Dans son tout dernier chef‑d’œuvre, intitulé Futur·es, paru l’an dernier aux éditions Allary, la fameuse révolutionnaire Lauren Bastide — passée par Courrier international, l’agence de presse Reuters, le quotidien Le Monde, l’hebdomadaire Elle, la chaîne C8, l’émission Le Grand Journal sur Canal+, France Inter et possiblement d’autres groupes de guérilléros tout aussi féroces — s’insurge contre « le capitalisme et le pouvoir en place ». Sacrebleu.
Si nous rencontrons bien, au détour de quelques phrases, quelques dénonciations du capitalisme de la part de l’ancienne rédac’cheffe du magazine de placement de produits Elle, elle n’explique nulle part dans son livre ce qu’entraine ou implique une telle posture. Ce qu’est le capitalisme. Pourquoi il pose problème. Autrement dit, l’engagement anticapitaliste de Bastide est totalement creux. Un simple effet de manche. Voyons son engagement féministe.
Comme le suggère le sous-titre de son ouvrage, Lauren Bastide prétend nous expliquer, à nous autre féministes, mais pas seulement, « comment le féminisme peut sauver le monde ». Vous avez compris ? La cause des femmes ne peut trouver grâce à vos yeux et aux nôtres que si l’on prouve que nous sauver, c’est aussi sauver le monde entier. Le féminisme pour tout et tous ! Le féminisme qui n’inclut pas les hommes, les autres animaux, les arbres, la couche humifère, l’atmosphère, le système solaire et la Voie lactée, qui s’en soucierait ?! Depuis le temps, nous devrions savoir que les femmes, ça ne compte pas comme cause en soi, et que nous ne sommes autorisées à avoir notre mouvement que si nous y incluons la terre entière. Le vrai féminisme, c’est celui qui bénéficie aux hommes et au marché, à la civilisation, sinon ce n’est pas du féminisme, c’est un truc de bonne femmes.
C’est pourquoi le féminisme de Lauren Bastide n’est pas un truc de bonnes femmes, mais un éco-féminisme queer, dont l’objectif est « l’abolition absolue des frontières de genre », qui mènera à « un futur féministe » dans lequel « il n’y aura plus deux sexes ». En effet, selon Lauren Bastide, en supprimant les frontières du genre, on supprimera le sexe, car les deux sont une seule et même chose, comme lui a enseigné sa mentor Judith Butler.
Le féminisme de Lauren Bastide exige que nous admettions « que certains hommes ont des menstruations et […] que certaines femmes sont pourvues d’un pénis ». Il exige « un deuil » : « Celui du mot “FEMMES” écrit en lettres roses sur les boîtes de tampons. » Eh oui, car les hommes aussi s’achèteront des tampons. Enfin, pardon, pas les hommes, mais les autres personnes (il n’existera plus deux sexes).
D’ailleurs, c’est déjà le cas, affirme Bastide :
« Je vous assure. Il n’y a PAS deux sexes. Il est impossible, sur le plan biologique, de diviser l’humanité en deux catégories qu’on pourrait qualifier de “masculine” et “féminine”. […] Aucune des variables biologiques servant à déterminer le sexe d’une personne à sa naissance, qu’elle soit hormonale (œstrogène, progestérone, testostérone), gonadique (ovaires, testicules), génitale (pénis, vagin) ou chromosomique (X, Y), ne permet de tracer une ligne de démarcation hermétique entre deux sexes. »
Autrement dit, il est impossible de savoir qui est qui, ou quoi. Impossible de définir qui est homme, impossible de définir qui est femme, impossible de définir qui est garçon, impossible de définir qui est fille. Pourquoi ? Parce que les personnes intersexes existent. Peu importe, apparemment, que les formes d’intersexuations ne soient pas des sexes à part entière, mais des conditions biologiques, très rares, qui s’inscrivent dans ce que les biologistes appellent les « désordres [ou anomalies] du développement sexuel », pour la très bonne raison qu’elles découlent d’un problème ou d’une anomalie ayant pris place durant le développement sexuel, ce qui explique pourquoi une grande partie des conditions dites intersexes vont de pair avec différents problèmes de santé, parfois graves.
