Nous vous proposons ci-après un entretien avec Dalirboka Milovanovic, réalisé par Kevin Amara, un de nos contributeurs. Daliborka Milovanovic gère la maison d’édition Le Hêtre Myriadis, qui s’intéresse particulièrement à la question de l’enfance et du vivre ensemble. Elle est à l’origine de la notion d’écoparentalité.
Kevin Amara : On trouve de plus en plus de papiers, de documentaires, de sujets en tout genre, s’opposant à l’éducation — ou la parentalité — positive, notamment depuis le dossier consacré à ces thématiques dans le numéro de Libération en date du 6 février 2018. Qu’en pensez-vous ?
Daliborka Milovanovic : J’en pense qu’il ne faut pas mélanger toutes les critiques de l’éducation dite positive et qu’il faut bien identifier l’idéologie sous-jacente à laquelle se raccroche une critique donnée.
Les critiques sont de deux types : les critiques idéologiques et les critiques de méthode. Le problème est qu’une critique de méthode masque souvent une critique idéologique qui s’ignore ou n’assume pas toutes ses implications. En effet, les critiques idéologiques s’appuient sur des postulats anthropologiques, sociaux, éthiques voire économiques qui sont soient inconscients, soient masqués, mais en tout cas, inexprimés.
Les « continuistes », qui aiment bien brouiller les pistes, pourraient affirmer qu’il existe autant de critiques que de systèmes de valeurs et de conceptions de l’humain et de sa destinée. Mais en réalité, deux grandes tendances sont assez aisées à identifier : celle qui tend à restreindre les libertés et celle qui tend à les respecter. On peut constater que cette opposition recoupe celle entre la tendance à considérer les enfants comme « mauvais » ou « incompétents » et la tendance à les considérer comme « bons » ou « compétents ». Le pédiatre espagnol Carlos Gonzalez est de ces radicaux binaires là, et je l’affirme sans aucune intention de péjorer son point de vue qui brille par sa clarté et son intégrité.
Les querelles de méthode sont un gouffre sans fond. Elles sont sans issues. Parfois, des données expérimentales, des statistiques, des études scientifiques viennent trancher et relèguent certaines méthodes au placard comme inefficaces voire nocives. Les méthodes éducatives sont ainsi, elles évoluent comme les espèces : il faut qu’une méthode constitue un désavantage évolutif pour la voir disparaître. Cependant, on n’a en général pas besoin du secours de la science pour constater qu’une méthode ne fonctionne pas si l’objectif est clair et bien défini. Après tout, on a plusieurs centaines de millénaires dans les pattes et on a eu moultes occasions de sélectionner ce qui marche le mieux. La méthode par essai, erreur et rectification, c’est plutôt sûr.
Parfois, ce sont les évolutions idéologiques, qui impliquent invariablement une évolution des objectifs et des horizons d’une société, qui rendent une méthode obsolète ou inadaptée.
Mais, la plupart du temps, si la méthode est la pomme de la discorde des éducateurs, ce n’est même pas la faute des éducateurs qui pêcheraient par orgueil mal placé. C’est plutôt la faute à l’idée même de méthode à appliquer à tous les esprits et tous les corps comme s’ils réagissaient tous de manière identique.
Les oppositions idéologiques, en revanche, lorsqu’on parvient à les exhiber, ont tendance à clore le débat, en général en faveur de celui qui représente une position dominante et qui, du fait de cette position, impose son système de valeurs et ses objectifs aux autres.
Ainsi, lorsqu’on lit une critique de l’éducation positive dans un média, il peut être utile d’identifier celui ou celle qui parle, ainsi que le cadre dans lequel il ou elle s’exprime et les intérêts que cette critique semble servir. Pour moi, clairement, une critique rédigée par Marcel Rufo dans un média comme Le Point n’a pas du tout la même valeur qu’une critique formulée par, mettons, Thierry Pardo, dans Le Comptoir. Dans ces deux exemples, les conceptions de la nature humaine et des objectifs de l’éducation sont diamétralement opposées. Marcel Rufo ayant au moins l’honnêteté intellectuelle de dérouler ses postulats sexistes et misogynes, on peut se faire une idée assez claire de ce qui l’embête dans l’éducation dite positive. C’est bien moins évident chez des personnes qui « s’avancent masquées », qui ont tout l’air de progressistes humanistes, de tracer la méfiance anti-libertaire qui se dissimule sous des couches de bonnes intentions mal placées.
J’ai co-écrit avec Cécile Kovacshazy une tribune co-signée par de « grands noms » de la parentalité positive en réponse au dossier de Libération que vous évoquez dans votre question. Ce n’est pas parce que je suis dépourvue d’esprit critique en ce qui concerne les styles et méthodes éducatives qui s’en réclament mais parce que j’en ai assez qu’on stigmatise et discrédite tous les efforts que font de plus en plus de parents et d’éducateurs pour enfin faire de l’enfant un sujet qui a des droits qui doivent être respectés (des droits définis de son point de vue, et pas du point de vue des parents, aussi motivé celui-ci soit-il par « l’intérêt supérieur de l’enfant ») et qui a, non seulement un libre arbitre, mais aussi des compétences qui lui permettent d’évaluer ce dont il a besoin et ce qui lui convient.
