Reporterre, Mr Mondialisation, Les Échos et la promotion des illusions vertes (par Nicolas Casaux)

Article mis à jour le 15 avril 2020.


Par­mi les nom­breuses bali­vernes col­por­tées afin d’encourager le déve­lop­pe­ment des indus­tries des éner­gies dites « vertes », « propres » ou « renou­ve­lables », dans l’optique de don­ner à croire qu’il pour­rait exis­ter une civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle « verte », « propre » ou « renou­ve­lable » (et par­tant du prin­cipe que ce serait chose sou­hai­table), on retrouve cette idée selon laquelle, au sur­plus, recou­rir à ces tech­no­lo­gies per­met­trait aux petites gens de récu­pé­rer « le pou­voir », ou « du pouvoir ».

Ain­si peut-on lire, dans un article inti­tu­lé « Auto­con­som­ma­tion : un mou­ve­ment citoyen qui pour­rait rabattre les cartes de l’industrie », publié en octobre 2017 dans Les Échos (média ultra-sub­ver­sif s’il en est), que le déve­lop­pe­ment des éner­gies dites « renou­ve­lables » ou « vertes » consti­tue « une occa­sion pour les citoyens de reprendre les pleins pou­voirs sur leur consom­ma­tion ». Ou dans un article du média alternatif/indépendant Repor­terre, que l’achat de pan­neaux solaires (ou d’autres appa­reils de pro­duc­tion d’énergie dite « verte »), c’est : « L’appropriation des outils de pro­duc­tion et de dis­tri­bu­tion par les citoyens ». Ou encore, dans un article inti­tu­lé « Des citoyens s’organisent pour four­nir de l’énergie renou­ve­lable et locale dans toute la Wal­lo­nie », publié par Mr Mon­dia­li­sa­tion (un autre for­mi­dable média alternatif/indépendant), que ces « ini­tia­tives » consis­tant à finan­cer et orga­ni­ser eux-mêmes le déve­lop­pe­ment de tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergie dite « verte » per­mettent à des citoyens de se réap­pro­prier « les com­pé­tences stra­té­giques de pro­duc­tion et de four­ni­ture d’électricité à un niveau régio­nal et local ». Comme quoi, Repor­terre, Les Échos, Mr Mon­dia­li­sa­tion, c’est la même soupe avariée.

En réa­li­té, en ache­tant un (ou plu­sieurs) pan­neau solaire pho­to­vol­taïque, ou en ayant des parts dans un parc éolien, ou un bar­rage hydro­élec­trique, « les citoyens » ne reprennent le pou­voir sur rien du tout. Ils ne se réap­pro­prient aucu­ne­ment « les com­pé­tences stra­té­giques de pro­duc­tion et de four­ni­ture d’électricité à un niveau régio­nal et local ». C’est com­plè­te­ment absurde, et faux. Ils achètent des pan­neaux solaires. Ou prennent des parts dans un parc éolien. C’est tout. Une par­tie de l’énergie qu’ils consomment sera désor­mais pro­duite par ces appa­reils. Mais ils ne fabriquent pas eux-mêmes les­dits pan­neaux ou éoliennes, ni tous les appa­reils qui vont avec (ondu­leurs, bat­te­ries, câbles, etc.) qui sont les pro­duits de la civi­li­sa­tion indus­trielle glo­ba­li­sée, et des orga­ni­sa­tions auto­ri­taires que sont les États-nations, et du capi­ta­lisme. Ils ne contrôlent pas ni n’ont eux-mêmes fabri­qué les outils ayant ser­vi à construire les­dits pan­neaux solaires ou éoliennes. Ils ne savent sans doute pas grand-chose de tout ce qu’implique leurs pro­duc­tions. En quoi sont-ils faits ? D’où pro­viennent les matières pre­mières ? Qui les a extraites ? Trai­tées ? Trans­por­tées ? Où ses com­po­sants ont-ils été fabri­qués ? Où ont-ils été assem­blés ? Par qui ? À l’aide de quels outils, ou appa­reils ? etc. La tota­li­té de leur pro­jet s’inscrit dans le cadre des règles impo­sées par l’État-capitaliste. Ils deviennent sim­ple­ment eux-mêmes promoteurs/financeurs de pro­jets indus­triels. La belle affaire, n’est-ce pas.

