Traduction d’un article initialement paru, en anglais, le 8 septembre 2023 sur le média féministe Reduxx, à l’adresse suivante.
Un éminent psychologue norvégien ayant des liens avec l’Association professionnelle mondiale pour la santé des transgenres (World Professional Association for Transgender Health ou WPATH) était auparavant associé à des groupes transnationaux pro-pédophiles qui faisaient pression pour l’abaissement de l’âge du consentement. Thore Langfeldt a participé à l’organisation d’une conférence de la WPATH à Oslo en 2009, principalement axée sur l’identité de genre et les enfants.
Au cours des années 70 et 80, Langfeldt a beaucoup écrit sur la « sexualité infantile », y compris en commentant des cas de relations pédophiles. Il s’est efforcé de présenter les contacts sexuels entre adultes et enfants comme normaux et non pathologiques. Il a travaillé à plusieurs reprises aux côtés d’universitaires favorables à la pédophilie qui défendaient également l’idée que les enfants sont sexuellement actifs dès leur plus jeune âge et affirmaient que la stigmatisation de la sexualité des enfants pouvait être préjudiciable à leur développement.

En 1977, aux côtés d’éminents universitaires des Amériques et de divers pays européens, Langfeldt aurait participé à un symposium portant sur la pédophilie, organisé à Swansea, au Pays de Galles. L’événement, intitulé « Conférence internationale sur l’amour et l’attirance », qui couvrait une série de sujets liés à la sexualité, était organisé par la British Psychological Society et s’est déroulé du 5 au 9 septembre de cette année-là. Parmi les participants au symposium figuraient également plusieurs hommes impliqués dans l’activisme pro-pédophilie aux États-Unis, en Angleterre et aux Pays-Bas, dont Tom O’Carroll, fondateur du célèbre Paedophile Information Exchange (PIE, « Réseau pédophile d’échange d’informations ») en Angleterre, qui a existé publiquement pendant une décennie avant d’être discrédité et dissous.
Deux ans plus tard, en 1979, une compilation des écrits des orateurs ayant participé à la conférence de Swansea sur la sexualité a été publiée.
« Love and Attraction (L’amour et l’attirance) est un recueil d’articles présentés lors de la Conférence internationale sur l’amour et l’attirance […] des parties sont consacrées à […] la thérapie sexuelle, l’érotisme, l’excitation, la sexualité infantile et la pédophilie. Ce livre sera utile aux psychologues, sociologues, psychiatres, conseillers et autres travailleurs académiques et cliniques », peut-on lire dans la description de l’ouvrage.

La contribution de Langfeldt, intitulée « Processus de développement sexuel », portait sur « l’importance » de la sexualité infantile. « L’accent mis récemment sur la sexualité infantile se retrouve dans l’éducation, les films et la littérature, ainsi que dans la pornographie », écrit Langfeldt. L’article poursuit en détaillant des recherches sexuelles menées sur des enfants présentant supposément « un degré élevé d’excitation sexuelle spontanée », et conclut en affirmant que « si nous voulons respecter les sentiments et les émotions des enfants, nous ne pouvons pas considérer les interactions sexuelles impliquant des enfants comme un crime ».
Bien que le leader de PIE, O’Carroll, n’ait pas été autorisé à s’exprimer lors de la conférence en raison des protestations d’un collectif de mères, il mentionne l’article de Langfeldt dans son livre de 1980 intitulé Paedophilia : The Radical Case (Pédophilie : le plaidoyer radical), dans lequel il plaide pour la normalisation des relations sexuelles entre adultes et enfants.
Il est significatif qu’au moment de sa participation à la conférence, Langfeldt travaillait déjà avec l’organisation norvégienne pro-pédophile appelée Pedofil Arbeidsgruppe (groupe de travail sur la pédophilie — NAFP).
La NAFP a été établie à l’université d’Oslo en 1975, où le groupe avait enregistré une boîte postale — et où Langfeldt se spécialisait en psychologie. La même année, en collaboration avec Langfeldt, le mystérieux président de la NAFP, un homme identifié dans la presse uniquement comme « Lecturer E », a écrit au ministère de la justice pour demander une modification du code pénal qui abaisserait l’âge légal du consentement de 16 à 14 ans, et a fait valoir que la condamnation des délinquants sexuels devrait être basée sur le degré de violence employé plutôt que sur les différences d’âge.

