Traduction d’un extrait du dernier livre de Theodore Kaczynski, Anti-Tech Revolution : Why and How (en français : Révolution Anti-Tech : Pourquoi et Comment) publié en 2016 aux États-Unis. Version française à paraître en mai 2021, précommandable ici : https://www.editionslibre.org/produit/revolution-anti-technologie-pourquoi-et-comment-theodore-john-kaczynski/
À mettre en lien avec l’article précédent (L’étrange logique derrière la quête d’énergies « renouvelables »). Ici, lorsque Kaczynski parle de « systèmes autopropagateurs », il fait référence aux puissances corporatistes (multinationales) et étatiques, qui sont les institutions de pouvoir dominantes de notre temps. Un texte court, un avertissement. Sauf accident de parcours, et/ou sauf s’il fait face à une résistance assez efficace, le système technologique mondial se comportera très certainement comme suit :
Les principaux systèmes autopropagateurs humains du monde exploitent chaque opportunité, utilisent chaque ressource et envahissent tous les endroits où ils peuvent trouver quoi que ce soit qui les assiste dans leur incessante quête de pouvoir. Au fur et à mesure du développement hautement technologique, de plus en plus de ressources, qui semblaient autrefois inutiles, s’avèrent ultimement utiles, et de plus en plus de lieux sont envahis, et de plus en plus de conséquences destructrices s’ensuivent.

[…] Aussi vrai que l’usage de distillats de pétrole dans les moteurs à combustion interne n’a pas vu le jour avant 1860, au plus tôt, tout comme l’usage de l’uranium en tant que combustible avant la découverte de la fission nucléaire en 1938–39, ainsi que la plupart des usages des terres rares avant les dernières décennies, de futurs usages d’autres ressources, de nouvelles manières d’exploiter l’environnement, et de nouvelles niches à envahir pour le système technologique, présentement insoupçonnées, sont à prévoir. Dans notre estimation des futures dégradations environnementales, nous ne pouvons pas nous contenter de projeter dans l’avenir les effets des pratiques écologiquement nuisibles d’aujourd’hui ; nous devons supposer que de nouvelles causes de dégradations environnementales émergeront, que nous ne pouvons pas encore imaginer. De plus, nous devons nous souvenir que la prolifération technologique, et avec elle, l’aggravation des dommages que la technologie inflige à l’environnement, prendront de l’ampleur dans les décennies à venir. En considérant tout cela, nous parvenons à la conclusion selon laquelle, en toute probabilité, la planète tout entière, ou presque, sera gravement endommagée par le système technologique.
[Un exemple d’une nouvelle manière d’exploiter l’environnement, auparavant insoupçonnée, et qui se développe en ce moment, NdT :]
[…] Notre discussion des systèmes autopropagateurs ne fait que décrire en termes abstraits et généraux ce qu’on observe concrètement autour de nous : des organisations, mouvements, idéologies sont prisonniers d’une incessante lutte de pouvoir. Ceux qui ne parviennent pas à être de bons compétiteurs sont éliminés ou asservis. La lutte concerne le pouvoir sur le court terme, les compétiteurs se soucient peu de leur propre survie sur le long-terme, encore moins du bien-être de l’humanité ou de la biosphère. C’est pourquoi les armes nucléaires n’ont pas été bannies, les émissions de dioxyde de carbone n’ont pas été ramenées à un niveau sûr, les ressources de la planète sont exploitées de manière totalement irresponsable, et c’est aussi ce qui explique pourquoi aucune limite n’a été définie pour encadrer le développement de technologies puissantes mais dangereuses.
Nous avons décrit ce processus en termes abstraits et généraux afin de souligner que ce qui arrive à notre planète n’est pas accidentel ; que ce n’est pas le résultat d’une combinaison de circonstances historiques ou de défauts inhérents aux êtres humains. Étant donné la nature des systèmes autopropagateurs en général, le processus destructeur que nous constatons aujourd’hui est rendu inévitable par la combinaison de deux facteurs : le pouvoir colossal de la technologie moderne et la disponibilité de moyens de transport et de communications rapides entre n’importe quels endroits du globe.
Le comprendre peut nous aider à éviter de perdre notre temps dans de naïfs efforts. Par exemple, dans des démarches visant à apprendre aux gens à économiser de l’énergie et des ressources. De telles actions n’accomplissent rien.
Cela semble incroyable que ceux qui prônent les économies d’énergie n’aient pas remarqué ce qui se passe : dès que de l’énergie est libérée par des économies, le système-monde technologique l’engloutit puis en redemande. Peu importe la quantité d’énergie fournie, le système se propage toujours rapidement jusqu’à ce qu’il ait utilisé toute l’énergie disponible, puis il en redemande encore. La même chose est vraie des autres ressources. Le système-monde technologique s’étend immanquablement jusqu’à atteindre une limite imposée par un manque de ressources, puis il essaie d’aller au-delà de cette limite, sans égard pour les conséquences.
Cela s’explique par la théorie des systèmes autopropagateurs : les organisations (ou autres systèmes autopropagateurs) qui permettent le moins au respect de l’environnement d’interférer avec leur quête de pouvoir immédiat tendent à acquérir plus de pouvoir que celles qui limitent leur quête de pouvoir par souci des conséquences environnementales sur le long terme — 10 ans ou 50 ans, par exemple. Ainsi, à travers un processus de sélection naturelle, le monde subit la domination d’organisations qui utilisent au maximum les ressources disponibles afin d’augmenter leur propre pouvoir, sans se soucier des conséquences sur le long terme.
[…] Tandis qu’une féroce compétition au sein des systèmes autopropagateurs aura si amplement et si rapidement dégradé le climat de la Terre, la composition de son atmosphère, la composition de ses océans, et ainsi de suite, l’effet sur la biosphère sera dévastateur. Dans la partie IV du présent chapitre, nous développerons davantage ce raisonnement : nous tenterons de démontrer que si le développement du système-monde technologique se poursuit sans entrave jusqu’à sa conclusion logique, selon toute probabilité, de la Terre il ne restera qu’un caillou désolé — une planète sans vie, à l’exception, peut-être, d’organismes parmi les plus simples — certaines bactéries, algues, etc. — capables de survivre dans ces conditions extrêmes.
Theodore Kaczynski
Traduction : Nicolas Casaux
Le réchauffement climatique menace la planète rappellent, chaque année, un peu plus le GIEC… Qu’on le prenne par la fonte des glaciers, la hausse du niveau des océans ou par l’augmentation des sécheresses, des ouragans et des cyclones ; il reste le revers d’une médaille capitaliste auxquelles participent sociétés industrielles et activités humaines qui n’auront sans doute pas la rapidité suffisante pour stopper les destructions irréversibles enclenchées à la vitesse où les sociétés et les politiques les ont développées (?)
1ere parution du livre de Simone Weil chez Gallimard en 1980 et non en 1934 à l’âge de 7 ans…
Vous vous trompez de Simone. Il s’agit de Simone Weil, avec un W, et vous commentez sous le mauvais article. Simone Weil est née à Paris le 3 février 1909.
Bonjour monsieur Cassaux,
je voudrais savoir si il existe une traduction en français de ce livre et si non comment faire pour le faire traduire ?
Cordialement,
Denis