« Je suis frappé depuis quelques années par l’opération de médicalisation systématique dont sont l’objet tous ceux qui ne pensent pas dans la juste ligne : on les taxe de phobie. Et personne n’ose seulement délégitimer cette expression en la problématisant (c’est-à-dire en disant ce que se devrait de dire à tout propos un intellectuel : qu’est-ce que, au fait, ça signifie ?). Il y a maintenant des phobes pour tout, des homophobes, des gynophobes (encore appelés machistes ou sexistes), des europhobes, etc. Une phobie, c’est une névrose : est-ce qu’on va discuter, débattre, avec un névrosé au dernier degré ? Non, on va l’envoyer se faire soigner, on va le fourrer à l’asile, on va le mettre en cage. Dans la cage aux phobes. »
— Philippe Muray, Exorcismes spirituels III (2002)
« Contre le dessèchement de la pensée par la répétition paresseuse de sempiternels lieux communs ou par une frénésie conceptualisatrice faisant souvent fi de toute rigueur, l’exercice scrupuleux de l’esprit critique mérite, me semble-t-il, d’être instamment réhabilité. […] J’entends par esprit critique l’attitude consistant à ne porter des jugements que sur ce que l’on s’est d’abord efforcé de comprendre ; à recourir autant que faire se peut à des sources d’information de première main plutôt qu’à des synthèses toutes faites ; à ne rien tenir pour définitivement acquis et à refuser par principe tout argument d’autorité ; à se méfier de l’admiration stérilisante comme des aspirations puériles à l’originalité ; à toujours se demander si ce dont on parle existe réellement, pourquoi certains discours paraissent séduisants alors qu’ils ne résistent pas à un examen approfondi, et comment faire en sorte qu’une pensée soit à la fois logiquement cohérente et empiriquement vérifiable, rigoureusement argumentée et ouverte à la discussion, même lorsque celle-ci prend une tournure polémique. »
— Jean-Marc Mandosio, D’or et de sable (2008)
Il y a quelques semaines, Peter Gelderloos, l’auteur de Comment la non-violence protège l’État, que j’ai traduit pour les éditions Libre, s’est fendu d’une virulente et incroyablement mensongère attaque à mon encontre, traduite de l’anglais par « le Groupe Antifasciste Lyon et Environs », et publié sur le site Rebellyon.info[1]. Ce texte, truffé de mensonges, y compris par omission, de calomnies et d’absurdités en tous genres, appelle une mise au point. Voici donc :
1. Tout d’abord, et contrairement à ce dont m’accusent Gelderloos, le site Rebellyon et le groupe traducteur du texte de Gelderloos, je n’ai aucun problème avec les « personnes trans ». Aucun. J’ai un problème avec le concept de « trans », mais je ne pense pas et ne dit aucunement que les « personnes trans » posent problème. Je pense, et c’est un minimum, que personne ne devrait être dénigré ou opprimé de quelque façon en raison d’orientations ou de préférences sexuelles, d’une apparence physique, d’un âge, d’un statut social, etc. En tant qu’hommes ou femmes, ceux ou celles qui s’auto-qualifient de « trans » devraient — évidemment — bénéficier de la même liberté, des mêmes droits que tout un chacun. Et outre le concept de « trans », ce qui (me) pose problème, ce sont ces militants ou activistes trans ou pro-trans qui cherchent à imposer une idéologie et des normes, des lois, visant à conférer des droits spéciaux à certains individus, des droits qui viennent empiéter sur les droits d’autres groupes sociaux, et notamment des femmes. Mais j’y reviendrai.
2. La seconde chose que je tiens à souligner, c’est que l’article sur lequel Gelderloos s’appuie pour justifier ses insultes a été retiré de notre site web parce qu’il manquait de clarté. On peut se poser des questions sur l’intérêt et la pertinence de critiquer un texte ayant été supprimé, mais admettons. Sur ce point, et c’est bien le seul, Gelderloos a raison. J’aurais pu et dû introduire davantage de détails dans ma perspective. Ce que je me propose donc de faire ici.
3. Gelderloos me reproche de prétendre qu’il y aurait « un seul courant queer homogène », ce qui, selon lui, est faux. Seulement, si, d’un côté, divers groupes se réclamant du concept « queer » professent différentes perspectives politiques, économiques, etc., la théorie queer, comme l’indique l’article défini « la », est « une » théorie. Il existe une seule théorie queer, pas plusieurs. Les différents groupes queer existants relèvent au final de cette même idéologie[2] ou, si vous préférez, d’un même corpus théorique — issu du très opprimé et foncièrement révolutionnaire milieu universitaire états-unien. (Si le mot « queer » ne renvoyait à strictement rien de cohérent, son usage n’aurait simplement aucun sens.)
4. Gelderloos affirme que je « tente de confondre « les personnes trans » avec les « transhumanistes » », que c’est « une manipulation », et que « même si des personnes peuvent être transgenre et transhumaniste, ces deux concepts n’ont pas grand chose en commun à part le fait qu’ils partagent le même préfixe ». La seule manipulation, ici, est dans la manière dont il interprète et présente mon propos. Dans le texte en question, je soulignais un lien, bien réel, entre l’idéologie transgenriste promue par des militants ou activistes trans, sur laquelle je vais revenir, et le transhumanisme. Lien qui est revendiqué par certaines figures majeures du transgenrisme, comme Martine Rothblatt, qui sont également de fervents promoteurs du transhumanisme, et qui s’explique par une accointance idéologique indubitable, sur laquelle je reviendrai.
