Je suis contre la violence (la journée type d’un‑e non-violent‑e)

Je suis contre la violence.

Je suis contre la vio­lence, et ce matin, après m’être levé‑e, et avoir pris une douche d’eau bien chaude (très cer­tai­ne­ment chauf­fée à l’aide de com­bus­tibles fos­siles, qui impliquent dif­fé­rents pro­ces­sus d’extractions et de trai­te­ments, mais nous y revien­drons plus tard), je me suis servi‑e un verre de jus d’orange — très pro­ba­ble­ment en pro­ve­nance du Bré­sil, le pre­mier expor­ta­teur mon­dial d’oranges, où poussent plus de 60 % des oranges consom­mées sur la pla­nète & où des « mil­liers d’ouvriers tra­vaillent dans des condi­tions indignes et noyées de pes­ti­cides » — qui, lui aus­si, à tra­vers ses diverses étapes de trans­ports et d’emballage, aura néces­si­té des extrac­tions de com­bus­tibles fos­siles, et entrai­né les émis­sions de gaz à effet de serre qui s’ensuivent.

Le lait qui accom­pagne mes céréales (céréales issues de mono­cul­tures indus­trielles, ayant elles aus­si néces­si­té des extrac­tions et l’utilisation de com­bus­tibles fos­siles, et l’épandage de pro­duits chi­miques toxiques dans l’air, dans les cours d’eau et dans l’atmosphère) pro­vient pro­ba­ble­ment d’un éle­vage indus­triel, en effet plus de 70% des vaches lai­tières subissent l’in­hu­ma­ni­té de cette indus­trie : entas­sées dans des han­gars, elles sont trai­tées pen­dant toute leur (courte) vie comme de véri­tables machines à lait (gros­sesses for­cées, autre­ment dit, des viols ; traite inten­sive ; souf­frances phy­siques et émo­tion­nelles ; les veaux femelle sont uti­li­sées pour rem­pla­cer les vaches lai­tières qu’on envoie à l’a­bat­toir tan­dis que les veaux mâle repartent dans le cir­cuit de la viande ; sachant qu’il ne s’agit là que d’un trop bref résu­mé de l’atrocité de cette indus­trie).

Mon café, qui a tra­ver­sé les océans du globe en bateau, a ensuite été trans­por­té en poids lourd, pour finir dans un des rayons de l’épicerie de mon quar­tier, a donc, lui aus­si, néces­si­té des extrac­tions et l’utilisation de com­bus­tibles fos­siles & a donc lui aus­si entraî­né des émis­sions de gaz à effet de serre, par­ti­ci­pant ain­si au réchauf­fe­ment cli­ma­tique glo­bal. Il pro­vient peut-être lui aus­si du Bré­sil, qui en est le pre­mier pro­duc­teur ; peut-être même de l’É­tat de São Pau­lo où se situe le pre­mier port caféier du monde. Les cultures vivrières des peuples de ces zones pro­duc­trices ont été rem­pla­cées, à cause du capi­ta­lisme mon­dia­li­sé, par des cultures d’exportations (donc pol­luantes, et par­ti­ci­pant du réchauf­fe­ment glo­bal) dont dépendent leurs maigres salaires (les pays indus­tria­li­sés consomment envi­ron 70 % du café pro­duit dans le monde).

Je suis contre la vio­lence, et je suis contre la guerre, même si mon pays est le deuxième plus gros ven­deur d’armes du monde, comme me l’apprennent les pré­sen­ta­teurs d’une émis­sion de radio que j’écoute tran­quille­ment ce matin, dans ma voi­ture, en me ren­dant sur mon lieu de travail.

