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Les traditions de sagesse et les pratiques corpo-spirituelles comme le yoga, les approches intégrées du leadership et la méditation ont été cooptées au service de la classe corporatiste dominante. Une alternative radicale à ce qui est devenu un Complexe Industriel de la Spiritualité (CIS) est aujourd’hui nécessaire. Cet article est un cri de guerre pour les enseignants guérilleros de l’industrie de la conscience qui ne souhaitent plus se prostituer pour le 1%.
Les fonctions du Complexe Industriel de la Spiritualité (CIS)
Les traditions de sagesse dévoyées et les pratiques de conscience corporelle remplissent aujourd’hui un certain nombre de fonctions nuisibles. Cette lecture peut s’avérer difficile si, comme moi, vous leur avez dédié une bonne partie de votre vie, mais s’il-vous-plait, tenez bon, la seconde partie de cet article explique comment nous pouvons devenir des guerriers spirituels véritablement pertinents. En bref, le CIS peut entraîner et entraîne souvent ce qui suit :
- Faire de nous des pigeons qui acceptent de se faire pigeonner
- Nous faire pigeonner davantage
- Aider uniquement le 1% à se gaver
- Aider le 1% à rendre nos vies plus merdiques

Faire de nous des pigeons qui acceptent de se faire pigeonner
Les traditions de sagesse dévoyées et les pratiques de conscience corporelle, dans un monde psychologiquement et émotionnellement destructeur, préjudiciable à l’environnement, et dans lequel règnent l’injustice sociale et la solitude, peuvent rendre la vie supportable. Tout en étant bien intentionnées, elles peuvent perpétuer un système qui doit être changé et non toléré. Les pratiques corpo-spirituelles, surtout lorsqu’elles sont déformées et emballées pour la grande consommation, ne menacent pas le statu quo mais le soutiennent inconsciemment en lénifiant ceux qu’il détruit. Si nous souffrons de l’état dans lequel se trouve le monde, nous pouvons soit y remédier soit faire en sorte de se sentir mieux quoi qu’il arrive. La religion a toujours été l’opium du peuple mais de nos jours, l’opium des classes moyennes n’est plus religieux mais spirituel. La « McMéditation® » de pleine conscience, le « (K-)Hatha » Yoga® et d’autres pratiques corpo-spirituelles « Lite® », sont du prozac bio.
En élargissant le contexte des pratiques corpo-spirituelles du consommateur occidental, on trouve le mouvement de la Psychologie Positive enraciné chez les culs-bénis états-uniens, et dont le principe de base est de se montrer optimiste quelle que soit la gravité des choses — exprimé de façon éloquente par le slogan « sourire ou mourir ! ». A la tête de ce mouvement, Martin Seligman, président de l’American Psychological Society a remporté un contrat militaire faramineux incontesté après avoir inspiré les stratégies de torture de « l’impuissance acquise » à la CIA.

Nous faire pigeonner davantage
De nombreuses adaptations modernes des systèmes corpo-spirituels mettent l’accent sur l’individu et sur l’intérêt personnel par l’intermédiaire de la superstition. Cela provient de la prédominance culturelle dans le domaine du développement personnel de la côte ouest des États-Unis. La place occupée par ce nouveau produit de consommation signifie que les pratiques corpo-spirituelles véhiculent de plus en plus le narcissisme, l’égoïsme et la vanité. Ce qui a été initialement identifié et nommé « matérialisme spirituel » — l’usage de pratiques spirituelles au service de l’ego — est maintenant devenu la norme. Voir également cet article sur les maladies spirituellement transmissibles. Le message qui apparaît sur presque tous les prospectus et les sites que je vois est : « Le yoga vous fait maigrir et vous rend sexy ». Le CIS crée activement la culture consumériste malsaine qu’il prétend guérir.
