De la colonisation au « développement » : un seul et même projet (par Thierry Sallantin)

La guerre des mots orga­ni­sée dis­crè­te­ment par nos enne­mis : Com­ment ils ont intro­duit le mot « déve­lop­pe­ment » puis com­ment est arri­vé l’ad­jec­tif « sou­te­nable » tra­ves­ti ensuite en « durable ».

La notion de « sus­tai­nable deve­lop­ment » est tra­duite de 1988 à 1992 en fran­çais : « déve­lop­pe­ment sou­te­nable » , choix conser­vé par toutes les langues latines : sos­te­nible, sus­ten­ta­vel, etc., ce qui est conforme à l’o­ri­gine fran­çaise de « sus­tai­nable » : le mot « sous­te­nir » (sou­te­nir) qui se trouve dans l’Or­don­nance de Bru­noy du roi Phi­lippe VI de Valois (29 mai 1346), dans un texte ordon­nant la ges­tion pru­dente des forêts, de façon à ce qu’il en reste tou­jours assez pour les géné­ra­tions sui­vantes. Mais comme elle l’ex­plique elle-même dans le n° 1 de sa revue : Vrai­ment durable, Bet­ti­na Laville a deman­dé, dans l’a­vion qui la rame­nait de la Confé­rence inter­na­tio­nale de Rio sur l’en­vi­ron­ne­ment, en juin 1992, au pré­sident Mit­ter­rand de désor­mais tra­duire « sus­tai­nable » par « durable ». Pour elle, le mot « sou­te­nable » avait une conno­ta­tion trop « éco­lo », idée d’é­qui­libre : tenir par en des­sous, en se posi­tion­nant en équi­libre bien sous le centre de gra­vi­té, pour tenir une charge : ori­gine de « sous-tenir », et elle vou­lait un adjec­tif plus com­pa­tible avec les milieux d’af­faires : faire durer les béné­fices, donc rem­pla­cer « sou­te­nable » par « durable ».

L’ex­pres­sion « sus­tai­nable deve­lop­ment » appa­raît bien avant le Rap­port « Brundt­land » de 1987, Our Com­mon Future : on la trouve dans le rap­port pour l’O­NU (UNEP) de mai 1975 :

« Envi­ron­men­tal mana­ge­ment implies sus­tai­nable deve­lop­ment of all coun­tries, aimed at mee­ting basic human needs without trans­gres­sing the outer limits set to man’s endea­vour by the bios­phere ». (La ges­tion envi­ron­ne­men­tale implique le déve­lop­pe­ment sou­te­nable de tous les pays, qui vise à répondre aux besoins humains essen­tiels sans trans­gres­ser les limites externes au com­por­te­ment humain défi­nies par la biosphère).

(UNEP-Gover­ning Coun­cil Deci­sion 20-III du 2 mai 1975, sec­tion II-9‑b)

Puis en 1980, cosi­gné par l’UICN (Union Inter­na­tio­nale pour la Conser­va­tion de la Nature), le PNUE (Pro­gramme des Nations Unies pour l’Environnement) et le WWF dans leur rap­port World Conser­va­tion Stra­te­gy, Living Resource Conser­va­tion for Sus­tai­nable Deve­lop­ment :

« L’ob­jec­tif de la Stra­té­gie mon­diale de Conser­va­tion de la Nature est de contri­buer à la réa­li­sa­tion du déve­lop­pe­ment sou­te­nable par la conser­va­tion des res­sources vivantes. »

Le but de cette langue de bois est clai­re­ment avoué dans la pré­face à ce texte. Il s’a­git de pré­sen­ter « un énon­cé de condi­tions et de prio­ri­tés auquel tout autant les envi­ron­ne­men­ta­listes [conser­va­tio­nists] que les pra­ti­ciens du déve­lop­pe­ment pour­raient sous­crire ». Bref, ména­ger la chèvre et le chou !

Dans le même esprit hypo­crite, le secré­taire géné­ral pour l’O­NU de toutes les Confé­rences mon­diales pour l’en­vi­ron­ne­ment (Stock­holm 1972, Naï­ro­bi 1982, Rio 1992, Johan­nes­burg 2002), l’homme d’af­faires cana­dien sou­vent dénon­cé par Fabrice Nico­li­no : Mau­rice Strong, va créer en 1983 à l’O­NU la « Com­mis­sion Envi­ron­ne­ment et Déve­lop­pe­ment » et pla­cer à sa tête l’an­cienne ministre de Nor­vège Gro Har­lem Brundt­land. Dans le but de pré­pa­rer la Confé­rence de Rio de 1992, elle a l’ordre de pro­duire un rap­port pour ména­ger les milieux d’af­faires : ce sera le rap­port Brundt­land de 1987, tra­duit aux édi­tions du Fleuve, Cana­da, peu après, sous l’appellation Notre ave­nir à tous, elle y réuti­lise la notion de « sou­te­na­bi­li­té » et de « déve­lop­pe­ment sou­te­nable » lan­cée par les milieux inter­na­tio­naux de pro­tec­tion de la nature depuis 1975. Détails dans Edwin Zac­caï, 2002, Le déve­lop­pe­ment durable, dyna­mique et consti­tu­tion d’un pro­jet, et Jean ‑Phi­lippe Cari­sé, 2014, His­toire du déve­lop­pe­ment durable, où le rôle de Bet­ti­na Laville est révélé.

