Haïe par des imbéciles, encensée par des idiots : le chemin de croix de Greta (par Nicolas Casaux)

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HAÏE PAR DES IMBÉCILES, ENCENSÉE PAR DES IDIOTS : LE CHEMIN DE CROIX DE GRETA

« Gre­ta, je t’aime » ! « Mer­ci Gre­ta » ! « Quel cou­rage » ! « Elle a du cran » !

Gre­ta Thun­berg, jeune fille sin­cère, et sans doute trop naïve, fait ce qu’elle peut — et ce qu’on attend d’elle – dans les cir­cons­tances qui sont les siennes. Para­doxa­le­ment, elle m’est sympathique.

Mais il y a quelque chose d’incroyablement indé­cent — et/ou stu­pide — dans le culte qu’une par­tie de la popu­la­tion lui voue. Une jeune fille blanche, issue de la bour­geoi­sie d’un pays par­mi les plus riches du monde, choi­sie non pas par hasard, mais en rai­son de qui elle est (des membres de sa famille, de leurs rela­tions, etc.), sou­te­nue, depuis les pré­misses de son épo­pée média­tique, par diverses per­son­na­li­tés ou orga­ni­sa­tions, riches, influentes ou puis­santes, ferait ain­si preuve d’un mérite et d’un cou­rage hors du com­mun en s’exprimant, après y avoir été invi­tée, au forum de Davos ou à l’ONU ?

On estime que, dans le monde, jusqu’à 1 mil­liard d’enfants de 2 à 17 ans ont subi des vio­lences phy­siques, sexuelles, émo­tion­nelles ou des négli­gences au cours de l’année écou­lée. Ont-ils du cou­rage ? Pour­quoi aucune cou­ver­ture média­tique, ou si peu, et autant pour Gre­ta ? Des mil­liers d’enfants, en Afrique et ailleurs, sont réduits en escla­vage dans des mines et d’autres camps de tra­vail pour le compte du tech­no­ca­pi­ta­lisme mon­dia­li­sé et de ses classes pri­vi­lé­giées. Ont-ils du mérite ?

Il y a une rai­son pour laquelle Gre­ta Thun­berg — et non pas quelque jeune Pales­ti­nienne for­gée à l’an­ti-impé­ria­lisme, quelque jeune révo­lu­tion­naire zapa­tiste, quelque jeune anar­chiste grecque d’Exar­cheia, ou quelque jeune mili­tant du Mou­ve­ment pour l’é­man­ci­pa­tion du del­ta du Niger — a été choi­sie afin de deve­nir une icône pour la jeu­nesse. Tous ces jeunes auraient pour­tant été en mesure, eux aus­si, de nous par­ler, non seule­ment, du dérè­gle­ment cli­ma­tique, mais en outre, et à la dif­fé­rence de Gre­ta Thun­berg, de nous rap­por­ter bien plus de « véri­tés » sur le monde dans lequel nous vivons.

Car j’ai lu plu­sieurs fois que si Gre­ta était si extra­or­di­naire, c’était parce qu’elle disait « la véri­té » (aux élites de la civi­li­sa­tion indus­trielle, aux médias de masse, au monde entier). La véri­té ? Gre­ta parle du désastre éco­lo­gique en cours. Oui. Mais elle pro­meut aus­si les soi-disant solu­tions éla­bo­rées par ces élites et pour la pré­ser­va­tion de la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle capi­ta­liste — elle ne cesse de glo­ri­fier « la science », d’insister sur l’importance de res­pec­ter l’accord de Paris, de mettre en place les « solu­tions » pré­co­ni­sées par le GIEC (qui n’a rien d’un groupe anti­ca­pi­ta­liste, ou anti-indus­triel). Ain­si qu’elle l’explique :

« Il faut que nous nous conten­tions de trans­mettre ce mes­sage, sans for­mu­ler de demandes, sans for­mu­ler aucune demande. Nous n’avons pas l’éducation qu’il faut pour nous per­mettre de for­mu­ler des demandes, il faut lais­ser cela aux scien­ti­fiques. Nous devrions sim­ple­ment nous concen­trer sur le fait de par­ler au nom des scien­ti­fiques, dire aux gens qu’il faut les écou­ter eux. Et c’est ce que j’essaie de faire. Ne pas avoir d’opinions vous-mêmes, mais tou­jours vous réfé­rer à la science. »

