Résistance et activisme : comprendre la dépression grâce à l’écopsychologie (par Will Falk)

Will Falk est un écri­vain, avo­cat et acti­viste états-unien, membre de l’or­ga­ni­sa­tion d’é­co­lo­gie radi­cale Deep Green Resis­tance. Cet article a ini­tia­le­ment été publié (en anglais) le 6 juillet 2017, à cette adresse.


Je suis un acti­viste éco­lo­giste. Je souffre de dépres­sion. Être un acti­viste tout en souf­frant de dépres­sion me place direc­te­ment face à un dilemme sans issue : la des­truc­tion du monde natu­rel engendre un stress qui exa­cerbe la dépres­sion. Mettre un terme à la des­truc­tion du monde natu­rel sou­la­ge­rait le stress que je res­sens, et, dès lors, apai­se­rait cette dépres­sion. Cepen­dant, agir pour mettre fin à la des­truc­tion du monde natu­rel m’expose à une grande quan­ti­té de stress, ce qui ali­mente à nou­veau ma dépression.

Soit les des­truc­tions conti­nuent, je suis expo­sé au stress, et je reste dépres­sif, soit je rejoins ceux qui résistent contre la des­truc­tion, je suis expo­sé au stress, et je reste dépressif.

Dépres­sif si je ne fais rien, dépres­sif si j’agis. Je choi­sis de lutter.

Je me bat­trai tou­jours contre la dépres­sion. Je sais que cela peut son­ner comme la parole fata­liste typique d’un esprit dépri­mé, mais le fait d’accepter cette réa­li­té me sou­lage du faux espoir de vivre un jour tota­le­ment libé­ré de la culpa­bi­li­té, du déses­poir, et de la vacui­té qui consti­tuent la dépres­sion. Accep­ter cette réa­li­té libère l’énergie émo­tion­nelle que je dépen­se­rais en m’agrippant à ce faux espoir. Au lieu d’utiliser cette éner­gie à la recherche d’un trai­te­ment qui n’a jamais exis­té, je peux la consa­crer à l’activisme et à une ges­tion réa­liste de ma dépression.

Com­prendre cela n’a pas été chose aisée. Il m’a fal­lu cinq ans, après mon pre­mier diag­nos­tic d’un trouble dépres­sif majeur, après la confir­ma­tion de ce diag­nos­tic par trois méde­cins dif­fé­rents dans trois villes dif­fé­rentes, deux ten­ta­tives de sui­cide, et d’innombrables effon­dre­ments émo­tion­nels, pour fina­le­ment accep­ter ma situation.

Récem­ment, la tra­ver­sée des champs pétro­li­fères du Bas­sin de Uin­tah dans l’Utah m’a rap­pe­lé pour­quoi la dépres­sion me han­te­ra toute ma vie.

Exploi­ta­tion pétro­lière dans le bas­sin d’Uin­tah en Utah

L’autoroute 40, vers l’est, de Park City, en Utah, à Ver­nal, ne m’offre aucun endroit où me cacher. Dans le rétro­vi­seur, la neige fon­dante scin­tille le long des épaules des Monts Wasatch. Le chan­ge­ment cli­ma­tique menace les chutes de neige en Utah, et Park City sera pro­ba­ble­ment dépour­vue de neige de mon vivant. À tra­vers mon pare-brise, j’a­per­çois de gigan­tesques der­ricks s’élever des pla­te­formes de forage et trans­per­cer le ciel, après avoir trans­per­cé la terre. Près de ces pla­te­formes, les pompes des puits se balancent de manière léthar­gique, de haut en bas, inlas­sa­ble­ment. Les puits sont des vam­pires méca­niques qui sucent le sang de la terre, len­te­ment et inexorablement.

Tan­dis que les foreuses injectent le poi­son et que les pompes extraient le pétrole, il est dif­fi­cile de ne pas pen­ser aux seringues d’un jun­kie. Des cica­trices se forment sur le sol du bas­sin où des forêts autre­fois denses de pins, de gené­vriers et de buis­sons d’armoise argen­tée ondu­lant dans le vent s’entassent désor­mais à la péri­phé­rie des opé­ra­tions de frac­tu­ra­tion. Les marques de la des­truc­tion tra­hissent aus­si bien l’addiction que les sillons des engins.

Je passe devant d’innombrables camions-citernes sta­tion­nés auprès de réser­voirs de pétrole ronds et tra­pus. Les camions s’emplissent de pétrole brut avant de l’acheminer vers les raf­fi­ne­ries de Salt Lake. De là, il sera dis­tri­bué par bateau par­tout dans l’Ouest pour y être brû­lé. Chaque pla­te­forme pétro­lière, chaque foreuse, chaque puits que je dépasse bous­cule la paix de mon esprit. La com­bus­tion du conte­nu de chaque citerne pousse davan­tage la pla­nète en direc­tion d’un embal­le­ment cli­ma­tique et d’un effon­dre­ment total.