La veille de l’ou­ver­ture de la Confé­rence de Rio en juin 1992, Mau­rice Strong lance en grande pompe le « Conseil Mon­dial pour le Déve­lop­pe­ment Sou­te­nable », en anglais WBCSD, avec un autre grand PDG inter­na­tio­nal, son ami Ste­phan Schmid­hei­ny. Ce der­nier est celui qui sera condam­né à une très lourde peine de pri­son ferme au grand pro­cès de l’a­miante à Turin, peine aggra­vée en appel. Dans le WBCSD, on trouve les PDG des plus grosses entre­prises pol­luantes du monde : c’est le lan­ce­ment du « green­wa­shing » (éco­blan­chi­ment) !

Tout cela a été concoc­té par Mau­rice Strong dès juin 1971. Il pré­pare alors le pre­mier Som­met inter­na­tio­nal de l’en­vi­ron­ne­ment, idée venue à l’U­nes­co suite au col­loque inter­na­tio­nal des bio­lo­gistes à Paris de sep­tembre 1968 sur l’é­tat esti­mé déjà dra­ma­tique de la bio­sphère (Voir le Cour­rier de l’U­nes­co, jan­vier 1969).

Mau­rice Strong est char­gé de pré­pa­rer la confé­rence de Stock­holm pré­vue en juin 1972. En pre­nant contact avec tous les chefs de gou­ver­ne­ments du monde, il découvre que cette confé­rence risque de capo­ter à cause de la peur des grands lea­ders du Tiers-Monde, l’Inde notam­ment, de se voir bri­der par les mesures de pru­dence conseillées par les cher­cheurs en éco­lo­gie, dans leur volon­té de « rat­tra­per » le niveau de vie des pays occi­den­taux. D’a­bord on construit autant d’u­sines que dans les pays occi­den­taux, on pol­lue, et seule­ment ensuite, une fois le rat­tra­page réa­li­sé, on com­mence à se sou­cier de la pro­tec­tion de la nature et de la pol­lu­tion. Le Tiers-Monde est obsé­dé de « développement » !

Mau­rice Strong com­prend vite le dan­ger, et convoque à Fou­nex en Suisse un col­loque en juin 1971 pour mettre au point la parade. Il sera déci­dé à Fou­nex que désor­mais, à chaque fois que dans un texte de l’O­NU, il y aura le mot « envi­ron­ne­ment », il fau­dra pla­cer juste à côté le mot « développement ».

A la même époque le fran­co-bré­si­lien, Igna­cio Sachs dans la même volon­té de créer une langue de bois diplo­ma­tique, va lan­cer le concept d’éco­dé­ve­lop­pe­ment au sens (oxy­mo­resque !) de « déve­lop­pe­ment éco­lo­gique ». Cette inven­tion lin­guis­tique ne sera pas rete­nue, et dès 1975, comme on l’a vu plus haut, on lui pré­fè­re­ra celle de « déve­lop­pe­ment soutenable ».

Mau­rice Strong impose le mot « déve­lop­pe­ment » dans le domaine des pro­blèmes éco­lo­giques, car le concept de « déve­lop­pe­ment », — qui est un mot nor­mal en bio­lo­gie, comme l’a démon­tré Pierre Achard dans sa thèse de 1989 (La pas­sion du déve­lop­pe­ment) et son livre de 1977, Dis­cours bio­lo­gique et ordre social — est un concept que com­mence à uti­li­ser l’O­NU depuis le 4 décembre 1948, dans sa réso­lu­tion 198-III = Eco­no­mic deve­lop­ment of under-deve­lo­ped countries.