C’est pour­quoi elle ajoute :

« Per­son­nel­le­ment je suis contre le nucléaire, mais selon le GIEC, il peut consti­tuer une petite par­tie d’une grande solu­tion éner­gé­tique décar­bo­née, par­ti­cu­liè­re­ment dans les pays et les régions qui ne dis­posent pas de pos­si­bi­li­tés pour déve­lop­per mas­si­ve­ment les éner­gies renouvelables […]. »

Cela étant, je n’ai jamais enten­du Gre­ta dénon­cer les mul­tiples formes de vio­lence sys­té­mique, la coer­ci­tion, la ser­vi­tude, la dépos­ses­sion, l’aliénation, l’ethnocide, le mili­ta­risme, ou encore le patriar­cat sur les­quels reposent le capi­ta­lisme et la civi­li­sa­tion depuis des décen­nies, des siècles. Pour le dire autre­ment, je n’ai jamais enten­du Gre­ta Thun­berg dénon­cer le cours actuel des choses pour des rai­sons socié­tales (autres que cli­ma­to-éco­lo­giques). Je n’ai jamais enten­du Gre­ta expli­quer ou sug­gé­rer que l’État (« Auto­ri­té poli­tique sou­ve­raine, civile, mili­taire ou éven­tuel­le­ment reli­gieuse, consi­dé­rée comme une per­sonne juri­dique et morale, à laquelle est sou­mis un grou­pe­ment humain, vivant sur un ter­ri­toire don­né », selon la défi­ni­tion du CNRTL), le capi­ta­lisme, ou l’industrialisme, pou­vaient être des pro­blèmes, des obs­tacles à la réso­lu­tion des pro­blèmes éco­lo­giques qu’elle sou­ligne à juste titre. Ni même poser la question.

En revanche, j’ai enten­du Gre­ta affir­mer, à de nom­breuses reprises, qu’elle ne vou­lait pas par­ti­cu­liè­re­ment faire ce qu’elle fait, qu’elle ne devrait pas faire ce qu’elle fait, être là où elle est, qu’elle devrait plu­tôt « être à l’école ». Idée for­mu­lée de diverses manières par diverses jeunes per­son­na­li­tés du « mou­ve­ment pour le cli­mat » (ou « mou­ve­ment cli­mat »). Tou­jours en ce sens que si, enfin, vous, les diri­geants, vous déci­diez à agir pour gérer la crise cli­ma­tique, nous, les enfants, pour­rions retour­ner à l’école et la vie reprendre son cours si juste, bon et nor­mal. Seule­ment, « la véri­té », c’est que l’école en tant qu’institution n’a tou­jours été, pour les diri­geants éta­tiques, indus­triels, et désor­mais pour les tech­no­crates, qu’un « moyen de diri­ger les opi­nions poli­tiques et morales » (dixit un des pères de l’éducation natio­nale, Napo­léon Bona­parte). Ain­si que Fran­çois Gui­zot l’a for­mu­lé, « le gou­ver­ne­ment » a tou­jours « pris soin de pro­pa­ger, à la faveur de l’éducation natio­nale, sous les rap­ports de […] la morale, de la poli­tique, les doc­trines qui conviennent à sa nature et à sa direc­tion, ces doc­trines acquièrent bien­tôt une puis­sance contre laquelle viennent échouer les écarts de la liber­té d’esprit et toutes les ten­ta­tives sédi­tieuses ». Elwood P. Cub­ber­ley, doyen de L’école d’enseignement et édu­ca­tion à l’Université de Stan­ford, expli­quait, lui, que :

« Nos écoles sont, dans un sens, des usines, dans les­quelles les maté­riaux bruts – les enfants – doivent être façon­nés en pro­duits. […] Les carac­té­ris­tiques de fabri­ca­tion répondent aux exi­gences de la civi­li­sa­tion du 20ème siècle, et il appar­tient à l’école de pro­duire des élèves selon ses besoins spécifiques. »

(Tout ceci explique pour­quoi l’école ne pro­duit pas mas­si­ve­ment des anti­ca­pi­ta­listes, des anar­chistes ou des anti-industriels.)

