La principale association médicale trans a collaboré avec des fétichistes de la castration et de la maltraitance infantile (par Genevieve Gluck)

Le texte sui­vant est une tra­duc­tion de deux articles de Gene­vieve Gluck parus sur le site d’in­ves­ti­ga­tion fémi­niste Reduxx, les 17 et 21 mai 2022.


La World Pro­fes­sio­nal Asso­cia­tion for Trans­gen­der Health (WPATH) — en fran­çais l’« Asso­cia­tion pro­fes­sion­nelle mon­diale pour la san­té des per­sonnes trans­genres » — qui four­nit entre autres choses des direc­tives pour la « tran­si­tion » médi­cale des enfants, a col­la­bo­ré avec les membres d’un forum féti­chiste héber­geant et pro­dui­sant de la pédo­por­no­gra­phie fic­tion­nelle ain­si que du maté­riel sado­ma­so­chiste extrême.

Le 3 décembre 2021, la WPATH a publié un pro­jet de direc­tives qui incluait, pour la pre­mière fois, la caté­go­rie « eunuque » en tant qu’« iden­ti­té de genre » pro­té­gée. La 8e édi­tion des stan­dards de soins (Stan­dards of Care, SOC) de la WPATH, qui recom­mande divers trai­te­ments et ser­vices médi­caux à des­ti­na­tion des per­sonnes ayant une « iden­ti­té de genre » auto­pro­cla­mée, décrit la rela­tion entre « les per­sonnes iden­ti­fiées comme eunuques et les autres per­sonnes transgenres ».

Le docu­ment indique que « les per­sonnes iden­ti­fiées comme eunuques peuvent par­ta­ger avec d’autres per­sonnes de genre divers un désir de réduc­tion ou d’é­li­mi­na­tion des carac­té­ris­tiques phy­siques mas­cu­lines, des organes géni­taux mas­cu­lins ou du fonc­tion­ne­ment génital ».

Le docu­ment affirme éga­le­ment que « les per­sonnes s’i­den­ti­fiant comme eunuques peuvent souf­frir du même stress de mino­ri­té que d’autres groupes stig­ma­ti­sés » et fait exten­si­ve­ment réfé­rence à des recherches effec­tuées sur un site féti­chiste hard­core appe­lé The Eunuch Archives [« Les archives de l’eunuque »] — un site qui héberge des fan­tasmes d’ex­ploi­ta­tion sexuelle d’en­fants cen­trés sur l’interruption de la puber­té des petits garçons.

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Le site The Eunuch Archives a vu le jour à la fin des années 1990 en col­la­bo­ra­tion avec le site Body Modi­fi­ca­tion Ezine (BME), et était ini­tia­le­ment héber­gé sur le même site. BME a acquis une cer­taine noto­rié­té au début des années 2000 grâce à une vidéo virale inti­tu­lée « Pain Olym­pics », dans laquelle des hommes muti­laient leurs organes géni­taux devant une caméra.

Avant le lan­ce­ment offi­ciel du site The Eunuch Archives lui-même, ses membres se réunis­saient sur un forum Use­net du même nom, qui était pro­mu dans un groupe de dis­cus­sion consa­cré au sado­ma­so­chisme : alt.sex.bondage, un groupe de dis­cus­sion cré­di­té pour l’in­ven­tion de l’a­cro­nyme BDSM (qui signi­fie « bon­dage, dis­ci­pline, domi­na­tion, sou­mis­sion, sado-maso­chisme ») en 1991.

Dans le groupe de dis­cus­sion alt.eunuchs.questions, les membres par­ta­geaient des fan­tasmes de cas­tra­tion, pro­po­saient des ser­vices, échan­geaient des pho­tos et des vidéos de cas­tra­tion, cher­chaient à entrer en contact avec de jeunes hommes à « fémi­ni­ser », deman­daient des conseils sur la cas­tra­tion chi­mique et recom­man­daient des méde­cins dis­po­sés à pra­ti­quer des opé­ra­tions chi­rur­gi­cales sans éva­lua­tion psychiatrique.