Je suis contre la vio­lence, et ma voi­ture, d’origine étran­gère, a été construite à par­tir de matières pre­mières extraites dans dif­fé­rents pays du globe (et donc trans­por­tées, et donc à nou­veau com­bus­tibles fos­siles, extrac­tions, émis­sions, mais vous com­men­cez à com­prendre); peut-être qu’une par­tie du cuivre pro­vient de Zam­bie, où les com­pa­gnies d’extraction cupri­fère diri­gées par des Chi­nois « bafouent régu­liè­re­ment la légis­la­tion et les régle­men­ta­tions du tra­vail des­ti­nées à garan­tir la sécu­ri­té et le droit des tra­vailleurs à s’organiser », comme le sou­ligne Human Rights Watch. Ou peut-être qu’il pro­vient de la mine de Gras­berg, en Indo­né­sie, la troi­sième plus impor­tante mine de cuivre du monde, dont l’histoire est émaillée de vio­lences et de dégra­da­tions envi­ron­ne­men­tales (« les papous paient le prix fort pour leurs terres ances­trales volées, pillées, sac­ca­gées, pol­luées. Leur cos­mo­vi­sion bafouée, les leurs assas­si­nés, spo­liés, exploi­tés, tor­tu­rés, là encore, c’est le domaine de la déme­sure et les enjeux ne penchent pas en faveur d’une paix pro­chaine »), et qui appar­tient à l’entreprise Freeport-McMoRan.

Une fois arrivé‑e au bureau, je me mets au bou­lot sur mon « poste de tra­vail » ; mon ordi­na­teur, lui aus­si le pro­duit du trans­port mon­dia­li­sé de matières pre­mières (com­bus­tibles fos­siles et émis­sions de gaz à effet de serre) et de la répartition/division des tâches entre nations (les nations déve­lop­pées se voyant attri­buer la lourde tâche de la vente et de l’utilisation des outils élec­tro­niques déjà assem­blés par les nations en déve­lop­pe­ment ou sous-déve­lop­pées qui se voient attri­buer l’honneur de pou­voir four­nir les matières pre­mières, de fabri­quer et mon­ter ces appa­reils), fini­ra, une fois arri­vé à son stade d’obsolescence pro­gram­mée — même chose pour les télé­vi­sions, les smart­phones, les tablettes, et autres gad­gets élec­tro­niques — par n’être plus qu’un E‑déchets par­mi ces mon­tagnes que l’on envoie pour « recy­clage » (un euphé­misme pour évi­ter de par­ler des pol­lu­tions, des dégra­da­tions envi­ron­ne­men­tales et des pro­blèmes sani­taires que cela engendre) dans les pays en déve­lop­pe­ment (selon l’Organisation Inter­na­tio­nale du Tra­vail, 80% des E‑déchets « finissent par être envoyés, sou­vent illé­ga­le­ment, dans les pays en déve­lop­pe­ment pour être recy­clés par des cen­taines de mil­liers de tra­vailleurs infor­mels », avec « des impli­ca­tions néga­tives en termes de san­té et d’environnement »).

A Agbog­blo­shie, au Gha­na, zone de décharges pour E‑déchets…

Lors de ma pause déjeu­ner, mes col­lègues et moi-même nous ren­dons dans un res­tau­rant, à proxi­mi­té du bureau ; aujourd’­hui, je penche pour du pois­son en guise de plat prin­ci­pal ; je suis contre la vio­lence, et pour­tant l’ap­pé­tit vorace du sys­tème (la civi­li­sa­tion indus­trielle) dont je par­ti­cipe a fait dis­pa­raître 90% des grands pois­sons des océans du monde, a détruit la moi­tié des popu­la­tions d’animaux marins en moins de 40 ans, ain­si que la moi­tié des ani­maux sau­vages, a recou­vert 88% de la sur­face des océans par des micro-frag­ments de plas­tique (13 mil­lions de tonnes de déchets plas­tiques ont été déver­sés dans les mers en 2010), déverse chaque année 150 000 tonnes d’hydrocarbures, 1,8 mil­lion de tonnes de pro­duits toxiques liés aux débal­las­tages illé­gaux et volon­taires des bateaux, et 6 mil­lions de tonnes de pol­luants en pro­ve­nance des fleuves, dans les océans.

Les oiseaux de l’île de Mid­way meurent l’es­to­mac rem­pli de plastiques

En reve­nant du res­tau­rant, nous nous arrê­tons pour « faire les bou­tiques » dans quelques-uns de nos maga­sins de vête­ments préférés.

