L’absurdité de la « vraie révolution » des smartphones bio (par Nicolas Casaux)

ou L’art de ne rien comprendre aux problèmes de notre temps
& de revendiquer n’importe quoi

Dif­fi­cile de pas­ser à côté de l’annonce de la sor­tie du nou­vel iPhone X d’Apple : les médias grand public en parlent qua­si­ment tous. En paral­lèle de cet évè­ne­ment, cer­tains médias grand public (Le Monde, Capi­tal), ou soi-disant « alternatifs/indépendants/libres » (Bas­ta Mag) et d’autres encore (comme Les Numé­riques) relaient l’appel d’un col­lec­tif réuni sous le hash­tag Ipho­ne­Re­volt (#Ipho­ne­Re­volt), qui consti­tue aus­si le nom de leur cam­pagne[1].

Voi­ci ce qu’on peut lire dans un article[2] du jour­nal Le Monde, consa­cré à cette cam­pagne, inti­tu­lé « « La vraie révo­lu­tion serait qu’Apple pro­duise des smart­phones socia­le­ment, éco­lo­gi­que­ment et fis­ca­le­ment soutenables » » :

« La sor­tie de l’iPhone X est l’occasion d’enquêter sur le côté obs­cur des der­nières nou­veau­tés technologiques.

C’est aus­si l’occasion pour les médias de dépas­ser le matra­quage mar­ke­ting qui accom­pagne la sor­tie des nou­veaux iPhone et d’enquêter sur le côté obs­cur de la pro­duc­tion des der­nières nou­veau­tés tech­no­lo­giques. Ce serait autant de grains de sable dans une méca­nique appa­rem­ment bien hui­lée et met­trait la pres­sion sur les pou­voirs publics afin qu’ils mettent un terme à la course au moins-disant fis­cal et aux atteintes aux droits humains et environnementaux.

Et pour­quoi pas d’amorcer un chan­ge­ment plus pro­fond de nos repré­sen­ta­tions et de nos atti­tudes par rap­port aux géants du web et des tech­no­lo­gies, pre­mier pas vers une reprise de contrôle sur nos vies. »

(Ne faites pas atten­tion aux fautes, aux mots oubliés et aux mau­vaises for­mu­la­tions, il ne s’agit ici que du plus célèbre quo­ti­dien français.)

Par­mi les signa­taires de cet appel qui sont mis en avant, on retrouve, comme sou­vent, des adeptes de l’objection déri­soire, ceux dont la cri­tique est tolé­rée et auto­ri­sée dans les médias grand public pré­ci­sé­ment parce qu’elle est super­fi­cielle : Chris­tophe Alé­vêque, Domi­nique Bourg, Guillaume Meu­rice, Ber­nard Stie­gler, Mr Mon­dia­li­sa­tion, la CGT, Attac, etc.

Leur espé­rance est à peu près celle du jour­na­liste de LCI qui se deman­dait, dans un article[3] récem­ment publié sur leur site : « Que faire en atten­dant l’ar­ri­vée du pre­mier télé­phone bio ? »

Image : Steve Cutts.

Comme toute cri­tique super­fi­cielle, celle-ci com­porte une part de véri­té : l’appel a le mérite de dénon­cer « les effets per­vers de l’omniprésence des écrans » sur le « déve­lop­pe­ment céré­bral » et les « rela­tions sociales », et quelques pro­blèmes liés à la pro­duc­tion des smart­phones : « extrac­tion pol­luante de métaux, exploi­ta­tion des travailleurs·euses, course à la consom­ma­tion, éva­sion fis­cale, obso­les­cence pro­gram­mée ». Il sou­ligne éga­le­ment à juste titre que « Leurs concepteurs·trices tra­vaillent dans des bureaux éco­lo­giques ultra­mo­dernes en Cali­for­nie, quand les ouvriers·ères chinois·e·s qui les fabriquent tra­vaillent dans des condi­tions indignes et mani­pulent des pro­duits toxiques. »