Donc lorsque Gre­ta Thun­berg sug­gère que si seule­ment nos diri­geants agis­saient, les enfants du « mou­ve­ment cli­mat » pour­raient enfin retour­ner à l’école, elle se fait — une fois de plus — la défen­seuse d’une socié­té, d’un type de socié­té, infi­ni­ment plus pro­blé­ma­tique qu’elle ne le laisse entendre.

Bien sûr, j’en entends déjà me répondre qu’elle fait ce qu’elle peut, que son dis­cours n’est pas par­fait mais — mais, mince, je croyais que son mérite était pré­ci­sé­ment de dire « la véri­té », toute la véri­té, rien que la véri­té. Ou d’autres, encore, me dire qu’elle va y arri­ver, qu’elle débute, qu’il faut lui lais­ser le temps, que ce n’est qu’une enfant, et qu’on ne peut pas attendre beau­coup plus d’une enfant — ce qui est faux, ain­si que je l’ai rap­pe­lé plus haut. Comme si le jour où elle se met­trait à tenir un dis­cours véri­ta­ble­ment sub­ver­sif — y com­pris vis-à-vis des médias de masse et de leur rôle dans l’avènement de la pré­sente situa­tion poli­tique, sociale, éco­lo­gique, etc. — ne serait pas aus­si le jour où elle dis­pa­rai­trait des­dits médias de masse.

On constate le carac­tère ridi­cu­le­ment super­fi­ciel des reven­di­ca­tions de son cercle dans les demandes de l’action juri­dique qu’elle a récem­ment inten­tée, aux côtés de 15 autres jeunes, à l’encontre de cinq États :

« Nous recom­man­dons que les répon­dants revoient et, quand néces­saire, amendent leurs lois et poli­tiques natio­nales et sous-natio­nales afin d’assurer que la miti­ga­tion et les efforts d’adaptation soient accé­lé­rés autant que le per­mettent les res­sources dis­po­nibles et sur la base des meilleures don­nées scien­ti­fiques afin (1) de pro­té­ger les droits des plai­gnants et (2) de faire en sorte que l’intérêt de l’enfant soit une consi­dé­ra­tion pri­mor­diale, par­ti­cu­liè­re­ment en ce qui concerne les coûts et les charges qu’impliquent la miti­ga­tion du — et l’adaptation au — chan­ge­ment climatique.

Nous recom­man­dons que chaque répon­dant ini­tie une action coopé­ra­tive inter­na­tio­nale — et inten­si­fie ses efforts en ce qui concerne les ini­tia­tives de coopé­ra­tion exis­tantes — afin d’établir des mesures contrai­gnantes et appli­cables pour atté­nuer la crise cli­ma­tique, pré­ve­nir d’autres nui­sances vis-à-vis des plai­gnants, et garan­tir leurs droits inaliénables. »

Il s’agit donc de deman­der aux diri­geants de consa­crer de l’argent et des lois à l’atténuation du chan­ge­ment cli­ma­tique, ain­si qu’à l’adaptation de notre socié­té, la socié­té tech­no-indus­trielle capi­ta­liste, audit chan­ge­ment. Ce qui reflète bien les rai­sons d’être du mou­ve­ment ini­tié par Gre­ta Thun­berg. Mou­ve­ment avant tout consti­tué, semble-t-il, en rai­son d’une inquié­tude de ses membres pour leur propre ave­nir au sein de la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle— « vous me volez mon ave­nir », « vous vous fou­tez de mon ave­nir », sont des phrases que Gre­ta Thun­berg répète régu­liè­re­ment. (Et non pas en rai­son, encore une fois, de la nature inique, fon­da­men­ta­le­ment anti­dé­mo­cra­tique, coer­ci­tive, escla­va­giste, vio­lente, alié­nante, de la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle capi­ta­liste ; Gre­ta vou­drait sim­ple­ment que la crise cli­ma­tique soit gérée afin de pou­voir retour­ner à l’école, à sa place, ou plu­tôt à la place que l’on assigne aux enfants dans la socié­té indus­trielle). Et donc un mou­ve­ment qui par­ti­cipe à entre­te­nir cette espé­rance absurde selon laquelle il est sou­hai­table et devrait être pos­sible d’une part, de conser­ver l’es­sen­tiel de la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle, de garan­tir son ave­nir, mais aus­si, d’autre part, de stop­per le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et de mettre un terme à la des­truc­tion du monde natu­rel. C’est-à-dire un mou­ve­ment aux aspi­ra­tions contra­dic­toires, et pour par­tie indésirables.

