à court d’énergie fossile mais aussi pour les pays plus pauvres proches de l équateur qui subiront le réchauffement climatique de plein fouet.
Pablo Servigné n’a jamais caché ses penchants anarchistes. Il l’a même évoqué dans une interview. 😉 ta façon de voir les choses me plaît même. Comment puis je lire d’autres articles de toi ? excuses mon ignorance informatique s’il te plait. Pour ma part ce que tu « dénonces » est l’axe principal de mon dernier livre. Il est temps de réveiller les consciences. Bonne route.
Bel article , beau phrasé mais je n’ai pas saisi le sens du contenu. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une critique de la collapsologie, plus précisemment de son caractère égo-centrique.
Oui la collapsologie n’est pas une science nouvelle ni une révélation. Oui depuis des décennies les scientifiques nous avertissent. Nous sommes d’accord.
Mais Pablo Servigne et Raphaël Stevens ont réussi là où d’autres ont échoué, ils sont arrivés à toucher le grand public et les médias et ont su manipuler l’art du politiquement correct sans minimiser ni influencer le contenu.
Je ne suis pas d’accord sur votre article sur plusieurs points.
— Les auteurs , au contraire, prône l’effondrement comme solution et non comme catastrophe.
— Votre conlusion : « C’est dire qu’en l’état des choses, la collapsologie renforce l’identification[…] au lieu d’encourager leur identification au monde naturel. »
Je n’ai absolument pas ressenti ça ne lisant le livre, bien au contraire puisqu’ils invitent à effectuer une transition vers une société différente en pronant des initatives de résilience locales et d’indépendance.
Et puis sincèrement qu’importe la forme, le fond est là : notre petite vie égoiste basée sur l’exploitation de la terre et des pauvres se termine. Et là, on est d’accord 🙂
« – Les auteurs , au contraire, prône l’effondrement comme solution et non comme catastrophe. » Certainement pas. La seule citation du livre qui va en ce sens est une citation d’un auteur anglophone. Pablo et Raphael ne le formulent jamais comme cela.
Je précise d’autres choses ici : https://partage-le.com/2018/06/le-probleme-de-la-collapsologie-suite-next-cyril-dion-et-lideologie-du-progres-par-nicolas-casaux/
C´est intéressant mais je me dis 1. Si la collapsologie touche les gens plus que les discours sur l´exploitation des autres loin de son regard, alors pourquoi pas, et ça devient une force de la collapsologie et non pas une faille. Que l´homme fonctionne pas pour sauver son espèce mais pour sa petite gueule, ça n´est pas nouveau et ça a déjà été traité sur l´angle scientifique si je m´abuse. 2. M´expliquer que le discours basé sur la science joue le jeu du système et donne l´impression que tout cela est maitrisable ?! Désolé mais je n´y crois pas car ça fait l´effet inverse pour moi et d´autres ( dans ce groupe par exemple) et de mon côté ça me semble d´ailleurs créer chez beaucoup un sentiment d´urgence et d´obligation à agir en laissant de côté les dirigeants ( voir les tas d´initiatives suite à cela ). 3. Ce texte en veut aux caractères narcissiques mais l´urgence me fait dire que faire un travail en amont d´éducation pour que l´homme soit moins égoïste avant de se concentrer sur les actions comme la permaculture par exemple me semble une stratégie vouait à l´échec. La collapsologie vient toucher les égos, j´ai envie de dire, ça rassemble dans l´urgence alors, pour l´instant TANT MIEUX !
Je trouve également que vous dénaturez le propos et le point de vue du livre de Servigne et Stevens. À la lecture de cet ouvrage, qui a le mérite d’étre accessible dans son approche et sérieux dans ses sources et analyses, on ne peut que déduire le rôle majeur de l’homme dans le désastre écologique qui se joue et de sa responsabilité totale et indiscutable dans ce qui se prépare, aussi bien pour lui que pour l’ensemble de la planète dont il est en effet une partie au même titre que les autres êtres vivants ou non.
