Les marchands d’illusions vertes occidentaux, des USA à la France, de Bill McKibben à Cyril Dion (par Nicolas Casaux)

Dans les États occi­den­taux — mais ailleurs aus­si, selon toute pro­ba­bi­li­té — il existe un micro­cosme de per­son­na­li­tés éco­lo­gistes auto­ri­sées et régu­liè­re­ment invi­tées dans les médias de masse, assez appré­ciées des auto­ri­tés de leur pays res­pec­tif, et qui, pour ces rai­sons, repré­sentent à elles seules, aux yeux du grand public, la mou­vance éco­lo­giste. « La » mou­vance, parce que ces éco­lo­gistes font gros­so modo la pro­mo­tion des mêmes idées, des mêmes croyances. Ils se congra­tulent d’ailleurs régu­liè­re­ment les uns les autres, fai­sant imman­qua­ble­ment réfé­rence aux tra­vaux des uns et des autres dans leurs dif­fé­rents ouvrages — édi­tés par d’importantes mai­sons d’édition, ou pro­duits par d’importantes boites de pro­duc­tion, et chro­ni­qués dans les plus grands quotidiens.

Aux USA, nous retrou­vons par exemple Bill McKib­ben, Nao­mi Klein et Alexan­dria Oca­sio-Cor­tez. William Ernest « Bill » McKib­ben, diplô­mé d’Har­vard, com­mence sa car­rière au New Yor­ker, où il tra­vaille cinq années durant. À la suite de quoi il entame une car­rière d’écrivain free­lance, publiant régu­liè­re­ment dans divers jour­naux et maga­zines majeurs — comme The New York Times, The Atlan­tic, The New Yor­ker, Natio­nal Geo­gra­phic, Rol­ling Stone et The Guar­dian — et signant quelques ouvrages chez d’importantes mai­sons d’édition. En 2007, il fonde, grâce aux dons de diverses fon­da­tions pri­vées de richis­simes capi­ta­listes, comme le Rocke­fel­ler Bro­thers Fund, l’ONG désor­mais inter­na­tio­nale 350(.org), qui conti­nue d’être majo­ri­tai­re­ment finan­cée par des fonds pri­vés pro­ve­nant de fon­da­tions pri­vées, sou­vent liées à d’importantes mul­ti­na­tio­nales (Cli­ma­te­Works, Ford Foun­da­tion, etc.). Le maga­zine Forei­gn Poli­cy le compte par­mi les 100 plus impor­tants pen­seurs mon­diaux de l’année 2009. En 2010, le Bos­ton Globe le qua­li­fie de « prin­ci­pal éco­lo­giste du pays », et le Time, en la per­sonne de Bryan Walsh, de « meilleur jour­na­liste éco­lo du monde ». Pen­dant les pri­maires pré­si­den­tielles du Par­ti démo­crate amé­ri­cain de 2016, Bill McKib­ben sert de rem­pla­çant poli­tique au séna­teur du Ver­mont Ber­nie San­ders, l’u­nique can­di­dat face à Hil­la­ry Clin­ton. Ber­nie San­ders nomme d’ailleurs Bill McKib­ben au sein du comi­té char­gé d’é­crire le pro­gramme poli­tique du Par­ti démo­crate pour 2016.

Nao­mi Klein est une jour­na­liste et essayiste états-unienne, auteure de livres que cer­tains prennent à tort pour des cri­tiques du capi­ta­lisme en géné­ral cepen­dant qu’elle pré­cise elle-même dénon­cer uni­que­ment une cer­taine forme de capi­ta­lisme — un capi­ta­lisme finan­cia­ri­sé, débri­dé, incon­trô­lé, etc. Elle écrit éga­le­ment pour divers médias grand public, dont The Nation, The Globe and Mail, This Maga­zine, Har­per’s Maga­zine et The Guar­dian, et siège au conseil d’administration de l’ONG 350(.org). Son der­nier livre en date, publié fin 2019, s’intitule The Bur­ning Case for a Green New Deal (« Plai­doyer brû­lant en faveur d’un Green New Deal », ou, « Plai­doyer brû­lant en faveur d’un nou­vel accord vert », mais ça en jette moins).