Le pro­blème se situe au niveau de son exi­gence prin­ci­pale : « que des mul­ti­na­tio­nales de l’électronique comme Apple pro­duisent des smart­phones socia­le­ment, éco­lo­gi­que­ment et fis­ca­le­ment soutenables. »

Qu’est-ce que cette exi­gence sinon un énième plai­doyer en faveur du « déve­lop­pe­ment durable », une nou­velle illus­tra­tion de la croyance (et de l’espérance) pro­gres­siste en un ave­nir où l’éco-innovation aura per­mis de conser­ver la socié­té tech­no­lo­gique gros­so modo telle qu’elle est actuellement ?

Dans cet appel, la naï­ve­té qui consiste à croire qu’il est pos­sible de pro­duire indus­triel­le­ment (en masse) un objet, qui plus est hau­te­ment tech­no­lo­gique, de manière véri­ta­ble­ment sou­te­nable (c’est-à-dire qui res­pecte les équi­libres éco­lo­giques, le monde natu­rel) et socia­le­ment juste (qui res­pecte les êtres humains), va de pair avec la carence per­cep­tuelle qui consiste à ne pas se rendre compte que ce n’est, en pre­mier lieu, même pas souhaitable.

La recon­nais­sance des pro­blèmes éco­lo­giques et sociaux étant par­ti­cu­liè­re­ment lacu­naire dans la sphère média­tique grand public, quelques rap­pels s’imposent.

La socié­té indus­trielle sur­ex­ploite les « res­sources » non-renou­ve­lables de la pla­nète à un rythme extrê­me­ment rapide. Même chose en ce qui concerne les « res­sources » renou­ve­lables. La pro­duc­tion en masse d’objets est, du fait de cer­taines lois phy­siques élé­men­taires, néces­sai­re­ment des­truc­trice, insoutenable.

Le télé­phone por­table (y com­pris le Fair­phone, pro­mu dans l’appel) s’inscrit dans la caté­go­rie des « tech­niques auto­ri­taires » décrite par l’historien Lewis Mum­ford[4]. Les « tech­niques auto­ri­taires » sont celles « qui émergent de struc­tures de pou­voir auto­ri­taires et les ren­forcent » (Der­rick Jen­sen), celles qui requièrent des struc­tures sociales hié­rar­chiques à grande échelle. Les « tech­niques auto­ri­taires » s’opposent aux « tech­niques démo­cra­tiques » qui peuvent être entiè­re­ment contrô­lées (durant toutes les étapes de leur concep­tion) par une com­mu­nau­té à taille humaine.

L’industrie de la télé­pho­nie mobile, même consi­dé­rée iso­lé­ment, à l’image de la pro­duc­tion d’un télé­phone por­table, quel qu’il soit, même d’un Fair­phone, n’est pas sou­te­nable. Les matières pre­mières néces­saires à la fabri­ca­tion du Fair­phone pro­viennent de mines au Pérou (Or), au Congo (Cobalt), et ain­si de suite.

Il n’y a pas de mine res­pec­tueuse du monde natu­rel et le tra­vail dans une mine, même payé cor­rec­te­ment, reste une forme d’esclavage. L’asservissement sala­rial impo­sé qui oblige les êtres humains à vendre leur temps et leurs vies sur un mar­ché du tra­vail est une forme d’esclavage. « L’abolition du ser­vage et l’affranchissement des noirs mar­quèrent seule­ment la dis­pa­ri­tion d’une ancienne forme vieillie et inutile de l’esclavage, et l’avènement immé­diat d’une forme nou­velle plus solide, plus géné­rale et plus oppres­sive » (Tol­stoï, L’esclavage moderne).