Critiquer l’éducation positive quand elle se présente, et cela arrive parfois, comme une nouvelle façon, plus douce, plus carotte que bâton, qui sert les mêmes buts et la même idéologie qui nient les besoins et les droits des enfants, j’y vais. Voir par exemple mon article critique sur les techniques de communication non violente appliquées aux enfants.
Critiquer l’éducation positive parce que, tout de même, chacun est libre de mettre des fessées à son enfant et on ne laissera personne s’immiscer dans la sphère privée qu’est la sphère familiale, lieu privilégié, est-il utile de le rappeler, de toutes les violences exercées sur les enfants, là, je freine des quatre fers.
Selon la formule consacrée, mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde, parait-il. Les termes sont légion et l’on peine à s’y retrouver : éducation bienveillante, parentalité positive, éducation positive, parentalité bienveillante, maternage proximal… Vous avez quant à vous forgé celle d’ « éco-parentalité ». Quelles sont les différences — et les similitudes, s’il y en a — que vous souhaitiez souligner en ayant recours à un nouveau terme ?
J’aime bien les cadres de pensée unifiants. Je suis avide de cohérence et je sais que les contradictions ne sont souvent que des illusions dues à une réduction du champ. Lorsque j’ai adopté à la naissance de mes enfants les pratiques puériculturelles et éducatives qu’aujourd’hui, je caractérise comme relevant de l’écoparentalité, je percevais intuitivement un lien, une cohérence entre elles, sans parvenir à l’expliciter. J’ai voulu nommer cette cohérence mais je ne trouvais, dans la littérature sur l’éducation, aucune formule exhaustive. Chacune des formules que vous venez de citer ne nomme qu’un aspect de l’écoparentalité. Elles cloisonnent des pratiques, qui s’appellent pourtant l’une l’autre, et donnent l’illusion que celles-ci sont hétérogènes et que leur adoption relève du goût personnel, du lifestyle plutôt que d’une vision globale de la nature de l’enfant et de l’humain et d’un système de valeurs. Je me rappelle de discussions où des parents affirmaient qu’on n’était pas obligé d’adopter tout le package « allaitement-cododo-portage-bienveillance… » et que « chacun pioche selon ses goûts, ses préférences, son style de vie, ses besoins, ses valeurs… ». Comment ne pas être d’accord avec cette idée ? Mais, si l’on suit cette maxime libéraliste, on peut se retrouver avec des compositions fort dissonantes comme, par exemple, un allaitement qui exclut le sommeil partagé. Pourtant l’allaitement et le sommeil partagé sont si liés d’un point de vue physiologique et éthologique que des anthropologues ont forgé la notion de breastsleeping que j’ai traduite par « sommeil allaité ».
Progressivement, il m’est apparu que ce qui caractérisait les liens qui se tissaient entre l’enfant et son pourvoyeur de soins dans le maternage proximal, durant les années de petite enfance, puis dans le unschooling, plus tard, c’est la continuité des liens et des interactions, l’attention soutenue aux besoins de tous et le respect de la singulière liberté de chacun. C’est ce que j’ai appelé une relation écologique. Dans l’écoparentalité, les relations familiales en particulier, avec tous les êtres vivants en général, sont écologiques.
En fait, parmi les expressions proposées, la moins réductrice est peut-être « maternage proximal » car la proximité dans les relations humaines est un enjeu écologique de taille. Dans nos sociétés occidentales, les corps sont séparés par toutes sortes d’artefacts et d’interfaces censés combler une distance que nous avons malencontreusement introduite : biberons, tétines, lits à barreaux, poussettes, cellule (le mot est éloquent) familiale réduite à deux parents voire un seul, crèches, écoles, lieux de travail, réseaux « sociaux » virtuels, écrans, maisons de retraite (retraite ? comme si on se retirait du monde ? mais en réalité, dès la naissance, on est retiré du monde). Nous vouons ainsi un culte à la séparation, à la rupture, à l’ « indépendance » ou l’ « autonomie », aux objets transitionnels ou médiateurs.
Les formules qui utilisent des adjectifs comme « bienveillant » ou « positif » sont malencontreuses car elles induisent l’idée que les autres sont malveillants ou négatifs. Là encore, cela dépend de ce que chacun définit comme bien et comme positif. Cela dépend donc d’un système de valeurs. Et la querelle des méthodes ne cessera pas tant que chacun n’aura pas mis ses cartes sur table, n’aura pas déclaré ses postulats sur la nature humaine et les buts d’une société humaine.