Bien que l’on ne sache pas si Langfeldt et O’Carroll ont eu des contacts lors du symposium de Swansea sur l’amour et l’attirance, le fondateur de PIE a été invité à prendre la parole lors d’un événement beaucoup plus restreint à Oslo deux ans plus tard. En effet, la NAFP l’avait invité à intervenir lors d’une conférence sur « l’amnistie pour l’amour et l’attirance » à l’hôtel Viking en juin 1979.
Au cours de cette période, Langfeldt a continué à faire l’apologie de la pédophilie. En octobre 1978, le magazine Kontakt a publié un article de Langfeldt dans lequel il défendait les relations sexuelles entre adultes et enfants et présentait des études de cas de pédophiles autodéclarés comme preuve que ces incidents étaient « souvent empreints d’amour et d’affection mutuels ». Langfeldt écrit : « Il n’est pas rare que des enfants aient des relations érotiques avec des adultes […] Dès l’âge de 2 ou 3 ans, les enfants commencent à être sexuellement actifs. »
Et ajoute : « Beaucoup de gens pensent que les pédophiles sont des personnes effrayantes et dangereuses qui attirent les enfants dans des coins sombres et les forcent à toucher leurs organes génitaux, mais ce n’est pas vrai. Les pédophiles sont [semblables aux] homosexuels et aux hétérosexuels. »
En tant que psychologue, thérapeute pour délinquants sexuels et universitaire reconnu, Langfeldt a défendu à deux reprises au moins des hommes accusés de désirs et d’actes pédophiles. Au cours d’un procès très médiatisé impliquant un homme accusé de plus de 60 cas d’abus sexuels sur de jeunes garçons, Langfeldt a été appelé à témoigner en tant qu’expert pour la défense de l’accusé.
La police a finalement arrêté Erik Andersen en 2008, après une longue enquête sur ses abus sexuels. Au total, on pense qu’il a abusé sexuellement d’environ 160 jeunes garçons âgés de 6 à 12 ans dans toute la Norvège pendant près de trois décennies. Les charges retenues contre Andersen comprennent 68 agressions allant du viol à la tentative d’agression sexuelle. Les médias norvégiens appelaient Andersen « l’homme de poche » en raison de sa tendance à attirer des enfants sans méfiance à toucher ses parties génitales en les invitant à chercher une clé dans sa poche.
En tant que thérapeute, Langfeldt a appelé à la clémence et a défendu Andersen, déclarant au tribunal qu’il pensait que le criminel en série serait bientôt complètement soigné.
Ce n’était pas la première fois que Langfeldt prenait la défense d’un pédophile.

En 2018, un énorme scandale a éclaté en Norvège après que le pédopsychiatre Jo Erik Brøyn, une personnalité éminente de la Commission d’experts pour les enfants (ECC, qui correspond aux services de protection de l’enfance du pays), a été condamnée à moins de deux ans de prison pour avoir possédé plus de 200 000 fichiers d’abus sexuel commis sur des enfants. Jo Erik Brøyn a également été trouvé en possession de plus de 4 000 heures de vidéo montrant des enfants soumis à des abus sexuels brutaux. Dans l’acte d’accusation contre Jo Erik Brøyn, on lit : « Des images et des vidéos montrent des abus sexuels commis par des adultes sur des enfants, des actes sexuels entre enfants et des enfants se livrant à des actes sexuels sur eux-mêmes. »
En raison de sa position influente au sein de l’ECC, Brøyn avait été impliqué dans l’évaluation de rapports ayant abouti au retrait d’enfants de leur famille. Les enfants avaient ensuite été placés dans des unités d’« urgence », pour des motifs que les critiques considèrent comme des raisons fallacieuses, puis placés dans des foyers dont l’emplacement était tenu secret des parents.