L’hyper-individualisme du CIS détourne l’énergie des individus curieux du changement social externe vers le changement intérieur. Cela s’est produit à la fin des années 60 et au début des années 70 lorsque le mouvement « du potentiel humain » de la côte ouest des États-Unis a détourné une jeunesse politisée en l’envoyant s’occuper de ses propres fesses. Si les pratiques corpo-spirituelles allaient de pair avec le changement extérieur ou le soutenaient, elles seraient admirables. Malheureusement, elles sont souvent proposées en tant que palliatifs. L’idée générale consiste à penser que si suffisamment de personnes se détendent et obtiennent des jambes galbées, le monde en sera transformé indépendamment des systèmes et des structures de domination. La phrase tronquée « soyez le changement » est inutile en tant que stratégie pour l’obtention d’une justice sociale ou d’une soutenabilité écologique : à aucun moment de l’histoire de l’humanité, un exemple personnel n’a suffi à contraindre ceux qui abusent du pouvoir à y renoncer. Gandhi a aussi foutu un bazar monstrueux — en perturbant terriblement les fondements économiques de l’Empire Britannique. La sagesse dévoyée du CIS peut apparaître comme une « deuxième matrice » — une soupape de sécurité pour le courant dominant.
A propos de Gandhi, de l’indépendance de l’Inde et de la non-violence :
Un autre problème, d’ordre politique, lié aux pratiques corpo-spirituelles, réside dans le fait que leur structure évoque celle des dictatures asiatiques médiévales. « Conformez-vous et obéissez à une autorité qui vous est extérieure » est le message implicite qui se dégage d’un grand nombre de cours. Quand, la dernière fois, avez-vous fait part de vos remarques à votre professeur des Cinq Rythmes, ou fait du yoga de façon démocratique ?
Ces pratiques qui s’apparentent à une contre-culture n’en sont pas une, mais font partie du problème.
Aider uniquement le 1% à se gaver
Tandis que les pratiques corpo-spirituelles New-Age édulcorées du CIS visant à subjuguer les masses ont proliféré, d’autres pratiques de conscientisation sont essentiellement accessibles à l’élite, des barrières financières et culturelles en empêchant la démocratisation. J’ai pu en avoir un aperçu récemment dans une autre de ces salles de sports où se bousculaient une foule d’entraîneurs blancs corporatistes, d’âge moyen et issus de la classe moyenne, avec les femmes du 1%. Les bons enseignants de corpo-spiritualisme prostituent de plus en plus leurs services auprès de ceux qui détériorent le monde, en les rendant accessibles seulement au plus offrant. S’ils accomplissaient un véritable travail de transfiguration, ce serait une bonne chose (après tout, ce sont les malades qui ont besoin d’un médecin) mais la plupart du temps il ne s’agit que de mettre des couteaux entre les mains d’enfants dangereux (voir 4). Dans un monde où tout a un prix, la sagesse n’est qu’une marchandise de plus mise sur le marché, et ceux qui ont l’argent auront la meilleure part.
Extrait d’un autre article, publié sur le site Salon.com : Les enseignements bouddhistes sur l’éveil à la réalité de l’impermanence « telle qu’elle est » est renversée dans la pleine conscience corporatiste. Au lieu de cultiver la conscience des contingences de la réalité présente causant des souffrances, et en cela développant la capacité à intervenir sur ces conditions de souffrance, la pleine conscience corporatiste ne va pas plus loin que l’encouragement des individus à gérer leur stress afin d’optimiser leur performance, au sein des conditions existantes de précarité — qui, curieusement, sont dépeintes comme inévitables tandis qu’elles exigent la flexibilité des individus. Comme le dit Gelles dans son interview pour The Atlantic : « Nous vivons dans une économie capitaliste, et la pleine conscience ne peut changer ça ». Mais cela n’appuie-t-il pas ce que Bikkhu Bodhi, un moine bouddhiste occidental, nous dit en nous avertissant : « sans une critique sociale pointue, les pratiques bouddhistes peuvent facilement être utilisées pour justifier et stabiliser le statu quo, et servir à renforcer le capitalisme consumériste » ?
