Quelques remarques sur Greta Thunberg et Extinction Rebellion (par Nicolas Casaux)

Nom­breux sont ceux qui ont lu un article ou vu une vidéo au sujet de la jeune sué­doise Gre­ta Thun­berg. Rares sont ceux qui ont enten­du par­ler de « We Don’t Have Time », la star­tup sué­doise ayant orches­tré son suc­cès média­tique. En effet, les pre­mières pho­tos de Gre­ta Thun­berg qui ont cir­cu­lé sur inter­net ont été prises par Mår­ten Thors­lund, res­pon­sable mar­ke­ting et déve­lop­pe­ment durable de We Don’t Have Time.

Selon ses propres termes, « We Don’t Have Time est un mou­ve­ment et une star­tup de la tech qui compte uti­li­ser le pou­voir des réseaux sociaux pour res­pon­sa­bi­li­ser les diri­geants et les entre­prises vis-à-vis du chan­ge­ment cli­ma­tique. » Star­tup qui compte Gre­ta Thun­berg par­mi ses deux « conseillères spé­ciale jeu­nesse » [mise à jour : entre­temps, Gre­ta Thun­berg s’est sépa­rée de la star­tup en ques­tion, ce qui n’a pas grande inci­dence sur le reste de ma cri­tique]. Ing­mar Rentz­hog, un des prin­ci­paux fon­da­teurs de l’entreprise We Don’t Have Time, est aus­si le fon­da­teur de l’entreprise sué­doise de conseil en com­mu­ni­ca­tion Lai­ka, spé­cia­li­sée dans le conseil d’entreprises finan­cières ; Lai­ka a récem­ment été rache­tée par la pla­te­forme de crowd­fun­ding sué­doise Fun­ded­ByMe (une entre­prise qui pos­sède des bureaux en Malai­sie et à Sin­ga­pour), qui a alors recru­té Rentz­hog dans son conseil d’administration. Ing­mar Rentz­hog est aus­si membre du think tank Glo­bal Utma­ning (Défi Mon­dial, en fran­çais) depuis le 24 mai 2018. En outre, il a été for­mé par l’ONG de l’ex vice-pré­sident états-unien Al Gore « The Cli­mate Rea­li­ty Pro­ject ». Orga­ni­sa­tion qui « a pour but de for­mer des indi­vi­dus sou­hai­tant contri­buer à la sen­si­bi­li­sa­tion géné­rale sur le sujet du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, en four­nis­sant les outils, le réseau­tage et les com­pé­tences de com­mu­ni­ca­tion ora­toires néces­saires afin de cap­ti­ver un public et par consé­quent, par­ve­nir à intro­duire des actions concrètes de chan­ge­ments comportementaux ».

Al Gore qui est un modèle par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant pour la jeune Gre­ta Thun­berg qui, d’ailleurs, ne sort pas de nulle part. Sa mère, Mal­e­na Ern­man, est une célèbre chan­teuse d’opéra sué­doise et une des héroïnes de l’année 2017, dési­gnée par le WWF, son père, Svante Thun­berg, est un acteur sué­dois, et son grand-père, Olof Thun­berg, est aus­si un acteur et réa­li­sa­teur suédois.

Gre­ta Thun­berg et Al Gore

« We Don’t Have Time » a publié, le 25 jan­vier, une « Décla­ra­tion sur la neu­tra­li­té car­bone nor­dique » dans laquelle figurent tous les ava­tars du capi­ta­lisme et de l’in­dus­tria­lisme verts, y com­pris « l’é­co­no­mie cir­cu­laire », le « bio­mi­mé­tisme », les « tech­no­lo­gies à zéro émis­sion », les éner­gies dites « vertes » ou « renou­ve­lables », la « finance verte », les « contrats verts », la créa­tion « d’in­ci­ta­tifs » afin que « le sec­teur pri­vé » agisse vis-à-vis du chan­ge­ment cli­ma­tique, les « bio­com­bus­tibles et car­bu­rants renou­ve­lables », la « fores­te­rie sou­te­nable », les « tech­no­lo­gies de Cap­ture et Sto­ckage du Car­bone (CCS) », de « Cap­ture et Uti­li­sa­tion du Car­bone (CUS) », de « Cap­ture du Car­bone et de Miné­ra­li­sa­tion (CCM) », de « bio­éner­gies avec CCS », etc.

La mère de Gre­ta est signa­taire, aux côtés d’Ing­mar Rent­zog, d’un plai­doyer en faveur d’une tran­si­tion éco­lo­gique « attrac­tive, pro­fi­table et rapide » vers « une éco­no­mie à faible émis­sion de car­bone » : « Bien que la plu­part des chan­ge­ments requis soient à la fois pos­sibles et pro­fi­tables, de vigou­reuses cam­pagnes poli­tiques sont essen­tielles pour ajus­ter les prix, les taxes et les régu­la­tions de manière à ce que la tran­si­tion vers une socié­té sou­te­nable soit attrac­tive, pro­fi­table et rapide. » Ils rejoignent ain­si par­fai­te­ment la posi­tion d’Al Gore, expri­mée, par exemple, dans une tri­bune publiée dans le Finan­cial Times du 27 juillet 2014, coécrite avec David Blood, ancien diri­geant de Gold­man Sachs :

« Ces temps-ci sont cru­ciaux pour les inves­tis­seurs. C’est au cours des dix pro­chaines années que nous devons accé­lé­rer urgem­ment la tran­si­tion vers une éco­no­mie à faible émis­sion de car­bone. Nous pen­sons que le capi­ta­lisme court le risque de s’écrouler. En consé­quence, le com­merce, qui a été assez timide par le pas­sé en ce qui concerne la méca­nique de l’investissement dans la sou­te­na­bi­li­té, s’apprête à aug­men­ter sa visi­bi­li­té. Nous devons y aller à fond. Nous allons deve­nir plus agres­sif parce que nous n’avons pas le choix. »

La sur­mé­dia­ti­sa­tion ful­gu­rante de Gre­ta Thun­berg fait par­tie de la pro­pa­gande que la socié­té indus­trielle déploie en faveur de son verdissement.