Je suis contre la vio­lence, et pour­tant les vête­ments que j’achète dans les maga­sins néces­sitent, en plus des matières pre­mières extraites et trans­por­tées à tra­vers le globe (com­bus­tibles fossiles/émissions de GES), le tra­vail (l’exploitation) de mil­lions d’enfants, et d’adultes éga­le­ment, dans des condi­tions indé­centes et pour des salaires ridi­cules. Je suis contre la vio­lence, et pour­tant les fibres plas­tiques des vête­ments en poly­es­ter ou en acry­lique que j’a­chète « pol­luent les océans, et repré­sentent une menace pour les espèces aqua­tiques », autre­ment dit, per­turbent et par­ti­cipent à la des­truc­tion de ces éco­sys­tèmes. Les sub­stances chi­miques qui com­posent cer­tains de mes vête­ments et sont pré­sentes dans de nom­breux objets de la vie cou­rante (poêles anti-adhé­sives, pro­duits anti-taches, embal­lages ali­men­taires, etc) « per­sistent très long­temps dans l’en­vi­ron­ne­ment, où elles se pro­pagent de manière tenace. Selon Green­peace, des traces de PFC ont été retrou­vées dans le foie d’ours polaires », sachant que « des études ont mon­tré une toxi­ci­té sur le ron­geur et l’hu­main. Récem­ment, des tra­vaux publiés dans le JAMA (Jour­nal Jour­nal of the Ame­ri­can Medi­cal Asso­cia­tion) ont sug­gé­ré qu’une expo­si­tion in ute­ro affai­blis­sait le sys­tème immu­ni­taire des enfants ».

Après une longue après-midi de dur labeur pas­sée au bou­lot, je me détends en ava­lant un car­ré de cho­co­lat dont je lis que les tablettes sont « éla­bo­rées dans la plus pure tra­di­tion fran­çaise ». Je suis contre la vio­lence, et pour­tant ce cho­co­lat que j’apprécie et qui pro­vient pro­ba­ble­ment des cacaoyers d’Afrique, et plus pré­ci­sé­ment de Côte d’Ivoire, qui en est le pre­mier pro­duc­teur, est peut-être récol­té par des four­nis­seurs qui « emploient des enfants, qui plus est dans des condi­tions de tra­vail dan­ge­reuses et pénibles », sachant que « nombre de ces enfants seraient ven­dus par des tra­fi­quants qui les enlèvent ou les achètent dans des pays voi­sins de la Côte d’Ivoire ». Je suis contre la vio­lence, et pour­tant les sucre­ries que je mange — mais pas seule­ment ces sucre­ries — ont un arrière-gout amer d’esclavagisme.

Des enfants tra­vaillent dans les plan­ta­tions de cacaoyers en Côte d’Ivoire

Ma tech­nique, pour gérer les quelques scru­pules qui m’assaillent inté­rieu­re­ment de temps à autre, consiste à les enfouir ou à les igno­rer ; je me pré­pare donc ce soir à faire la fête avec des amis. Je passe quelques ins­tants à la salle de bain, pour me par­fu­mer et me maquiller.

Je suis contre la vio­lence, et pour­tant, de sombres pra­tiques se cachent der­rière les cos­mé­tiques et les médi­ca­ments que l’on retrouve dans ma salle de bain ; en effet chaque année, rien qu’en Europe, plus de 11 mil­lions d’animaux (chiens, chats, che­vaux, oiseaux, pri­mates…) sont tor­tu­rés et tués (« des macaques rhé­sus pros­trés dans leur cage, le visage ensan­glan­té par les tré­pa­na­tions, le crâne sur­mon­té d’un implant en titane pour accé­der direc­te­ment et de manière per­ma­nente à leur cer­veau ») dans des labo­ra­toires (« la France, qui a four­ni des don­nées pour 2010 – contrai­re­ment aux autres pays membres –, fait par­tie des cham­pions avec 2,2 mil­lions d’animaux uti­li­sés »), dans le but d’évaluer, de tes­ter et de pro­duire dif­fé­rentes sortes de pro­duits (médi­ca­ments, cos­mé­tiques, etc.).