Ce qui est intéressant dans le concept d’écoparentalité, c’est la manière très empirique par laquelle j’y suis arrivée, en observant les familles qui ont adopté tout le « package ». Je dis souvent que l’écoparentalité est une notion descriptive plutôt que prescriptive ou normative comme c’est le cas de formules qui adoptent des termes axiologiques comme « positif » ou « bienveillant ». C’est par l’observation des interactions des membres de ces familles que j’ai entrevu ce qui faisait le lien entre tous les comportements qui relèvent de l’écoparentalité et leur cohérence interne, allaitement non écourté, sommeil partagé, portage, motricité libre, sollicitude et répondance ou empressement à répondre aux appels et aux pleurs, acceptation des émotions, amour inconditionnel, respect des rythmes, des goûts et des dégoûts, apprentissages libres, séparations non forcées…
Et ce qui est frappant, c’est comment nombre de ces familles ont adopté ces comportements non par choix ou par idéologie mais presque par la « force des choses », celle de la vie qui bout en chacun de nous, celle du continuum de l’espèce humaine et de ses attendus biologiques qui sont des guides sûrs. Ce sont là des parents qui, souvent, ont abandonné leurs principes, pour suivre leurs instincts et ceux de leurs enfants qui savent si bien exprimer ce dont ils ont besoin. Une telle expérience des relations humaines construit une toute autre idée de la nature humaine et de ce qui est désirable, un tout autre système de valeurs que celui qui fonde nos sociétés si méfiantes, si suspicieuses envers la « nature », la biologie, l’exubérance du vivant. Une telle expérience permet également de comprendre à quel point nous sommes tous reliés et dépendants les uns des autres. Elle nous invite à une forme d’humilité.
Cette interdépendance, cette intereffectivité de tous les êtres vivants en général, des membres d’une famille, d’une société en particulier implique que les enjeux sociaux sont des enjeux écologiques.
Bien que pertinents, les principes de la parentalité ou éducation positive ou bienveillante ne me semblent pas avoir une aussi grande portée ou pertinence que la notion d’écoparentalité car leur champ me semble plus restreint, ce qui est la cause des contradictions apparentes que certains dénoncent dans les injonctions éducatives adressées aux parents.
Les corps sont de plus en plus séparés les uns des autres, quand ils ne sont pas tout simplement isolés. Ainsi, un nombre toujours plus conséquent de nourrissons ne sont pas allaités au sein mais au biberon, et ce, dès les premiers jours de leurs vies. Cela peut-il leur être préjudiciable ?
On étudie beaucoup les effets du non-allaitement sur la santé physique des enfants à court, moyen et long terme. Beaucoup moins ses effets sur la santé psychique. Encore moins ses conséquences sociales et économiques. La liste des désavantages du non-allaitement sur la santé physique démontrés par diverses études est longue : plus d’affections respiratoires, plus d’allergies, plus d’obésité… Ses effets sur la santé psychique font probablement l’objet d’un grand déni, raison pour laquelle ils sont peu étudiés. Comment admettre que ce qu’on considère habituellement comme un simple mode d’alimentation remplaçable puisse agir sur la psyché ? En commençant par admettre que ce n’est pas un simple mode d’alimentation remplaçable. L’allaitement assure dans la vie ex utero à peu près les mêmes fonctions que la matrice dans la vie in utero. Dans l’utérus, le fœtus ne se contente pas de grossir et de grandir ; il apprend aussi. On peut comparer l’enveloppe utérine à celle que constituent les bras et la poitrine maternels. L’allaitement n’est pas qu’un système de nutrition ; tout comme l’utérus, c’est en même temps un système de chauffage et de protection contre diverses blessures, un terrain de développement sensoriel et moteur, et la matrice d’encodage des programmes neurologiques primaires qui serviront de modèles à toutes les relations futures. Le corps de sa mère est l’habitat naturel, biologique du nourrisson et l’allaitement est la façon biologiquement attendue qu’a le nourrisson de se relier à sa mère, de s’ancrer à la vie, comme l’œuf se niche dans les parois de l’utérus. Empêcher cet enracinement alors que tout le développement de l’enfant en dépend et le remplacer par un mode de relation plus « flottant », plus discontinu, ce à quoi il n’est pas biologiquement préparé, ne peut que lui être préjudiciable aussi bien au plan physique que psychique.
Mais nous nous trompons si nous croyons que les relations familiales discontinues sont récentes et ne datent que de l’invention du lait infantile et de l’hygiène. En réalité, l’abandon de l’allaitement écologique est bien plus ancien. La sociobiologiste Sarah Blaffer Hrdy[1] le situe au moment du grand tournant néolithique qu’elle a qualifié de première « crise néonatale », crise issue d’une reconfiguration des interactions entre les corps de la mère et de son enfant. Cette reconfiguration, anti-écologique, est peut-être une des sources de la violence éducative, comme le postule Olivier Maurel[2].