Alexan­dria Oca­sio-Cor­tez, diplô­mée de l’université de Bos­ton, est une poli­ti­cienne « élue le 6 novembre 2018 repré­sen­tante du 14e dis­trict de New York à la Chambre des repré­sen­tants des États-Unis ». Elle est ain­si « la plus jeune can­di­date jamais élue au Congrès amé­ri­cain ». Elle se reven­dique du socia­lisme démo­cra­tique de Ber­nie San­ders, qu’elle sou­tient pour les pri­maires pré­si­den­tielles du Par­ti démo­crate de 2020 (lors de la cam­pagne pré­si­den­tielle de 2008, elle fai­sait du démar­chage télé­pho­nique pour le can­di­dat démo­crate Barack Oba­ma). Elle est connue pour son enga­ge­ment en faveur d’un Green New Deal, afin, entre autres, que « les États-Unis passent d’i­ci 2035 à un réseau élec­trique fonc­tion­nant à 100 % grâce aux éner­gies renou­ve­lables, pour ain­si mettre fin à l’u­ti­li­sa­tion des com­bus­tibles fossiles ».

Au Royaume-Uni, men­tion­nons, par exemple, George Mon­biot, Rob Hop­kins et Kate Raworth. Kate Raworth est une éco­no­miste anglaise, auteure du livre La théo­rie du donut, et membre d’Extinction Rebel­lion. Elle fait d’ailleurs par­tie des auteurs du livre This Is Not A Drill : An Extinc­tion Rebel­lion Hand­book (« Ce n’est pas un exer­cice : un manuel d’Extinction Rebel­lion »). Elle sou­tient, elle aus­si, l’idée d’un Green New Deal (nou­vel accord vert).

Rob Hop­kins est « un ensei­gnant en per­ma­cul­ture bri­tan­nique, ini­tia­teur en 2005 du mou­ve­ment inter­na­tio­nal des villes en tran­si­tion » (Wiki­pe­dia). Mou­ve­ment qui s’est déve­lop­pé en France aus­si, ses livres ayant été tra­duits en fran­çais. Son der­nier, d’ailleurs, inti­tu­lé From What Is to What If : Unlea­shing the Power of Ima­gi­na­tion to Create the Future, lit­té­ra­le­ment : « De ce qui est à ce qui pour­rait être : libé­rer le pou­voir de l’imagination pour créer le futur que nous vou­lons », sera bien­tôt publié aux édi­tions Actes Sud, sous le titre « Et si ? » (plus court, on retient mieux), avec une pré­face de Cyril Dion. Actes Sud, pré­ci­sons tou­jours, au cas où, c’est la mai­son d’édition de Fran­çoise Nys­sen, notre ex-ministre de la Culture de Macron, chez qui sont publiés Cyril Dion, Pierre Rabhi, etc., qui édite éga­le­ment une ver­sion fran­çaise du livre Draw­down de Paul Haw­ken, un autre éco­lo états-unien rela­ti­ve­ment connu dans son pays et à l’international, pro­mo­teur d’un « capi­ta­lisme natu­rel » qui semble plaire à Cyril Dion (qui pré­face le livre, dont il espère qu’il « consti­tue­ra une véri­table feuille de route dont se sai­si­rons les élus, les chefs d’entreprise et cha­cun d’entre nous »).

George Mon­biot est un écri­vain et jour­na­liste qui tra­vaille depuis long­temps pour le célèbre quo­ti­dien bri­tan­nique The Guar­dian (pour lequel écrivent aus­si Nao­mi Klein et Bill McKib­ben). Lui aus­si sou­tient l’idée d’un Green New Deal (nou­vel accord vert). Lui aus­si cri­tique par­fois le capi­ta­lisme, mais pas vrai­ment, seule­ment les excès du capi­ta­lisme en réa­li­té, jamais ses fon­de­ments. Bien des éco­los sont dans le même cas : « le capi­ta­lisme, c’est pas bien » — mais bon, il nous faut tout de même des emplois verts, des entre­prises éco­los, des mar­chan­dises écolos/bio/durables, un sys­tème moné­taire éco­lo, etc. En outre, et à la dif­fé­rence de la plu­part des éco­los ici men­tion­nés, Mon­biot est un fervent défenseur/promoteur du nucléaire (« de la plu­part », parce que vis-à-vis du nucléaire, Alexan­dria Oca­sio-Cor­tez adopte une posi­tion de neu­tra­li­té, « ni pour ni contre »).

En France, nous avons Cyril Dion et Nico­las Hulot, notam­ment, et dans une moindre mesure Isa­belle Delan­noy, Yann Arthus-Ber­trand, Maxime de Ros­to­lan & Co. Cyril Dion passe régu­liè­re­ment à la télé­vi­sion, col­la­bore avec le gou­ver­ne­ment Macron, écrit dans le jour­nal Le Monde, pro­duits ses docu­men­taires en col­la­bo­ra­tion avec France Télé­vi­sions, l’AFD, etc.

