Traduction d'un article initialement publié (en anglais) le 12 juillet 2016 à l'adresse suivante.
A travers la planète, les arbres les plus grands et les plus vieux du monde se meurent. Pourquoi ?
David Lindenmayer, de l’université nationale australienne, et Bill Laurance, directeur du site ALERT, viennent de publier un article en ligne, dans lequel ils soulignent les nombreuses raisons pour lesquelles ces grands arbres anciens sont si vulnérables. Certaines sont évidentes, mais d’autres sont des énigmes biologiques.
Le déclin des grands arbres.
D’abord, les raisons évidentes. Les grands arbres ont tendance à préférer les environnements fertiles, la plupart desquels ont été défrichés au profit de l’agriculture. L’être humain [industriel/civilisé, NdT] exploite actuellement l’équivalent de la surface de l’Amérique du Sud pour l’agriculture, et celle de l’Afrique pour les pâturages. Les grands arbres sont également la cible des bûcherons. Au sud de l’Australie, tant de sorbiers géants ont été abattus que lorsqu’un groupe de bûcherons est tombé sur quelques spécimens rescapés, ils n’ont pas été en mesure de reconnaître l’espèce.
En d’autres lieux, de grands arbres tombent, victimes d’adventices exotiques. Dans de vastes régions d’Inde, d’Australie et Afrique du Sud, par exemple, le lantanier, un adventice tropical, couvre le sol si densément que les jeunes plants des arbres géants ne peuvent survivre. Incapables de se reproduire, ces vieux géants disparaissent lentement. Au nord de l’Australie, les régions boisées sont envahies par l’herbe de gamba, originaire d’Afrique. Cette herbe qui peut atteindre 5 mètres de haut brûle si violemment que même les arbres géants meurent. Un biologiste impertinent a même suggéré l’importation d’éléphants en Australie pour aider à contrôler l’adventice néfaste (cette proposition fut bien sûr rejetée sans ménagement).
De mystérieuses disparitions.
Mais d’autres déclins de grands arbres sont plus difficiles à comprendre. On s’étonnera que les grands arbres semblent anormalement vulnérables aux sécheresses. A l’évidence parce qu’ils endurent un stress hydrique sévère en essayant d’acheminer l’eau au sommet de leur très haute canopée. Mais s’ils sont si sensibles à la sécheresse, comment sont-ils parvenus à être si vieux et si grands ?
Les grands arbres semblent également particulièrement vulnérables à une fragmentation de leur habitat. Personne ne sait exactement pourquoi. Peut-être souffrent-ils de conditions plus sèches en milieu fragmenté. Ou alors peut-être sont-ils vulnérables aux turbulences du vent, sachant que les vents peuvent accélèrent au-dessus des terres dénudées qui environnent ces milieux fragmentés. Un chercheur a même suggéré qu’il se pourrait qu’ils soient tués par la foudre — étant plus hauts que tout ce qui se trouve dans le paysage.
Un besoin de stabilité.
Un point ressort clairement : les grands arbres sont adaptés à de longues périodes de stabilité — ce qui se fait rare dans notre monde moderne où les changements sont rapides. Ce serait une tragédie de perdre ces vieux géants. Ils jouent un rôle vital dans le stockage du carbone, la production de la vapeur d’eau qui créée les nuages et les pluies qui donnent la vie, et sont les garde-manger de la forêt — produisant une grande part des fruits, du nectar et des feuillages dont les animaux dépendent pour se nourrir. Et puis, à travers les nombreuses cavités qu’ils offrent, ces grands arbres offrent le logis à un riche éventail d’espèces sauvages. Perdre les géants des forêts serait une tragédie pour les humains également. A quoi ressemblerait la vie dans un monde où nous ne pourrions nous délecter à la vue de ces merveilleux édifices naturels ?
Bill Laurance
Traduction : Collectif Le Partage
Il faut de la jeunesse végétale autour de ces grands arbres vénérables, recréer le biotope dont ils sont issus si nous voulons les sauver pour certains d’entre eux !