Le Progrès arrive en gare de Lhassa (par Renaud Garcia)

Texte ini­tia­le­ment publié sur le site de PMO (Pièces et Main d’Oeuvre), à l’a­dresse sui­vante : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1277


Si on par­lait d’autre chose ? Le « virus chi­nois » qui nous beugle des­sus à coup de mass media depuis ce début de prin­temps, on s’en lasse.

C’est l’histoire, maintes fois contée, aus­si sou­vent refou­lée, de la des­truc­tion d’un peuple et de son pays par le che­min de fer. C’est la plus triste his­toire du monde, ou peut-être juste l’histoire du monde : la « conquête de l’Ouest », le Trans­si­bé­rien, le TAV Lyon-Turin, ou plu­tôt Lis­bonne-Kiev, qui se ruent à tra­vers plaines et mon­tagnes avec leurs car­gai­sons de tou­ristes et de mar­chan­dises, sous les applau­dis­se­ments una­nimes des officiels.

Libé­raux ou com­mu­nistes, les tech­no­crates sont No Bor­der. Ils ne veulent voir qu’un monde-machine : celui qu’ils pilotent. Le Tibet et le Val de Suse, avec leurs pay­sans et leurs mon­ta­gnards, ne sont pour eux que des obs­tacles, des poches arrié­rées sinon réac­tion­naires. Des zones à détruire.

En 2006, un demi-siècle après l’invasion du Tibet par l’armée chi­noise, le pro­grès est arri­vé en gare de Lhas­sa sous la forme du « Dra­gon de Fer » qui l’enchaîne à Pékin. Il s’agit pour l’impérialisme chi­nois de noyer les 6 mil­lions de Tibé­tains qui n’ont pas fui en Inde et ailleurs, sous l’afflux de colons chi­nois et de tou­ristes occi­den­taux. De sini­ser le Tibet, de piller ses res­sources en eau et en minéraux.

Aucune inter­na­tio­nale ou confé­rence boud­dhiste mon­diale ne sou­tient les Tibé­tains. Ils n’ont pas le pétrole, ni l’argent du pétrole. Ils n’ont pas un mil­liard de com­pa­triotes et/ou de core­li­gion­naires mobi­li­sés à leurs côtés. Ils ne tentent pas de conqué­rir ni de conver­tir le monde entier. Ils ne com­mettent pas de mas­sacres sui­cides. Ni chez eux ni en Chine ni ailleurs. Ils résistent aux Chi­nois comme les Qué­bé­cois ont résis­té aux Anglos et les Juifs aux Gen­tils : par la langue et la culture.

Quand les Chi­nois occupent ou détruisent leurs centres d’enseignement, les Tibé­tains se font brû­ler par dizaines. Ima­gine-t-on des Fran­co-Ricains se faire brû­ler pour défendre leur langue contre l’imposition du glo­biche américain ?

Ces jours-ci, les Occi­den­taux découvrent l’impérialisme chi­nois – après les Tibé­tains, les Ouï­gours, les Taï­wa­nais, les Hong-Kon­gais et tous les voi­sins de la Chine. Ce ne sont ni le « col­lier de perles », qui étrangle la Mer de Chine, ni les « Routes de la Soie » qui étendent leur toile jusqu’en Europe, qui les inquiètent. Mais un virus, peut-être échap­pé du labo­ra­toire P4 de Wuhan. Ils se plaignent poli­ment. La Chine n’est pas trans­pa­rente. La Chine abuse de son hégé­mo­nie indus­trielle sur la fabri­ca­tion des masques. Ce qu’il leur reste à décou­vrir der­rière l’impérialisme chi­nois, ou celui de ses rivaux, ce que les habi­tants de Wuhan et de Gafa­land connaissent déjà, c’est l’empire de la Machine. Le techno-totalitarisme.

Nova­lis : « Peu d’hommes sont des hommes. C’est pour­quoi les Droits de l’homme, extrê­me­ment indé­cents, sont éla­bo­rés comme s’ils exis­taient réel­le­ment. Soyez des hommes, et les Droits de l’homme vous revien­dront d’eux-mêmes. »

Pièces et Main d’Oeuvre

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Sur le tau­reau de fer qui fume, souffle et beugle,

L’homme a mon­té trop tôt. Nul ne connaît encor

Quels orages en lui porte ce rude aveugle,

Et le gai voya­geur lui livre son trésor,

Son vieux père et ses fils, il les jette en otage

Dans le ventre brû­lant du tau­reau de Carthage,

Qui les rejette en cendre aux pieds du Dieu de l’or.

