Le temps est compté : interview avec un éco-saboteur (partie 3)

Tra­duc­tion d’une inter­view ini­tia­le­ment publiée (en anglais) à l’adresse sui­vante, le 25 avril 2015.


En 1993, Michael Car­ter a été arrê­té et condam­né pour ses acti­vi­tés de mili­tant éco­lo­giste clan­des­tin. Depuis, il tra­vaille à visage décou­vert, lut­tant contre les ventes de bois d’œuvre et les conces­sions pétro­lières et gazières, pro­té­geant les espèces mena­cées, et bien d’autres choses encore. Aujourd’hui, il est membre de Deep Green Resis­tance Colo­ra­do Pla­teau et l’auteur du récit Kingfisher’s Song : Memo­ries Against Civi­li­za­tion (« Le Chant du Mar­tin-Pêcheur : Sou­ve­nirs Contre la Civilisation »).

Time Is Short [en fran­çais : Le temps est comp­té] s’est entre­te­nu avec lui au sujet de ses actions, de sa résis­tance clan­des­tine, ain­si que des pers­pec­tives et des pro­blèmes aux­quels le mou­ve­ment éco­lo­gique est confron­té. En rai­son de sa lon­gueur, l’interview est pré­sen­tée en trois par­ties. Voi­ci la par­tie 3 (pour la par­tie 2 c’est par ici, et pour la par­tie 1 c’est par là) :

Time is Short (TIS) : Tu as mentionné des problèmes dans certains groupes radicaux – un manque de respect vis-à-vis des femmes ainsi qu’un manque de stratégie. Pourrais-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Michael Car­ter (MC) : Bien sûr. Pour com­men­cer, je pense que ces deux pro­blèmes découlent d’une vie de pri­vi­lèges dans la culture domi­nante. Les hommes, en par­ti­cu­lier, semblent enclins au nihi­lisme ; je l’étais cer­tai­ne­ment. À par­tir du moment où l’on nous apprend – par­fois incons­ciem­ment – que les hommes ont droit à plus que les femmes, nous avons ten­dance à en tenir compte dans nos attentes dès que nous fai­sons des efforts [en ayant des attentes plus grandes et donc, plus de frustrations].

Voi­là une chose que l’on peut accor­der au film Night Moves, qui l’illustre. Dans ce film, les hommes cajolent la femme pour lui faire prendre des risques insen­sés, tan­dis qu’eux effec­tuent une action de sabo­tage, et c’est tout. Lorsqu’un pas­sant inno­cent est tué par leur action, la femme connaît une rup­ture émo­tion­nelle. Elle est en colère contre ces hommes parce qu’ils lui ont dit que per­sonne ne serait bles­sé, alors elle trans­gresse les mesures de sécu­ri­té pour en par­ler à des per­sonnes exté­rieures. Leur groupe se délite, et ils ne cherchent même pas à creu­ser les options qui leur res­tent. Au lieu de la sou­te­nir, un des hommes traque puis fina­le­ment tue la femme en ques­tion afin d’éviter de se faire prendre, et pour finir dis­pa­raît dans la culture de consom­ma­tion mains­tream. Il n’est donc pas seule­ment un meur­trier, mais aus­si un lâche et un hypocrite.

Cela dit, le film est une œuvre de pro­pa­gande anti-acti­visme. Mais il illustre tout de même une idée juste : nous, les Amé­ri­cains blancs, en par­ti­cu­lier les hommes, sommes un peuple égo­cen­trique sur­pri­vi­lé­gié qui n’hé­si­te­ra pas à bles­ser qui­conque nous menace.

C’est un exemple fic­tif, mais n’im­porte quelle mili­tante pour­ra vous don­ner des exemples de miso­gy­nie au sein de son groupe. Et, bien sûr, la miso­gy­nie ne se limite pas aux groupes clan­des­tins ou mili­tants ; j’ai vu toutes sortes de com­plai­sance et de supé­rio­ri­té mas­cu­line dans les cercles à visage décou­vert, modé­rés comme radi­caux [sou­vent, dans des pro­por­tions bien plus impor­tantes]. Il m’a fal­lu du recul pour le recon­naître – et même le recon­naître dans mon propre cas. C’est un pro­blème cen­tral de l’é­co­lo­gisme radi­cal, une des rai­sons pour les­quelles il a été si inef­fi­cace. Pour­quoi une femme devrait-elle inves­tir son temps et son éner­gie dans un mou­ve­ment imma­ture qui la tient si peu en estime ? J’ai eu des échos de pro­blèmes de ce genre au sein de groupes Occu­py, de groupes anar­chistes, de groupes d’ac­tion directe à visage décou­vert, etc.