(Il existe cer­tai­ne­ment des Cyril Dion, des Bill McKib­ben et des Nao­mi Klein alle­mands, espa­gnols, ita­liens, etc., mais il ne me semble pas utile de mul­ti­plier les exemples.)

Mal­gré quelques dif­fé­rences, tous ces gens ont en com­mun de faire la pro­mo­tion d’un futur vert rela­ti­ve­ment radieux, d’une socié­té tech­no­lo­gique et indus­trielle capi­ta­liste (mais fonc­tion­nant selon les règles d’un « autre capi­ta­lisme », d’un « capi­ta­lisme natu­rel », bio, ou que sais-je encore) éco­lo­gique, verte, durable et démo­cra­tique. C’est-à-dire d’une ver­sion verte et démo­cra­tique de notre socié­té actuelle, réagen­cée selon d’autres cri­tères (bio, éco, durable), s’appuyant davan­tage voire uni­que­ment sur des tech­no­lo­gies vertes (ver­sions bio ou éco des tech­no­lo­gies non-encore-vertes actuelles : smart­phones verts, voi­tures vertes, etc.). La même socié­té, pour l’essentiel, mais en décli­nai­son « verte ».

Cela étant, cer­tains de nos éco­lo­gistes média­tiques sont plus gro­tesques que d’autres. Bill McKib­ben, par exemple, dans son der­nier livre, inti­tu­lé Fal­ter : Has the Human Game Begun to Play Itself Out ? (« Péri­cli­ter : le jeu humain tire-t-il à sa fin ? »), se contente de pré­sen­ter les pan­neaux solaires comme la tech­no­lo­gie magique qui nous per­met­trait de résoudre tous nos pro­blèmes, sans trop exa­mi­ner les tenants et les abou­tis­sants de cette idée, sans trop exa­mi­ner aucun des innom­brables autres aspects qui com­posent l’insoutenabilité mani­feste de la socié­té indus­trielle. L’installation de pan­neaux solaires dans la brousse afri­caine afin de per­mettre aux locaux de rechar­ger (et donc d’acheter) des smart­phones, des télé­vi­seurs, des lec­teurs DVD, des chaines Hi-Fi, voi­là la solu­tion à tous nos pro­blèmes. Le titre d’un article publié sur le site du Guar­dian, pré­sen­tant Bill McKib­ben et son ONG, en dit long, citant McKib­ben lui-même : « Bill McKib­ben : ‘There’s clear­ly money to be made from sun and wind’ » (« Bill McKib­ben : « Il y a clai­re­ment de l’argent à gagner dans le solaire et l’éo­lien » »). Cyril Dion et Rob Hop­kins, par exemple, ne mettent pas aus­si gros­siè­re­ment les pieds dans le plat. Pour autant, leurs récits ne sont pas moins absurdes.

Chez ces figures de l’é­co­lo­gisme média­tique, nulle remise en ques­tion de l’État ou des fon­de­ments du capi­ta­lisme, l’important consiste à créer de l’emploi (vert) et à pro­duire de l’énergie « verte » (qui, idéa­le­ment, rem­pla­ce­rait la non-verte) pour que les gens puissent tra­vailler et ache­ter les mar­chan­dises (vertes) dont ils ont besoin ; à faire dimi­nuer le taux de car­bone atmo­sphé­rique ; nulle inter­ro­ga­tion sur la com­pa­ti­bi­li­té (ou l’incompatibilité) entre tech­no­lo­gies com­plexes (hautes tech­no­lo­gies) et démo­cra­tie, entre indus­tria­lisme et démo­cra­tie, entre socié­té de masse et démo­cra­tie, entre indus­tria­lisme et éco­lo­gie, entre high-tech et éco­lo­gie ; nul exa­men des pré­ten­tions « vertes » asso­ciées à de tou­jours plus nom­breuses tech­no­lo­gies (pan­neaux solaires, éoliennes, cen­trales à bio­masse, etc.). Ain­si font-ils la pro­mo­tion des tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergie dite « verte », pan­neaux solaires et éoliennes, notam­ment, sans jamais, ou presque, exa­mi­ner leurs impacts envi­ron­ne­men­taux, de bout en bout de leur chaîne de pro­duc­tion, les infra­struc­tures indus­trielles, les outils indus­triels néces­saires à leur pro­duc­tion ; sans jamais, ou presque, exa­mi­ner le genre de régime poli­tique, d’organisation sociale, que requiert leur pro­duc­tion ; sans jamais, ou presque, exa­mi­ner les usages de ces éner­gies dites « vertes » : outre la ques­tion de savoir si oui ou non les pan­neaux solaires peuvent être consi­dé­rés comme des tech­no­lo­gies « vertes » (mul­ti­plier l’ajout de « moindres maux » dans une situa­tion déjà très mau­vaise, est-ce une bonne chose ?), quid de l’électricité qu’ils pro­duisent ? Qu’alimente-t-elle ? Ses usages peuvent-ils être consi­dé­rés comme écologiques ?