On n’a jamais vu per­sonne sor­tir d’un maga­sin Ikea, après y avoir ache­té un cou­teau de cui­sine, se van­ter d’être pro­prié­taire d’un outil de pro­duc­tion, pré­tendre par-là se réap­pro­prier des « com­pé­tences stra­té­giques de pro­duc­tion et de four­ni­ture d’alimentation à un niveau régio­nal et local ».

En outre :

1. L’énergie soi-disant « verte » que pro­duisent et pro­dui­ront ces cen­trales (solaires, éoliennes, peu importe) s’ajoute et s’a­jou­te­ra sim­ple­ment au « mix éner­gé­tique » glo­bal, elle ne sup­plante pas la pro­duc­tion d’énergie offi­ciel­le­ment non-verte.

2. Cette éner­gie, dont le carac­tère « vert » est déjà un fameux men­songe[1], pro­duite par des appa­reils issus du sys­tème tech­no-indus­triel capi­ta­liste qui détruit la pla­nète, sert à ali­men­ter tout un éven­tail d’appareils (autant de futurs e‑déchets) eux-mêmes issus du sys­tème tech­no-indus­triel capi­ta­liste mon­dia­li­sé qui détruit la pla­nète. Voi­là pour l’écologie.

Pour le dire autre­ment : les éoliennes et les pan­neaux solaires ne poussent pas dans les arbres et ne servent pas à faire fleu­rir les jon­quilles ; ils sont construits à l’aide de maté­riaux obte­nus ou extraits ici et là, dans des usines dis­per­sées ici et là, au moyen de tout un ensemble d’infrastructures et de machines indus­trielles, le tout repo­sant sur les régimes gou­ver­ne­men­taux (tout sauf démo­cra­tiques) des États-nations du monde et sur le capi­ta­lisme qu’ils imposent ; et ils servent à ali­men­ter des télé­vi­seurs, des réfri­gé­ra­teurs, des ordi­na­teurs, et tout un tas d’autres machines.

Les médias, groupes et indi­vi­dus qui font la pro­mo­tion des tech­no­lo­gies vertes en géné­ral n’ont en géné­ral aucune ana­lyse des impli­ca­tions poli­tiques des ins­tru­ments tech­niques, de la tech­no­lo­gie. Sans État et sans capi­ta­lisme (sans l’or­ga­ni­sa­tion sociale hié­rar­chique qu’il consti­tue, avec d’im­menses spé­cia­li­sa­tions et divi­sions du tra­vail, etc.), impos­sible de pro­duire le moindre pan­neau solaire pho­to­vol­taïque ou la moindre éolienne. Pour­tant, par­mi les­dits médias, groupes et indi­vi­dus,  plu­sieurs n’hé­sitent pas à se décla­rer anti­ca­pi­ta­listes, et à affir­mer, de manière par­fai­te­ment irré­flé­chie, que ces tech­no­lo­gies ne posent aucun pro­blème en elles-mêmes, que le pro­blème, c’est sim­ple­ment qu’elles ne sont pas encore au point et qu’elles se déve­loppent selon les « logiques du mar­ché » (alors, encore une fois, que sans le capi­ta­lisme, elles ne pour­raient tout bon­ne­ment pas exis­ter). Pour une dis­cus­sion plus appro­fon­die des liens entre le degré de com­plexi­té tech­no­lo­gique d’une socié­té et son poten­tiel démo­cra­tique, des liens entre cer­taines caté­go­ries de tech­no­lo­gies et cer­tains types d’or­ga­ni­sa­tion sociale, entre hautes tech­no­lo­gies et auto­ri­ta­risme, notam­ment, je vous ren­voie à cet article, et à celui-là.

Les escro­lo­gistes qui font la pro­mo­tion de ces illu­sions vertes de la socié­té tech­no­ca­pi­ta­liste ne valent pas mieux que le Gaël Giraud, idole des col­lap­so­logues (Pablo Ser­vigne chante régu­liè­re­ment ses louanges), ex-cra­pule (« éco­no­miste ») en chef de l’AFD, selon lequel un « capi­ta­lisme viable » est pos­sible, à condi­tion qu’il y ait « un ser­vice public fort » (un État fort, un État-pro­vi­dence fort), et que celui-ci ait pour ambi­tion de « relo­ca­li­ser et de lan­cer une réin­dus­tria­li­sa­tion verte de l’économie fran­çaise ».