Espé­rance qui garan­tit son sou­tien de « solu­tions » absurdes qui ne font — ain­si qu’on le constate déjà, par exemple à tra­vers les consé­quences du déve­lop­pe­ment des indus­tries des éner­gies dites « propres » et autres tech­no­lo­gies dites « vertes » — et ne feront qu’aggraver la situa­tion. Et tous les gré­tiens (membres du culte de Gre­ta) de s’en réjouir. Se pour­rait-il qu’à tra­vers les cris de sou­tien à Gre­ta Thun­berg ce ne soit « pas la révolte qu’on entend, mais la sou­mis­sion anti­ci­pée aux états d’exception, l’acceptation des dis­ci­plines à venir, l’adhésion à la puis­sance bureau­cra­tique qui pré­tend, par la contrainte, assu­rer la sur­vie col­lec­tive [le GIEC et ses pré­co­ni­sa­tions] » (ain­si que le for­mulent Jaime Sem­prun et René Rie­sel dans leur excellent livre Catas­tro­phisme, admi­nis­tra­tion du désastre et sou­mis­sion durable) ? On com­pren­dra que le fait de par­ve­nir à sti­mu­ler et ras­sem­bler (une par­tie de) « la jeu­nesse » autour d’une telle ambi­tion puisse ne pas appa­raitre comme une grande victoire.

Car au bout du compte, la plu­part de ceux qui encensent Gre­ta et de ceux qui l’at­taquent bête­ment, mali­gne­ment ou cyni­que­ment, se rejoignent sur un point, sur un objec­tif — au moins. Tous espèrent que la civi­li­sa­tion indus­trielle par­vien­dra à se per­pé­tuer, à assu­rer son ave­nir. Soit le but même de toute « nou­velle reli­gion » : « chan­ger tout pour que rien ne change ».

Nico­las Casaux

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  1. Elle m’est sym­pa­thique éga­le­ment. Cette atti­tude bor­née, cette obses­sion quant au cli­mat, cette incom­pré­hen­sion ingé­nue d’un sys­tème qui refu­se­rait obs­ti­né­ment de chan­ger, j’ai l’im­pres­sion d’être pas­sé par des étapes simi­laires, de com­prendre son début de che­mi­ne­ment (et le mien à com­men­cé bien plus tard). J’ai l’im­pres­sion aus­si qu’elle n’a rien de stu­pide, je demande à écou­ter son pro­pos dans 10 ou 15 ans (et voir où moi j’en suis de ma réflexion dans 10 ou 15 ans. En atten­dant, je ne suis tou­jours pas prêt à pas­ser à l’ac­tion et par­ti­ci­per au déman­tè­le­ment de la grande machine).
    Bien à vous !

  2. Effec­ti­ve­ment, oui, elle n’a que 16 ans. Et sans doute adhère-t-elle impli­ci­te­ment à la socié­té indus­trielle sans avoir eu le loi­sir d’y réflé­chir vrai­ment (peut-être). Mais qu’on ne me dise pas qu’il ne faut pas de cou­rage pour aller par­ler à l’O­NU et affron­ter la tem­pête d’in­sultes d’i­gnobles per­son­nages prêts à réduire le vivant en cendre plu­tôt que renon­cer à leur SUV. Le fait que des mil­lions d’autres enfants affrontent avec cou­rage des injus­tices dont per­sonne ne parle n’in­va­lide pas son cou­rage à elle.