A ce pro­pos, on peut lire ce qui suit dans un article inti­tu­lé « Les éle­vages de la honte »:

Der­rière les 11,5 mil­lions d’animaux tor­tu­rés chaque année dans les labo­ra­toires euro­péens se cache toute une éco­no­mie. Il y a, entre autres, les four­nis­seurs d’alimentation spé­cia­le­ment conçue pour déve­lop­per des mala­dies, les firmes de maté­riel pour les expé­riences, les trans­por­teurs, mais aus­si les éle­veurs spécialisés.

Ain­si, à Gan­nat, en Auvergne, la socié­té Har­lan a t‑elle fait de la sou­ris et du chien son fond de com­merce. « Sur les sou­ris, on fait pous­ser des cel­lules can­cé­reuses humaines, explique le direc­teur de l’élevage au jour­nal La Mon­tagne. Nous pro­dui­sons éga­le­ment entre 1500 et 2000 chiens par an. Ils per­mettent de tes­ter la toxi­ci­té des médi­ca­ments. Dans notre pays, envi­ron 5.000 chiens sont uti­li­sés pour la recherche tous les ans. Mais nous ne tra­vaillons pas que pour la France ». A Gan­nat, les chiens sont tous des beagles. L’intérêt ? « Le beagle est une race ni trop grande, ni trop petite et comme il vous lèche la main quoi que vous lui fas­siez, on expé­ri­mente sur lui sans anal­gé­sique, ni anesthésie ! »

[…] On n’élève pas que de la sou­ris et du chien en France. Il y a aus­si les singes. Témoin, le centre de pri­ma­to­lo­gie de Nie­de­rhaus­ber­gen (Alsace), géré par l’Université de Stras­bourg, qui héberge entre 600 et 800 pri­mates chaque année. Plus de 60% d’entre eux sont en tran­sit. En pro­ve­nance des fermes d’Asie et de l’île Mau­rice, les macaques sont pla­cés en qua­ran­taine puis reven­dus (envi­ron 5000 euros l’animal) à des labo­ra­toires de recherche bio­mé­di­cale. Le minis­tère de l’agriculture a auto­ri­sé l’extension du centre : selon les nou­velles normes, il pour­ra accueillir jusqu’à 1 600 singes, dont la plu­part pren­dront le che­min des supplices.

Bien sûr, toutes les étapes de pro­duc­tion de ces pro­duits consomment des com­bus­tibles fos­siles et émettent du gaz à effet de serre dans l’atmosphère, par­ti­ci­pant ain­si au réchauf­fe­ment cli­ma­tique glo­bal dont la liste des effets dra­ma­tiques s’allonge d’année en année : aggra­va­tion des évé­ne­ments météo­ro­lo­giques extrêmes, déclin de la sur­vie des espèces ani­males et végé­tales, ren­de­ments agri­coles modi­fiés, évo­lu­tion des mala­dies, dépla­ce­ments mas­sifs de populations.

Je rejoins ensuite mes ami-e‑s à la ter­rasse d’un café, pour « boire un coup » ; les rares fois où des sujets éco­lo­giques et/ou poli­tiques seront abor­dés, plu­sieurs d’entre nous fini­ront par expli­quer com­ment et pour­quoi ils ont foi en une amé­lio­ra­tion des choses, notam­ment grâce aux éner­gies « renou­ve­lables », bien sou­vent asso­ciées à une sorte de salut de l’humanité, qui pour­rait par-là conti­nuer sur la voie si noble sur laquelle elle semble enga­gée. Ces solu­tions miracles sont une des rai­sons pour les­quelles j’affirme être contre la vio­lence, puisque mani­fes­te­ment, ces éner­gies « renou­ve­lables » (prin­ci­pa­le­ment, mais pas seule­ment, bien d’autres pseu­do-solu­tions tech­no­lo­giques me sont régu­liè­re­ment ven­dues dans les médias) vont per­mettre de régler en dou­ceur tous les pro­blèmes aux­quels l’humanité fait face, et tous les pro­blèmes que pose l’humanité à la vie sur Terre.

