Cadences infernales, castration, claustration : L’enfer productiviste des cochons (par Isabelle Saporta)

Extrait tiré du Livre noir de l’a­gri­cul­ture de la jour­na­liste Isa­belle Sapor­ta, publié en 2011.


L’ennui est l’un des fléaux majeurs de l’élevage indus­triel. Et, pas de bol pour lui, de l’avis même de la direc­trice de la bri­gade vété­ri­naire et phy­to­sa­ni­taire, « le cochon est un ani­mal hyper-sen­sible psy­cho­lo­gi­que­ment ». À quoi recon­naît-on un porc qui déprime ? À sa pro­pen­sion à vou­loir bouf­fer ses congé­nères ! « Lorsque les bêtes dépriment, le can­ni­ba­lisme s’installe », résume, un rien nar­quois, ce vieux pay­san bre­ton qui, à bout de forces, a déci­dé de lâcher l’élevage por­cin il y a quelques années. « Les condi­tions de claus­tra­tion sont très éprou­vantes et l’alimentation est exces­si­ve­ment riche. Les bêtes devraient pou­voir se dépen­ser, or elles ne doivent pas bou­ger pour pous­ser plus vite. Toutes les condi­tions sont donc réunies pour que les porcs fassent une dépres­sion. » Et, quoi qu’en disent les indus­triels, les petits jouets et autres trous dans le mur ne suf­fisent pas tou­jours à redon­ner le moral aux porcs. Du coup, on leur colle une bonne dose d’antidépresseurs. « Des cal­mants seule­ment », tem­père ce direc­teur d’un des plus gros ser­vices vété­ri­naires dépar­te­men­taux de Bre­tagne. « C’est vrai qu’on en donne régu­liè­re­ment aux porcs. Notam­ment avant le trans­port pour l’abattoir, pour les cal­mer. Cer­taines molé­cules sont auto­ri­sées sans délai d’attente. » Com­prendre : on va consom­mer la viande juste après, sans même avoir lais­sé le temps aux molé­cules de disparaître…

Si encore les cal­mants étaient les seuls médi­ca­ments ingur­gi­tés par ces pauvres bêtes ! Elles avalent aus­si la moi­tié des anti­bio­tiques vété­ri­naires de France : 675 tonnes pour l’année 2008. Pour­tant, quand on demande aux éle­veurs s’ils traitent encore leurs ani­maux, ils jurent la main sur le cœur, croix de bois, croix de fer, que tout cela appar­tient à un pas­sé révo­lu. Celui, béni, où l’on avait encore le droit de glis­ser des anti­bio­tiques dans la nour­ri­ture pour boos­ter la crois­sance des porcs. Les acti­va­teurs de crois­sance sont inter­dits en France depuis 2006. Curieu­se­ment, la vente des anti­bio­tiques n’a pas bais­sé d’un iota – ou si peu – depuis cette date. « Quand il y a des arrêts bru­taux de médi­ca­tions, quand on stoppe les acti­va­teurs de crois­sance qui jouent un rôle de sta­bi­li­sa­teur diges­tif, on voit appa­raître de façon conco­mi­tante une recru­des­cence de patho­lo­gies, sou­ligne Gilles Sal­vat, direc­teur du labo­ra­toire de l’Anses (Agence natio­nale de sécu­ri­té sani­taire ali­men­ta­tion, envi­ron­ne­ment, tra­vail) de Plou­fra­gan. On assiste ain­si à un dépla­ce­ment de l’additif, qui repré­sente de petits ton­nages, vers le cura­tif, qui, lui, est ven­du en quan­ti­tés plus impor­tantes. » Bref, on n’administre plus de petites doses d’antibio pour faire pous­ser plus vite les bes­tiaux, mais de grosses doses pour soi­gner leurs maux de ventre… et les faire pous­ser un peu plus vite aus­si au pas­sage. Pour­tant, à entendre les éle­veurs, on ne traite plus du tout, ou si peu. Bon, ils veulent bien concé­der quelques injec­tions de-ci, de-là. Des cépha­lo­spo­rines pour les arthrites à strep­to­coque, des fluo­ro­qui­no­lones pour le trai­te­ment des mam­mites et des métrites après mise bas, des poly­pep­tides (essen­tiel­le­ment la colis­tine) dans le trai­te­ment des coli­ba­cil­loses de sevrage du por­ce­let… Mais c’est tout ! Pro­mis, juré, cra­ché ! Ça fait déjà pas mal… Les ventes de fluo­ro­qui­no­lones ont aug­men­té de 50 % depuis 1999, et celles de cépha­lo­spo­rines ont qua­si­ment dou­blé sur la même période. Quant au niveau d’exposition des ani­maux aux fluo­ro­qui­no­lones, il a été mul­ti­plié par deux. Par trois pour les cépha­lo­spo­rines. « Or les cépha­lo­spo­rines de 3e et 4e géné­ra­tion et les fluo­ro­qui­no­lones sont consi­dé­rées comme par­ti­cu­liè­re­ment impor­tantes en méde­cine humaine, car elles consti­tuent l’une des seules alter­na­tives pour le trai­te­ment de cer­taines mala­dies infec­tieuses chez l’homme, sou­ligne Pas­cal San­ders, direc­teur du labo­ra­toire de l’Anses de Fou­gères. C’est très angois­sant, sur­tout que l’on sait main­te­nant qu’il y a dis­sé­mi­na­tion de bac­té­ries résis­tantes entre les ani­maux de rente et nous, que ce soit via l’alimentation ou les effluents d’élevage. »