— Alfred de Vigny, La mai­son du ber­ger (1844)

 

Il était une fois dans l’ouest de la Chine, un peuple, les Tibé­tains, qui n’avait rien deman­dé. Rien d’autre que leur indé­pen­dance, depuis 1913, sans que jamais le géant voi­sin ne la recon­naisse. Un peuple de nomades, de pas­teurs trans­hu­mants avec leurs cara­vanes de yacks. Des nonnes, des moines boud­dhistes, fidèles envers et contre tout à leur chef spi­ri­tuel, Ten­zin Gyat­so, le qua­tor­zième dalaï-Lama en exil en Inde, à Dha­ram­sa­la, depuis 1959. Des gar­diens du « troi­sième pôle », dis­sé­mi­nés sur le toit du monde, le pla­teau du Qin­ghai, où se trouvent la troi­sième concen­tra­tion de glace de la pla­nète et les sources de dix fleuves et rivières contri­buant à la vie de plus de deux mil­liards d’hommes. Des humains vivant avec l’animal, avec le sau­vage, anti­lopes et ours noirs notamment.

Depuis 1951 et l’invasion de 80000 sol­dats de l’Armée popu­laire de libé­ra­tion, le Par­ti Com­mu­niste Chi­nois pro­met le « para­dis socia­liste » aux Tibé­tains. Un Éden méca­nique, conquis à toute vapeur par le « Dra­gon de fer », ce train pro­je­tant sa car­casse depuis Pékin jusqu’à Lhas­sa, capi­tale de la Région auto­nome du Tibet, en 48 heures seule­ment pour 4561 km. Mao avait enton­né en 1952 le chant de la conquête de l’Ouest : « Amé­lio­rons la vie des mino­ri­tés ! En avant la construc­tion des routes ! Sur­mon­tons les obs­tacles ! » ; tou­jours au début des années 1950, Deng Xiao­ping ren­ché­ris­sait, au nom de la sécu­ri­té cultu­relle de l’État : « consa­crons tous nos efforts à défendre la fron­tière de l’Ouest » ; puis en 1994, les tra­vaux ayant été inter­rom­pus, Jiang Zeming rap­pe­lait la prio­ri­té : « Déve­lop­per le trans­port, mettre en valeur la région fron­ta­lière pour construire le Tibet » ; l’ingénieur Hu Jin­tao, « patron » du Tibet de 1988 à 1992, sur­nom­mé le « bou­cher de Lhas­sa » en rai­son de la répres­sion qu’il orches­tra à cette époque lors de sou­lè­ve­ments anti-chi­nois, s’appliqua enfin à concré­ti­ser le projet.

En juin 2006, le der­nier tron­çon du che­min de fer, d’une valeur de 3 mil­liards d’euros, fut posé. 12 heures depuis Gol­mud, la deuxième ville du Qin­ghai ; une vitesse com­prise entre 120 et 160 km ; plus de 80 % du tra­jet effec­tués à plus de 4000 mètres d’altitude ; pas­sé 5072 mètres, le Dra­gon fonce pen­dant 550 km sur du per­gé­li­sol (la par­tie du sol gelée en per­ma­nence). Six nou­velles voies reliant Lhas­sa aux régions envi­ron­nantes (Xin­jiang, Gan­su, Sichuan) ont été créées depuis. La « mai­son des Tré­sors de l’Ouest », comme le dit la ter­mi­no­lo­gie han (l’ethnie his­to­rique en Chine), n’a plus rien du mythe inviolable.

La gare de Lhassa

Dans l’Ouest tibé­tain, qui des­cend du train ? Non pas un taci­turne joueur d’harmonica, comme Charles Bron­son dans le film de Ser­gio Leone (1968). Pas davan­tage des petits et grands ban­dits âpres au gain, tels Frank (Hen­ry Fon­da) et Mor­ton (Gabriele Fer­zet­ti). Non. Des tou­ristes, chi­nois sur­tout. Pour les étran­gers, l’affaire est moins simple : c’est qu’il faut assu­rer la sécu­ri­té cultu­relle du Tibet. On évoque offi­ciel­le­ment 5000 voya­geurs arri­vant chaque jour à Lhas­sa. Une nou­velle ligne lan­cée en 2016 entre Lhas­sa et Cheng­du, capi­tale du Sichuan, a ren­for­cé l’afflux de tou­ristes au Tibet. On atteint 40 mil­lions désor­mais. Tous ces cadres voya­geant en pre­mière caté­go­rie sur des ban­quettes mol­le­ton­nées par com­par­ti­ments de six per­sonnes, qui fuient pour cer­tains les cinq mil­lions de bagnoles de la ville-four­mi­lière en quête d’un peu d’air frais, ne se doutent pas que leurs ancêtres sont morts par mil­liers, ailleurs, sacri­fiés au che­min de fer. Dans les années 1860 aux États-Unis, à l’époque des « barons voleurs » (les Rocke­fel­ler, Car­ne­gie, JP Mor­gan, Tho­mas Edi­son), c’est plus de 10 000 ouvriers chi­nois tra­vaillant pour la Cen­tral Paci­fic qui payèrent de leur vie la construc­tion de la pre­mière ligne de che­min de fer intercontinentale.