Contrairement à ce que prétend Bastide, il existe bel et bien deux sexes, le sexe ayant trait à la reproduction sexuée, et étant défini, chez la plupart des espèces des règnes végétal et animal (chez les espèces anisogames), par la présence d’un appareil reproducteur visant à produire un type de gamète ou l’autre : le mâle produit les spermatozoïdes et la femelle produit les ovules. En outre, Bastide confond détermination du sexe et définition du sexe, qui sont deux choses différentes (maudite binarité tu es partout !). La « détermination » du sexe est un terme technique désignant le processus par lequel les gènes déclenchent et régulent la différenciation développementale du fœtus vers la voie mâle ou femelle, c’est-à-dire le développement des structures permettant la production et la libération de l’un ou l’autre type de gamète, et donc le sexe de l’individu. En raison de quelque complication, ce processus peut parfois mener, pour 0,014 % des naissances, sur des voies sans issue. Mais ces voies sans issue (parce qu’induisant une stérilité) seront tout de même mâle ou femelle, même lorsqu’il y a désaccord entre les gamètes et le phénotype. Les gamètes « définissent » le sexe partout où la reproduction est sexuée : celle des humains, des poissons, des oiseaux, des crocodiles, même lorsque les chromosomes sexuels de l’espèce sont de type ZW/ZZ, et même lorsqu’on ne trouve pas de chromosomes sexuels. Ce qui définit le sexe, c’est la taille des gamètes. Gamètes qui, en ce qui concerne les espèces anisogames, sont de tailles différentes, avec les gros gamètes immobiles (ovules) et les petits gamètes frétillants (spermatozoïdes)… Et ces deux types de gamètes qui interviennent dans la reproduction sont le fruit de deux types d’appareils reproducteurs, masculin et féminin, d’où : deux sexes. Les intersexuations ne constituent donc ni un troisième sexe, un sexe à part entière, ni une multitude de sexes : les personnes intersexuées sont mâles ou femelles. Même les organismes hermaphrodites ne sont pas un troisième sexe : ils sont les deux sexes et s’autofécondent, si vraiment vous tenez à comparer les humains aux champignons. Mais si la vie sexuelle des truffes est fascinante, prendre les gens pour des truffes, il faut éviter.
Néanmoins, soit. Jouons le jeu idiot que Bastide nous propose de jouer. Admettons qu’il soit impossible de définir ce qu’est une femme, un homme, un garçon, une fille, de les différencier. Admettons qu’il n’existe pas deux sexes. Pourquoi Lauren Bastide nous parle-t-elle, ensuite, de sa « bisexualité » ? Bisexualité ? Pourquoi « bi » ? Quelle est cette étrange dualité, binarité ? Pourquoi nous explique-t-elle avoir, « depuis l’enfance », été « attirée par des filles et par des garçons » ? Qui sont ces filles ? Qui sont ces garçons ? Comment les différencie-t-on ? Quand Lauren Bastide nous explique que de son temps, « les garçons skataient, les filles regardaient », de qui parle-t-elle ? Qui sont ces « garçons » et ces « filles » ? Qui sont ces gens ? Nous avons du mal à comprendre. Et n’a‑t-elle aucune honte ? La bisexualité, c’est terriblement transphobe. Même le Planning familial le souligne. Pour ne pas être exclusive, il lui faut inclure les champignons et les crocodiles dans son dating-pool, être « pansexuelle ».
De la même manière, pourquoi Lauren Bastide critique-t-elle l’« hétérosexualité » ? S’il est impossible de distinguer l’existence de sexes, de différencier des sexes, comment peut-il y avoir hétérosexualité ? Ne sommes-nous pas des créatures homothalliques ? Quand Lauren Bastide écrit qu’au Moyen Âge, « cent mille procès ont eu lieu en Europe en deux siècles, concernant à 80 % des femmes, dont on estime qu’environ la moitié furent exécutées », de qui parle-t-elle ? Qui sont ces « femmes » qui « furent exécutées » ? Comment peut-elle, ose-t-elle parler de « femmes » ? Comment sait-on qu’il s’agit de femmes ?