Ses partisans [à la pleine conscience corporatiste], comme Jeremy Hunter, cependant, nous assurent que la pleine conscience peut servir de « technologie disruptive », réformant jusqu’aux compagnies les plus dysfonctionnelles en organisations plus gentilles, compassionnelles et soutenables. Les professeurs de pleine conscience corporatiste qui prétendent que les programmes individualisés de pleine conscience sont subversifs évoquent souvent la métaphore du « cheval de Troie ». Ils émettent l’hypothèse selon laquelle, avec le temps, les leaders, les dirigeants et les employés entrainés à la pleine conscience pourront se réveiller et mettre en place des changements majeurs dans les pratiques et politiques corporatistes. Selon leur affirmation, Goldman Sachs, Monsanto et General Mills, des compagnies ayant rendu leurs programmes de pleine conscience publics, deviendront bientôt des corporations modèles de responsabilité sociale et écologique [SIC!].
Permettre au 1% de rendre la vie encore plus merdique
Les pratiques corpo-spirituelles sont de plus en plus utilisées dans l’optique d’améliorer l’efficacité des psychopathes qui sont au pouvoir sans modifier ni leurs attitudes et comportements fondamentaux, ni les structures et les systèmes dont ils profitent. Enseigner la méditation à des connards ne peut qu’en faire des connards encore plus efficaces (ou des tireurs d’élite). Il faut être naïf pour croire que de puissants outils ne peuvent avoir qu’un impact positif. J’ai aussi appris, en travaillant dans le milieu des affaires, que beaucoup de personnes occupant des postes à responsabilité ne sont pas des psychopathes (je dirais environ 50 % du 1 %). Mais ils sont piégés dans une sorte de double-pensée, terriblement stressés, accros à la richesse et aussi victimes du système, d’une certaine façon. Infliger des souffrances trouble tout le monde sauf les psychopathes, soulager ces souffrances est ardu. Même dans la perspective d’aider des gens traumatisés et déshumanisés à regagner de la sensibilité, cela n’est guère plus que de la cruauté lorsqu’ils continuent à faire fonctionner une machine qui les traumatise et les déshumanise de nouveau, eux et les autres. Notez que même si la sagesse traditionnelle pouvait les rendre heureux, la machine qu’ils font fonctionner ne s’arrête pas. Bien que l’humanisation de ceux qui sont au pouvoir puisse bien sûr s’avérer bénéfique — en fait je pense pouvoir affirmer que le fait d’aider ceux qui sont au pouvoir à éprouver quelque chose pour eux-mêmes et donc pour les autres et pour la planète constitue un élément vital de la solution — il en faut beaucoup plus pour qu’un changement significatif intervienne. Enseigner le yoga à des banquiers ne peut être qualifié de révolutionnaire.
Excuses non recevables
J’ai moi-même avancé les excuses suivantes et je continue de les entendre sur le terrain pour justifier le maintien du soutien apporté à un système néfaste, injuste et destructeur de l’environnement. Je nourris depuis peu une certaine intolérance à l’égard de ces conneries proférées par moi-même et par mes semblables. Je demande donc votre indulgence pour le ton agressif employé ci-dessous :
- « Je ne fais qu’aider les gens »
Non, vous aidez des gens qui nuisent à d’autres gens
- « J’aide tout le monde »
Non vous aidez surtout ceux qui ont du fric
- « Le travail que je fournis a toujours une influence positive »
Ne soyez pas si naïfs. Lisez « Le Zen en Guerre »
- « Je change les choses de l’intérieur »
Vraiment ? Il est possible que vous aidiez des gens à être plus heureux mais est-ce que cela change les systèmes et les structures ?
- « Je n’en ai pas les moyens »
Vous voulez dire : « Je ne suis pas disposé à sacrifier quoique ce soit dans mon style de vie pour vivre en accord avec mes principes. » C’est une question d’avidité et non de nécessité. A très peu d’exceptions près, la majorité d’entre nous ne nage pas dans la mouise. Réduisez les voyages en Inde et profitez-en pour économiser quelques émissions de carbone.
Actions de guérilla à l’usage des profs de pratiques corpo-spirituelles :
Alors qu’est-ce que je peux faire ? Pouvons-nous nous battre pour quelque chose plutôt que se contenter d’être contre ce qui se passe actuellement ?