Peu après, le 20 jan­vier 1949, dans son Dis­cours sur l’é­tat de l’U­nion (cité inté­gra­le­ment par Gil­bert Rist pages 118–120 de Le déve­lop­pe­ment. His­toire d’une croyance occi­den­tale, édi­tion de 1996 aux Presses de Sciences-Po) le pré­sident Tru­man décla­re­ra que désor­mais le rôle des États-Unis d’A­mé­rique est de lan­cer un « pro­gramme de déve­lop­pe­ment au ser­vice de l’a­mé­lio­ra­tion et de la crois­sance des régions sous-déve­lop­pées ». Il ajoute : « Une plus grosse pro­duc­tion est la clé de la pros­pé­ri­té et de la paix » et « les États-Unis se dis­tinguent par­mi les nations par le déve­lop­pe­ment des tech­niques indus­trielles et scien­ti­fiques ». Tru­man annonce alors un pro­gramme d’aide tech­nique qui allait sup­pri­mer « la souf­france de ces popu­la­tions » sous-déve­lop­pées, grâce à « l’ac­ti­vi­té indus­trielle » et à la « hausse du niveau de vie ». Tru­man lance ain­si la course du Sud pour rat­tra­per le Nord. Une course que déteste Gand­hi (voir ses écrits de 1909 réédi­tés chez Fayard en 2015 : Hind Swa­raj : l’é­man­ci­pa­tion à l’in­dienne et de Guillaume Gam­blin, édi­tions du Man, Lyon, 2011 : La force de l’au­to­no­mie. Gand­hi, pré­cur­seur de la décrois­sance ?). Par contre son enne­mi Nerhu est enchan­té. Il déclare, en 1949 :

« Ce n’est pas une ques­tion de théo­rie. Qu’il s’a­gisse du com­mu­nisme, du socia­lisme ou du capi­ta­lisme, ce sera la méthode la plus effi­cace pour effec­tuer les chan­ge­ments néces­saires et don­ner satis­fac­tion aux masses qui s’im­po­se­ra d’elle-même […] Notre pro­blème aujourd’­hui est de rele­ver le niveau de vie des masses. »

Déjà en 1942, un fonc­tion­naire du BIT (Bureau inter­na­tio­nal du tra­vail), Wil­fred Ben­son, dans un article inti­tu­lé The Eco­no­mic Advan­ce­ment of Under­de­ve­lop­ped Areas, évoque le dou­blet « déve­lop­pé/­sous-déve­lop­pé ». Cette idée de dou­blet « développé/ sous-déve­lop­pé » hante les milieux d’af­faires aux USA dès 1943, comme le montrent Fabriz­zio Sabel­li et Susan George dans leur essai Cré­dits sans fron­tières : la reli­gion de la banque mon­diale. Les PDG ont peur d’être confron­tés à la chute bru­tale des débou­chés de leur indus­trie avec la pers­pec­tive de la fin de la Deuxième Guerre mon­diale. Il faut abso­lu­ment trou­ver d’autres débou­chés. C’est alors qu’ils vont ima­gi­ner inon­der de leurs pro­duits les nou­veaux pays qui vont se créer dans le cadre de la fin des empires colo­niaux anglais et fran­çais : la déco­lo­ni­sa­tion est déjà envisagée.

Et il faut abso­lu­ment empê­cher l’autre capi­ta­lisme concur­rent, le capi­ta­lisme ima­gi­né par Lénine dès mai 1918, (lire aus­si de lui : Le déve­lop­pe­ment du capi­ta­lisme en Rus­sie, 1899) un capi­ta­lisme mieux orga­ni­sé, plus pro­duc­tif, grâce à la ges­tion ration­nelle aux mains de l’État, comme le pense Lénine alors (voir le récent livre de Paul Ariès à ce sujet : Les rêves de la jeune Rus­sie des Soviets, page 136), empê­cher donc cet autre capi­ta­lisme, celui de l’URSS, de se posi­tion­ner comme four­nis­seur des nou­veaux états qui vont se créer ! C’est déjà la Guerre froide.

Les USA ont alors l’i­dée de deve­nir les nou­veaux colo­ni­sa­teurs, en se sub­sti­tuant aux empires colo­niaux anglais et aux fran­çais, mais sans dire le mot « colo­ni­sa­tion » qui com­mence à avoir mau­vaise presse ; c’est alors qu’ils vont inven­ter le mot « déve­lop­pe­ment », en tant qu’al­ter­na­tive au mot « colo­ni­sa­tion », comme le démontre Fran­çoise Dufour dans sa thèse de 2007 édi­tée en 2010 à l’Har­mat­tan sous le titre De l’i­déo­lo­gie colo­niale à celle du déve­lop­pe­ment (on trou­ve­ra là aus­si tous les détails sur l’é­ty­mo­lo­gie du mot « déve­lop­pe­ment », ain­si que les des­sous de l’O­NU lors de la déci­sion du 4 décembre 1948) et par ce stra­ta­gème, les USA vont se pré­sen­ter comme les « gen­tils » qui vont ame­ner le déve­lop­pe­ment, à la place des « méchants », les com­mu­nistes, qui ris­que­raient d’a­me­ner l’op­pres­sion bureau­cra­tique, le contraire du « Monde Libre » comme la pro­pa­gande disait alors.

De la colo­ni­sa­tion au « développement »…

Cette « gen­tillesse » est toute rela­tive : en réa­li­té il s’a­git de méchan­ce­té comme le montre le texte de Jan L. Sadie ci-des­sous où il est expli­qué que pour intro­duire le déve­lop­pe­ment, il faut d’a­bord mettre en place « une désor­ga­ni­sa­tion sociale. Il faut sus­ci­ter le malheur ».