    1. Le pire qui pou­vait lui arri­ver, un court métrage met­tant en scène une Ani­ta lui res­sem­blant comme deux gouttes d’eau, et se don­nant la mort en public devant la sur­di­té des puis­sances, je lui sou­haite de tout mon coeur, si elle est sin­cère, de ne pas voir ça, et sur­tout, de ne pas s’en ins­pi­rer. Les auteurs de ce truc infâme devraient être pour­sui­vis pour inci­ta­tion au sui­cide sur per­sonne vul­né­rable. Je vous remer­cie, Nico­las, de rap­pe­ler les enfants innom­brables et incon­nus qui se battent pour leur sur­vie, pour la liber­té d’ex­pres­sion, et meurent loin des regards incon­sis­tants des réseaux a‑sociaux.

    2. Elle est hélas sous « mind Kon­trol » depuis si long­temps qu’elle ne repré­sente donc que ce que l’on lui indique de dire t non pas ce qu’elle pense !

  3. salut. Quelque chose me gêne. Elle serait encen­sée ? On lui voue­rait un culte ? Certes ses inter­ven­tions sont sui­vies. Certes elle a sans doute pous­sé d’autres jeunes à des­cendre dans la rue et en ce sens a été sui­vie. De là à par­ler de culte ou d’en­cen­se­ment… je dis halte. Les mots ont un sens quand même. Que des per­sonnes (comme moi) la défendent lorsque des esprits bor­nés regardent le doigt plu­tôt que ce qu’il montre est une chose. L’en­cens et le culte dépeignent une atti­tude que je ne recon­nait ABSOLUMENT PAS dans les prises de posi­tions sym­pa­thiques que j’en­tends à son égard (et j’ha­bite pas sur la lune). Bref.
    Sur le fond, je l’ai enten­du dire en sub­stance à je ne sais plus quelle assem­blée inter­na­tio­nale de « poli­ti­ciens » qu’ils étaient lâches de défendre un sys­tème qui basait son opu­lence sur la des­truc­tion du vivant ET sur l’ex­ploi­ta­tion de la plus grande par­tie du monde humain. Elle asso­cie la crois­sance à la domi­na­tion des plus riches. Elle arti­cule ça avec le sac­cage de la pla­nète et elle n’en démord pas.
    Fran­che­ment, qu’elle soit blanche, rouge , noire ou jaune, femme ou enfant, fille de riche ou fille de pauvre, LGBT ou je ne sais quoi, quel­qu’un qui pro­fite de sa noto­rié­té pour aler­ter sur le dan­ger gra­vis­sime qui se des­sine est dans le juste. Le prin­ci­pal est là. Per­sonne n’au­ra jamais rai­son tout seul de toute façon. Qui peut se tar­guer d’a­voir rai­son sur toute la ligne et sous tous les éclai­rages ? Celui qui attend un mes­sie par­fait en tout point se fiche le doigt dans l’oeil et se détourne de la part de tra­vail qui lui incombe.
    Car c’est là le truc. elle a sur­ement déjà fait plus que sa part. A nous de prendre la bâton à nos niveaux respectifs.

    1. « Ils font de cela un sujet poli­tique, mais je ne parle jamais de poli­tique, tout ce que je dis, c’est que nous devons écou­ter la Science. […]

      Je n’ai jamais fait de décla­ra­tion poli­tique. Je n’ai jamais sou­te­nu de par­ti poli­tique et je n’ai jamais for­mu­lé d’o­pi­nion politique. […]

      Je n’ai jamais dit que nous ne devrions pas avoir de crois­sance éco­no­mique. J’ai sim­ple­ment dit qu’au lieu de nous concen­trer avant tout sur la crois­sance éco­no­mique et de par­ler argent, nous devrions par­ler des vies humaines et des écosystèmes. »

      — Gre­ta Thunberg.
      — Source : une toute récente inter­view (qui se déroule dans la voi­ture élec­trique, poli­tique, révo­lu­tion­naire et sub­ver­sive de Schwar­ze­neg­ger). https://www.dn.se/nyheter/varlden/greta-thunberg-in-exclusive-interview-the-election-of-trump-was-a-turning-point-for-the-climate-movement/

    2. Enfin, oui, cer­tains lui vouent un culte, c’est l’é­vi­dence (il n’y a qu’à voir les décla­ra­tions des YAB etc.). Je me concentre dans cet article sur ceux qui lui vouent un culte, pas sur ceux qui la défendent ou la sou­tiennent sans pour autant la sanctifier.