Un docu­ment de FAQ [Ques­tions fré­quem­ment posées ou « Foire aux ques­tions »] publié peu après la créa­tion du site recom­man­dait plu­sieurs autres forums de por­no­gra­phie, de tor­ture et de bon­dage où les uti­li­sa­teurs pou­vaient par­ta­ger des images et deman­der des « cou­peurs » (cut­ters, soit des scarificateurs).

Les forums Use­net ont notoi­re­ment été la cible des pre­mières enquêtes du FBI sur les réseaux pédo­philes basés sur Inter­net, parce qu’ils consti­tuaient un espace d’or­ga­ni­sa­tion et d’é­change de maté­riel d’a­bus sexuel d’en­fants, y com­pris de por­no­gra­phie écrite.

Une fois que le site The Eunuch Archives fut créé, de nom­breux membres influents y migrèrent.

L’un des par­ti­ci­pants les plus en vue du site The Eunuch Archives est un admi­nis­tra­teur qui uti­lise le pseu­do­nyme « Jésus ».

Jésus pré­tend avoir par­ti­ci­pé à l’é­di­tion de la ver­sion la plus récente du Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (DSM‑5), publiée par l’A­me­ri­can Psy­chia­tric Asso­cia­tion (APA), ain­si qu’à la der­nière ver­sion des stan­dards de soins (Stan­dards of Care) de la WPATH.

En 2010, le pseu­do­nyme « Jesus » a publié sur le forum un mes­sage expli­quant com­ment les diri­geants de la WPATH en étaient venus à per­ce­voir le terme « trouble de l’i­den­ti­té de genre » comme désuet, affir­mant qu’il avait par­ti­ci­pé à une réunion en 2009 à Oslo, où il y avait eu un consen­sus pour pro­mou­voir l’expression « dys­pho­rie de genre » (gen­der dys­pho­ria) dans l’é­di­tion sui­vante des stan­dards de soins.

« Le brouillon de la pro­chaine édi­tion du Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (le DSM‑5) parle “d’incongruence de genre”, ce qui me semble bien mieux », écri­vit-il, « le corps et l’es­prit sont désyn­chro­ni­sés, sans que cela ne sug­gère la moindre mala­die mentale ! »

En 2016, « Jésus » affir­ma avoir été spé­ci­fi­que­ment choi­si pour réécrire une par­tie des stan­dards de soins par l’an­cien pré­sident de la WPATH, Eli Cole­man, qui « m’a poin­té du doigt et a annon­cé qu’on atten­dait de moi une contri­bu­tion sur les eunuques pour la révi­sion. Nous avons main­te­nant l’oc­ca­sion d’ai­der à conce­voir les stan­dards de soins qui seront les plus utiles. »

En 2018, « Jesus » annon­ça les révi­sions à venir des direc­tives et invi­ta les membres de la com­mu­nau­té à collaborer.

En réac­tion au pro­jet de stan­dards de soins publié par la WPATH en décembre de l’an­née der­nière, un membre du site a expri­mé être « abso­lu­ment ravi » et décla­ré qu’il « sacri­fie­rait volon­tiers des mil­lions de per­sonnes » si cela pou­vait per­mettre d’assurer « un ave­nir dans lequel les méde­cins devront obéir et n’auront pas le droit d’exi­ger des rai­sons ou de refu­ser des opé­ra­tions et des médicaments ».

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Dans le pro­jet de stan­dards de soins de la WPATH, les « archives de fic­tion » du site The Eunuch Archives sont expli­ci­te­ment men­tion­nées. Mais le docu­ment ne men­tionne pas les nom­breuses his­toires conte­nues dans ces archives qui impliquent direc­te­ment des abus sexuels sadiques sur des enfants.

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Ces his­toires portent prin­ci­pa­le­ment sur l’é­ro­ti­sa­tion de la cas­tra­tion des enfants. Dans cer­tains cas, les petits gar­çons demandent eux-mêmes à subir ces pro­cé­dures de cas­tra­tion et expriment leur gra­ti­tude envers les adultes qui la pra­tiquent. Dans d’autres, les enfants peuvent être cas­trés de force sous une contrainte extrême. Cer­tains récits contiennent de vio­lentes des­crip­tions sexua­li­sées d’en­fants souf­frant d’un retard de puber­té et vio­lés par des méde­cins, avec des détails écœurants.

