Concerning Violence (2013)

Synop­sis de cet excellent docu­men­taire de Göran Hugo Olsson :

Dans « les Dam­nés de la Terre », Frantz Fanon affirme que l’oppression d’un peuple ne donne aucun autre choix que de répondre par la lutte armée :

« Le colo­nia­lisme n’est pas une machine à pen­ser, n’est pas un corps doué de rai­son. Il est la vio­lence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence »

Franz Fanon, Les Dam­nés de la Terre, 1961.

Au tra­vers des textes de Fanon, Concer­ning Vio­lence met en image des archives et plu­sieurs entre­tiens, retra­çant ain­si l’histoire des peuples afri­cains et de leurs luttes pour la liber­té et l’indépendance. La moder­ni­té du par­ti pris esthé­tique de Concer­ning Vio­lence offre au public une nou­velle ana­lyse des méca­nismes du colo­nia­lisme, per­met­tant ain­si une autre lec­ture des ori­gines des conflits actuels.

Cri­tique Télérama :

Dans son pré­cé­dent docu­men­taire, The Black Power Mix­tape, Göran Hugo Ols­son fai­sait déjà dia­lo­guer les époques. Et par­ler les archives. En as du mon­tage, il mixait des images du pas­sé, rushes en 16 mm retra­çant la lutte des Noirs pour leurs droits, et des sons du pré­sent, com­men­taires contem­po­rains de mili­tants afro-amé­ri­cains. Des caves de la télé sué­doise, le cinéaste ­remonte cette fois les témoi­gnages d’une Afrique noire en pleine déco­lo­ni­sa­tion : repor­tages auprès des gué­rille­ros du Mozam­bique ou sur le front des guerres d’in­dé­pen­dance en Tan­za­nie et en Ango­la, entre­tiens avec des colons en Rhodésie…

Cha­cun de ces frag­ments (pré­sen­tés comme « neuf scènes de l’auto­défense impé­ria­liste ») res­ti­tue une facette de l’hor­reur colo­niale, mais leur inter­ac­tion donne l’im­pres­sion sidé­rante de voir se des­si­ner toute une car­to­gra­phie de la vio­lence en Afrique. En choi­sis­sant de faire entendre et même lire (les mots enva­hissent régu­liè­re­ment l’é­cran) des extraits des Dam­nés de la Terre, de Frantz Fanon, le cinéaste fait des images exhu­mées les illus­tra­tions par­faites et gla­çantes de cet essai de réfé­rence écrit en 1960. « Le colo­nia­lisme n’est pas une machine à pen­ser, n’est pas un corps doué de rai­son. Il est la vio­lence à l’é­tat de nature et ne peut s’in­cli­ner que devant une plus grande vio­lence. » Scan­dé par Lau­ryn Hill, l’ex-chan­teuse soul des Fugees, ce livre impla­cable met à nu les méca­nismes psy­cho­lo­giques de l’im­pé­ria­lisme. Sous la cou­leur sépia de cer­taines scènes exo­tiques, colons nan­tis sur fond vert (un green de golf) ou bleu (un rebord de pis­cine), se devine une socié­té où le mélange du Noir et du Blanc ne donne que du rouge sang. Le texte a des accents pro­phé­tiques. Comme si Fanon annon­çait avec quel­ques décen­nies d’a­vance les mar­tyrs de la cause pales­ti­nienne, les chaos ira­kien et afghan.

Pour voir le film, cli­quez sur l’i­mage ci-dessous :

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La servitude des « démocraties » modernes, anticipée (par Alexis de Tocqueville, en 1840)

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.