Les groupes peuvent sur­mon­ter cela, par exemple en pla­çant les femmes à des postes de direc­tion et en créant des espaces sûrs et sans com­pro­mis pour leur per­mettre de faire leur tra­vail. J’aime prendre exemple sur la résis­tance mul­ti­cul­tu­relle à la dic­ta­ture mili­taire bir­mane, qui est aus­si un bon exemple d’un effort com­bi­né de groupes à visage décou­vert et clan­des­tins, de tac­tiques mili­tantes et non-vio­lentes. Les peuples autoch­tones de Bir­ma­nie res­pec­taient tra­di­tion­nel­le­ment les femmes au sein de leur culture, ils avaient donc un avan­tage pour les inté­grer dans leurs mou­ve­ments de résis­tance, et il n’y a aucune rai­son pour que nous ne puis­sions pas imi­ter cela ailleurs. De plus, s’il doit y avoir des cultures durables et justes à l’a­ve­nir, les femmes joue­ront un rôle cru­cial dans leur for­ma­tion et leur ges­tion, les hommes devraient donc faire tout leur pos­sible pour défendre leurs droits.

Quant à la stra­té­gie, c’est une prise de risque absurde pour quel­qu’un que d’abattre des pan­neaux publi­ci­taires ou de brû­ler la pein­ture des bull­do­zers. Il est impor­tant de ne pas assi­mi­ler la bonne volon­té à la stra­té­gie, ni le radi­ca­lisme et le mili­tan­tisme à l’in­tel­li­gence. Ima­gi­nons que par exemple, je viens de remar­quer qu’un sous-trai­tant en explo­ra­tion pétro­lière a ouvert un bureau dans ma ville. Mau­vaises nou­velles, n’est-ce pas ? Il me vient une envie sou­daine de bri­ser leurs fenêtres, peut-être même de brû­ler les bureaux. Ça leur appren­dra, ils nous pren­dront au sérieux. Mais cela ne chan­ge­rait rien, cela ne ferait que for­cer la com­pa­gnie à prendre un contrat d’as­su­rance avec lequel elle recons­trui­rait sa vitrine, et cela ren­for­ce­rait ce cli­ché selon lequel les mili­tants sont de dan­ge­reux voyous sans cervelle.

Si j’é­tais un mili­tant clan­des­tin, je pren­drais au moins le temps de choi­sir une cible beau­coup plus coû­teuse et dif­fi­cile à rem­pla­cer. Je ferais tout mon pos­sible pour coor­don­ner une attaque qui ren­drait plus dif­fi­cile la récu­pé­ra­tion et la pour­suite des acti­vi­tés de l’en­tre­prise. Et je ne ferais ces choses qu’a­près avoir mieux com­pris l’in­dus­trie et ses effets glo­baux, après avoir exa­mi­né de plus près com­ment cette indus­trie s’ins­crit dans le méca­nisme même de la civilisation.

En ana­ly­sant la situa­tion à plus grande échelle, vous consta­tez qu’il vau­drait mieux abor­der la fin de l’ex­ploi­ta­tion pétro­lière et gazière dans une pers­pec­tive publique, par exemple par des ini­tia­tives de droits com­mu­nau­taires qui ont ren­du illé­gale la frac­tu­ra­tion hydrau­lique dans les États de New York, du Texas et de la Cali­for­nie. Cela semble avoir de bien meilleures chances d’être effi­cace, et peut s’ins­crire dans le cadre d’une stra­té­gie encore plus large visant à mettre fin à l’ex­trac­tion des com­bus­tibles fos­siles. Bien enten­du, cela exi­ge­rait éga­le­ment des tac­tiques mili­tantes. En fait, vous devez faire de la place pour tout, toute tac­tique qui a une chance de fonc­tion­ner, et com­men­cer votre éva­lua­tion à par­tir de cela.