Mon res­sen­ti est gan­gré­né par une ter­reur fami­lière. Autour de moi, je ne per­çois que des trau­ma­tismes. Alors je me tourne vers l’avenir. Je vois le niveau des eaux mon­ter, les villes être sub­mer­gées, et les réfu­giés s’enfuir. Je vois les océans deve­nir acides, les récifs coral­liens blan­chir, et la vie aqua­tique s’effondrer. Je vois les forêts brû­ler, les espèces dis­pa­raître, et le sol arable être empor­té par le vent.

Je ne vois pas de futur viable.

Mes mains s’agrippent au volant, les muscles de mon visage se crispent, et je me sens nau­séeux. Mon pied gauche est ner­veux. Mon pied droit, bien qu’occupé par l’accélérateur, s’agite lui aus­si. J’accélère. Mon corps est trou­blé. Il n’a aucune réfé­rence évo­lu­tive cor­res­pon­dant au fait d’être enfer­mé dans la cabine d’une voi­ture qui roule à vive allure sur l’autoroute.

Si vous pou­viez voir à tra­vers ma chair et mes os les organes qui consti­tuent mon sys­tème de réac­tion au stress, que ver­riez-vous ? Vous ver­riez mes glandes sur­ré­nales dif­fu­ser les hor­mones du stress. Vous ver­riez les hor­mones du stress pré­pa­rer mon corps et mon cer­veau à com­battre ou à fuir. Après quelques minutes, vous ver­riez mon hip­po­campe racor­ni, endom­ma­gé, essayer de signa­ler à mes glandes sur­ré­nales que la menace est pas­sée et qu’il faut arrê­ter d’inonder d’hormones du stress mon cor­tex fron­tal. Vous ver­riez mon hip­po­campe échouer, mes glandes sur­ré­nales conti­nuer à dif­fu­ser les hor­mones, et le risque de plon­ger dans un épi­sode de dépres­sion sévère s’accroître.

La recherche neu­ro­bio­lo­gique révèle que le carac­tère hau­te­ment récur­rent de la dépres­sion est en par­tie lié à la manière dont les hor­mones engendrent des lésions céré­brales. Les avan­cées en neu­ros­ciences dévoilent un sché­ma de la dépres­sion cor­res­pon­dant à un cercle vicieux dans le sys­tème de réac­tion au stress du corps. Dans un sys­tème sain, les sur­ré­nales pro­duisent des hor­mones en réponse au stress. Le stress passe et l’hippocampe signale aux sur­ré­nales d’arrêter la pro­duc­tion d’hormones.

Lorsque le cor­tex fron­tal — en par­ti­cu­lier l’hippocampe et l’amygdale — est expo­sé à une dose trop éle­vée d’hormones du stress, pen­dant une durée trop longue, le cor­tex fron­tal com­mence à se racor­nir. Un hip­po­campe endom­ma­gé ne par­vient pas à inter­rompre les sur­ré­nales, qui conti­nuent de fabri­quer les hor­mones du stress, qui conti­nuent à endom­ma­ger l’hippocampe. L’humeur, la mémoire, l’attention et la concen­tra­tion sont toutes affec­tées. Les pro­blèmes d’humeur, de mémoire, d’attention et de concen­tra­tion créent leurs propres stress, ce qui inten­si­fie le cycle.

Des décou­vertes récentes en psy­chia­trie brossent un sombre tableau. L’Association amé­ri­caine de psy­chia­trie décrit la dépres­sion comme étant « hau­te­ment récur­rente », avec, chez les res­ca­pés d’un pre­mier épi­sode de dépres­sion, un mini­mum de 50% de risques de réci­di­ver une fois ou plus au cours de leur vie, et d’environ 80% pour les res­ca­pés de deux épi­sodes. Les vic­times de trois épi­sodes ou plus ont 90% de risque de réci­dive. En moyenne, une per­sonne avec des anté­cé­dents de dépres­sion subi­ra entre cinq et neuf épi­sodes dépres­sifs dis­tincts au cours de sa vie.

J’ai vécu quatre périodes de dépres­sion qui me garan­tissent que la dépres­sion conti­nue­ra de repa­raître. Je tra­verse des périodes de rémis­sion, durant les­quelles je me sens rela­ti­ve­ment libé­ré de ses symp­tômes. Cepen­dant, même au cours de ces périodes, la dépres­sion reste tapie dans l’ombre, me contrai­gnant à une vigi­lance per­ma­nente, véri­table lutte contre la réci­dive. La dépres­sion peut s’estomper, mais pas le sou­ve­nir de sa dou­leur. Je vis dans la peur, quo­ti­dienne, d’un nou­vel épisode.