Au cours de notre enquête pour Reduxx, en rem­plis­sant une demande d’adhé­sion, nous avons pu entrer dans une zone du site The Eunuch Archives pro­té­gée par un mot de passe.

Les nou­veaux membres qui demandent leur ins­crip­tion se voient pré­sen­ter une série de cases à cocher en fonc­tion de leur inté­rêt à rejoindre le forum. Par­mi les options, on trouve « trans­genre, nul­li­fi­ca­tion, cas­tra­tion for­cée et supériorité/dominance fémi­nine » — un genre BDSM com­mu­né­ment appe­lé « femdom ».

Les archives de fic­tion pro­té­gées conte­naient plus de 3 000 his­toires met­tant en scène des mineurs et des abus sexuels expli­cites com­mis sur des enfants. Il est à noter que le terme « mineur » était un tag spé­cia­le­ment sélec­tion­né par les uti­li­sa­teurs afin d’accéder faci­le­ment aux his­toires impli­quant spé­ci­fi­que­ment des enfants. Par ailleurs, dans ces fic­tions por­no­gra­phiques pro­té­gées, des thèmes reve­naient com­mu­né­ment tels que la cas­tra­tion d’en­fants par des méde­cins nazis, le nour­ris­sage de bébés gar­çons avec du lait conte­nant des œstro­gènes en vue de les sou­mettre à un violent tra­fic sexuel à l’a­do­les­cence, ain­si que des fan­tasmes pédo­philes impli­quant des enfants qui avaient été cas­trés pour que leur puber­té s’arrête et qu’ils demeurent dans un état infantile.

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Un autre contri­bu­teur de longue date du site est en lien avec la WPATH : le Dr Kris­ter Hil­dahl Willette, qui, selon son pro­fil Face­book, a étu­dié les sciences médi­cales à l’U­ni­ver­si­té d’É­tat de l’O­hio. Willette uti­lise le sur­nom de « Kris­toff » sur le forum, ain­si qu’un ava­tar d’une nonne avec une tron­çon­neuse rose en train d’exhiber ses sous-vête­ments, avec une pho­to de son visage en surimpression.

En juin 2009, Willette fut invi­té par la WPATH à par­ler du « déve­lop­pe­ment de stan­dards de soins pour les per­sonnes souf­frant d’un trouble de l’i­den­ti­té de genre de type homme-vers-eunuque » lors d’une confé­rence à Oslo. En mai 2010, le conte­nu de la confé­rence d’Os­lo de Willette fut publié sous forme de rap­port dans The Inter­na­tio­nal Jour­nal of Trans­gen­de­rism, une revue uni­ver­si­taire édi­tée par la WPATH. Willette, le co-auteur du rap­port, cite des enquêtes menées avec la par­ti­ci­pa­tion de membres du site The Eunuch Archives.

« Un grand nombre d’hommes atteints de dys­pho­rie de genre et dési­rant être émas­cu­lés ne cor­res­pondent pas au sché­ma clas­sique du trans­sexua­lisme MtF [MtF est un sigle signi­fiant Male-to-Female, soit homme vers femme] », peut-on lire dans le résu­mé. « Ils détestent leur mas­cu­li­ni­té, mais ne s’i­den­ti­fient pas à une femme et ne sou­haitent pas en être une. Au lieu de cela, ils aspirent à la cas­tra­tion afin de deve­nir quelque chose qui se situe en dehors de la bina­ri­té des sexes. »

Deux embar­ras­santes vidéos de Willette ont été pos­tées sur sa chaîne You­Tube. Dans les deux, il est vêtu d’un habit de nonne, tient un cigare et crie des obs­cé­ni­tés. Dans l’une d’elles, inti­tu­lée « Sis­ter Kris­ter on Cus­sing » (en fran­çais : « Soeur Kris­ter et les jurons »), il fait sem­blant de s’a­dres­ser à un public d’en­fants en lisant une liste de gros mots. Dans l’autre, « Sis­ter Kris­ter’s Safe Sex Mes­sage » (« Le mes­sage de Sis­ter Kris­ter sur le sexe pro­té­gé »), il bran­dit un pré­ser­va­tif tout en s’a­dres­sant aux enfants sur l’im­por­tance de la prophylaxie.

