Article iniÂtiaÂleÂment publié (en anglais) le 8 août 2015 à l’aÂdresse suiÂvante : https://radfemrepost.wordpress.com/2015/08/08/the-girls-and-the-grasses/ Lierre Keith est une écriÂvaine et fémiÂniste radiÂcale. Elle est l’auÂteur de deux romans et a co-écrit un livre avec DerÂrick JenÂsen et Aric McBay sur la straÂtéÂgie du mouÂveÂment écoÂloÂgiste Deep Green ResisÂtance.
PriÂsonÂnier d’une éprouÂvette, le sang peut pasÂser pour un liquide staÂtique, mais il est vivant, ausÂsi aniÂmé et intelÂliÂgent que le reste de ce qui vous comÂpose. Il repréÂsente égaÂleÂment une parÂtie imporÂtante de vous-même : des 50 bilÂlions de celÂlules vous comÂpoÂsant, un quart sont des celÂlules sanÂguines. Deux milÂlions de celles-ci naissent chaque seconde. Durant leur proÂcesÂsus de matuÂraÂtion, les gloÂbules rouges abanÂdonnent leur noyau ― leur ADN, leur capaÂciÂté à se diviÂser et à se répaÂrer. Elles n’ont pas de futur, seuleÂment une tâche à accomÂplir : transÂporÂter l’hémoglobine conteÂnant votre oxyÂgène. Elles n’utilisent pas l’oxygène elles-mêmes ― elles ne font que le transÂporÂter. Et cela, elles le font avec une préÂciÂsion exquise, comÂpléÂtant un cycle de cirÂcuÂlaÂtion à traÂvers votre corps toutes les 20 secondes, penÂdant une cenÂtaine de jours. Enfin, elles meurent.
Le cÅ“ur de l’hémoglobine est une moléÂcule de fer. C’est ce fer qui vient saiÂsir l’oxygène à la surÂface de vos pouÂmons, qui s’accroche à traÂvers le flux sanÂguin, puis le disÂtriÂbue aux celÂlules demanÂdeuses. Si le fer vient à manÂquer, le corps, comme touÂjours, a une soluÂtion de repli. Il ajoute plus d’eau afin d’augmenter le volume sanÂguin ; le sang plus fluide voyage plus rapiÂdeÂment à traÂvers les minces capilÂlaires. Faire plus avec moins.
Tout va bien, sauf que de moins en moins d’oxygène s’offre aux celÂlules. Un autre plan se met en place : l’augmentation du débit carÂdiaque. Le cÅ“ur augÂmente son volume et son débit sysÂtoÂlique. Pour éviÂter que vous n’explosiez, le cerÂveau s’y met ausÂsi, envoyant des signaux aux muscles enveÂlopÂpant chaque vaisÂseau sanÂguin, leur ordonÂnant de se détendre. Le volume sanÂguin peut mainÂteÂnant augÂmenÂter avec une presÂsion sanÂguine stable.
Mais le fer n’arrive touÂjours pas. À ce moment-là , les autres organes doivent coopéÂrer, cédant la cirÂcuÂlaÂtion sanÂguine pour proÂtéÂger le cerÂveau et le cÅ“ur. La peau fait des sacriÂfices majeurs, c’est pourÂquoi les anéÂmiques sont connus pour leur pâleur. Les sympÂtômes perÂçus par la perÂsonne ― vous ― augÂmenÂteÂront à mesure que vos tisÂsus, puis vos organes, comÂmencent à être affaÂmés.
Si aucun souÂlaÂgeÂment ne se proÂfile, tous ces plans finiÂront par échouer. Même un cÅ“ur puisÂsant ne peut se surÂmeÂner ausÂsi longÂtemps. Le sang retourne dans les capilÂlaires. Sous la presÂsion, du liquide suinte dans les tisÂsus enviÂronÂnants. Vous enflez alors, mais ne savez pas pourÂquoi. Puis, les pouÂmons cèdent. Les alvéoles, ces petits sacs qui attendent l’arrivée de l’air, se raiÂdissent à cause de l’accumulation sanÂguine. Il n’en faut pas beauÂcoup. Les sacs se remÂplissent de liquide. Votre corps se noie. Cela s’appelle un Å“dème pulÂmoÂnaire, et vous êtes en grave danÂger.
Je le sais, parce que ça m’est arriÂvé. Les fibromes utéÂrins me font vivre une scène de meurtre chaque mois ; la chiÂrurÂgie pour les enleÂver m’a fait franÂchir le RubiÂcon des gloÂbules rouges. Je n’y connaisÂsais rien : mon corps comÂpreÂnait et a réagi. Mes yeux ont gonÂflé, puis mes cheÂvilles, puis mes molÂlets. Je n’ai plus pu resÂpiÂrer. Puis resÂpiÂrer me faiÂsait mal. J’ai finaÂleÂment arrêÂté de suivre les conseils de mon chien ― fais une sieste ! Avec moi ! ― et me suis renÂdu aux urgences, où, en fin de compte, j’ai pu comÂprendre ce qui m’arrivait.
Deux semaines plus tard, le flux s’était calÂmé, réabÂsorÂbé par quelque tisÂsu humide dans mon corps, et je consiÂdéÂrais posiÂtiÂveÂment l’absence de douÂleur. ResÂpiÂrer était exquis, la chose la plus agréable que je puisse imaÂgiÂner. Chaque resÂpiÂraÂtion natuÂrelle était tout ce que j’avais touÂjours vouÂlu. Je savais que cela s’estomperait et que j’oublierai. Mais penÂdant quelques jours, j’étais vivante. Et c’était bon.
Nos corps sont à la fois tout ce que nous avons et tout ce que nous pourÂrions jamais vouÂloir. Nous sommes en vie, et on nous perÂmet d’être en vie. Il y a de la joie à la surÂface de la peau en attente de lumière solaire et de choses douces (ces deux choses entraîÂnant la proÂducÂtion d’endorphines, donc oui : de la joie). Il y a le batÂteÂment constant et robuste de nos cÅ“urs. Les bébés qui sont porÂtés contre les cÅ“urs de leurs mères apprennent à resÂpiÂrer mieux que ceux qui ne le sont pas. Il y a la force des os et l’extension des muscles et leurs coorÂdiÂnaÂtions comÂplexes. Nous sommes un ensemble d’impulsions élecÂtriques au sein d’un enviÂronÂneÂment aqueux : comÂment ? Eh bien, les nerfs qui conduisent les impulÂsions sont gaiÂnés par une subÂstance grasse appeÂlée myéÂline ― ils sont isoÂlés. Cela perÂmet « une comÂmuÂniÂcaÂtion agile entre des parÂties du corps disÂtantes ». ComÂpreÂnez bien ceci : il est vivant, il comÂmuÂnique, prend des déciÂsions, et sait ce qu’il fait. Vous ne pouÂvez posÂsiÂbleÂment appréÂhenÂder ses intriÂcaÂtions. ComÂmenÂcer à exploÂrer le filiÂgrane du cerÂveau, des synapses, des nerfs, et des muscles c’est comÂprendre que même un cliÂgneÂment d’œil relève du miracle.