La psy­cho­lo­gie conven­tion­nelle met un terme à cette dis­cus­sion ; elle pré­co­nise d’éviter les endroits qui sti­mulent la dépres­sion, comme le Bas­sin de Uin­tah, et conclut que la clé de la gué­ri­son réside à la fois dans l’amélioration de la capa­ci­té de l’hippocampe à inter­rompre la dif­fu­sion des hor­mones du stress, dans la sup­pres­sion, autant que pos­sible, du stress dans la vie du dépres­sif, et dans l’adaptation au stress ne pou­vant être éliminé.

En d’autres temps, ou dans un autre monde, je n’aurais aucune rai­son de ne pas croire en l’efficacité de cette méthode. Mais la pla­nète a presque entiè­re­ment été trans­for­mée en des lieux comme le Bas­sin de Uin­tah. Rares et pré­cieux sont les ter­ri­toires pré­ser­vés de la vio­lence de la civi­li­sa­tion. Tan­dis que nos habi­tats sont au bord de la des­truc­tion, que l’horreur empoisse notre expé­rience quo­ti­dienne, que la pro­tec­tion de la vie exige que l’on affronte ces hor­reurs, l’élimination du stress est-elle pos­sible ? Est-il hon­nête de s’adapter ?

L’é­co­psy­cho­lo­gie explique que l’élimination du stress n’est pas pos­sible en cette période éco­lo­gique. La psy­cho­lo­gie étant l’étude de l’esprit, et l’écologie l’étude des rela­tions natu­relles créant la vie, l’écopsychologie insiste sur l’impossibilité d’étudier l’esprit en dehors de ces rela­tions natu­relles, et nous encou­rage à exa­mi­ner les types de rela­tions néces­saires à l’esprit pour qu’il soit vrai­ment sain. En obser­vant la dépres­sion au tra­vers du prisme de l’écopsychologie, on peut l’ex­pli­quer comme le résul­tat de pro­blèmes dans nos rela­tions avec le monde natu­rel. La dépres­sion ne peut être soi­gnée tant que ces rela­tions ne sont pas réparées.

Cette expli­ca­tion com­mence avec le stress et la rela­tion que le corps entre­tient avec lui. Le stress est éco­lo­gique par essence en ce qu’il résulte de la rela­tion entre un ani­mal et son habi­tat. L’exemple clas­sique de la nature éco­lo­gique d’un sys­tème ani­mal de réac­tion au stress est illus­tré par la rela­tion entre proie et pré­da­teur. Lorsqu’un élan est mena­cé par des loups, son sys­tème de réac­tion au stress pro­duit des hor­mones qui l’aident à fuir ou à com­battre les loups.

La rela­tion for­mée par le loup, l’élan, les hor­mones du stress de l’élan, et son sys­tème de réac­tion au stress est l’une des innom­brables rela­tions néces­saires à la sur­vie de l’élan. Même chose pour cha­cun de nous. Les autres rela­tions dont dépendent les ani­maux com­prennent l’air, l’eau, et l’espace, les ani­maux d’autres espèces, les membres de leur propre espèce, les cham­pi­gnons, les fleurs, et les arbres, les cel­lules for­mant leur chair, les bac­té­ries de leurs intes­tins, et les levures de leurs épi­dermes. Des rela­tions donnent vie à l’animal, et à la fin, des rela­tions entraînent sa mort. La mort d’un ani­mal offre la vie à d’autre êtres. L’histoire de la Vie est l’histoire de ces rela­tions aux béné­fices mutuels.

Les humains civi­li­sés empoi­sonnent l’air et l’eau, modi­fient l’espace, assas­sinent les espèces, détruisent les cham­pi­gnons, les fleurs, et les arbres, conta­minent les cel­lules, font muter les bac­té­ries, et condamnent les levures. Bref, ils menacent la capa­ci­té de la pla­nète à accueillir la Vie. Les civi­li­sés détruisent non seule­ment ceux dont nous dépen­dons, avec qui nous avons besoin d’être en rela­tion, mais ils détruisent éga­le­ment la pos­si­bi­li­té que ces rela­tions existent dans le futur. Chaque langue autoch­tone per­due, chaque espèce pré­ci­pi­tée vers l’extinction, chaque hec­tare de forêt rasé est une rela­tion condam­née aujourd’hui et à jamais.