Avant de devenir membre de la Commission d’experts pour l’enfance, Brøyn avait examiné des enfants vulnérables atteints de « maladies mentales graves » en tant que médecin principal à l’université d’Oslo, où il a travaillé de 2005 à 2012.
Parce qu’il avait témoigné en tant qu’expert en faveur de Brøyn lors de son procès, la BBC a demandé à Langfeldt de faire des commentaires lors du tournage d’un bref documentaire sur l’affaire. Le journaliste Tim Whewell affirme que Langfeldt les a mis en garde contre une panique morale. « Nous disposons de nombreuses données montrant que seule une petite partie des personnes qui téléchargent des images d’enfants s’en prennent réellement aux enfants. Nous ne pouvons pas généraliser », a déclaré Langfeldt. « Il est parfois préférable de dire : “Laissons dormir le chien qui dort”. »
Après avoir fait campagne en faveur d’une acceptation de la pédophilie, Langfeldt a commencé à s’intéresser à la question de l’« identité de genre ».
En 1982, Langfeldt a cofondé l’Association norvégienne de sexologie clinique (NFKS — Norsk forening for klinisk sexologi) avec Elsa Almås, l’épouse d’Esben « Esther Pirelli » Benestad, l’activiste transgenre le plus connu du pays. Benestad figurait sur le site web de l’organisation en tant que clinicien de la WPATH spécialisé dans les questions de genre jusqu’à ce que sa licence médicale soit suspendue par l’autorité norvégienne de la santé (NHA) en raison d’indices suggérant qu’il fournissait en privé des médicaments et des hormones inhibiteurs de la puberté à des mineur·es.
Langfeldt a été président du Harry Benjamin Resource Centre Europe (Harry Benjamin Resursseter - HBRS), du nom du célèbre sexologue germano-américain qui a donné son nom à la WPATH (qui s’appelait avant la Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association, soit l’« association internationale Henry Benjamin de dysphorie de genre »). Selon son site web, le HBRS a été fondé en 2000 lorsque la seule clinique norvégienne spécialisée dans l’identité de genre, située à Rikshospitalet, était sur le point d’être fermée.
« En nous mobilisant politiquement, nous avons réussi à faire changer d’avis le Rikshospitalet et le gouvernement. Cela montre ce qui peut arriver lorsque des personnes appartenant à une minorité stigmatisée et discriminée se lèvent, se rendent visibles et luttent pour la libération du groupe auquel elles appartiennent », peut-on lire sur le site web de l’HBRS.
En 2009, Langfeldt, ainsi que d’autres personnalités impliquées dans le HBRS, ont organisé une conférence de la WPATH à Oslo.
Le 18 juin de la même année, il a présenté un exposé sur le thème « L’enfant dans le discours sur le transsexualisme ». Selon le résumé, la conférence de Langfeldt s’est appuyée sur « des cas tirés des mouvements shemale et de la pornographie pour remettre en question le discours médical et son pouvoir de formation de l’enfant en vue d’un diagnostic médical approprié ».
Étaient également présents à la conférence d’Oslo des universitaires impliqués dans un forum fétichiste sur la castration des enfants, connu sous le nom d’Eunuch Archive, qui héberge des récits sexualisant l’ablation ou la mutilation des organes génitaux de mineur·es, soumis par des participants anonymes.
Les histoires les plus populaires de l’Eunuch Archive décrivent la castration forcée d’enfants et, comme l’a révélé Reduxx, sur les quelque 10 000 histoires pornographiques du site, plus d’un tiers impliquent des mineur·es.
Des universitaires qui, depuis plus de dix ans, s’approvisionnaient en idées auprès de membres anonymes du site ont été « personnellement invités » par les dirigeants de la WPATH à participer à des conférences organisées par le groupe de défense des transsexuels. Les protocoles publiés par la WPATH, qui recommandent la « transition » médicale des enfants par l’utilisation de médicaments qui stoppent la puberté, ont depuis été mis en œuvre au niveau international et, l’année dernière, l’autorité de santé transgenre a supprimé toutes les restrictions objectives d’âge concernant cette pratique.
Genevieve Gluck
Traduction : Nicolas Casaux
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