Nos cerÂveaux sont le fruit de 2 milÂlions d’années d’évolution. Cette longue et lente croisÂsance a fait douÂbler notre capaÂciÂté crâÂnienne. Et la preÂmière chose que nous avons faite, c’est remerÂcier. Nous avons desÂsiÂné la mégaÂfaune et les mégaÂfeÂmelles, les avons sculpÂtées et taillées. La plus ancienne sculpÂture figuÂraÂtive connue est la Vénus de Hohle Fels ; il y a 40 000 ans quelqu’un a pasÂsé des cenÂtaines d’heures à la tailler. Point de mysÂtère ici, pas selon moi : les aniÂmaux et les femmes nous ont donÂné la vie. Ils ont bien sûr été notre preÂmier proÂjet d’art perÂpéÂtuel. L’émerveillement et la graÂtiÂtude sont insÂcrits en nous, dans nos corps et nos cerÂveaux. Il était une fois une époque où nous nous savions en vie. Et c’était bon.
***
Nous quitÂtons mainÂteÂnant le royaume des miracles pour celui de l’enfer.
Le patriarÂcat est la reliÂgion domiÂnante de la plaÂnète. Il appaÂraît sous diverses formes ― des anciennes, des nouÂvelles, des eccléÂsiasÂtiques, des sécuÂlières. Mais au fond, elles sont toutes nécroÂphiles. Erich Fromm décrit la nécroÂphiÂlie comme « la pasÂsion de la transÂforÂmaÂtion de ce qui est vivant en inerte ; détruire pour le plaiÂsir de la desÂtrucÂtion ; l’intérêt excluÂsif pour tout ce qui est pureÂment mécaÂnique. » Dans cette reliÂgion, le pire des péchés est d’être en vie, et les resÂponÂsables de ce péché sont les femelles. Sous l’égide du patriarÂcat, le corps fémiÂnin est détesÂtable ; ses celÂlules grasses donÂneuses-de-vie sont déniÂgrées ; ses organes reproÂducÂteurs mépriÂsés. Sa condiÂtion natuÂrelle est touÂjours ridiÂcuÂliÂsée : les pieds norÂmaux doivent être transÂforÂmés en moiÂgnons de 10 cm ; les cages thoÂraÂciques comÂpresÂsées jusqu’à l’imÂploÂsion ; les poiÂtrines sont variaÂbleÂment trop grosses ou trop petites, ou entièÂreÂment exciÂsées. Que cela inflige de la douÂleur ― voire une agoÂnie constante ― n’est pas un domÂmage colÂlaÂtéÂral de ces praÂtiques. C’en est le cÅ“ur. Lorsqu’elle souffre, elle devient obéisÂsante.
La nécroÂphiÂlie est l’aboutissement du sadisme. La pulÂsion sadique relève du contrôle ― « la pasÂsion de posÂséÂder un contrôle absoÂlu et sans resÂtricÂtion sur un être humain », comme la défiÂnit Fromm. L’infliction de douÂleur et l’humiliation visent à briÂser l’être humain. La douÂleur est touÂjours humiÂliante : la vicÂtiÂmiÂsaÂtion humiÂlie ; en fin de compte, tout le monde craque. Le rêve du sadique est de posÂséÂder un tel pouÂvoir. Et qui pourÂrait être plus briÂsé et en votre pouÂvoir qu’une femme ne pouÂvant pas marÂcher ?
Quelques noms : verre, ciseaux, rasoirs, acide. Quelques verbes : couÂper, gratÂter, cauÂtéÂriÂser, brûÂler. Ces noms et ces verbes créent des phrases improÂnonÂçables lorsque l’objet est une fillette de sept ans les jambes écarÂtées de force. Le cliÂtoÂris, avec ses 8 000 terÂmiÂnaiÂsons nerÂveuses, est touÂjours tranÂché. Dans les formes les plus extrêmes de MGF (MutiÂlaÂtions GéniÂtales FémiÂnines), les lèvres sont tranÂchées et le vagin referÂmé par couÂture. Le soir de son mariage, le mari de la fille la pénèÂtreÂra avec un poiÂgnard avant d’utiliser son pénis.
Vous ne faites pas ça à un être humain. Vous faites cela à un objet. C’est un fait. Mais il y a plus. Parce que le monde est plein de vériÂtables objets — des boites en carÂtons, des voiÂtures abanÂdonÂnées — et que les hommes ne passent pas leur temps à les torÂtuÂrer. Ils savent que nous ne sommes pas des objets, que nous avons des nerfs pour resÂsenÂtir et une chair qui se charge d’hématomes. Ils savent que nous n’avons nulle part où aller lorsqu’ils revenÂdiquent nos corps. C’est là que le sadique prend du plaiÂsir : la douÂleur engendre une soufÂfrance, l’humiliation peut-être plus encore, et s’il peut lui infliÂger ça, ce sera la preuve de son contrôle absoÂlu.
DerÂrière le sadique se trouvent les insÂtiÂtuÂtions, les condenÂsaÂtions du pouÂvoir, qui nous livrent à lui. Chaque fois qu’un juge décrète qu’une femme n’a pas le droit à l’intégrité phyÂsique — que les phoÂtos « UpsÂkirt » (sous la jupe, NdT) sont légales, que les fausses couches sont des meurtres, que les femmes doivent s’attendre à être batÂtues — il gagne. Chaque fois que les maîtres de la mode fabriquent des talons plus hauts encore et des vêteÂments plus petits, il souÂrit. Chaque fois qu’une classe entière de femmes — les plus pauvres et les plus désesÂpéÂrées, issues des bas-fonds de toutes les hiéÂrarÂchies imaÂgiÂnables — sont déclaÂrées marÂchanÂdises sexuelles légales, ils ont une trique colÂlecÂtive. Qu’il utiÂlise perÂsonÂnelÂleÂment chaÂcune de ces femmes n’est pas la quesÂtion. La sociéÂté a déciÂdé qu’elles étaient là pour lui, les autres hommes tolèrent leur comÂpliÂciÂté, et s’y tienÂdront. Il peut en tuer une — l’acte sexuel ultime pour un sadique — et perÂsonne ne le remarÂqueÂra. Et perÂsonne ne le remarque.
