À propos du discours délirant de Vincent Mignerot, suite et fin (par Nicolas Casaux)

Au cours des der­niers mois, j’ai consa­cré deux articles (ici et ) au dis­cours insen­sé de Vincent Migne­rot — et au pro­gramme de l’association qu’il a créée, Adras­tia. C’est déjà trop. Et pour­tant il sem­ble­rait qu’un cer­tain nombre de per­sonnes conti­nuent à ne pas remar­quer en quoi ses théo­ries relèvent de l’absurde — et pos­si­ble­ment de plus en plus, parce que les médias de masse, comme L’Obs, France Culture, Libé­ra­tion, etc., se mettent à le pro­mou­voir, son dis­cours étant du pain béni pour eux, vu qu’il est fata­liste, nihi­liste, qu’il occulte toutes les coer­ci­tions qui font la socié­té indus­trielle et l’i­né­gale répar­ti­tion des res­pon­sa­bi­li­tés concer­nant son orga­ni­sa­tion et sa per­pé­tua­tion, et parce qu’il encou­rage l’inaction.

Je ne me fais aucune illu­sion sur la capa­ci­té d’auto-illusionnement et de déni du plus grand nombre, pro­fon­dé­ment alié­né du monde natu­rel. Non, si je publie cet autre billet, c’est uni­que­ment parce que je me rends compte qu’un bon moyen pour expo­ser l’ab­sur­di­té du dis­cours de Vincent Migne­rot consiste, très sim­ple­ment, à le citer (beau­coup de ceux qui le sou­tiennent ne doivent pas l’avoir lu, je ne vois pas d’autre explication).

Je com­men­te­rai donc briè­ve­ment son livre inti­tu­lé Le Piège de l’existence (un titre qui annonce la sombre cou­leur de sa vision) et le cite­rai lon­gue­ment (sa prose étant par­ti­cu­liè­re­ment obs­cure et indi­geste, je m’excuse par avance).

Une phrase, dans l’avant-propos, résume bien l’intégralité du texte :

« Nous par­ti­ci­pons à un pro­ces­sus des­truc­teur, mais ça n’est pas de notre faute et, contrai­re­ment à ce que nous croyons par­fois, nous n’y pou­vons rien. »

Dans l’avant-propos, tou­jours, il écrit :

« Le modèle Essai Sur la Rai­son de Tout, auquel se réfère ce recueil de textes pro­pose de réins­crire la pro­blé­ma­tique de notre exis­tence au sein d’un pro­ces­sus évo­lu­tif glo­bal, décri­vant une théo­rie éco­lo­gique de l’esprit à même d’expliquer pour­quoi nous ne par­ve­nons pas, mal­gré nos talents et nos meilleures inten­tions, à évi­ter le piège exis­ten­tiel que le prin­cipe d’évolution uni­ver­sel a ten­du à l’humanité, pour­tant la créa­tion la plus com­plexe et intel­li­gente qui exis­te­ra peut-être jamais. »

Voi­ci ce qu’il écrit, plus loin, dans l’introduction :

« La construc­tion pro­gres­sive de l’Essai Sur la Rai­son de Tout a cepen­dant per­mis d’admettre que la condi­tion sine qua non à l’élaboration d’une “théo­rie de tout” n’était pas néces­sai­re­ment de décrire minu­tieu­se­ment l’histoire, l’état et l’évolution de chaque chose, mais de trou­ver un prin­cipe, une pro­prié­té, une carac­té­ris­tique com­mune à l’ensemble de toutes les choses pos­sibles. Et le plus court che­min pour y par­ve­nir, puisqu’il n’était pas envi­sa­geable de consi­dé­rer un à un tous les objets du monde afin de véri­fier leur nature et leur des­ti­né, était d’estimer de ce que tous ces objets ne pou­vaient pas être. Une fois cela défi­ni, la rai­son de l’existence devait se trou­ver dans ce que le monde est, par oppo­si­tion à ce qui n’est pas possible. »

LSD ? Métham­phé­ta­mine ? Crack ? L’histoire ne le dit pas.

Ce qu’on constate, c’est que son humble ambi­tion cor­res­pond à une ten­ta­tive de tout expli­quer : l’esprit, l’univers, l’existence, la matière, vrai­ment Tout (et vrai­ment n’importe com­ment, comme vous allez le voir). Sans for­ma­tion en sciences exactes, il s’est lan­cé dans une entre­prise stu­pé­fiante d’élaboration d’une « théo­rie de tout » (rap­pe­lons que la théo­rie du tout est un Saint Graal scien­ti­fique, jamais décou­vert, même par Ein­stein et les quelques scien­ti­fiques de renom qui s’y sont essayés), qui, para­doxa­le­ment, n’aboutit à rien. Le carac­tère non scien­ti­fique de sa théo­rie lui a d’ailleurs été signa­lé dès le départ sur le forum de Futu­ra-Sciences, où il a ten­té de la présenter.