Quand Lauren Bastide évoque les terribles statistiques des violences masculines que subissent les femmes — « selon une enquête d’ONU Femmes de 2018, sur les 87 000 femmes tuées dans le monde en 2017, 58 % d’entre elles ont été tuées par un partenaire intime ou un membre de la famille, et sur l’ensemble des homicides commis par un partenaire intime, 82 % des victimes sont des femmes tuées par un homme » —, quand elle évoque le terrible sort des filles et des garçons — « selon l’OMS, le viol concerne 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 dans le monde » — bon sang, mais de qui parle-t-elle ? Qui sont ces « femmes », ces « filles » et ces « garçons » ? Comment le sait-on ?
Vraiment, quel dommage. Lauren Bastide aurait pu faire l’effort d’aller au bout de sa brillante logique et éviter de parler ensuite d’hommes, de femmes, de filles et de garçons, comme si ces termes étaient acceptables, comme si nous étions en mesure de savoir à qui ils renvoient. Mais non. Évidemment pas. On fait le malin, ou la maline, on fait étalage de sa vertu, on exprime très clairement son adhésion aux imbécilités post-modernes selon lesquelles il est impossible de distinguer des hommes et des femmes, des filles et des garçons, ce genre de choses, et puis, derrière, on continue à parler d’hommes et de femmes, de filles et de garçons, de deux sexes, comme si de rien n’était.
On appelle ça du foutage de gueule. C’est minable. Pathétique. Pitoyable.
Mais l’absurdité du discours de Lauren Bastide va plus loin encore. Bien qu’elle consacre une grande partie de son dernier ouvrage à cirer les pompes de Judith Butler et des théoriciens du mouvement queer, à célébrer les âneries transgenristes en vogue, c’est-à-dire les idioties du culte de « l’identité de genre », elle affirme par ailleurs, dans diverses interviews, « que l’horizon féministe » qu’elle appelle de ses vœux « est un horizon sans genre ». Lauren Bastide serait donc hostile au genre ? Opposée au genre ? Contre le genre ?! Outre que cela contredirait tout ce qu’elle écrit dans son dernier bouquin, cela ferait d’elle une des pires fascistes du moment, étant donné, comme l’affirme son idole Judith Butler, que le mouvement « anti-genre est aujourd’hui l’une des variétés dominantes du fascisme ».
Mais quelle importance. Quand tout votre discours et votre succès médiatique reposent sur votre capacité à enfiler des absurdités comme des perles, mais en ayant l’air disruptive, vous n’êtes plus à une contradiction près.
Audrey A. & Nicolas Casaux
L’article de Judith Butler que vous citez à la fin ne fait pas référence à ce dont parle Lauren Bastide. Mais aux mouvements qui en France se rapprocheraient de la manif pour tous. Ceux « contre l’ideologie du genre » qui refusaient certains programmes scolaires, de peur que les petites filles apprennent que le rose, la vaisselle et les metiers du care ne sont pas inés.
ça donne l’impression que vous n’avez pas lu l’article que vous citez, ce n’est pas très sérieux. Ou alors j’ai mal compris et vous pretendez verser dans l’ironie comique.
Vous n’avez pas bien lu l’article de Pink News, ou l’avez mal compris. Il fait en partie référence à une phrase qu’a écrite Judith Butler, et qui, à la base, avait été publiée dans cet article du Guardian (mais qui en a été retirée par la suite) : https://www.theguardian.com/us-news/commentisfree/2021/oct/23/judith-butler-gender-ideology-backlash
Dans cet article du Guardian, Judith Butler fait un extraordinaire amalgame. Elle place dans un même ensemble qu’elle appelle le « mouvement anti-genre » les mouvements de féministes radicales qui s’opposent au genre et les chrétiens manifs pour tous qui eux sont en fait pro-genre. C’est un non-sens idiot. Prétendre que les chrétiens manif pour tous etc. s’opposent au genre est absurde. Oui, ils critiquent le transgenrisme, l’idéologie de l’identité de genre, mais ils le font pour des raisons partiellement réac, au nom justement du genre.
Plus d’explications :
Jusqu’à récemment, et depuis les années 1970, environ, la notion de « genre » était considérée, dans le domaine universitaire mais également au-delà, et de manière relativement consensuelle, comme un « système de bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) » (une définition assez standard, qui figure dans l’ouvrage « Introduction aux études sur le genre » initialement paru en 2012).
Aujourd’hui encore, dans le lexique du Planning familial, on peut lire que le genre désigne une « classe sociale construite culturellement. En occident, cela admet deux catégories, dont une dominée : les femmes ; et une dominante : les hommes. » L’idée selon laquelle le genre est une hiérarchie entre les sexes est donc toujours présente.