Se conten­ter de récla­mer de meilleures condi­tions d’esclavage c’est tou­jours se sou­mettre à une orga­ni­sa­tion sociale impo­sée (et per­pé­tuée) de longue date dans la vio­lence et à l’aide de nom­breuses tech­niques de pro­pa­gande et d’ingénierie sociale, par des classes de pri­vi­lé­giées, des élites encore au pou­voir aujourd’hui.

Il n’existe pas d’exploitation sala­riale équi­table ou juste (les visages sou­riants sur les paquets de sucre issus du « com­merce équi­table » relèvent évi­dem­ment d’une pro­pa­gande par­ti­cu­liè­re­ment grotesque).

Le trans­port inter­na­tio­nal est une catas­trophe anti-éco­lo­gique, pour de mul­tiples rai­sons (parce qu’il émet des gaz à effet de serre et est une source de nom­breux autres types de pol­lu­tions, parce que les routes ter­restres frag­mentent actuel­le­ment les biomes au-delà de ce qu’ils peuvent sup­por­ter, parce qu’il par­ti­cipe au phé­no­mène des­truc­teur de la nou­velle Pan­gée[5], qu’il consomme des quan­ti­tés phé­no­mé­nales de res­sources, etc.).

Si tous ceux qui pos­sèdent un smart­phone déci­daient d’acheter un Fair­phone, toutes ses pré­ten­tions éco­lo­giques et sociales seraient fla­gramment expo­sées pour l’illusion qu’elles sont (ima­gi­nez ce « petit » pro­duc­teur de smart­phones « alter­na­tifs », « équi­tables » et « éco­los » face à une demande de 3 mil­liards de télé­phones… on com­prend immé­dia­te­ment que son indus­trie devien­drait, à l’image de cette demande, colos­sale, et qu’il devien­drait auto­ma­ti­que­ment le géant de la télé­pho­nie mobile qu’il se pro­po­sait de combattre).

Et quid des ondes 4G ? Quand est-ce que nos défen­seurs d’un monde meilleur exi­ge­ront que les ondes 4G (et 3G, et 5G, etc.) soient éco­lo­gi­que­ment sou­te­nables, bonnes pour la san­té, en un mot : bio ? Et quid des data cen­ters, de toutes les infra­struc­tures dont dépendent le fonc­tion­ne­ment de la télé­pho­nie mobile (antennes relais, satel­lites, etc.) et celui d’internet ? Et quid des brosses à dents, des éponges, des fours micro-ondes, des voi­tures, des routes, des trot­toirs, etc. ? Ils ne sont pas bio ! À quand une pro­duc­tion « socia­le­ment, éco­lo­gi­que­ment et fis­ca­le­ment sou­te­nable » pour les bal­lons de foot­ball, les tapis de yoga, les bières et les sty­los BIC ? La qua­si-tota­li­té des pro­duits et des objets que nous uti­li­sons au quo­ti­dien, au sein de nos socié­tés indus­trielles, ne sont ni fabri­qués de manière éco­lo­gique, ni de manière socia­le­ment juste ou équi­table. Et, par défi­ni­tion, dans cette socié­té de masse (dont la taille dépasse la mesure humaine, la mesure éco­lo­gique, la mesure démo­cra­tique), ils ne peuvent pas l’être. On en revient à l’impossibilité et à l’absurdité d’exiger d’un sys­tème intrin­sè­que­ment et struc­tu­rel­le­ment géné­ra­teur de nui­sances et de des­truc­tions qu’il fonc­tionne d’une manière « socia­le­ment, éco­lo­gi­que­ment et fis­ca­le­ment soutenable ».

Une socié­té de consom­ma­tion mon­dia­li­sée, hau­te­ment tech­no­lo­gique, à 8 mil­liards d’ha­bi­tants, véri­ta­ble­ment démo­cra­tique et éco­lo­gique, ça n’existe pas, ça ne peut pas exis­ter et ça n’est même pas souhaitable.