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À plu­sieurs reprises, Willette a sol­li­ci­té la contri­bu­tion finan­cière des membres du forum. D’après une publi­ca­tion de Willette en date de 2019, le site web rece­vait à l’é­poque plus de 20 mil­lions de visites par mois et fonc­tion­nait sur sept ser­veurs dif­fé­rents, une situa­tion qu’il finan­çait personnellement.

Les dons étaient accep­tés via Pay­pal et par le biais d’une « socié­té édu­ca­tive cari­ta­tive » créée par Willette. Les dona­teurs étaient priés d’en­voyer des paie­ments en espèces à une boîte pos­tale à Min­nea­po­lis enre­gis­trée sous le nom de Wyrm Wyvern.

Des docu­ments obte­nus par Reduxx révèlent que Wyrm Wyvern a été dis­soute par l’É­tat du Min­ne­so­ta pour vio­la­tion de la loi sur les socié­tés à but non lucra­tif, laquelle sti­pule que les acti­vi­tés d’une telle orga­ni­sa­tion ne doivent pas être des­ti­nées à un « gain personnel ».

Depuis près de deux décen­nies, le site The Eunuch Archives orga­nise une « réunion des membres » annuelle. L’é­vé­ne­ment a lieu à Min­nea­po­lis, dans le Min­ne­so­ta, la région de rési­dence de Willette, et est co-ani­mé par Willette et la per­sonne appe­lée « Jesus ». Min­nea­po­lis est éga­le­ment la ville où la WPATH a été basée pen­dant des années, ain­si que la ville où l’an­cien pré­sident de la WPATH, Eli Cole­man, vit et tra­vaille actuel­le­ment. Cole­man a été l’un des prin­ci­paux res­pon­sables de la super­vi­sion des der­nières mises à jour des stan­dards de soins (Stan­dards of Care) de la WPATH.

En 2008, des cher­cheurs du Cana­da et de Cali­for­nie ont col­la­bo­ré dans un pro­jet de recherche sur le thème du féti­chisme de la cas­tra­tion mas­cu­line. Leurs conclu­sions furent publiées dans un texte inti­tu­lé A Pas­sion for Cas­tra­tion : Cha­rac­te­ri­zing Men Who Are Fas­ci­na­ted with Cas­tra­tion, but Have Not Be Cas­tra­ted (« La pas­sion de la cas­tra­tion : les carac­té­ris­tiques des hommes qui sont fas­ci­nés par la cas­tra­tion, mais qui n’ont pas été castrés »).

Selon l’é­tude, la majo­ri­té (52%) des « aspi­rants » qui fan­tas­maient sur la cas­tra­tion — qu’elle soit chi­mique ou chi­rur­gi­cale — ont men­tion­né un fan­tasme sexuel comme ori­gine de leur inté­rêt pour la cas­tra­tion. Plu­sieurs per­sonnes inter­ro­gées ont écrit qu’elles avaient été exci­tées sexuel­le­ment en assis­tant à la cas­tra­tion d’un animal.

Plus de sept cents per­sonnes avaient répon­du à un son­dage par­ta­gé sur le site The Eunuch Archives, décri­vant les rai­sons de leur « ambi­tion vers le sta­tut d’eunuque ». « Pour cer­tains, la cas­tra­tion était une pre­mière étape très impor­tante dans la tran­si­tion MtF », notent les auteurs de l’é­tude. « En tant que trans­sexuels MtF, ils cher­chaient à débar­ras­ser leur corps de la tes­to­sté­rone indé­si­rable, avec ou sans sup­plé­men­ta­tion en œstro­gène pour pour­suivre leur transition. »