Cela tombe sous le sens qu’une mise en cause de la société industrielle, créée et opérée par les humains revient à mettre en cause les humains. C’est deja un changement majeur et profond d’envisager la fin de cette civilisation de manière lucide et de regarder en face ce qui est en train de se passer. La question de l’égocentrisme humain est du côté des causes, plus que des conséquences, d’autant plus que le livre aborde à maintes reprises les effets terribles causés aux animaux, aux plantes etc. dont il n’occulte en aucun cas la valeur, bien au contraire.
Bonsoir, je vous conseille de lire cet autre billet :
https://partage-le.com/2018/06/le-probleme-de-la-collapsologie-suite-next-cyril-dion-et-lideologie-du-progres-par-nicolas-casaux/
Aux conséquences écologiques de la civilisation industrielle s’ajoutent celles de la civilisation liées aux services et qui lui succède.J’entends celles qui participent à la pollution des esprits sous toutes ses formes : réduction de l’ensemble des choses matérielles et non matérielles à une donnée statistique ou informative (tout est devenu information…), l’influence des médias qui véhiculent des idées ou prises de position qui favorise leur actionnariat, la soumission collective au tronc commun du web devenu source de référence (la répétition empêchant la création…) et qui finira par s’imposera aux neurones, l’abondance des films et jeux abrutissants le plus grand nombre, la nature conflictuelle des rapports humains et des collectifs qui n’existent qu’en s’opposant les uns aux autres…etc… etc… Face à l’effondrement de notre civilisation industrielle s’annonce celle de l’effondrement des esprits, de notre capacité à comprendre, à voir, à observer, à saisir la vérité simple de la réalité.
Très intéressant, lucide, inquiétant mais nécessaire dans la réflexion actuelle comme certainement au temps des Incas aussi.
Je suis tombé par hasard sur cet article, un peu à charge, en tout cas qui essaie de dérouler une critique sur cet ouvrage de l’ »effondrement ». Tu as fait l’effort d’etayer ton propos, mais je n’ai pas vraiment compris où tu voulais en venir, comme si tu avais vu un positionnement moral, ou politique, derrière l’ouvrage de servigne et stevens, alors qu’il m’a semblé y voir une tentative de se fonder uniquement sur les faits. Je trouve cet ouvrage maladroit par endroit, mais c’est une tentative de synthèse. Il faut aussi peut être aller jeter un coup d’oeil auprès de Emilie Hache. Quoiqu’il en soit, j’aime bien comment ces travaux de Servigne ouvrent des champs de réflexion, qui doivent être additifs, et non pas être considérés comme faisant l’impasse sur les considérations peut être plus politiques de ce blog.
Point de vue intéressant, mais le ton acerbe à l’endroit des auteurs et cette critique ciblée me laisse un peu sans voix. Nul n’étant parfait, je ne vois pas trop pourquoi les auteurs de cet ouvrage méritent une si violente critique. Certes, j’avais moi même noté l’absence de la critique social dans le discours, mais pour ce qui est de la vision catastrophiste, je ne suis pas tout à fait d’accord. Pour être précis, car je n’ai pas lu le livre de 2015 mais écouté des conférences plus récentes, et je n’ai jamais entendu Servigne qualifier l’effondrement de catastrophe.Peut être est ce vous qui lui aurez soufflé l’idée d’introduire une notion moins catastrophique et si c’est le cas je vous en salue. Etant donné le bon caractère que ce jeune homme semble avoir je ne pense pas qu’il ait un quelconque orgueil et que toute idée lui semblant bonne et juste sera ajouté à sa pédagogie. CAr c’est bien cela dont il s’agit, il est bon pédagogue et c’est pour cette raison peut être qu’on lui reproche un côté simpliste. Son but étant à mon avis de convaincre pour générer de l’action je ne vois pas trop le souci avec ça. C’est pour cette même raison d’ailleurs qu’il peut paraître avoir une approche anthropocentré dans la mesure où c’est bien à cet endroit de la menace sur l’humain qu’il espère consciemment ou non réveiller les foules. On pourrait en effet espérer que l’humain n’ait nul besoin de la peur pour agir, mais on ne peut pas reprocher à Servigne de se placer d’un point de vue humain, ne serait parce qu’il en est un. Mais vous faites bien de préciser un peu la nécessité de décentrer. Quant au fait de ne pas apporter de solution, je trouve ça assez facile dans la mesure où il n’est redevable de rien en la matière et que vous même n’en proposez rien de plus. Et d’ailleurs, il a publié un ouvrage sur la coopération. Si cela ne vous semble pas un début de solution, je pense que vous avez peut être lu de travers. A moins que vous ne cherchiez des faiblesses, quitte à en inventer pour nourrir votre besoin à mon avis trop farouche de critiquer ces auteurs au vif succès. Vous visez parfois juste et avez un bon niveau de pénétration comme on dit, mais l’humeur est nauséabonde…Prenez soin de vous !