En vivant de manière hon­nête dans cette réa­li­té, nous nous ouvrons à la dépres­sion. La perte de ces rela­tions, et la per­cep­tion d’un futur dépour­vu des rela­tions dont nous avons besoin, engendrent un stress inef­fable. Vivre avec ce stress jour après jour peut inon­der le cor­tex fron­tal d’hormones du stress, racor­nir l’hippocampe, et entraî­ner le sys­tème de réac­tion au stress au-delà sa capa­ci­té de régénération.

Si cela advient, vous pour­riez être han­té par la dépres­sion pour le res­tant de vos jours.

Faire l’expérience d’une dépres­sion majeure, c’est apprendre que la conscience est une fonc­tion invo­lon­taire du corps. Tout comme le bat­te­ment de votre cœur, vous ne pou­vez pas éteindre votre conscience avec des médi­ca­ments, un coup à la tête, ni aucune autre méthode vio­lente envers le corps et l’esprit. La conscience est un muscle, et la per­cep­tion des phé­no­mènes est la façon dont tra­vaille ce muscle. La dépres­sion est une dou­leur per­ma­nente accom­pa­gnant la per­cep­tion. Dans le monde civi­li­sé, la dou­leur et le trau­ma­tisme sont le reflet d’innombrables phé­no­mènes. La des­truc­tion est deve­nue si totale que la conscience ne trouve nulle part où s’apaiser, nul lieu pré­ser­vé des stig­mates de la violence.

Je sais que la réa­li­té que j’ai décrite est âpre pour ceux d’entre nous qui vivent avec la dépres­sion. Néan­moins, c’est la réa­li­té. Pour nombre d’entre nous, la dépres­sion est une mala­die à per­pé­tui­té. Sur le long terme, il est tou­jours pré­fé­rable d’accepter une dure réa­li­té plu­tôt que de se main­te­nir dans un état de déni. J’ai com­pris que le fait d’accepter cette réa­li­té m’aidait à gérer ma dépres­sion au quo­ti­dien et me per­met­tait d’être plus effi­cace en tant qu’activiste.

Admettre que je devrai tou­jours me battre contre la dépres­sion n’implique pas d’abandonner. Au contraire, accep­ter cette lutte requiert une dis­ci­pline quo­ti­dienne. Plu­sieurs de mes méde­cins ont com­pa­ré la dépres­sion avec le dia­bète. A l’instar de nom­breux dia­bé­tiques, qui doivent véri­fier le sucre dans leur sang, évi­ter cer­tains ali­ments, et pra­ti­quer une acti­vi­té phy­sique régu­lière, les dépres­sifs doivent mettre en place dans leur vie une rou­tine quo­ti­dienne. En ce qui me concerne, cela consiste à m’adonner régu­liè­re­ment à des exer­cices car­dio­vas­cu­laires qui aident mon corps à gérer ses hor­mones du stress, à dor­mir huit heures chaque nuit, à boire de l’alcool de façon modé­rée, à limi­ter les situa­tions dans les­quelles je suis ten­té de broyer du noir, et à m’investir de manière constante dans mes rela­tions sociales, tant humaines que non-humaines.

Accep­ter la nature immuable de la dépres­sion m’a aus­si don­né la force de com­battre la culpa­bi­li­té per­ma­nente qui l’accompagne. La culpa­bi­li­té liée à la dépres­sion peut deve­nir enva­his­sante car elle s’auto-alimente. Je me sens cou­pable lorsque je suis fati­gué, par exemple, ou lorsque je n’arrive pas à me concen­trer pour écrire, ou lorsque je ne trouve pas la force men­tale pour ter­mi­ner les tâches que je me suis pro­mis d’achever. Je me rap­pelle que le manque d’énergie, et les pro­blèmes de concen­tra­tion et de moti­va­tion sont des symp­tômes de la dépres­sion. Dès lors, je me sens cou­pable d’oublier, et cou­pable de me lais­ser me sen­tir coupable.

Admettre que je devrai tou­jours me battre contre la dépres­sion, c’est accep­ter que je devrai éga­le­ment tou­jours me battre contre les symp­tômes de la dépres­sion tels que la culpa­bi­li­té. Sachant cela, lorsque je me trouve englué dans des cycles de culpa­bi­li­té, j’arrête d’essayer d’en sor­tir par la rai­son, et laisse sim­ple­ment la culpa­bi­li­té dans un coin où il importe peu que je me sente cou­pable ou non.

Accep­ter la nature immuable de la dépres­sion me sou­lage de la recherche d’un trai­te­ment. La recherche per­son­nelle d’un trai­te­ment est rapi­de­ment conver­tie par la dépres­sion en injonc­tion à aller mieux. Cette injonc­tion se trans­forme en sen­ti­ment d’échec tan­dis que les symp­tômes de la dépres­sion s’intensifient. Alors que le monde brûle, le stress à l’origine de la dépres­sion est tou­jours pré­sent. Je peux me pro­té­ger effi­ca­ce­ment de cette dépres­sion pen­dant un moment, mais, la vio­lence est à ce point totale, le trau­ma­tisme tel­le­ment évident, qu’il y aura des moments où le stress sur­pas­se­ra mes défenses. Ce n’est pas un échec per­son­nel, et ce n’est pas de ma faute. Je me bats avec autant de force que pos­sible, mais je ne gagne­rai pas toujours.