Le pro­fes­seur Andre­mont, qui dirige le labo­ra­toire de bac­té­rio­lo­gie de l’hôpital Bichat, met en avant une étude réa­li­sée sur les éle­veurs de porcs. Tous sont colo­ni­sés à des doses très impor­tantes par des bac­té­ries résis­tantes. Il y a donc pas­sage de ces bac­té­ries de l’animal à l’homme. Un constat qui devrait nous pous­ser à davan­tage de vigi­lance dans l’usage des anti­bio­tiques pour les ani­maux de rente. Car non seule­ment on crée des bac­té­ries résis­tantes, trans­mis­sibles à l’homme, mais on res­treint les solu­tions cura­tives pour l’homme, puisque nous uti­li­sons les mêmes anti­bio­tiques pour les ani­maux que pour nous. Et le pro­fes­seur Andre­mont de regret­ter l’usage mas­sif de colis­tine dans les éle­vages alors qu’il s’agit de l’une des der­nières molé­cules recours chez les humains… Lors de la jour­née de l’Anses consa­crée à l’antibiorésistance, en novembre 2010, les éle­veurs de porcs ont pro­mis un « mora­toire » sur la cépha­lo­spo­rine (ce qui a amu­sé au plus haut point le vété­ri­naire assis à mon côté : « Voi­là pour ceux qui se deman­de­raient encore les­quels, des vété­ri­naires ou des éle­veurs, sont aujourd’hui pres­crip­teurs ! Ce sont les éle­veurs qui dictent la loi ! »). En atten­dant que toutes ces belles réso­lu­tions soient appli­quées, l’antibiorésistance pro­gresse de façon alar­mante en France et en Europe : 400 000 patients sont tou­chés chaque année, et 25 000 péris­sent. Mal­gré la gra­vi­té de ce phé­no­mène, les cochons, comme tous les ani­maux de rente, conti­nuent d’avaler des mon­tagnes d’antibiotiques.

Le petit goret ingur­gite ain­si à lui seul 60 à 70 % des anti­bio­tiques de l’élevage… Même Porc Maga­zine a dénon­cé dans ses colonnes, en sep­tembre 2010, « l’utilisation géné­ra­li­sée en pré­ven­tif sur les por­ce­lets de pré­mé­langes médi­ca­men­teux incluant des anti­bio­tiques ». Elle consti­tue­rait un détour­ne­ment de l’interdiction de 2006. « À la décharge des éle­veurs fran­çais, explique un ins­pec­teur de la san­té publique, ils n’ont pas le droit, contrai­re­ment aux éle­veurs de pays nor­diques, et notam­ment du Dane­mark, d’utiliser l’oxyde de zinc, un addi­tif ali­men­taire non anti­bio­tique très effi­cace. En France, va savoir pour­quoi, cet addi­tif n’est pas uti­li­sé aux mêmes doses qu’au Dane­mark. Pour qu’il le soit, il fau­drait dépo­ser un dos­sier de demande d’autorisation de mise sur le mar­ché (AMM), or aucun labo­ra­toire sur terre ne va inves­tir des cen­taines de mil­liers d’euros pour un dos­sier qu’il ne pour­ra pas ren­ta­bi­li­ser étant don­né le coût très faible de la matière active. Non seule­ment il s’agit de concur­rence déloyale, mais en outre cela fait pas­ser les vété­ri­naires fran­çais pour des adeptes du trai­te­ment sys­té­ma­tique ! » Si main­te­nant même la légis­la­tion est contre eux…