D’autant plus que chacun sait — plus ou moins — ce que contient le lait infantile…
Je crois qu’on ne se représente pas bien l’inadéquation des laits infantiles. Même pollué, le lait maternel leur reste incommensurablement supérieur et aucun lait infantile, même bio, ne saurait même s’en approcher. À tel point que des médecins, comme Jack Newman[3], préfèrent désormais parler des inconvénients des laits infantiles plutôt que des avantages du lait maternel, rappelant que l’étalon de référence de ce qui est juste normal, c’est l’allaitement et que ce n’est pas tant l’allaitement qui améliore la santé que le non-allaitement qui la détériore…
Par ailleurs, le surcoût et l’aberration écologique que constitue le non-allaitement est abyssal : surcoût en matière de production industrielle aussi bien qu’en matière de dépenses de santé. Le non-allaitement étant capitalisable, il avantage ceux qui en tirent des bénéfices : les industries de l’agro-alimentaire et pharmaceutiques, les patrons qui peuvent disposer de plus de main‑d’œuvre. Et vous voyez bien que les scandales de contamination de boîtes de lait égratignent à peine l’industrie du lait infantile.
L’industrie crée, entretient et profite donc de cet état de fait : les bébés avalent des laits en poudre, poussent dans des transats, apprennent à marcher dans des trotteurs, sucent des tétines, sont reliés à leurs parents via leurs babyphones … En somme, la technique se substitue à la présence et à l’attention. À l’amour ?
On ne peut pas ne pas être relié. Et si on ne peut pas l’être par le corps, on le sera par des objets, des artefacts, des interfaces, comme je l’ai dit plus haut. Mais ce sont des ersatz, des dérivatifs, des détours, des circuits dérivés, longs et sinueux, remplaçant le circuit court, direct, écologique (et ce n’est pas une métaphore !). Parfois même, ce sont des obstacles, des obturations, des impasses, des courts-circuits et la relation s’arrête là, à l’objet qui masque l’humain qui est au-delà. Est-il si étonnant que cela que nous soyons si attachés aux objets ?
Je pense que la définition de l’amour est propre à chacun ; elle se construit dans la première relation qu’on aura tissée avec un être humain. L’amour, au fond, n’est peut-être rien d’autre que cela, une façon de s’accrocher à la vie en s’accrochant à un autre ou à quelque extension ou ersatz de soi que cet autre veut bien offrir. Les objets ne remplacent pas l’amour, ils remplacent les corps. L’amour, lui, est toujours là, inexorable, vital. Mais à quoi s’accroche-t-il ?
On entend parler quasiment partout de communication non violente et ce, parfois… de façon très violente. On trouve énormément de parents dans les rangs de ceux qui s’y adonnent. Quel est votre regard sur ce phénomène ?
Il n’y a pas plus fanatique qu’un converti, comme on dit. Les fraîchement acquis à une cause ont tendance à la défendre avec plus de véhémence. Ils sont plus enthousiastes, je suppose. Et peut-être aussi n’ont-ils pas encore eu le temps d’opérer une analyse critique.
Je n’ai, pour ma part, jamais été enthousiasmée par la communication non violente, telle que définie par Marshall Rosenberg dans Les mots sont des fenêtres. Je l’ai été encore moins par toutes les adaptations pour parents et enfants qui ont pu être proposées ça et là. J’ai co-écrit, avec Victorine Meyers, un article qui interroge la violence contenue dans les techniques de communication non violente. La méthode CNV repose sur l’idée que nous ne savons pas communiquer et nous propose des techniques, essentiellement langagières (certains types de catégorie grammaticale), pour délivrer efficacement le message que nous souhaitons communiquer aux autres. Mais pour pouvoir délivrer un message, encore faut-il pouvoir identifier son besoin. Ce n’est qu’en identifiant ses besoins que nous pourrons formuler des demandes précises, non ambiguës, à son interlocuteur. En soi, l’idée est bonne. Mais l’immense limite de ces techniques, c’est, d’après moi, précisément le fait qu’elles misent tout sur le langage verbal. Et dans le cas des enfants, cette limite est très rapidement atteinte. Dans ce rapport qui devient rapport de domination en faveur de celui qui maîtrise le langage, les enfants se font rapidement entourloupés. Savons-nous comprendre les besoins d’un enfant en observant leur langage à eux qui est souvent non verbal ? Et si nous le savons, sommes-nous vraiment prêts à en tenir compte ? Je vois souvent ces techniques employées pour leur faire accepter un statu quo (vous savez, toutes ces publications se réclamant de la parentalité positive en forme de « 10 techniques pour aider son enfant à écouter en classe/à faire ses devoirs/apprendre ses leçons/manger ses légumes… »), en leur offrant une illusion de choix et de maîtrise de la situation. Parce qu’on est rarement prêt à changer radicalement son mode de vie pour s’adapter au continuum de l’espèce humaine. Elle est là la violence, dans le non-respect des besoins, aussi bien de liens que d’autonomie (et ce n’est pas contradictoire !) de chacun. Quand quelqu’un qui s’entête à me maltraiter en douceur m’accuse d’être violente ou agressive quand je finis par taper du poing sur la table, ça me met encore plus en colère. Ce sont souvent les situations qui sont violentes, plus que les actes. Les actes violents sont la plupart du temps des symptômes dont il faudrait chercher la cause dans des situations violentes. Malheureusement, au lieu de dénoncer les situations violentes, on stigmatise les enfants violents. On peut bien leur donner tous les outils langagiers qu’on veut (qui se résument souvent tristement à leur imposer de demander les choses « gentiment »), si on continue à maintenir la violence de la situation, on risque fort de faire chou blanc, de finir par penser que la « non-violence » éducative, ça ne marche pas et de revenir illico presto aux « bonnes » vieilles méthodes éprouvées, menaces, punitions, fessées…
Mon manque d’enthousiasme pour la CNV m’a valu plusieurs volées de bois vert. Je ne m’en émeus pas et je continue inlassablement de mettre en évidence la violence des situations et l’impossibilité de questionner cette violence-là, même dans le cadre de la communication non violente et surtout dans les situations où les outils de la CNV deviennent des instruments d’une domination qu’on compte bien continuer d’exercer.