Pre­nons l’exemple de la mine de cuivre d’Oak Flat. Elle est désor­mais assez proche d’être exploi­tée, et les gens qui s’y opposent doivent rééva­luer leurs options. Cette mine par­ti­cu­lière menace des sites autoch­tones sacrés, alors com­ment pour­rait-on en tenir compte res­pec­tueu­se­ment et s’en ser­vir dans la lutte contre la mine en ques­tion ? Pour­rait-on avoir suf­fi­sam­ment de per­sonnes mobi­li­sées pour que des actions de déso­béis­sance civile arrêtent ce pro­jet ? Y a‑t-il des recours légaux ? Sinon, com­ment un groupe clan­des­tin pour­rait-il entrer dans la danse ? Y a‑t-il des moyens de trans­port par­ti­cu­liè­re­ment vul­né­rables, ou des équi­pe­ments par­ti­cu­liè­re­ment chers et impor­tants ? Com­ment le timing se pré­sente-t-il ? Com­ment se porte ce mar­ché bour­sier – peut-être serait-il plus inté­res­sant d’attaquer lorsque les cours sont bas ? Faut-il atta­quer la mai­son mère ou sa filiale ? Quelles sont les res­sources finan­cières de l’entreprise ?

Un réseau clan­des­tin a besoin d’une stra­té­gie de réus­site à long terme et d’un méca­nisme de prise de déci­sion qui éva­lue d’autres modes d’actions. Alors seule­ment, le réseau peut prendre des déci­sions plus réflé­chies en ce qui concerne les tac­tiques, les capa­ci­tés, les res­sources, le calen­drier et les efforts coor­don­nés. La Résis­tance fran­çaise aux nazis ne pou­vait pas enva­hir Ber­lin, mais elle pou­vait cer­tai­ne­ment dyna­mi­ter des voies ferrées.

Dans le cadre d’une stra­té­gie à long-terme, vous ne vou­driez pas seule­ment sabo­ter le pre­mier bull­do­zer sur lequel vous tom­bez dans les bois ; vous vou­driez savoir à qui il appar­tient, s’il est impor­tant, avec quelle faci­li­té il sera rem­pla­cé. Et sur­tout, vous vou­driez être sûr que vous n’allez pas vous faire prendre. Peut-être qu’il appar­tient à un groupe de res­tau­ra­tion de l’ha­bi­tat fores­tier, qui sait ? Cela ne ferait que mettre un petit bûche­ron en faillite, et détruire de la machi­ne­rie peu coû­teuse ne nuit pas à une grande entre­prise, d’où la néces­si­té de répondre à ces ques­tions tac­tiques à l’a­vance. Je pense que les attaques clan­des­tines réus­sies le sont sur­tout grâce à l’anticipation ; elles ne doivent jamais, jamais être com­mises par impulsion.

TIS : Il y a beaucoup de gens qui approuvent le recours à l’action clandestine et au sabotage pour défendre la Terre, mais qui pour un certain nombre de raisons – engagements familiaux, limites physiques, etc. – ne s’engagent pas personnellement dans ce type d’action. Que pensez-vous qu’ils peuvent faire pour soutenir ceux qui veulent et peuvent s’engager dans une action militante ? 

MC : Les gens qui ne s’impliquent pas dans la clan­des­ti­ni­té doivent plai­der publi­que­ment en faveur de ce type d’actions, de sorte que ceux qui sont capables de s’impliquer dans la clan­des­ti­ni­té dis­posent d’une sorte de plate-forme poli­tique de sou­tien. Non pas pour pro­mou­voir l’I­RA [Irish Repu­bli­can Army, une milice indé­pen­dan­tiste armée, NdT] ou ses tac­tiques (comme le bom­bar­de­ment de boîtes de nuit), mais sou­te­nir son aile poli­tique du Sinn Fein est un bon exemple. J’ai enten­du beau­coup de cri­tiques à l’encontre du fait de pré­co­ni­ser des actions directes sans y par­ti­ci­per, dénon­çant une hypo­cri­sie du type « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Cet argu­ment reflète une mau­vaise com­pré­hen­sion des mou­ve­ments de résis­tance, des exi­gences du mili­tan­tisme en géné­ral. Tout com­bat­tant sur le ter­rain a besoin de sou­tien à l’arrière ; c’est comme ça. Et rap­pe­lez-vous que le fait d’être à visage décou­vert ne garan­tit pas pour autant la sécu­ri­té. D’ailleurs, si le mou­ve­ment deve­nait effi­cace, ce serait les per­sonnes publiques qui seraient para­doxa­le­ment les plus vul­né­rables, car elles sont connues. En ce sens, il est plus sûr d’agir en clan­des­tin. Pen­sez à tous les gens qui s’ex­pri­maient ouver­te­ment en tant qu’in­tel­lec­tuels et qui ont été arrê­tés par les nazis.