Quoi qu’il en soit, au bout du compte, on com­prend aisé­ment pour­quoi ces indi­vi­dus sont invi­tés par les médias de masse, qui les pré­sentent comme les dignes repré­sen­tants du « mou­ve­ment éco­lo­giste », à dif­fu­ser la bonne parole. Pour­quoi ils béné­fi­cient de sou­tiens finan­ciers en tous genres (mécènes, fon­da­tions, ins­ti­tu­tions d’État, etc.) pour leurs tra­vaux. Vendre des illu­sions ras­su­rantes, faire en sorte que les gens gardent espoir (une autre socié­té tech­no-indus­trielle capi­ta­liste est pos­sible), accom­pa­gner et faire accep­ter le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique actuel de la socié­té indus­trielle, invi­si­bi­li­ser les cou­rants éco­lo­gistes plus gênants car plus cri­tiques, plus mena­çants vis-à-vis de l’ordre social actuel : leur rôle est multiple.

Leur suc­cès rela­tif s’explique entre autres par le fait qu’ils jouent sur une corde sen­sible pré­sente chez la plu­part des habi­tants de la socié­té indus­trielle. Y com­pris chez les éco­lo­gistes. La plu­part d’entre nous avons été condi­tion­nés de telle façon qu’une de nos prin­ci­pales inquié­tudes, un de nos prin­ci­paux sou­haits, est la per­pé­tua­tion de la socié­té tech­no­lo­gique. D’où toutes ces Unes titrant des choses comme : « Si les choses conti­nuent comme ça, la civi­li­sa­tion indus­trielle pour­rait s’effondrer ! ». Voi­là la crainte. Ce n’est pas tant la des­truc­tion (en cours) du monde que celle (poten­tielle, à venir) de la civi­li­sa­tion indus­trielle (les deux, la civi­li­sa­tion indus­trielle et le monde, tendent d’ailleurs à être confon­dus). Mark Boyle, un éco­lo­giste bri­tan­nique, le for­mule ain­si :

« La plu­part d’entre nous sommes moins déran­gés par l’idée de vivre dans un monde sans martres des pins, sans abeilles mel­li­fères, sans loutres et sans loups qu’à l’idée de vivre dans un monde sans médias sociaux, sans cap­puc­ci­nos, sans vols éco­no­miques et sans lave-vais­selle. Même l’écologisme, qui a un temps été moti­vé par l’amour du monde natu­rel, semble désor­mais plus concer­né par la recherche de pro­cé­dés un peu moins des­truc­teurs qui per­met­traient à une civi­li­sa­tion sur­pri­vi­lé­giée de conti­nuer à sur­fer sur inter­net, à ache­ter des ordi­na­teurs por­tables et des tapis de yoga, que par la pro­tec­tion de la vie sauvage. »

Bien loin des enthou­siastes récits verts que nous content les éco­los média­tiques, ce que l’on constate, concrè­te­ment, c’est le déve­lop­pe­ment de nou­velles nui­sances estam­pillées « vertes », « propres », « durables » (construc­tion de parcs éoliens, de cen­trales solaires, etc.), qui s’ajoute au déve­lop­pe­ment des nui­sances indus­trielles clas­siques (routes, usines, exploi­ta­tions fores­tières, minières, etc.) — nui­sances indus­trielles clas­siques qui servent d’ailleurs par­fois à per­mettre le déve­lop­pe­ment des nou­velles nui­sances vertes (il faut bien que les maté­riaux ser­vant à fabri­quer pan­neaux solaires et éoliennes, voi­tures élec­triques et bat­te­ries au lithium, à fabri­quer et ali­men­ter les cen­trales à bio­masse, viennent de quelque part). Les forêts partent en fumée, les océans s’acidifient, se réchauffent et se rem­plissent de plas­tique. La machine est inarrêtable.