Des­cendent du train, éga­le­ment, des bra­con­niers et des fabri­cants à la recherche de four­rures ani­males. Le for­mi­dable dra­gon débusque les ani­maux, bien réels, eux, puis décime leur milieu. La popu­la­tion des anti­lopes et des ours noirs a ain­si dimi­nué d’une manière dras­tique. Déjà en 2006, il n’y avait plus que 7031 ours noirs au Tibet contre 14062 en 1994. Le nombre d’antilopes, chas­sées pour leur laine per­met­tant de confec­tion­ner des châles, ne s’élève plus qu’à 100 000, contre 1,2 mil­lion au début du siècle dernier.

Ursus thi­be­ta­nus, l’ours du Tibet, ou ours noir d’Asie

Le réseau de train du toit du monde apporte dans chaque can­ton de nou­veaux débou­chés. Des firmes occi­den­tales par­te­naires du colosse chi­nois ne s’y sont pas trom­pées, qui avancent leurs pions dans la région. La voie fer­rée sera le moyen, pour Pékin, de trans­por­ter plus aisé­ment les « res­sources natu­relles du riche Tibet en direc­tion des villes de la côte en manque de car­bu­rant ». Le che­min de fer Qin­ghai-Tibet, c’est la « solu­tion finale » des Chi­nois au Tibet[1]. Les réserves de cuivre attei­gnant 30 mil­lions de tonnes, leur exploi­ta­tion inten­sive remé­die à l’insuffisance du mar­ché inté­rieur chinois.

La firme cana­dienne Bom­bar­dier, plus influente qu’Alstom et Sie­mens dans le domaine des trans­ports, s’empresse de livrer 361 wagons pres­su­ri­sés adap­tés au manque d’oxygène en haute alti­tude. Les tou­ristes péki­nois, satu­rés de dioxyde de car­bone, pour­raient en effet être décon­te­nan­cés une fois sur les hau­teurs du pla­teau. Des citoyens cana­diens sen­sibles au désastre éco­lo­gique et humain cau­sé par la construc­tion du Dra­gon adressent une lettre ouverte au PDG de l’entreprise. Réponse de son porte-parole : « toute ques­tion poli­tique au Tibet ne concerne que les citoyens et leur gouvernement ».

Les affaires sont les affaires, tou­jours les affaires, rien que les affaires. Grou­pa­ma n’est pas en reste. Dans la pré­fec­ture de Nga­wa (Aba en chi­nois) située dans le Sichuan, aux portes du pla­teau, l’entreprise fran­çaise déploie ses poli­tiques d’assurance pour les yacks morts. De nou­velles lignes de train y ont été créées, annon­çant des auto­routes pour relier Cheng­du, la capi­tale du Sichuan, située à 500 km de Nga­wa. Cette région grande comme deux fois la Suisse n’est même pas peu­plée d’un mil­lion de per­sonnes. Grou­pa­ma s’y ins­talle et, au nom du déve­lop­pe­ment durable, aide les ins­tances chi­noises à en finir avec les pra­tiques ances­trales. Il s’agirait d’éviter le sur­pâ­tu­rage et de reve­nir à la prai­rie. En sous­cri­vant un contrat d’assurance pour ses bêtes tuées (par les condi­tions cli­ma­tiques ou leur pré­da­teur le loup), l’éleveur reçoit envi­ron 250 euros par tête morte, s’il par­vient à admi­nis­trer la preuve que l’animal a bien été brû­lé dans l’incinérateur construit pour l’occasion. Il n’a pas inté­rêt à lais­ser s’accroître son chep­tel. Le reste suit : les nomades se séden­ta­risent, subissent des relo­ge­ments mas­sifs dans de « nou­veaux vil­lages ». Leurs acti­vi­tés deviennent plus contrô­lables pour les bureaux des sta­tis­tiques ; à cette fin, l’entreprise « amie » met en œuvre le puçage élec­tro­nique du bétail.

Voi­là ce qui s’appelle construire une « cam­pagne socia­liste » au Tibet. Suite à la mise en ser­vice du Dra­gon de fer, et jusqu’en 2012, plus d’un tiers de la popu­la­tion tibé­taine de Chine a été dépla­cée et relo­gée dans des bâti­ments stan­dar­di­sés conçus par l’État. Et c’est ain­si que la misère chasse la pau­vre­té (Majid Rah­ne­ma). La misère, ou l’incapacité pour des indi­vi­dus déso­rien­tés de satis­faire des besoins préa­la­ble­ment impu­tés par le sys­tème indus­triel. Par­tout elle se sub­sti­tue à une exis­tence simple où la soli­da­ri­té com­pense l’austérité des condi­tions de vie.