N’étant pas à une contra­dic­tion près, Vincent Migne­rot écrit que :

« Ni les plus grands esprits ni les plus per­for­mants ordi­na­teurs ne par­vien­dront jamais à com­prendre exac­te­ment l’agencement de tout, […] »

Et, la page d’après :

« Tel est, selon le modèle Essai Sur la Rai­son de Tout (abré­via­tion ESRTV), le prin­cipe orga­ni­sa­teur de toute exis­tence : la construc­tion du lien. L’objet existe s’il est capable d’établir et main­te­nir le lien, sinon il est annu­lé (ESRTV cha­pitre 1 : L’Univers).

Ce prin­cipe est valable pour tout objet ou tout ensemble d’objets, inertes, vivants, humains, tech­no­lo­giques (ESRTV, les quatre prin­cipes d’existence : 1.3.11 Prin­cipe d’Evolution ; 3.4.20 Prin­cipe de vie ; 4.3.16 Prin­cipe d’humanité ; 4.10.6 Prin­cipe tech­no­lo­gique) et il est à ce point néces­saire que tous les objets de l’Univers ne peuvent qu’être sou­mis à la com­pé­ti­tion pour créer du lien, le main­te­nir pos­sible et aug­men­ter sa force glo­bale. Tous les objets existent les uns par rap­port aux autres pour être les plus per­for­mants dans la construc­tion pérenne de la plus puis­sante matrice exis­ten­tielle possible. »

Tout au long de son livre, on retrouve (ain­si que le lais­sait entre­voir l’avant-propos) l’idée toxique (et anti-scien­ti­fique) selon laquelle l’être humain est une créa­ture intrin­sè­que­ment des­truc­trice, vouée à détruire son envi­ron­ne­ment. Ain­si il écrit :

« […] nous savons que toute ten­ta­tive de pro­tec­tion active de l’environnement est vaine, […] »

En outre, son livre est truf­fé d’assertions erro­nées et fan­tai­sistes, de géné­ra­li­sa­tions et d’abstractions n’ayant aucune vali­di­té scien­ti­fique (deman­dez à n’importe quel anthro­po­logue, à n’importe quel bio­lo­giste, à n’importe quel eth­no­logue, ce qu’il pense des théo­ries de Vincent Migne­rot), comme :

« Pour rap­pel, un mode de rela­tion à l’environnement pour l’humain qui serait régu­lé au mieux par la vie et n’aurait ain­si pas d’impact néga­tif sur elle, défi­nis­sant ain­si un “niveau de vie neutre” de réfé­rence cor­res­pon­drait à celui que nos ancêtres homi­ni­dés ont eu au début de la période du paléo­li­thique infé­rieur, il y a plus de 800 000 ans. »

Rap­pe­lons ici que nous savons que plu­sieurs socié­tés humaines, plu­sieurs peuples autoch­tones, encore vivant, loin de le détruire, enri­chissent leur milieu natu­rel (à ce sujet il faut consul­ter, par exemple, les tra­vaux de l’eth­noé­co­logue Serge Bahu­chet, du bio­lo­giste Madhav Gad­gil ou encore de l’é­co­logue Charles M. Peters).

Migne­rot est aus­si un pro­pa­gan­diste de la pro­jec­tion capi­ta­liste qui vou­drait que la com­pé­ti­tion soit le moteur unique de l’évolution :

« En outre, oublier de men­tion­ner la com­pé­ti­tion dans les pro­po­si­tions cen­sées nous sau­ver implique de devoir pro­po­ser un modèle uni­ver­sel d’évolution dont la com­pé­ti­tion ne serait pas le moteur, ce qui n’a jamais été fait jusqu’à aujourd’hui, inva­li­dant de fait la per­ti­nence de toute invi­ta­tion au lâcher prise. »

De nom­breux (et véri­tables) scien­ti­fiques ont beau­coup dis­ser­té à ce sujet, pro­po­sant plu­sieurs théo­ries. Lynn Mar­gu­lis et Pierre Kro­pot­kine, pour ne prendre que deux exemples, ont plu­tôt sug­gé­ré que c’est la coopé­ra­tion (la sym­biose ou l’en­traide) qui consti­tue la pierre angu­laire de l’évolution.

Mais Vincent Migne­rot n’est pas à leur niveau, il plane loin, très loin, trop loin, dans l’exosphère des abstractions :

« Si ESRTV par­vient à reprendre l’histoire de l’évolution pour toutes choses et depuis l’origine de toute his­toire pos­sible, nous ne consi­dé­re­rons dans ce texte que les élé­ments défi­nis­sants les plus signi­fiants et per­ti­nents pour carac­té­ri­ser et mettre en sens le piège de l’existence pour l’humain. Cha­cun de ces élé­ments, et tous ceux qui ne seront pas évo­qués (mais qui font par­tie de la même his­toire évo­lu­tive) pour­ront être reliés à tout autre grâce au modèle ESRTV. »

[…]

« Exis­ter exige de consti­tuer toutes les formes de liai­son pos­sibles avec l’environnement. L’humain ne peut le faire qu’en sub­ti­li­sant à la vie ses poten­tia­li­tés de liai­son, entraî­nant avec lui tout le sys­tème anthro­po­tech­nique des­truc­teur, sub­ti­li­sant encore, et au-delà de son action directe des pos­si­bi­li­tés à la vie de se maintenir.