5. Gelderloos établit une association entre certaines pratiques de sociétés autochtones, non industrielles, par exemple avec « la spiritualité avec des individu.es à deux esprits » (« bispirualité » amérindienne) et le non-binarisme de la société industrielle. Or, de nombreux autochtones ont expliqué et continuent de faire valoir que cette association, cette assimilation (appropriation culturelle) n’a pas lieu d’être, s’agissant de concepts bien trop différents[3]. Il est particulièrement absurde que, dans leur tentative de bricoler une généalogie respectable au transgenrisme, les transactivistes l’assimilent sans vergogne à divers arrangements sociaux propres à diverses cultures du monde, existantes ou disparues (berdaches ou two-spirit amérindiens, hijras des Indes, katoeys du Siam, muxhes du Mexique, burneshas d’Albanie, femminiellis napolitains, mahu ou rae rae à Hawaï et Tahiti, okules et agules chez les Lugbara en Ouganda, isanus chez les Xhosa en Afrique du Sud, ashtime chez les Maale en Éthiopie, fakaleitī ou fakafefine aux Tongas, etc.), s’imaginant, de la sorte, le rationaliser, le justifier, cependant qu’ils ne font que mettre au jour le lien indissoluble entre patriarcat et transgenrisme, étant donné que la quasi-totalité de ces arrangements sociaux auxquels ils l’associent sont les produits de sociétés patriarcales — c’est-à-dire fortement, rigidement et hiérarchiquement genrées. En outre, à étudier d’un peu plus près ces arrangements sociaux relativement disparates, on remarque assez rapidement qu’ils diffèrent du phénomène appelé transgenrisme sur un certain nombre de points. Cela apparaît de manière particulièrement flagrante dans le cas exceptionnel des Bugis d’Indonésie, parfois pris en exemple par certains transactivistes, leur culture traditionnelle n’ayant essentiellement rien à voir, ni de près, ni de loin, avec la civilisation industrielle dont a émergé le transgenrisme.
6. Gelderloos m’accuse, au motif que je n’abordais pas le sujet dans l’article qu’il critique — au moyen, donc, d’une rhétorique de haut vol —, de soutenir les mutilations médicales infligées aux personnes dites « intersexes ». Je ne soutiens évidemment pas ces opérations non nécessaires, ces atrocités. Mais Gelderloos oublie étrangement de rappeler que les opérations médicales que subissent les personnes intersexes ne sont pas toutes superflues : dans un certain nombre de cas, elles visent à remédier aux graves problèmes de santé qui accompagnent plusieurs types d’intersexuation (aussi appelés troubles du développement sexuel). Il oublie également de noter que, tandis que des personnes intersexes militent contre d’inutiles mutilations corporelles, le transgenrisme milite, au contraire, en faveur d’inutiles mutilations corporelles.
7. Gelderloos m’accuse de « friser le racisme » au motif que j’idéaliserais les cultures non-occidentales — tout en généralisant sur lesdites cultures quand il s’agit de rationaliser ou de justifier tout ce qui se rapporte au concept de « trans » dans la culture techno-industrielle occidentale. J’ai moi-même quelques problèmes avec le primitivisme précisément pour cette raison qu’il repose sur une telle idéalisation. Alors je vais essayer d’être aussi clair que possible : je ne crois pas que les cultures autochtones, non industrielles, dites « traditionnelles », de chasseurs-cueilleurs ou d’horticulteurs, soient parfaites, ni qu’elles relèvent toutes d’un même modèle. Je crois que la réalité est plus complexe, et que si certaines d’entre elles partagent des caractéristiques, et parfois des caractéristiques très intéressantes, elles témoignent surtout d’une incroyable diversité. Ce qui rend ces cultures si précieuses, c’est qu’elles sont, pour certaines, et contrairement à la nôtre, écologiquement soutenables, et/ou socialement plus équitables, qu’elles nous permettent d’imaginer et de concevoir d’autres rapports au vivant, d’autres manières de vivre. Apprendre du passé, connaître le passé, pour mieux nous connaître, pour entrevoir d’autres possibilités, pour imaginer des manières de sortir du désastre actuel.
8. Gelderloos écrit : « Des apports de l’archéologie démontre[nt] que des sociétés non-urbaines et non-industrielles pratiquaient la chirurgie de réassignation sexuelle comme elles pratiquaient l’odontologie. » L’air de dire : « vu qu’il idéalise ces cultures, si je lui dis qu’elles pratiquaient une sorte d’équivalent de la chirurgie de “réassignation sexuelle”, alors il ne pourra qu’être en faveur de cette pratique. » Autre sophisme. Le seul fait que d’autres cultures, autres que la culture occidentale, aient adopté, par le passé — ou recourent actuellement à — certaines pratiques, ne signifie aucunement que lesdites pratiques soient bonnes, justes, souhaitables. On peut bien, ou non, les juger similaires à certaines pratiques modernes de la société industrielle, mais cela ne nous dit rien de leurs désirabilités, de leurs justesses, de leurs pertinences, de leurs moralités — ni de celles de la société industrielle, ni des autres. Un tel raisonnement — relativisme moral et culturel — nous amènerait à soutenir l’excision et toutes sortes d’ignominies. Il n’y a aucune raison de croire que tout ce que faisaient ou que font les « sociétés non-urbaines et non-industrielles » est juste et bon. Aussi, encore une fois, on rappellera que les nombreuses associations faites, en vue de le légitimer, de le rationaliser, entre le transgenrisme et diverses pratiques historiques d’autres cultures ou sociétés relèvent bien souvent de l’absurde étant donné que ces sociétés ou cultures sont toutes patriarcales. En employant cet argument, ils ne font qu’involontairement mettre en lumière le caractère patriarcal du transgenrisme. Par ailleurs, l’expression « chirurgie de réassignation sexuelle » est a minima trompeuse, sinon mensongère, mais j’y reviendrai (point 11, ci-dessous).