Cet article est assez typique d’une certaine forme de pensée. « je suis pur, les collapsologues ne le sont pas. Je préfère rester avec mes certitudes partagées par 100 personnes pures comme moi qu’essayer de faire comprendre l’urgence au plus grand nombre. »
Une chose qu’on retient du livre c’est le besoin de solidarité, d’empathie globale (même pour les infâmes tenants de la culture dominante)… C’est mal barré avec ce type d’attaques méprisantes. Ca m’attriste probablement encore plus que les discours dominants des tenants de la croissance.
Un petit texte que j’ai récemment commis…
Du 1 au 8 décembre s’est déroulé à l’Equitable Café de Marseille un événement sur le thème Effondrement.
Il s’agit donc de considérer que l’effondrement de nos sociétés existe et qu’il faut composer avec. Il faut aussi apprendre, entre autre à déconstruire nos représentations issues d’une société d’abondance. « Tina ! » comme disait Thatcher en son temps…
J’ai assisté aux conférences d’Anthony Brault sur la fin d’une société d’abondance du pétrole et de Vincent Mignerot qui, en matière de déconstruction vaut son pesant d’or. Malgré quelques verrous psychiques, je peux entendre leur discours et surtout me poser et poser des questions sur la tournure que les événements prendront pour les personnes les plus vulnérables, les plus isolées, les plus dépendantes etc.
En revanche…
J’ai assisté hier soir à une conférence sur l’écopsychologie.
Je pense qu’il est intéressant de se pencher sur le sujet et de le désamorcer car il y a une espèce d’entrisme mystique qui vient polluer un sujet (l’effondrement) tout ce qu’il y a de plus sérieux et qui conditionne tout ce que nous vivons en ce moment.
La conférence était menée par une ecopsychologue et ecothérapeute en cabinet qui reconnecte ses patients au vivant. Dois-je, à ce stade, décrire l’énervement qui m’étreint à devoir vous expliquer la suite ? Un petit coup d’oeil sur sa fiche Linkedin a été éloquent : où sont ses putains de 4 ou 5 années d’études (niveau master) pour qu’elle puisse se prétendre sérieusement exercer en tant que psychologue en cabinet !!!
D’entrée de jeu, les conditions de son intervention ont été posées. Il s’agit de partir de l’affirmation suivante : « A force d’hypertrophie du mental, d’urbanisation, d’accélération du temps, de soumission aux lois du marché et de connexion technologique, l’être humain est devenu « hors sol », coupé du Vivant et livré à ses pulsions destructrices. »
On allait donc voir ce qu’on allait voir ! :
⁃ On allait tordre le cou à Descartes, le grand prêtre de la Raison (bizarre comme ce discours me fait penser à celui des nostalgiques de l’Ancien Régime).
⁃ On allait plonger dans nos émotions — et là habilement, elle se protège en utilisant l’argument scientifique : « Nous-avons-des-réseaux-neuronaux-situés-au-niveau-du-coeur-et-des-intestiiiiins » (vous la sentez ma petite intonation à la Chantal Goya?).
Bref en laissant tout argument rationnel de coté on pose un cadre qui empêche toute argument basé sur une pensée critique.