Car comme j’ai pu le consta­ter dans les Pays du Tiers-Monde (via mes tra­vaux de ter­rains en tant qu’eth­no­logue au Niger et en Ama­zo­nie) les poli­tiques de « déve­lop­pe­ment » sont source de désta­bi­li­sa­tion des peuples, et donc d’eth­no­cide (G. Condo­mi­nas et en 1970 R. Jau­lin avec l’ou­vrage fon­da­teur : La paix blanche, intro­duc­tion à l’eth­no­cide) ce dont l’é­co­no­miste Jan L. Sadie était par­fai­te­ment conscient, non sans cynisme, dans cet extrait de son article paru dans The Eco­no­mic Jour­nal, vol. 70, 1960 pages 294–303 sous le titre The Social Anthro­po­lo­gy of eco­no­mic Under­de­ve­lop­ment (L’anthropologie sociale du sous-déve­lop­pe­ment économique) :

« […] le déve­lop­pe­ment éco­no­mique d’un peuple sous-déve­lop­pé n’est pas com­pa­tible avec le main­tien de ses cou­tumes et mœurs traditionnelles.

La rup­ture avec celles-ci consti­tue une condi­tion préa­lable au pro­grès éco­no­mique. Ce qu’il faut, c’est une révo­lu­tion de la tota­li­té des ins­ti­tu­tions et des com­por­te­ments sociaux, cultu­rels et reli­gieux et, par consé­quent, de l’at­ti­tude psy­cho­lo­gique, de la phi­lo­so­phie et du style de vie.

Ce qui est requis s’ap­pa­rente donc à une désor­ga­ni­sa­tion sociale. Il faut sus­ci­ter le mal­heur [je sou­ligne] et le mécon­ten­te­ment, en ce sens qu’il faut déve­lop­per les dési­rs au-delà de ce qui est dis­po­nible, à tout moment.

On peut objec­ter la souf­france et la dis­lo­ca­tion que ce pro­ces­sus entraî­ne­ra ; elles semblent consti­tuer le prix qu’il faut payer pour le déve­lop­pe­ment éco­no­mique, la condi­tion du pro­grès économique. »

Car lors de l’ar­ri­vée des Euro­péens colo­ni­sa­teurs, les peuples autoch­tones, pas­sé un pre­mier moment de curio­si­té, pré­fèrent reprendre vite leur auto­no­mie et dédaignent les objets des Blancs. Un des témoi­gnages recueilli dans Pieds nus sur la terre sacrée (Denoël, constam­ment réédi­té) montre le peu d’in­té­rêt qu’ont les indi­gènes pour les pré­ten­dus « mer­veilleux objets des Blancs ». Au grand déses­poir des colons fran­çais en Guyane, les Indiens dis­pa­rais­saient en forêt, ne reve­naient plus, ne res­sen­tant aucun besoin car ils obtiennent déjà tout ce qui leur est néces­saire au tra­vers de leur mode de vie de tou­jours, au fond de la forêt, comme l’a démon­tré Jacques Lizot suite à ses 23 années chez les Yano­ma­mis, ou comme je le montre dans l’article « Per­ma­cul­ture, agroé­co­lo­gie, jar­dins-forêt : des savoirs mil­lé­naires ». Et là comme ailleurs, les colons s’a­char­nèrent à déclen­cher chez les enva­his des nou­veaux besoins pour les inci­ter à res­ter à proxi­mi­té des pre­mières implan­ta­tions colo­niales. Très dif­fi­cile de sus­ci­ter ces besoins ! Les colons de Cayenne écri­virent au roi pour qu’on leur envoie des bateaux char­gés d’alcool, car ils avaient remar­qué que par cette astuce on pou­vait de fil en aiguille intro­duire de nou­veaux besoins, pro­vo­quer « le mal­heur et le mécon­ten­te­ment, en ce sens qu’il faut déve­lop­per les dési­rs au-delà de ce qui est dis­po­nible, à tout moment ». Laurent-Basile Hau­te­feuille dans son Plan de colo­ni­sa­tion (1830) explique que les indi­gènes doivent être for­més non seule­ment à la pro­duc­tion, mais aus­si à la consom­ma­tion qu’en­gen­dre­ra le « désir des objets qu’ils ne connais­saient pas jus­qu’a­lors ». Jules Fer­ry confirme ce but en 1890 : « La consom­ma­tion euro­péenne est satu­rée, il faut faire sur­gir des autres par­ties du globe de nou­velles couches de consommateurs. »

En réa­li­té, l’ar­ri­vée du concept de « déve­lop­pe­ment » est anté­rieure aux années 1940, dans le domaine de l’at­ti­tude à avoir avec les « peuples exo­tiques ». Déjà dans le Pacte des Nations à l’o­ri­gine de la S.D.N., signé le 28 juin 1919, on trouve ceci dans l’ar­ticle 22, point 1 :