9. Gelderloos affirme, et encore une fois, sans le moindre élément de preuve, que le recours aux bloqueurs de puberté est « relativement bénin ». C’est plus que discutable. Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous ne savons pas (encore) grand-chose des effets du recours à ces médicaments, mais que le sujet est très controversé[4], et qu’on les soupçonne d’ores et déjà, entre autres, de pouvoir provoquer l’infertilité et de perturber le développement osseux[5].
10. Gelderloos m’accuse d’adhérer « aux visions essentialistes de la nature et des corps ». Accusation infondée, encore une fois. L’essentialisme, en l’occurrence, consisterait à considérer que la biologie détermine intégralement les goûts, le caractère, la personnalité et la physiologie de l’individu. Or, à l’instar d’Anne-Emmanuelle Berger, directrice de l’Institut du genre au CNRS, professeure de littérature et d’études de genre, je constate que : « Ce qui fait l’humain, c’est l’interaction constante et réciproque entre des processus biologiques et des processus de socialisation, de façonnage par les cultures. » La biologie ne fait pas tout, mais la biologie ne peut pas être niée, occultée. Ce n’est pas parce que l’on possède un utérus que l’on est vouée à être dominée, exploitée, opprimée et ce n’est pas parce que l’on possède un pénis que l’on est voué à dominer, exploiter, opprimer. Le problème du patriarcat est culturel, et non biologique, mais il repose sur la biologie. Gelderloos suggère en outre, très subtilement, au moyen d’un autre joli sophisme par association, que ma prétendue adhésion « aux visions essentialistes de la nature et des corps » me rapproche de la rhétorique « du fascisme ». Mais peut-être que Gelderloos m’accusait d’essentialisme parce que je considère que le mot femme est lié à la biologie. Ce n’est pas clair. Si tel est le cas, il ne s’agit pas d’essentialisme, seulement de logique. Définir « femme » (ou « homme ») comme un sentiment pouvant être ressenti par n’importe qui, sémantiquement, n’a aucun sens : définir une « femme » comme « une personne ayant le sentiment d’être une femme » revient à définir un carré comme « une chose dont on dit qu’elle est carrée », ou à définir un président de la République comme « une personne qui se sent président de la République », un neurochirurgien comme « une personne qui se sent neurochirurgien », etc. — il s’agit d’une formidable tautologie, pas d’une définition. Le plus souvent, d’ailleurs, ce sentiment d’être femme repose sur les stéréotypes qui constituent le genre : un homme aimant le rose et les talons aiguilles, ou bien de façon encore plus problématique, associant son désir d’être soumis et un objet sexuel au fait d’être une femme. Où l’on voit encore combien cette idée est insultante pour les (vraies) femmes et comment elle reproduit, renforce, le carcan du genre.
11. Si j’ai employé le pronom « il » pour parler de Rothblatt, ce n’est pas parce que je suis un salaud irrespectueux des volontés de ceux qui souhaitent qu’on s’adresse à eux en utilisant le pronom de leur choix, mais pour faire ressortir un abus langagier. Pour deux raisons. D’abord parce que les pronoms reflètent le sexe. Ensuite parce qu’il est mensonger de parler de « chirurgie de réattribution sexuelle (ou de réassignation sexuelle) ». Comme on peut le lire sur le site transparis.fr : « En règle générale l’intervention chirurgicale permet d’obtenir des organes génitaux d’apparence extérieure naturelle et très voisine de l’anatomie féminine, avec une fonction sexuelle très satisfaisante. » La chirurgie dite de réattribution ou de réassignation sexuelle change « l’apparence » des organes génitaux. Elle ne change pas le sexe biologique du corps d’une personne, le caractère sexué de toutes ses cellules. Un homme, « mâle adulte de l’espèce humaine », « être humain doué de caractères sexuels masculins », reste un homme, même après une telle opération, à la différence près que ses organes génitaux auront l’apparence d’organes génitaux féminins. Cela fait partie des raisons pour lesquelles certaines féministes radicales, dont je partage le point de vue sur le sujet, ne considèrent pas qu’une soi-disant « femme trans » est une femme.
