Le problème ce n’est pas Trump, c’est nous (par John Pilger)

Un excellent texte de John Pilger où il revient sur le fond du problème, qui n'est pas Trump, mais la culture dominante et ses innombrables échecs (écologiques et sociaux), qui l'ont propulsé là où il est désormais ; ainsi que les millions de citoyens hypnotisés par la propagande omniprésente d'un système verrouillé et immuable (en France comme aux États-Unis), qui ne réagissent qu'en fonction des gesticulations des grands médias, des personnalités et de la culture mainstream (grand public) dans son ensemble. Ces millions de citoyens qui n'ont dit mot ou manifesté contre les agissements criminels d'Obama, qui ne perçoivent pas la continuité systémique entre les différents présidents qui se suivent, mais qui obéissent immédiatement aux incitations médiatiques visant à dénigrer Donald Trump, quand bien même partiellement fondées. Article initialement publié (en anglais), sur son site, le 17 janvier 2017.

Le jour de l’in­ves­ti­ture de Trump, des mil­liers d’au­teurs aux USA expri­me­ront leur indi­gna­tion. « Pour nous gué­rir et aller de l’avant…, disent les membres de Wri­ters Resist (en fran­çais : Les Écri­vains Résistent), nous vou­lons contour­ner le dis­cours poli­tique direct, en faveur d’un regard ins­pi­ré sur l’avenir et sur la manière dont nous, en tant qu’écrivains, pou­vons être une force uni­fi­ca­trice pour la pro­tec­tion de la démo­cra­tie ».

Ils ajoutent : « Nous exhor­tons les orga­ni­sa­teurs et les ora­teurs locaux à évi­ter d’utiliser les noms de poli­ti­ciens ou d’adopter la langue “anti” comme point cen­tral de leur évé­ne­ment Wri­ters Resist. Il est impor­tant de veiller à ce que les orga­ni­sa­tions à but non lucra­tif, qui sont inter­dites de cam­pagne poli­tique, soient mises en confiance pour par­ti­ci­per et par­rai­ner ces événements ».

Ain­si, toute véri­table pro­tes­ta­tion doit être évi­tée, puisqu’elle n’est pas exo­né­rée d’impôt.

Com­pa­rez ces sor­nettes avec les décla­ra­tions du Congrès des écri­vains amé­ri­cains, tenu à Car­ne­gie Hall, à New York, en 1935, qui prit éga­le­ment place deux ans plus tard. Il s’agissait d’événements intenses, où des écri­vains dis­cu­tèrent de la manière dont ils pour­raient faire face aux évé­ne­ments mena­çants d’Abyssinie, de Chine et d’Espagne. On lisait les télé­grammes de Tho­mas Mann, de C. Day Lewis, d’Upton Sin­clair et d’Albert Ein­stein, reflé­tant la crainte qu’un pou­voir déme­su­ré était désor­mais omni­pré­sent, et qu’il était deve­nu impos­sible de dis­cu­ter d’art et de lit­té­ra­ture sans par­ler poli­tique et même action poli­tique directe.

« Un écri­vain, dit la jour­na­liste Mar­tha Gell­horn lors du second congrès, doit désor­mais être un homme d’action… Un homme qui a don­né une année de sa vie aux grèves de l’acier, aux chô­meurs ou aux pro­blèmes des pré­ju­gés raciaux, cet homme-là n’a pas per­du ni gas­pillé son temps. C’est un homme qui a su trou­ver sa place. Si vous deviez sur­vivre à une telle action, vous auriez ensuite à en dire la véri­té, néces­saire et réelle. Et elle dure­ra ».

Ses mots résonnent à tra­vers l’onc­tion et la vio­lence de l’ère Oba­ma, ain­si qu’à tra­vers le silence de ceux qui se sont ren­dus com­plices de ses tromperies.

Que la menace d’un pou­voir rapace déjà omni­pré­sent bien avant l’avènement de Trump ait été accep­tée par des écri­vains, dont beau­coup sont des pri­vi­lé­giés et des célé­bri­tés, et par des chiens de garde de la cri­tique lit­té­raire, de la culture, y com­pris de la culture popu­laire, est indé­niable. L’impossibilité d’écrire et de pro­mou­voir une lit­té­ra­ture dépour­vue de poli­tique ne les concerne pas. Pas plus que la res­pon­sa­bi­li­té de s’exprimer, quel que soit l’oc­cu­pant de la Maison-Blanche.