Sur le site de l’Association Nationale Transgenre, les choses sont un peu plus floues, l’idée de hiérarchisation disparait, le genre ne désigne plus que des « stéréotypes culturels qui définissent les comportements masculins et féminins ». L’idée de stéréotypes culturels demeure, cela dit. Le genre renvoie toujours aux stéréotypes de la masculinité et de la féminité.
Sur le site WikiTrans, même chose, l’idée de hiérarchie est évacuée, mais on lit tout de même que « les genres homme et femme ne sont que des conventions culturelles très réductrices pour étiqueter un ensemble complexe de traits de personnalité ».
En contraste, dans les théorisations féministes et universitaires en général, le genre était (et est encore souvent) considéré « comme un rapport de pouvoir ». Le genre est « un processus relationnel : Le masculin et le féminin sont en relation, mais il ne s’agit pas d’une relation symétrique, équilibrée. Il faut donc “appréhender les relations sociales entre les sexes comme un rapport de pouvoir”. Le genre distingue le masculin et le féminin, et, dans le même mouvement, les hiérarchise à l’avantage du masculin. »
Voilà pourquoi les féministes s’opposent depuis très longtemps au genre.
Mais pas Judith Butler — la papesse du mouvement queer et du mouvement transgenre. Pour Judith Butler, celles et ceux qui s’opposent au genre, c’est-à-dire celles et ceux qui s’opposent aux stéréotypes et aux rôles sociaux assignés aux deux sexes ainsi qu’à la hiérarchisation entre les sexes, sont des fascistes. Cela revient peu ou prou à dire que celles et ceux qui s’opposent au patriarcat sont des fascistes. S’opposer au patriarcat, dans l’univers parallèle de Judith Butler, c’est fasciste. Sans trop exagérer, on peut aisément affirmer que Judith Butler est une des pseudo-« intellectuelles » les plus malhonnêtes, les plus stupides et les plus nuisibles ayant jamais existé depuis l’apparition de la vie sur Terre.
Butler défend le genre. Et peu importe qu’elle le définisse elle-même comme « un ensemble d’actes répétés, dans les limites d’un cadre régulateur extrêmement rigide ». Butler prend la défense de ce « cadre régulateur extrêmement rigide ». Sans le genre, impossible d’avoir le transgenrisme (le fait de se réclamer du « genre » conventionnellement assigné au sexe opposé au nôtre, et du même coup de se réclamer du sexe opposé au nôtre, parce que le transgenrisme assimile confusément genre et sexe). Le transgenrisme ne consiste pas à transcender le système social du genre, ses stéréotypes, ses rôles sociaux et sa hiérarchie entre les sexes. Il consiste à raconter n’importe quoi, à faire comme si genre et sexe étaient indissociablement et naturellement liés, tout en professant (parfois) le contraire ; à prétendre que nous naitrions tous et toutes avec une sorte d’âme à la fois sexuée et genrée (puisque sexe et genre seraient liés), une « identité de genre », laquelle pourrait être en désaccord avec notre corps sexué, et pourrait alors nécessiter que nous l’altérions afin de le conformer à cette âme sexo-genrée. Etc. (Je vous épargne le reste des idées farfelues et sexistes qui composent le système de croyance appelé transidentité).
Le transgenrisme, c’est donc combattre la réalité et la nier, c’est combattre la raison, la logique, c’est adhérer aux stéréotypes de la féminité et de la masculinité, aux rôles sociaux féminin et masculin (c’est appeler « homme » quiconque incarne les stéréotypes de la masculinité, et « femme » quiconque incarne ceux de la féminité, et ainsi finir par confondre genre et sexe, fiction et réalité), et s’en prendre aux corps sexués au lieu de s’affranchir de ces stéréotypes et de ces rôles, des normes qu’impose le genre. C’est l’idéologie la plus grossièrement absurde et confuse que j’ai jamais vue (mais, bon, je n’ai étudié de près ni la scientologie ni le raëlisme).