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En ce qui concerne le dis­cours de Gre­ta en lui-même. Il est assez clair (et clai­re­ment confus). Si elle semble fus­ti­ger l’idée d’une « crois­sance verte », elle tient cepen­dant un dis­cours qu’on pour­rait entendre dans la bouche de beau­coup de pro­mo­teurs du « déve­lop­pe­ment durable », et même du « déve­lop­pe­ment » tout court, cette vieille croyance occi­den­tale, comme dirait Gil­bert Rist, qui n’est rien d’autre que l’industrialisme. Ain­si que l’écrit Thier­ry Sal­lan­tin dans un article que je vous recom­mande vive­ment :

« Rien de chan­gé depuis les temps colo­niaux. L’Occident fixe les règles du jeu. Un jeu qui s’appelle « le déve­lop­pe­ment » depuis la Réso­lu­tion 198–3 de l’ONU du 4 décembre 1948. Il fal­lait après la guerre trou­ver une expres­sion plus élé­gante que « pays arrié­rés » encore très uti­li­sée. Le Pré­sident Tru­man choi­si­ra les mots « pays déve­lop­pés » et « pays sous-déve­lop­pés » dans son dis­cours du 20 jan­vier 1949 en pré­ci­sant : « Plus de la moi­tié de la popu­la­tion du monde vit dans des condi­tions proches de la misère […] ; sa vie éco­no­mique est pri­mi­tive et stag­nante ». Puis on rem­pla­ce­ra « pays sous-déve­lop­pés » par « pays en voie de déve­lop­pe­ment » sans même sai­sir l’outrecuidance extra­or­di­naire de cette der­nière expres­sion : ces pays n’ont même pas le droit de déci­der en toute liber­té de leur ave­nir, l’Occident défi­nit d’emblée leur des­tin, c’est le déve­lop­pe­ment ou rien ! Pas ques­tion d’envisager par exemple la sta­bi­li­té, ou de trou­ver en eux-mêmes, en étant fiers de leur propre his­toire, leur propre culture, les clés de la vie épa­nouie et agréable, sans tenir compte de ce qui se fait ailleurs, par exemple en Europe ! Et ce déve­lop­pe­ment obli­ga­toire, en plus, les occi­den­taux veulent désor­mais le faire « durer », le rendre « durable » pour reprendre le pire mot choi­si par cer­tains pour tra­duire sus­tai­nable, alors que la seule urgence, au vu de la dégra­da­tion accé­lé­rée des équi­libres éco­lo­giques est d’arrêter le déve­lop­pe­ment. Il est abso­lu­ment insou­te­nable. Il ne faut pas sim­ple­ment chan­ger de « mode de déve­lop­pe­ment », il faut car­ré­ment se débar­ras­ser du déve­lop­pe­ment, donc sur­tout pas le rendre « durable ». Les races supé­rieures, les civi­li­sés, les déve­lop­pés doivent ces­ser d’inculquer au reste du monde leur mode de vie sui­ci­daire qui nous pré­ci­pite tout droit dans le mur des échéances éco­lo­giques, le mur de l’épuisement des res­sources non renou­ve­lables liquides, gazeuses ou miné­rales, le mur de léta­li­té des pol­lu­tions de l’air, de l’eau, de l’alimentation, les plus graves étant la pol­lu­tion radio­ac­tive et celle condui­sant au réchauf­fe­ment du cli­mat et à l’acidification des océans. Il faut ces­ser de croire à notre supé­rio­ri­té, arrê­ter de croire que nous sommes « en avance », arrê­ter de défi­nir nous-mêmes le sens de l’histoire, de pra­ti­quer le « vol de l’histoire » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jack Goo­dy (Gal­li­mard 2010). »

Lorsque Gre­ta Thun­berg affirme, dans sa pré­sen­ta­tion TED, qu’il fau­drait que « les pays plus pauvres » amé­liorent « leur stan­dard de vie en construi­sant cer­taines des infra­struc­tures que nous avons déjà construites, telles que routes, écoles, hôpi­taux, eau potable, élec­tri­ci­té, etc. », elle pro­meut à son tour l’idéologie du déve­lop­pe­ment, l’industrialisation du monde. Elle ne s’oppose pas au modèle que consti­tue le sys­tème domi­nant, elle sou­haite son uni­ver­sa­li­sa­tion. Au pas­sage, on rap­pel­le­ra qu’il y avait bien plus d’eau potable avant l’industrialisation du monde, et qu’il y en a de moins en moins pré­ci­sé­ment à cause d’elle. On rap­pel­le­ra aus­si qu’il exis­tait aupa­ra­vant autant de manières d’éduquer les enfants que de cultures humaines dif­fé­rentes, que la sco­la­ri­té indus­trielle est une nui­sance et un outil de contrôle social au ser­vice des diri­geants des socié­tés indus­trielles, que la construc­tion des infra­struc­tures qu’elle sou­haite voir par­tout implique une socié­té de masse, hié­rar­chi­sée, coer­ci­tive, bureau­cra­tique, à l’image de nos socié­tés industrielles.