Le deuxième sou­tien le plus impor­tant est d’ordre finan­cier et maté­riel, il vise à garan­tir aux clan­des­tins une cer­taine sécu­ri­té s’ils sont arrê­tés. Lorsque les éco­lo­gistes lut­taient contre l’ex­ploi­ta­tion fores­tière à Clayo­quot Sound, sur l’île de Van­cou­ver, dans les années 1990, Paul Wat­son (Sea She­pherd Conser­va­tion Socie­ty) a pro­po­sé de payer la défense juri­dique de qui­conque se fai­sait prendre en train de clou­ter des arbres [une tech­nique employée pour empê­cher la défo­res­ta­tion en ren­dant la coupe des arbres clou­tés peu ren­table voire dan­ge­reuse, NdT]. Les fonds de défense juri­dique et les avo­cats béné­voles me viennent immé­dia­te­ment à l’es­prit, mais je suis sûr que cela pour­rait être encore plus éla­bo­ré. Lorsqu’ils savent que quel­qu’un sera là pour les aider si quelque chose d’hor­rible se pro­duit, les acti­vistes peuvent prendre plus d’i­ni­tia­tives et sont plus à même de mettre au point des actions efficaces.

Bien sûr, nous espé­rons qu’il n’y aura pas de pri­son­niers. Mais s’il y en a, ils doivent aus­si être sou­te­nus. On ne peut pas les oublier après un mois. Comme je l’ai déjà dit, le simple fait de rece­voir des lettres en pri­son remonte énor­mé­ment le moral. Si les déte­nus ont des familles, cela fera une grande dif­fé­rence pour eux de savoir que leurs proches ne sont pas seuls et qu’ils béné­fi­cie­ront d’un cer­tain sou­tien maté­riel de la part des orga­ni­sa­tions à visage décou­vert. C’est de cela que l’on parle quand nous évo­quons la culture de résistance.

TIS : Vous avez participé à un large éventail d’actions, allant des recours juridiques traditionnels au sabotage. Dans cette perspective inédite, quelle est selon vous la stratégie la plus prometteuse pour le mouvement écologiste ?

MC : Nous avons besoin de plus de tout, de tout ce que nous pou­vons assem­bler, dans tous les domaines. Il est indé­niable qu’un grand nombre de tac­tiques par­fai­te­ment légales peuvent être tout à fait effi­caces. On ne par­vien­dra pas à consti­tuer des socié­tés sou­te­nables en ne comp­tant que sur la voie légale, de même qu’on n’y par­vien­dra pas uni­que­ment en recou­rant au sabo­tage ; ceux qui sont capables de pour­suivre l’en­ne­mi en jus­tice, c’est ce qu’ils devraient faire. Ceux qui n’ont pas accès aux tri­bu­naux (ce qui est le cas d’à peu près tout le monde) doivent trou­ver d’autres rôles. Un mou­ve­ment effi­cace est un mou­ve­ment diver­si­fié, bien orga­ni­sé, prêt à affron­ter le pou­voir, et com­pre­nant que tout est en jeu.

La Guerre Eco­lo­gique Déci­sive (GED) est la seule stra­té­gie glo­bale que je connaisse [NdT : la GED est la stra­té­gie pro­po­sée dans le tome 2 de Deep Green Resis­tance : un mou­ve­ment pour sau­ver la pla­nète]. Elle énonce des objec­tifs clairs ain­si que des moyens d’or­ga­ni­ser des groupes à visage décou­vert et des groupes clan­des­tins sur la base d’exemples his­to­riques de mou­ve­ments effi­caces. Si les acti­vistes poten­tiels ne sont pas sûrs d’eux, cette stra­té­gie serait un bon moyen de se lan­cer, mais je suis sûr que d’autres plans peuvent émer­ger avec le temps et l’ex­pé­rience. La GED n’est qu’un point de départ.