Il n’y a pas de fin à cela, pas de finaÂliÂté natuÂrelle. Il y a touÂjours d’autres êtres conscients et senÂsibles pour enflamÂmer son désir de contrôle, leur addicÂtion n’est alors jamais rasÂsaÂsiée. Avec d’autres addicÂtions en plus, l’accroc touche le fond, sa vie devient ingéÂrable, ne reste que le sombre choix d’arrêter ou de mouÂrir. Mais le sadique ne se fait pas de mal à lui-même. Il n’y a pas de fond à heurÂter, seuleÂment un choix infiÂni de vicÂtimes que la culture lui fourÂnit. Les femmes sont le fesÂtin de nos propres funéÂrailles, et il est heuÂreux de se nourÂrir.
***
Si le fémiÂnisme devait se résuÂmer en un seul mot, ce serait le suiÂvant : non. « Non » est une fronÂtière, uniÂqueÂment expriÂmée par un moi qui en revenÂdique une. Les objets n’ont ni l’un ni l’autre ; les sujets comÂmencent au non. Les fémiÂnistes ont dit non, et nous le penÂsions vraiÂment.
La fronÂtière du « non » s’étendait vasÂteÂment, une insulte envers une est une insulte envers toutes : « nous » est le mot des mouÂveÂments poliÂtiques. Sans lui, les femmes sont rejeÂtées dans une mer hosÂtile et chaoÂtique, reteÂnant leur souffle avant le proÂchain malÂheur. À traÂvers le prisme du fémiÂnisme, le chaos s’analyse préÂciÂséÂment. Nous avons nomÂmé ces malÂheurs, avons affronÂté le déni et le désesÂpoir pour en comÂprendre les motifs. Cela s’appelle la théoÂrie. Nous avons ensuite exiÂgé des remèdes. Ce que font les sujets, parÂtiÂcuÂlièÂreÂment les sujets poliÂtiques. EmmeÂline PanÂkhurst, une meneuse des sufÂfraÂgettes briÂtanÂniques, traÂvaillait au bureau de recenÂseÂment en tant que regisÂtraire des naisÂsances. Chaque jour, des jeunes filles y arriÂvaient avec leurs nouÂveaux nés. Chaque jour, elle a dû demanÂder qui était le père, et chaque jour des filles pleuÂraient d’humiliation et de rage. LecÂteurs, vous savez qui étaient les pères. C’est pour cela que PanÂkhurst n’a jamais abanÂdonÂné.
Dire non au sadique c’est affirÂmer l’existence de ces jeunes filles en tant que sujets poliÂtiques, en tant qu’êtres humains bénéÂfiÂciant du staÂtut proÂmis par les droits inaliéÂnables. Toutes les vies sont dotées d’une volonÂté propre, et souÂveÂraines ; chaque vie ne peut être vécue que dans un corps. Elles ne sont pas des objets à démonÂter pour pièces : elles sont des corps vivants. Les abus sexuels sur les enfants sont conçus spéÂciÂfiÂqueÂment pour transÂforÂmer le corps en cage. Les barÂreaux peuvent comÂmenÂcer sous forme de terÂreur et de peine, et s’enÂdurÂcir jusqu’au dégoût de soi. L’instillation de la honte est la meilleure méthode pour s’assurer de l’obéissance : nous avons honte — la vioÂlaÂtion sexuelle est optiÂmale pour cela — et pour le resÂtant de nos jours nous nous souÂmetÂtrons. Notre souÂmisÂsion est, bien sûr, la marque de son contrôle. Son pouÂvoir est son plaiÂsir, et une autre généÂraÂtion de filles granÂdiÂront dans des corps qu’elles détesÂteÂront surÂement, pour deveÂnir des femmes qui se souÂmettent.
***
Ce que nos corps ont subi, la plaÂnète l’a ausÂsi subi. Le sadique exerce son contrôle ; le nécroÂphile change le vivant en inerte. Ceux qui ont une volonÂté propre, et les sauÂvages, sont les cibles, et leur proÂjet nécroÂtique est presque acheÂvé.
Pris un par un, les faits sont épouÂvanÂtables. Au cours de mon exisÂtence, la terre a perÂdu la moiÂtié de sa faune sauÂvage. Chaque jour, 200 espèces disÂpaÂraissent dans la longue nuit de l’extinction. « L’océan » est synoÂnyme des mots abonÂdance et proÂfuÂsion. PléÂniÂtude est ausÂsi sur la liste, ainÂsi qu’infinité. Et d’ici 2048, les océans n’abriteront plus aucun poisÂson. Les crusÂtaÂcés connaissent « un échec reproÂducÂtif comÂplet ». En d’autres termes, leurs bébés meurent. Le plancÂton disÂpaÂrait égaÂleÂment. Peut-être que le plancÂton est trop petit et trop vert pour que quiÂconque s’en souÂcie, mais nous savons cela : 2 resÂpiÂraÂtions aniÂmales sur 3 sont renÂdues posÂsibles grâce à l’oxygène que proÂduit le plancÂton. Si les océans tombent, nous tomÂbeÂrons avec eux.
ComÂment pourÂrait-il en être autreÂment ? ObserÂvez les schéÂmas, pas seuleÂment les faits. Il y avait telÂleÂment de bisons dans les grandes plaines que vous pouÂviez vous asseoir et obserÂver un seul trouÂpeau pasÂser dans un bruit de tonÂnerre penÂdant pluÂsieurs jours d’affilée. Dans la valÂlée cenÂtrale de CaliÂforÂnie, les nuées d’oiseaux marins étaient si denses qu’elles bloÂquaient la lumière du soleil. Un quart de l’Indiana était une zone humide, grouillante de vie, et en proÂmetÂtant encore plus. C’est mainÂteÂnant un désert de maïs. Là où je vis, dans le paciÂfique Nord-Ouest, les 10 milÂlions de poisÂsons que l’on y trouÂvait ne sont plus que 10 000. Les gens les entenÂdaient arriÂver penÂdant une jourÂnée entière. Ce n’est pas une hisÂtoire : cerÂtains sont encore en vie et s’en souÂviennent. Je n’ai jamais entenÂdu le bruit que proÂduit l’eau lorsque 40 milÂlions d’années de perÂséÂvéÂrance retrouvent leur cheÂmin. Suis-je alors autoÂriÂsée à utiÂliÂser le mot « apoÂcaÂlypse » ?