Parce qu’il ne peut échap­per au piège que l’évolution lui aura ten­du (lui offrir la capa­ci­té de ren­for­cer ses poten­tia­li­tés d’existence dans la des­truc­tion de la vie dont il dépend), la créa­tion peut-être la plus com­plexe de l’univers — le cer­veau huma­noïde — aura eu l’existence par­mi les plus brèves au regard des infi­nies dimen­sions de l’espace-temps. »

[…]

« Tout être vivant ne peut accé­der qu’aux infor­ma­tions défi­nis­sant le réel qui lui par­viennent et qu’il peut trai­ter. La vie dans son ensemble, qui a tou­jours régu­lé son adap­ta­tion afin de ne jamais exploi­ter l’environnement au-delà des poten­tia­li­tés de cet envi­ron­ne­ment à main­te­nir la vie pos­sible, ne connaît du réel que ses pro­prié­tés com­pa­tibles avec les besoins du main­tien de la pos­si­bi­li­té de repro­duc­tion de géné­ra­tion en géné­ra­tion. La vie est inca­pable de ne pas consi­dé­rer de sa rela­tion à l’environnement toutes les contraintes qui l’empêchent d’acquérir un quel­conque avan­tage adap­ta­tif qui vien­drait remettre en cause sa propre existence. »

[…]

« La contrainte pour l’humain de ne consi­dé­rer des rela­tions d’objets dans le réel que les infor­ma­tions favo­rables à l’exercice d’une emprise pour un béné­fice propre implique la consi­dé­ra­tion de pro­prié­tés de l’objet incom­pa­tibles avec la réa­li­té de l’inscription de cet objet dans le conti­nuum évo­lu­tif. Ce qu’un humain pense d’un objet est ce qui est poten­tiel­le­ment béné­fique à son adap­ta­tion, sans consi­dé­ra­tion de ce qui est néces­saire au main­tien de l’existence de l’objet dans sa propre filia­tion évolutive. »

[…]

« Bien que la pen­sée auto­rise la créa­tion de confi­gu­ra­tions de rela­tions d’objets ori­gi­nales, la néces­si­té de main­te­nir pos­sible l’évolution n’autorisera la sélec­tion, dans l’exercice de l’emprise sur le réel, que des objets qui main­tien­dront la pos­si­bi­li­té d’existence des êtres pen­sants et de la capa­ci­té d’emprise.

La capa­ci­té d’abstraction vient résoudre le para­doxe exis­ten­tiel humain. Les seules infor­ma­tions extraites de la rela­tion au réel ne suf­fisent pas à créer de nou­velles poten­tia­li­tés de rela­tion per­met­tant de palier les des­truc­tions consé­quentes à l’exercice de l’emprise. Condam­né à trans­for­mer et dété­rio­rer le monde mal­gré tout, l’humain avance vers son auto­des­truc­tion. La pos­si­bi­li­té de créer, à par­tir des infor­ma­tions pro­ve­nant du réel mais hors des contraintes de la régu­la­tion de la vie par la vie, des ensembles d’informations défi­nis­sant des confi­gu­ra­tions de rela­tion à l’environnement inédites per­met à la fois d’apprendre à contour­ner les écueils par la consti­tu­tion de condi­tions de liai­son au monde inédites et de nier l’inévitable fin à terme par l’écriture d’une nou­velle his­toire fic­tion­nelle dif­fé­rente de celle écrite jusque-là par la vie dans son ensemble. »

[…]

« Toute pen­sée, même une pen­sée opti­miste sur l’avenir, ne peut que par­ti­ci­per à la des­truc­tion de l’équilibre éco­lo­gique vital et à la dis­pa­ri­tion de l’humain à terme. »

[…]

« L’humain, parce qu’il est contraint de n’accéder qu’à ce qui le sert direc­te­ment et égoïs­te­ment en occul­tant ce qui le détruit à terme n’en connaî­tra, d’une part, jamais assez pour apai­ser son angoisse de soli­tude aug­men­tée par celle de son auto­des­truc­tion, d’autre part sera tou­jours igno­rant de ce qu’il tra­vaille ardem­ment à reje­ter de ses propres liens défi­nis­sants, pour­tant phy­si­que­ment insécables. »

Ce qui appa­raît clai­re­ment, dans ce dis­cours déli­rant qu’est Le Piège de l’existence, c’est que Vincent Migne­rot, à l’instar de beau­coup d’individus alié­nés et éga­rés au sein de la socié­té indus­trielle, ne se rend plus compte que l’être humain, comme tous les êtres vivants, est (tech­ni­que­ment) autant en mesure de pré­le­ver ce dont il a besoin du ter­ri­toire éco­lo­gique dont il fait par­tie que de lui rendre ce dont celui-ci a besoin pour pros­pé­rer (que cela soit sous forme d’urine, d’excrément, ou de corps en décom­po­si­tion, etc.), et il oublie que la Terre reçoit de l’éner­gie du Soleil et que les plantes s’en nour­rissent (pho­to­syn­thèse). Ain­si, il écrit (atten­tion ça pique) :