Ain­si que l’écrivait déjà Fran­çois Par­tant dans La fin du déve­lop­pe­ment – Nais­sance d’une alter­na­tive ? (publié en 1982) :

« Quant aux nations déve­lop­pées, elles se sont décou­vert une nou­velle mis­sion : aider le tiers monde à avan­cer sur cette voie du déve­lop­pe­ment […] qui n’est rien d’autre que celle que les Occi­den­taux pré­tendent indi­quer au reste de l’humanité depuis des siècles. Ain­si la socié­té occi­den­tale per­siste-t-elle à pen­ser qu’elle incarne l’avenir de toutes les socié­tés. Sa mis­sion civi­li­sa­trice s’est trans­for­mée en une mis­sion d’aide. »

Et pour­tant :

« L’i­dée que le tiers monde peut et doit se déve­lop­per comme les pays qui passent pour l’être est par­fai­te­ment absurde. L’i­dée qu’on peut et doit l’y aider l’est tout autant. Mais ces deux idées sont pro­fon­dé­ment enra­ci­nées dans l’o­pi­nion. En effet, elles font désor­mais par­tie de l’i­déo­lo­gie propre à la socié­té occi­den­tale, idéo­lo­gie qui com­porte beau­coup d’i­dées fausses et de croyances non fon­dées, toutes indis­pen­sables à la jus­ti­fi­ca­tion de cette socié­té et à la légi­ti­ma­tion de ses entreprises. »

En effet l’entreprise consis­tant à appor­ter la moder­ni­té indus­trielle (routes, écoles, hôpi­taux, etc.) à toutes les popu­la­tions du monde, en plus de rele­ver d’une men­ta­li­té colo­niale, est fon­da­men­ta­le­ment insou­te­nable. Ce mode de vie, qui est déjà le nôtre, n’est ni viable ni démo­cra­tique, ni même satis­fai­sant (à en juger par les consom­ma­tions d’antidépresseurs et de psy­cho­tropes en tous genres dans les pays riches). Ain­si que le sug­gé­rait Illich dans l’introduction de La Convi­via­li­té, il serait infi­ni­ment plus sou­hai­table, plus intel­li­gent, d’aider ceux qui « le peuvent encore » à « évi­ter de tra­ver­ser l’âge indus­triel », en choi­sis­sant « dès à pré­sent un mode de pro­duc­tion fon­dé sur un équi­libre post­in­dus­triel — celui-là même auquel les nations surin­dus­tria­li­sées vont être accu­lées par la menace du chaos ». Autre­ment dit, ce qui est sou­hai­table (et pos­sible), ce n’est pas que tous les pays du monde se hissent au niveau d’industrialisation du nôtre, mais que toutes les popu­la­tions du monde adoptent des modes de vie post-indus­triels (ou, le cas échéant, conservent les modes de vie non-indus­triels qui sont les leurs), orga­ni­sés autour de tech­no­lo­gies démo­cra­tiques, de tech­no­lo­gies douces ou « basses tech­no­lo­gies », dans le cadre des ter­ri­toires éco­lo­giques qui sont les leurs.

