Traduction d’un article initialement paru, en anglais, le 14 septembre 2022 à l’adresse suivante : https://kathleenstock.substack.com/p/the-little-mermaid-updated
Décrire ce qui se passe actuellement au sein de nos institutions à cause de groupes de pression LGBT complètement lunatiques, c’est retranscrire une marée d’idées tellement démentielles qu’elles vous font hurler intérieurement. « La stratégie du conseil sur la ménopause a été examinée par deux agences externes, ce qui a conduit à la décision de supprimer le mot “femme” »… « Le violent délinquant sexuel a été placé dans une prison pour femmes en raison de sa vulnérabilité »… Trop, c’est trop. À tenter de traiter ces informations mentalement, l’appel de la bouteille de gin se manifeste dès le matin.
Chapeau à celles et ceux qui parviennent encore à affronter tout cela, mais personnellement, je ne pense pas pouvoir écrire une phrase sérieuse de plus sur l’absurdité et le degré de folie encore inédit sur l’échelle de Richter des organisations LGBT les plus en vogue. Pourtant, croyez-moi, j’ai essayé. Je viens de passer la matinée à tenter d’écrire un article rigoureux sur l’attaque juridique que livre actuellement l’association Mermaids [« Mermaid » est un mot anglais qui signifie « sirène » ; « Mermaids » est la principale association britannique de promotion des « droits des personnes trans », qui s’occupe plus précisément « d’aider les enfants transgenres », NdT] contre le statut d’organisation caritative de l’Alliance LGB (LGB Alliance). L’affaire était jugée au tribunal cette semaine. Les témoignages des partisans de Mermaids ont, semble-t-il, causé quelques décrochages de mâchoires. Impossible de demeurer calme et mesurée longtemps face à une situation aussi insane.
Financée par la Loterie nationale, profondément immiscée dans nombre de nos organisations du secteur public et défendue par de nombreuses célébrités et politiciens, Mermaids UK est une organisation qui — parlons honnête — possède une vision du monde remarquablement infantile. D’après les informations disponibles, le personnel de Mermaids semble considérer que le monde s’apparente à un conte de fées pour enfants, avec des gentils et des méchants, des choses mystérieuses qui se produisent sans cesse et que personne ne parvient à comprendre. Dans l’univers de Mermaids, pour sauver votre enfant du mal, il est important de continuer à psalmodier les bons sorts et à prendre les bonnes potions. Et ainsi de suite.
Alors, au lieu de l’article sérieux que je ne peux me résoudre à écrire, j’ai préféré dépeindre cette vision générale du monde comme un pastiche de conte de fées — ce qu’elle est réellement. Au fil de votre lecture, rappelez-vous que des variantes de cette singulière histoire sont réellement en vigueur dans les établissements d’enseignement, les services du système national de santé, les services sociaux, au sein du système judiciaire, des médias et des forces de police du pays. Et n’oubliez pas de vous lever régulièrement pour aller hurler dans un endroit tranquille.
La Petite Sirène, revisitée
Il était une fois, dans un hôpital où des personnes enceintes donnent naissance à des enfants de sexe indéterminé, un enfant transgenre en train de naître[1].
C’était un enfant spécial. À l’insu de tous et de toutes, une chose appelée identité de genre sommeillait en lui cependant qu’il dormait encore innocemment. Un peu à la manière de la graine dans la poche de Jack, cette identité de genre devait encore germer et se déployer. Un jour, elle le ferait.
Rapidement, les fées de l’assignation du sexe arrivèrent à l’hôpital et trièrent les nouveau-nés en deux groupes : une moitié de garçons et une moitié de filles. Notre héros fut assigné « garçon » par les fées de l’assignation. Personne ne s’y opposa, puisque cela semblait couler de source. Mais l’identité de genre, elle, avait encore besoin de temps pour germer. Elle n’était pas encore prête.
Le temps passa.
Un jour, le jour de son quatrième anniversaire[2], notre enfant trans se réveilla et se rendit compte qu’il y avait quelque chose en lui — ou, plutôt, en elle —, qui demandait de l’attention. De façon assez mystérieuse[3], son identité de genre s’était finalement déployée, mais ne correspondait pas au sexe que les fées lui avaient assigné. L’identité de genre est un peu comme le miroir magique de Blanche-Neige : elle ne ment jamais. Il y avait eu erreur à la naissance. Notre héros réalisait alors qu’« il » était une « elle », et qu’« elle » était une fille.
Notre héroïne parla à ses parents de son identité de genre. Mais ils avaient déjà remarqué qu’elle était différente. Elle était petite pour son âge, elle était féminine, elle n’était pas comme les autres garçons. Ils hochèrent sagement la tête lorsqu’elle leur annonça la nouvelle. Ils s’en doutaient déjà.
Lorsque l’enfant réalisa qu’elle était une fille, le tic-tac d’une horloge commença à se faire entendre — un peu comme l’horloge de Cendrillon, sur le point de sonner douze coups. Cette identité de genre devait à tout prix être affirmée par son entourage. Une véritable course contre la montre était enclenchée ! Déjà au-dessus de sa tête tournoyaient les spectres de la misère, de la dégradation de la santé mentale et même la possibilité du suicide, en cas d’échec de sa famille à faire ce qu’il fallait[4].