« Il n’est pas pos­sible d’envisager scien­ti­fi­que­ment, ration­nel­le­ment que la fabri­ca­tion d’un pro­duit, quel qu’il soit, ou que la mise en œuvre d’une agri­cul­ture, de quelque type qu’elle soit, puisse n’avoir aucun impact sur l’environnement ou le pro­té­ger d’aucune façon. Il fau­drait pour cela que les res­sources (miné­rales ou issues de la bio­masse) néces­saires à la mise en œuvre de ces modes d’emprise des­quels nous tirons avan­tages pro­viennent d’un autre sys­tème que la terre afin de ne pas les sous­traire aux besoins de la vie et que les avan­tages acquis “décon­somment” les apports en éner­gie qu’ils auront exi­gés, ce qui ren­drait le bilan neutre, tout en n’ayant aucun rési­du ou que ceux-ci soient expul­sés “par magie” dans l’espace ou enter­rés très pro­fon­dé­ment. Pour obte­nir un bilan véri­ta­ble­ment posi­tif, il fau­drait que ces actions consi­dé­rées éco­lo­giques “décon­somment” aus­si l’énergie uti­li­sée par d’autres actions humaines en fai­sant tout autant dis­pa­raître leurs déchets. Mais l’impossibilité d’exploiter des res­sources extra-ter­restres, de reje­ter nos déchets en-dehors de notre éco­sys­tème ou de répa­rer les dégâts résul­tants de l’activité humaine sans encore consom­mer de l’énergie et d’autres res­sources ter­restres (afin par exemple de main­te­nir les ren­de­ments agri­coles contre l’inévitable appau­vris­se­ment des sols) inter­disent de telles possibilités.

Si le bon sens suf­fit à le devi­ner, ce sont de sur­croît des prin­cipes phy­siques élé­men­taires, ceux de linéa­ri­té de l’écoulement du temps et de non réver­si­bi­li­té des phé­no­mènes, qui confirment que les effets délé­tères de l’existence humaine sont stric­te­ment cumu­la­tifs, sans répa­ra­tion pos­sible. Il n’est pas plus pos­sible de rafraî­chir le cli­mat, de res­tau­rer les ren­de­ments agri­coles, d’empêcher l’acidification des océans ou la mon­tée des eaux, de reti­rer les per­tur­ba­teurs endo­cri­niens et les métaux toxiques de la chaîne ali­men­taire de l’ensemble du vivant… que de res­sor­tir la poudre du cacao de son cho­co­lat chaud. Jusque-là, parce que nous avions à dis­po­si­tion suf­fi­sam­ment de res­sources et d’énergie pour mas­quer la dégra­da­tion pro­gres­sive de l’environnement, nous avons pu croire en la pos­si­bi­li­té d’un déve­lop­pe­ment infi­ni. Mais ces res­sources vont man­quer à court terme et nous n’aurons rien pu réparer.

Un objet “éco­lo­gique” fabri­qué par l’humain ou une action humaine res­pec­tueuse de l’équilibre éco­lo­gique vital, ça n’existe pas et ça n’est pas possible. »

Il dénonce alors l’impossibilité que consti­tue, selon lui, la « décrois­sance » (en en remet­tant une couche sur la com­pé­ti­tion exis­ten­tielle comme moteur de Tout, et en affir­mant que ceux qui ne sont pas d’ac­cord avec sa pro­jec­tion du capi­ta­lisme sur le monde vivant et sur la vie en géné­ral ne sont que des néga­teurs de l’évolution) :

« Une “décrois­sance” n’est pas plus pos­sible qu’une tran­si­tion éner­gé­tique, pour les mêmes rai­sons et il fau­dra, à ceux qui pensent qu’il est envi­sa­geable de nous affran­chir de la riva­li­té, pro­po­ser a mini­ma un modèle expli­ca­tif du réel dans lequel la com­pé­ti­tion exis­ten­tielle n’est pas le moteur de toute évo­lu­tion (ou il leur fau­dra nier l’évolution).

Si huma­ni­té et éco­lo­gie sont ration­nel­le­ment incom­pa­tibles (à tel point que pen­ser pos­sible la pro­tec­tion de l’environnement relève de l’authentique croyance, peut- être même du délire col­lec­tif), il est tou­te­fois com­pré­hen­sible que nous ayons spon­ta­né­ment besoin d’entretenir un dis­cours ras­su­rant sur ce para­doxe. D’un point de vue évo­lu­tif nous pou­vons même admettre que le fan­tasme éco­lo­gique soit légi­time, puisque sans lui nous ne pour­rions main­te­nir notre “pro­gres­sion existentielle”. »

Et replonge dans ses élu­cu­bra­tions morbides :

« Une des rai­sons qui expli­que­rait pour­quoi nous ne par­ve­nons pas à admettre l’incompatibilité de notre exis­tence avec l’équilibre natu­rel de l’évolution de la vie sur terre (la capa­ci­té de la vie à se main­te­nir pos­sible) serait à trou­ver peut-être dans le fonc­tion­ne­ment même de notre esprit […] »