S’il s’agit de ce que Gre­ta Thun­berg vou­lait dire en par­lant de construire des routes, des hôpi­taux, etc., dans les pays pauvres, for­mi­dable, mais tout porte à croire qu’elle tenait sim­ple­ment un dis­cours indus­tria­liste clas­sique. Notam­ment parce qu’à la fin de son dis­cours, elle énonce ce qui, à ses yeux, consti­tue la solu­tion pour évi­ter le désastre cli­ma­tique et rendre sou­te­nable la socié­té indus­trielle, à savoir les « pan­neaux solaires, éoliennes, éco­no­mie cir­cu­laire, etc. ». Elle constate cepen­dant que ces « solu­tions » ne sont pas implé­men­tées suf­fi­sam­ment rapi­de­ment et qu’il faut agir vite, et vite construire tout plein de pan­neaux solaires, d’éoliennes, de cen­trales à bio­masses, bref, qu’il faut que les indus­tries des éner­gies dites « vertes » se déve­loppent en urgence, mais aus­si que les indus­tries des com­bus­tibles fos­siles cessent immé­dia­te­ment leurs acti­vi­tés. Ce qui est à la fois contra­dic­toire — les indus­tries des éner­gies dites « vertes » dépendent toutes inté­gra­le­ment et néces­sai­re­ment des com­bus­tibles fos­siles — et indé­si­rable. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, les indus­tries des éner­gies dites « vertes » impliquent toutes leur lot de pol­lu­tions et de des­truc­tions envi­ron­ne­men­tales (voir ici, , ou encore ). Sans comp­ter que les bar­rages génèrent des émis­sions mas­sives de gaz à effet de serre (de méthane), de même que les cen­trales à bio­masse (sachant qu’il s’agit des deux sources d’énergie dite « renou­ve­lable » domi­nantes). Les tech­no­lo­gies modernes, les hautes tech­no­lo­gies, dont font par­tie les tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergie dite « verte » et les tech­no­lo­gies dites « vertes » en géné­ral, requièrent une orga­ni­sa­tion sociale éta­blie à l’échelle pla­né­taire (pour l’obtention des dif­fé­rentes matières pre­mières, notam­ment), néces­sai­re­ment hié­rar­chique et coer­ci­tive (il faut bien faire en sorte que cer­tains tra­vaillent dans les mines, d’autres dans les usines de trai­te­ment des matières pre­mières, d’autres dans les usines d’assemblage des com­po­sants, conçus par une classe d’ingénieurs, etc.) ; en d’autres termes, une orga­ni­sa­tion sociale non démo­cra­tique. Outre que l’énergie faus­se­ment « verte » pro­duite par ces indus­tries des « renou­ve­lables » ali­mente les mêmes choses fon­ciè­re­ment anti-éco­lo­giques qu’alimentaient déjà les éner­gies non « vertes » (pan­neaux solaires sur les toits d’usines, éoliennes pour ali­men­ter en élec­tri­ci­té des smart­phones, télé­vi­seurs, ordi­na­teurs, réfri­gé­ra­teurs, tablettes, chaines Hi-Fi, etc., dont les pro­duc­tions sont autant de catas­trophes envi­ron­ne­men­tales et sociales). Une socié­té indus­trielle — qui plus est hau­te­ment tech­no­lo­gique — verte, sou­te­nable, ou propre, ça n’existe pas. De même qu’une socié­té de masse démo­cra­tique — un autre oxy­more. Quant à l’économie cir­cu­laire et aux autres nou­veaux concepts éco­no­miques géniaux cen­sés nous per­mettre de régler tous nos pro­blèmes, ils sont autant de chi­mères. Selon toute logique, seule une sor­tie com­plète du capi­ta­lisme et de la socié­té indus­trielle pour­rait mettre un terme au désastre socioé­co­lo­gique en cours, ce qu’aucun d’entre eux ne pro­posent. Au contraire puisqu’ils vont sou­vent de pair avec dif­fé­rentes décli­nai­sons du capi­ta­lisme (qui un « capi­ta­lisme humain », qui un « capi­ta­lisme natu­rel » et qui un « capi­ta­lisme propre », entre autres), qu’ils ne pro­posent en réa­li­té que dif­fé­rentes variantes de la vieille mys­ti­fi­ca­tion du « déve­lop­pe­ment durable[1] ». Ce qui m’amène à Extinc­tion Rebellion.

Extinction Rebellion

S’il est encou­ra­geant de consta­ter que cer­tains sont prêts à entre­prendre diverses actions de déso­béis­sance civile, d’occupations, de sabo­tages, etc., afin d’entraver le sta­tu quo, de s’attaquer sérieu­se­ment aux pro­blèmes socioé­co­lo­giques actuels, le groupe bri­tan­nique, à l’o­ri­gine du mou­ve­ment, pose pro­blème pour plu­sieurs rai­sons. Et d’abord parce que par­mi ses objec­tifs offi­ciels figure[2] l’illusoire éta­blis­se­ment d’une éco­no­mie neutre en car­bone, notam­ment au moyen du déve­lop­pe­ment des mal nom­mées indus­tries des éner­gies dites « vertes » ou « renou­ve­lables » ou « propres » (ils rejoignent ain­si les aspi­ra­tions de Gre­ta Thun­berg, qui leur a appor­té son sou­tien, mais aus­si celles d’Al Gore et de tous les pro­mo­teurs du « Green New Deal », ce plan de ver­dis­se­ment de la socié­té indus­trielle capi­ta­liste). On n’y trouve, en revanche, aucune contes­ta­tion ni de l’industrialisme, ni du capi­ta­lisme, ni de la mon­dia­li­sa­tion éco­no­mique. On retrouve en effet, par­mi leurs objec­tifs offi­ciels, le fait de faire en sorte « que le gou­ver­ne­ment tra­vaille aux côtés des médias pour expli­quer l’urgence du chan­ge­ment et ce que doivent faire les indi­vi­dus, les com­mu­nau­tés et les entre­prises » et, afin de par­ve­nir à une éco­no­mie neutre en car­bone d’ici 2025, de faire en sorte que le « gou­ver­ne­ment coopère inter­na­tio­na­le­ment afin que l’économie mon­dia­li­sée ne consomme pas plus que la moi­tié des res­sources que la pla­nète pro­duit chaque année ». Une telle for­mu­la­tion semble même sug­gé­rer le sou­tien d’une tech­no­cra­tie mon­dia­li­sée — celle qui existe déjà. Par ailleurs, ils col­portent et s’appuient sur (deuxième point de leurs « prin­cipes et valeurs ») le mythe selon lequel « il suf­fit que 3,5 % d’une popu­la­tion soit mobi­li­sée pour qu’une lutte non vio­lente » triomphe. Cela dit, ils dif­fèrent des par­ti­sans du Green New Deal en ce qu’ils appellent à la créa­tion d’une « assem­blée citoyenne char­gée de déci­der des mesures à mettre en place pour atteindre ces objec­tifs », et insistent davan­tage sur la néces­si­té de « déman­te­ler les hié­rar­chies de pou­voir ». Si le « déman­tè­le­ment des hié­rar­chies de pou­voir » est très sou­hai­table, il est aus­si incom­pa­tible avec le main­tien de la socié­té indus­trielle et de la socié­té de masse. Encore une fois, l’établissement d’une stra­ti­fi­ca­tion sociale et de hié­rar­chies est néces­saire pour orga­ni­ser la socié­té de masse et l’industrialisme. Il est contra­dic­toire, d’un côté, d’appeler au déve­lop­pe­ment mas­sif des indus­tries des éner­gies dites « vertes » ou « propres » et, de l’autre, d’appeler au « déman­tè­le­ment des hié­rar­chies de pou­voir » (il est éga­le­ment contra­dic­toire de sou­hai­ter l’arrêt des indus­tries des com­bus­tibles fos­siles tout en deman­dant le déve­lop­pe­ment mas­sif des indus­tries des éner­gies « renou­ve­lables », sachant que les secondes dépendent inté­gra­le­ment des pre­mières). En cela, le mou­ve­ment Extinc­tion Rebel­lion bri­tan­nique rejoint la longue liste des orga­ni­sa­tions éco­lo­gistes qui croient en — et militent pour — l’avènement d’une civi­li­sa­tion indus­trielle verte et démo­cra­tique, d’une moder­ni­té (dans le sens du monde moderne et des types de tech­no­lo­gies et d’infrastructures qui le carac­té­risent) verte et démo­cra­tique. Un membre de la branche bri­tan­nique l’explique clai­re­ment dans une inter­view : ils sou­haitent « créer une mobi­li­sa­tion de masse façon Seconde Guerre mon­diale afin de résoudre la crise aux moyens d’investissements mas­sifs dans les renou­ve­lables, d’un amé­na­ge­ment ter­ri­to­rial et du plein emploi dans le déve­lop­pe­ment d’une socié­té soutenable. »