Le nécroÂphile insiste à proÂmouÂvoir l’iÂdée selon laquelle nous ne serions que comÂpoÂsants mécaÂniques, les rivières des proÂjets d’ingénierie, et les gènes des suites à découÂper et réarÂranÂger selon nos caprices. Il pense que nous sommes tous des machines, malÂgré l’évidence : une machine peut être démonÂtée et remonÂtée entièÂreÂment. Pas un être vivant. Devrais-je ajouÂter qu’une plaÂnète vivante ne le peut pas non plus ?
ComÂpreÂnez où la guerre contre le monde a comÂmenÂcée. En 7 lieux difÂféÂrents, à traÂvers la plaÂnète, les humains ont adopÂté l’activité appeÂlée agriÂculÂture. En termes crus, vous preÂnez une parÂcelle de terre, vous anéanÂtisÂsez tout ce qu’elle abriÂtait de vie, puis replanÂtez desÂsus au proÂfit des seuls besoins humains. Au lieu de parÂtaÂger cette terre avec les milÂlions d’autres créaÂtures qui ont, elles ausÂsi, besoin d’elle pour vivre, vous n’y faites pousÂser que des humains. Il s’agit d’une liquiÂdaÂtion bioÂtique. La popuÂlaÂtion humaine s’accroit forÂteÂment ; les autres sont préÂciÂpiÂtées vers l’extinction.
L’agriculture donne naisÂsance à un mode de vie que l’on appelle la civiÂliÂsaÂtion. La civiÂliÂsaÂtion désigne les regrouÂpeÂments humains sous forme de villes. Ce que cela signiÂfie : un niveau de besoin qui excède ce que la terre peut offrir. La nourÂriÂture, l’eau, l’énergie doivent venir de quelque part. Peu importe les jolies et paciÂfiques valeurs que les gens portent en leurs cÅ“urs. Leur sociéÂté repose sur l’impérialisme et le génoÂcide. Parce que perÂsonne n’accepte d’abandonner sa terre, son eau, ses arbres. Et parce que la ville a utiÂliÂsé les siens jusqu’à épuiÂseÂment, elle doit s’en proÂcuÂrer ailleurs. VoiÂlà les 10 000 derÂnières années résuÂmées en quelques lignes.
La fin de la civiÂliÂsaÂtion est insÂcrite dans son comÂmenÂceÂment. L’agriculture détruit le monde. Et je ne parle pas d’un mauÂvais type d’aÂgriÂculÂture. SimÂpleÂment de l’agriculture. Vous abatÂtez les forêts, vous labouÂrez les praiÂries, vous draiÂnez les zones humides. Et, plus spéÂciÂfiÂqueÂment, vous détruiÂsez le sol. Les civiÂliÂsaÂtions durent entre 800 et peut-être 2 000 ans — jusqu’à ce que le sol ne puisse plus suivre.
Qu’y a‑t-il de plus sadique que le contrôle de contiÂnents entiers ? Il change les monÂtagnes en graÂvats, et les rivières doivent se comÂporÂter comme on le leur ordonne. L’unité fonÂdaÂmenÂtale du vivant est vioÂlée avec l’ingénierie généÂtique. Même chose pour l’unité fonÂdaÂmenÂtale de la matière, avec des bombes qui masÂsacrent des milÂlions d’êtres vivants. VoiÂlà sa pasÂsion, transÂforÂmer le vivant en inerte. Il ne s’agit pas que de morts indiÂviÂduelles, pas même des morts d’espèces entières. Le proÂcesÂsus de la vie elle-même est attaÂqué, et il est en train de perdre. L’évolution des verÂtéÂbrés stagne depuis déjà longÂtemps — il n’y a plus assez d’habitat. Il y a des zones en Chine où plus aucune plante à fleur ne pousse. PourÂquoi ? Parce que les polÂliÂniÂsaÂteurs sont tous morts. 500 milÂlions d’années d’évolution, parÂtis en fumée.
Il veut que tout cela meure. C’est son prinÂciÂpal plaiÂsir et la seule façon pour lui de tout contrôÂler. Selon lui, ça n’a jamais été vivant. Il n’y a pas de comÂmuÂnauÂtés aux volonÂtés propres, pas de terre vraiÂment sauÂvage. Il ne s’agit que de comÂpoÂsants inaniÂmés qu’il peut arranÂger à son gré, un jarÂdin qu’il peut admiÂnisÂtrer. Peu importe que chaque terre ainÂsi gérée se soit transÂforÂmée en désert. L’intégrité éléÂmenÂtaire de la vie a été briÂsée, et il préÂtend mainÂteÂnant qu’elle n’a jamais exisÂté. Il peut faire ce qu’il veut. Et perÂsonne ne l’arrête.
***
PouÂvons-nous l’arrêter ?
Je réponds oui, et je n’abandonnerai pour rien au monde. Les faits tels quels sont insupÂporÂtables, mais il n’y a qu’en les confronÂtant que les schéÂmas s’éclaircissent. La civiÂliÂsaÂtion est fonÂdée sur le préÂlèÂveÂment (l’exÂtracÂtiÂvisme). Celui-ci s’appuie sur l’impérialisme, la prise de pouÂvoir sur le voiÂsiÂnage et le pillage de ses terres, mais en fin de compte, même les coloÂnies finissent par s’épuiser. Le comÂbusÂtible fosÂsile a été un accéÂléÂraÂteur, tout comme le capiÂtaÂlisme, mais le proÂblème sous-jacent est bien plus imporÂtant que l’un ou l’autre. La civiÂliÂsaÂtion requiert l’agriculture, et l’agriculture est une guerre que l’on mène contre le vivant. Et même si cette culture a aupaÂraÂvant porÂté du bien en elle, à un moment donÂné, dix milles ans de cette guerre l’ont chanÂgée en nécroÂphile.
Mais ce que font les humains, ils peuvent ausÂsi le défaire. En admetÂtant que chaque insÂtiÂtuÂtion soit en train de faire fausse route, il n’y a pas de raiÂson matéÂrielle qui obliÂgeÂrait la desÂtrucÂtion à contiÂnuer. La raiÂson est poliÂtique : le sadique est récomÂpenÂsé, et pas qu’un peu. La pluÂpart des parÂtiÂsans de la gauche et des écoÂloÂgistes l’ont remarÂqué. Ce qu’ils n’ont pas remarÂqué, le fémiÂnisme radiÂcal l’a remarÂqué et l’exÂpose ouverÂteÂment : son plaiÂsir à domiÂner.