En pro­mou­vant le déve­lop­pe­ment des éner­gies dites « vertes » ou « renou­ve­lables », ces cham­pions de l’é­co­lo­gie et de l’an­ti­ca­pi­ta­lisme font la pro­mo­tion : du capi­ta­lisme, du « déve­lop­pe­ment », de l’in­dus­tria­lisme. C’est-à-dire de tous les fléaux contre les­quels nous devrions lutter.

Nico­las Casaux

(L’i­mage qui accom­pagne cette publi­ca­tion est tirée de l’ar­ticle de Mr Mon­dia­li­sa­tion que je mentionne).


  1. Voir : https://www.partage-le.com/2017/07/04/letrange-logique-derriere-la-quete-denergies-renouvelables-par-nicolas-casaux/ ou : https://www.partage-le.com/2017/02/06/lecologie-du-spectacle-et-ses-illusions-vertes/ ou bien : https://www.partage-le.com/2016/12/14/le-mythe-des-energies-renouvelables-par-derrick-jensen/, ou encore : https://www.partage-le.com/2016/06/29/le-desastre-ecologique-renouvelable-des-tokelau/

Mise à jour du 15 avril 2020 :

MR MONDIALISATION ET LA PROMOTION DES ÉNERGIES DITES « RENOUVELABLES » — SUITE

Ou comment les écolos se retrouvent à jouer les idiots utiles des industriels et du capitalisme en favorisant « l’acceptabilité sociale » de « l’industrialisme vert »

À la suite de ma cri­tique, l’équipe de Mr Mon­dia­li­sa­tion a légè­re­ment amen­dé son article de pro­mo­tion du déploie­ment des tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergie dite « renou­ve­lable ». Il pré­cise désor­mais que :

« la réa­li­sa­tion [?] de tech­no­lo­gies pro­duc­trices d’énergie renou­ve­lable n’est pas vrai­ment sans impact éco­lo­gique. De l’extraction des matières pre­mières à la trans­for­ma­tion en pas­sant par les trans­ports et la main­te­nance, aucune éner­gie n’est 100% propre, d’autant plus que les filières d’extraction et de fabri­ca­tion actuelles, prin­ci­pa­le­ment cen­tra­li­sées en Chine, ne sont pas des plus durables faute de régle­men­ta­tion effi­cace et éco­lo­gique. Par ailleurs, dans le modèle actuel axé sur la crois­sance, l’énergie durable pro­duite à ten­dance à s’ajouter au total de l’offre éner­gé­tique glo­bale sans vrai­ment la rem­pla­cer (para­doxe de Jevons).

Cepen­dant, l’énergie grise liée au cycle de pro­duc­tion des renou­ve­lables est pro­ba­ble­ment celle qui est la plus à même d’évoluer posi­ti­ve­ment et d’être contrô­lée à l’avenir. C’est d’ailleurs l’esprit de Coci­ter : redon­ner aux citoyens une forme de contrôle sur la pro­duc­tion d’énergie, aus­si impar­faite soit-elle. Contrai­re­ment aux éner­gies fos­siles dont le poten­tiel d’évolution a déjà été exploi­té et appar­tient à de grands groupes indus­triels, les renou­ve­lables, depuis les condi­tions d’extraction au spectre tech­nique (maté­riaux, recy­cla­bi­li­té,..), conti­nuent d’évoluer de manière spec­ta­cu­laire chaque année. Suf­fi­sant pour enrayer la méga-machine mon­dia­li­sée et l’effondrement ? Pro­ba­ble­ment pas sans une pro­fonde remise en ques­tion du champ éco­no­mique. Mais pour absor­ber les chocs socié­taux à venir, semble-t-il inévi­tables, et ain­si pré­ser­ver un sem­blant de paix sociale dans les com­mu­nau­tés les mieux pré­pa­rées, conti­nuer d’explorer les pistes du renou­ve­lable tout en optant pour une sobrié­té heu­reuse semble un moindre mal à ce stade. »

Plusieurs remarques :