Sur la tota­li­té des trai­te­ments anti­bio­tiques, 60 à 70 % sont donc réser­vés aux por­ce­lets. Res­tent 30 à 40 % inex­pli­qués… Pas si inex­pli­qués que cela, en fait. Car, hélas, quand on tasse autant d’animaux dans des espaces aus­si confi­nés, ils ont ten­dance à se refi­ler joyeu­se­ment leurs miasmes. « Les anti­bio­tiques dans les éle­vages de cochons, comme dans tout éle­vage concen­tra­tion­naire, c’est inévi­table, confirme ce haut fonc­tion­naire de la Direc­tion géné­rale de l’alimentation en charge des contrôles dans les éle­vages. C’est comme quand vous met­tez des gens dans le métro. Quand il y en a un de malade, il conta­mine tout le monde. Le cochon est cer­tai­ne­ment l’un des ani­maux les plus médi­ca­li­sés de France. » Et ce d’autant plus qu’il est trai­té via des ali­ments médi­ca­men­teux, c’est-à-dire des médi­ca­ments fabri­qués par les usines de nour­ri­ture pour bes­tiaux. Ce qui ne fait qu’aggraver, de l’aveu même de Jac­que­line Bas­tien, qui repré­sente pour­tant les inté­rêts de ces indus­triels, une « confu­sion des genres dom­ma­geable entre vété­ri­naires, éle­veurs et fabri­cants d’aliments ». En gros, les éle­veurs com­mandent, les usines fabriquent, et les vété­ri­naires cau­tionnent. Par ailleurs, trai­ter les ani­maux via l’eau ou la nour­ri­ture, c’est certes plus pra­tique pour l’éleveur, mais par ce biais les trai­te­ments sont moins ciblés et, au final, les bêtes absorbent plus de médi­ca­ments qu’il ne serait nécessaire.

Le der­nier rap­port de l’Anses révèle des écarts impor­tants de consom­ma­tion médi­ca­men­teuse entre les éle­vages. En gros, d’après l’étude de Claire Chau­vin, char­gée de pro­jets scien­ti­fiques au labo­ra­toire de Plou­fra­gan, 10 à 30 % des éle­vages ingur­gitent 50 % de la quan­ti­té totale d’antibiotiques. Pour­quoi ces écarts ? « Dans cer­tains éle­vages, on réal­lote sans cesse les por­ce­lets en post-sevrage, l’idée étant de mettre ensemble les jeunes porcs qui “poussent” à la même vitesse », explique Gilles Sal­vat. Dans le monde mer­veilleux de l’élevage stan­dar­di­sé, on ne veut voir qu’une seule tête. Les gros avec les gros, les petits avec les petits, bref un seul gaba­rit par enclos. Cela per­met à l’éleveur de savoir, d’un seul coup d’œil, qui par­ti­ra ou non à l’abattoir à la fin de la semaine. Ces pra­tiques sont, en revanche, une héré­sie en termes de micro­bisme. Car mélan­ger les porcs à lon­gueur de temps, c’est mélan­ger leurs miasmes… Donc les rendre malades, donc être obli­gé de les trai­ter beau­coup plus sou­vent. « Il y a des solu­tions pour ne pas mélan­ger les porcs et les conduire en bandes homo­gènes, sou­ligne Phi­lippe Van­nier, direc­teur de la san­té ani­male et du bien-être ani­mal à l’Anses, mais pour ce faire il faut agran­dir les locaux, inves­tir des moyens colos­saux, et sur­tout obte­nir une auto­ri­sa­tion. » Et, dans ces cas-là, ce sont les éco­los qui bloquent en se disant – bien sou­vent à juste titre – qu’on veut leur rajou­ter des porcs par-des­sus la por­che­rie et qu’il en est hors de question.

À cela s’ajoute le pas­sage conjonc­tu­rel en géné­rique de cer­tains anti­bio­tiques. Qui dit géné­rique dit moins cher. Du coup, les ventes se sont envo­lées cette année.

Ça, c’est pour le tout-venant, le quo­ti­dien de ce joli petit monde. Mais peuvent s’ajouter à cela des pra­tiques frau­du­leuses. En août 2010, un ins­pec­teur vété­ri­naire s’est fen­du d’un mail pour expli­quer à l’ignare que je suis toutes les dérives pos­sibles du milieu. Il m’a décrit par le menu les escro­que­ries en tout genre pra­ti­quées sans ver­gogne par les ripoux de la pro­fes­sion. « Vous avez des phar­ma­ciens affai­ristes qui contournent allé­gre­ment la loi. Qu’il s’agisse des phar­ma­ciens d’officine (incom­pé­tents en matière de phar­ma­cie vété­ri­naire mais que ça n’empêche pas de four­nir des médi­ca­ments à tour de bras) ou des affai­ristes, sou­vent d’ailleurs sou­te­nus contre vents et marées par l’ordre des phar­ma­ciens mal­gré leurs tur­pi­tudes indé­fen­dables. » Cer­tains pro­fanes se prennent par­fois pour des vétos. C’est ain­si qu’un retrai­té, Alain Wis­socq, qui exer­çait illé­ga­le­ment la pro­fes­sion de vété­ri­naire depuis 2004 a été condam­né en juin 2010 à 18 mois de pri­son ferme par le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel de Dra­gui­gnan. Le faux véto, qui n’avait déci­dé­ment pas froid aux yeux, n’hésitait pas à char­cu­ter le bétail, à pra­ti­quer nombre d’opérations de chi­rur­gie sur ces pauvres bêtes et à déli­vrer gaillar­de­ment des ordon­nances. Et pas du bon anti­bio­tique auto­ri­sé en France, non, des médi­ca­ments en pro­ve­nance d’Espagne, dont cer­tains clas­sés dan­ge­reux pour l’être humain. La police en a sai­si près de 200 kilos à son domicile.