Sa présentation a donc duré 1h30 dont 30 min de vidéos. Avec pour figure centrale, celle de Pablo Servigne baptisé ce soir là de « Che Guevarra de la collapsologie ».
Eh ben celle là, il faut se l’avaler !!! Et pourquoi pas Jésus tant qu’on y est ? (celà viendra peut-être tôt ou tard).
Finalement le déroulé était assez simple : on part des émotions, on saupoudre ça de psychologie (pardon d’écopsychologie) et on termine par une vidéo de Joanna Macy la grande prêtresse, dont Servigne s’inspire, qui va te reconnecter au vivant à coup de rituels.
Mais attention ! Le clou du spectacle, car finalement c’en était un (Big up Debord) c’est que nous avons pu avoir en visio-conférence : « WAOUUH !!! Pablo Serviiiigne !!! »
Alors là, ça été le grand débalage :
⁃ Témoignage par Pablo Servigne de stages de reliance avec les non-humains où tu ressens la puissance des émotions, saupoudré de psychanalyse jungienne et de GaÏa…
⁃ Illustration de cette puissance en citant son pote Gauthier Chapelle qui est venu taper du poing sur la table en plein CA de Greenpeace car il était porté par le peuple des dauphins (il eût été plus adéquat qu’il tapât de la nageoire- huhuhu-bon je sais elle est facile celle là !)
⁃ Mais surtout témoignages en public d’adeptes de groupe de femmes façon Starhawk dont une scientifique (ça pique hein…)
Pas une seule voix discordante (je n’ai pas ouvert la bouche moi non plus). A la fin nous avons eu la révélation ultime : notre intervenante était une sorcière !!!! Nous avons eu droit à un petit rituel pour pouvoir nous débarrasser des souffrances de la Terre en trempant la main dans un bol d’eau. Et proposition de remplir une mailing list pour le prochain stage (payant ? pas payant?)
J’ai essayé, une fois la conf’ terminée, d’avoir une discussion critique avec l’intervenante. Mais j’avoue ne pas avoir été très bon sur le coup car toute révolte sur le coup était éteinte. C’est qu’elle s’y était bien pris la bougresse !!! Elle avait sorti son extincteur conceptuel qui consistait à éteindre tout brasier de la colère.
Ah oui, je tiens à préciser pour que les choses soient claires. Mon texte ne vise pas la conférencière mais bel et bien la responsabilité et l’éthique de Pablo Servigne qui, j’en ai la certitude maintenant, se comporte comme le fondateur d’une nouvelle secte : la collapsologie avec son arsenal idéologique la collapsosophie…
Car, pas une seule fois la question des luttes sociales n’a été abordée, pas une seule fois la question du devenir des personnes les plus vulnérables n’a été évoquée dans la perspective de l’effondrement.
Le discours lénifiant le plus total (Ruffin tu t’es fait avoir)
https://www.youtube.com/watch?v=6J1Lzs-iYAI
A bon entendeur…
prof d’eco., j’ai toujours entendu chez moi que le capitalisme n’est pas parfait mais c’est le seul système qui marche… En bon produit de l’école républicaine, je vivais dans l’idée que la civilisation occidentale avait amené des progrès considérables (par la médecine, part exemple) malgré ce qu’elle pouvait infliger à la planète, problèmes auxquelles une solution technique ne manquerait pas d’être trouvée… Et vous savez bien qu’il existe BEAUCOUP de personnes comme moi.
C’est la lecture de ce livre qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur une impasse que je ne voyais pas. Ce livre a été pour moi une vraie claque et m’a amené à un travail de deuil douloureux de cette civilisation destructive qui m’avait façonnée. C’est ce livre aussi qui m’a mené à remettre en question mon mode de vie, mon propre métier, la scolarisation de mes enfants, ma façon de consommer, etc. C’est par lui aussi que j’ai découvert la pensée anarchiste et que je lis aujourd’hui régulièrement vos articles.
Pensez aux personnes comme moi, qui ont besoin, tout égoïstement, que leur propre vie soir menacée pour ouvrir les yeux. Faites confiance en ces personnes, elles sauront petit à petit faire leur chemin et considérer, comme moi aujourd’hui, que c’est bien la civilisation occidentale qui est la catastrophe et non sa disparition.