L’un des répon­dants a écrit qu’il sou­hai­tait « deve­nir “ça” — un gars sou­mis sans libi­do. La méta­phore de l’es­clave était plus fré­quente : “En tant qu’es­clave, cela per­met­trait de se concen­trer davan­tage sur le plai­sir du maître”. »

Mise à jour du 21 mai 2022 : Reduxx a décou­vert l’i­den­ti­té des prin­ci­paux membres du site men­tion­nés dans cet article, qui n’avaient pas pu être iden­ti­fiés aupa­ra­vant. Un article com­plé­men­taire a été publié [voir ci-après], révé­lant que « Jesus », un membre du forum The Eunuch Archives qui tra­vaille beau­coup avec la WPATH, est un pro­fes­seur émé­rite de l’U­ni­ver­si­té d’É­tat de Cali­for­nie à Chico.

***

Un pro­fes­seur émé­rite de l’U­ni­ver­si­té d’É­tat de Cali­for­nie, qui a don­né des confé­rences sur « l’é­lar­gis­se­ment de ce qu’englobe le terme trans­genre », contri­bue depuis plus de vingt ans à un forum féti­chiste sur inter­net qui héberge et pro­duit de la por­no­gra­phie lit­té­raire sado­ma­so­chiste extrême met­tant en scène des cas­tra­tions et des tor­tures d’enfants.

Tho­mas W. John­son, pro­fes­seur retrai­té de l’Université d’É­tat de Cali­for­nie à Chi­co (CSUC), est l’un des membres fon­da­teurs du site féti­chiste des modi­fi­ca­tions cor­po­relles appe­lé The Eunuch Archives, sur lequel Reduxx a enquê­té pen­dant plu­sieurs mois. Au moment de la publi­ca­tion de notre pré­cé­dent article sur le sujet, l’identité de John­son n’a­vait pas encore été confir­mée comme étant celle d’un membre dont le pseu­do­nyme était « Jesus ».

Tho­mas Johnson

Mais dans des mes­sages pos­tés sur le forum en mars et avril 2022, John­son a lais­sé échap­per son iden­ti­té et a invi­té les membres du site à par­ti­ci­per à une enquête uni­ver­si­taire sur « les expé­riences de l’en­fance, le désir de cas­tra­tion et l’his­toire sexuelle », ain­si qu’à assis­ter à une confé­rence orga­ni­sée à la CSUC via Zoom.

John­son a publié des recherches basées sur des enquêtes qu’il a per­son­nel­le­ment menées auprès d’autres membres du site The Eunuch Archives. Ses inté­rêts aca­dé­miques plaident pour l’é­lar­gis­se­ment du concept d’« iden­ti­té de genre » afin qu’il com­prenne aus­si les hommes ayant des fan­tasmes de cas­tra­tion sado­ma­so­chistes et même de cas­tra­tions pédo­philes — ces pos­si­bi­li­tés ont été incluses sous l’appellation d’identité de genre Male-to-Eunuch (homme-vers-eunuque) dans le pro­jet de stan­dards de soins (Stan­dards of Care) de l’As­so­cia­tion pro­fes­sion­nelle mon­diale de la san­té trans­genre (WPATH), un orga­nisme médi­cal inter­na­tio­nal qui éta­blit des direc­tives sur le trai­te­ment des per­sonnes trans­genres, y com­pris rela­tives à la tran­si­tion des enfants.

Comme l’a pré­cé­dem­ment rap­por­té Reduxx, le site The Eunuch Archives contient plus de 3 000 docu­ments de pédo­por­no­gra­phie fic­tion­nelle qui détaillent des viols, des tor­tures et des meurtres d’en­fants. Dans cer­tains récits, des enfants souf­frant d’un retard de puber­té sont vio­lés par des méde­cins. Dans d’autres, des enfants sont cas­trés de force dans le cadre d’un rituel de tor­ture sexuelle sadique.

Selon les recherches de John­son, la majo­ri­té des membres du site ayant par­ti­ci­pé à une enquête ont cité le fan­tasme sexuel comme prin­ci­pale rai­son de leur inté­rêt pour la cas­tra­tion. Cer­tains par­ti­ci­pants à l’en­quête ont affir­mé qu’ils étaient exci­tés sexuel­le­ment lors­qu’ils assis­taient à la cas­tra­tion d’un animal.