La « vraie révo­lu­tion » serait plu­tôt que les rédac­teurs et les signa­taires de cette cam­pagne com­prennent cela, qu’ils cessent de croire au mythe du pro­grès qui sous-tend leur rhé­to­rique, qu’ils réa­lisent qu’il « n’y a pro­ba­ble­ment pas de solu­tion au sein de la socié­té indus­trielle telle qu’elle nous est don­née [impo­sée, plu­tôt] » (Ber­nard Char­bon­neau), et qu’ils exigent dès lors l’arrêt des indus­tries pol­luantes (à peu près toutes) et le déman­tè­le­ment des struc­tures sociales inéga­li­taires, hié­rar­chiques et coercitives.

Car la « vraie révo­lu­tion » ce ne sont pas ces impos­sibles et indé­si­rables smart­phones « socia­le­ment, éco­lo­gi­que­ment et fis­ca­le­ment sou­te­nables » ; ce serait plu­tôt le renon­ce­ment au délire des­truc­teur et incon­trô­lé qu’on appelle « déve­lop­pe­ment », « pro­grès » ou « crois­sance », la réa­li­sa­tion du fait que si la sou­te­na­bi­li­té éco­lo­gique et la jus­tice sociale sont nos objec­tifs, alors nous devons lut­ter pour rien de moins que la dis­so­lu­tion de la socié­té industrielle.

La « vraie révo­lu­tion » serait sur­tout que les gens réa­lisent qu’ils n’ont pas besoin et qu’ils ne veulent pas d’un smart­phone ; qu’ils n’ont plus envie d’obéir aux régimes anti-démo­cra­tiques de notre époque[6] ; qu’il est injuste de devoir se sou­mettre à l’asservissement sala­rial, à l’idéologie du tra­vail[7] ; que le déve­lop­pe­ment « durable » ou « sou­te­nable » est un leurre[8] ; que toutes les tech­no­lo­gies et tous les types de tech­no­lo­gie ne se valent pas ; que cer­tains types de tech­no­lo­gie (notam­ment les hautes tech­no­lo­gies) ne peuvent être conçus que par des socié­tés très hié­rar­chiques, très inéga­li­taires, au tra­vers, en outre, d’innombrables pra­tiques anti-éco­lo­giques[9] (qui nuisent à la vie sur Terre) ; que cer­tains types de tech­no­lo­gies (notam­ment les tech­no­lo­gies-écrans) nuisent au bien-être, à la san­té[10], à la vie en socié­té, etc.

Mais, bien sûr, tout cela relève éga­le­ment du fan­tasme, de la même manière que les smart­phones bio. Le sys­tème média­tique fonc­tionne de sorte que seules des cri­tiques super­fi­cielles, insuf­fi­santes, incom­plètes ou sim­ple­ment absurdes peuvent être dif­fu­sées (de temps en temps). Les cri­tiques radi­cales, trop sub­ver­sives, sont auto­ma­ti­que­ment ignorées.

Au point où nous en sommes ren­dus du désastre éco­lo­gique mul­ti­sé­cu­laire, de l’aliénation tech­no­lo­gique qui se pro­page inexo­ra­ble­ment à tra­vers la pla­nète, tan­dis que l’Inde devient le deuxième mar­ché mon­dial du smart­phone avec 300 mil­lions d’utilisateurs (sur les 650 mil­lions d’habitants qui ont un télé­phone mobile), que les déchets élec­tro­niques s’accumulent en mil­lions de tonnes dans des décharges tou­jours plus nom­breuses (au Gha­na, en Chine, en Inde, au Bré­sil, au Ban­gla­desh, etc.) en pol­luant les sols, l’air, les cours d’eau et tous les êtres vivants qui vivent près de ces immon­dices, tan­dis que les mis­sion­naires de la reli­gion toxique et tota­li­taire du pro­grès embri­gadent tou­jours plus d’êtres humains, ceux qui cherchent la révo­lu­tion dans des smart­phones bio ne se situent pas, contrai­re­ment à ce qu’ils ima­ginent et à ce que sug­gère leur rhé­to­rique, du côté de l’opposition, du côté de ceux qui se battent pour mettre un terme à la catas­trophe. Au contraire, ceux-là accom­pagnent le « déve­lop­pe­ment », le per­fec­tion­ne­ment, de la socié­té indus­trielle, ils garan­tissent l’hégémonie de son idéo­lo­gie en incar­nant une pseu­do-contes­ta­tion qui ava­lise la plu­part de ses pré­misses (le smart­phone est une bonne chose, et donc tout ce qui va avec, la high-tech, inter­net, et donc l’industrialisme, et donc la socié­té hyper-hié­rar­chique et mon­dia­li­sée qui l’organise, etc.).