Il faut aus­si comp­ter avec les pra­tiques pas très nettes de cer­tains grou­pe­ments vété­ri­naires. Là, on est dans la haute vol­tige de la mal­ver­sa­tion. Au départ, il n’y avait pour­tant que de très bonnes inten­tions. Avant la loi de 1975, l’univers des médi­ca­ments vété­ri­naires était une vraie jungle. Par exemple, et sans que cela gêne per­sonne, la fabri­ca­tion, la déten­tion et la vente de médi­ca­ments étaient qua­si libres, à l’exception des sérums et vac­cins et de cer­tains pro­duits conte­nant des sub­stances véné­neuses. Le légis­la­teur a donc été contraint d’y mettre un peu d’ordre. Sauf que, pour ne pas se fâcher avec ses amis et sur­tout futurs élec­teurs agri­cul­teurs, il a déci­dé de lais­ser aux grou­pe­ments d’éleveurs le droit d’acheter les médi­ca­ments direc­te­ment aux labo­ra­toires ou aux dis­tri­bu­teurs en gros. Mais atten­tion, pas tous les médi­ca­ments, seule­ment ceux dont ils avaient besoin pour les plans sani­taires d’élevage (PSE), soit les vac­cins, les anti­pa­ra­si­taires et les hor­mones. Le grou­pe­ment d’éleveurs ache­tait ces trai­te­ments en gros, sans pas­ser par la case « vété­ri­naires libé­raux » et « phar­ma­ciens », et engran­geait donc la marge sur les médi­ca­ments, qu’il refac­tu­rait aux éle­veurs au prix de l’officine… Au début, les grou­pe­ments s’arrangeaient avec les vété­ri­naires libé­raux pour les pres­crip­tions. Mais, très vite, ils se sont dit que ce serait bien plus simple d’avoir des vété­ri­naires sala­riés, qui signe­raient des ordon­nances sans rechi­gner. Sauf qu’à force de tirer sur la corde, et notam­ment de faire pres­crire à ces vété­ri­naires cor­véables à mer­ci des ordon­nances sur des médi­ca­ments qui ne fai­saient pas par­tie du PSE, eh bien, ça s’est vu… D’où l’arrêt Riau­court ren­du par le Conseil d’État le 24 jan­vier 2007. Le conten­tieux oppo­sait Alain Riau­court, doc­teur vété­ri­naire, sala­rié de longue date de la coopé­ra­tive Dynal de Lou­déac, à l’ordre des vété­ri­naires. Comme la plu­part des vété­ri­naires sala­riés, Alain Riau­court déli­vrait à tour de bras des médi­ca­ments vété­ri­naires hors PSE. Médi­ca­ments reven­dus ensuite aux adhé­rents par la coopé­ra­tive. Ce petit com­merce, extrê­me­ment lucra­tif pour les coopé­ra­tives, a quand même duré trois décennies.

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Épin­glé par le conseil régio­nal de l’ordre d’Aquitaine en avril 2004, le vété­ri­naire fait appel auprès du Conseil supé­rieur de l’ordre, mais perd en 2005. Puis il sai­sit le Conseil d’État, qui enfonce le clou, esti­mant qu’il s’agit de la part du grou­pe­ment d’un « exer­cice illé­gal de la phar­ma­cie » qui a « pour effet de lui appor­ter indû­ment un sur­plus de chiffre d’affaires ». Selon le Conseil d’État, le confrère sala­rié, qui pres­crit et délivre ces médi­ca­ments, « faci­lite [et] couvre de son titre » l’exercice illé­gal du grou­pe­ment, et peut donc être sanc­tion­né par l’ordre comme se livrant à des « actes déloyaux, contraires à l’honneur et à la pro­bi­té, […] pas­sibles de pour­suites pénales et de sanc­tions dis­ci­pli­naires par les juri­dic­tions ordinales ».