  1. Affir­mer que le déve­lop­pe­ment des « tech­no­lo­gies pro­duc­trices d’énergie renou­ve­lable n’est pas vrai­ment sans impact éco­lo­gique », c’est un euphé­misme. En réa­li­té, ledit déve­lop­pe­ment est, de bout en bout, nui­sible pour le monde natu­rel, et repose inté­gra­le­ment sur bien d’autres indus­tries, sur tout un tas d’infrastructures indus­trielles toutes plus nui­sibles les unes que les autres pour la pla­nète. Pour un petit aper­çu des nui­sances liées au déve­lop­pe­ment des tech­no­lo­gies dites « vertes » en géné­ral, on se tour­ne­ra, pour prendre un exemple par­mi plein d’autres, vers les luttes de ces vil­lages du nord du Por­tu­gal qui sont mena­cés par l’industrie du lithium (qui espère éta­blir des mines de lithium sur leur territoire).
  2. Ils ne disent stric­te­ment rien de l’utilisation de cette éner­gie faus­se­ment verte. On pro­duit de l’énergie faus­se­ment verte, you­pi, mais pour quoi faire ? Pour ali­men­ter quoi ? Des appa­reils bio ?
  3. Ils conti­nuent d’affirmer que le fait d’acheter un pan­neau solaire (ou d’avoir des parts dans un parc éolien), c’est avoir « une forme de contrôle sur la pro­duc­tion d’énergie ». Ain­si que je le rap­pe­lais, c’est fran­che­ment grotesque.
  4. Ils affirment que le « poten­tiel d’évolution » des éner­gies dites « renou­ve­lables » ne repose pas sur « de grands groupes indus­triels », ce qui est lar­ge­ment faux, puisque le déve­lop­pe­ment des­dites éner­gies repose sur l’industrie minière, l’industrie du trans­port, l’industrie de la construc­tion d’infrastructures (routes, etc.), et bien d’autres indus­tries. Et sur­tout parce que les dif­fé­rentes indus­tries de la construc­tion d’appareils de pro­duc­tion d’énergie dite « renou­ve­lable » sont — évi­dem­ment ! — domi­nées par de grands groupes indus­triels (pour le solaire : Tri­na Solar, Cana­dian, Solar, Jin­ko­So­lar, etc. ; pour l’éolien : Ves­tas, Game­sa, Ener­con, etc.). La coopé­ra­tive dont ils chantent les louanges se four­nit cer­tai­ne­ment auprès d’un ou plu­sieurs de ces grands groupes indus­triels du capitalisme.
  5. Ils opposent « éner­gies fos­siles » et « renou­ve­lables », alors que le déve­lop­pe­ment des secondes repose inté­gra­le­ment sur l’utilisation des pre­mières (extrac­tions minières, construc­tion et main­te­nance des infra­struc­tures de trans­port, etc.).
  6. Ils jus­ti­fient leur apo­lo­gie de ce déve­lop­pe­men­tisme vert par un espoir absurde. Je para­phrase : à l’avenir, peut-être que le déploie­ment de ces appa­reils de pro­duc­tion d’énergie dite « renou­ve­lable » pol­lue­ra moins. Il s’agit donc de miser sur une expec­ta­tive hau­te­ment impro­bable, et de toute façon indé­si­rable, absurde (comme si des des­truc­tions moindres, comme si détruire le monde, mais un peu moins, c’était un hori­zon dési­rable, comme si une moindre des­truc­tion du monde par le capi­ta­lisme indus­triel pou­vait consti­tuait un objec­tif digne de ce nom). Ce fai­sant, ils font fi des réa­li­tés pré­sentes, occultent les innom­brables rami­fi­ca­tions du déve­lop­pe­ment de ces tech­no­lo­gies (éner­gie pour quoi faire ? Dépen­dance d’autres indus­tries ; nui­sances envi­ron­ne­men­tales très réelles actuel­le­ment ; par­ti­ci­pa­tion au déve­lop­pe­ment de la socié­té indus­trielle ; etc.)
  7. Ils se demandent, étran­ge­ment, si le déve­lop­pe­ment de ces tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergie dite « renou­ve­lable » suf­fi­ra à « enrayer la méga-machine mon­dia­li­sée et l’effondrement ». « Enrayer la méga-machine mon­dia­li­sée », est-ce que ça ne désigne pas pré­ci­sé­ment l’effondrement de ladite « méga-machine » ? Donc enrayer à la fois la méga-machine et son effon­dre­ment, qu’est-ce que cela peut bien vou­loir dire ? En outre, cela semble signi­fier que, selon eux, le déve­lop­pe­ment d’un nou­veau sec­teur indus­triel du capi­ta­lisme consti­tue une dyna­mique propre à nuire à la socié­té indus­trielle capi­ta­liste mon­dia­li­sée (en termes de n’importe quoi, dif­fi­cile de faire mieux).
  8. Au bout du compte, ils jus­ti­fient leur défense de ce déve­lop­pe­men­tisme vert par l’idée selon laquelle il per­met­tra d’ « absor­ber les chocs socié­taux à venir » et ain­si de « pré­ser­ver un sem­blant de paix sociale dans les com­mu­nau­tés les mieux pré­pa­rées ». Quoi que cela puisse vou­loir dire, ça me semble une très mau­vaise jus­ti­fi­ca­tion, notam­ment en rai­son de tout ce qui pré­cède. Ain­si qu’un ami qui étu­die le sujet le rap­pelle : « la majo­ri­té des pro­jets dits « par­ti­ci­pa­tifs » ou « citoyens » sont en réa­li­té inves­ti par des agri­cul­teurs conven­tion­nels, par­fois de la FNSEA, pour pro­fi­ter du tarif de rachat en sou­tien de ces filières. » C’est-à-dire que « l’investissement citoyen dans les parcs éoliens pro­fitent à… ceux qui ont les moyens de mettre de l’argent dedans ».