12. Tout en m’accusant d’étranges et insensées intentions imaginaires, Gelderloos parvient à passer sous silence la principale (la seule) raison pour laquelle je mentionne Martine Rothblatt, à savoir son livre qui expose — très explicitement, c’est dans le titre — le lien entre transgenrisme et transhumanisme. Je me permets donc de reproduire ce que j’avais écrit dans l’article en question :
« Né homme, ce PDG de l’entreprise états-unienne de biotechnologie United Therapeutics est aussi l’auteur d’un livre paru en 1995, intitulé L’Apartheid des sexes : manifeste pour la liberté de genre et d’un autre, plus récent, sorte de révision du premier, intitulé From Transgender to Transhuman : A Manifesto on the Freedom of Form (« De transgenre à transhumain : manifeste sur la liberté de forme »). « Futuriste convaincue que la technologie peut libérer l’être humain de ses limites biologiques – l’infertilité, la maladie, la déchéance, et même la mort », Martine a créé sa propre fondation transhumaniste, Terasem (« fondation dont l’objectif est de parvenir à l’immortalité et à la “cyberconscience” par le biais de la cryogénie et de l’intelligence artificielle »). Et afin de vaincre la maladie, la déchéance et la mort, Martine finance Revivicor, une compagnie qui « produit des cochons génétiquement modifiés » [sic], comme autant de « réservoirs d’organes qui pourraient à l’avenir être transplantés chez l’homme » (du moins, chez ceux qui en ont les moyens). Sachant qu’afin « de rendre les poumons de porcs compatibles avec les humains, Rothblatt a estimé que 12 modifications doivent être apportées au génome du porc ». Martine Rothblatt est également un fervent eugéniste qui souhaite « permettre aux parents de créer des embryons customisés » en leur octroyant une « liberté complète de donner naissance au génome » qui leur plaît. Au passage, soulignons l’ironie qui veut qu’en 2014 [2013], Martine a été la femme PDG la mieux payée des USA (la femme PDG la mieux payée est [était] donc un homme). »
Manifestement, la question du salaire n’était pas du tout la raison principale de mon intérêt pour Martine. Je souligne simplement cela « au passage ». « Au passage », c’est pourtant clair, non ? Or, tout en évitant soigneusement de s’intéresser à cette raison principale, au livre de Rothblatt et à son contenu idéologique (« nous ne devrions pas être surpris que le transhumanisme surgisse de l’aine du transgenrisme », nous dit Rothblatt), Gelderloos m’accuse d’avoir choisi « une personne trans au hasard » mais « qui gagne beaucoup d’argent » — et puis, si j’avais choisi en fonction du salaire, ce ne serait pas du hasard, mais passons. Il se perd alors dans une recherche Google insensée de salaires et de positions entrepreneuriales. Et vu qu’il m’accuse d’avoir parlé de Rothblatt à cause d’une question financière, à cause de son salaire — ce qui, on l’a vu, est faux — il m’accuse ensuite d’antisémitisme. Vous suivez ? Jusque-là : raciste, fasciste, et antisémite. Et ce n’est pas fini. En outre, Gelderloos semble n’avoir pas compris que si je mentionnais, « au passage », son salaire, c’est en raison de l’ironie du fait qu’en 2013, « la femme la mieux payée des États-Unis » (dixit Vanity Fair) était donc un homme.
13. Gelderloos m’accuse de copier « les tactiques de l’extrême-droite, en prétendant qu’un groupe complètement marginalisé contrôlerait les médias ». Autre mensonge. Je n’ai jamais prétendu qu’ « un groupe complètement marginalisé contrôle[rait] les médias ». En revanche, j’ai mentionné un fait. Le film documentaire intitulé Transgender Kids : Who Knows Best ? (« Les enfants transgenres : qui sait mieux ? »), réalisé par la BBC, a bel et bien été déprogrammé par la chaine CBC, au Canada, après des plaintes de personnes « qui n’appréciaient pas le message véhiculé ». J’ai donc simplement rapporté ce qu’il s’est littéralement passé. Sous la pression d’un groupe d’individus défendant certains intérêts (la définition même d’un « lobby », terme que j’emploie) liés au courant « trans », le documentaire a été déprogrammé. La chaîne a décidé de ne pas le diffuser. Ce qui signifie simplement que ce groupe d’intérêt, ces individus disposent d’une certaine influence sur les médias (on rappellera au passage que ce n’est pas la seule et unique fois qu’un tel évènement se produit ; l’influence de ce groupe de pression est telle qu’il parvient à censurer la publication de livres[6], à exclure certaines personnes de Twitter pour les réduire au silence[7], à faire annuler conférences et interventions[8], à faire interdire les recherches d’un universitaire cherchant à étudier le sujet de la détransition[9], c’est-à-dire des personnes trans ayant effectué une « transition » et le regrettant, etc.). Et « disposer d’une certaine influence sur », ce n’est pas la même chose que « contrôler ». Tout le monde devrait être en mesure de le comprendre. Pas Gelderloos, qui se permet encore une fois de vicieusement déformer mon propos pour formuler une autre calomnie. Car attention ! Le rapporter, énoncer ce fait que le documentaire a été censuré suite à la pression d’un groupe d’individus vous place automatiquement dans le camp de ceux qui « copient l’extrême-droite », ce qui vous rapproche du fascisme et fait de vous un Hitler en puissance. Les multiples sophismes par association qui constituent la rhétorique de bien trop d’inquisiteurs modernes — de droite comme de gauche ou d’extrême-gauche, ou de gauche « radicale » — sont une insulte et une attaque contre la pensée critique, contre la raison et contre la signification, chargée, de ces mots qu’ils emploient n’importe comment, comme d’autres lançaient des anathèmes afin de bannir, d’excommunier « quelqu’un pour cause d’hérésie de la communauté des fidèles ». « À chaque époque ses hérétiques, à chaque époque son inquisition », remarquait Traven.