Bref, les vétos sala­riés sont ren­voyés dans les cordes. Il fau­dra désor­mais consul­ter les vété­ri­naires libé­raux… Sauf que les coopé­ra­tives ne sont pas nées de la der­nière pluie et qu’elles avaient anti­ci­pé cet arrêt. Les vété­ri­naires sala­riés ont créé des socié­tés d’exercice libé­ral, ou SEL. Or celles-ci per­mettent de contour­ner allé­gre­ment la loi et l’arrêt Riau­court. La socié­té exerce en libé­ral, du coup les vété­ri­naires, pour­tant encore sala­riés de la coopé­ra­tive, peuvent pres­crire tous les trai­te­ments. Et, vous l’aurez com­pris, à qui les vendent-ils ? À la coopé­ra­tive dont ils sont res­tés sala­riés, par­di ! « Tous les médi­ca­ments pres­crits par la SEL sont siphon­nés par les grou­pe­ments. Les vété­ri­naires déclarent des frais extra­va­gants, des loyers ahu­ris­sants, des parcs infor­ma­tiques flam­bant neufs. Du coup, ils paient tel­le­ment de charges qu’ils ne gagnent pas d’argent, et en fait c’est la coopé­ra­tive qui récu­père le pognon », déplore l’inspecteur. Mais, comme en SEL il faut payer les charges, l’URSAFF, la taxe pro­fes­sion­nelle, il faut vendre encore plus de médi­ca­ments qu’auparavant pour gagner autant d’argent… On en arrive à cette effroyable conclu­sion : pour main­te­nir leurs marges, les coopé­ra­tives vendent encore plus d’antibiotiques.

Et les contrôles, dans tout ça ? Reve­nons au mail de notre ins­pec­teur : « Déjà, les contrôles offi­ciels des 22 000 phar­ma­ciens sont qua­si­ment irréa­li­sables. Ima­gi­nez, 22 000, ça en fait du monde à visi­ter ! Mais en plus quand vous avez, comme pour les coopé­ra­tives, ces SEL… Le fonc­tion­ne­ment réel de ces socié­tés est tel­le­ment raf­fi­né pour paraître hon­nête que les ins­pec­teurs se font bala­der faute de com­pé­tences appro­fon­dies dans les domaines les plus variés : droit social, droit du com­merce, droit des socié­tés, connais­sances comp­tables per­met­tant de lire et de com­prendre le bilan comp­table d’une SA, d’une SEL, d’un agri­cul­teur, d’un cabi­net vété­ri­naire, connais­sance très fine du fonc­tion­ne­ment des grou­pe­ments d’éleveurs, des socié­tés d’exercice libé­ral vété­ri­naire, de la phar­ma­cie vété­ri­naire, “trai­te­ment spé­ci­fique à chaque espèce ani­male”, éle­vage “tra­di­tion­nel” et éle­vage “inten­sif”, rôle des tech­ni­ciens d’élevage, des fabri­cants d’aliments, etc. Bref, ce domaine est infi­ni­ment com­plexe, et seul un ou deux ins­pec­teurs des ser­vices vété­ri­naires sont suf­fi­sam­ment com­pé­tents pour affron­ter (le terme n’est pas usur­pé) des molosses (grou­pe­ments d’éleveurs). » L’accès à ces coopé­ra­tives leur est le plus sou­vent refu­sé, alors même qu’ils sont ins­pec­teurs d’État, et ce sous pré­texte qu’il ne fau­drait pas impo­ser des contrôles inces­sants à nos agri­cul­teurs et à nos éle­veurs. « Il est inad­mis­sible que les vété­ri­naires ins­pec­teurs ne puissent pas frap­per à la porte d’un grou­pe­ment de pro­duc­teurs. On ne peut y aller que par des biais ! Les auto­ri­tés font bar­rage pour nous empê­cher de contrô­ler ces grou­pe­ments. C’est une vraie acro­ba­tie pour faire des ins­pec­tions. Pour­quoi ? Parce que le véri­table ministre de l’Agriculture, c’est le patron de la FNSEA [Fédé­ra­tion natio­nale des syn­di­cats d’exploitants agri­coles]. Et que notre agri­cul­ture pro­duc­ti­viste est rude­ment pro­té­gée par le gou­ver­ne­ment », assène le haut fonc­tion­naire en conclu­sion de notre conver­sa­tion téléphonique.