On me répondra, certes, que le problème n’est pas l’outil mais l’usage qu’on en fait. Mais que sont les outils en dehors des usages qui en sont faits ? Rien. Et quand un outil a si souvent tendance à être mal employé, c’est qu’il est mal fait ou pas adapté et on doit l’abandonner.
Notre époque serait celle d’une crise de l’autorité. Dans les institutions, dans les écoles, dans les foyers : partout, il conviendrait de rétablir l’autorité. Est-ce à souhaiter ? Est-ce précisément ce dont manquent les enfants ?
J’avoue que l’autorité est un concept qui m’énerve. Je vous renvoie encore une fois à un article que j’ai écrit sur le sujet (« Autorité, impérialisme adulte et colonisation de l’enfance »). Régulièrement, avec la caution des approches éducatives dites positives ou bienveillantes de l’enfant, on voit des tentatives de réhabilitation de concepts délétères, tel celui d’autorité. L’autorité implique une soumission et l’ultime recours de l’autorité est la violence ; l’analyse de Gérard Mendel[4] le montre de façon lumineuse. Comment ne pas voir dans l’affirmation contraire le même geste de détournement sémantique que celui de nos dirigeants qui veulent nous faire passer des vessies pour des lanternes (une réforme des retraites profondément injuste en un souci de justice), une « gorafisation » du discours éducatif, pour reprendre l’expression de Frédéric Lordon, une neutralisation de la possibilité même de nommer ce qui fait violence aux enfants et de le caractériser comme violence. Parce que l’éducation est éminemment politique, on retrouve là comme ailleurs des « éléments de langage » qui visent à maintenir le statu quo tout en soutenant l’illusion du changement. Donc, non, l’autorité n’est pas quelque chose de souhaitable pour les enfants parce qu’il n’est pas souhaitable que les gens soient soumis et obéissants et que la soumission et l’obéissance, ça s’enseigne dès la plus tendre enfance. Quant à savoir si les enfants en ont besoin ou en manquent, posez la question aux enfants, ce sont eux les mieux placés pour parler de ce dont ils ont besoin ou ce dont ils manquent ; et il y a fort à parier qu’ils vous parlent plutôt de liberté, de liens vivants, de jeux… L’autorité, ce sont les adultes qui en ont « besoin », d’une certaine manière, et qui estiment toujours ne pas en avoir suffisamment sur les autres mais surtout sur eux-mêmes, parce que c’est le mode principal de rapport humain qu’on leur a transmis et que nous manquons tous d’autorité sur nous-mêmes, dans un système où l’autorité est captée par un groupe dominant. Non, vraiment, vous venez de prononcer un gros mot.
« C’est l’éducateur et non l’enfant qui a besoin d’une pédagogie », disait Alice Miller dans C’est pour ton bien. On trouve de nos jours une quantité effroyable de manuels se donnant comme objectif d’aider à élever les enfants. Seulement, appliquer une méthode X sur n’importe quel enfant, c’est prendre le risque d’échouer : les enfants ne sont pas livrés avec un mode d’emploi.
La demande en matière d’accompagnement parental est forte. Le livre est devenu le support de transmission privilégié des savoirs et savoir-faire de nos jours. Pas étonnant qu’on trouve autant de manuels éducatifs. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Ce qui est sûr, c’est qu’il est sain que les parents questionnent les modèles éducatifs transmis par leurs propres parents et qu’ils soient en recherche. Qu’ils lisent donc ! Mais qu’ils n’oublient pas de lire d’abord les messages que leur transmettent leurs enfants et c’est seulement à cette aune-là qu’ils doivent évaluer la valeur d’un manuel éducatif. Beaucoup de manuels éducatifs ne parlent pas des enfants ni de leurs besoins mais de comment adapter un enfant à un modèle social donné, et donc des besoins d’une société donnée. Ce sont des manuels dont l’objectif est l’efficacité (vous employez vous-même ce champ lexical lorsque vous parlez d’échec), pas l’épanouissement des enfants. Demandez-vous si vous avez envie du modèle social auquel la méthode éducative proposée répond, vous saurez si ce manuel vous conviendra. Un manuel éducatif qui parle authentiquement des enfants et pas des besoins des adultes et comment y plier efficacement les enfants ne propose pas de méthode ; il propose éventuellement des exemples inspirants.