14. Jamais à court de sophismes, Gelderloos écrit : « Mon objectif est de montrer que la position de Casaux n’a aucune légitimité. Quand quelqu’un.e parle de ce qu’iel ne vivra jamais personnellement, iel parle en ignorant.e. » Gelderloos lui-même parle donc en ignorant des choses qui concernent les trans et la mouvance queer. Selon ses propres dires, il n’aurait donc « aucune légitimité » à parler de tout ce dont il parle dans son attaque à mon encontre, qui n’aurait donc aucune valeur. Il eut mieux fait de la fermer. Formidable, n’est-ce pas. Quelque part, Gelderloos sait que cela serait absurde, autrement, il n’aurait pas écrit ce texte. Car ce que cette phrase signifie en réalité, la manière dont beaucoup vont la comprendre, c’est : « on ne doit pas parler de choses que l’on n’a pas vécues personnellement, on n’a rien à en dire ». Et là, l’absurdité d’une telle proposition apparait clairement. Quelques exemples l’illustreront significativement. Si je vous disais : « seules les victimes de viols peuvent parler des viols et les dénoncer » ; ou « seules les victimes d’accidents nucléaires peuvent en parler et les dénoncer » ; etc., vous vous rendriez immédiatement compte de l’absurdité d’une telle logique. Nous pouvons nous exprimer sur des choses que nous n’avons pas connues personnellement. D’abord parce que, comme l’a formulé Publius Terentius Afer, dit Térence, esclave romain rapidement affranchi, Homo sum : humani nihil a me alienum puto, « je suis humain, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». L’empathie, une certaine universalité de la condition humaine. Mais aussi parce qu’animaux politiques doués de raison, nous disposons d’un cerveau et d’une capacité de raisonnement. Nous pouvons apprendre, rechercher ou recevoir des informations, les engranger et les traiter. Qui est sectaire ?
15. Si je parle de liens entre le transgenrisme et le transhumanisme, de même que certains idéologues trans et transhumanistes comme Rothblatt — ce que Gelderloos a pris soin de ne pas discuter — c’est pour plusieurs raisons. C’est parce que le transgenrisme repose sur une dissociation du corps et de l’être. D’après le chercheur et activiste trans Zinnia Jones : « les transgenres sont un très bon exemple de prémisses du transhumanisme, étant donné qu’être transgenre implique le rejet des croyances et limitations habituelles concernant ce qu’une personne peut être, et la prise de contrôle — la redéfinition active — de notre identité, de nos corps et de leur fonctionnement. […] Étant donné que les transgenres sont, qu’ils le veuillent ou non, à l’avant-garde ici, l’idée d’être transgenre pourrait aider à faire accepter aux gens l’autodétermination et l’autodéfinition visant à répondre à nos désirs personnels, en se libérant des limitations morales arbitraires sur le genre d’existence à laquelle nous devrions nous limiter[10]. » Pour bien saisir l’étendue du culot de Gelderloos, de sa malhonnêteté à m’accuser surréalistement d’antisémitisme en raison de ma mention de Rothblatt, il faut lire cet édifiant article de Jennifer Bilek sur Martin‑e Rothblatt. Toutes les personnes trans ne sont pas transhumanistes, toutes les personnes trans ne militent pas en faveur du transhumanisme, certaines peuvent bien le critiquer. Mais selon l’idéologie transgenriste la plus répandue (il y en a plusieurs, c’est un peu confus), comme selon le transhumanisme, et selon la culture dominante plus généralement, nous ne sommes pas nos corps, celui-ci n’étant perçu que comme un matériau modelable, servant à héberger notre identité ou nos identités fluides ou changeantes. Au lieu d’expliquer aux jeunes troublés par l’inadéquation entre leur corps, leurs envies et les stéréotypes sociaux associés aux sexes dans la culture dominante qu’ils n’ont pas à s’en faire, qu’ils n’ont pas à correspondre auxdits stéréotypes, qu’ils peuvent aimer leurs corps, que le problème émane précisément de ces stéréotypes et de cette culture et pas de leur corps, la rhétorique hégémonique dans le milieu trans leur suggère qu’ils sont « nés dans le mauvais corps », mais qu’ils peuvent rectifier le tir en le transformant — d’où différents traitements médicaux et/ou chirurgicaux. Il s’agit de ce qu’exposent, entre autres choses, le documentaire Transgender Kids : Who Knows Best ? (Les enfants transgenres : qui sait mieux ?) réalisé par la BBC, précédemment mentionné, que j’ai sous-titré[11], et le documentaire Trans Kids : It’s Time to Talk (Les Enfants trans : il est temps d’en parler), réalisé par Stella O’Malley pour Channel 4, une autre chaine de télévision britannique, que j’ai également sous-titré[12]. Contrairement à ce que prétend l’inquisiteur Gelderloos, je me soucie évidemment du sort des « enfants transgenres » : c’est la principale raison pour laquelle j’ai sous-titré lesdits documentaires. Certaines personnes trans, comme Miquel Missé, qui, comme Gelderloos, est Barcelonais, tout en reconnaissant qu’il s’agit là du discours dominant, hégémonique, dans le milieu trans, considèrent cela comme une « conception essentialiste des trans ». Missé s’inquiète également du sort des « enfants transgenres », du fait que « la seule réponse pour les enfants qui ne veulent pas suivre les normes de genre imposées par la société est de devenir trans » et des conséquences que cela implique. Missé est en outre « conscient que critiquer le discours essentialiste ou critiquer le récit médical peut être vu comme de la “transphobie”, ce qui coupe court à tout échange sur le sujet – mais, trans lui-même, il se sait moins attaqué sur ce flanc[13] ». D’autres transgenres et transsexuels émettent des critiques vis-à-vis de l’idéologie transgenriste[14]. Des activistes gays considèrent qu’elle est à la fois misogyne et homophobe[15]. Mais eux aussi se voient bien souvent qualifiés de « transphobes » sans autre forme de procès, excommuniés, toujours afin d’empêcher le moindre débat, la moindre remise en question.