Jeu­di 18 novembre. Jour­née orga­ni­sée par l’Anses sur l’antibiorésistance. Tout le gra­tin de la recherche se presse sur les bancs d’un gigan­tesque amphi­théâtre au siège de Mai­sons-Alfort. C’est l’heure de la confé­rence intro­duc­tive de Phi­lippe Van­nier, direc­teur de la san­té ani­male et du bien-être des ani­maux. Tout le monde s’attend à un dis­cours très poli­cé. Le cher­cheur com­mence : « On sait tous qu’il y a des pres­sions directes et indi­rectes des labo­ra­toires sur les vété­ri­naires : invi­ta­tions aux congrès, chèque de bonus si les ventes d’antibiotiques sont impor­tantes… Allons, nous ne sommes pas nés de la der­nière pluie, et nous connais­sons tous ces pra­tiques ! » Et paf ! pour les vété­ri­naires qui touchent des com­mis­sions et des avan­tages en nature s’ils sont de « bons » – com­prendre de gros – pres­crip­teurs aux yeux des labo­ra­toires. La salle applau­dit, à l’exception des repré­sen­tants des coopé­ra­tives agri­coles et des labo­ra­toires… Deuxième salve de Phi­lippe Van­nier : « On nous a dit : main­te­nant il y a les SEL, et donc une sépa­ra­tion effec­tive entre les vété­ri­naires et les coopé­ra­tives agri­coles. Mais cette sépa­ra­tion est-elle vrai­ment effec­tive ? À par­tir du moment où les éle­veurs ne rému­nèrent pas le conseil, où les vété­ri­naires ne sont pas payés pour cela, je m’interroge : quelle est la part de la vente des anti­bio­tiques dans la rému­né­ra­tion des vété­ri­naires ? Quelle est la part de la vente des anti­bio­tiques dans l’équilibre bud­gé­taire des SEL ? Et, à par­tir du moment où il sera – for­cé­ment – prou­vé qu’il n’y a pas de sépa­ra­tion effec­tive entre les pres­crip­teurs et les éle­veurs, cela ne conduit-il pas obli­ga­toi­re­ment à une aug­men­ta­tion des ventes d’antibiotiques ? Quand les éle­veurs et les labo­ra­toires com­pren­dront-ils que les anti­bio­tiques ne sont pas des biens mar­chands, mais des biens publics ? »

Cepen­dant, qu’importent ces trai­te­ments puisque les rési­dus d’antibiotiques sont sur­veillés par d’incessants contrôles vété­ri­naires. « On n’a jamais rien trou­vé dans les 12 700 contrôles inopi­nés que la Direc­tion vété­ri­naire fran­çaise pra­tique chaque année », assène le direc­teur dépar­te­men­tal de ce gros ser­vice de contrôle de la Région Bre­tagne. 12 700 contrôles, ça paraît beau­coup. Rame­nés aux 26 mil­lions de porcs abat­tus chaque année en France, ça ne fait plus sou­dain qu’un contrôle tous les 2 050 cochons… Res­tent les contrôles réa­li­sés de manière sys­té­ma­tique en abat­toir. Dans l’immense usine de la gigan­tesque coopé­ra­tive agri­cole sise à Lam­balle, on abat 45 000 porcs par semaine, 9 000 porcs par jour. Douze vété­ri­naires sont char­gés de contrô­ler les car­casses qui déboulent sur une chaîne à un rythme tel­le­ment infer­nal qu’on les dis­tingue à peine. Com­ment les contrô­ler atten­ti­ve­ment quand on n’a pas plus de trente secondes pour s’assurer de la qua­li­té d’une car­casse ? Le contrôle est essen­tiel­le­ment visuel, confirme Sophie Ber­trand, la res­pon­sable qua­li­té du groupe. « Si on n’a pas vu de traces de piqûre dans l’échine, ni d’abcès, ni d’animaux anor­ma­le­ment confor­més qui nous amè­ne­raient à sus­pec­ter l’utilisation d’hormones de crois­sance, on appose le cachet », confirme le doc­teur Mama­dou Sidi­bé, chef vété­ri­naire à l’abattoir de Montauban-de-Bretagne.

En France, on croit dur comme fer aux ver­tus de l’autocontrôle lorsqu’il s’agit de notre ali­men­ta­tion, et donc de notre san­té, mais beau­coup moins quand il est ques­tion de cir­cu­la­tion et d’accidents de la route. Il faut croire que l’industrie agroa­li­men­taire est bien plus ver­tueuse que nos automobilistes…