Dans l’Ouest tibé­tain, qui attend sur le quai de la gare ? Non pas trois mal­frats vêtus de long dus­ty coats, mais des familles aux pra­tiques ances­trales, des vil­la­geois et des nomades vêtus de cou­leurs cha­toyantes, des reli­gieux dont les jour­nées sont scan­dées par les temps de médi­ta­tion, des jeunes gens qui au contact du domi­nant s’éprennent de moder­ni­té sans perdre de vue leurs usages ver­na­cu­laires. Des arrié­rés, figés dans un autre temps. Un peu comme, en Europe, ces réfrac­taires du Val Susa, pla­cés sur le « cor­ri­dor stra­té­gique » de la voie Lis­bonne-Kiev, et consi­dé­rés pour cela par les amé­na­geurs comme des « mon­ta­gnards incultes qui refusent le pro­grès en s’éclairant à la bou­gie dans leurs forêts per­dues [2]».

Pour Li Dez­hu, pré­sident de la com­mis­sion d’État des affaires eth­niques, les choses sont claires : les Tibé­tains menacent par leur exis­tence même la sta­bi­li­té démo­gra­phique et l’unité cultu­relle de l’État chi­nois. Il faut occu­per leur terre et leur impo­ser le rail, l’économie et des loge­ments urbains. Par­don, ils en ont « besoin » afin d’assurer, comme le dit par ailleurs ce tech­no­crate qui sait se faire poète, « le vol du paon vers l’ouest [3]».

Migrer, dépla­cer et rem­pla­cer. Go west youg man, Go west and grow up with your coun­try ! Au début du XIXe siècle, Jef­fer­son, qui vient de repous­ser la Fron­tière en ache­tant la Loui­siane à la France, s’inquiète du sort des Indiens : « deux mesures semblent abso­lu­ment indis­pen­sables. d’abord encou­ra­ger [les Indiens] à aban­don­ner la chasse […] Puis mul­ti­plier les comp­toirs de com­merce sur leurs ter­ri­toires […] les vouant ain­si à l’agriculture, à l’artisanat et à la civi­li­sa­tion[4]. » On mesure vite les fruits de la civi­li­sa­tion : en 1820, 120 000 Indiens vivaient à l’est du Mis­sis­sip­pi. En 1844, ils n’étaient plus que trente mille, le reste ayant été contraint de migrer vers l’ouest. Le train de la moder­ni­té rat­tra­pait, quoi qu’il advienne, Indiens et aven­tu­riers trap­peurs. Le futur aux trousses, même les plus endur­cis en étaient désta­bi­li­sés. On attri­bue ain­si cette parole au légen­daire pion­nier Daniel Boone : « Je n’étais pas depuis deux ans (dans le Mis­sou­ri) qu’un enfoi­ré de Yan­kee arri­vait et s’installait à moins de cent miles de chez moi ![5] ». Telle est la puis­sance révo­lu­tion­naire de l’expansion indus­trielle, incar­née par cette loco­mo­tive que chan­tait Whit­man en 1855, dans ses Feuilles d’herbe : « Emblème typant la moder­ni­té emblème d’action de force artère du conti­nent, / Viens mais viens ser­vir la Muse fusion­nant dans ma strophe telle que tu es telle que tu passes[6] ».

Michel Che­va­lier, ingé­nieur poly­tech­ni­cien, dis­ciple saint-simo­nien de Pros­per Enfan­tin, fut à bonne école en visi­tant au début des années 1830 les ins­tal­la­tions fer­ro­viaires amé­ri­caines. Voyez ce qu’il en conclut dans une lettre à l’ingénieur et réfor­ma­teur social Fré­dé­ric Le Play :

« Les che­mins de fer et les bateaux à vapeur ont un ave­nir superbe. La machine à vapeur, mal­gré les ingé­nieux per­fec­tion­ne­ments qu’elle a éprou­vés, est encore dans son enfance. Les métaux, par l’ef­fet de la cen­tra­li­sa­tion de l’in­dus­trie, doivent arri­ver à de très bas prix. On le voit déjà pour le fer en Angle­terre, leur emploi devien­dra uni­ver­sel. Les pro­grès qu’il est aisé de conce­voir et d’en­tre­voir d’i­ci à dix ans, dans la direc­tion de l’ex­ten­sion de l’emploi des métaux et sur­tout de la tri­ni­té fonte, fer, acier, et sous le rap­port des per­fec­tion­ne­ments appor­tés à la machine à vapeur, aux bateaux à vapeur, aux che­mins de fer, et aux com­mu­ni­ca­tions en géné­ral ; ces pro­grès, dis-je, sont pro­di­gieux car enfin, toute cette acti­vi­té bel­li­queuse va se repor­ter bien­tôt sur l’in­dus­trie ; toute cette force qui se dis­sipe dans de vaines que­relles par­le­men­taires, va s’u­ti­li­ser du côté de la pro­duc­tion, du tra­vail, et ce n’est pas tout encore[7]».