Le plus impor­tant, c’est que cette accep­ta­tion fait de moi un meilleur acti­viste. Je ne peux sépa­rer mon expé­rience des innom­brables humains et non-humains qui rendent cette expé­rience pos­sible. Heu­reu­se­ment, l’écopsychologie m’offre un lexique pour par­ler des rela­tions créant mon expé­rience. Com­prendre que ce stress omni­pré­sent, engen­dré par la des­truc­tion sys­té­mique des rela­tions qui font de nous des humains, est à l’origine de ma dépres­sion, me libère de la voix qui me dit que ma dépres­sion est de ma faute.

Pour le com­prendre, j’ai dû m’ouvrir à la réa­li­té de ces rela­tions. Ces rela­tions sont notre plus grande vul­né­ra­bi­li­té et notre plus grande force. Nous ne pou­vons rien y chan­ger. La dis­pa­ri­tion actuelle de ces rela­tions est incroya­ble­ment dou­lou­reuse. Si nous vou­lons un jour mettre un terme à cette dou­leur, nous devons riposter.

La Vie parle, mais rare­ment en anglais. Un seul lan­gage humain ne pour­ra jamais expri­mer la richesse des rela­tions qui com­posent la toile du vivant. Le vent et l’eau, le sol et la pierre, les nageoires, la four­rure et les plumes ne sont que quelques-uns des innu­mé­rables dia­lectes de la Vie.

Les plaques tec­to­niques annoncent aux mon­tagnes où se for­mer. Le sang dans l’eau signale au requin que la nour­ri­ture est pro­ba­ble­ment proche. Les pro­téines étran­gères à la sur­face des cel­lules dan­ge­reuses intiment à vos glo­bules blancs d’attaquer. Un simple pépie­ment, for­mé dans la gorge d’un chien de prai­rie, d’un dixième de seconde à peine, signale à une entière colo­nie l’espèce et les carac­té­ris­tiques phy­siques d’un intrus.

Vous n’entendrez peut-être pas la Vie pro­non­cer les mots : « Arrê­tez la des­truc­tion ». Mais les lan­gages de la Vie sont aus­si divers que les expé­riences phy­siques. La dou­leur de la dépres­sion est une expé­rience phy­sique, il s’ensuit que la Vie parle au tra­vers de la dépres­sion. Cette dou­leur me han­te­ra le res­tant de mes jours. La vie conti­nue de par­ler. Elle nous dit : « Résistez ! »

Will Falk


Tra­duc­tion : Jes­si­ca Aubin

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  1. Même si je pense que l’au­teur est de bonne foie, je ne peux m’empêcher de répri­mer mon envie de dire que c’est du grand n’im­porte quoi.
    Tout l’ar­ticle porte sur l’i­dée que notre époque est dépres­sante, mais pour que ce soit le cas, il fau­drait que les pré­cé­dentes l’eut été moins. Je ne suis pas convain­cu que nous ayons une vie plus stres­sante que les humains du de l’An­ti­qui­té, du Moyen-âge ou de la Renais­sance, quand sévis­saient les ravages per­pé­tuels de la guerre et des épi­dé­mies. Alors faute de preuve, je me dois de consi­dé­rer cette idée comme dogmatique.
    L’autre idée, c’est que la dépres­sion découle du stress. Or, pas for­cé­ment. Les modèles de la dépres­sion sont mul­tiples et pas for­cé­ment exclu­sifs, et cer­tains scien­ti­fiques ont pro­po­sé, par exemple, que cer­taines dépres­sions soient d’o­ri­gine inflammatoire.
    Quand aux juge­ments expri­més sur les médi­ca­ments et les thé­ra­pies, je ne peux m’empêcher de pen­ser qu’ils sont dic­tés avant tout par une volon­té poli­tique, mais qui fait fi des faits. Les résul­tats ne sont pas par­faits, en par­ti­cu­lier pour les anti­dé­pres­seurs, mais bien réels. Pour un point de vue nuan­cé sur le sujet, voir : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20520282 si vous pou­vez y avoir accès (bibli uni­ver­si­taire ? pay per view ? sci-hub pour ceux qui sont prets à faire du télé­char­ge­ment pas tout à fait légal?)
    C’est dom­mage, parce que par contre l’i­dée de l’ac­ti­visme contre la dépres­sion n’est à mon avis pas idiote et est par­tiel­le­ment cor­ro­bo­rée par le fait qu’en labo­ra­toire, l’ac­tion libère les rats du stress. Nuan­cez donc les idées de cet article si vous ne vou­lez pas mélan­ger le bon grain de l’i­vraie, et sur­tout, docu­men­tez vous sur ce que dit la lit­té­ra­ture scientifique.