Mais, en fait, si, les enfants sont bel et bien livrés avec un « mode d’emploi » ! Ce mode d’emploi, ce sont eux qui l’écrivent et ils savent le faire. Ils ont toutes sortes de moyens biologiques et comportementaux pour cela.
Une éducation ne doit surtout pas se vouloir efficace, c’est-à-dire réussir à tout prix, atteindre un objectif, comme si l’objectif était plus important que le chemin. Et d’ailleurs, qui définit l’objectif ? Encore et toujours l’adulte. L’éducation est un voyage et ce qui compte, c’est le voyage, pas la destination finale. On emprunte des chemins qui se révèlent être des impasses, on se trompe, on tourne en rond, on rebrousse chemin, on croise des obstacles. Cette expérience est d’une valeur incommensurable ; c’est comme ça qu’on apprend à connaître le terrain. Si on n’a pas la possibilité de faire des erreurs, alors on ne peut pas apprendre. L’erreur est profondément féconde et créatrice. Et nous sommes là, à espérer que les manuels éducatifs nous aideront à éviter les erreurs. C’est vraiment dommage.
D’ailleurs, j’ai arrêté de parler d’éducation, je renonce à ce mot, à la « prétention » éducative, à la conception de l’humain qu’elle sous-tend. Je préfère parler de vivre et apprendre ensemble.
Comment redonner confiance aux parents tentés d’abandonner toute forme d’éducation alternative au prétexte que cela serait plus difficile à mettre en place qu’une éducation classique ?
Tout d’abord, permettez-moi de ne pas employer le mot « alternatif » ici mais de parler plutôt d’éducations centrées sur l’enfant. L’éducation que nous avons reçue a tendance à revenir au galop quand c’est notre tour d’avoir affaire à des enfants, d’abord parce qu’elle a creusé de profonds sillons en nous, qui sont comme des pentes glissantes, des automatismes. Quand nous reproduisons ou rejouons le modèle éducatif reçu, nous sommes en mode pilote automatique en quelque sorte. Ce modèle hérité, dit classique, est constitué d’autoroutes cérébrales dans lesquelles on s’engouffre sans réfléchir. Et on a tendance à y revenir après avoir galéré sur des chemins de traverse qu’on n’a pas l’habitude de pratiquer, d’autant plus si ces chemins de traverse ne mènent pas là où on veut aller. Et c’est la seconde raison pour laquelle on abandonne les chemins sinueux de l’éducation centrée sur l’enfant. Le problème est souvent là, dans la destination. Ce sont les sociétés qui fixent les destinations à atteindre. Et si on abandonne les propositions des modèles éducatifs centrés sur l’enfant, c’est qu’ils sont rarement adaptés aux besoins d’une société capitaliste techno-industrielle. Oui, c’est plus facile d’aller dans le sens du courant, de répondre aux exhortations de cette société, de fléchir, de se couler dans le moule. Cette société fournit d’ailleurs aux parents toutes sortes d’appuis éducatifs en l’espèce d’institutions telle l’école. Bien peu d’institutions soutiennent les parents dans d’autres modèles éducatifs et familiaux.
Nous parlions tout à l’heure de la technique, mais n’avons pas abordé la question de la naissance même. 77% des accouchements par voie basse s’effectuent sous péridurale, rappelle une récente étude de l’Inserm. L’épisiotomie concerne une femme sur quatre. Comment expliquer ces chiffres si importants ? De la puberté à la mort, la technique semble s’immiscer dans tous les processus physiologiques féminins…
Je ne peux pas vous répondre ici sur les causes. Ça allongerait considérablement cet entretien car c’est tellement complexe et d’autres, comme Michel Odent ou Marie-Hélène Lahaye, en parlent sans doute mieux que moi. Mais c’est un fait que le zèle médical s’applique surtout aux femmes. Dans un système capitaliste patriarcal qui s’approprie les moyens de production et de reproduction d’une société, la maîtrise des corps féminins est un enjeu capital. La médecine est l’institution par laquelle s’est renouvelée et consolidée cette appropriation des corps féminins, par laquelle s’est intériorisée la domination. Cette appropriation s’est faite sous couvert de protection et de sécurité (toujours et encore de « bonnes » intentions). Mais notre modèle économique implique une gestion industrielle de la naissance. Ainsi, on a d’abord déplacé les naissances de la maison à l’hôpital, pour mieux les contrôler, dans la continuité du contrôle de la reproduction mis en place dès la puberté par le rite, la « cérémonie », souvent annuelle, de la visite gynécologique pendant laquelle les femmes renouvellent leur allégeance au patriarcat. Puis, on leur a appliqué des protocoles industriels dictés par les assurances, causes d’un nouveau type de violence que j’appelle « violence obstétricale » dans un sens légèrement différent que le sens habituel qu’on donne à l’expression au pluriel « violences obstétricales » et que je définis dans un article sur le sujet. Ce qui m’intéresse au-delà de l’aliénation que constitue ce contrôle des processus physiologiques féminins, c’est l’impact que peut avoir une naissance médicalisée sur la confiance qu’une femme peut avoir en sa capacité à élever ses enfants, à être autonome dans sa maternité. L’inférence est presqu’automatique : incapables de les mettre au monde, incapables de les allaiter (merci Nestlé !), elles sont donc incapables de les éduquer…
…ce qui ne concerne pas les hommes. Comment les sensibiliser à cela ?