Je remercie donc infiniment les auteurs de ce livre pour leur travail de vulgarisation auprès du grand public. Je me réjouis de savoir qu’ils passent à la télé. Vraiment.
Sur le fond (le manque d’engagement politique, l’anthropocentrisme, etc), vous avez raison mais pensez au niveau d’abrutissement atteint dans notre pays. Si vous étiez venu me trouver avec vos idées anarchistes il y a de ça quelques années, je ne vous aurais jamais écouté. Je serais partie en courant.
La prise de conscience que ce livre amène est salutaire pour le crétin commun.
Je pense comme Pep que ma prise de conscience n’aurait jamais pu se faire sans le livre de Pablo. Je le remercie ainsi que Nicolas Casault qui continue ma conscience politique. Anne
Il manque le début de mon message :
« Avant de lire le livre de Pablo Servigne, je vivais dans ma petite bulle confortable d’occidentale privilégiée, avec le sentiment d’être du bon côté de la barrière et avec un léger sentiment de culpabilité en pensant que certains de l’autre côté de la barrière pouvaient souffrir à cause de mon mode de vie, sentiment qui ne m’empêchait pas du tout de dormir… Ma mère était prof d’eco, etc »
C’est très instructif de se confronter avec votre argumentation, M. Casaux. Ce qui me semble pourtant contradictoire c’est votre reproche à la civilisation industrielle d’être profondément et fondamentalement narcissique (reproche que je partage) et de ne s’occuper que des réflexions des auteurs français et états-uniens dans votre exposé. Nous sommes pourtant les frères et soeurs des habitants de la planète entière. Que disent les Chinois, les Japonais, les Sud-Américains, Les Africains, les Australiens, les Indiens etc sur le changement climatique, sur les conséquences de notre déconnection avec la nature?N ‘en ont-ils pas connaissance ? Sont-ils sans opinion ? N’ont-ils rien d’inspirant à nous dire ?
Bonjour,
Comme le dit Pablo Servigné , l’approche multidisciplinaire ou pluridisciplinaire de l’effondrement est enrichissante pour le débat.
Je vous propose une approche religieuse :
Le catholicisme en Occident a commencé à s’effondrer depuis Les Lumières et la Révolution ( du moins chez les élites , la bourgeoisie intellectuelle , mais nous observons notamment après mai 1968 et les dernières décennies de faible croissance et de crises économiques , une accélération de cet effondrement du catholicisme dans toutes les couches sociales . Nos églises se vident de plus en plus et ne sont fréquentées majoritairement que par des têtes grises. Beaucoup de jeunes des dernières générations , indépendamment de toute croyance, n’ont plus aucune connaissance de l’histoire religieuse et de son sens . Le catholicisme ( et le protestantisme après le 16éme siècle ) a été un ciment de nos sociétés occidentales et en France depuis le moyen âge . Autrement dit , il a été un facteur primordial de cohésion sociale .Les récents scandales sexuels , du moins leur révélation , sont à mon sens un signe supplémentaire de cet effondrement . C’est contrebalancé par la montée d’autres religions , l’islam plus radical au niveau mondial ou l’évangélisme ou le fondamentalisme hindouiste en Inde , mais cette montée est très limitée chez les personnes d’origine occidentale .En Europe les églises évangélistes se multiplient surtout chez les personnes d’origine africaine, économiquement modestes . Il est curieux d’observer que cette accélération de l’effondrement du catholicisme depuis la fin des « trente glorieuses » est concomitante avec la prise de conscience chez une minorité de chercheurs et de citoyens des conclusions du rapport Meadows sur le mythe de la croissance . Selon moi il y a un lien psychologique , la croissance a été et reste une croyance , une religion chez nos politiques et le monde de la finance et de l’économie qui ont su faire partager cette croyance par la classe moyenne occidentale qui en a profité par l’amélioration de son niveau de vie. C’est cette classe moyenne majoritaire qui a élu tous nos présidents de droite comme de gauche depuis la deuxième guerre mondiale .