Aujourd’hui, le sym­bo­lisme fac­tice est tout. L’iden­ti­té est tout. En 2016, Hil­la­ry Clin­ton a stig­ma­ti­sé des mil­lions d’électeurs comme « un ramas­sis de déplo­rables racistes, sexistes, homo­phobes, xéno­phobes, isla­mo­phobes — et ain­si de suite ». Ces insultes ont été pro­fé­rées lors d’un ras­sem­ble­ment LGBT, dans le cadre de sa cynique cam­pagne visant à gagner le sou­tien des mino­ri­tés au détri­ment d’une majo­ri­té blanche essen­tiel­le­ment ouvrière. C’est ce qu’on appelle divi­ser pour mieux régner ; ou la poli­tique de l’identité, dans laquelle la race et le genre dis­si­mulent la classe, et per­mettent de mener la lutte des classes. Trump l’a très bien compris.

« Quand la véri­té est rem­pla­cée par le silence », a décla­ré le poète sovié­tique dis­si­dent Evtou­chen­ko, « le silence est un men­songe ».

Ce phé­no­mène ne se can­tonne pas aux USA. Il y a quelques années, Ter­ry Eagle­ton, alors pro­fes­seur de lit­té­ra­ture anglaise à l’université de Man­ches­ter, recon­nais­sait que « pour la pre­mière fois en deux siècles,il n’y a aucun émi­nent poète, dra­ma­turge ou roman­cier anglais, qui soit prêt à remettre en ques­tion les fon­de­ments du mode de vie occi­den­tal ».

Pas de Shel­ley pour par­ler pour les pauvres, pas de Blake pour les rêves uto­piques, pas de Byron pour mau­dire la cor­rup­tion de la classe diri­geante, pas de Tho­mas Car­lyle ni de John Rus­kin pour révé­ler la catas­trophe morale du capi­ta­lisme. William Mor­ris, Oscar Wilde, HG Wells, George Ber­nard Shaw n’ont aucun équi­valent aujourd’hui. Harold Pin­ter a été le der­nier à se faire entendre. Aujourd’hui, par­mi les voix insis­tantes du fémi­nisme consu­mé­riste, nul ne fait écho à Vir­gi­nia Woolf, qui a décrit « l’art de domi­ner les autres… de gou­ver­ner, de tuer, d’acquérir la terre et le capi­tal ».

Il y a quelque chose à la fois de vénal et de pro­fon­dé­ment stu­pide dans la manière dont les écri­vains célèbres s’aventurent hors de leur petit monde confor­table pour embras­ser un « pro­blème ». Dans l’édition du 10 décembre du Guar­dian, on trou­vait une image oni­rique de Barack Oba­ma regar­dant vers le ciel, avec les mots « Incroyable élé­gance » et « Adieu le Chef ».

Cette fla­gor­ne­rie cou­rait à tra­vers tout le jour­nal, page après page. « Il était une per­sonne vul­né­rable à bien des égards…. Mais cette grâce. Cette grâce omni­pré­sente : dans la manière et la forme, dans l’argumentation et l’intellect, avec l’humour et la fraî­cheur…. [Il] est un hom­mage flam­boyant à ce qui a été, et ce qui peut encore être… Il semble prêt à conti­nuer à se battre et reste un for­mi­dable cham­pion à avoir de notre côté… … La grâce… les niveaux presque sur­réa­listes de la grâce… »

J’ai amal­ga­mé ces cita­tions. Il y en a d’autres, encore plus hagio­gra­phiques et dépour­vues de nuances. Gary Younge, le prin­ci­pal apo­lo­giste d’Obama pour le Guar­dian, a pour sa part tou­jours veillé à pru­dem­ment modé­rer ses pro­pos, disant que son héros « aurait pu faire plus » : oh, mais il y avait les « solu­tions calmes, mesu­rées et consensuelles… »

Aucun d’entre eux, cepen­dant, ne pour­rait sur­pas­ser l’écrivain US  Ta-Nehi­si Coates, réci­pien­daire d’une sub­ven­tion pour « génie » de 625 000 $ de la part d’une fon­da­tion libé­rale. Dans un essai inter­mi­nable pour The Atlan­tice, inti­tu­lé « Mon pré­sident était noir », Coates donne un nou­veau sens à la pros­ter­na­tion. Le der­nier « cha­pitre », inti­tu­lé « Quand vous êtes par­ti, vous m’avez pris avec vous », une ligne tirée d’une chan­son de Mar­vin Gaye, décrit les Oba­ma « sor­tant de la limou­sine, s’é­le­vant de la peur, sou­riant, saluant, défiant le déses­poir, défiant l’histoire, défiant la gra­vi­té ». Bref, l’Ascension du Messie.