[…]

« La pro­tec­tion de l’environnement étant par défi­ni­tion impos­sible pour l’humain, sa pro­mo­tion, loin de ralen­tir notre déve­lop­pe­ment par­ti­cipe à notre aveuglement. »

Vers la fin du livre, il réca­pi­tule modestement :

« Lorsque j’ai com­men­cé à écrire, je n’avais pas idée du résul­tat que j’allais obte­nir. J’ai sui­vi les indi­ca­tions de mes sens, de mon expé­rience, pour poser sur le papier ce qui allait deve­nir “un modèle de com­pré­hen­sion du réel struc­tu­ré autour d’une chaîne argu­men­taire pré­ten­due sans rup­ture qui tente de défi­nir pré­ci­sé­ment et sim­ple­ment les lois régis­sant les rela­tions exis­ten­tielles entre tous les objets.”

Si j’ai été autre­fois naïf et enthou­siaste, si j’ai pu croire qu’il était pos­sible de chan­ger un monde que je pen­sais impar­fait, quan­ti­té de nuits blanches et d’abîmes réflexifs, tem­pé­rés pro­gres­si­ve­ment par un minu­tieux tra­vail de remon­tage, élé­ment par élé­ment, d’un plan cohé­rent pour com­prendre la tota­li­té du monde ont apai­sé mes excès et mon­tré l’indifférence du réel à mes humeurs.

Les conclu­sions d’Essai Sur la Rai­son de Tout sont pes­si­mistes. Et je crains que l’épreuve de la contra­dic­tion expé­ri­men­tale, ana­ly­tique, logique et sim­ple­ment la réa­li­té ne viennent les confir­mer. La lec­ture de cet essai et des articles de ce recueil de textes lais­se­ront cer­tains désa­bu­sés, mélan­co­liques peut-être. Mais il n’y a là aucun drame. »

[…]

« Le lec­teur accé­de­ra par ce texte, s’il le peut, s’il le sou­haite, à la réins­crip­tion de son être phy­sique et spi­ri­tuel à l’ensemble de tout ce qui peut être, quelle que soit sa nature. Ni bar­rières, ni limites, hor­mis celles que notre sin­gu­la­ri­té humaine façonne en nous. La “matrice” argu­men­taire d’ESRTV est valable à toutes les échelles, en tout temps, en tous lieux, pour tous les objets pos­sibles. Les infi­nis sont réunis en un seul lieu et leur essence com­mune est retrouvée. »

[…]

« Alors que le prin­cipe d’évolution (ESRTV § 1.3.11) impose des direc­tives strictes, invio­lables à l’existence et sans doute dif­fi­ciles à gérer pour une huma­ni­té aban­don­née par la vie dont elle est issue, lais­sée seule pour sup­por­ter ses para­doxes exis­ten­tiels, l’esprit humain est jus­te­ment capable de s’affranchir du réel afin de recréer des mondes inté­rieurs aux repré­sen­ta­tions plus amènes, plus flat­teuses. Ces fic­tions recons­truites à par­tir de l’expérience ne sont pas fausses, elles sont la véri­té de l’humain. Mais elles ne per­mettent pas l’accès à la véri­té absolue.

La très grande rigueur métho­do­lo­gique d’ESRTV per­met, sans se perdre, sans se renier et au-delà du conflit et de l’imaginaire, d’accepter que l’humanité est une et que si elle ne peut pas spon­ta­né­ment tout com­prendre du réel, tout ce qui existe obéit bien à un seul ensemble de lois phy­siques, universelles. »

Et se per­met de conclure sur ces décla­ra­tions sur­réa­listes, dan­ge­reuses et contra­dic­toires (au vu de son propre travail) :

« Nous fai­sons tous par­tie d’un même sys­tème, qui obéit à un ensemble de lois invio­lables. Ne serait-ce pas d’ailleurs s’offrir une posi­tion pri­vi­lé­giée, voire méga­lo­mane (cer­tains auraient sûre­ment quelque fan­tasme mes­sia­nique inavoué), que de décla­rer avoir com­pris le monde et de se posi­tion­ner en-dehors de lui, cher­chant à impo­ser à l’autre une véri­té auto­pro­cla­mée mais néces­sai­re­ment par­tielle puisqu’elle ne com­prend pas, ni même par­fois tolère, l’existence de cet autre ? » [Dit-il qui déclare avoir com­pris la tota­li­té du monde et qui a éla­bo­ré une théo­rie de tout, non mais quelle blague, NdA]

[…]

« Alors, si aucune solu­tion n’est pos­sible contre notre auto­des­truc­tion, que devons-nous faire, que pou­vons-nous faire ?

Rien.