« Les prin­cipes sui­vants s’ap­pliquent aux colo­nies et ter­ri­toires qui, à la suite de la guerre, ont ces­sé d’être sous la sou­ve­rai­ne­té des États qui les gou­ver­naient pré­cé­dem­ment et qui sont habi­tés par des peuples non encore capables de se diri­ger eux-mêmes dans les condi­tions par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­ciles du monde moderne. Le bien-être et le déve­lop­pe­ment de ces peuples forment une mis­sion sacrée de civi­li­sa­tion, et il convient d’in­cor­po­rer dans le pré­sent pacte des garan­ties pour l’ac­com­plis­se­ment de cette mission. »

Ensuite les points 3 et 5 insistent sur l’at­ti­tude à avoir selon le « degré de déve­lop­pe­ment » des peuples en question.

Les Anglais pro­mulguent en 1929 un Colo­nial Deve­lop­ment Act qui applique la doc­trine de 1926 du « double man­dat » éta­blie par Lord Lugard :

« Le pro­fit éco­no­mique, oui, mais avec le devoir de mener les « races de cou­leur » à un degré de civi­li­sa­tion plus éle­vé », donc le « déve­lop­pe­ment », c’est d’a­bord l’ap­pli­ca­tion du pre­mier volet du man­dat : l’ex­ploi­ta­tion éco­no­mique des res­sources telles que la terre, les miné­raux et les pro­duits de la forêt, et ensuite le deuxième volet : la mis­sion civi­li­sa­trice en ame­nant le pro­grès et le bien-être. »

Com­men­tant le dis­cours de Tru­man, Wolf­gang Sachs résume page 17 du livre Des ruines du déve­lop­pe­ment (éd. Eco­so­cié­té 1996) :

« Par­ler de déve­lop­pe­ment ne signi­fie rien d’autre que pro­je­ter sur le reste du monde le modèle amé­ri­cain de socié­té […] l’hé­gé­mo­nie amé­ri­caine ne visait pas la pos­ses­sion des ter­ri­toires, mais leur ouver­ture à la péné­tra­tion éco­no­mique. De leur côté, les jeunes nations lais­saient leur auto­no­mie s’é­chap­per en se pla­çant auto­ma­ti­que­ment dans l’ombre des États-Unis et en se pro­cla­mant objets de déve­lop­pe­ment éco­no­mique. Le déve­lop­pe­ment fut le véhi­cule concep­tuel qui a per­mis aux États-Unis d’a­gir comme le héraut de l’autodétermination natio­nale tout en ins­tal­lant un nou­veau type d’hé­gé­mo­nie mon­diale : un impé­ria­lisme anticolonial. »

Le concept de déve­lop­pe­ment existe dans le domaine éco­no­mique et social chez Marx, et chez Paul Leroy-Beau­lieu, l’au­teur en 1870 de De la colo­ni­sa­tion chez les peuples modernes, ouvrage célèbre, constam­ment réédi­té jus­qu’en 1908. En 1911 Schum­pe­ter avait rédi­gé sa Théo­rie du déve­lop­pe­ment éco­no­mique, et en 1944, Rosen­stein-Rodan avait pro­po­sé The Inter­na­tio­nal Deve­lop­ment of Eco­no­mi­cal­ly Back­ward Areas, comme on disait en anglais pour nom­mer les « contrées arriérées » !

Avant la notion de « déve­lop­pe­ment », l’ex­pres­sion fétiche était celle de « mise en valeur », par exemple avec le ministre Albert Sar­raut (La mise en valeur des colo­nies fran­çaises, 1923). Ce qui sous-entend que les peuples exo­tiques ont un mode de vie qui les rend inca­pables de pro­duire de la valeur : ce qu’ils font est nul, une sous-uti­li­sa­tion du poten­tiel de richesse. Il faut donc les mettre au pas, les lais­ser faire dans leur indo­lence, leur paresse, c’est entre­te­nir un déplo­rable gas­pillage. Ce rai­son­ne­ment est main­te­nant celui de l’Ar­mée bré­si­lienne, outrée de la sur­face du Parc Natio­nal accor­dé aux Yano­ma­mis : l’Ar­mée les accuse de gas­piller un trop vaste espace, car il n’est pas mis en valeur, ils ne font qu’y mener une vie pri­mi­tive nui­sible à la pros­pé­ri­té nationale.