En outre, des membres du groupe ont uti­li­sé le forum pour deman­der des infor­ma­tions sur les méde­cins dis­po­sés à pra­ti­quer des orchi­dec­to­mies sans éva­lua­tion psy­chia­trique. On trouve éga­le­ment des annonces per­son­nelles où les par­ti­ci­pants recherchent des par­te­naires pour des actes BDSM. « Cherche modi­fi­ca­tion totale du corps… Esclave à la recherche d’un maître qui aime­rait prendre un gar­çon et le trans­for­mer en un jouet féti­chiste exo­tique », a écrit un membre du site.

En plus de John­son, Reduxx a décou­vert que deux autres membres influents du site The Eunuch Archives sont aus­si des uni­ver­si­taires de pre­mier plan.

Richard J. Was­ser­sug uti­lise depuis plus de 20 ans le pseu­do­nyme « Eunu­chu­nique » sur le forum, tan­dis que Kris­ter H. Willette, qui est actif dans la com­mu­nau­té depuis 1998, uti­lise le pseu­do­nyme « Kris­toff ». Les deux hommes, ain­si que John­son, ont pré­sen­té des recherches qu’ils ont coécrites ensemble lors d’une confé­rence orga­ni­sée par WPATH à Oslo en 2009. Was­ser­sug a été pro­fes­seur hono­raire au dépar­te­ment des sciences cel­lu­laires et phy­sio­lo­giques de l’u­ni­ver­si­té de Colom­bie-Bri­tan­nique, et a éga­le­ment été affi­lié aux uni­ver­si­tés Dal­hou­sie et La Trobe.

En mai 2010, le conte­nu de la pré­sen­ta­tion d’Os­lo a été publié dans The Inter­na­tio­nal Jour­nal of Trans­gen­de­rism, une revue uni­ver­si­taire édi­tée par la WPATH.

Was­ser­sug, Willette et John­son ont de nou­veau été invi­tés à prendre la parole lors d’une confé­rence orga­ni­sée par la WPATH en 2011 à Atlan­ta, en Géor­gie. C’est au cours de cette confé­rence qu’il a été déci­dé de sor­tir le trouble de l’i­den­ti­té de genre de la caté­go­rie des condi­tions psy­cho­lo­giques et de par­ler, à la place, de « dys­pho­rie de genre ».

John­son affirme avoir eu une influence sur la rédac­tion de la cin­quième édi­tion du Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (DSM), publié par l’A­me­ri­can Psy­chia­tric Asso­cia­tion (APA). Le DSM est consi­dé­ré comme le guide fai­sant auto­ri­té en matière de diag­nos­tic des troubles men­taux aux États-Unis comme à l’international.

« Le brouillon de la pro­chaine édi­tion du Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (le DSM‑5) parle “d’incongruence de genre”, ce qui me semble bien mieux », écri­vait John­son en 2010, « le corps et l’es­prit sont désyn­chro­ni­sés, sans que cela ne sug­gère la moindre mala­die mentale ! »

John­son ajou­ta plus tard : « J’ai été l’un de ceux à qui l’on a deman­dé de rédi­ger des prises de posi­tion pour que le comi­té les lise pen­dant qu’il pré­pa­rait son brouillon. J’ai éga­le­ment rédi­gé un long com­men­taire sur le brouillon, que le comi­té uti­li­se­ra au cours du pro­ces­sus de révision. »

Lorsque le DSM‑5 fut publié en 2013, une expres­sion dési­gnant une obses­sion patho­lo­gique et sexua­li­sée pour les muti­la­tions géni­tales avait été sup­pri­mée. Aupa­ra­vant, dans le DSM‑4, le syn­drome skop­tique [« un état dans lequel une per­sonne est obsé­dée par l’au­to­mu­ti­la­tion géni­tale, comme la cas­tra­tion, la pénec­to­mie ou la cli­to­ri­dec­to­mie, ou s’y adonne »] était réper­to­rié comme un trouble de l’i­den­ti­té de genre.