Le saint-simo­nisme, c’est le ber­ceau de l’idéologie de l’expansion : pro­duire tou­jours davan­tage, car l’intérêt de l’humanité entière dépend de l’exploitation et de l’amélioration la plus rapide du globe ter­restre. Les col­lègues scien­ti­fiques de Che­va­lier œuvrent à mille pro­jets de voies fer­rées, de canaux, s’en vont per­cer l’isthme de Suez en 1833 et réunissent dans l’ouvrage Le sys­tème médi­ter­ra­néen des articles parus dans le jour­nal Le Globe, qui défi­nissent un pro­jet de réseau des grandes villes euro­péennes. Le che­min de fer incarne « la marche vers l’unification uni­ver­selle », comme l’écrira Zola dans les brouillons de son roman La bête humaine (1890), bien loin de la déplo­ra­tion roman­tique d’un Vigny.

Des éoliennes et des lignes élec­triques sont visibles depuis le train dans le pay­sage déser­tique de la région du Qin­ghai. Pro­vince du Qin­ghai, Chine, 21 juillet 2018.

Che­vau­chant le Dra­gon de fer de Pékin à Lhas­sa, reliant les régions recu­lées du Sichuan à la méga­pole de Cheng­du, ouvrant les voies qui unissent la région de Gan­su (à l’est de la Région Auto­nome du Tibet) à celle du Xin­jiang (au nord), le Par­ti Com­mu­niste Chi­nois cherche exac­te­ment la même chose : uni­fier, stan­dar­di­ser, contrô­ler. Se répandre par toutes les voies du réseau (les mili­taires, les fonc­tion­naires et les employés des entre­prises natio­nales béné­fi­cient de primes d’avancement s’ils se rendent au Tibet). Inté­grer l’espace aux pro­jets de moder­ni­sa­tion qui accom­pagnent le train : bar­rage sur le fleuve Yar­lung, bar­rage des Trois Gorges, extrac­tion dans les mines de cuivre, auto­route puis Inter­net. Tuer à petit feu la langue et la culture, en ne dis­tri­buant aux col­lé­giens que des manuels sco­laires en chi­nois, en pos­tant par­tout des direc­teurs d’écoles et de lycées membres du Par­ti. Une fois que, leurs trou­peaux abat­tus, les pas­teurs trans­hu­mants auront été entiè­re­ment relo­gés dans des villes nou­velles et que les plus vieux d’entre eux auront dis­pa­ru, l’intégration uni­ver­selle sera accom­plie, la fron­tière pré­ser­vée, la mémoire écra­sée. Le Tibet sini­sé. Le « socia­lisme » indus­triel est un totalitarisme.

« Le sen­ti­ment de sécu­ri­té est le meilleur cadeau qu’un pays puisse offrir à son peuple », dit Xi Jin­ping[8], qui a par ailleurs conçu le pro­jet du réseau Grea­ter Bay Area, cen­sé relier neuf villes du sud de la Chine (Can­ton, Shenz­hen, Zhu­hai, Foshan, Zhong­shan, Dong­guan, Huiz­hou, Jiang­men et Zhao­qing) à Hong­kong et Macao.

Cré­dit social, recon­nais­sance faciale, séquen­çage du génome au Bei­jing Geno­mics Ins­ti­tute : le gou­ver­ne­ment chi­nois œuvre en effet à la sécu­ri­té de son chep­tel, par l’élimination de son peuple. Un chep­tel trié, sélec­tion­né, machi­né. Un peuple anni­hi­lé et oublié. Du point de vue tibé­tain, le Dra­gon de fer sym­bo­lise la répres­sion de leur peuple, lié par une spi­ri­tua­li­té et une aspi­ra­tion puis­sante : celle de voir son chef spi­ri­tuel, le dalaï-lama, reve­nir de son exil en Inde. En 2008, à l’occasion du 49ème anni­ver­saire de son départ, une par­tie de la popu­la­tion tibé­taine s’est mobi­li­sée pour récla­mer la liber­té de reli­gion et l’indépendance. La répres­sion fit des cen­taines de morts. Les trains retrou­vèrent une de leurs sinistres fonc­tions : dépor­ter entre 700 et 900 moines, conduits de Lhas­sa vers la pri­son de Gol­mud, où ils res­tèrent déte­nus jusqu’à la fin des Jeux Olym­piques de Pékin.

Après plus de 21 heures, le train Qin­ghai-Tibet arrive a sa des­ti­na­tion finale ; la capi­tale tibe­taine Lhas­sa. Aux abords de la ville, on aper­coit des tours d’appartement, des indus­tries et de la pol­lu­tion. Region auto­nome du Tibet, Chine, Juillet 22 2018.