Une des ten­dances les plus tenaces de la vie poli­tique US est un extré­misme sec­taire qui frise le fas­cisme, que l’on a obser­vé et qui s’est ren­for­cé au cours des deux man­dats de Barack Oba­ma. « Je crois en l’exceptionnalisme amé­ri­cain avec chaque fibre de mon être », a décla­ré Oba­ma, qui a déve­lop­pé le passe-temps mili­taire favo­ri de l’Amérique, les bom­bar­de­ments et les esca­drons de la mort (« opé­ra­tions spé­ciales »), comme aucun autre pré­sident ne l’a fait depuis la Guerre froide.

Selon une enquête du Coun­cil on Forei­gn Rela­tions, rien qu’en 2016, Oba­ma a fait lar­guer 26 171 bombes. Soit 72 bombes par jour. Il a bom­bar­dé les plus pauvres du monde, en Afgha­nis­tan, en Libye, au Yémen, en Soma­lie, en Syrie, en Irak et au Pakistan.

Chaque mar­di — comme l’a rap­por­té le New York Times — Oba­ma a per­son­nel­le­ment choi­si ceux qui seraient assas­si­nés, prin­ci­pa­le­ment par des mis­siles Hell­fire tirés depuis des drones. Des mariages, des funé­railles et des ber­gers ont été atta­qués, ain­si que ceux qui ten­taient de recueillir les par­ties des corps épar­pillés sur la « cible ter­ro­riste ». Un séna­teur répu­bli­cain de pre­mier plan, Lind­sey Gra­ham, a esti­mé, d’un air appro­ba­teur, que les drones d’Obama ont tué 4 700 per­sonnes. « Par­fois, vous frap­pez des inno­cents et je déteste ça, a‑t-il dit, mais nous avons éli­mi­né quelques figures impor­tantes d’Al-Qaïda ».

A l’instar du fas­cisme des années 1930, de grands men­songes sont déli­vrés avec la pré­ci­sion d’un métro­nome : grâce à un média omni­pré­sent dont la des­crip­tion cor­res­pond désor­mais à celle du pro­cu­reur de Nurem­berg : « Avant chaque grande agres­sion, à quelques excep­tions près, ils lan­çaient une grande cam­pagne de presse visant à affai­blir leurs vic­times et à pré­pa­rer psy­cho­lo­gi­que­ment le peuple alle­mand… Dans le sys­tème de pro­pa­gande… c’était la presse quo­ti­dienne et la radio qui étaient les armes les plus impor­tantes ».

Pre­nez la catas­trophe en Libye. En 2011, Oba­ma a décla­ré que le pré­sident libyen Mouam­mar Kadha­fi pla­ni­fiait un « géno­cide » contre son propre peuple. « Nous savions… que si nous atten­dions un jour de plus, Ben­gha­zi, une ville de la taille de Char­lotte, pour­rait subir un mas­sacre qui aurait reten­ti dans toute la région et enta­ché la conscience du monde ».

Il s’agissait du men­songe notoire des milices isla­mistes vain­cues par les forces gou­ver­ne­men­tales libyennes. Ce men­songe est deve­nu maté­riau média­tique ; et l’OTAN — sous l’égide d’Obama et d’Hillary Clin­ton — a lan­cé 9 700 « mis­sions de frappes » contre la Libye, dont plus d’un tiers visaient des cibles civiles. Des ogives à l’uranium appau­vri furent uti­li­sées ; les villes de Misu­ra­ta et de Syrte ont essuyé des tapis de bombes. La Croix-Rouge a iden­ti­fié des char­niers, et l’Unicef a rap­por­té que « la plu­part [des enfants tués] avaient moins de dix ans ».