Tout d’abord, je pense que dans la communauté enseignante il est nécessaire de lever la main honnêtement et d’affirmer : « oui, je m’engage ». Je suis loin d’être blanc comme neige et j’écris ceci alors que je n’ai pris conscience du CIS que très récemment. Cela m’est particulièrement pénible mais pour moi maintenant, tout autre choix reviendrait à vivre dans le mensonge. J’en incite d’autres à avoir le courage de se pencher sérieusement sur la question et de devenir des profs guérilleros d’aïkido, de yoga, de méditation, etc… Si vous en avez assez de sauver les gens de la noyade et que vous avez envie de savoir qui les pousse dans l’eau, prenez contact. Je rêve d’un monde dans lequel la sagesse traditionnelle serait utilisée pour contribuer à un vrai changement social. Dans lequel nous méditerions pour contribuer à une action sociale et dans lequel notre action sociale ferait partie de notre pratique spirituelle. Que se passerait-il si, en ayant le privilège d’accéder à une technologie corpo-spirituelle de pointe, on assurait l’accessibilité à tous, en particulier à ceux qui se trouvent en première ligne de l’activisme social ? Que se passerait-il si on débrayait et si on refusait de venir en aide à ceux qui perpétuent la violence ?
Voici quelques engagements personnels qui pourraient s’avérer utiles à d’autres. Pour ma part :
- J’affirmerai que nous vivons sous une force d’occupation qui ne nous veut pas du bien, et que je fais partie de la résistance. Mon but ne consiste pas à m’adapter ou à soutenir un système psychologiquement destructeur, socialement injuste et préjudiciable à l’environnement mais à soutenir ceux qui le détruiront de l’intérieur et de l’extérieur. Le premier changement concerne l’état d’esprit. J’ai le choix entre collaborer ou entraîner de vrais révolutionnaires. Non, pas des révolutionnaires spirituels métaphoriques ; de vrais révolutionnaires à part entière qui se servent de l’intérieur pour améliorer l’extérieur et vice-versa.
- Je trouverai des moyens pour que mon travail soit accessible financièrement et socialement. Pas d’excuses. Il se pourrait que je sois obligé de réduire les cappuccinos au soja qui sont très chers. J’ai déjà commencé en créant un programme de développement personnel démocratique, collaboratif et open-source basé sur 12 étapes.
- Je refuserai d’enseigner à toute personne détenant un pouvoir quelconque à moins que je ne décèle une ouverture vers un véritable désir de changement. Ne pas donner de couteaux à des enfants déjà dangereux.
- Je rechercherai activement les acteurs du changement qui pourraient bénéficier de ce que je fais.
- Je créerai des cours de jeux de rôles percutants pour mettre en lumière des cas d’injustice sociale.
- Je créerai un cours de leadership destiné particulièrement aux groupes radicaux et je leur en ferai cadeau.
- Je poursuivrai le travail de résilience psychologique avec les ONG.
- Je cesserai d’apporter mon soutien financier en tant que consommateur au CIS dominant.
- J’incorporerai dans mes cours des éléments pour rendre service et d’autres aspects pour décourager le narcissisme.
- J’établirai des liens explicites entre le travail corporel que j’enseigne et la politique (voir liens vidéos).
- L’expression « guerrier spirituel » peut être prise plus à la lettre que l’habituelle expression californienne bancale… y compris de certaines manières que je n’aborderai pas en public sur le net.
NB : le mot prostitution est utilisé ici comme une analogie suscitée par l’émotion pour parler du fait de vendre quelque chose de sacré et ne constitue pas une attaque contre les travailleurs du sexe.
Traduction : Héléna Delaunay & Maria Grandy
Mélanger New Age (qui est de la daube bien fumante), et Spiritualité (au sens introspection de Soi pour Apprendre à Aimer l’Autre) à ce point me fait dire et qualifier cet article de merdique justement ! 🙂
Et pourtant cela ne m’empêchera pas d’utiliser ce genre d’expression : Aspire à une Rêve-olution Intérieure si tu veux voir dans le Monde une Ré-Evolution Extérieure, puisque vous avez l’air de ne jurer que par la Révolution Sanglante et Destructrice… ;p
J’ai développé ma réponse, certes à ma facon, mais de manière constructive non ? 😉
Boris PUYET »> Boris Teyup sur FB
Le fait est que dans le monde d’aujourd’hui, les deux s’entremêlent, commerce et monde marchand obligeant. La commercialisation, la financiarisation de pratiques spirituelles de sagesses issus de divers cultures et endroits du monde (il faut aussi poser le problème de l’appropriation culturelle) les dénature grandement. Ce n’est pas compliqué à comprendre.