Depuis, les décla­ra­tions du gou­ver­ne­ment tibé­tain en exil se mul­ti­plient. Le dalaï-lama en 2008 : « les Tibé­tains de tout le Tibet (…) ont dû vivre depuis six décen­nies dans un état de peur per­ma­nente, d’intimidation et de sus­pi­cion sous la répres­sion chi­noise [9]» ; Lob­sang San­gay, Pre­mier ministre de l’administration tibé­taine en Inde, en 2011 : « Les Tibé­tains sont en train de deve­nir des citoyens de seconde zone dans leur propre patrie [10]» ; Pen­pa Tse­ring, pré­sident lors du conclave de Dha­ram­sa­la, en 2012 : « Un état de loi mar­tiale inavoué est tou­jours à l’œuvre au Tibet ». Tout est per­mis en effet pour le colo­ni­sa­teur. Face aux relo­ge­ments bru­taux et sans com­pen­sa­tions, face aux sup­pres­sions des écoles bilingues, toute ten­ta­tive de pro­tes­ta­tion est cri­mi­na­li­sée, accu­sée de sépa­ra­tisme et de sédi­tion contre l’État. Dans divers monas­tères, on trouve l’équivalent d’une cel­lule de la DGSE. Par exemple au monas­tère de Lut­sang, un des foyers insur­rec­tion­nels en 2008. Le « comi­té de sur­veillance » y est com­po­sé de dix cadres, donc cinq poli­ciers[11]. La stra­té­gie du choc est aus­si à l’œuvre : les catas­trophes natu­relles ou l’agitation popu­laire four­nissent le pré­texte d’une réno­va­tion urbaine au terme de laquelle la popu­la­tion tibé­taine décroît. L’habitat tra­di­tion­nel boud­dhique au centre de Lhas­sa s’est ain­si réduit comme peau de cha­grin pour lais­ser la place aux édi­fices béton­nés de l’administration cen­trale. Depuis l’été 2019, entre 3000 et 6000 reli­gieux ont été expul­sés du monas­tère de Yar­chen Gar, dans le Sichuan. Pour les plus réti­cents, on admi­nistre des ses­sions de réédu­ca­tion patriotique.

Cette fois, aucun jus­ti­cier ven­geur à l’harmonica ne vien­dra régler leur compte aux oppres­seurs. Alors les Tibé­tains réagissent. Ils se défendent : « ren­dez-nous notre terre ! », crient les nomades séden­ta­ri­sés et relo­gés ; « qu’on n’exploite plus nos tré­sors ! », sup­plient les proches d’un jeune père de famille qui s’est immo­lé. On entend l’écho de Chi­pa­ro­pai, indienne Yuma : « oui, nous savons que lorsque vous venez, nous mou­rons[12] ». Aus­si de Black Hawk, chef de la tri­bu Fox et Sacs de l’Illinois, vain­cu lors de la « guerre de Black Hawk », en 1832 :

« Ils se sont ins­tal­lés par­mi nous comme le ser­pent. Ils nous ont empoi­son­nés par leur simple contact. Nous n’étions plus en sécu­ri­té. Nous vivions dans la crainte. […] Les hommes blancs ne scalpent pas mais ils font pire encore : ils empoi­sonnent les cœurs.[13]»

Les Tibé­tains, à l’agonie, se défendent. Et ils se sacri­fient par le feu. Depuis le sou­lè­ve­ment géné­ral de 2008, répri­mé dans le sang, avec les mul­tiples bri­mades quo­ti­diennes qui en décou­lèrent, on compte plus de 150 per­sonnes immo­lées, moines comme laïcs. La pre­mière fut le moine Tapey, à Aba, au Sichuan, le 27 février 2009. Les poli­ciers cri­blèrent de balles son corps en flammes. Se mettre le feu, puis mou­rir sous les balles, dans l’indifférence de l’opinion publique chi­noise, lobo­to­mi­sée par la pro­pa­gande du Par­ti, qui traite les immo­lés de « ter­ro­ristes » et traque leurs familles. Réchap­per à ses bles­sures et essuyer les quo­li­bets du per­son­nel hos­pi­ta­lier chi­nois, comme le moine Lob­sang Kun­chog, « ampu­té des quatre membres et sou­mis aux bri­mades du per­son­nel chi­nois de l’hô­pi­tal où il est trai­té[14] ». Se mettre le feu, au nom d’une tra­di­tion, d’une langue et d’un espoir : que le dalaï-lama revienne. Que l’on soit pieux ou non, se rend-on compte du scan­dale que cela signi­fie pour un boud­dhiste, cen­sé res­pec­ter toute forme de vie ? Il paraît, à entendre cer­tains cracks du « milieu » radi­cal, que la non-vio­lence pro­tège l’État, le racisme, le fas­cisme et toute la lita­nie. Se rend-on compte de ce que cela signi­fie, pour des non-vio­lents, d’en arri­ver à cette extré­mi­té, la seule par laquelle ils puissent se faire entendre ?