Ou plu­tôt, comme nous ne pou­vons pas ne rien faire du tout, ce qui revien­drait à nous ôter la vie, accep­tons et assu­mons ce que nous sommes. Qui d’ailleurs se sui­ci­de­rait seule­ment pour sau­ver un monde qu’il ne pour­rait plus voir une fois parti ? »

[…]

« Ne chan­geons rien, comme c’est déjà le cas : mal­gré nos dis­cours et l’impression que nous avons de “résis­ter”, nous avan­çons tou­jours selon les simples termes du prin­cipe d’humanité. Conti­nuons donc à construire du lien à notre façon afin de gérer au mieux notre anxié­té, pour­sui­vons l’amélioration de notre condi­tion, dont il n’est pas pos­sible de nier objec­ti­ve­ment qu’elle détruit notre envi­ron­ne­ment de façon irré­mé­diable, et nous-mêmes à terme. Conser­vons et pro­té­geons nos pas­sions, nos métiers, nos loi­sirs, nos lubies, puisque sans eux nous ne sommes rien d’humain. Ras­su­rons-nous au sein des com­mu­nau­tés qui nous font, entre­te­nons nos croyances, pre­nons soin de notre âme.

C’est tout ce dont nous sommes capables. Ne nous men­tons pas sur nos capa­ci­tés à chan­ger les choses et notre nature, ne nous pre­nons pas pour ce que nous ne pou­vons être. »

[…]

« L’important reste sûre­ment de défi­nir un but à notre exis­tence et il ne peut être que de consti­tuer le réseau de rela­tions à la fois le plus riche, le plus solide pos­sible et qui nous cor­res­ponde, afin que nous nous sen­tions tous moins seuls mal­gré nos dif­fé­rences et nos anta­go­nismes. Ce simple objec­tif ne convien­dra peut-être pas à notre méga­lo­ma­nie, mais c’est le seul qui explique tout ce que nous sommes, autant notre orgueil que notre insatisfaction.

Quant à notre ave­nir, si nous sommes contraints de détruire notre monde, la meilleure éco­lo­gie pos­sible reste assu­ré­ment d’apaiser notre culpa­bi­li­té, qui nous pré­ci­pite plus vite encore vers notre fin, par fré­né­sie consu­mé­riste dis­si­mu­la­trice. Nous ne sommes que les pro­duits d’une évo­lu­tion qui nous illu­sionne sur nos capa­ci­tés à l’influencer, tout ce que nous fai­sons accé­lère notre perte, et nous n’y pou­vons rien. »

Il y aurait beau­coup à dire sur le nar­cis­sisme, la pré­ten­tion, le délire mys­tique et omni­scient, la ratio­na­li­sa­tion du sta­tu quo et de l’inaction, et fina­le­ment le pes­si­misme anthro­po­lo­gique qui carac­té­risent le gali­ma­tias de Vincent Migne­rot. S’il énonce par­fois des choses exactes (à pro­pos des éner­gies soi-disant « vertes », par exemple, ou de l’in­sou­te­na­bi­li­té de la civi­li­sa­tion indus­trielle) et qu’il men­tionne par­fois des phé­no­mènes scien­ti­fiques avé­rés, la manière dont il les uti­lise, les relie et les agence, relève d’une construc­tion idéo­lo­gique absurde (et déli­rante), et non scien­ti­fique (ain­si qu’on le lui avait fait remar­quer sur Futu­ra-Sciences). Le carac­tère amphi­gou­rique de son pro­pos devrait sau­ter aux yeux.

Chaque jour, 200 espèces sont pré­ci­pi­tées vers l’extinction, des tonnes de plas­tique sont déver­sées dans les océans, des tonnes de CO2 sont émises dans l’atmosphère, des tonnes de pro­duits chi­miques toxiques en tous genres sont répan­dues un peu par­tout sur terre, des hec­tares de forêts sont détruits, des hec­tares de sol sont béton­nés, etc., ad nau­seam. Chaque jour les oppres­sions et les alié­na­tions du capi­ta­lisme et de son escla­vage sala­rial, de l’im­pos­ture démo­cra­tique, du patriar­cat, leur des­truc­tion de ce qu’il reste de com­mu­nau­té humaine et d’hu­main dans l’hu­ma­ni­té, pro­gressent. Mais pour Vincent Migne­rot et Adras­tia, qui ne semblent pas recon­naître l’exis­tence de ces oppres­sions et des nom­breux méca­nismes de coer­ci­tions qui consti­tuent la civi­li­sa­tion indus­trielle, nous sommes tous autant res­pon­sables de la situa­tion. Et nous ne pou­vons et devrions pas lut­ter contre. Pour des rai­sons évi­dentes, cette idéo­lo­gie doit être expo­sée et combattue.