Rap­pe­lez-vous que les moments les plus dif­fi­ciles sont au début, lorsque vous com­met­tez des erreurs inévi­tables. Par la suite, vous accu­mu­le­rez des connais­sances en com­met­tant des erreurs. Cela amène par­fois des leçons bru­tales. Quand j’ai rejoint Deep Green Resis­tance pour la pre­mière fois, j’é­tais très mal à l’aise parce que je me sen­tais encore les­si­vé par les luttes des années 90. Ce que j’ai décou­vert, c’est que la vraie force et l’en­du­rance sont fon­dées sur l’hu­mi­li­té et le res­pect. J’ai beau­coup appris des autres membres du groupe, dont cer­tains ont la moi­tié de mon âge, voire moins, et c’est une expé­rience qui m’a ren­du humble. De plus, je n’a­vais jamais réa­li­sé à quel point cela peut être dif­fi­cile pour les femmes d’être actives au sein de groupes radi­caux, ou même dans cette culture en géné­rale. Mon expé­rience chez DGR m’a ame­né à faire atten­tion à ce sujet.

[…]

TIS : Le temps n’est pas de notre côté, nous sommes d’accord là-dessus. Qu’est-ce qui est de notre côté, d’après vous ?

MC : Trois choses : Pre­miè­re­ment, la pla­nète veut vivre. Elle cherche la diver­si­té bio­lo­gique, l’a­bon­dance, elle ne demande qu’à pro­duire une terre fer­tile, ce qui four­ni­ra la base de la sub­sis­tance de ceux qui vien­dront après nous. Je pense que les humains aus­si veulent vivre ; et au-delà de sim­ple­ment sur­vivre, ils veulent avoir la satis­fac­tion de vivre bien. La civi­li­sa­tion n’offre qu’un triste sub­sti­tut au bien-vivre en ne l’accordant qu’à une petite mino­ri­té seule­ment [NdT : et encore, le mal-être géné­ra­li­sé que génère la civi­li­sa­tion n’épargne pas les riches].

La deuxième chose qui joue en notre faveur est le fait que les acti­vistes dis­posent désor­mais d’un avan­tage indé­niable, car il est aujourd’hui plus facile d’ob­te­nir de l’in­for­ma­tion de façon ano­nyme. Plus nous aurons la capa­ci­té de le faire en toute sécu­ri­té avec des ordi­na­teurs, y com­pris en atta­quant des sys­tèmes infor­ma­tiques, mieux cela sera. Même quand il s’a­git sim­ple­ment de savoir à qui appar­tient quelle machine, où est-ce qu’elle se trouve, com­ment les sys­tèmes indus­triels sont construits et dis­po­sés, ces infor­ma­tions sont beau­coup plus faciles à obte­nir. D’un autre côté, l’en­ne­mi a un avan­tage simi­laire en matière de sur­veillance et d’en­quête, de sorte que la sécu­ri­té est plus cru­ciale que jamais.

La troi­sième chose, c’est que les res­sources faci­le­ment acces­sibles dont les empires ont besoin pour fonc­tion­ner ont pra­ti­que­ment dis­pa­ru. Il n’y aura jamais plus une autre ère du pétrole bon mar­ché, de mon­tagnes de mine­rai de fer, de forêts abon­dantes prêtes à être rasées, ni même de conti­nents de terres fer­tiles. Une fois que l’in­fra­struc­ture de l’hu­ma­ni­té civi­li­sée se sera effon­drée, ou aura été inten­tion­nel­le­ment déman­te­lée, elle ne pour­ra pas être recons­truite. Après cela, les humains devront apprendre à vivre dans des cultures à plus petite échelle, en fonc­tion de ce que la terre peut sup­por­ter, et recon­si­dé­rer la façon dont ils se traitent les uns les autres. Ce ne sera pas une uto­pie, bien sûr, mais c’est tou­jours la meilleure des options dont dis­pose l’hu­ma­ni­té. La lutte dans laquelle nous sommes main­te­nant enga­gés porte sur le maté­riel vivant qui sera dis­po­nible pour ces nou­velles cultures ancrées dans leurs ter­ri­toires éco­lo­giques spé­ci­fiques et, plus impor­tant encore, pour les grandes com­mu­nau­tés bio­lo­giques au sein des­quelles ils s’inscriront. Ce dont les ours polaires, les sau­mons et les oiseaux migra­teurs ont besoin, nous en aurons aus­si besoin. Notre ave­nir est lié à jamais.


Tra­duc­tion : Harold Fitch Boribon

Édi­tion : Nico­las Casaux

Cor­rec­tion : Lola Bearzatto

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