En 1756, Mira­beau avait lan­cé le mot « civi­li­sa­tion » dans son Trai­té de la popu­la­tion ou l’A­my des Hommes, mot expri­mant toute l’ad­mi­ra­tion pour la « civis », la ville, les gens « poli­cés », aux façons de vivre pleines d’é­lé­gance, d’ur­ba­ni­té. Point de poli­tesse, de mœurs raf­fi­nées loin des villes, dans l’au-delà du « forum », defo­ra= loin, l’ex­té­rieur, la forêt, l’es­pace dan­ge­reux, mal contrô­lé, domaines d’es­prits mena­çants, hors des villes, le « pagus », mot qui don­ne­ra dans un sens mépri­sant à la fois le « pay­san » et le « païen », ces rustres pas encore conver­tis à la reli­gion nou­velle, pra­ti­quée en ville. Depuis l’An­ti­qui­té notre ima­gi­naire est mar­qué par ces thèmes… Chris­tian Marou­by, dans Uto­pie et pri­mi­ti­visme, a mon­tré com­ment l’Eu­rope a été trou­blée à l’é­poque de Mon­taigne par la décou­verte des gens « sans foi ni loi ni roi », les « Sau­vages ». Un trouble qui a inci­té des mil­liers de gens simples, sou­vent les mate­lots des navires décou­vrant les Amé­riques, à fuguer pour vivre avec les Sau­vages, autant au Cana­da que sur les côtes du Bré­sil. Mais sou­dain l’Eu­rope invente l’His­toire, un grand récit mytho­lo­gique où elle se place tout en haut : la fine pointe glo­rieuse de l’His­toire. Ce mythe la ras­sure : nous les Blancs, nous sommes les meilleurs, de plus Dieu est avec nous ! Le mot « civi­li­sa­tion » vien­dra au bon moment pour confor­ter les Euro­péens dans leur sen­ti­ment de supé­rio­ri­té : ce mot sert à pla­cer les « Sau­vages » tout en bas de l’é­chelle. C’est en consta­tant cela que les éco­los les plus radi­caux aux États-Unis se défi­nissent comme « anti-civ », ce qui signi­fie « anti­ci­vi­li­sa­tion » (voir le docu­men­taire de Frank Lopez, End:Civ, basé sur le tra­vail de Der­rick Jen­sen, et les deux petits livres Éco­lo­gie en résis­tance, stra­té­gies pour une terre en périlwww.editionslibre.org, parus en 2016 et 2017).

Jules Fer­ry en 1885 uti­li­se­ra ce mythe ain­si, pour jus­ti­fier ses ini­tia­tives colo­niales au Tonkin :

« Il faut dire ouver­te­ment qu’en effet les races supé­rieures ont un droit vis-à-vis des races infé­rieures… Je répète qu’il y a pour les races supé­rieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civi­li­ser les races inférieures. »

Jules Fer­ry est bien dans l’air du temps : en 1889, Charles Phi­le­bert dans La conquête paci­fique confirmera :

« C’est la mis­sion pro­vi­den­tielle des nations civi­li­sées de conqué­rir et de péné­trer toutes les par­ties du globe. C’est un moyen dont Dieu se sert pour étendre à toutes ses créa­tures les bien­faits de ses lois … Nous sommes les repré­sen­tants d’une civi­li­sa­tion supé­rieure, et si nous vou­lons la péné­tra­tion du Sou­dan, c’est pour amé­lio­rer son état, c’est en un mot pour le civiliser. »

Quant à Hau­ser, Fevre et Bus­son, ils voient les choses ain­si en 1910 :

« L’œuvre civi­li­sa­trice qui s’im­pose à la France dans l’A­frique noire est une œuvre de relè­ve­ment moral et social ; c’est là vrai­ment que nous sommes en état et en devoir de jouer, vis-à-vis de races abâ­tar­dies ou en enfance, ce rôle de tuteurs et d’é­du­ca­teurs qui est la jus­ti­fi­ca­tion et le plus beau titre de gloire de la poli­tique colo­niale… Cette poli­tique d’as­so­cia­tion doit se bor­ner à une tutelle pater­nelle avec ces grands enfants que sont les nègres. »

Dis­cours d’un temps révo­lu, pro­ba­ble­ment de gens de droite ?

Pas du tout : une gloire de la France de gauche : le grand Léon Blum, dira à l’As­sem­blée natio­nale le 9 juillet 1925, afin de jus­ti­fier la répres­sion dans le Rif au Maroc contre la résis­tance menée par Abd El Krim, et en deman­dant au gou­ver­ne­ment des cré­dits pour qu’on y envoie le maré­chal Pétain :

« Nous avons trop d’a­mour de notre pays pour désa­vouer l’ex­pan­sion de la civi­li­sa­tion fran­çaise. Nous admet­tons le droit et même le devoir des races supé­rieures d’at­ti­rer à elles celles qui ne sont par­ve­nues au même degré grâce aux efforts de la science et de l’industrie. »

Et encore plus près de nous, en 1952, le secré­taire d’État à la pré­si­dence de la Répu­blique, Félix Gaillard, pour jus­ti­fier l’in­dus­trie ato­mique, expli­que­ra que les nations qui ne sui­vraient pas la voie du déve­lop­pe­ment grâce à la phy­sique ato­mique seraient dans les 25 ans « aus­si arrié­rées face aux nations nucléaires que les peuples pri­mi­tifs afri­cains le sont face aux nations indus­tria­li­sées d’aujourd’hui ».

