Les idéologues trans aiment associer l’homosexualité et la transidentité, afin de conférer à la seconde la légitimité de la première. Il s’agit même d’une tactique de lobbying ostensiblement conçue comme telle. Dans le rapport de 2019 du cabinet d’avocats Dentons (qui se présente comme le plus grand au monde), réalisé de concert avec la Fondation Thomson Reuters, une branche de l’ancien géant des médias qui semble se consacrer aux politiques identitaires de toutes sortes, et l’Organisation internationale des étudiants et des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexes (IGLYO), dans le but d’aider les groupes transgenres de différents pays à faire évoluer la législation de leurs pays, il leur est entre autres conseillé d’« associer » leur « campagne » à « des réformes davantage populaires ».
Parce que, tout seul, le transgenrisme, ou la transidentité, ça ne convaincrait personne. C’est trop absurde. Irrationnel. Alors les propagandistes trans l’associent à l’homosexualité, ou à la lutte contre le sexisme (sans honte, alors qu’il s’agit d’un mouvement qui renforce le sexisme), ou à diverses luttes contre diverses discriminations. C’était tout l’intérêt d’accoler (abusivement) le T au sigle LGB. Les lettres LGB désignent des orientations sexuelles, parfaitement légitimes, cohérentes. Le T ne désigne pas une orientation sexuelle (la « transidentité » n’est pas une orientation sexuelle).
La plupart des critiques du transgenrisme que j’ai lues, et qui m’ont permis de comprendre de quoi il retournait, sont le fait de personnes homosexuelles, et de femmes homosexuelles, majoritairement. Il y a par exemple le livre de Janice Raymond, intitulé L’Empire transsexuel, que nous venons de rééditer (Raymond est une féministe lesbienne). Au Royaume-Uni actuellement, une des principales critiques du transgenrisme est une philosophe féministe lesbienne, Kathleen Stock, dont plusieurs articles sont traduits sur ce site.
Ainsi que le font valoir de nombreuses personnes homosexuelles ou bisexuelles depuis des années, le sigle LGBTQ+ est un coup de force, un mariage forcé entre différents groupes sociaux dont les membres sont loin d’avoir tous consenti à ce rapprochement opportuniste. Dans de plus en plus de pays, et notamment dans tous ceux où l’idéologie transgenre tend à s’imposer, des organisations appelées « Alliance LGB » [pour Lesbiennes, Gays et Bisexuels] voient le jour. La première, il me semble, a été l’Alliance LGB du Royaume-Uni. Il existe désormais une « Alliance LGB » aux États-Unis, en Australie, en Finlande, en Espagne, en Serbie, en Norvège, au Mexique, en Irlande, au Brésil, en Pologne et dans d’autres pays encore (toujours pas en France, mais on peut gager que ça ne saurait tarder).
Pourquoi cette Alliance LGB ? Parce que de nombreuses personnes lesbiennes, gays ou bisexuelles ont décidé de réagir face à l’homophobie et la lesbophobie intrinsèques du mouvement trans. Quelle homophobie, quelle lesbophobie ? L’idéologie trans repose sur une négation de la biologie, du sexe (dont elle prétend qu’il serait « assigné à la naissance », entre autres absurdités, mais c’est un autre sujet). Pour elle, tout se base sur le « genre ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, Stonewall, une des plus célèbres organisations LGBTQ+, la plus importante organisation LGBTQ+ en Europe, définit le mot « homosexuel » comme « un terme plutôt médical utilisé pour décrire une personne ayant une orientation romantique et/ou sexuelle vers une personne du même genre ».