16. Enfin, concernant les problèmes que posent l’idéologie de l’identité de genre que les transactivistes cherchent à imposer, vis-à-vis, en particulier, des femmes, j’ai traduit plusieurs textes de féministes anglophones dont je partage les vues sur le sujet, et qui les expriment mieux que moi. Alors autant leur laisser la parole. Je vous renvoie donc vers ce discours de Meghan Murphy[16], ce texte d’Hannah Harrison[17], ou encore vers ce texte d’un collectif de féministes[18], traduit par Ana Minski.
Voilà. Ceux qui veulent aller plus loin ou ne comprennent pas bien certains points sont invités à faire l’effort de lire les textes en hyperliens, à consulter les notes. Il y aurait d’autres choses à dire, encore, mais ce texte est déjà long, et puis il y a de grandes chances pour que mes détracteurs ne cherchent en réalité pas à comprendre quoi que ce soit. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. La sottise de l’attaque de Gelderloos devrait sauter aux yeux. Il est pour le moins consternant que de soi-disant radicaux traduisent — mal — et publient une telle chose. Consternant, mais pas étonnant. Ils sont coutumiers du fait. Nous pouvons ne pas être d’accord, nous pouvons confronter des points de vue sur la base d’arguments logiques, de raisonnements. Mais quelle inversion de réalité lorsque celui qui m’accuse de ne dire « que de la merde » ne recourt qu’à une longue litanie de sophismes et de mensonges. Et que cela nous dit-il sur le « milieu radical » ou la « communauté » qui accueille un tel texte avec la plus grande joie (« ça fait tellement plaisir, hahaha, on boit tes larmes », m’a dit l’un d’eux, supposant sans doute qu’un argumentaire aussi solide m’aurait touché en plein cœur, tout en reconnaissant par ailleurs tranquillement que Gelderloos « est parti grave loin, mais je le comprends, il veut pas être associé à tes idées donc il en rajoute », car tout est bon pour parvenir à qualifier quelqu’un de transphobe, y compris mentir, calomnier, bref, « partir grave loin ») ? Que leur radicalité, comme l’a très bien noté le Lillois Tomjo[19], n’est qu’une prétention ridicule : leur affaire relève plutôt de l’extrémisme. Au Gelderloos et à ses condisciples : vous n’êtes pas de vertueux défenseurs de la veuve, du « trans » et de l’orphelin, de l’opprimé et du dominé, seulement des idiots qui refusent de laisser s’ouvrir un dialogue qui permettrait à des femmes, des enfants et des hommes d’améliorer leurs conditions.
Nicolas Casaux
- https://rebellyon.info/Nicolas-Casaux-et-la-transphobie-par-21327 ↑
- Pour une critique fournie de ladite « théorie queer », lire : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Ceci_n_est_pas_une_femme.pdf ↑
- Voir : https://culturallyboundgender.wordpress.com/2013/03/09/toward-an-end-to-appropriation-of-indigenous-two-spirit-people-in-trans-politics-the-relationship-between-third-gender-roles-and-patriarchy/ ou : http://ourlivesmadison.com/article/dear-queer-white-people-cultural-appropriation/ ↑
- Voir : https://www.telegraph.co.uk/news/2019/03/07/nhs-transgender-clinic-accused-covering-negative-impacts-puberty/ et https://www.theaustralian.com.au/nation/drugs-for-trans-kids-a-health-risk-say-doctors/news-story/847a7e9314bb010011ebda07918237e7 ou encore : ↑
- https://www.hormone.org/your-health-and-hormones/transgender-health/gender-nonconformity-in-children-and-adolescents ↑
- Derrick Jensen en a par exemple fait les frais, aux États-Unis : son livre Anarchism and the politics of violation qui devait être publié par Seven Stories Press a finalement été refusé par la maison d’édition. ↑
- https://www.feministcurrent.com/2018/11/26/whats-current-meghan-murphy-suspended-twitter-referring-trans-identified-pedophile/ ↑
- https://www.telegraph.co.uk/education/2019/04/13/conference-cancelled-amid-speakers-fears-fallout-transgender/ et https://www.liberation.fr/checknews/2019/10/27/pma-pourquoi-la-conference-de-sylviane-agacinski-a-t-elle-ete-annulee-a-l-universite-de-bordeaux_1759987 ↑
- https://www.telegraph.co.uk/news/2019/02/19/proposal-research-trans-regret-rejected-university-fear-backlash/, sur la détransition, voir aussi : https://ici.radio-canada.ca/info/2019/05/transgenre-sexe-detransitionneurs-transition-identite-genre-orientation/ ↑
- https://www.patheos.com/blogs/camelswithhammers/2012/06/interview-with-zinnia-jones/ ↑
- https://www.dailymotion.com/video/x6bs0v6 ↑
- https://www.dailymotion.com/video/x6xv5cs ↑
- https://laviedesidees.fr/Le-mythe-du-mauvais-corps.html ↑
- https://tradfem.wordpress.com/2018/12/09/appel-au-lobby-trans/ ↑
- https://tradfem.wordpress.com/2019/08/27/misogynie-et-homophobie-%e2%80%89tendance%e2%80%89-un-gay-prend-a-partie-lideologie-transgenriste/ ↑
- https://www.partage-le.com/2019/11/lidentite-de-genre-ses-implications-pour-la-societe-la-loi-et-les-femmes-par-meghan-murphy/ ↑
- https://partage-le.com/2018/11/les-principes-de-jogjakarta-une-menace-internationale-contre-les-droits-des-femmes-par-hannah-harrison/ ↑
- https://tradfem.wordpress.com/2019/10/05/ameliorons-les-debats-sur-le-genre-le-sexe-et-les-droits-des-transgenres/ ↑
https://www.partage-le.com/2019/10/du-nouveau-maccarthysme-en-milieu-radical-par-tomjo/ ↑
Gelderloos dont tu as promu les livres ?