Hey,
C’est pas étonnant que quelque chose d’aussi puissant que la spiritualité soit repris par le système. Je comprends très bien comment on peut pervertir le truc mais je ne sais pas si ça peut tenir à long terme, même à court terme d’ailleurs. Méditation et spiritualité ne font pas bon ménage avec l’égoïsme nécessaire au système.
bonjour et merci pour votre article ! je sors d’un stage de méditation mbsr et l’ai écourté, car j’en avais assez d’entendre qu’on a toujours le choix dans la vie, que c’est à l’individu de trouver une réponse à son stress, c’est aux personnes de s’adapter ; une personne parlait de sa souffrance à travailler dans un openspace, et bien elle devait gérer son stress et savoir dire non, s’affirmer ; la prof a donné l’exemple des personnels soignants dans les hopitaux qui faisaient un burn out parce qu’ils donnaient trop d’empathie aux patients ; je me suis donc agacée à deux reprises du fait qu’on parlait tout le temps de la responsabilité de l’individu, qui avait tout le temps le choix, ce qui a fait partir 3 ou 4 personnes de la salle et provoquer le mépris d’une autre car c’était completement hors contexte et que je leur faisais perdre du temps ; la prof a plutôt rectifié ses propos, en disant que bien sûr il y a avait des problèmes de structure mais reste convaincue que le changement du monde viendra du changement de chaque individu, et je lui ai répondu à peu près ce que vous avez écrit « mediter pour une action sociale…avec de vrais révolutionnaires qui se servent de l’intérieur pour modifier l’exterieur ». elle a plutôt acquiescé mais en même temps m’a dit à un autre moment qu’elle n’était pas trop pro militantisme et qu’elle pensait que militer dans des orgas n’avaient jamais apporté grand chose ! bref mmerci pour cet article je me sens moins seule au monde !
Article intéressant. Il est rare de voire quelqu’un de l’intérieur de ces mouvements exprimer un avis politique qui ne soit pas d’une tiédeur sans nom.
Mais après ça, ne faut-il pas se poser d’autres questions ? Si vous avez réussi à vous berner sur l’usage que font les puissants de vos pratiques, que ne savez-vous si vous-mêmes en abusez ? Mon avis : tout est à jeter dans le développement personnel, le leadership ne s’apprend pas dans des cours, entre jeunes branchouilles classes moyennes en mal d’enchantement du monde. Soyons honnêtes, si ces gadgets avaient le moindre éfficace en dehors du renforcement du délire bourgeois de contrôle du corps, les coachs seraient monarques et dictateurs ‑or ils sont coachs.
Pour une analyse complémentaire sur le yoga et son insertion dans les structures sociales indiennes, ansi que son rapport avec l’impérialisme et le nationalisme Hindou : http://www.revolutionpermanente.fr/En-Inde-le-yoga-n-est-pas-que-non-violence
Merci pour l’article, que je lis pour la deuxième fois. J’adhère à ce qui y est dit, tant cela devient très agaçant d’entendre un tas de militants actifs (pour le changement réel) se transformer en passifs centrés sur eux. Il y a un parallèle très simple à faire entre développement personnel et libéralisme : c’est la même pensée du chacun pour soi. Soit disant, on peut tous s’en sortir en y croyant… bref.