Et en ce moment même en France, nous ne nous ren­dons même pas compte que nous bana­li­sons des expres­sions qui sentent encore bon la « mis­sion civi­li­sa­trice » ! Par exemple, nous, les « supé­rieurs », les confor­ta­ble­ment « déve­lop­pés », nous nous don­nons le droit de déco­rer les nations ancien­ne­ment colo­ni­sées qui finissent à force d’ef­fort par presque nous res­sem­bler, de « pays émer­gents ». Nous les « supé­rieurs », nous dis­tri­buons les médailles ! Tout en cachant le non-dit de cette expres­sion : nous ne par­lons pas des mau­vais élèves sur la voie du déve­lop­pe­ment : ceux qui sont encore la tête sous l’eau, les « immer­gés » ! Même dans les ONG cen­sées faire le bien et réflé­chir aux pro­blèmes éco­lo­giques, ne dit-on pas sou­vent, lors­qu’on évoque la néces­si­té de la décrois­sance : « Mais on n’a pas le droit de leur dire de ne pas avoir ceci ou cela, puisque nous-mêmes nous béné­fi­cions de ces biens de consom­ma­tion ». Une façon incons­ciente de sous-entendre que notre mode de vie est le meilleur, fruit des « races supé­rieures » pion­nières en « civi­li­sa­tion », au som­met du « déve­lop­pe­ment », et que donc ce mode de vie, il est nor­mal que « eux aus­si le dési­rent ». Une façon d’a­vouer que pour nous, notre mode de vie est d’une évi­dence incon­tour­nable et qu’il est nor­mal qu’il se généralise.

Les pre­miers fré­mis­se­ments d’une remise en cause du « déve­lop­pe­ment », même dans sa ver­sion « sou­te­nable », nous viennent de cer­tains pays ancien­ne­ment colo­ni­sés. Par exemple avec Le Mani­feste de l’homme pri­mi­tif du Malien Fodé Dia­wa­ra (Gras­set, 1973), ou d’A­mi­na­ta Trao­ré : Le viol de l’i­ma­gi­naire (Fayard, 2002), ou de l’I­ra­nien Majid Rah­ne­ma : La force des pauvres (2008) et Quand la misère chasse la pau­vre­té (2003) et les nom­breux livres et articles sur la notion de « buen vivir », le bien vivre en har­mo­nie, toutes espèces vivantes confon­dues qui nous arrive des peuples amé­rin­diens des Andes, avec d’Al­ber­to Acos­ta Le Buen Vivir (éd. Uto­pia, 2014) et, sous la direc­tion de Nico­las Pri­net : Être comme eux (éd. Paran­gon, 2013), et le recueil diri­gé par Miriam Lang et Dunia Mokra­ni : Au-delà du déve­lop­pe­ment : cri­tiques et alter­na­tives lati­no-amé­ri­caines (éd. Amster­dam, 2014) qui nous per­met d’ac­cé­der à quelques textes d’E­duar­do Gudy­nas. Enfin, paru en avril 2018 aux édi­tions du Seuil : Sen­tir-pen­ser avec la Terre d’Ar­tu­ro Esco­bar. Pour rire de l’in­com­pré­hen­sion totale des mar­xistes au sujet des peuples indi­gènes qui ne sont plus ten­tés par le « déve­lop­pe­ment », on lira l’ar­ticle ridi­cule paru dans le Monde Diplo­ma­tique de mars 2018, « A la recherche de la Pacha­ma­ma », qu’en cour­rier des lec­teurs du numé­ro d’A­vril, Ales­san­dro Pignoc­chi, auteur de livres sur les Achuars-Jiva­ros [avec qui nous nous sommes entre­te­nus, voir : ici, NdE], dénonce, comme à la fin de sa lettre, Franck Gau­di­chaud, qui salue la cri­tique de la « vision déve­lop­pe­men­tiste des gou­ver­ne­ments « progressistes » ».