Dans l’ensemble, les aspi­ra­tions de la branche bri­tan­nique d’Extinction Rebel­lion se rap­prochent de celles de Nao­mi Klein, qui a d’ailleurs décla­ré les sou­te­nir. Nao­mi Klein qui fait actuel­le­ment la pro­mo­tion des illu­sions vertes pour l’ONG fon­dée grâce à l’argent des Rocke­fel­ler (350.org), et qui affirme sans ambages : « Mais je n’ai jamais dit que nous devrions “tuer”, ou “aban­don­ner” ou “déman­te­ler” le capi­ta­lisme afin de com­battre le chan­ge­ment cli­ma­tique. Et je n’ai cer­tai­ne­ment jamais dit que nous devrions faire cela avant tout. D’ailleurs, je dis exac­te­ment l’inverse dès le début du livre (page 25 [de son livre Tout peut chan­ger]), pré­ci­sé­ment parce qu’il serait dan­ge­reux d’affirmer une telle chose. » Nao­mi Klein dont le livre Tout peut chan­ger témoigne clai­re­ment de son choix de par­ti­ci­per — désor­mais, du moins, peut-être qu’à l’époque de ses pre­miers livres, elle pen­sait autre­ment : en effet, en moins de dix ans ses fré­quen­ta­tions se sont inver­sées, elle est pas­sée du sous-com­man­dant Mar­cos à Angel Gur­ria, l’ennemi juré des zapa­tistes — à la pro­mo­tion du mythe d’une socié­té indus­trielle verte et démocratique.

On note­ra éga­le­ment au pas­sage qu’Ex­tinc­tion Rebel­lion reçoit le sou­tien de Noam Chom­sky. Seule­ment, si Chom­sky pro­pose de très bonnes ana­lyses, entre autres, de l’impérialisme, de la pro­pa­gande et du sys­tème média­tique, sa pers­pec­tive éco­lo­giste est très mau­vaise. Ain­si Chom­sky consi­dère-t-il[3] que « la tech­no­lo­gie est neutre » et que « la seule chose qui puisse résoudre les pro­blèmes envi­ron­ne­men­taux actuels c’est la tech­no­lo­gie de pointe », les hautes technologies.

Ces sou­tiens de célèbres intel­lec­tuels très res­pec­tés à gauche expliquent pour­quoi Extinc­tion Rebel­lion a béné­fi­cié d’une cer­taine pro­mo­tion dans les médias de masse (du New York Times au Guar­dian et au Monde). Sa pro­mo­tion dans le Guar­dian (l’équivalent bri­tan­nique de notre jour­nal Le Monde) est d’ailleurs liée au fait que George Mon­biot, un de ses chro­ni­queurs et un des éco­lo­gistes les plus connus du Royaume-Uni (ardent pro­mo­teur de l’énergie nucléaire et du mythe d’une socié­té indus­trielle verte et démo­cra­tique), sou­tient le mouvement.

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Entre­prendre des actions de déso­béis­sance civile, de sabo­tage, d’occupations, se rebel­ler, oui ! Mais pas pour deman­der aux États de sub­ven­tion­ner mas­si­ve­ment cer­tains sec­teurs indus­triels (les éner­gies dites « vertes ») plu­tôt que d’autres. Les objec­tifs de la branche bri­tan­nique d’Extinction Rebel­lion, qui a don­né nais­sance au mou­ve­ment, ne cor­res­pondent pas à ceux d’un mou­ve­ment de résis­tance sou­hai­tant sérieu­se­ment s’attaquer aux pro­blèmes socioé­co­lo­giques de notre temps. La branche bri­tan­nique d’Extinction Rebel­lion semble plu­tôt s’inscrire dans la veine des GONGE (les Grandes Orga­ni­sa­tions Non Gou­ver­ne­men­tales Éco­lo­gistes), de Green­peace et 350.org, par exemple, avec les­quelles elle col­la­bore, c’est-à-dire dans la mou­vance qui pro­meut plus ou moins naï­ve­ment tout un tas d’illu­sions vertes (ain­si que le cher­cheur Ozzie Zeh­ner qua­li­fie les tech­no­so­lu­tions des éner­gies dites « renou­ve­lables »), l’idée d’une civi­li­sa­tion indus­trielle écolodurable.