L’in­dus­trie du télé­phone por­table est une cala­mi­té, à l’ins­tar de toutes les indus­tries. Il n’y a pas de bonne exploi­ta­tion en usine, pas plus que de pro­duc­tion éco­lo­gique de smart­phone. Qu’Apple paie ou non l’in­té­gra­li­té de ses impôts, elle reste une cor­po­ra­tion, une machine à exploi­ter et à pro­duire du pro­fit, sans égard pour le monde vivant. La lutte pour une socié­té juste et éco­lo­gi­que­ment sou­te­nable n’a rien à voir avec des smart­phones bio.

Nico­las Casaux


  1. https://www.iphonerevolt.org/
  2. http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/27/la-vraie-revolution-serait-qu-apple-produise-des-smartphones-socialement-ecologiquement-et-fiscalement-soutenables_5206614_3232.html?xtmc=iphone&xtcr=1
  3. VIDÉO — Pour­quoi le smart­phone que nous avons dans la poche est un désastre éco­lo­gique pour la pla­nète ! : http://www.lci.fr/high-tech/le-smartphone-que-vous-avez-dans-votre-poche-est-un-desastre-ecologique-pour-la-planete-2066176.html
  4. Tech­niques auto­ri­taires et démo­cra­tiques (par Lewis Mum­ford) : https://partage-le.com/2015/05/techniques-autoritaires-et-democratiques-lewis-mumford/
  5. La mon­dia­li­sa­tion et les ravages de la nou­velle Pan­gée (par Ray Grigg) : https://partage-le.com/2015/07/la-mondialisation-les-ravages-de-la-nouvelle-pangee-ray-grigg/
  6. Vidéo — « Démo­cra­tie : his­toire d’un mal­en­ten­du » avec le pro­fes­seur Fran­cis Dupuis-Déri : https://www.youtube.com/watch?v=KVW5ogGDlts
  7. Jacques Ellul sur l’idéologie du tra­vail : https://partage-le.com/2016/02/lideologie-du-travail-par-jacques-ellul/
  8. https://partage-le.com/2017/09/7654/
  9. « Les ravages de l’industrialisme : les impacts des nou­velles et des hautes tech­no­lo­gies » : https://partage-le.com/2016/12/les-ravages-de-lindustrialisme-les-impacts-des-nouvelles-et-des-hautes-technologies/ & « Les nou­velles tech­no­lo­gies : impacts sociaux et éco­lo­giques » (par Toby Mil­ler et Richard Max­well) : https://partage-le.com/2016/05/quels-sont-les-couts-humains-et-environnementaux-des-nouvelles-technologies-par-richard-maxwell-toby-miller/
  10. https://partage-le.com/2016/09/lheroine-electronique-comment-les-ecrans-transforment-les-enfants-en-drogues-psychotiques/
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3 comments
  1. Cher Nico­las,
    j’ai­me­rais tant — et vous aus­si je sup­pose — lire un com­men­taire de conver­ti, à la suite d’un de vos textes pugnaces.
    Hélas, les vraies bonnes choses se font rares…
    Je constate d’autre part que la résis­tance s’a­moin­drit (en nombre) tan­dis qu’elle aug­mente en véhé­mence, fri­sant par­fois le har­cè­le­ment. Preuve de volon­té et de carac­tère, qua­li­tés qui foutent le camp tan­dis que la mol­lesse gangrène.
    Je n’ai pas de smart­phone, pas de télé, je pense actuel­le­ment au moyen de trans­port qui rem­pla­ce­ra ma vieille auto­mo­bile, à la place que tient l’in­ter­net dans ma vie.
    J’a­chète très peu de nour­ri­ture, très peu d’ob­jets. Je tra­vaille par­fois, dans le sec­teur du papier cultu­rel prin­ci­pa­le­ment. J’é­vite de man­ger des ani­maux et uti­lise mes mains du mieux que je peux.
    Et ma foi, je vis bien.
    J’es­père que votre atten­tion se porte par­fois sur d’autres thèmes, tel le survivalisme.
    Bien cordialement !