Dans l’en­semble, les médias qui, à l’ins­tar de Mr Mon­dia­li­sa­tion ici, pro­meuvent ce genre de déve­lop­pe­men­tisme vert, par­ti­cipent très pré­ci­sé­ment à mettre en pra­tique les recom­man­da­tions de cette étude inti­tu­lée « Exa­mi­ner l’ac­cep­ta­bi­li­té sociale de l’éner­gie éolienne : Guide pra­tique pour le déve­lop­pe­ment de pro­jets éoliens ter­restres en France », réa­li­sée par Peter Ene­vold­sen et Ben­ja­min K.Sovacool, du Cen­ter for Ener­gy Tech­no­lo­gies, Depart­ment of Busi­ness Tech­no­lo­gy and Deve­lop­ment (Centre pour les tech­no­lo­gies éner­gé­tiques, dépar­te­ment du busi­ness de la tech­no­lo­gie et du déve­lop­pe­ment) de l’université d’Aarhus au Dane­mark. Uni­ver­si­té qui compte par­mi ses conseillers externes le direc­teur des recherches de Sie­mens Wind Power et par­mi les entre­prises par­te­naires à l’embauche Sie­mens, encore une fois, et Ves­tas (la plus impor­tante entre­prise au monde de l’industrie de l’éolien).

Le résu­mé de l’étude :

« Cette étude exa­mine les méthodes per­met­tant d’ac­croître l’acceptabilité sociale locale des pro­jets éoliens ter­restres en France. Elle s’ap­puie sur des entre­tiens de recherche semi-struc­tu­rés et sur les obser­va­tions d’une entre­prise fran­çaise d’éner­gie éolienne. Cette socié­té a consta­té que le manque d’acceptabilité sociale locale des pro­jets éoliens aug­men­tait le risque d’é­chec, d’es­ca­lade des coûts et de retard dans les pro­jets. Dans cette étude, nous résu­mons d’a­bord les études récentes concer­nant l’op­po­si­tion sociale locale et l’acceptabilité de l’éner­gie éolienne à tra­vers une sélec­tion de lit­té­ra­ture sur le sujet et des études de cas de pro­jets éoliens à tra­vers l’Eu­rope. Nous uti­li­sons ensuite ces don­nées pour déga­ger des lignes direc­trices sur la manière d’aug­men­ter la pro­ba­bi­li­té d’acceptabilité sociale dans le déve­lop­pe­ment de pro­jets éoliens ter­restres en France, et pour infor­mer les débats actuels dans la lit­té­ra­ture des études sur l’éner­gie, sur l’acceptabilité de l’éner­gie éolienne et les tran­si­tions énergétiques. »