Le vériÂtable génie du patriarÂcat est préÂciÂséÂment là : il ne fait pas que banaÂliÂser l’oppression, il sexuaÂlise les actes d’oppression. Il éroÂtise la domiÂnaÂtion et la suborÂdiÂnaÂtion puis les insÂtiÂtuÂtionÂnaÂlise à traÂvers la masÂcuÂliÂniÂté et la fémiÂniÂté. Les hommes deviennent vraiÂment des hommes en transÂgresÂsant les fronÂtières — les fronÂtières sexuelles des femmes et des enfants, les fronÂtières cultuÂrelles et poliÂtiques des peuples indiÂgènes, les fronÂtières bioÂloÂgiques des rivières et des forêts, les fronÂtières généÂtiques des autres espèces, et les fronÂtières phyÂsiques de l’atome lui-même. Le sadique est récomÂpenÂsé par de l’argent et du pouÂvoir, mais il retire ausÂsi une exalÂtaÂtion sexuelle de la domiÂnaÂtion. La fin du monde est un rasÂsemÂbleÂment géant d’abrutis finisÂsant en asphyxie autoéÂroÂtique.
Le vériÂtable génie du fémiÂnisme, c’est d’avoir comÂpris tout cela.
Ce qui doit se proÂduire afin de sauÂver notre plaÂnète est simple : il faut que la guerre cesse. Si nous cesÂsons de nous mettre sur son cheÂmin, la vie reprenÂdra son cours, parce que la vie veut vivre. Les forêts et les praiÂries renaîÂtront. Tous les barÂrages s’effondreront, et tous les canaux en ciment et les rivières apaiÂseÂront leurs peines et retrouÂveÂront l’océan. Les poisÂsons sauÂront quoi faire. En étant manÂgés, ils nourÂrissent la forêt, qui proÂtège les rivières, qui à son tour abriÂteÂra plus de sauÂmons. Ce n’est pas la mort de desÂtrucÂtion mais la mort de parÂtiÂciÂpaÂtion qui fait du monde un tout.
Il y a parÂfois des faits qui requièrent tout le couÂrage que nous avons en nos cÅ“urs. En voiÂci un. Le carÂbone a atteint les 400 ppm. Pour que la vie contiÂnue, le carÂbone doit retourÂner dans le sol. Et nous en arriÂvons donc aux herÂbaÂcées.
Là où le monde est humide, les arbres font des forêts. Là où il est sec poussent les herÂbaÂcées. Les praiÂries endurent des chaÂleurs extrêmes en été et des froids teiÂgneux en hiver. Les herÂbaÂcées surÂvivent en mainÂteÂnant 80 % de leur corps sous terre, sous forme de racines. Ces racines sont cruÂciales pour la comÂmuÂnauÂté du vivant. Elles fourÂnissent des canaux pour que la pluie pénètre dans le sol. Elles peuvent atteindre 4,5 mètres et rameÂner à la surÂface des minéÂraux issus des roches souÂterÂraines, des minéÂraux dont ont besoin toutes les créaÂtures vivantes. Elles peuvent construire le sol à une vitesse extraÂorÂdiÂnaire. Le matéÂriau de base qu’elles utiÂlisent pour cela, c’est le carÂbone. Ce qui signiÂfie que les herÂbaÂcées sont notre seul espoir pour récuÂpéÂrer le carÂbone qui se trouve dans le ciel.
Et elles le feront si nous les laisÂsons faire. Si nous pouÂvions remettre en état 75% des praiÂries du monde — détruites par cette guerre que l’on appelle agriÂculÂture — en moins de 15 ans, les herÂbaÂcées capÂtuÂreÂraient tout le carÂbone ayant été émis depuis le début de l’âge indusÂtriel. ReliÂsez cela à nouÂveau, si besoin est. Et rapÂpeÂlez-vous en, où que vous soyez. Dites-le à qui écouÂteÂra. Il y a encore une chance.

Les herÂbaÂcées ne peuvent y parÂveÂnir seules. Aucune créaÂture n’existe indéÂpenÂdamÂment des autres. La resÂtauÂraÂtion des praiÂries implique la resÂtauÂraÂtion des rumiÂnants. Durant l’été chaud et sec, la vie est dorÂmante à la surÂface du sol. Ce sont les rumiÂnants qui perÂpéÂtuent alors le cycle des nutriÂments. Ils portent en eux un écoÂsysÂtème, notamÂment avec ces bacÂtéÂries qui digèrent la celÂluÂlose. Lorsqu’un bison broute, il ne mange pas vériÂtaÂbleÂment l’herbe. Il fourÂnit de l’herbe aux bacÂtéÂries. Les bacÂtéÂries mangent l’herbe, puis il mange les bacÂtéÂries. Ses déjecÂtions vont ensuite arroÂser et ferÂtiÂliÂser les herÂbaÂcées. Et le cycle se comÂplète.
Les praiÂries ont été éraÂdiÂquées pour l’agriculture, pour faire pousÂser des céréales pour les humains. Parce que je souÂhaite resÂtauÂrer les praiÂries, on m’acÂcuse de souÂhaiÂter la mort de 6 milÂliards d’individus. Ce n’est pas un hasard. En 1800, au début de l’ère indusÂtrielle, il y avait 1 milÂliard d’êtres humains. Il y en a mainÂteÂnant 7 milÂliards. 6 milÂliards d’entre eux ne sont là qu’en raiÂson des comÂbusÂtibles fosÂsiles. ConsomÂmer une resÂsource non renouÂveÂlable n’a jamais été un plan d’avenir. Et pourÂtant, souÂliÂgner cela fait appaÂremÂment de moi une meurÂtrière de masse.
ComÂmenÂçons par l’évident. Rien de ce que nous faiÂsons en étant ausÂsi nomÂbreux n’est souÂteÂnable. 98 % des forêts anciennes et 99 % des praiÂries ont disÂpaÂru, et avec eux la majeure parÂtie du sol qu’ils avaient construit. Il ne reste rien à prendre. La plaÂnète a été dépeÂcée.
AjouÂtez à cela le fait que toutes les civiÂliÂsaÂtions se terÂminent par un effonÂdreÂment. Toutes. ComÂment pourÂrait-il en être autreÂment lorsque votre mode de vie dépend de la desÂtrucÂtion de l’endroit où vous vivez ? Le sol a disÂpaÂru et le pétrole comÂmence à manÂquer. En éviÂtant les faits, nous nous assuÂrons la pire des fins posÂsible.
Nous pouÂvons faire mieux que les famines de masse, les états en faillite, les conflits ethÂniques, la misoÂgyÂnie, les seiÂgneurs de guerres mesÂquins, et les scéÂnaÂrios dysÂtoÂpiques d’effondrement. C’est très simple : nous reproÂduire moins que le taux de remÂplaÂceÂment. Le proÂblème se règleÂra de lui-même. Venons-en mainÂteÂnant aux jeunes filles.