La montée du fondamentalisme musulman dans les pays arabes et ailleurs en Afrique et en Asie depuis les années 70 , en Somalie , Irak , Syrie , Yémen , les guerres religieuses chiites contre sunnites au Liban , en Irak , au Yémen , les rivalités tribales au Tchad , Mali , Lybie , les soulèvements religieux et ou populaires aux Philippines , en Égypte ( les frères musulmans ) , au Nigéria et les pays limitrophes ( Boko Haram ) , en Tunisie , en Algérie ( le front islamique) en Lybie , la création de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie , l’arrivée au pouvoir de leaders religieux radicaux en Iran , en Turquie , et l’exportation de ce radicalisme en Occident à travers l’immigration et les nombreux attentats islamistes , sont en partie la conséquence de la détérioration économique de ces pays . Seuls des pays musulmans riches en pétrole ne s’effondrent pas encore : Arabie , Émirats , Qatar , Koweït .Le Koweït n’a été sauvé que par les riches pays occidentaux . L’Irak a été sauvé de l’E.I. que grâce à l’appui occidental . L’Algérie en difficultés face à la montée de l’islamisme n’a survécu que grâce à ses ressources pétrolières et gazières. L’Egypte dans la même situation n’a surmonté sa révolution que grâce à l’armée et aux subsides des riches pays sunnites . Le Maroc surnage essentiellement grâce aux phosphates et son agriculture. On voit que le religieux , l’économie et le politique sont extrêmement liés. Ce n’est pas original , Georges Dumezil l’avait déjà décrit dans ses exposés des trois fonctions caractérisant les sociétés.
Si on simplifie à l’extrême, croissance égale déchristianisation ou effondrement du religieux ( c’est le cas de la Chine dont la croissance s’est accompagné de la quasi disparition du religieux remplacée par le culte de la personnalité de Mao à Xi Ji Ping ) et récession égale montée du religieux. Autre illustration de cet état , la montée de l’évangélisme en Afrique et en Amériques centrale et latine dans des pays s’appauvrissant et dans une moindre mesure dans les milieux pauvres en Occident .
D’autres dimensions , sociales , géopolitiques, juridiques , numériques de l’effondrement sont aussi passionnantes et sont liées .
A vous lire impatiemment, l’urgence est la !
A bientôt
Bonjour ,
La dimension juridique de l’effondrement est aussi intéressante . La multiplication des textes légaux ( le code civil a doublé de volume par exemple ces trente dernières années, le Journal Officiel témoigne de cette inflation par son épaississement continu ) , chaque problème social donne lieu à une nouvelle loi ou à un nouveau décret , la détérioration de la qualité des textes , la multiplication des normes et les vaines tentatives de simplification , leur complexité ( le Code Napoléon de 1804 , début de » l’ére thermo industrielle » , était d’une simplicité lumineuse ) (Voir J. Tainter : l’effondrement est lié à la complexité des sociétés requérant plus d’énergie pour résoudre leurs problèmes ) , la lenteur de plus en plus grande de la justice , la judiciarisation des relations humaines ( maladie née aux USA ) : tout le monde porte plainte pour n’importe quoi ( les parents contre les professeurs , etc…) , la multiplication des recours contre les autorisations administratives, la difficulté de plus en plus grande des pauvres d’accéder à la justice , l’incitation des autorités devant l’engorgement de la justice à recourir à la justice privée ( la médiation est une étape obligatoire) et à l’arbitrage source de scandales ( affaire Tapie / Crédit Lyonnais ) . La crise des prisons , surpopulation carcérale , problèmes récurrents de sécurité , radicalisation favorisée par l’emprisonnement . La aussi l’effondrement de la justice est en marche : outre la lenteur grandissante , les jugements ou arrêts sont de plus mal argumentés , des tribunaux sont supprimés ( nouvelle carte judiciaire de Rachida Dati ). Les Tribunaux d’instance ont été récemment supprimés, les juges sont débordés , la smicardisation des avocats , les avocats priés d’amener du papier pour alimenter les photocopieuses des palais de justice , etc…
A bientôt et heureux de lire tout futur commentaire .