Je rajouterais une nuance sur les intéressés ‑c’est d’ailleurs la même que je fais à Etienne Chouard- qui selon moi ne sont pas que « les 1% ». 1%, c’est consensuel, on est tous d’accord, on parle de gens que personne ne connaît, donc on ne se fâche pas. Mais ce que j’observe, en tout cas en France (même si je pense bien qu’il était question du 1% mondial) c’est que des gens qui profitent de la passivité et de l’absence de changement, il y en a quand même beaucoup. Je n’ai pas les chiffres, mais les gens que j’observe parfois ne sont pas milliardaires. Juste fils à Papa, bobo ou aristo, héritiers de quelques 10aines de milliers d’euros, d’une maison, ce qui suffit à les mettre à l’abri. Eux aussi ont intérêt à ce que ça ne change pas (donc à ce qu’un gourou dise « y a pas de hasard, ta pensée crée le monde »); car si on venait à réellement changer les choses et partager, ils perdraient forcément quelque chose…
donc réfléchissons aux petits chefs et aux petits intérêts, partout autour de nous, en plus des 1%!
Tout simplement excellent
Bonjour !
Je plussoie : « Méditation et spiritualité ne font pas bon ménage avec l’égoïsme nécessaire au système. »
Cela peut sembler paradoxal, mais c’est bien depuis que je regarde « en moi » et rien qu’en moi (en suivant un chemin spirituel) que mes relations avec les autres évoluent au quotidien vers plus d’empathie, de bienveillance et de partage.
Mon exemple : depuis mes 18 ans, j’ai participé, plus ou moins activement, à divers mouvements militants (Attac, soutien aux sans-papiers, défense d’une école « pour tou.te.s », collectif informel de réappropriation des rues, etc.), et cela faisait du bien à mon égo : je défendais mes convictions, forcément les « bonnes », les plus « généreuses », etc. Je me suis même plongé dans le féminisme, et j’affirmais haut et fort ma compassion et mon soutien à la cause…
Puis, un jour, j’ai prix ce nouveau chemin, et j’ai accepté de regarder, réellement, en moi. Et je me suis vu avec les femmes : manipulateur, cherchant à tromper, contrôler, à diriger, à dominer.
Depuis lors, il m’est impossible de porter le même regard accusateur : je me suis vu mettre en place les mêmes mécanismes (ou des mécanismes similaires) que tous ceux qu’avant je qualifiais de salopards…
Bref, je suis convaincu que le changement « global » n’est possible que si chacun.e accepte de se voir tel.le qu’il. est, qui est la première étape pour évoluer et se débarrasser des croyances (dans le « progrès », la « civilisation », etc.) et des attachements (notamment matériels) qui nous enferment et nous coupent des autres êtres (humains, animaux, végétaux, etc.)
Merci pour cet excellent site !
Benjamin
Il m’est arrivé la même chose que toi,j’ai cru à un moment qu’il fallait militer pour tout et au final c’est moi que je servais.De sûrcroit j’ai passé ma vie(40 piges) à attendre quelque chose qui viendrait de l’extérieur alors qu’à l’intérieur c’était une véritable porcherie.Du coup là j’ai seulement commencé à progresser pour de vrai.
Au final ce bon vieux Freud avait raison avec« Malaise dans la civilisation »,l’homme n’est pas un gentil petit animal débonnaire
Merci pour ce regard honnête sur un exercice d’auto-illusionnisme qui trompe bien du monde en occident, comme en orient.
Excellent article !
Le débroussaillage doit autant se faire intérieurement qu’extérieurement…
Quand prise de conscience il y a véritablement de quelque chose, l’action doit aussitôt être posée et s’ensuivre dans la matière , en harmonie et adéquation avec cette prise de conscience, sans quoi ce n’en est pas une véritablement…
Ne faire que travailler en son for intérieur, sans aucune action qui en témoigne à l’extérieur et qui soit en adéquation avec, peut vous rendre la vie plus « supportable » ou ce que vous voulez, mais ce ne serait qu’un pur travail d’illusionnisme du « soi-même », qui au delà du confort mental (et « gains » d’immédiateté contingeants, vu qu’il ne « s’oppose » à rien dan la matière) apporté au « pratiquant » de cet ordre, ne servirait en rien un vrai changement, mais alors en rien, car il y aurait contradiction dans l’harmonie du flux et du courant vrai de la vie…
J’ajoute et vice-versa…
Agir « extérieurement » sans travail intérieur revient au même point de « nullité » que de de travailler « intérieurement » sans en poser le « fruit » dans la matière en adéquation avec et au fur et à mesure des prises de conscience …