Sous Oba­ma, les USA ont éten­du les opé­ra­tions secrètes des « forces spé­ciales » à 138 pays, soit 70 % de la popu­la­tion mon­diale. Le pre­mier pré­sident afri­cain-amé­ri­cain de l’histoire des USA est à l’origine de ce qui consti­tue une inva­sion à grande échelle de l’Afrique. Rap­pe­lant la Ruée sur l’Afrique de la fin du XIXe siècle, le US Afri­can Com­mand (Afri­com) a construit un réseau de qué­man­deurs par­mi les régimes afri­cains col­la­bos avides de pots-de-vin et d’armements US. La doc­trine du « sol­dat à sol­dat » d’Africom implique des offi­ciers US à tous les niveaux de com­man­de­ment, du géné­ral à l’adjudant. Il ne manque plus que les casques coloniaux.

C’est comme si la fière his­toire de la libé­ra­tion de l’Afrique, de Patrice Lumum­ba à Nel­son Man­de­la, était confi­née à l’oubli par l’élite colo­niale noire d’un nou­veau maître, dont la « mis­sion his­to­rique », nous a aver­ti Frantz Fanon il y a un demi-siècle, est la pro­mo­tion d’un « capi­ta­lisme ram­pant, bien que camou­flé ».

C’est Oba­ma qui, en 2011, a annon­cé ce qui a par la suite été qua­li­fié de « pivot vers l’Asie », soit le trans­fert de près des deux tiers des forces navales US vers l’Asie-Pacifique pour « affron­ter la Chine », selon les mots de son Secré­taire à la Défense. Il n’y avait pas de menace de la part de la Chine ; toute l’entreprise était inutile. C’était une pro­vo­ca­tion extrême visant à satis­faire les délires des galon­nés deve­nus déments du Pentagone.

En 2014, l’administration Oba­ma a super­vi­sé et finan­cé un coup d’État fas­ciste en Ukraine contre le gou­ver­ne­ment démo­cra­ti­que­ment élu, mena­çant la Rus­sie au niveau de la fron­tière occi­den­tale du pays, par laquelle Hit­ler avait enva­hi l’Union sovié­tique, cau­sant la perte de 27 mil­lions de vies. C’est Oba­ma qui a pla­cé en Europe de l’Est des mis­siles poin­tés vers la Rus­sie. Et c’est le lau­réat du Prix Nobel de la Paix qui a aug­men­té les dépenses rela­tives aux ogives nucléaires à un niveau supé­rieur à celui de tous les gou­ver­ne­ments depuis la guerre froide — alors qu’il avait pro­mis, dans un émou­vant dis­cours pro­non­cé à Prague, « d’aider à débar­ras­ser le monde des armes nucléaires ».

Oba­ma, ce juriste consti­tu­tion­nel, a pour­sui­vi plus de lan­ceurs d’alerte que n’importe quel autre pré­sident dans l’histoire, même si la Consti­tu­tion US les pro­tège. Il a décla­ré Chel­sea Man­ning cou­pable avant la fin d’un pro­cès qui était une paro­die. Il a refu­sé de gra­cier Man­ning qui a subi des années de trai­te­ments inhu­mains consi­dé­rés par les Nations Unies comme des actes de tor­ture [Le 17 jan­vier, après la publi­ca­tion ori­gi­nale de cet article, Oba­ma a annon­cé la grâce de Man­ning, NdT]. Il a pour­chas­sé Julian Assange à tra­vers une pro­cé­dure entiè­re­ment bidon. Il a pro­mis de fer­mer le camp de concen­tra­tion de Guan­ta­na­mo et ne l’a pas fait.

Après la catas­trophe des rela­tions publiques de George W. Bush, Oba­ma, le pres­ti­di­gi­ta­teur de Chi­ca­go pas­sé par Har­vard, a été enrô­lé pour res­tau­rer ce qu’il appelle le « lea­der­ship » des USA à tra­vers le monde. La déci­sion du comi­té du prix Nobel fai­sait par­tie de ce plan : le genre de racisme inver­sé qui le béa­ti­fiait sim­ple­ment parce qu’il plai­sait aux sen­si­bi­li­tés libé­rales et, bien sûr, au pou­voir US, à défaut de plaire aux enfants qu’il tue dans des pays dému­nis, prin­ci­pa­le­ment musulmans.

Ceci a consti­tué l’Appel d’Obama. Il n’est pas sans rap­pe­ler un sif­flet pour chien : inau­dible pour la plu­part, irré­sis­tible pour les abru­tis et les cré­tins, sur­tout les « cer­veaux libé­raux mari­nant dans le for­mol de la poli­tique iden­ti­taire », comme l’a for­mu­lé Lucia­na Bohne. « Quand Oba­ma entre dans une pièce, s’est épan­ché George Cloo­ney, vous vou­lez le suivre quelque part, n’importe où ».