Louis Hugo
La dimensionnumérique de l’effondrement maintenant :
La dimension numérique est aussi pertinente . Selon certains « scientifiques » , le numérique va sauver l’homme , « l’augmenter » , corriger tous ses défauts ( c’est déjà le cas pour toutes les fautes d’orthographes que je commets en dactylographiant ces lignes ) . Mais beaucoup de jeunes de la génération née avec le numérique lorsqu’ils sont privés d’ordinateurs ou de smartphones ne connaissent plus l’orthographe : les copies des lycéens sont truffés de plus en plus de fautes si bien que l’homme est diminué plutôt qu’augmenté ! Le transhumanisme , la robotisation , les voitures autonomes sont des aspects du numérique , mais les thuriféraires du numérique oublient ou négligent tous les défauts croissants de cette technique : piratages ‚vol, collecte ou plutôt captation et commercialisation de données personnelles , chantages ou menaces de diffusion d’informations privées ou de photos intimes , escroqueries comportant des virements bancaires sur des comptes offshore, création de monnaies numériques telles que le bitcoin hors de contrôle étatique ou d’organismes régulateurs (banques centrales ) et servant au blanchiments , trafics et autres fraudes , ubérisation , contribution de Airbnb à la crise du logement à Paris ou dans les grandes villes , captation de l’attention humaine par les écrans , addiction aux jeux vidéo , dix pour cent des accidents corporels de piétons sont dus à l’usage du portable , baisse de la durée moyenne de sommeil et troubles en résultant, défaillance des serveurs des banques en ligne ( BNP début mars 2019 ) domination des GAFA pratiquant « l’optimisation » fiscale, monopole ( 95 % ) de Google sur les recherches en ligne , pénétrations en continu de Google ou d’Apple ou d’autres acteurs du numérique dans divers dimensions de nos comportements et de nos vies : la santé ou la médecine ( vision , diagnostic automatisé , nombre de mètres parcourus quotidiennement , notre rythme respiratoire nocturne , notre rythme cardiaque , l’éducation en ligne , la géographie ( cartographie), la téléphonie , les voitures autonomes, les objets connectés , etc…) le numérique devient incitateur , voire prescripteur (par exemple le GPS ) à orienter nos parcours ( des applications sont fortement critiquées pour entrainer des nuisances sonores liées à un traffic nouveau sur des petites routes censées éviter des bouchons ) ainsi certains enfants de l’ère numérique n’ont plus le sens de l’orientation . Citons encore la développement de la pornographie et de la pédopornographie en ligne ‚le harcèlement sexuel en ligne , la fracture numérique , la diffusion de fausses nouvelles « fakes news » ( avant ce n’était que le 1 avril ! ) les manipulations politiques ( Cambridge Analytica pour les élections américaines de 2016 ) ‚les défaillances des pilotages automatiques ( crash des Boeings 737 Max Lion Air et Ethiopian Airlines ) , le début de contrôle social orwellien en Chine , contrôle de l’internet dans les dictatures ( Iran , Turquie , Chine, etc…) le mythe des start-up employant du personnel à des conditions de travail précaires entassé dans des grandes salles impersonnelles chacun derrière son ordinateur avec une pression managériale énorme . La voiture autonome n’est pas prête et suppose des investissements majeurs . Et je mets de côté l’analyse d’Etienne Klein du CEA sur la dégradation de la productivité que le numérique engendre . Le numérique comme le montre Eric Sadin ( Voir son interview sur le site de Sciences et Religions » L’asservissement par l’intelligence artificielle » ) n’est que l’instrument d’une vision et d’une organisation utilitariste du monde et de la vie . Et ce qui est terrifiant est la soumission du monde politique , Macron , Villani et autre Mounir Mahdjoubi à cette « idéologie »
Et pour prendre de la hauteur , une dimension géopolitique :