Quelques extraits de la conclusion :

« Nous avons consta­té qu’il existe une oppo­si­tion sociale contre les parcs éoliens en France, en effet les déci­deurs poli­tiques locaux et les habi­tants sont sus­cep­tibles de s’op­po­ser aux pro­jets éoliens. Cepen­dant, l’acceptabilité sociale de l’éner­gie éolienne peut être obte­nue par toute une série d’ac­ti­vi­tés, géné­ra­le­ment en infor­mant et en impli­quant un large consor­tium d’investisseurs [l’énergie renou­ve­lable « citoyenne », coopé­ra­tive, pro­mue par Mr Mondialisation].

Ain­si que notre étude l’a mon­tré, les pro­jets éoliens ont besoin de sou­tien public, par­ti­cu­liè­re­ment de celui des habi­tants locaux et du maire. En sus, la pro­prié­té com­mu­nau­taire [là encore, les fameuses coopé­ra­tives] favo­rise l’acceptabilité sociale locale, de même que l’inclusion d’actionnaires locaux favo­rise l’acceptabilité communautaire. »

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2 comments
  1. Je suis d’ac­cord avec l’ar­ticle : j’ai ins­tal­lé chez moi un pan­neau solaire (qui est asia­tique) cou­plé à un ondu­leur (qui est amé­ri­cain) relié à un disjoncteur/compteur (fran­çais avec des pièces asia­tiques). Je n’ai pas pris \« l’op­tion\ » du sui­vi de la pro­duc­tion sur mon por­table ou mon ordi­na­teur (qui n’a aucun sens : je sais lire et j’ai des jambes pour aller voir direc­te­ment sur le compteur/disjoncteur).
    Bien sûr, quand je parle de mon pan­neau solaire, tout le monde me parle d’é­co­lo­gie et que je suis super en avance et tout le monde pense indépendance.
    Mais… voilà…l’installation ne peut pas mar­cher si le four­nis­seur d’élec­tri­ci­té décide de me cou­per le cou­rant. Ce n’est pas autonome.
    Ai-je fait çà pour être éco­lo ? Non, j’ai fait çà parce que les fac­tures d’élec­tri­ci­té n’ar­rêtent pas d’aug­men­ter et que les 15% à 50% que j’ar­rive à pro­duire moi-même selon les mois et l’en­so­leille­ment, c’est tou­jours çà que je ne donne pas à des connards qui contrôlent le busi­ness de l’énergie.
    Et puis, le pan­neau sans se poser de ques­tions sur sa consom­ma­tion, çà n’a stric­te­ment aucun intérêt. 

    Donc, le pan­neau n’a rien d’é­co­lo en soi, c’est les ques­tions que vous déci­dez de vous poser sur votre consom­ma­tion élec­trique qui sont la vraie démarche éco­lo­gique. Le pan­neau n’est pas une fin, et à peine un moyen.
    Le pan­neau, ce n’est pas de l’in­dé­pen­dance car il est sou­mis au fil à la patte géré par EDF et consorts. C’est juste un tout petit peu plus d’au­to­no­mie, mais dans le monde capi­ta­liste que nous avons, l’in­dé­pen­dance n’exis­te­ra jamais.

  2. Mer­ci Nico­las pour cet article.
    Je lis depuis plu­sieurs années vos écrits sur ce site et je trouve la cri­tique radi­cale tou­jours très inté­res­sante. Dans un monde de \« déve­lop­pe­ment durable\ » la cri­tique radi­cale est une bous­sole qui per­met de ne pas perdre le Nord et de som­brer dans l’ab­surde croyance que le pro­grès dit vert sau­ve­ra les pauvres et l’environnement.
    La fabrique du consen­te­ment est intense. Les illu­sions et mani­pu­la­tions sont nom­breuses pour for­cer l’ins­tal­la­tion d’ aéro­gé­né­ra­teurs de 220m de haut, de parcs pho­to­vol­taiques et d’autres faux pro­jets pour rem­pla­cer le nucléaire. Ces indus­tries n’ont pour l’ins­tant qu’un seul avan­tage : ven­ti­ler effi­ca­ce­ment d’é­normes sub­ven­tions. 120 milliards !!!

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