Je suis contre la vio­lence, et en Chine, les usines qui traitent les terres rares néces­saires pour les pan­neaux solaires et les éoliennes rejettent chaque année des dizaines de mil­lions de tonnes de boue toxique, qui rem­plissent actuel­le­ment le lac (100% toxique) de Bao­tou, un lieu où des pay­sans culti­vaient autre­fois la terre. En Chine tou­jours, en 2010 (mais ça n’est cer­tai­ne­ment pas un inci­dent iso­lé), les rejets toxiques d’une usine de fabri­ca­tion de pan­neaux solaires à Hai­ning dans l’Est du ter­ri­toire, ont intoxi­qué des rivières, tuant la majeure par­tie des pois­sons qui s’y trou­vaient. Le pro­blème des éner­gies « renou­ve­lables » est briè­ve­ment mais clai­re­ment résu­mé dans un excellent article à lire en sui­vant ce lien (extrait : « Les pan­neaux solaires et les éoliennes ne sont pas faits à par­tir de rien. Ils sont faits de métaux, de plas­tiques, de pro­duits chi­miques. Ces pro­duits ont été extraits du sol, trans­por­tés, trai­tés, mani­pu­lés. Cha­cun de ces stades laisse der­rière lui une trai­née dévas­ta­trice : des­truc­tion d’habitat, conta­mi­na­tion de l’eau, colo­ni­sa­tion [néo-colo­ni­sa­tion, aus­si appe­lée néo-libé­ra­lisme, mon­dia­li­sa­tion, etc.], déchets toxiques, tra­vail for­cé [escla­vage moderne], émis­sions de gaz à effet de serre, guerres et pro­fits cor­po­ra­tistes. »).

Le lac de Bao­tou, en Chine, près des usines de trai­te­ment des terres rares qui servent pour les pan­neaux solaires, éoliennes, et pour l’élec­tro­nique en général.

Je suis contre la vio­lence, mais la civi­li­sa­tion indus­trielle, dont je par­ti­cipe, fait dis­pa­raître (com­prendre : tue) plus de 200 espèces (ani­males et/ou végé­tales) par jour, selon l’ONU ; elle a éga­le­ment conta­mi­né la tota­li­té des biomes de la pla­nète de ses pol­luants chi­miques toxiques, elle détruit machi­na­le­ment tous les éco­sys­tèmes du globe et a ren­du l’air que je res­pire (et que je ne suis pas le/la seul‑e à res­pi­rer) can­cé­ri­gène (l’air est effec­ti­ve­ment clas­sé comme can­cé­ri­gène par l’OMS depuis 2013), en rem­pla­çant au fur et à mesure le natu­rel (« qui n’est pas le pro­duit d’une pra­tique humaine ») par l’ar­ti­fi­ciel (« qui est fabri­qué, fait de toutes pièces ; qui imite la nature, qui se sub­sti­tue à elle ; qui n’est pas natu­rel ») ; il s’a­git là d’une vio­lence (« force exer­cée par une per­sonne ou un groupe de per­sonnes pour sou­mettre, contraindre quel­qu’un ou pour obte­nir quelque chose » ou encore « acte(s) d’a­gres­sion com­mis volon­tai­re­ment à l’en­contre d’au­trui, sur son corps ou sur ses biens ») extrême et uni­ver­selle à l’en­contre de la nature et de l’hu­ma­ni­té ; vio­lence qui accom­pagne sys­té­ma­ti­que­ment le déve­lop­pe­ment et l’expansion sans fin de l’organisation sociale appe­lée « civi­li­sa­tion ».

Cet expo­sé (bien trop court) de ce que je cau­tionne et encou­rage à tra­vers mes actes du quo­ti­dien est loin d’être exhaus­tif. En effet, la liste des des­truc­tions et des folies jour­na­lières qui rythment le déve­lop­pe­ment de la civi­li­sa­tion indus­trielle est invrai­sem­blable et qua­si-impos­sible à appré­hen­der entiè­re­ment par une seule personne.