    1. Les humains, pen­dant la majeure par­tie de leur exis­tence, n’ont pas vécu dans des com­mu­nau­tés éco­ci­daires, qui détrui­saient leur envi­ron­ne­ment. La pro­pa­ga­tion de la civi­li­sa­tion indus­trielle et urbaine à une majo­ri­té de la popu­la­tion humaine est récente. Le Moyen Âge pré­sen­tait son lot de des­truc­tions éco­lo­giques, certes, mais non seule­ment n’est-il pas repré­sen­ta­tif de la majeure par­tie de l’his­toire de l’exis­tence humaine, mais en plus les dégra­da­tions envi­ron­ne­men­tales qu’on y trou­vait n’a­vaient rien à voir avec celles de notre temps, ni en ampleur, ni en léta­li­té, etc. Nous avons une vie plus stres­sante que les humains d’a­vant, pour faire court. C’est même étu­dié et prou­vé par la Science (des expé­riences et des labo­ra­toires et des tor­tures de rats) que tu sembles par­ti­cu­liè­re­ment révé­rer : les études des peuples de chas­seurs-cueilleurs et de peuples indi­gènes exis­tant encore aujourd’­hui montrent qu’ils sont infi­ni­ment moins tou­chés par les mala­dies liées au stress, et par le stress. Cf : https://partage-le.com/2016/07/la-depression-est-une-maladie-de-civilisation-stephen-ildari/ & https://www.sciencedaily.com/releases/2012/05/120521163621.htm, etc.

      1. Je ne révère rien ni per­sonne, et c’est pour ça que j’es­saye d’é­pu­rer mon lan­guage de toute mau­vaise foi, de tout oppor­tu­nisme poli­tique et que j’at­tends des autres qu’ils fassent de même. Un peu comme Bakou­nine, grand prêtre du mas­sacre de rats s’il en est. Voyez vous un autre moyen d’y par­ven­nir que d’employer la méthode et la logique de la science ?

        Par ailleurs vous êtes à côté de la plaque. Encore une fois le modèle de la dépres­sion par le stress est loin de faire l’u­na­ni­mi­té, et il est assez pro­bable qu’au moins une par­tie des cas sorte de son domaine d’ex­pli­ca­tion. Je vous ren­voie vers l’é­di­to très inci­sif que j’ai mis en lien dans mon pre­mier com’.
        Ensuite, je vous ferai remar­quer que l’a­gri­cul­ture date main­te­nant de 7000–8000 ans. Cela fait belle lurette que per­sonne n’est plus chas­seur cueuilleur. Or c’est pré­ci­sé­ment par rap­port à eux que nous sommes com­pa­rés dans les thès psy­choé­vo­lu­tio­nistes de la dépres­sion. Je vous fait le pari que les habi­tants des cités grecques ont plus en com­mun avec nous dans leur mode de vie qu’a­vec les chas­seurs cueuilleurs, et qu’il était pro­ba­ble­ment tout aus­si stres­sant ‑pen­sez-vous qu’il vaille mieux pour votre stress être esclave d’a­ris­to­crates grecs que sala­rié chez Auchan ?
        Ces thèses ne disent d’ailleurs abso­lu­ment rien sur l’im­por­tance de l’é­co­lo­gie pour le moral. Je vous ren­voie d’ailleurs aux conclu­sions même de votre article. Man­ger cor­rec­te­ment, dor­mir suf­fi­sa­ment, faire de l’exer­cice, prendre le soleil, avoir un job inté­res­sant, et du lien social, voi­là ce que pro­pose le Ted­Talk, pas « vivre en slip avec les singes comme des hip­pies ». Pas un mot sur l’é­co­lo­gie d’ailleurs.

        Mais pour finir, mon plus gros reproche, ce n’est pas de pro­po­ser des idées vague­ment far­fe­lues, c’est de répandre des idées fausses sur le trai­te­ment de la dépres­sion, et de pré­tendre les faire sor­tir de la bouche des scien­ti­fiques. Les psy­cho­thé­ra­pies comme les médi­ca­ments fonc­tionnent, dans cer­tains cas, et sous cer­taines condi­tions et ils pour­raient le faire bien mieux si le sys­tème de san­té des Etats modernes n’é­tait pas pour­ri et si les méde­cins étaient com­pé­tents en la matière. Si vous aviez lu l’ar­ticle que j’ai lin­ké, vous n’au­riez pas man­qué cette cri­tique cin­glante et constructive.