Et encore ne s’agit-il là que des porcs char­cu­tiers, ces ado­les­cents d’à peine 6 mois tués dans la force de l’âge, pas de nos braves coches de réforme. Une baisse de régime ? Neuf por­ce­lets par por­tée au lieu de dix-huit ? Un ventre vide après insé­mi­na­tion ? Et hop, rillettes ! « On n’a pas de temps à perdre avec ces bêtes-là, sou­ligne, sans état d’âme, le chef por­cher. Ça bouffe pareil qu’un porc char­cu­tier, et au prix de l’alimentation on n’a pas les moyens de gar­der une truie qui ne fait pas assez de petits. » Ce ne serait pas ren­table. Donc, après deux ou trois années de bons et loyaux ser­vices, les « vieilles » coches sont envoyées, manu mili­ta­ri, à l’abattoir. Soit quelque 500 000 truies réfor­mées chaque année. Pour­tant, quand on inter­roge les employés des abat­toirs, c’est comme si per­sonne ne savait ce qu’elles sont deve­nues. Tous prennent une moue dégoû­tée pour expli­quer qu’on ne tue pas ces bêtes-là chez eux… Il faut dire que les pauvres n’arrivent pas en très grande forme à la tue­rie. Du coup, soit on les abat en fin de jour­née, soit on les tue dans des abat­toirs spé­cia­li­sés. Mais la ques­tion sani­taire n’est pas la seule rai­son qui empêche les abat­toirs de tuer les truies, comme le confirme Jean-Pierre Joly, direc­teur du Mar­ché du porc bre­ton, le mar­ché au cadran du porc : « La coche, c’est un métier spé­cial. Il y a vingt, vingt-cinq ans de cela, tous les abat­toirs tuaient les coches parce qu’ils ne pou­vaient pas faire autre­ment. C’étaient les coches de l’éleveur qui leur livraient des porcs. » Puis les abat­toirs se sont robo­ti­sés. « Et les coches, ce n’était pas pra­tique dans les chaînes auto­ma­ti­sées et cali­brées pour des porcs char­cu­tiers. Les truies étaient dis­pro­por­tion­nées, bien trop grandes et trop grosses, il fal­lait déré­gler les chaînes pour les adap­ter à ces bêtes gigan­tesques. » Les abat­toirs n’en ont plus vou­lu. Accep­ter ces mas­to­dontes dans leurs usines à viande, c’était un coup à cas­ser le rythme, à foutre en l’air la cadence, sans comp­ter le net­toyage des chaînes… « Les abat­toirs les prennent en fin de jour­née, à la rigueur, quand il reste un rab de temps ! »

« Et encore, pour­suit Jean-Pierre Joly, les choses se sont paci­fiées aujourd’hui avec les truies. Vous seriez venue il y a quinze ans à peine, vous seriez tom­bée en plein dans la bataille homé­rique de la tête de truie ! Les abat­toirs disaient que leurs chaînes n’étaient pas adap­tées aux coches. Le groin des truies tou­chait par terre et l’on ris­quait, selon eux, une conta­mi­na­tion bac­té­rienne. » On s’est donc accor­dé pour déca­pi­ter la truie. Mais la ques­tion était : où cou­per la tête ? « On peut la cou­per à deux endroits, pré­cise, gogue­nard, Jean-Pierre Joly : très près de l’oreille ou très près de l’épaule. Entre les deux, ça fait une sacrée dif­fé­rence de poids et donc de rému­né­ra­tion pour l’éleveur. Bref, il a fal­lu qu’on s’accorde sur le bon endroit pour décou­per la tête et que cet endroit soit le même dans chaque abattoir. »

Si ces coches de réforme engendrent tant de sou­cis et si les éle­veurs semblent consi­dé­rer qu’il s’agit d’un maté­riau pas assez noble, peu valo­ri­sable, dont ils ne savent même pas vrai­ment ce qu’il devient, pour­quoi ne pas s’en débar­ras­ser ? « Vous rigo­lez ? s’écrie Jean-Pierre Joly. Jamais de la vie ! Leur prix au kilo est à peine moins éle­vé que celui d’un porc char­cu­tier, vous pen­sez bien qu’aucun éle­veur ne se pri­ve­rait de ces reve­nus ! » Au fait, on en fait quoi, de ces coches de réforme ? Rillettes et sau­cis­sons ! La char­cu­te­rie, c’est du 100 % vieilles coches de réforme, char­gées aux métaux lourds après avoir conscien­cieu­se­ment léché les bar­reaux de leur cage pen­dant trois ans, gavées d’hormones et d’antibiotiques…

Or, si le porc est la viande la plus consom­mée en France, avec 35 kilos par an et par ménage, on ne consomme pas tel­le­ment de viande fraîche (à peine 8,5 kilos par an). Sau­cis­sons secs, rillettes, sau­cisses repré­sentent 75 % de notre consom­ma­tion de porc.

Cadences infer­nales, cas­tra­tion, claus­tra­tion… Le cochon vit dans un enfer pavé de « bonnes » inten­tions pro­duc­ti­vistes. Le revers de cette hyper­pro­li­fi­ci­té, de cette hyper­pro­duc­ti­vi­té por­cine, c’est l’omniprésence de la mort. L’élevage concen­tra­tion­naire aura fait renaître la pra­tique de l’eugénisme, même s’il n’est « que » por­cin. On va jusqu’à trou­ver une jus­ti­fi­ca­tion, si ce n’est morale, tout au moins éco­no­mique, au fait de tuer celui qui ne résiste pas.

Pre­mière vic­time : le por­ce­let. Dans l’édition de 1952 du Larousse agri­cole, l’entrée por­cine indi­quait déjà : « Dès la nais­sance, on peut sup­pri­mer les sujets les moins bien venus et gar­der à la mère autant de por­ce­lets qu’elle a de tétines en fonc­tion­ne­ment. » Sauf qu’on avait encore conscience de l’inutilité de for­cer la nature au-delà de cer­taines limites : « Les por­tées supé­rieures à 12 sont sans inté­rêt, car les por­ce­lets sous-ali­men­tés ne sont jamais de belle venue. » Bref, on éli­mi­nait déjà le por­ce­let ché­tif, mais on n’en fai­sait pas encore naître plus de 20 par portée !