En 2016, John­son avait affir­mé avoir été spé­ci­fi­que­ment choi­si pour réécrire une par­tie des stan­dards de soins (Stan­dards of Care) par l’an­cien pré­sident de la WPATH, Eli Cole­man, qui « m’a poin­té du doigt et a annon­cé que l’on atten­dait de moi des contri­bu­tions sur les eunuques pour la révi­sion. Nous avons main­te­nant l’oc­ca­sion de par­ti­ci­per à l’é­la­bo­ra­tion des stan­dards de soins qui seront les plus utiles. »

Depuis près de deux décen­nies, le site The Eunuch Archives orga­nise une « réunion des membres » annuelle. L’é­vé­ne­ment a lieu à Min­nea­po­lis, dans le Min­ne­so­ta, la région de rési­dence de Willette, et est co-ani­mé par Willette et John­son. Min­nea­po­lis est éga­le­ment la ville où la WPATH a été basée pen­dant des années, ain­si que la ville où l’an­cien pré­sident de la WPATH, Eli Cole­man, vit et tra­vaille actuellement.

John­son et Was­ser­sug ont pré­cé­dem­ment publié des recherches uni­ver­si­taires jus­ti­fiant les fan­tasmes pédo­philes chez les féti­chistes de la cas­tra­tion. Dans un article de 2015 inti­tu­lé « Le côté sexuel des récits de cas­tra­tion » (en VO : The Sexual Side of Cas­tra­tion Nar­ra­tives), qu’ils ont co-signé aux côtés de deux autres auteurs, des docu­ments fic­tion­nels d’a­bus sexuels sur des enfants sont qua­li­fiés de « thé­ra­peu­tiques » et consi­dé­rés comme utiles pour ceux qui ont des fan­tasmes d’eunuques.

Le 13 mai 2022, une étude de John­son et Was­ser­sug inti­tu­lée « La cas­tra­tion pour le plai­sir : explo­ra­tion des idées de cas­tra­tion extrême dans la fic­tion » (en VO : Cas­tra­tion for Plea­sure : Explo­ring Extreme Cas­tra­tion Idea­tions in Fic­tion) a été publiée dans la revue Archives of Sexual Beha­vior.

« Les his­toires les plus popu­laires [du site The Eunuch Archives] asso­cient la gra­ti­fi­ca­tion sexuelle et la rela­tion roman­tique à l’a­bus géni­tal. Elles se carac­té­risent par l’ab­sence de consen­te­ment aux abla­tions géni­tales et par de mul­tiples para­phi­lies liées au [sado­ma­so­chisme] », notent John­son et Was­ser­sug. « De nom­breux récits mettent en scène l’at­trac­tion pour et l’a­bla­tion des organes géni­taux de gar­çons pubères ou adolescents. »

D’a­près un bul­le­tin d’in­for­ma­tion publié en 2007 par le dépar­te­ment d’an­thro­po­lo­gie de la CSUC, John­son a long­temps été pré­sident de la sec­tion Folk­lore pour enfants de l’A­me­ri­can Folk­lore Society.

Reduxx a contac­té le dépar­te­ment d’an­thro­po­lo­gie de la CSUC pour obte­nir des com­men­taires sur l’affiliation de John­son à un forum héber­geant des fan­tasmes d’a­bus sexuels d’enfants, mais n’a pas reçu de réponse à temps pour la publi­ca­tion. Cet article pour­rait être mis à jour en cas de réponse.

Gene­vieve Gluck

Gene­vieve est la cofon­da­trice de Reduxx et la jour­na­liste d’in­ves­ti­ga­tion en chef du média. Elle s’in­té­resse par­ti­cu­liè­re­ment à la por­no­gra­phie, aux pré­da­teurs sexuels et aux sous-cultures féti­chistes. Elle est la créa­trice du pod­cast Women’s Voices, qui pro­pose des com­men­taires d’ac­tua­li­té et des inter­views sur les droits des femmes.


Tra­duc­tion : Nico­las Casaux

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