Je ne sais pas. Peut-être en leur expliquant qu’en fait, si, ça les concerne. Car il est illusoire de croire que ce que subissent les uns n’aura pas de conséquences sur les autres, que cette violence ne se répercutera pas ailleurs, sur eux, d’une manière ou d’une autre, et parfois d’une manière très indirecte, ce qui rend difficile d’établir des corrélations. Le vivant est un immense réseau « rhizomique » dont toutes les parties sont reliées : si on tire sur une tige, le mouvement est propagé à l’ensemble. Donc si ça concerne les femmes, ça concerne aussi les hommes.
On comprend aujourd’hui de mieux en mieux les mécanismes de domination, les discriminations et les violences qu’ils induisent. L’oppression masculine n’est qu’un aspect du phénomène d’oppression et d’exploitation du vivant propre aux grandes civilisations. Ce n’est pas facile de parler de domination masculine et de privilèges masculins à un homme, surtout si cet homme ne se sent pas vraiment dans une posture de dominant. J’avais trouvé la lecture de Bourdieu[5] très éclairante sur ce sujet.
La parole féministe n’a jamais semblé si forte et si présente, tandis que, paradoxalement, la place accordée au rôle maternel n’a jamais semblé si faible. Judith Lussier, chroniqueuse à Radio-Canada, déclarait encore il y a quelques années qu’ « allaiter est un symbole de l’esclavage de la femme ». Est-il possible d’être féministe et maman ? Les femmes sont-elles contraintes d’être écartelées entre leurs différents rôles sociaux ?
La maternité et le féminisme, c’est une querelle pas si ancienne qu’on pourrait le croire. Les pionnières du féminisme ne chargeaient pas contre la maternité, comme le font les féministes de la seconde moitié du 20e siècle. Elles l’intégraient plutôt à leurs revendications. C’est un certain type de société voire une certaine classe sociale qui a produit le féminisme qui nous est le plus familier en France ; un féminisme occidental, blanc, bourgeois, « libéraliste » (selon l’expression de Nancy Fraser[6]), universaliste. C’est par exemple le féminisme qu’exprime une Élisabeth Badinter. Ainsi, il n’existe pas un seul féminisme mais des féminismes situés : autant de configurations sociales, autant de luttes. Et dans nos sociétés où la maternité est en effet une condition d’oppression, pas par nature mais par idéologie, est-il besoin de le rappeler[7], la maternité doit devenir un enjeu féministe. Les femmes ne devraient pas avoir à se libérer de la « condition maternelle » mais devraient exiger des droits adéquats à leur situation. À la question de savoir si l’on peut être féministe et maman, je réponds que l’on se doit de l’être ; le féminisme n’a pas d’autre choix que d’intégrer la question de la maternité. Et je ne vois rien de contradictoire entre faire le choix non seulement de la maternité mais en plus de l’allaitement et du maternage proximal, et revendiquer une posture féministe.
Dès les débuts de ce féminisme qui voyait dans la maternité la cause de l’asservissement des femmes, quelques voix se sont élevées pour protester contre ce qui semblait être une erreur de ciblage mais elles n’ont pas été entendues. Des militantes sont parvenues très récemment à intégrer, certes timidement, aux questions et enjeux féministes, ceux des violences obstétricales. Cela ne s’est pas fait sans résistance tant la technique obstétrique est vue par beaucoup de féministes comme libératrice. Il n’a pas été aisé de les convaincre à quel point le troc sécurité et confort contre contrôle est inégal et a en fait perpétué, sous une nouvelle forme plus sournoise, l’appropriation patriarcale des corps féminins. Mais il demeure très difficile de parler d’allaitement. Pour beaucoup de féministes, l’allaitement et le maternage proximal, qui nécessitent une présence et une disponibilité continues auprès de l’enfant, sont incompatibles avec l’émancipation des femmes. Selon ce point de vue, pour une femme, s’émanciper passerait forcément par une rupture des liens d’interdépendance. Et aujourd’hui, la société industrielle et marchande permet, dans une certaine mesure imparfaite, cette rupture grâce, entre autres « facilités », aux laits infantiles et aux garderies. D’autres féministes, peut-être plus pragmatiques, préfèrent partir de la réalité sociale et économique mondiale, à savoir le fait que les femmes prennent en charge majoritairement les soins dispensés aux enfants, et proposent de valoriser économiquement et socialement ce travail. Cela n’empêche pas de se battre aussi pour que les femmes puissent faire autre chose que s’occuper des enfants, loin s’en faut. C’est complémentaire, en réalité. Aucun type de féminisme ne devrait exclure les autres ; les féminismes doivent converger vers le même but qui n’est pas de défendre un type de situation mais tous les types de situations que des femmes sont susceptibles de rencontrer, de vivre, de choisir.