Quelle déception de voir un esprit si limité derrière cet homme qui développe pourtant des thématiques intéressantes (violence/non-violence).
Ta réponse est super claire, sans équivoque. Dans le mille.
Bientôt, pour reconnaître un esprit libre, il suffira de regarder les plus calomniés…
Ouais, celui-là même. Ses livres ne sont pas trop mauvais. Il souligne des choses justes. Sa prose requérait cela dit un certain travail de transcription pour parvenir à une lecture plus fluide, plus agréable. Les arguments qu’il avance pour critiquer la non-violence, beaucoup d’autres les ont formulés, et parfois mieux que lui (de Günther Anders à Arundhati Roy), mais leurs écrits ne sont pas toujours traduits.
Un soutien total pour vous Nicolas, voilà quelques années que je vous suis sur le partage et vos articles sont et ont toujours été de grande qualité, et m’ont toujours fait me sentir moins seul au milieu de toute cette merde.
Je suis extrêmement déçu par l’attitude de Gelderloos et par une partie du bloc « radical » lancée dans une chasse aux sorcières digne de McCarthy.
Après Tomjo (autre penseur véritablement radical que j’apprécie tout autant) cela ne m’étonne pas trop que vous subissiez les attaques de ce bloc qui dénonce la domination en dominant, prône la libération en enfermant et qui censure et menace à tour de bras. Bien la peine de dénoncer le capitalisme pour en arriver à ça, c’est à en vomir.
Du vent, des outres pleines de vent pour reprendre le bon vieux Orwell.
Ne lâchez rien, vos textes sont vrais et puissants et n’importe lequel de vos lecteurs pourra le dire.
Je vous lis avec plaisir, et continuerai à le faire, depuis le Pacifique Sud qui lui aussi est massacré tous les jours par la civilisation industrielle.
Salutations fraternelles.
The frontline is everywhere.
Mais qui, de nos jours, ne subit pas la critique dès le premier énoncé ? Et quand bien même elle n’est pas adressée, elle reste pensée… Qu’elle soit fondée, injuste, délirante ou mal formulée, de par sa spontanéité et son omniprésence elle signifie avant toute autre chose le confinement intellectuel du sujet, une espèce d’imperméabilité, de carapace culturelle.
Et répondre à la critique, serait-ce… un manque d’altruisme ? quel paradoxe pour un écrivain qui a choisi un si beau nom de site…
Tu me rétorqueras qu’il faut laisser pleine liberté à l’expression, oui mais répondre à des foutaises c’est aussi perdre du temps. Te justifier, je crois que tu n’en as pas besoin, au regard de nombreux lecteurs qui préfèrent savourer les analyses d’objet pointues que tu leur offres.
Un peu de visibilité médiatique, et hop ! c’est la tête de turc. C’est comme ça (lalala), c’est le jeu ma p’tite Lucienne. Un jeu qu’il serait sain d’ignorer
Moi et d’autres je suppose, on s’en fout de ces querelles intestines — et obligatoirement fallacieuses. Les propos de monsieur Gedertruuk je m’en contre-balance, vraiment. Nous venons ici pour approfondir notre réflexion sur certains sujets, cherchant un éclairage extérieur et une prose agréable.
Et dans l’ensemble je suis satisfait 😉
Quand le traducteur devrait en fait être celui qui est lu et pas l’auteur…
Désolant de bêtise, et surtout d’une médiocrité intellectuelle qui tranche avec le peu que j’avais lu ou entendu de Gelderloos…
J’adore aussi le coup du « vous avez pas vécu vous pouvez pas parler »…Ce fascisme intellectuel doit cesser !
Ce qui me saute au yeux en vous lisant, ce sont les similitudes :
Gelderloos : « ll y a des personnes trans qui approuvent ces interventions, d’autres qui sont favorables à certaines et réticentes vis à vis d’autres, et il y a celleux qui vivent celles-ci comme une violence. Beaucoup de personnes trans subissent des chirurgies pour éviter une encore plus grande violence à savoir que les personnes cis se déchainent sur elleux dans les lieux publics, pour pouvoir avoir un « passing » en accord avec leurs genres, pour obtenir des perspectives d’emploi, pour éviter le harcèlement. »
Casaux : « Au lieu d’expliquer aux jeunes troublés par l’inadéquation entre leur corps, leurs envies et les stéréotypes sociaux associés aux sexes dans la culture dominante qu’ils n’ont pas à s’en faire, qu’ils n’ont pas à correspondre auxdits stéréotypes, qu’ils peuvent aimer leurs corps, que le problème émane précisément de ces stéréotypes et de cette culture et pas de leur corps […] »
==> similitude sur la volonté de se défaire des stéréotypes imposés par la société.