En ce qui concerne la branche fran­çaise du mou­ve­ment, on peut lire, dans un article du jour­nal Le Monde : « Dans les conver­sa­tions en ligne, les “rebelles”, sous pseu­dos, débattent pour savoir si le mou­ve­ment est anti­ca­pi­ta­liste, quelle conver­gence est pos­sible avec les “gilets jaunes” ou com­ment “faire bou­ger les lycées”. » Le mou­ve­ment, du moins le mou­ve­ment fran­çais, ne semble donc pas — encore — par­ta­ger de diag­nos­tic clair de la situa­tion, et n’a pas encore défi­ni ses objec­tifs. On peut donc espé­rer que les dif­fé­rentes branches locales du mou­ve­ment, dont la branche fran­çaise, s’affranchiront des objec­tifs dou­teux voire mau­vais de la branche prin­ci­pale en adop­tant une ligne réso­lu­ment anti­ca­pi­ta­liste et anti-indus­trielle, ou anti-civilisation.

Face au désastre social et éco­lo­gique en cours, l’en­vie d’a­gir est une chose incroya­ble­ment pré­cieuse. Pour autant, devrait-on se pré­ci­pi­ter sur les pre­mières ini­tia­tives pro­po­sées ? Non, bien sûr. Si les branches bri­tan­nique et états-unienne du mou­ve­ment semblent déci­dées à embras­ser l’é­co­lo­gisme domi­nant, celui du « déve­lop­pe­ment durable », des éner­gies dites « renou­ve­lables », de l’é­co­no­mie cir­cu­laire et tut­ti quan­ti, les autres branches, y com­pris la fran­çaise, peuvent et devraient suivre un autre che­min. Nous serons pro­ba­ble­ment d’ac­cord sur les points suivants :

  • La civi­li­sa­tion indus­trielle détruit le monde natu­rel aus­si sûre­ment qu’elle implique l’ex­ploi­ta­tion de l’hu­main par l’hu­main. Et tout indique que cela va continuer.
  • Par­mi les nom­breuses consé­quences délé­tères de son acti­vi­té, on retrouve le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, qui consti­tue une menace pour l’en­semble du monde natu­rel, des espèces vivantes qui existent actuel­le­ment, l’hu­main y compris.
  • Nous devons faire notre pos­sible pour mettre un terme à cette situation.

Nous ajou­tons à ce constat une cri­tique des fausses solu­tions de l’é­co­lo­gisme domi­nant, qui tente, ain­si que l’é­crit Yves-Marie Abra­ham, « de nous convaincre que cette civi­li­sa­tion a encore un bel ave­nir devant elle pour­vu seule­ment que nous fas­sions preuve d’un peu de bonne volon­té éco­ci­toyenne et que nous gar­dions confiance dans les pro­grès de la tech­nique. Ces pro­messes, dont les formes les plus raf­fi­nées se nomment “déve­lop­pe­ment durable”, “crois­sance verte” ou “éco­no­mie cir­cu­laire”, ne sont pas seule­ment fal­la­cieuses. Elles sont aus­si dan­ge­reuses parce que ras­su­rantes. »

Ce qui nous place dans une situa­tion autre­ment plus dif­fi­cile et com­pli­quée. Car il ne s’a­git pas, pour sau­ver la situa­tion, de per­sua­der les diri­geants d’in­ves­tir mas­si­ve­ment dans les éner­gies « vertes », ni d’en­tre­prendre un chan­tier mas­sif visant à mettre aux normes HQE, BBC, ou THPE l’en­semble des bâti­ments de France, afin d’es­sayer de rendre éco­lo­gique et démo­cra­tique la civi­li­sa­tion indus­trielle. Elle ne le sera jamais. Elle ne peut l’être. Il s’a­git d’ar­rê­ter la civi­li­sa­tion indus­trielle. Ce qui implique de construire un véri­table mou­ve­ment de résis­tance fon­dé sur une véri­table culture de résis­tance. Pour cela, nous pou­vons nous ins­pi­rer des mou­ve­ments de résis­tance du pas­sé, de leurs échecs et de leurs triomphes. En outre, ain­si que DGR le for­mule : « Toute stra­té­gie dont l’objectif est un futur viable devrait éga­le­ment inclure un appel à l’édification de démo­cra­ties directes basées sur le res­pect des droits humains et sur des cultures maté­riel­le­ment sou­te­nables. »

Le livre Deep Green Resis­tance, que nous avons récem­ment publié aux Édi­tions Libre, dis­cute tout cela plus en détail. Nous avons eu l’oc­ca­sion d’en par­ler avec plu­sieurs membres de la branche fran­çaise qui semblent d’ac­cord avec cette ana­lyse. Et aux autres : puis­siez-vous prendre ces quelques remarques comme une invi­ta­tion plus que comme une cri­tique. Peut-être aurons-nous l’oc­ca­sion d’é­chan­ger de vive voix.