Mince alors. Homo. Sexuel. Ce n’était pourtant pas compliqué. Le mot est explicite. « Homo » nous vient du grec ancien ὁμός, homós (« semblable, pareil »), et « sexuel » désigne — contre toute attente ! — le sexe. La définition correcte, que le CNRTL continue (jusqu’ici) de proposer, est donc « qui éprouve une attirance sexuelle pour des individus de son propre sexe ». Pas de son propre « genre ». « Homosexuel » pas « homogenruel ». Autrement dit, Stonewall efface purement et simplement l’existence des homosexuels. Pour Stonewall, l’attirance sexuelle ou amoureuse exclusive envers une personne du même sexe que soi (la définition logique de l’homosexualité) est désormais considérée comme « transphobe ». En d’autres termes, l’homosexualité serait transphobe. En France, le Planning familial écrit, dans un « lexique trans », que les termes « “Lesbienne” et “gay” sont bien connus, mais souvent ciscentrés. Il est important de comprendre qu’un couple de lesbiennes peut, par exemple, être composé d’une femme cis et d’une femme trans, ou qu’un homme gay peut avoir une vulve. » Autrement dit, tout et n’importe quoi. Là encore, la réalité des homosexuels est effacée au profit d’un charabia incohérent qui prétend que des hommes peuvent être des lesbiennes. Le terme « bisexuel » est (évidemment) encore plus mal vu par l’idéologie trans. Le Planning familial note : « La définition consensuelle des personnes bi serait “attirées pour [sic, “par”] les hommes et les femmes”. Mais cette définition est binaire, et a pu être qualifiée de transphobe. » La bisexualité, c’est « transphobe » (c’est-à-dire que ça contredit la doctrine trans).
D’où l’Alliance LGB, qui formule ainsi sa raison d’être :
« Faire progresser les droits des lesbiennes, des gays et des bisexuels : nous défendons les intérêts des lesbiennes, des gays et des bisexuels. Nous défendons notre droit de vivre en tant que personnes attirées par des individus de notre propre sexe, sans subir de discriminations ni aucun désavantage. Nous veillerons à ce que les voix des lesbiennes, des gays et des bisexuels soient entendues dans tous les débats publics et politiques qui affectent nos vies.
Mettre en évidence la double discrimination dont sont victimes les lesbiennes : nous amplifions la voix des lesbiennes et mettons en lumière la double discrimination dont elles sont victimes en tant que femmes attirées par des individus de leur propre sexe dans une société dominée par les hommes.
Protéger les enfants susceptibles de devenir lesbiennes, gays ou bisexuels : nous nous efforçons de protéger les enfants contre les idéologies nuisibles et non scientifiques qui pourraient les amener à croire que leur personnalité ou leur corps a besoin d’être modifié. Tout enfant qui grandit en devenant lesbienne, gay ou bisexuel a le droit d’être heureux et confiant dans sa sexualité et dans ce qu’il est. »
L’Alliance LGB ajoute :
« Nous reconnaissons que le sexe est binaire, avec des mâles et des femelles, et que (pour la grande majorité des gens) le sexe est déterminé à la conception, observé à la naissance (ou in utero), puis consigné. Nous rejetons la cooptation des rares conditions médicales appelées Désordres du développement sexuel (DSD, expression qui désigne les intersexuations) afin de mettre en doute la nature binaire du sexe. »
Et remarque :
« De très nombreux enfants, et très probablement des adultes, entament un processus de transition en raison de l’homophobie de leurs parents, de leur groupe de pairs ou d’une répulsion intériorisée envers leur propre orientation sexuelle. Aujourd’hui, un mythe suggère aux jeunes homosexuels qu’ils peuvent être hétérosexuels, que les lesbiennes sont en réalité des hommes hétérosexuels et que les homosexuels sont en réalité des femmes hétérosexuelles. Il s’agit d’une thérapie de conversion homophobe. »
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Ce n’est pas par hasard si, il y a déjà plusieurs décennies, l’ayatollah Khomeini, en Iran, a adoubé le transsexualisme dans une fatwa. En Iran, depuis déjà plusieurs décennies, la chirurgie dite (à tort) de « réassignation sexuelle » (à tort parce qu’on ne change pas de sexe, juste l’apparence des organes génitaux externes), sert de thérapie de conversion des homosexuels — les idées trans offrent un formidable moyen de se débarrasser de l’homosexualité. En Iran, mais pas seulement.
Il devrait être évident que si vous suggérez à des garçons qui ne correspondent pas au stéréotype du garçon qu’ils sont peut-être des filles piégées dans des corps de garçons, ou à des filles qui ne correspondent au stéréotype de la fille qu’elles sont peut-être des garçons piégés dans des corps de filles, immanquablement, vous allez pousser des homosexuels à « transitionner », autrement dit, vous allez procéder à des thérapies de conversion.