Dans la situa­tion pré­sente, par­ti­cu­liè­re­ment com­plexe, des tas de ques­tions cru­ciales méritent d’être posées qui ne le sont jamais par nos éco­lo­gistes média­tiques — logique, leur rôle est, entre autres, d’éviter qu’elles ne le soient — (en voi­ci quelques-unes : Que vou­lons-nous ? Quelles sont les choses les plus impor­tantes au monde ? La chose la plus impor­tante au monde ? Qu’est-ce que le monde ? Une gigan­tesque conur­ba­tion ? Des métro­poles, des ban­lieues, des routes, des bâti­ments, des maga­sins, des usines, des télé­vi­seurs, des smart­phones ? L’habitat de l’homme, qui aurait tout inté­rêt à en faire un immense champ bio agré­men­té d’exploitations fores­tières pro­duc­trices de bio­masse à des­ti­na­tion de cen­trales d’éner­gie verte, et d’exploitations minières éco­lo­giques à four­nir des maté­riaux pour les éco­fair­phones du futur ? Ou la pla­nète Terre, l’habitat d’innombrables espèces, qu’une socié­té humaine — la civi­li­sa­tion indus­trielle — détruit à grande vitesse ? La socié­té indus­trielle peut-elle être réfor­mée ? Ou consti­tue-t-elle une machine irré­for­mable ? Cela a‑t-il un sens de comp­ter sur les gou­ver­ne­ments pour sau­ver la situa­tion ? High-tech — tech­no­lo­gies com­plexes — et éco­lo­gie sont-elles com­pa­tibles ? High-tech et démo­cra­tie ? Socié­té de masse et démo­cra­tie ? Les tech­no­lo­gies dites vertes le sont-elles vrai­ment ? À quoi sert l’énergie dite verte ? Les usages qu’à la socié­té indus­trielle de l’énergie qu’elle obtient sont-ils béné­fiques ou nui­sibles pour le monde natu­rel ? Est-il plus pro­bable que les des­truc­tions éco­lo­giques pla­né­taires soient enrayées par une réforme de la socié­té indus­trielle ou par son effon­dre­ment ? Un mou­ve­ment visant à faire écrou­ler la socié­té indus­trielle a‑t-il une chance d’y par­ve­nir ? Est-il pos­sible de conci­lier des objec­tifs réfor­mistes avec des objec­tifs révo­lu­tion­naires ? Existe-t-il des ini­tia­tives à rejoindre ou à créer qui, sans être immé­dia­te­ment révo­lu­tion­naires, ou déci­sives, peuvent per­mettre de véri­ta­ble­ment amé­lio­rer la situa­tion sur des plans sociaux et/ou écologiques ?).

Il n’y a qu’en par­ve­nant à for­mu­ler les inter­ro­ga­tions et les dis­cus­sions les plus hon­nêtes pos­sibles que nous aurons une chance de par­ve­nir aux réponses les plus justes possibles.

(L’image de cou­ver­ture de cet article, reprise, voire ci-des­sous, pour la cou­ver­ture du der­nier livre, à paraître en fran­çais, de Rob Hop­kins, est signi­fi­ca­tive car repré­sen­ta­tive des innom­brables images d’un futur urbain-high-tech-éco-bio que les éco­los grand public vendent aux gens. Vous remar­que­rez l’engin volant éco­lo­bio qui domine l’écocité avec son éco­tram­way etc., etc. Un fan­tasme — que beau­coup trou­ve­raient fort sou­hai­table, mais que ceux qui appré­cient les grands espaces rela­ti­ve­ment sau­vages, qui vivent mal la sur­con­cen­tra­tion démo­gra­phique, l’artificialisation/l’anthropisation totale du pay­sage, trou­ve­raient sans doute cau­che­mar­desque — qui n’a aucune chance d’advenir.)

L’illu­sion verte, en image

Nico­las Casaux

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4 comments
  1. Si j’é­tais un intel­lec­tuel, publiant ou publié, je pren­drais de plus en plus en compte et de plus en plus sérieu­se­ment le sérieux de l’hy­po­thèse sui­vante : La mis­sion <> du pro­blème éco­lo­gique et de ses déri­vés est avant tout de faire appa­raitre dans le récit col­lec­tif et donc dans la conscience col­lec­tive et dans l’in­cons­cient col­lec­tif le fait que les « grands » médias, intel­lec­tuels, élites éco­no­miques et poli­tiques, prennent la cause du vivant en grande consi­dé­ra­tion pour faire oublier aux yeux de tous que pen­dant ce temps là toutes les formes de pou­voir pro­mou­vant le mon­dia­lisme et le glo­ba­lisme tra­vaillent à conver­tir l’hu­main en une mar­chan­dise, qui plus est en une mar­chan­dise comme une autre.
    En bref, une dic­ta­ture se vou­lant huma­niste aux yeux des masses pour conti­nuer à avan­cer de plus en plus vite et avec tou­jours plus de latitudes..

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