Nico­las Casaux

***

P.S. : 1. Je tiens à rap­pe­ler que le fait d’ex­po­ser ce que j’ex­pose ici ne signi­fie pas que tous les impacts de la média­ti­sa­tion de Gre­ta sont fata­le­ment mau­vais, nui­sibles. La situa­tion est com­plexe. Il est tout à fait pos­sible que la média­ti­sa­tion de Gre­ta puisse avoir quelques effets posi­tifs ci et là, sur X ou Y caté­go­rie de per­sonnes. Il est aus­si sûre­ment pos­sible d’u­ti­li­ser sa média­ti­sa­tion à notre avan­tage (à l’a­van­tage de ceux qui com­prennent qu’une socié­té indus­trielle verte et démo­cra­tique ça n’existe pas). Si je publie ça, c’est entre autres choses parce qu’il est impor­tant de savoir ce qui se passe en cou­lisses, de com­prendre l’ob­jec­tif de ceux qui ont coop­té le mou­ve­ment éco­lo­giste il y a long­temps déjà et qui conti­nuent de le domi­ner, de l’o­rien­ter, de l’influencer.)

2. Ceux qui lisent l’an­glais sont invi­tés à lire l’en­quête de Cory Mor­ning­star, en quatre par­ties, sur le sujet. Les trois pre­miers volets ont été publiés :

  1. http://www.wrongkindofgreen.org/2019/01/17/the-manufacturing-of-greta-thunberg-for-consent-the-political-economy-of-the-non-profit-industrial-complex/
  2. http://www.wrongkindofgreen.org/2019/01/21/the-manufacturing-of-greta-thunberg-for-consent-the-inconvenient-truth-behind-youth-cooptation/
  3. http://www.wrongkindofgreen.org/2019/01/28/the-manufacturing-of-greta-thunberg-for-consent-the-most-inconvenient-truth-capitalism-is-in-danger-of-falling-apart/

  1. À ce sujet, lire : https://partage-le.com/2015/12/le-developpement-durable-est-un-mensonge-par-derrick-jensen/, https://partage-le.com/2015/10/le-developpement-durable-est-en-train-de-detruire-la-planete/, https://partage-le.com/2017/02/des-dangers-du-developpement-durable-ou-capitalisme-vert-par-derrick-jensen/ ou encore https://partage-le.com/2018/10/de-paul-hawken-a-isabelle-delannoy-les-nouveaux-promoteurs-de-la-destruction-durable-par-nicolas-casaux/
  2. Voir aus­si : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/26/climat-extinction-rebellion-se-prepare-a-entrer-en-resistance-en-france_5414936_3244.html
  3. https://chomsky.info/19910401/
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  1. Bon­jour ! Mer­ci pour cet article riche en idées. Je suis d’ac­cord sur presque tout ce que vous dites. Cepen­dant il y a quelques pas­sages que je n’ai pas com­pris. C’est pos­sible d’a­voir qq explique actions svp ? D’a­bord quand vous dites que les éner­gies vertes « requièrent une orga­ni­sa­tion sociale éta­blie à l’échelle pla­né­taire, néces­sai­re­ment hié­rar­chique et coer­ci­tive ; en d’autres termes, une orga­ni­sa­tion sociale non démo­cra­tique. » je ne com­prends pas en quoi une telle orga­ni­sa­tion de la socié­té est anti-demi­cra­tique. jnai essayé de pen­ser à d’autres formes de socié­té vrai­ment démo­cra­tiques, mais je n’en voit aucune sans « orga­ni­sa­tion ». Je suis vrai­ment curieuse d’a­voir votre avis ! Mer­ci d’a­vance 🙂 Mel

    1. On ne dit pas qu’une socié­té démo­cra­tique est une socié­té sans orga­ni­sa­tion. Ce qu’on sou­ligne, c’est qu’une socié­té qui doit être orga­ni­sée à l’é­chelle pla­né­taire, c’est-à-dire à une échelle qui dépasse lar­ge­ment l’é­chelle humaine, qui plus est une socié­té fon­dée sur des tech­no­lo­gies com­plexes (ou hautes tech­no­lo­gies, high-tech), sera néces­sai­re­ment socia­le­ment stra­ti­fiée, hié­rar­chique. Non démo­cra­tique. Ain­si qu’O­li­vier Rey l’ex­plique dans son livre « Une ques­tion de taille », que je te conseille, et ain­si que le com­pre­naient beau­coup de pen­seurs, dont Jean-Jacques Rous­seau, dans son « Pro­jet de consti­tu­tion pour la Corse », rédi­gé en 1765, par exemple :

      « Un gou­ver­ne­ment pure­ment démo­cra­tique convient à une petite ville plu­tôt qu’à une nation. On ne sau­rait assem­bler tout le peuple d’un pays comme celui d’une cité et quand l’autorité suprême est confiée à des dépu­tés le gou­ver­ne­ment change et devient aristocratique. »

      Lewis Mum­ford, expli­quait, lui, en 1973, que « la démo­cra­tie est une inven­tion de petite socié­té. Elle ne peut exis­ter qu’au sein de petites com­mu­nau­tés. Elle ne peut pas fonc­tion­ner dans une com­mu­nau­té de 100 mil­lions d’individus. 100 mil­lions d’individus ne peuvent être gou­ver­nés selon des prin­cipes démocratiques. »

      1. Bon­soir,

        Mais du coup, com­ment gérer des pro­blèmes mon­diaux ? car nous sommes tous sur la même pla­nète et donc il y aura for­cé­ment des ques­tions à gérer tou.te.s ensemble.…
        On fini­ra tou­jours par ne pas plaire à une par­tie +- grande du peuple.
        (c’est déjà le cas au niveau des nations comme elles sont gérées actuellement )