Enfin, je ter­mi­ne­rai en saluant le suc­cès des Papous contre l’ex­ploi­ta­tion minière sur l’île de Bou­gain­ville (film The Coco­nut Revo­lu­tion, le film pré­fé­ré des Indiens du Chia­pas !) à l’heure où par contre, les Kanaks risquent de se faire « niquer par le nickel » en inté­rio­ri­sant l’i­ma­gi­naire déve­lop­pe­men­tiste que tentent de leur incul­quer les conseillers fran­çais au nom de la « for­ma­tion de l’é­lite kanak ». Cette « for­ma­tion » res­semble à une « défor­ma­tion », une ten­ta­tive eth­no­ci­daire de les fran­ci­ser à la place de les kana­ki­ser ! Un peu au nord de la Kana­ky, sur l’île de Bun­lap au Vanua­tu, le peuple Saa, après avoir visi­té le « monde des Blancs », a déci­dé d’en tirer un bilan : ce que les gens de là-bas appellent le « pro­grès », le « déve­lop­pe­ment », c’est une vaste blague. Cela ne mène pas du tout au bon­heur. Alors ils ont déci­dé de tour­ner le dos à la « mon­dia­li­sa­tion » décrite par cer­tains comme une fata­li­té. Ils ont chas­sé tous les ensei­gnants, ils ont chas­sé tous les mis­sion­naires, ils ont chas­sé tous les agents de déve­lop­pe­ment. Ils ont déci­dé de ne par­ler que leur langue ances­trale, et de ne faire confiance qu’à leurs Anciens pour apprendre d’eux à vivre en autar­cie, par le petit jar­di­nage, et les méthodes de pêche d’autrefois.

Pas ques­tion de leur par­ler de « déve­lop­pe­ment durable » !

Thier­ry Sallantin

blancimarron@gmail.com,

Edi­tion : Nico­las Caaux

Cor­rec­tion : Lola Bearzatto


Pour en savoir plus : les 130 réfé­rences biblio­gra­phiques à la suite de mon article « Le déve­lop­pe­ment (même durable) c’est le pro­blème, pas la solu­tion ». Même site, voir aus­si : « Qu’est-ce que l’é­co­lo­gie radi­cale » & et « Cop 21 : le mot « décrois­sance » fait très peur au Figa­ro » (en l’hon­neur de Kar­men Rami­rez Bos­can, dont le peuple Wayuu ne veut pas d’élec­tri­ci­té). Même site : Les peuples contre l’État : 6 000 ans d’é­vo­lu­tion tota­li­taire. Et sur le site Ago­ra­vox, plu­sieurs articles dont « Com­ment tra­duire sus­tai­nable deve­lop­ment », et « Vive la pau­vre­té, à bas la misère ! Vive le chô­mage ! »

Ordon­nance de Bru­noy, roi Phi­lippe VI de Valois, 1346 :

« Les Maîtres des forêts enquer­re­ront et visi­te­ront toutes les forêts et bois qui y sont et ferons les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que les-dîtes forêts et bois se puissent per­pé­tuel­le­ment sous­te­nir en bon état. »

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  1. Bon­jour Thier­ry Sallentin, 

    Je suis lycéenne. Nous nous étions ren­con­trés à la mani­fes­ta­tion du 22 mai (il me semble) et avions eu une dis­cus­sion pas­sio­nante sur votre métier. 

    Cet article est tout aus­si pas­sio­nant et m’a appris beau­coup de choses. Cette ques­tion du point de vue et du mode de vie que les socié­tés occi­den­tales imposent à toutes les autres est très inter­es­santes. Je vais m’empresser de lire vos autres articles !

    Mer­ci beau­coup ! Manon Duboc

  2. Bon­jour Thier­ry Sallantin,
    Votre article et le film docu­men­taire de Fran­ck­lin Lopez qui l’ac­com­pagne résume assez bien les impasses et les impos­tures qui font que 40 années d’un Mou­ve­ment Éco­lo­giste en France peut se résu­mer a du sur place voir même s’en­fon­cer en patau­geant dans la semoule. Nous sommes des piètre défen­seurs de la Terre dont le bilan est d’une pau­vre­té acca­blante. Vous accor­der beau­coup d’im­por­tance au sens des mots et votre com­bat séman­tique sur le durable en est un exemple fla­grand de ce que j’ap­pel­le­rai d’une façon tri­viale « l’ encu­lage de mouche » mais qui donne peu de résul­tat mili­tant concret. Une impasse et une impos­ture à titre d’exemple. Consi­de­rer que toute la socié­té se résume qu’a un rap­port de force, c’est bien ce quelle attend, ren­trer dans ce jeu ou elle excelle, faire fasse à des vio­lents ou des non-violent ou elle sor­ti­ra tou­jours vain­queur parce qu’elle a les moyens ances­traux d’y faire face. L’im­pos­ture, c’est de vou­loir don­ner à des popu­la­tions anciennes toute la cré­di­bi­li­té pour qu’elles jouent un rôle de vic­time face a l’op­pres­seur en conti­nuant a les enfer­mer dans une cer­taine forme d’obs­cu­ran­tisme. Vous êtes cer­tai­ne­ment un com­bat­tant pour pré­ser­ver des valeurs de res­pect de notre envi­ron­ne­ment mais atten­tion aux pièges que l’on nous tend et dans les­quels volon­tai­re­ment nous vou­lons nous enfer­mer. Cor­dia­le­ment. Robinson

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