      1. Com­pro­mis­sions ? Ega­re­ments ? Manipulation ?
        A mon humble avis, qui pour­rait s’a­vé­ré » à côté de la plaque », c’est tou­jours pos­sible, en cher­chant à aler­ter la frange mains­tream de la popu­la­tion, elle « réduit » volon­tai­re­ment son dis­cours à la par­tie, fac­tuelle, scien­ti­fique, au constat. Pour la par­tie conscien­ti­sée de la popu­la­tion, cela peut paraître peu mais une large part de la popu­la­tion est encore loin de cela (notam­ment aux EU, pays co lea­der des dérèglements). 

        J’i­ma­gine (ou je pré­fère ima­gi­ner peut être) que c’est « tac­tique » ; faire ouvrir les yeux aux consom­ma­teurs du monde indus­tria­li­sé néces­site de ne pas les effrayer avec des posi­tions évo­lu­tion­naires trop radi­cales qu’ils ont appris à reje­ter par réflexes ser­viles depuis des dizaines d’années.
        Elle joue­rait le rôle d’un che­val de Troie : une fois conscient de la réa­li­té du dan­ger qu’en­court l’hu­ma­ni­té, cette frange mains­tream pour­rait alors être plus aisé­ment ouverte à des paroles plus sub­tiles, radi­cales, moins sim­plistes, à des modèles nou­veaux d’or­ga­ni­sa­tion humaine. Pour l’ins­tant, il n’y a pas de zone d’atterrissage pour ces idées dans dans la plu­part des esprits. Stra­té­gi­que­ment c’est pas aberrant.
        Cela peut l’a­me­ner à se mettre aux yeux de la marge conscien­ti­sée dans des pos­tures d’ap­pa­rentes com­pro­mis­sions ( la voi­ture de Arnold, l’a­po­li­tisme, ne pas se dire décroissante…). 

        Sans doute que Gre­ta Thun­berg y est pour quelque chose dans les récentes mobi­li­sa­tions pour le cli­mat qui ont eu lieu en Aus­tra­lie. C’est un pays aux émis­sions de CO2 impor­tantes, il freine les chan­ge­ments au niveau mon­dial et c’est donc une bonne chose que ça ait bou­gé là bas. Cela est il posi­tif pour ceux et celles qui pour­suivent le but de trans­for­mer notre monde ?
        Aujourd’­hui et en l’é­tat des rap­ports de force, je pense que oui.

        Bien sûr, une vigi­lance constante doit main­te­nir en res­pect les dis­cours et actions aux allures trom­peuses qui visent à main­te­nir un sys­tème injuste, inco­hé­rent et destructeur.
        Cela aura de plus en plus d’im­por­tance car (soyons posi­tifs) une plus part de plus plus grande de la popu­la­tion accep­te­ra de se livrer au jeu de la remise en cause de notre déve­lop­pe­ment gros­sier et indigne.

        Ma vision peut paraître naïve ou trop opti­miste. Mer­ci pour les éclai­rages critiques. 

        Il est bon de recen­trer les débat en expli­quant « nos ten­dances  » profondes.
        Alors, comme ma vision rejoint celle déve­lop­pée dans leur mani­feste par les Amis de la Terre , je la met en lien :

        https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf
        /societe_soutenable_web_.pdf

        à bien­tôt sur le chemin…

  4. Es ce que vous croyez sérieu­se­ment que l’on peut prendre la parole comme cela devant l’O­NU et devant le Forum de Davos sans aides et introduction ??