Ce qui fait uniÂverÂselÂleÂment baisÂser le taux de nataÂliÂté, c’est l’élévation du staÂtut de la femme. Plus spéÂciÂfiÂqueÂment, l’action ayant le plus d’impact, c’est l’enseignement de la lecÂture à une fille. Lorsque les femmes et les jeunes filles bénéÂfiÂcient ne serait-ce que de cette once de pouÂvoir sur leurs vies, elles choiÂsissent d’avoir moins d’enfants. Oui, les femmes ont besoin d’un contrôle des naisÂsances mais ce dont nous avons réelÂleÂment besoin, c’est de liberÂté. À traÂvers la plaÂnète, les femmes ont très peu de contrôle sur la façon dont les hommes utiÂlisent nos corps. Près de la moiÂtié de toutes les grosÂsesses sont non-plaÂniÂfiées ou non-vouÂlues. La grosÂsesse est la deuxième cause de morÂtaÂliÂté chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. Peu de choses ont chanÂgé depuis qu’Emmeline PanÂkhurst a refuÂsé d’abandonner.
Nous devrions défendre les droits humains des jeunes filles parce que les jeunes filles comptent. Il s’avère même que les droits fonÂdaÂmenÂtaux des jeunes filles sont cruÂciaux pour la surÂvie de la plaÂnète.

PouÂvons-nous l’arrêter ?
Oui, mais seuleÂment si nous comÂpreÂnons ce que nous affronÂtons.
Il veut la mort du monde. Tout ce qui est vivant doit être remÂplaÂcé par quelque chose de mécaÂnique. Il préÂfère les engreÂnages, les pisÂtons et les cirÂcuits aux corps doux des aniÂmaux, et même au sien. Il espère pouÂvoir se téléÂcharÂger lui-même dans un ordiÂnaÂteur un jour.
Il veut la mort du monde. Il aime le souÂmettre. Il a ériÂgé des villes géantes là où autreÂfois se tenaient des forêts. Le béton et l’asphalte domptent l’incontrôlé.
Il veut la mort du monde. Tout ce qui est femelle doit être puni, défiÂniÂtiÂveÂment. Plus elles sont jeunes, plus elles casÂseÂront faciÂleÂment. Alors il comÂmence tôt.
Une guerre contre votre corps c’est une guerre contre votre vie. S’il peut faire en sorte que nous menions la guerre à sa place, nous ne serons jamais libres. Mais nous avons décréÂté que le corps de chaque femme était sacré. Et nous le penÂsons réelÂleÂment. Toute créaÂture posÂsède son intéÂgriÂté phyÂsique propre, son tout invioÂlable. C’est un tout trop comÂplexe pour être comÂpris, même en vivant à l’intérieur. Je ne savais pas pourÂquoi mes yeux gonÂflaient, ni pourÂquoi mes pouÂmons me faiÂsaient mal. Les comÂplexiÂtés nécesÂsaires pour me mainÂteÂnir en vie resÂteÂront un mysÂtère pour moi.
Une cuillère à café de sol contient un milÂlion de créaÂtures vivantes. Une petite cuillère de vie et c’est déjà trop comÂplexe pour que nous comÂpreÂnions. Et pourÂtant il pense pouÂvoir gérer les océans ?
Nous allons devoir oppoÂser notre couÂrage à son mépris. Nous allons devoir oppoÂser nos rêves féroces et fraÂgiles à sa force brute. Et nous allons devoir oppoÂser une déterÂmiÂnaÂtion qui ne plieÂra ni ne cèdeÂra ni ne cesÂseÂra à son sadisme inépuiÂsable.
Et si nous ne pouÂvons pas le faire pour nous-mêmes, nous devons le faire pour ces jeunes filles.
Quoi que vous aimiez, c’est en danÂger. Aimer est un verbe. Puisse cet amour nous pousÂser à l’action.
Lierre Keith
TraÂducÂtion : NicoÂlas Casaux
ÉdiÂtion & RéviÂsion : HéléÂna DelauÂnay
Vous avez réagi à cet article !
Afficher les commentaires Hide commentsAutant je la trouve perÂtiÂnente sur des parÂties de son anaÂlyse sur le patriarÂcat , autant lierre est à coté en ce qui concerne l’aÂgriÂculÂture …
L’aÂgriÂculÂture dont elle parle est la monoÂculÂture intenÂsive à l’aÂméÂriÂcaine .… alors que la perÂmaÂculÂture par exemple existe depuis trés longÂtemps et à monÂtrer sa résiÂlience et l’enÂriÂchisÂseÂment des zones où elle est mise en praÂtique
L’acÂcent mit sur le carÂbone est ausÂsi une faute de prioÂriÂté , le méthane polÂlue bien plus que les transÂport par exemple , et il sufÂfit que le monde de vienne vegan pour supÂpriÂmer une énorme proÂporÂtion du méthane émis ainÂsi qu’une énorme part de l’aÂgriÂculÂture intenÂsive serÂvant à nourÂrir les éleÂvages d’aÂniÂmaux destÂniés aux pays riches
Mais ce n’est pas l’auÂteur du » mythe végéÂtaÂrien » qui irai dire cela ^^
Et même si son livre comÂporte des erreurs , cerÂtains en ont fait une grosse publiÂciÂté …
Je finiÂrai juste par dire que son arguÂment malÂthuÂsien de la surÂpoÂpuÂlaÂtion est égaÂleÂment hors proÂpos .… en effet le controle des femmes sur leurs corps ainÂsi qu’une autoÂnoÂmie par rapÂport aux sysÂtèmes patriarÂchaux perÂmet une dimiÂnuÂtion de la nataÂliÂté , si nous sommes 7 milÂliards de vegan il n’y aurai pas eu tout les degats ecoÂloÂgiques dont elles parlent , mais le carÂnisme as de beaux jours malÂheuÂreuÂseÂment et elle y contriÂbue granÂdeÂment avec son livre …
La « perÂmaÂculÂture » quelle mot merÂveilleux. Bien oui, faiÂsons pousÂser du blé, du riz, du maïs, masÂsiÂveÂment en mode « perÂmaÂculÂtuuure ».
J’atÂtends de voir.
CE faiÂsant si tu lis son bouÂquin « le Mythe végéÂtaÂrien », elle cite de nomÂbreux exemples de lieux qui sont deveÂnus ‑dans la réaÂliÂté- un désert suite à l’agriculture. Et c’est ce qu’on est entrain de faire.
« Il sufÂfit que le monde devienne végan », oui si on ne mange pas de céréales, uniÂqueÂment des fruits et des plantes.