On est loin de la voie « médiane » sou­te­nue par le dalaï-lama, qui a tou­jours défen­du la pos­si­bi­li­té d’un dia­logue avec les élites tech­no­cra­tiques du Par­ti et misé récem­ment sur l’émergence d’une men­ta­li­té moins maté­ria­liste chez les Chi­nois moyens. Des mili­tants indé­pen­dan­tistes cri­tiquent cette pos­ture, en appellent aux repré­sailles. Pour­tant, c’est encore au nom du chef spi­ri­tuel en exil, taxé de « per­tur­ba­teur » par Pékin, que l’on s’offre en sacri­fice. Là encore, a‑t-on vrai­ment idée de ce que cela signi­fie ? Car le dalaï-lama n’a jamais été oppo­sé au Dra­gon de fer : « notre pays a chan­gé, le monde change » ; « nous avons besoin de nous déve­lop­per [15]» ; « s’il n’y a pas de moti­va­tion poli­tique et pas de pro­gramme poli­tique caché, le che­min de fer sera bon pour le Tibet. C’est pour cela que sa sain­te­té le dalaï-lama a décla­ré qu’il fal­lait s’en réjouir [16]». Pis, il a appor­té son sou­tien au pro­jet Ava­tar du busi­ness­man trans­hu­ma­niste Dmi­tri Its­kov[17], sou­te­nu éga­le­ment par les 1331 mil­liar­daires de la liste Forbes. Ce pro­jet « spi­ri­tua­liste » consiste à créer un cer­veau arti­fi­ciel pour y trans­plan­ter l’esprit d’un homme afin que cet esprit puisse contrô­ler un holo­gramme huma­noïde. Bref, la radi­ca­li­sa­tion de la volon­té de puis­sance indus­tria­liste. Là est la tra­gé­die du Tibet, pour nous athées et esprits cri­tiques. Sa sain­te­té le dalaï-lama, trans­hu­ma­niste, est objec­ti­ve­ment un traître à son peuple. Lequel ne peut envi­sa­ger d’autre issue que de le véné­rer, d’adjurer son retour et de brû­ler pour lui.

La construc­tion du nou­vel auto­route Chine-Tibet est visible depuis une fenetre du train Qin­ghai-Tibet. Region auto­nome du Tibet, Chine, Juillet 22 2018.

Si l’agonie est cette vie déses­pé­rée qui se défend en se consu­mant, elle est aus­si, éty­mo­lo­gi­que­ment, un « com­bat ». La poé­tesse Tse­ring Woe­ser, tibé­taine en rési­dence sur­veillée à Pékin, en docu­mente les nou­velles formes. Elle invite les résis­tants à ché­rir leur vie au temps de l’oppression. Une jeu­nesse qui a gran­di avec la pré­sence des Chi­nois sur son sol apprend à retrou­ver son pas­sé, son héri­tage et sa langue. Elle pense une défense intel­li­gente, qui s’oppose à l’oppresseur sans s’arc-bouter sur les tra­di­tions théo­cra­tiques. Retour du boo­me­rang : l’unification du ter­ri­toire par le réseau indus­triel, au ser­vice du « socia­lisme à carac­té­ris­tiques chi­noises », attise la consti­tu­tion d’une uni­té natio­nale qui trans­cende l’appartenance fami­liale, eth­nique et reli­gieuse. Des col­lé­giens mani­festent contre le pro­jet de sup­pri­mer le tibé­tain dans l’enseignement secon­daire (peut-on ima­gi­ner, en France, des col­lé­giens se bat­tant pour sau­ver leur langue du glo­biche mana­gé­rial ?). De nou­veaux rituels sym­bo­lisent un atta­che­ment mili­tant à la culture : mou­ve­ment des mer­cre­dis blancs, jour où l’on s’oblige à man­ger tibé­tain, se vêtir tibé­tain, par­ler un tibé­tain épu­ré de mots chi­nois ; concours de mots tibé­tains. « C’est, dans un cer­tain sens, le cadeau caché de la répres­sion chi­noise ![18] », dit l’écrivain chi­nois Wang Lixiong, mari de Tse­ring Woe­ser, l’un des rares intel­lec­tuels han à s’intéresser à la ques­tion tibétaine.