Quant à nous, nous n’a­vons pas la pré­ten­tion d’a­voir élu­ci­dé le mys­tère de l’exis­tence, nous n’a­vons pas non plus de pré­ten­tion omni­sciente concer­nant la longue his­toire du genre humain, nous n’a­vons pas de théo­rie de tout, nous n’a­van­çons pas de dogme concer­nant une soi-disant nature (que d’au­cuns vou­draient des­truc­trice) de l’homme, de l’être humain ou de l’es­pèce humaine. Nous ne croyons cer­tai­ne­ment pas qu’un « prin­cipe d’é­vo­lu­tion uni­ver­sel » aurait « ten­du à l’hu­ma­ni­té » un « piège exis­ten­tiel [sic] ». Nous consta­tons la diver­si­té cultu­relle qui a très long­temps carac­té­ri­sé l’hu­ma­ni­té, et qui la carac­té­rise encore aujourd’­hui — même si cette diver­si­té se réduit comme peau de cha­grin à mesure que l’ex­pan­sion de la civi­li­sa­tion la détruit. Nous consta­tons donc qu’il est pos­sible pour l’être humain de s’or­ga­ni­ser et de vivre autre­ment, qu’au­cune fata­li­té bio­lo­gique ne le condamne à détruire son milieu. Nous consta­tons aus­si les méca­nismes très concrets, les ins­ti­tu­tions et les struc­tures maté­rielles qui orga­nisent la ser­vi­tude moderne de la civi­li­sa­tion indus­trielle. Nous consta­tons ain­si la répar­ti­tion très inégale des res­pon­sa­bi­li­tés concer­nant l’or­ga­ni­sa­tion sociale domi­nante et sa per­pé­tua­tion. Et nous n’ac­cep­tons pas l’injustice.

De même que Jean de La Fontaine :

« Je ne crois point que la nature
Se soit lié les mains, et nous les lie encor,
Jusqu’au point de mar­quer dans les cieux notre sort.
Il dépend d’une conjoncture
De lieux, de per­sonnes, de temps ;
Non des conjonc­tions de tous ces char­la­tans. »

Nico­las Casaux

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  1. Je ne connais­sais pas ces écrits de Mignerot.
    Il y a dans cette purée de mots et ce fata­lisme quelque chose qui m’é­voque les textes fon­da­teurs de mou­ve­ments sec­taires, dans le genre de Stei­ner, avec un côté mys­tique qui trans­pa­raît dans le pré­ten­tieux titre de « théo­rie du tout » même si le texte se veut « philosophique ».
    En par­lant de phi­lo­so­phie, il semble que Migne­rot ait rete­nu la leçon de Bour­dieu qui disait qu’en France pour paraître sérieux un livre doit com­por­ter au moins 20% de phrases obs­cures voire inin­tel­li­gibles. Migne­rot aurait plu­tôt dû lire Nietzsche, qui écri­vait dans le Gai Savoir : « Celui qui se sait pro­fond s’efforce d’être clair ; celui qui vou­drait sem­bler pro­fond à la foule s’efforce d’être obs­cur. Car la foule tient pour pro­fond tout ce dont elle ne peut pas voir le fond ».
    Il est tou­jours pénible de devoir consa­crer des efforts à démon­ter le dis­cours de ce genre de per­son­nage, mais c’est mal­heu­reu­se­ment néces­saire vu leur audience. Mer­ci pour votre travail !

  2. Mer­ci pour ces cri­tiques, que j’ai sur­vo­lé (car ça fait beau­coup). Effec­ti­ve­ment, je ne m’é­tais pas ren­du compte de cer­tains points. Je trouve Pablo Ser­vigne plus sain, bien qu’un peu trop « bisounours ».
    Je pense en revanche que le tra­vail des col­lap­so­logues est utile, au moins pour avoir bien en conscience la fini­tude des res­sources et, de fait, de notre mode de vie absurde. En tout cas, le notre, les « thermo-industriels ». 

    Un point sur lequel j’ai til­té lors de l’é­coute d’une ITW de Vincent Migne­rot (il y a quelques semaines) est le fait qu’il parle de la néces­si­té de main­te­nir une gou­ver­nance (je ne me sou­viens plus des termes pré­cis) pour gérer la poli­tique, les ins­ti­tu­tions, en cas d’effondrement. Ça m’a fait froid dans le dos car de « grandes causes » (réchauf­fe­ment cli­ma­tique, ter­ro­risme) sont sys­té­ma­ti­que­ment uti­li­sées pour jus­ti­fier une « gou­ver­nance mon­diale » et main­te­nir en place des puissants/dominants et fina­le­ment une forme de tota­li­ta­risme qui nous empêche de vivre. Je me suis dit « pour qui bosse Vincent Migne­rot ? ». Il serait bon de creu­ser là dessus…

  3. Vous écri­vez ci-des­sus « Chaque jour les oppres­sions et les alié­na­tions du capi­ta­lisme et de son escla­vage sala­rial, de l’imposture démo­cra­tique, du patriar­cat, leur des­truc­tion de ce qu’il reste de com­mu­nau­té humaine et d’humain dans l’humanité, progressent. »
    Mais nous sommes toutes et tous co-acteurs de cette réa­li­té en tant qu’­hu­main. Sous une forme ou une autre. Cette réa­li­té n’est pas exté­rieur à nous, n’ap­par­te­nant qu’à cer­tains groupes « de pré­da­teurs ». Je pense que c’est cela que Vincent Migne­rot sou­haite dire d’une cer­taine manière.