Un article du quotidien britannique The Times rapporte qu’à la clinique Tavistock, au Royaume-Uni (le principal centre où les jeunes sont envoyés pour effectuer leurs « transition », qui comprend un service « d’identité de genre ») : « Un si grand nombre d’enfants potentiellement homosexuels ont été envoyés sur le chemin du changement de sexe que deux des cliniciens [interviewés] ont déclaré qu’une note d’humour noir circulait parmi le personnel, selon laquelle “il ne resterait plus d’homosexuels”. “Cela ressemble à une thérapie de conversion pour les enfants homosexuels”, a déclaré un clinicien. “J’ai fréquemment eu des cas où les patients avaient commencé à s’identifier comme trans après des mois d’horribles persécutions parce qu’ils étaient gays”, a‑t-il déclaré au Times. “De jeunes lesbiennes considérées au bas de l’échelle ont soudainement découvert qu’elles étaient très populaires lorsqu’elles ont dit qu’elles étaient trans.” Une autre clinicienne a déclaré : “Nous avons entendu beaucoup d’homophobie et nous avions l’impression que personne ne la combattait. Beaucoup de filles venaient et disaient : ‘Je ne suis pas lesbienne. Je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie, mais ensuite je suis allée sur Internet et j’ai réalisé que je ne suis pas lesbienne, je suis un garçon’.” »
(Il est à noter que suite à une récente décision du NHS (le service de sécurité sociale britannique), le service « d’identité de genre » pour les enfants de la clinique Tavistock devra fermer au printemps prochain. Cette décision découle des recommandations de la pédiatre Hilary Cass, en charge d’un examen indépendant du service, qui a confirmé la « pression insoutenable » à laquelle étaient soumis les médecins et le risque de « surdiagnostic » de dysphorie de genre. Elle a aussi noté le manque d’unanimité des médecins sur les procédures à suivre, et le manque de prise en compte des autres problèmes de santé mentale que pouvaient présenter les patients). Son rapport final est attendu pour 2023. La clinique Tavistock avait déjà été mise en cause en 2020 par Keira Bell, une ancienne patiente regrettant la « transition » qu’elle avait été encouragée à effectuer à l’adolescence.)
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Nous, pendant ce temps-là, dans le journal Le Monde et ailleurs, on a droit au brillantissime sociologue Arnaud Alessandrin, qui affirme partout, sans le moindre argument, que toute critique ou opposition contre l’idéologie de l’identité de genre, contre le transgenrisme, s’apparente à de l’homophobie.
Étant donné tout ce qui précède, il devrait être évident que c’est complètement faux, et idiot. Comme le montre le tableau ci-joint, rapidement élaboré (on pourrait lister bien d’autres différences majeures), l’homosexualité n’a rien à voir avec la transidentité (sauf dans la mesure où on sait que beaucoup d’enfants et de jeunes qui se découvrent prétendument « transgenres » sont homosexuels, et ainsi leur (prétendue) transidentité les change — les convertit — en (prétendus) hétérosexuels). La lutte pour les droits des personnes homosexuelles n’a rien à voir avec les revendications des idéologues trans. Pire, comme expliqué ci-avant, les deux rentrent en conflit.
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« LES LESBIENNES N’AIMENT PAS LES PÉNIS »
Voilà ce qui est écrit sur la banderole que tiennent ces deux femmes. C’était lors d’une marche des fiertés LGBT, au Royaume-Uni, il y a quelques jours (le 27 août 2022). Pourquoi une telle banderole ? Parce que malheureusement, dans les pays où l’idéologie Trans tend à s’imposer, le lesbianisme (comme l’homosexualité en général) se trouve menacé. Tout le monde sait, ou devrait savoir, que le lesbianisme est une des deux formes d’homosexualité, et que l’homosexualité désigne un « comportement sexuel caractérisé par l’attirance, exclusive ou occasionnelle, d’un individu pour un individu du même sexe » (CNRTL). Tout est dans le mot : « Homo » nous vient du grec ancien ὁμός, homós (« semblable, pareil »), et « sexualité » désigne — contre toute attente ! — le sexe. Une lesbienne, c’est donc une femme « qui éprouve une attirance sexuelle pour des individus de son propre sexe », c’est-à-dire pour d’autres femmes.