Au fond, le problème est qu’on assigne aux femmes des rôles calibrés, quasi impossibles à incarner simultanément. Ce faisant, on les condamne soit à endosser ces rôles tous en même temps au risque de l’épuisement, soit à réduire les contradictions en en rejetant certains au risque du déchirement et de la rupture du continuum. Dans un cas comme dans l’autre, en réalité, elles ne sont pas satisfaites, elles sont jugées et condamnées et, surtout, elles ne sont pas libres : pas libres d’être mère ou de ne pas être mère, d’allaiter ou de ne pas allaiter, de travailler (au sens réducteur du capitalisme) ou de ne pas travailler… On leur impose une vision de la liberté qui, d’après mes valeurs personnelles, est une belle truanderie. « Libérées » de la maternité, elles sont donc disponibles pour le marché du travail au sein d’une économie capitaliste qui confond liberté et « liberté » de consommer (quand le salaire le permet !). De mon point de vue, on peut tout aussi bien voir cette « libération » comme un immense détournement des énergies maternelles au profit du capital. Dans cette situation, réclamer le droit d’allaiter ses enfants, de leur offrir des soins continus dans un modèle social qui soutient et valorise ce choix, est féministe. La maternité, tout comme le travail, peuvent être vécus comme des esclavages. La différence est que notre culture nous conditionne à percevoir le travail au sein d’un système capitaliste comme une libération, tout en excluant soigneusement de la catégorie « travail » tout le travail reproductif. Comment, dans une société qui n’accorde aucune valeur économique au travail reproductif, pourrions-nous considérer ce dernier comme libérateur ? L’enjeu, dès lors, est de redéfinir ce qui doit être considéré comme du travail, i.e. redéfinir ce qui a de la valeur. Peut-être alors pourrons-nous voir s’effondrer le patriarcat et la domination masculine, de manière presque naturelle, comme ne correspondant plus à la réalité sociale et économique.
Tant que le travail reproductif ne sera pas reconnu, les femmes seront en effet écartelées entre la nécessité de produire un travail économiquement valorisé et celle, qu’il s’agisse d’une injonction sociale qu’elles s’imposent à contre-cœur ou d’une « injonction » biologique des instincts maternels (qui, contrairement, à une maxime devenue mantra d’un certain féminisme, existent bel et bien), de mettre au monde et materner des enfants. Et je ne parle pas des autres rôles dont elles sont chargées en plus, notamment celui d’objet sexuel. Ainsi, la sexy working mother est ce qu’on exige et attend des femmes pour faire tourner une économie capitaliste au sein d’une société masculiniste. Les espaces de liberté, pour les femmes, sont quasi inexistants.
Pour conclure, pouvez-vous nous parler de la maison d’édition dont vous êtes responsable ?
Les éditions du Hêtre Myriadis publient des livres qui parlent d’écoparentalité, d’éducation, de relations écologiques : grossesse, naissance, maternité, allaitement, maternage, éducation, santé, critique sociale… Quand elles ont été créées en 2009, trop peu de littérature sur le sujet était disponible. Nous avons commencé par des traductions de textes de référence. Aujourd’hui, nous avons de plus en plus d’auteurs et autrices françaises qui contribuent à diffuser des idées en adéquation avec la philosophie de l’écoparentalité.
- Les Instincts maternels, Sarah Blaffer Hrdy éd. Payot, 2002, ↑
- Oui, la nature humaine est bonne, Olivier Maurel, éd. Robert Laffont, 2009 ↑
- La prise de sein et autres clefs de l’allaitement réussi, Jack Newman, éd. Le Hetre Myriadis, 2010 ↑
- Une histoire de l’autorité, Gérard Mendel, éd. La découverte, 2009 et Pour décoloniser l’enfant, Gérard Mendel, éd. Payot, 1971 ↑
- La Domination masculine, Pierre Bourdieu, éd. Le Seuil, 1998 ↑
- Féminisme pour les 99 % : Un manifeste, Nancy Fraser, Cinzia Arruzza et Tithi Bhattacharya, éd. La Découverte, 2019 ↑
- Aucun état physique, aucune situation n’est, « par nature » ou biologiquement, une condition « inférieure » qui justifierait une aliénation. Cette idée que certaines conditions biologiques nécessiteraient un traitement différent en matière de droits ou de liberté n’est que cela : une idée. Elle n’est conforme à aucune situation naturelle, elle n’exprime aucune réalité ou nécessité biologique d’aliénation. Elle tire sa justification de ce qu’une oppression, tirant avantage d’une vulnérabilité relative, est actuellement exercée sur certains groupes de personnes pour toutes sortes de raisons historiques, sociales, culturelles, économiques… Il existe des nécessités biologiques de dépendance ou d’interdépendance (tel le bébé dépendant de sa mère). Mais c’est très différent. Souvent, on voit comme un rapport univoque ce qui est en réalité une interdépendance de tous les êtres vivants : ainsi, le patron est convaincu que son employé dépend de lui ; un mari est convaincu qu’une femme dépend de lui… ↑