A cela ‑juste en pasÂsant- penÂsons à la cuisÂson qui est un énorme facÂteur de polÂluÂtion dans le monde !
Quant à » une énorme part de l’agriculture intenÂsive serÂvant à nourÂrir les éleÂvages d’animaux desÂtiÂnés aux pays riches » elle en parle dans le bouÂquin, et dit que cet éleÂvage-là est une honte.
LK dit que les vegan sont sysÂtéÂmaÂtiÂqueÂment des urbains hors-sol, est-ce ton cas ?
Elle part de quelque chose de très concret : elle vouÂlait reveÂnir à la nature et cultiÂver ses propres salades, comÂment faire avec les limaces ? Sa soluÂtion la moins pire, après moultes façons inélÂgantes a été d’emprunter la contriÂbuÂtion joyeuse des canards qui mangent les limaces mais pas les laiÂtues et qui ferÂtiÂlisent le sol. Autre quesÂtion, avec quoi ferÂtiÂliÂser le sol ? Des engrais chiÂmiques ? Du BRF (merÂci le pétrole et les arbres tués)? Elle utiÂlise la fiente des aniÂmaux. Vaches etc..
Et après tu fais quoi du trop plein d’aÂniÂmaux ?
En bon végan, bien sûr tu l’acÂcomÂpagnes à pied pour le rendre aimaÂbleÂment à 10km de la maiÂson à Dââme Nature où de verÂdoyantes proÂmesses d’aÂbonÂdances et d’amour l’atÂtendent et tu lui serres une franche poiÂgnée de pattes. Si c’est pas chouÂpiÂnou !
En généÂral les payÂsans ne font pas cela, sur le terÂrain, on voit les choses difÂféÂremÂment.
Et la perÂmaÂculÂture ausÂsi, elle te dit que c’est plus logique d’aÂbanÂdonÂner les laiÂtues, et de pasÂser à des plantes pérennes, pourÂpier, ortie, chéÂnoÂpodes, mauves etc… Si tu nourÂries tes cochons avec des caroubes, des marÂrons, des glands c’est plus simple ausÂsi, tu manges, et tu passes un hiver rigouÂreux dans un foncÂtionÂneÂment relaÂtiÂveÂment local. De quoi se nourÂrissent les vegan en France ? Des bananes à 2€ le kg max !
AusÂsi, j’atÂtends de voir un vrai Vegan local, qui mange son caca pour la B12 !! Et qui ne la comÂmande pas auprès d’un labo alleÂmand.
Je mets une pointe d’huÂmour dans mon texte mais ce n’est pas contre toi.
La quesÂtion du vegan Vs OmniÂvore est très comÂplexe à mon humble avis.
Je trouve ce texte fort fort interÂesÂsant ! C’est une belle découÂverte. Maisje ne pense pas que cet « esprit » mécaÂniÂsant soit uniÂqueÂment lié aux hommes, il gagne les femmes ausÂsi à préÂsent. Ce serait une erreur (comÂpréÂhenÂsible, mais domÂmaÂgeable) que de le croire. C’est un esprit déshuÂmaÂniÂsant, qui détruit autant le corps masÂcuÂlin que fémiÂnin, même si hisÂtoÂriÂqueÂment et encore aujourd’Âhui en majoÂriÂté c’est vrai que les femmes en ont bcp plus soufÂfert. La tenÂdance aujourd’Âhui est : folie sadique pour tous, hommes et femmes comÂpris !
Pour vous répondre XipeÂthoÂtek , je ne pense pas le le régime végan convienne à tout le monde, et encore moins qu’une volonÂté plaÂniÂfiÂcaÂtrice (et donc contrôÂlante) du style « si tout le monde était végan » ait la moindre valeur.(si ce n’est pour un nouÂveau type de contrôle) De plus, il est loin d’être prouÂvé que l’huÂmain n’est qu’un rumiÂnant (je taquine, je sais que végan ou végé ne se limite pas à cela ;). Mais soit, manÂgez comme vous le vouÂlez, mais resÂtons loin du genre de soluÂtion totaÂliÂtaire « Tous ceci ou tous cela » svp ! MerÂci pour la (bio?)diversité 😉
merÂci NicoÂlas, c’est comme tu le dis magniÂfique.( Je regrette d’aÂvoir lu les deux comÂmenÂtaires préÂcéÂdents… mais bon.…)
Je me perÂmets de parÂtaÂger et ma jourÂnée, et bien plus est illuÂmiÂnée, par cette lecÂture. Bonne jourÂnée à toi.
Pour une aliÂmenÂtaÂtion vegéÂtaÂlienne , il convient à tout le monde dixit l’asÂsoÂciaÂtion améÂriÂcaine de diéÂtéÂtique 😉 http://www.alimentation-responsable.com/position-ADA-2009
Pour ce qui est de la plaÂniÂfiÂcaÂtion , un fasÂcisme vegan ne ferai que » gagner » du temps , mais pour sorÂtir de l’iÂdéoÂloÂgie du carÂnisme et sorÂtir de la disÂsoÂnance cogÂniÂtive lié à notre culture aliÂmenÂtaire et le traiÂteÂment des aniÂmaux , il faut surÂtout de la réfléxion et une adhéÂsion 🙂
Pour ce qui est de notre phyÂsioÂloÂgie , nous sommes surÂtout le fruit d une évoÂluÂtion , et même si nous avons une phyÂsioÂloÂgie de fruÂgiÂvore comme nos couÂsins les singes , c’est pluÂtot hors de proÂpos ( et de toute manière je peux répondre tres vite que oui nous ne sommes pas des rumiÂnants nous n’aÂvons qu’un estoÂmac 😛 ) . En effet le végaÂnisme sait se monÂtrer perÂtiÂnente ne serait ce que sur la quesÂtion
enviÂronÂneÂmenÂtale . C’est pour cela que je souÂligne les fausses bonnes soluÂtions de Lierre keith.