      2. Et j’a­jout­te­rai, car j’a­vais oublié ça. Les com­pa­rai­sons entre chas­seurs cueuilleurs de la pré­his­toire et chas­seurs cueuilleurs modernes est plus que dis­cu­table. En par­ti­cu­lier pour la dépres­sion, puis­qu’il a été démon­tré que que la géné­tique jouait un rôle très impor­tant dans le déve­lop­pe­ment d’une grande par­tie des états dépres­sifs patho­lo­giques. En d’autres termes : qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un simple effet de l’i­so­la­tion géo­gra­phique et géné­tique de ces popu­la­tions ? Sans par­ler des pres­sions éco­lo­giques qui ont pesé sur elles et le conti­nuent, qui seront pro­ba­ble­ment venu à bout de bon nombre de varia­tions géné­tiques néga­tives. Dans ce cas, est-ce vrai­ment bien ?

    2. Bon­jour,
      Mer­ci pour cet article … très des­crip­tif de ce que je vis (du coup, je vis en yourte, je me res­source régu­liè­re­ment dans la nature, je sim­pli­fie mes rela­tions humaines, je dimi­nue le nombre de sti­mu­li que je reçois et sur­tout je tra­vaille, en per­ma­nence, à amé­lio­rer la navi­ga­tion entre ma rai­son et mes émotions).
      Mer­ci aus­si HC pour vos remarques. Dans les com­pa­rai­sons avec les temps plus anciens, tout de même, j’ai­me­rais bien avoir vos éclair­cis­se­ments ou un débat. En effet, il me semble qu’il y a une chose que vous ne men­tion­nez pas : nous sommes à une époque inédite de sur­abon­dance de l’in­for­ma­tion (sur­charge cog­ni­tive). J’ai, en une jour­née, plus d’in­for­ma­tions stres­santes sur mon envi­ron­ne­ment (glo­bal) que n’im­porte quel esclave d’a­ris­to­crate grec en toute une vie (je cari­ca­ture). Le stress de l’es­clave grec.que, des chasseur.e.s cueilleur.e.s, des paysan.ne.S du Moyen-Age, concerne essen­tiel­le­ment ses besoins pri­maires, son envi­ron­ne­ment proche, son futur proche. Ces gens n’a­vaient ni l’é­du­ca­tion ni la tech­no­struc­ture pour avoir accès à toutes les autres infor­ma­tions stres­santes. Par essence, vrai­ment, il me semble. Or, et c’est là que je pose la ques­tion, il me semble que la réac­tion à ce type de stress essen­tiel et pri­maire n’est pas la dépres­sion. C’est la colère, ou la peur ou … la répres­sion de la colère ou de la peur, pou­vant se tra­duire par une déprime per­ma­nente, mais pas par une dépression.
      Si je prend l’exemple de mes dépres­sions, de mes crises d’an­goisse, c’est bien la sur­charge cog­ni­tive dans laquelle j’é­tais qui les a créées. Trop d’in­for­ma­tions me par­ve­naient, impos­si­bi­li­té de les hié­rar­chi­ser, d’en faire quelque chose de construc­tif, de les trans­for­mer en actions qui libèrent le stress parce que quoique je fasse, j’é­tais blo­qué. A tous les niveaux.
      Il me semble éga­le­ment que la struc­ture sociale des socié­tés plus anciennes, figées, sans ascen­seur social (!), tuaient dans l’oeuf un autre type de stress que j’ai pour ma part res­sen­ti : j’ai fait des études, j’ai lu, j’ai for­gé une conscience poli­tique, j’ai mani­fes­té, pris la parole en public (pris des lacry­mos et coups de matraque), construit des col­lec­tifs (etc) pour lut­ter, pour « amé­lio­rer » les choses … et j’ai très sou­vent per­du, la plu­part du temps.
      Un pay­san de la Creuse au milieu du XIIIè siècle ne vit pas ce déca­lage abys­sal (source de gros stress) entre des hautes aspi­ra­tions (sau­ver la pla­nète, deve­nir monarque …) et sa vie quo­ti­dienne parce que depuis le jour de sa nais­sance TOUT dans son envi­ron­ne­ment lui inter­dit toute haute aspi­ra­tion. Enfin, je crois, pour la grande majo­ri­té des pay­sans de la Creuse du milieu du XIIIè siècle.
      En ce sens, ma dépres­sion est bien plus pro­fonde que la déprime de l’es­clave grec.que ou de la pay­sanne Creu­soise. Ca ne veut pas dire que je vis plus mal. Ca veut dire que son mal-être à lui ou elle n’é­tait pas une dépres­sion, ne pou­vait pas être une dépres­sion (je sup­pose qu’un esclave en dépres­sion aurait une espé­rance de vie de l’ordre de la semaine avant d’être tué). Son mal-être, c’é­tait la lutte per­ma­nente, les condi­tions de vie dégra­dantes, l’ab­sence de temps de cer­veau dis­po­nible pour ses pen­sées à lui ou elle, éven­tuel­le­ment la lutte contre le sys­tème d’es­cla­vage. Pro­ba­ble­ment aus­si le stress de ne pas être séparé.e de sa famille.
      Je ne dis pas (parce que je ne le pense pas !) que ma dépres­sion est pire que ses condi­tions de vie ! je dis que ce que ces gens vivaient, ce n’é­tait pas des dépres­sions, pour moi. Qu’en est-il, ou qu’en pensez-vous ?
      Je fais tout pour ne pas uti­li­ser expli­ci­te­ment la pyra­mide de Mas­low parce que bon voi­là quoi, mais en gros : avant, les condi­tions étaient telles que les seuls besoins impor­tants pour les gens étaient le 1er et le 2ème étage de la pyra­mide, et que quand ces besoins ne sont pas rem­plis, on ne tombe pas en dépres­sion, on se bat, on se recentre ou on tombe malade et on meurt. 