        Mer­ci ,

        1. Per­sonne ne gère les « pro­blèmes mon­diaux ». Les Etats-nations ne font que pro­mou­voir « l’a­dap­ta­tion » à coup de sur­en­chère tech­no­lo­gique et de crois­sance éco­no­mique, cad en per­sis­tant dans ce qui créé les « pro­blèmes mondiaux »

  2. Beau­coup de bonnes idées, mais jus­te­ment peut-être un peu trop pour être (faci­le­ment) digérable.
    L’as­pect média­tique de la com­mu­ni­ca­tion de Gre­ta Thun­berg m’a­vait un peu aga­cé, sans que j’in­ves­tisse un effort à le décontruire.
    La cri­tique du « déve­lop­pe­ment durable » (et de la tra­duc­tion du mot sus­tai­nable) m’a­vait échap­pée. Je garde un sou­ve­nir ému de Gro Har­lem Brundt­land, et j’es­père ne pas avoir à le remettre en question.
    Donc, je ne demande qu’à être convaincu…

  3. Bien que d’ac­cord avec nom­breuses des idées évo­quées, je suis curieux de savoir quelles alter­na­tives tu pro­poses à cette » crois­sance verte » à la mode.
    J’ai dû mal à en trou­ver moi-même, d’où mon inté­rêt de ton retour. Merci !

    1. Je te conseille de fouiller notre site, ou de te pro­cu­rer le livre Deep Green Resis­tance. Tu y trou­ve­ras des réponses. Pour faire très simple : la socié­té hau­te­ment tech­no­lo­gique n’a aucun ave­nir. Il n’y a pas de socié­té indus­trielle durable ou verte. Les seuls modèles de socié­tés viables sont des socié­tés à taille humaine (petites) et basées sur des basses tech­no­lo­gies (tech­no­lo­gies douces, tech­no­lo­gies démo­cra­tiques). On fini­ra par reve­nir ou par réin­ven­ter ce type de socié­té ou bien on crè­ve­ra avant.

  4. Lire cet article c’est voir la réa­li­sa­tion du puzzle en accé­lé­ré ! Dis­cer­ner la spon­ta­néi­té juvé­nile de l’in­ter­pré­ta­tion brillante, c’é­tait la pièce qui me man­quait pour remon­ter le fil du scé­na­rio… Merci !

  5. Bon­jour,
    Mer­ci pour l’ar­ticle. J’ai adhé­ré à Extinc­tion Rebel­lion France en me disant que le mou­ve­ment semble peu enclin à bros­ser le capi­ta­lisme dans le sens du poil. Appa­rem­ment tout n’est pas figé mais il va fal­loir qu’on soit nom­breux pour que la ligne direc­trice se démarque des grosses ONG de l’en­vi­ron­ne­ment. J’es­père que les mili­tants d’EX France te liront qu’ils en tire­ront les conclu­sions qui s’imposent.

  6. Un grand mer­ci pour cet article et les com­men­taires. Je rejoins ceux de Ade­li­ta Vil­la et de JF. Je ne les répète donc pas.
    Naï­ve­té : j’ai long­temps cru que de nom­breux éco­lo­sen­sibles avaient com­pris ce que tu exposes dans ton article.
    Pour Extinction/Rebéllion France rien n’est écrit.

  7. Pour Chom­sky, la réfé­rence date de 1991, un peu ancien comme réfé­rence de ces pro­pos. On est plus en 1991, des choses paraissent plus évi­dentes main­te­nant. Pos­sible que depuis il ait chan­gé d’i­dée, non ?
    je vois son dis­cours ici qui ne dit rien, mais qui pose une autre vue sur la situa­tion actuelle que le monde de 91 : https://www.youtube.com/watch?v=S55lCaAhmWE

    1. Rien n’in­dique qu’il ait chan­gé de posi­tion. Le dis­cours que vous met­tez en lien, que j’ai sous-titré, m’a­vait inté­res­sé pour cer­taines rai­sons mais on constate bien que sa pers­pec­tive est tou­jours entiè­re­ment anthro­po­cen­trée, et même socio­cen­trée, c’est l’a­néan­tis­se­ment de la civi­li­sa­tion qui consti­tue à ses yeux l’é­vè­ne­ment le plus dra­ma­tique auquel nous fai­sions face. Voir : https://partage-le.com/2018/07/le-narcissisme-pathologique-de-la-civilisation-par-nicolas-casaux/

      Du coup, si sur ce point-là il n’a pas chan­gé, il en est pro­ba­ble­ment de même pour le reste.

  8. « Jusqu’ici, Extinc­tion Rebel­lion pré­tend ins­crire son action dans la lignée de la résis­tance non-vio­lente prô­née par Gand­hi et Mar­tin Luther King. Il prend éga­le­ment pour modèle rien de moins que le « Comi­té des 100 », le cœur du mou­ve­ment de « déso­béis­sance civique » du pseu­do-paci­fiste anglais, Ber­trand Rus­sell. Rap­pe­lons que pour ce der­nier, la « psy­cho­lo­gie des foules » est un ins­tru­ment majeur en poli­tique, y com­pris pour mani­pu­ler les indi­vi­dus dès leur petite enfance (…) » https://solidariteetprogres.fr/chroniques-strategiques/extinction-rebellion-city-de-londres-bulle-verte.html

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