Le végaÂnisme n’est pas poliÂtique , c’est la posÂture morale la plus perÂtiÂnente en éthique aniÂmal et celle qui fait consenÂsus , parÂmi les écoÂloÂgistes égaÂleÂment , qu’ils soient conséÂquenÂtiaÂlistes , déonÂthoÂloÂgique ou éthiques , le végaÂnisme est vu comme une des soluÂtions les plus concrètes et effiÂcace
Pour preuve, un jourÂnaÂliste que ce site relaie défois , chris hedge est deveÂnu vegan pour cette raiÂson http://www.compassionatespirit.com/wpblog/2014/11/17/chris-hedges-go-vegan-for-the-planet/
Donc le végaÂnisme peut ausÂsi etre un acte miliÂtant écoÂloÂgique 😉
En faite aprés quelques calÂculs , cela semble friÂsé l’inÂcoÂhéÂrence que de vouÂloir miliÂter en faveur de l ‘écoÂloÂgie et de manÂger une aliÂmenÂtaÂtion proÂveÂnant d’éÂleÂvages , encore une fois la disÂsoÂnance cogÂniÂtive peut etre trés puisÂsante 🙂
Pour finir , pour répondre à pam Quin , je suis navré d’aÂvoir trouÂblé la quiéÂtude de cette article en émetÂtant une criÂtique construcÂtive de l’arÂticle de lierre keith , mais je ne vois nul part marÂqué sur le site qu’il faut juste dire amen à tout ce qui est publié 😉
[…] Les jeunes filles et les herÂbaÂcées (Lierre Keith) […]
Je lis cet article et les réponses qui vont avec.
Au bout des deux tiers de l’arÂticle, une espèce de colère déborÂdante m’a donÂné l’enÂvie de lanÂcer mon ordi contre le mur.
J’enÂtends que LK use d’une façon et d’arÂguÂments chocs, qu’elle peut surÂesÂtiÂmer un cerÂtain nombre de causes… Il est vrai que je n’enÂtends nulle part, sauf en filiÂgrane, une quelÂconque apoÂloÂgie de l’aÂgriÂculÂture praÂtiÂquée par des groupes humains depuis des cenÂtaines d’anÂnées (cela me rapÂpelle un autre article de ce site). Il appaÂrait cepenÂdant que son proÂpos sur les 1 milÂliards d’êtres humains en 1800 traÂduit un lien avec celle-ci et coïnÂcide avec les débuts (bien avanÂcés) de l’ère indusÂtrielle.
A mon avis, LK expose plus spéÂciÂfiÂqueÂment l’iÂdée que l’inÂdusÂtriaÂliÂsaÂtion a intenÂsiÂfié le proÂcesÂsus nécroÂphage de notre civiÂliÂsaÂtion qui appaÂraît comme dans toutes les civiÂliÂsaÂtions (les Aztèques ont créé des déserts, l’AtÂlanÂtide s’est effonÂdrée =) hi hi, pour l’exemple, c’est juste comique) avant sa chute. Et que cela nous a conduit à entreÂprendre touÂjours plus de viol de la Nature, sur le vivant, ses repréÂsenÂtants embléÂmaÂtiques, que sont les forêts, les aniÂmaux et la femme.
Ce n’est pas pour rien qu’auÂjourd’Âhui plus que jamais, la fémiÂniÂté est déconÂsiÂdéÂrée, vioÂlée. Les homos se font taper ou notre lanÂgage couÂrant stigÂmaÂtise la fémiÂniÂté chez l’homme, les femmes sont des objets publiÂciÂtaires et sexuels (voyez la proÂliÂféÂraÂtion de sites porÂnoÂgraÂphiques et des images et repréÂsenÂtaÂtions qu’ils véhiÂculent, c’est juste effaÂrant, et il n’y a pas besoin d’être puriÂtain pour trouÂver cela imparÂdonÂnable et criÂmiÂnel).
Quant à la nécesÂsiÂté d’une (bio)diversité, il faut garÂder les yeux en face des trous : aujourd’Âhui, c’est en train de creÂver. Aujourd’Âhui, ce qu’il nous faut, ce n’est pas cultiÂver la bioÂdiÂverÂsiÂté, c’est anéanÂtir ce qui la menace et la détruit. ColÂlecÂtiÂveÂment, et pas simÂpleÂment en deveÂnant chaÂcun vegan dans son coin. Encore une nouÂvelle conneÂrie prôÂnée par je ne sais quel groupe de pseuÂdos actiÂvistes de l’à peu près. Oui, il nous faut reconÂsiÂdéÂrer notre manière de nous nourÂrir, c’est indéÂniable. Mais comme l’un de vous le dit, pas en hors sol, pas en préÂlèÂveÂment, mais là où ça se passe. Je suis végé, et loin des villes, c’est difÂféÂrent, c’est vrai. Si on veut aller au bout du truc, les plantes utiles à l’éÂcoÂsysÂtème et pas seuleÂment à l’homme doivent être priÂviÂléÂgiées. Cela nécesÂsite de la fruÂgaÂliÂté, mais dans la mesure où ce qui est cultiÂvé apporte plus qu’une semaine de repas végéÂtaÂrien à base de céréales et de léguÂmiÂneuses. Tout le monde n’est peut-être pas prêt à de tels concesÂsions, et c’est la dimenÂsion colÂlecÂtive qui apporte une posÂsiÂbiÂliÂté d’être interÂdéÂpenÂdants et pourÂtant plus autoÂnomes.
7 milÂliards. Au bord du gouffre. Et on pinaille encore… De la légèÂreÂté certes, mais de la colère, beauÂcoup. J’aime bien son idée d’une mort parÂtiÂciÂpaÂtive, je ne parle pas de suiÂcide ou de sacriÂfice, mais bien de la disÂpaÂriÂtion dans un cycle de vie. Ce que préÂciÂséÂment nous nous attaÂchons à resÂtreindre, endiÂguer, par manque d’huÂmiÂliÂté. Je ne crois pas à une grosse entiÂté qu’on appelÂleÂrait le NécroÂphile, mais c’est un fait que notre tenÂdance cultuÂrelle repose sur ce fait. ArmanÂda GuiÂducÂci en parle très bien dans son bouÂquin « La Pomme et le SerÂpent ». C’est antéÂdiÂluÂvien notre tenÂdance à la malÂtraiÂtance de la fémiÂniÂté, et c’est pour cela qu’il nous faut nous en débarÂrasÂser pour que les femmes et la fémiÂniÂté cessent de se souÂmettre et d’être souÂmises par le fait social et cultuÂrel. Parce que nous avons tous notre propre fémiÂniÂté borÂdel… Et que la nier et la repousÂser, c’est contraindre notre corps…
[…] https://partage-le.com/2015/09/les-filles-et-les-herbacees-lierre-keith/ […]
[…] vies, et ainÂsi de suite) sont pardonÂnables. Ce petit fait tenace qui nous rapÂpelle que cette culture est en train de détruire la plaÂnète. Tout livre (ou film, ou tableau, ou toute chanÂson, relaÂtion, vie, et ainÂsi de suite) qui […]
[…] à l’idée de citer Lierre Keith, écriÂvaine et fémiÂniste radiÂcale (extrait de son article Les jeunes filles et les herÂbaÂcées ; traÂducÂtion NicoÂlas Casaux) […]