      Je pré­cise vrai­ment : je suis en train de réflé­chir en écri­vant. Cer­taines phrases qui res­semblent à des affir­ma­tions sont en fait des ques­tion­ne­ments. Mer­ci de me le dire pas trop mécham­ment si j’é­cris des aneries 🙂

      Une der­nière chose HC : vous dites que cer­taines dépres­sions sont d’o­ri­gine inflam­ma­toires. Je n’ar­rive pas à voir d’an­ti­no­mie : il me semble que toute inflam­ma­tion finit par se tra­duire en un signal de stress pour le cer­veau, non ? Une inflam­ma­tion est un stress pro­ve­nant de la sphère éco­lo­gique « mon corps ».

    1. On pour­rait. Seule­ment mili­tant vient de mili­taire. En outre, acti­viste implique une notion d’ac­tion directe qui cor­res­pond plus exac­te­ment à ce qu’il veut dire dans ce texte.

  2. Les scien­tistes sont pénibles : ils croient dur comme fer atteindre le dur de la Véri­té avec un grand V (de fer) lors­qu’ils par­viennent au mieux par dis­ci­pline, au pire par rou­tine, à encap­su­ler les idées neuves de leur cer­velle dans des for­mules mathé­ma­tiques ou bio­chi­miques, ce qui est un enfer­me­ment dans le dogme le plus posi­ti­viste que je sache : celui des nombres, du chiffre et de la quan­ti­fi­ca­tion. Cette quan­to­phré­nie abou­tit aux dis­cus­sions les plus bêtes qui soient. Il ne suf­fit pas de publier une étude dans une revue à comi­té de lec­ture pour faire preuve. Bien des preuves passent par d’autres cir­cuits que ces comi­tés, et les tra­vailleurs de la preuve ne sont pas tous des cher­cheurs (d’emploi, de fonds de com­merce, de nice) à la solde de Big Phar­ma. La que­relle pré­cé­dente sur les fac­teurs de la dépres­sion, stress ou pas, est une dis­pute aca­dé­mique. Honte à celui qui la lance, il se com­porte comme un chien savant. Le fait est que la sinis­trose n’est pas le tae­dium vitae, ni le stress l’exact contraire de l’a­ta­raxie, mais la dévas­ta­tion des res­sources de notre terre, pour celles et ceux qui ont les pieds des­sus, est l’un des épi­sodes les plus dra­ma­tiques de l’his­toire humaine. L’an­thro­po­cène, ou pou­bel­lien supé­rieur, n’est pas un leurre, et l’a­ci­di­fi­ca­tion dont il s’ac­com­pagne, du sol, des eaux, du sang, du sys­tème ner­veux, pour­rait être l’un des fac­teurs déter­mi­nant de l’ef­fon­dre­ment pan­dé­mique des consciences, qu’on observe un peut par­tout dans le monde. Je recom­mande pour ma part la lec­ture de Phi­lippe Pignarre, « Com­ment la dépres­sion est deve­nue une épi­dé­mie », mais en dépit des psy­cho­lo­gies posi­tives, je n’ar­rive pas à me dépar­tir, comme Gram­sci et Romain Rol­land il y a un siècle, du pes­si­misme de l’in­tel­li­gence et de l’op­ti­misme de la volon­té. Il est temps de vou­loir, mal­gré tout, de lut­ter contre l’ex­ten­sion des nui­sances humaines sur cette planète.

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