Non seulement ses parents devaient-ils la traiter comme une fille à partir de maintenant, mais ils devaient en outre s’assurer que ses frères et sœurs, ses grands-parents, ses enseignants, les amis de la famille et les professionnels de la santé en fassent autant. Ils devaient tous utiliser son nouveau nom et respecter ses nouveaux pronoms. Et ils ne devraient jamais, au grand jamais, faire référence à l’erreur initiale de son assignation sexuelle, de peur de la bouleverser. Parce qu’à l’instar de la princesse si délicate qu’elle pouvait sentir un petit pois sous des couches et des couches de literie, leur enfant était hautement sensible à des incidents que le commun des mortels aurait à peine remarqués.
Le temps s’écoula de nouveau. Alors que notre héroïne atteignait l’adolescence, elle se mit à éprouver un intérêt secret pour les garçons à l’école. Elle commença à se sentir gênée en leur présence. Elle avait le béguin. Cela la rassurait. Elle pensait que c’était une preuve supplémentaire de ce qu’elle était réellement une fille.
Mais à son treizième anniversaire, une tempête commença à poindre. Son corps gonflait à des endroits où le corps des filles ne gonfle pas normalement, et ne gonflait pas à d’autres endroits où il aurait dû gonfler. Elle avait une conscience aiguë des différences qui se manifestaient entre elle et les autres filles. Une nouvelle course contre la montre s’enclenchait. Une fois de plus, sa santé mentale et peut-être même sa vie future étaient en péril.
Ses parents entreprirent alors un périple avec elle afin d’aller quérir la potion spéciale qui la sauverait. Notre héroïne la but. Soudainement, le temps se figea. À l’instar de Peter Pan, tant qu’elle prendrait la potion, elle ne grandirait pas. Toute la famille fut soulagée. Une fois de plus, le désastre avait été évité.
Mais d’autres dangers guettaient. Notre héroïne devait aussi être protégée des méchants du monde : des transphobes et des fascistes de l’Alliance LGB, par exemple. Ces personnes prétendent s’inquiéter de l’impact de la transition sociale sur les enfants, des effets des bloqueurs de puberté sur les jeunes corps ou de la possibilité que la diffusion de certaines idées désoriente de jeunes homosexuels ou autistes, les amenant à penser qu’ils appartiennent au sexe opposé. Certes, ils se font passer pour raisonnables et bienveillants — mais, comme la méchante sorcière d’Hansel et Gretel, ou le loup du Petit Chaperon rouge, ils ne sont pas ce qu’ils semblent être[5].
Notre héroïne devait également être tenue à l’écart de tout thérapeute susceptible de lui suggérer qu’elle n’était pas vraiment une fille, c’est-à-dire de commettre le crime de « thérapie de conversion » — chose que seuls les méchants transphobes tenteraient. Car à l’instar du génie d’Aladin, une fois sortie de sa bouteille, l’identité de genre est très difficile à renvoyer d’où elle vient, et doit être écoutée.
De manière générale, toutes les mauvaises choses qui arrivaient à notre héroïne pendant son adolescence ne pouvaient résulter que de la transphobie, et une affirmation plus intense de son identité de genre constituait toujours la solution magique. Si elle était victime d’intimidation, si elle souffrait de troubles mentaux, si elle avait de mauvais résultats scolaires ou si elle avait des idées noires, c’était à cause des transphobes. Aucune autre cause n’était envisageable. Tout le monde autour d’elle devait continuer à réciter les formules magiques afin que les méchants transphobes soient finalement vaincus.
Le temps s’écoula de nouveau.
Notre héroïne a maintenant 18 ans. Elle est petite et peu développée par rapport à ses pairs. Elle n’a pas connu la puberté. À l’instar de Blanche-Neige endormie, elle n’a jamais été embrassée.
Il est désormais temps pour elle d’entreprendre la dernière étape de son voyage vers l’âge adulte pour devenir une femme. Le scalpel d’un chirurgien le lui permettra gracieusement. À l’instar de la Petite Sirène, elle aura l’impression qu’une épée lui traverse le corps. Après quoi, encore à l’instar de la Petite Sirène, elle ne pourra plus revenir.
Kathleen Stock
Traduction : Nicolas Casaux
- Pour reprendre les mots du Dr Belinda Bell, présidente du conseil d’administration de Mermaids, au tribunal cette semaine : « Je ne suis pas sûre que les gens sortent de l’utérus avec un sexe. » ↑
- Un témoignage de parent, actuellement sur le site web de Mermaids, décrit de manière approbatrice un enfant de sexe masculin s’étant rendu compte qu’il était une fille à quatre ans, et ayant ensuite été traité comme une fille par sa famille. ↑
- Site web Mermaids, « Les jouets et la question des vêtements » : « Discuter de l’identité de genre est déjà difficile, mais pour les enfants et leurs familles, il peut sembler impossible de mettre des mots sur les choses. » ↑
- Mermaids affirme fréquemment qu’il y a un lien entre le fait de ne pas affirmer l’identité de genre d’un enfant et le suicide. Voir par exemple ici. ↑
- Extrait du témoignage de Mermaids, Paul Roberts, chef du LGBT Consortium, à la cour, 12 septembre 2022, tel que rapporté par Tribunal Tweeets : Avocat : « Vous pensez que [l’Alliance LGB] a délibérément adopté une position positive pour tromper la Commission des associations caritatives et la communauté au sens large. » Paul Roberts : « oui, c’est exact. » ↑