On se sou­vient de la scène inau­gu­rale d’Il était une fois dans l’ouest. Sous le cri lan­ci­nant d’une éolienne, les trois membres du gang de Frank attendent en gare. Une mouche bour­donne autour de la gueule en sueur du pre­mier et cherche à s’insinuer dans sa bouche, pen­dant que, goutte après goutte, une fuite au pla­fond scande le temps en s’abattant sur le cha­peau du second. Le troi­sième, éma­cié et buri­né, fait cra­quer ses pha­langes. Sque­lette, emprise du temps, chair mena­cée de putré­fac­tion : tous les élé­ments de la pein­ture des vani­tés en vogue au XVIIe siècle, dont Pas­cal allait reprendre les thèmes pour médi­ter sur le vide qui guette la volon­té de puis­sance des Grands. Plus tard, en 1854, Hen­ry David Tho­reau, amé­ri­cain anti-escla­va­giste, théo­ri­cien de la résis­tance au gou­ver­ne­ment civil, mar­cheur, épi­cu­rien, amou­reux du sau­vage et par­ti­san de la pau­vre­té volon­taire, dira dans Wal­den : « Si au lieu de fabri­quer des tra­verses et de for­ger des rails, et de consa­crer jours et nuits au tra­vail, nous employons notre temps à battre sur l’enclume nos exis­tences pour les rendre meilleures, qui donc construi­ra des che­mins de fer ? Et si l’on ne construit pas de che­mins de fer, com­ment attein­drons-nous le ciel en temps ? Mais si nous res­tons chez nous à nous occu­per de ce qui nous regarde, qui donc aura besoin de che­mins de fer ? Ce n’est pas nous qui rou­lons en che­min de fer ; c’est lui qui roule sur nous[19]. » Face à la vio­lence de l’oppresseur, il ne reste, en guise de conso­la­tion, que la faible lumière de ce savoir : s’il est fort de ses che­vaux vapeur et de la crois­sance de son éco­no­mie, sa puis­sance morale et spi­ri­tuelle reste insi­gni­fiante. C’est sans doute ce que vou­laient dire ces moines en route vers Lhas­sa, alors que le Dra­gon de fer venait d’être inau­gu­ré : « Nous, nous allons à Lhas­sa à pied. Quand on est en pèle­ri­nage, il ne faut pas prendre le train[20]. »

Renaud Gar­cia

Le 19 avril 2020


  1. Jack Lu, « Un train pour le Tibet, un che­min de fer pour la Chine », Outre-terre, 2006/2 no 15. pages 391 à 407.
  2. « Le monde entier dans un frag­ment. Trois hypo­thèses sur la lutte contre le train à grande vitesse en Ita­lie », bro­chure inti­tu­lée Contri­bu­tions à la lutte contre le TAV (Lyon-Turin), deuxième volet.
  3. Susette Cooke, « La culture tibé­taine mena­cée par la crois­sance éco­no­mique », Pers­pec­tives chi­noises, années 2003, 79, pp. 44–57.
  4. Cité dans Howard Zinn, Une his­toire popu­laire des États-Unis, de 1492 à nos jours, Mar­seille, Agone, 2002, p. 151.
  5. Cité dans Chris­to­pher Lasch, Le seul et vrai para­dis, Cli­mats, 2002, p. 87.
  6. Walt Whit­man, « Loco­mo­tive l’hiver » in Feuilles d’herbe, NRF Gal­li­mard, 2002, p. 620.
  7. Lettre de Michel Che­va­lier à Fré­dé­ric Le Play, 13 jan­vier 1833, Biblio­thèque de l’Arsenal, Fonds Enfan­tin, 7647.
  8. « Le Monde selon Xi Jin­ping », film docu­men­taire d’Arte.
  9. « Tibet, Xin­jiang, Hong­kong : le rail au ser­vice de l’intégration », L’opinion, série « La Chine vue du train ».
  10. « La domi­na­tion de Pékin au Tibet est inte­nable », Le Monde, 17 août 2011.
  11. « Big Bro­ther au Tibet », Le Monde, 4 mai 2012.
  12. Pieds nus sur la terre sacrée, Denoël, 1987, p. 115.
  13. Cité par Zinn, p. 156.
  14. « Pour l’an­ni­ver­saire du sou­lè­ve­ment de Lhas­sa, la crise atteint un nou­veau paroxysme au Tibet », Le Monde, 14 mars 2012.
  15. « Un géno­cide cultu­rel est en train d’avoir lieu au Tibet », Le Monde, 30 octobre 1996.
  16. « La Chine inau­gure le train le plus haut du monde », La croix, 30 juin 2006.
  17. « The Dalai Lama Sup­ports 2045’s Ava­tar Pro­ject », 2045.com, 04/ 05/ 2012.
  18. « Le Tibet trouve de nou­velles voix », Le Monde, 31 mai 2012.
  19. Tho­reau, Wal­den ou la vie dans les bois, Gal­li­mard, « L’imaginaire », 1922, p. 91.
  20. « Pékin inau­gure le train du toit du monde, voué à désen­cla­ver et à sini­ser le Tibet », Le Monde, 1er Juillet 2006.

 

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