William I. Robin­son, pro­fes­seur à l’Université de Cali­for­nie et membre d’un groupe non conta­mi­né de d’analystes US ayant conser­vé leur indé­pen­dance durant les années de confor­misme intel­lec­tuel, depuis le 11 sep­tembre 2001, a écrit cette semaine :

« Le pré­sident Barack Oba­ma… a peut-être fait plus que qui­conque pour assu­rer la vic­toire de [Donald] Trump. Tan­dis que l’élection de Trump a déclen­ché une expan­sion rapide des cou­rants fas­cistes dans la socié­té civile US, une issue fas­ciste pour le sys­tème poli­tique est loin d’être inévi­table…. Mais cette lutte exige un peu de clar­té sur la façon dont nous sommes arri­vés au bord d’un pré­ci­pice aus­si dan­ge­reux. Les semences du fas­cisme du 21e siècle ont été plan­tées, fer­ti­li­sées et arro­sées par le gou­ver­ne­ment Oba­ma et l’élite libé­rale en faillite politique. »

Robin­son sou­ligne que « le fas­cisme est avant tout une réponse aux pro­fondes crises struc­tu­relles du capi­ta­lisme, comme celle des années 1930 et celle qui a débu­té avec la crise finan­cière de 2008 (…). Il y a un lien de conti­nui­té presque direct entre Oba­ma et Trump… Le refus de l’élite libé­rale de contes­ter la rapa­ci­té du capi­tal trans­na­tio­nal ain­si que son mar­ke­ting des poli­tiques iden­ti­taires a éclip­sé le lan­gage des classes ouvrières et popu­laires… Ce refus a ain­si pous­sé les tra­vailleurs blancs vers une “iden­ti­té” de natio­na­lisme blanc et a aidé les néo-fas­cistes à les orga­ni­ser ».

Ces réa­li­sa­tions consti­tuent la Répu­blique de Wei­mar d’Obama, un pay­sage de pau­vre­té endé­mique, de police mili­ta­ri­sée et de pri­sons bar­bares : la consé­quence d’un extré­misme « de mar­ché » qui, sous sa pré­si­dence, a vu 14 mille mil­liards de dol­lars d’argent public être trans­fé­rés aux entre­prises cri­mi­nelles de Wall Street.

Peut-être que son plus grand « héri­tage » est la coop­ta­tion et la déso­rien­ta­tion de toute oppo­si­tion réelle. La « révo­lu­tion » spé­cieuse de Ber­nie San­ders ne compte pas. La pro­pa­gande est son triomphe.

Les men­songes au sujet de la Rus­sie — où les USA sont déjà inter­ve­nus ouver­te­ment lors d’élections — ont fait des jour­na­listes les plus imbus d’eux-mêmes au monde l’ob­jet de la risée géné­rale. Dans le pays dont la presse est la plus libre au monde, le jour­na­lisme libre n’existe plus que dans ses hono­rables exceptions.

L’obsession pour Trump est un paravent pour beau­coup de ceux qui se pré­tendent de « gauches / libé­raux », qui leur sert à reven­di­quer une forme de décence poli­tique. Ils ne sont pas « de gauche », et encore moins « libé­raux ». La majeure par­tie de l’agression US contre le reste de l’humanité est le fait de pré­ten­dus gou­ver­ne­ments démo­crates libé­raux — comme celui d’Obama. Le spectre poli­tique de l’USAmérique s’étend du centre mythique à la droite lunaire. Les « gens de gauche » sont des rené­gats SDF que Mar­tha Gell­horn a décrits comme une « fra­ter­ni­té rare et tout à fait admi­rable », dont elle exclut ceux qui confondent la poli­tique avec le nombrilisme.

Tan­dis qu’ils « gué­rissent » et « vont de l’avant », les mili­tants de Wri­ters Resist et les autres anti-Trum­pistes réflé­chi­ront-ils à cela ? Plus pré­ci­sé­ment : quand un véri­table mou­ve­ment d’opposition sur­gi­ra-t-il ? En colère, élo­quent, tous-pour-un-et-un-pour-tous ?  Tant que la vraie poli­tique ne retour­ne­ra pas dans la vie des gens, l’ennemi ne sera pas Trump, mais nous-mêmes.

John Pil­ger


Tra­duc­tion : Nico­las Casaux

Édi­tion : Faus­to Giudice

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