Deux autres extraits :
Gelderloos : » Je me rappelle ce que c’était d’être adolescent. A cet âge, personne n’était plus qualifié pour prendre des décisions quant à mon corps ou mon identité de genre. Seul un autoritaire peut dénier l’autonomie physique des adolescent.es. La vie ne commence pas à 18 ans, quand l’État nous accorde la majorité. Nous devons prendre des décisions concernant notre corps avant cela, et personne ne devrait pouvoir nous enlever ces choix. »
Ana Minski (article publié chez vous) : « Dans le monde entier, des jeunes luttent en permanence contre leur statut social et contre ses conséquences en termes de mise sous tutelle, d’enfermement, de discipline, d’éducation, de « protection », de marginalisation, de pauvreté et de clandestinité. »
==> réflexion similaire sur l’âge auquel les enfants ne devraient plus être considérés comme des mineurs, mais capables de prendre leurs propres décisions.
En fait, en lisant vos articles aussi bien que ceux de vos détracteurs (pareil pour Tomjo et Mawy dont j’ai lu article et BD), je suis toujours d’accord avec une partie de ce que chacun écrit. Et je ressens une forte frustration car les articles portent sur les divergences, sur » qui a raison » et entrent dans un règlement de compte qui relèvent bien souvent de l’ego et de l’honneur bafoués, allant aux insultes ( Casaux : » des idiots » / Gelderloos » de la merde » ==> similitude dans l’usage de l’insulte) plus qu’au débat.
Pour terminer, juste un point sur qui a le droit de parler de quoi. Il est évident que ce débat devrait être mené également en interrogeant les personnes concernées, ce qui manque cruellement dans tous vos articles (idem pour Gelderloos d’ailleurs). Je parle d’une vraie interview, d’un article quoi, pas d’un documentaire ou d’une citation.
Ou bien d’un beau débat genre Mawy / Meghan Murphy 😀
Bref, je trouve que les conflits inter-individu prennent le pas sur le débat d’idée. Mais peut-être que je suis difficile.
Merci de m’avoir lue !
Et les procédés clairement malhonnêtes, diffamatoires, auxquels recourt Gelderloos, vous les ignorez simplement ? Si vous en trouvez dans mon texte, n’hésitez pas. Oui, il y a des similitudes, des points d’accord, bien évidemment, j’ai traduit son livre, je suis d’accord avec lui sur de nombreux points. Pas sur tous. Nos points de désaccord sont également significatifs. Je m’efforce de débattre avec le plus de clarté possible, et sans recourir à aucun sophisme, à aucun mensonge. Il me semble assez évident que ce n’est pas le cas de Gelderloos. Si cela, vous ne le percevez pas, il y a un problème.
Vous êtes trop gentil et lui accordez trop.
Selon le mythe d’Aristophane dans le Banquet de Platon les dieux ont décidés de couper l’être androgyne originel en 2, mâle et femelle, afin qu’ils cherchent leur moitié et se reproduise en s’accouplant — et ne pense plus à gravir l’Olympe.
Autrement dit le sexe est dès l’origine pensé comme (ou par définition) en relation avec la reproduction. La recherche du plaisir en est le moyen.
Réduire le sexe au genre (ce que fait la Theorie Queer dans toutes ses variantes) ne peut donc se faire de manière efficiente (*) que par l’externalisation de la reproduction et de la gestation : Uterus artificiel, ou Mother Machine. Femme et homme seront alors enfin interchangeable, sexe et genre auront fusionnés, sexe et genre auront disparus.
Et bientôt les formes de sexualité puisque le plaisir ne sera plus nécessaire et que l’orgasme pourra être atteint Ad libitum par des stimulations neuronales.
C’est la situation décrite dans le film Matrix : des machines cultivent des corps et leurs donne vie et plaisirs virtuelles dans une matrice.
Selon moi « trans » est bien distribué. Les transgenres (tout ceux qui ne sont pas cisgenres) transgressent la binarité du sexe et du genre, et les transhumanisme, une fois la première achevée transgresse l’unité et l’unicité humaine. Car le transhumanisme conduit inévitablement vers le posthumanisme.
La subversion du genre humain est dans la droite ligne de la subversion des sexes et des genres même si elle n’est pas conscientisée par ceux ou celles qui la professe.
(*) Sinon cela reste un mythe à venir. La Théorie Queer restera de la « Genre-fiction » jusqu’à l’avènement de l’utérus artificielle.
Correction des derniers paragraphes du message précédent.
« Selon moi “trans” est bien distribué. Les transgenres (tout ceux qui ne sont pas cisgenres) transgressent la binarité du sexe et du genre, et les transhumanistes, une fois la première transgression achevée, transgressent l’unité et l’unicité humaine. Car le transhumanisme conduit inévitablement vers le posthumanisme.
La subversion du genre humain est dans la droite ligne de la subversion des sexes et des genres même si ceux qui professent cette dernière n’en sont pas conscient ».
Pourquoi ceux qui défendent la théorie queer ont autant de mal à accepter la critique ?
Peut-être parce que la pensée queer n’est pas une pensée rationnelle (le refus du débat et les insultes en sont les signes). L’identité personnelle est quasi réduite à l’identité de genre. Toute critique de la non binarité sera alors considérée comme une remise en cause non seulement de leur identité de genre mais aussi de leur identité propre si ce n’est de leur existence même. Ce qui est un non sens pour ceux qui ne font pas cette « réductio ad gender » et qui veulent seulement avoir un débat d’idée. (Une personne est d’abord humaine avant d’être sexuée et genrée, et, en tant que telle, possède strictement les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’une autre. Et ce, même si leur propos sont fantasques).
Toc toc Neo…
I’m waiting for you.
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