Je suis contre la vio­lence, et avant de m’en­dor­mir, le soir,  bien au chaud, dans ma belle maison…

…je me dis que je tra­vaille dur pour obte­nir un salaire qui me per­mette d’être un rouage utile à la machine des­truc­trice qu’est la civi­li­sa­tion indus­trielle, dont une mince par­tie du fonc­tion­ne­ment a été résu­mé ci-des­sus, et que je ne sup­porte pas ces jeunes, et moins jeunes, qui osent par­ler de sabo­tages, de déso­béis­sance civile, d’affrontements, de blo­cages, d’oc­cu­pa­tions, de fau­chages, de ZAD, de grèves, de bar­ri­cades ; que ce n’est pas ain­si qu’on change les choses, qu’ils se trompent, qu’il faut voter si l’on n’est pas satis­fait, car j’aime à croire que nous vivons en démo­cra­tie, même si la réa­li­té est tout autre…

Nico­las Casaux

 

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  1. 2ème com­men­taire avant de dormir…
    Il trop tard pour l’Es­pagne de 36 et pour la cuis­son au feu de bois (j’in­siste pour dire que ça pol­lue vrai­ment beau­coup). Votre texte est vrai­ment bien écrit et entrai­nant et vous avez rai­son si ce que vous dites est un plai­doyer dont le thème serait « l’en­fer est pavé de bonnes inten­tions ». Vous avez aus­si rai­son phi­lo­so­phi­que­ment, car vous expo­sez brillam­ment « la vio­lence dans la non-vio­lence », consé­quence du prin­cipe dia­lo­gique. Vous oubliez cepen­dant son corol­laire : « la non-vio­lence de la vio­lence » qui est le point de vue inverse, valable depuis que les homo erec­tus confec­tionnent des armes de chasse et des cou­teaux. C’est aus­si le point de vue de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive, qui gou­verne par la majo­ri­té par­tielle, par les élites, et par un 49–3 ins­crit dans la consti­tu­tion comme un outil démo­cra­tique par­mi d’autres.
    En omet­tant de for­mu­ler cette « non-vio­lence de la vio­lence », en refu­sant de l’in­car­ner, vous omet­tez de consi­dé­rer que votre dis­cours puisse aus­si ser­vir tous les autres dis­cours anti-sys­tème. Ceux de mes amis qui se sont le plus réjoui du « brexit » sont mes amis titu­laires du RSA. Ils sont à la marge du « sys­tème » actuel et ils en sont dépen­dants. Ren­ver­ser le sys­tème fera certes tom­ber quelques peu les élites tant hon­nies, mais les fera cre­ver de faim. Vou­lez-vous les encou­ra­ger davan­tage ? Vous même, qui éla­bo­rez ce dis­cours, vous le publiez sur Inter­net. N’est-ce pas un peu absurde ?
    Com­ment faites-vous pour écrire ce texte sur la vio­lence de la non-vio­lence en l’es­ti­mant cohé­rent, quand vous avez acquis toutes ces infor­ma­tions grâce à des sys­tèmes tech­ni­co-sociaux per­mis par la démo­cra­tie et par la liber­té d’information ?

    Certes, le monde moderne détruit la pla­nète. Mais le monde d’a­vant 1492 n’a­vait pas conscience de la pla­nète. Pré­fé­rez-vous donc la vie à la conscience de la vie ? Ce com­bat de la vie avec/contre la conscience est soit per­du d’a­vance, soit gagné d’a­vance « any­way ». Per­du, parce que je pré­fère l’hu­ma­ni­té à la pois­so­ni­té, comme beau­coup de mes congé­nères à l’i­mage de vous-même. Gagné, parce qu’aus­si sadique que nous puis­sions être vis à vis des enfants ivoi­riens et de la bio­sphère, il y aura une bio­sphère long­temps après nous et il y aura des enfants jus­qu’à la fin de l’hu­ma­ni­té. Est-il alors bien néces­saire de don­ner l’im­pres­sion au lec­teur qu’il serait bon de détruire ce que la conscience a per­mis à l’hu­ma­ni­té d’accomplir ?