. Plusieurs pays sont en état d’effondrement à raison principalement de guerres ( Yemen , Somalie , Syrie , Lybie , Tchad , Irak , Nicaragua , Afghanistan, Palestine ) de catastrophes climatiques ou environnementales ( Mozambique , Népal , Haïti ) de crise politiques ( Venezuela ) . Après les pays « en voie de développement » des années 70 du siècle dernier , nous voyons apparaitre des pays « en voie d’effondrement ». Il est intéressant d’observer comme le faisait Les Echos récemment que la richesse en pétrole n’empêche pas ou est la cause d’ effondrements étatiques ( Irak , Lybie , Venezuela ) . A chaque fois les Etats Unis , drogués au charbon et au pétrole , leader ( concurrencé par la Chine ) du monde thermo industriel , du numérique avec les GAFA , grands responsables du réchauffement climatique, premier pollueur et premier producteur de déchets , sont intervenus ou ne sont pas loin . L’abandon du multilatéralisme ( dont l’Accord de Paris sur le climat ) par les Etats Unis et les replis nationalistes en sont aussi des signes . Notons la aussi que l’état des relations avec les sociétés amies sont un autre des cinq critères retenus par J. Diamond pour expliquer les effondrements de sociétés . D. Trump , par sa politique d’AMERICA FIRST, affaiblit les relations avec les alliés des États Unis en critiquant l’UE ( non exempte de défauts bien sur ) , en encourageant le BREXIT . , en affaiblissant la coopération internationale en arrêtant le financement de l’Unesco et de l’UNRWA , en résiliant l’accord de Paris sur le climat , en poursuivant de façon obsessive sa volonté de construire un mur avec le Mexique alors que l’histoire nous démontre que tous les murs finissent par tomber ( des murailles de Jéricho ‚aux enceintes et fortifications des châteaux et des villes , les murs d’Antonin et Hadrien , la muraille de Chine , la ligne Maginot , le mur de l’Atlantique pendant la deuxième guerre mondiale , la ligne Siefried ‚la barriére entre le Vietnam du Nord et le Vietnam du Sud le mur de Berlin , etc…) . Le repli sur soi n’est qu’égoisme et est suicidaire ..
l’article me fait penser à tout ces vegans qui ont choisi pour ennemi principal à leur cause les végétariens.
Je ne vois pas trop en quoi la démarche de Servigne et autres collapso pose un problème à votre réflexion si cela permet de sensibiliser le maximum de gens à l’abération du système capitaliste et themo-industriel.
Le problème de cette nouvelle « science » c’est que ça pousse les gens dans une fatalité qui n’est pas propre à tous les habitants sur la Terre, sans parler des autres espèces vivantes.
Ça pose pas un problème à la réflexion mais ça s’oppose à la réflexion, on réfléchit sur une cause perdue, personnellement je ne trouve pas ça très stimulant mais bon je respecte le fait que certaines personnes puissent trouver cela intéressant.
Et pour finir sensibiliser quelqu’un ça se fait en montrant de l’espoir pas en montrant des causes perdues.
Un peu simpliste d’opposer les méchants occidentaux et le reste de la planète, comme si il n’y avait pas eu, en même temps que la domestication de la nature, au sein même des pays soi-disant riches qui ont imposés leur modèle inique sur l’ensemble de la planète, une mise au pas des peuples par le combat contre leurs traditions jugées archaïques par tous les pouvoirs, et ceci par la destruction progressive des formes de vie autonomes ne passant pas par le prisme de l’argent, destruction progressive d’un rapport direct avec le vivant permettant d’envisager une vie non encore entièrement assujettie à l’Etat et à la complète administration des personnes, bref de tout ce qui fait l’actualité permanente d’une société hiérarchique divisée en classes (et ce jusqu’à la nourriture comme l’observait Charbonneau), de ce point de vue la connexion rendue obligatoire par l’argent a encore de beaux jours devant elle, étant donné que la raréfaction des ressources non encore polluées est une magnifique aubaine pour les ultra-riches pour continuer à faire cracher aux bassinets ceux dont on aura privé l’accès direct aux ressources, apparemment c’est déjà ce qui se passe dans certaines parties du monde.
Oui, je suis d’accord.