Il faut lire les entre­tiens recueillis par Joce­lyne Por­cher. Ils font fré­mir. « Un por­ce­let qu’est trop petit, qu’a aucune chance de vivre, je dirais vrai­ment trop, trop petit, on le tue. » « Sur le nombre, on arri­ve­ra tou­jours à en sau­ver la moi­tié. Mais bon ! C’est vrai que c’est du tra­vail en plus pour pas grand-chose. Le but du jeu, c’est de sevrer le plus de cochons. » Et comme on n’a pas l’habitude, dans un sys­tème pro­duc­ti­viste, de tra­vailler pour « pas grand-chose », on pré­fère se débar­ras­ser des « gêneurs » plu­tôt que de perdre inuti­le­ment son temps. Soit une truie lamb­da. Elle fait gen­ti­ment sa ving­taine de petits. Bien trop pour ses tétines. On lui en retire donc cinq, par­mi les plus mai­gri­chons. On les « toque » – c’est-à-dire qu’on leur explose le crâne à mains nues contre le caille­bo­tis ou contre le mur, parce qu’on n’a pas de temps à perdre à faire gros­sir des ché­tifs qui ne répon­dront jamais, quoi qu’on fasse, aux cri­tères de l’industrie de la viande. Pour­quoi, alors, pous­ser la nature jusqu’à avoir des truies qui font 30 por­ce­lets dont on ne sau­ve­ra, au mieux, que la moi­tié ? 30 por­ce­lets mis bas, c’est 15 por­ce­lets garan­tis ; 3 de plus que si l’on avait une belle por­tée de 12 petits menée à bien par une truie en pleine san­té… Bref, une truie heu­reuse, c’est du ren­de­ment en moins, et le risque, inac­cep­table, d’avoir des tétines inoc­cu­pées. Il n’y a pas de place, dans l’univers indus­triel, pour une tétine sans goret. Mieux vaut perdre 15 petits que de lais­ser une tétine sans porcelet.

Avant l’engraissement, au moment du sevrage, on tue encore quelques por­ce­lets. Pas la peine d’engraisser sot­te­ment des bêtes qui ne seront pas ren­tables. « Un cochon qui ne fera rien et qui est en train de man­ger de l’aliment, c’est du gas­pillage ; […] ça ne sert à rien de les gar­der, de leur don­ner à man­ger pour rien. On les assomme, c’est pas sor­cier. C’est jamais qu’un coup de mar­teau, faut pas le lou­per, c’est tout. »

Seconde vic­time de ce monde sans pitié : la truie. For­çat de la mater­ni­té, per­çue comme une machine à fabri­quer du vivant. Et réfor­mée dès qu’elle ne pro­duit plus assez de « mine­rai ». « Com­ment peut-on par­ler du bien-être d’une truie contrainte de vivre en bâti­ment, de pro­duire plus de 20 por­ce­lets par por­tée dont on toque une par­tie contre le mur ou le caille­bo­tis, pri­vée du droit à l’erreur, et qu’on assom­me­ra au bout du compte d’un coup de masse parce qu’elle se sera coin­cé un onglon dans le caille­bo­tis ? » s’emporte Joce­lyne Por­cher. On ne soigne plus les ani­maux, on les tue. Et pour­tant, comme le sou­ligne la socio­logue, « les truies sont réfor­mées pour des patho­lo­gies liées à leur conten­tion : boi­te­ries, para­ly­sies, abcès, retour d’insémination arti­fi­cielle, pro­blèmes hépa­tiques, por­tées insuf­fi­santes… ». Ce sont les condi­tions d’élevage qui les usent. C’est parce qu’elles sont entra­vées à lon­gueur de jour­née et condi­tion­nées à mettre bas à des cadences infer­nales qu’elles sont réfor­mées tous les deux ou trois ans. Bien sûr, il serait aisé de les gar­der plus long­temps si on les trai­tait mieux. Mais encore fau­drait-il renon­cer au sché­ma pro­duc­ti­viste. Et l’industrie por­cine est loin de vou­loir le faire. Mieux vaut user la bête jusqu’à ce qu’elle crève, quitte à rache­ter des cochettes plus sou­vent, plu­tôt que de prendre le risque d’une baisse de ren­de­ment. En éle­vage indus­triel, une truie a inté­rêt à ne pas lever le pied ! Mais, atten­tion, hors de ques­tion de les tuer avant qu’elles aient cra­ché tout leur mine­rai. Le coup de masse, c’est après la nais­sance des pré­cieux porcelets.

Isa­belle Saporta

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