  5. Mer­ci pour cet article !
    Je me per­met d’a­jou­ter quelque chose qui me semble être important :
    Ne trou­vez-vous pas bizarre que ce qui reçois le plus d’at­ten­tion, soit par défi­ni­tion ce qui est impal­pable ? Le cli­mat. C’est où le cli­mat ? ça res­semble à quoi ? Il est soit-disant en train de chan­ger, on est sup­po­ser lut­ter contre ce chan­ge­ment, mais pour­tant, je suis inca­pable de le des­si­ner à ma fille où de lui expli­quer ce que c’est que ce fameux « cli­mat » ! C’est éton­nant tout de même !
    On m’au­rait deman­dé de défendre la forêt, ou la mer, j’ar­rive à me faire une image. J’ai une his­toire per­son­nelle avec la forêt der­rière la mai­son où j’ai gran­di. Si on me dit qu’on va l’a­battre et qu’il faut la défendre, je vais pas hési­ter car j’ai déve­lop­pé une rela­tion avec elle. J’y ai pique-niqué, j’y ai construit des cabanes, j’y ai vu des blai­reaux creu­ser leur ter­rier. Mais le climat…qui à déjà été se pro­me­ner dans le cli­mat, ou voir un cou­cher de climat ?
    Per­so, je pense que c’est volon­taire de la part de ceux qui mènent la danse, d’a­voir réus­si à faire se mobi­li­ser les gens pour le cli­mat. C’est par­fait. Per­sonne ne peut mesu­rer le cli­mat ou s’en faire une vrai idée sans ‑devi­nez-quoi?- des outils de mesure que seule notre socié­té tech­no-indus­trielle ne sait pro­duire. Et pour stop­per le « réchauf­fe­ment cli­ma­tique », il faut for­cé­ment des outils à la hau­teur de ceux qui à créer le pro­blème, ce qui veut dire ‑sha­zam!- plus de déve­lop­pe­ment indus­triel, mais cette fois pour la bonne cause madame, pour la bonne cause !
    Et nous mar­chons droit dans le piège : au lieu de per­mettre à nos enfant de tis­ser une rela­tion avec les rivières et les forêts que nous avons encore et qui fera qu’ils s’en feront natu­rel­le­ment les défen­seurs, nous per­dons notre temps à bras­ser des idées abs­traites sur le cli­mat, et pen­dant ce temps-là, les bull­do­zers avancent dans la forêt, et pré­parent le pro­chain parc éolien « pour pro­té­ger le cli­mat, madame ! »…

  6. Bien vu, c’est aus­si mon che­val de bataille, j’an­nonce que je me fiche du réchauf­fe­ment mais que j’en ai marre des champs de maïs, des idiots qui friment avec les grosses voi­tures etc…que j’aime la nature opu­lente où on peut se régé­né­rer. Après c’est bien que ce soit une petite blanche qui se rebiffe, c’est chez nous d’a­bord qu’il faut ini­tier la remise en ques­tion. Mais elle s’est faite récu­pé­rée de milles façons, sou­vent au pro­fit d’un huma­nisme qui ne porte pas assez loin la critique.

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Des mots chargés ! L’écriture comme discipline de combat (par Derrick Jensen)

Bien trop d'entre nous ont oublié, ou n'ont jamais su, que les mots peuvent servir d'armes au service de nos communautés. Bien trop d’entre nous ont oublié, ou n’ont jamais su, que les mots devraient être utilisés comme des armes au service de nos communautés. Depuis bien trop longtemps, trop de critiques et professeurs nous disent que la littérature devrait être apolitique (comme si c’était possible), et que même les essais et les œuvres journalistiques devraient être "neutres" ou "objectifs" (comme si, encore une fois, c’était possible).
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Rangez les drapeaux ! & « Notre » guerre contre le terrorisme (par Howard Zinn)

Oui, nous pouvons tenter de nous protéger de toutes les façons possibles contre des attaques futures, en tentant de sécuriser nos aéroports, nos ports, nos voies ferrées, et les autres centres de transports. Oui, nous pouvons tenter de capturer les terroristes connus. Mais aucune de ces actions ne mettra fin au terrorisme, qui émerge du fait que des millions de gens au Moyen-Orient et ailleurs sont en colère à cause des politiques États-Uniennes, et de ces millions de gens, certains verront leur colère se changer en fanatisme extrême.