    1. Bien­ve­nu au club !
      J’ai four­gué ma télé à Emmaüs il y a vingt ans, je ne renou­velle plus depuis plu­sieurs années ce qui tombe en panne (aspi­ra­teur, four à micro-ondes, etc.) quand je peux m’en pas­ser, pro­ces­sus qui s’ac­cé­lère avec l’ob­so­les­cence pro­gram­mée, et je n’ai pas ni ne veux de smart­phone, sauf si mon inté­gri­té phy­sique se met­tait à dépendre direc­te­ment de son uti­li­sa­tion, et dans ce cas ce sera de l’oc­ca­sion, ce qui est déjà le cas pour ma voi­ture. On appelle ça la créa­tion des condi­tions d’o­bli­ga­tion, ce que la Stan­dard Oil (deve­nue depuis Exxon Mobil et Che­vron), Mack Trucks, Gene­ral Motors et Fires­tone ont su si bien faire aux USA en se coa­li­sant pour ache­ter les com­pa­gnies de tram­ways pour ensuite les lais­ser volon­tai­re­ment se déla­brer, for­çant ain­si les gens à recou­rir aux bus et aux voi­tures brû­lant du pétrole et des pneus. Constat, rien ne change, car le sys­tème est stric­te­ment le même, que ce soit pour les tram­ways ou les smart­phones, bio ou pas.
      Quant au sur­vi­va­lisme, oui, il y a plein de choses inté­res­santes allant bien au-delà de la cari­ca­ture du GGG (Guns, Gold and Gate­way), ou Cans & Guns, et per­met­tant d’être rési­lient à titre indi­vi­duel ou en petits groupes — ce n’est donc pas une solu­tion glo­bale qui pour­rait fon­da­men­ta­le­ment chan­ger quoi que ce soit, mais je ne peux m’empêcher de pen­ser à deux choses : sur­vivre, pour quoi faire si tout est mort autour ? Si c’est la soli­tude et le silence qui attend les « heu­reux élus », les prep­pers qui auront su pas­ser entre le gros des gouttes ? Voir de moins en moins de pas­se­reaux au fil des années m’at­triste, et je com­prends aujourd’­hui que j’a­vais tort de râler quand il fal­lait que je net­toie à la raclette mon pare-brise constel­lé d’in­sectes. Et sur­vi­vrons-nous tout court si le « syn­drome vénu­sien » (voir James Han­sen, ex cli­ma­to­logue de la NASA) devient fina­le­ment réa­li­té, c’est à dire si le réchauf­fe­ment cli­ma­tique s’emballe ? 450° sur Vénus, même les sur­vi­va­listes n’y sur­vi­vraient pas ! (Pas plus que les uto­pistes tech­no­philes qui sont déjà per­sua­dés qu’ils pour­ront émi­grer sur une autres pla­nète). Un récent rap­port par­lait de zones de la pla­nète qui allait deve­nir inha­bi­tables ; s’il faut au final se battre avec des mil­lions d’autres pour habi­ter au pôle nord, per­so ça ne m’in­té­resse abso­lu­ment pas.
      Bonne chance quand même.

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