    1. « le monde d’avant 1492 n’avait pas conscience de la pla­nète », je ne suis pas d’ac­cord. Je ne crois pas au mythe du pro­grès, les peuples pre­miers avaient des cultures très diverses, et pro­ba­ble­ment des consciences variées en décou­lant. Je trouve ça limite indé­cent et insul­tant pour nos ancêtres qui avaient l’in­tel­li­gence de ne pas détruire la pla­nète, quand nous nous pré­ten­dons intel­li­gents parce que des­truc­teurs. Absurde. Je ne pré­fère pas l’hu­ma­ni­té à la pois­so­ni­té, du tout, je pré­fère le déve­lop­pe­ment et la pros­pé­ri­té pour la vie, pour l’en­semble du vivant que sa des­truc­tion. « Ce que la conscience a per­mis à l’humanité d’accomplir », encore une fois, à part détruire la pla­nète je ne vois pas bien. Ah Bee­tho­ven, Bach, le par­thé­non ? Parce qu’on a fait ça, on a accom­pli quelque chose ? On détruit la vie, mais c’est excu­sable parce qu’on le fait en musique. Non. Vrai­ment pas. & a nou­veau, la conscience exis­tait avant.

  2. Certes votre article décrit une réa­li­té et nos actions ain­si que ce sys­tème doivent ces­ser. reve­nir à quelque chose de plus juste et humain et sans toutes ces hor­reurs. Mais je trouve que vous oubliez aus­si que l’Oc­ci­dent n’est pas tendre avec son propre peuple et que tout le monde n’a pas de belle mai­son… C’est un point de vue par le prisme de quel­qu’un qui a la chance d’a­voir ce que cette stu­pide socié­té veut que nous ayons pour réus­sir et au fond très pas­sif e si défai­tiste. Vous oubliez aus­si l’es­poir car même si il y a toutes ces hor­reurs, il y a aus­si ceux qui veulent les com­battre tout le monde n’est là à déplo­rer ce qui ne va pas sans rien faire et même si ce sont des gouttes d’eaux dans cet océan humain si pas­sif. Elles peuvent chan­ger la donne. « le déve­lop­pe­ment de la civi­li­sa­tion indus­trielle est invrai­sem­blable et qua­si-impos­sible à appré­hen­der entiè­re­ment par une seule per­sonne. » Quand à cette phrase je la trouve réduc­trice et sur­tout si pes­si­miste, heu­reu­se­ment il existe des cer­veaux qui peu à peu appré­hendent cette soi disant civi­li­sa­tion si impos­sible à com­prendre. C’est réduc­teur de croire que une per­sonne ne peut l’ap­pré­hen­der car n’est ce pas jus­te­ment ce que vous faites dans cet article ? Je trouve ça contra­dic­toire de dire cela et faire l’inverse…

  3. J’ap­pré­cie le texte « je suis contre la vio­lence » mais pas la réponse à un com­men­taire cri­tique pour être cri­tique. On peut tou­jours dire tout et son contraire. Faire vio­lence à la non-vio­lence c’est faire vio­lence tout court ! Le détrac­teurs non construc­tifs sont des freins puis­sants aux avan­cées posi­tives. Ayant été membre du MIR/IRG, du CNAPD, ayant assis­té à des confé­rences de Jean Van Lierde, pre­mier objec­teur de conscience en Bel­gique (homme doué d’une force excep­tion­nelle grâce aux actions non-vio­lente), je reste convain­cu de l’ef­fi­ca­ci­té et du bien fon­dé cette non-vio­lence. Pour le reste, l’His­toire a prou­vé l’inefficacité totale de la vio­lence et en par­ti­cu­lier de la vio­lence structurelle.

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Pour la première fois de l’histoire, les humains sont sur le point de détruire les perspectives d’une existence décente, ainsi que la plupart du vivant. Le taux d’extinction des espèces est aujourd’hui aussi élevé qu’il y a 65 millions d’années, lorsque qu’une catastrophe majeure, probablement un astéroïde géant, mis fin à l’ère des dinosaures, ouvrant la voie à la prolifération des mammifères. La différence c’est qu’aujourd’hui, l’astéroïde c’est nous, et la voie que nous ouvrirons permettra probablement aux bactéries et aux insectes de proliférer, une fois notre ouvrage achevé.[...]
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Quelques remarques sur l’idéologie de la non-violence (par Jérémie Bonheure)

[...] Que le pouvoir dénonce la violence tout en exerçant la violence, au fond, c’est dans l’ordre des choses. En revanche, il est plus étonnant d'entendre cette dénonciation formulée par des formations politiques enfermées dans des tactiques à ce point inefficaces qu’elles sont sur la défensive et même en repli continu depuis 40 ou 50 ans. [...]