Dans son confusionnisme sans bornes et sans vergogne, Butler assimile, au sein de ce qu’elle appelle le « mouvement anti-genre », à la fois les féministes critiques du genre, les féministes « radicales », et l’église chrétienne, qui, pour sa part, défend les principes fondamentaux du genre. Si Butler avait parlé de « mouvement anti-transgenrisme », peut-être que la formule aurait eu un minimum de sens. Et encore. Si, à l’instar des féministes critiques du genre, l’église chrétienne et les groupes conservateurs formulent des critiques du transgenrisme, ces critiques n’ont rien à voir les unes avec les autres.
L’église chrétienne et les groupes conservateurs du même acabit ne sont pas contre le genre, seulement contre la version « trans » du genre, qu’ils considèrent comme une sorte de dénaturation du genre. Pour les genristes traditionnelles (les conservateurs), l’anatomie (le corps sexué) d’un individu détermine son rôle social ainsi que divers attributs comportementaux, vestimentaires, etc. Pour les transgenristes, l’âme sexo-genrée d’un individu (son « identité de genre », son affinité pour un rôle social, divers attributs comportementaux, vestimentaires, etc.) détermine l’anatomie (le corps sexué) qu’il devrait avoir. Le transgenrisme est plutôt une variation (une inversion) sur le thème du genre que son dépassement ou sa subversion.
Bref, l’opposition au transgenrisme de l’église et des groupes conservateurs se fait au nom de la défense de la version traditionnelle du genre, tandis que l’opposition au transgenrisme des féministes radicales se fait, entre autres, au nom du combat contre le genre. Assimiler les uns avec les autres est simplement malhonnête.
C’est bien parce qu’ils prennent la défense du concept patriarcal du genre que Butler et ses comparses ont voix au chapitre dans les médias les plus influents du monde. Et c’est également parce qu’ils défendent le concept patriarcal du genre que les conservateurs (l’Église chrétienne, Éric Zemmour, Marine Le Pen, l’extrême droite, etc.) peuvent également s’exprimer dans les médias de masse. Tandis que les féministes radicales et critiques du genre plus généralement sont tranquillement ignorées ou silenciées.
Merci pour cet article, précis, drôle par moments, et bien sourcé.
Je ne connais pas Lauren Bastide. Si les sexes n’existent pas, pourquoi parler de féminisme tout court, en fait ? Ce genre d’argument qui nie l’existence des sexes est devenue largement répandu, sans fondement scientifique (ou alors complètement remodelé et flou), et c’est affligeant. Mais beaucoup de gens (je n’ose écrire « la plupart ») aujourd’hui se contente de graphiques sur instagram pour établir leurs opinions plutôt que de réelle lecture et réflexion.
En lisant le commentaire sur Butler, me vient une question… Y a‑t-il des féministes en France, non de droite, qui contestent aujourd’hui ses propos et le déclarent explicitement ? Je pense bien sûr à Ana Minski et son excellent livre, et j’ai en tête quelques états-uniennes mais il y en a sûrement d’autres que j’ignore. De mémoire vous avez publié un récapitulatif des livres critiquant le mouvement transgenre il y a peu mais c’était surtout des livres états-uniens, ce qui me fait douter de l’existence de ces féministes (mais j’ai hélas conscience que c’est devenu très difficile de défendre ces idées sans être ostracisée).
Bonsoir, oui, il y en a. Il y a Audrey, avec qui j’ai co-écrit ce texte, qui est philosophe, et qui traduit beaucoup de choses à ce sujet sur son Substack : https://audreyaard.substack.com/
Il y a les femmes de la branche française de Deep Green Resistance. Il y a la philosophe Sylviane Agacinski. Il y a des femellistes comme Solveig Halloin. Il y a Francine Sporenda (https://revolutionfeministe.wordpress.com/). Les femmes de l’Amazone (https://www.facebook.com/lamazonesquad/). De Rebelles du genre (https://www.youtube.com/@RebellesDuGenre). Les femmes de WDI France (https://womensdeclaration.com/fr/ et https://www.facebook.com/WDIFR/). Entre autres. J’en oublie et j’en ignore.
Merci pour les références ! Je n’utilise pas les réseaux sociaux. Espérons que davantage sortent de l’ombre,car je pense qu’il y en a certainement qui n’osent pas prendre la parole à ce sujet, et sortent des bouquins (surtout quand on voit l’avalanche de livres qui sortent à thématique pro identité de genre).