On pourrait donc se dire que le slogan de la banderole coule de source. Mais non, ce n’est désormais plus le cas. Parce qu’aujourd’hui, les idéologues trans, qui assimilent sexe et genre, tentent d’imposer l’idée selon laquelle un homme se disant femme serait réellement une femme, selon laquelle une « femme transgenre » (expression qui désigne un homme se disant femme) serait réellement une femme. Pour eux, le mot femme désigne « toute personne qui se dit femme » (et, on rappellera, au passage, que les hommes qui ont le « sentiment » d’être des femmes, qui « se sentent » femmes, prétendent ça parce que, dans leur confusion mentale, ils mélangent le fait d’être une femme avec la féminité, avec les stéréotypes associés à la femme par le patriarcat). C’est pourquoi il est inacceptable, à leurs yeux, qu’une lesbienne déclare n’être pas attirée par une « femme transgenre » (par un homme), vu que cette « femme transgenre » (cet homme) est une femme. Bienvenue en Absurdistan. Beaucoup de membres de la secte Trans, qui sévissent frénétiquement sur internet, aiment à répéter que « certaines femmes ont des bites », et que pour une lesbienne, refuser de concevoir ces « femmes à bites » (ou « femmes transgenres », ou hommes qui se disent femmes, bref, des hommes) comme des partenaires possibles relèverait de la « transphobie ». C’est ainsi que les lesbiennes sont sommées d’accepter des hommes parmi leurs partenaires possibles — sommées, en d’autres termes, d’être hétérosexuelles, d’éprouver du désir sexuel envers des individus du sexe opposé. Et si ça ressemble à une thérapie de conversion, c’est parce que c’en est une.
Le slogan sur la banderole de ces lesbiennes a été jugé « transphobe », et elles ont été expulsées, par la police, de la marche à laquelle elles participaient. Elles sont membres d’une association lesbienne du nom de « Get The L Out », un jeu de mot appelant à retirer le « L » du sigle « LGBT » (ou « LGBTQIA+ »), au motif — très juste — que ce sigle n’a aucune raison d’être. Voici comment l’organisation se présente :
« Nous sommes un groupe de militantes féministes lesbiennes de terrain visant à créer une communauté lesbienne autonome et une visibilité lesbienne sans compromis qui ne soient pas contrôlées par les désirs et les visions des hommes concernant qui nous sommes.
Nous soutenons fermement que la seule façon de mettre fin à l’anti-lesbianisme est de sortir le L de la “communauté GBT” et de construire des alliances centrées sur les femmes avec toutes les lesbiennes et les féministes désireuses de mettre fin à la domination masculine et à l’oppression des femmes.
Nous nous opposons à toute forme de politique misogyne et aux systèmes qui privilégient les intérêts des hommes : politique queer et transgenre, politique de droite, politique de gauche, institutions religieuses patriarcales, activisme pour les droits des hommes, racisme et capitalisme.
Notre organisation est fondamentalement horizontale. Cela signifie que nous n’avons pas de leader et qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les organisatrices.
Nous nous opposons à la façon dont le transactivisme efface, réduit au silence et diabolise les lesbiennes qui osent s’exprimer.
Nous ne serons pas réduites au silence ! »
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Parce qu’elles refusent d’adhérer au dogme de l’Église Trans, parce qu’elles le dénoncent ouvertement, ces femmes sont évidemment et malheureusement traitées de tous les noms, injuriées, menacées de viol, de mort, etc.
J’admire leur courage.
La journaliste britannique Julie Bindel, elle-même lesbienne, commente : « Les femmes de “Get the L Out” représentent, pour moi, le meilleur exemple de femmes refusant de capituler devant les exigences des hommes. Être une lesbienne dans une société misogyne est sacrément difficile. »
Le transgenrisme est une absurdité lesbophobe (et homophobe).
Nicolas Casaux