    1. Evi­dem­ment qu’elle n’est pas exté­rieure à nous. Si elle l’é­tait, nous n’en aurions rien à cirer. Le pro­blème, c’est que Migne­rot nie toute dif­fé­ren­cia­tion des res­pon­sa­bi­li­tés. Tout le monde est cou­pable pareil de cette situa­tion. PDG, chô­meur, zadiste, Donald Trump, Ber­ta Caceres, tous cou­pables pareil. Ce qui n’a sim­ple­ment aucun sens. Ce qui est très concrè­te­ment faux.

  4. Vincent Migne­rot don­ne­ra une confé­rence au salon Vivre Autre­ment (Parc flo­ral de Paris) demain, ven­dre­di 15 mars 2019 à 14h. Peut-être y aura-t-il débat…

  5. Je vous remer­cie sin­cè­re­ment d’a­voir publié cet article. À titre per­son­nel et dans un cadre aca­dé­mique, je fais des recherches achar­nées sur le sujet d l’ef­fon­dre­ment. Hier, je suis tom­bé sur les confé­rences et enter­views de Min­ge­rot. Son dis­cours est tel­le­ment confus qu’il m’a entrai­né dans une espèce de confu­sion à pro­pos de notre capa­ci­té de réac­tion auxs crises éco­lo­giques. La lec­ture de votre article m’a éclai­ré et confir­mé ma per­cep­tion que mal­gré le fait qu’il le dis­si­mule, Min­ge­rot est un char­la­tain qui défénd sis­té­ma­ti­que­ment le déni dér­rière lequel il se cache lui même. Je n’ai pas lu son livre, mais votre texte m’a mon­tré le carac­tère extre­me­ment sco­laire de son écri­ture pseu­do philosophique/ scien­ti­fique. Un grand merci.

    1. Ça fait quelques mois que j’é­coute par-ci par là des confé­rences de V. Migne­rot. Il y aborde cer­tains points inté­res­sants comme vous le dites vous-mêmes mais il y a tel­le­ment d’af­fir­ma­tions dou­teuses qui ne résistent pas aux faits, de demi-véri­tés, d’af­fir­ma­tions gros­siè­re­ment impré­cises et sur­tout de rac­cour­cis ! Et les interviewers(euses) le mettent rare­ment devant ses contra­dic­tions. Je me disais que j’a­chè­te­rais un de ses livres pour mieux com­prendre ses rai­son­ne­ments mais avec les extraits que vous venez de mettre, vous venez de me convaincre de pas­ser à autre chose.

  6. Salut Nico­las,

    A l’é­poque de mon attaque contre toi, je n’a­vais encore rien lu de Migne­rot, et ne le connais­sais que de répu­ta­tion. Mais à force de le voir faire sa pub sur FB pour sa « loi de la dicho­to­mie à l’axe », (https://www.theorie-de-tout.fr/2011/07/16/dichotomie-a-laxe-et-libre-arbitre/#.XKsKXtjVLIU), je me suis réso­lu à y voir de plus près. J’ai fait pas mal d’ef­forts pour essayer de la « com­prendre », mais en vain, trop imbi­table et imbu­vable, la syn­taxe est par­fois tel­le­ment alam­bi­quée et hasar­deuse qu’il n’est même pas pos­sible de savoir ce qu’il y a à com­prendre, et avec quoi l’on pour­rait être d’ac­cord ou non.

    Du coup, j’ai revu ma posi­tion envers toi. J’ai sup­pri­mé de mon blog le billet moqueur, à pro­pos duquel je te dois des excuses. L’emploi au plu­riel du mot « nature », (pour par­ler de la nature d’une chose), me semble encore contre-nature, mais c’est un péché véniel à côté du gali­ma­tias amphi­gou­rique de Mignerot.

    Les gens qui le disent « scien­ti­fique » ne l’ont mani­fes­te­ment pas lu, ce n’est pas pos­sible autre­ment, sinon ils ver­raient bien qu’a­vec sa « théo­rie du tout », (dont je connais­sais bien sûr l’exis­tence), ils sau­raient que c’est un char­la­tan. Et puis bon, quand je com­prends ce qu’il dit, c’est pour consta­ter que je ne peux pas être d’ac­cord. Un type qui pré­tend que l’E­tat et le capi­ta­lisme ne sont pas une cause se situe clai­re­ment dans le camp des impé­ria­listes, y’a pas photo.

  7. Il y a une anec­dote éclai­rante sur Vincent Migne­rot. Dans sa pre­mière inter­view chez the Thin­ker­view, Vincent Migne­rot dit que l’é­vè­ne­ment qui l’a le plus mar­qué durant son enfance est d’a­voir vu le film  » l’his­toire sans fin » Wolf­gang Peter­sen. Ce film fan­tas­tique montre l’a­van­cé du « Néant » qui détruit le monde. J’ai le sen­ti­ment que cette vision du « Néant » résume a elle seule la pen­sée nihi­liste de VM.
    C’est éton­nant qu’il donne lui même la clé de com­pré­hen­sion de sa pen­sée pro­fonde. Mais quand on a conscience de cela, il est inutile de creu­ser plus loin sa vision du monde tota­le­ment biaisée.

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