Début 2014, plusieurs réunions ont lieu à Paris pour préparer une grande rencontre nationale entre les plus radicaux des écologistes et les plus radicaux de la révolution sociale, révolution impérative pour stopper les inégalités sociales et forcer les riches à rendre l’argent qu’ils ne cessent de voler, surtout depuis que le capitalisme se croit en « pays conquis » et impose à tous les États, ou pire, avec leur complicité active, sa politique cruelle pour augmenter les revenus des investisseurs en diminuant les revenus des ouvriers, par exemple en délocalisant là où les salaires sont 30 fois moins élevés.
Thierry Sallantin, militant écolo depuis le collège (1967) y propose le nom « Verts de rage » pour ces écolos qui n’accepteront jamais de se compromettre avec un parti de gouvernement partisan du « toujours plus » : ce conservatisme de gauche comme de droite, conserve l’adoration du mot « croissance » !
Militant anticommuniste et anticapitaliste, car anti société industrielle, cet écolo ne veux pas d’usines, qu’elles soient de gauche ou de droite ! Il s’exclame dans un de ses articles : « Vive la pauvreté ! A bas la richesse ! A bas la misère ! Vive le chômage », s’inspirant des livres de Majid Rahnema et Alberto Acosta et de la notion de « buen-vivir » des Indiens des Andes qui contestent le « développement ». Car « chômage », au sens étymologique, signifie « faire la pause aux heures chaudes de la journée » (grec « kaust » = chaleur), d’où : à bas le salariat ! Car il suppose une obéissance indigne aux ordres, des chefs, une société insupportable car hiérarchisée. Justice sociale ! Oui, mais avec un nouveau sens du mot « égalité » : tous pauvres, heureux dans la modestie et la convivialité tranquille, le partage et la vie simple, et non « tous riches », car alors cela entraîne un mode de vie à forte empreinte écologique ! Vie sage, tout se fabrique à la main.
Vive l’artisanalisme !
À bas l’industrialisme, lequel est incompatible avec le retour urgent aux 280 ppm de CO2 dans l’atmosphère : si on continue avec un type de société demandant trop d’énergie, on est parti pour bouleverser le climat de façon irrémédiable pendant 500 000 ans (source : les deux livres de Clive Hamilton : Requiem pour l’espèce humaine et Les Apprentis sorciers du climat et mes discussions avec lui lors de son passage à Paris).
À bas toutes ces sociétés dévorées par la folie des grandeurs, la démesure, ces sociétés qui au seul prétexte de la « puissance » se donnent des structures hiérarchiques sur la plus grande surface possible au prix d’odieuses conquêtes de petits peuples qui ne demandaient qu’à continuer à vivre tranquillement : lire, de James C. Scott, Zomia (Seuil, 2013): des exemples de résistances aux empires chinois, birmans, khmères… (Il n’y a pas que l’Occident comme délire de démesure).
Les écolos radicaux sont celles et ceux qui remontent à la racine du problème
Racines déjà attestée il y a 6 000 ans avec les premières villes en Mésopotamie où les archéologues ont détecté l’apparition des premières folies des grandeurs, ces premières sociétés trop nombreuses issues de guerres et de soumission des vaincus, et de pouvoir exorbitant de princes dont l’orgueil et la démesure (« hubris » en grec) se traduit par des « grands monuments inutiles » (G.P.I.I. aujourd’hui !) : ces tours appelées « ziggourats ». Toujours la même frime des riches depuis 6000 ans !
Pas être comme ATTAC pour un « alter capitalisme », ni vouloir une « autre civilisation », une « alter civilisation » ! Tous ces mots en « alter » : signes de la pensée… altérée (idiot d’avoir inventé « alter-mondialisme »… et pourquoi pas « l’alter peine de mort », vous savez, bio et équitable!)
Le concept de « civilisation » a été inventé en 1756 par Mirabeau : les européens gonflés d’orgueil se disant « civilisés » par rapport à ces débiles à bien-sûr coloniser : les sauvages, ce qui sera encore le raisonnement de Léon Blum le 9 juillet 1925 (pour justifier la répression dans le Rif, au Maroc, contre la courageuse résistance menée par Abd El Krim : Blum décidera d’y envoyer le héros de Verdun : le maréchal Pétain !) :
« Nous avons trop d’amour de notre pays pour désavouer l’expansion de la civilisation française. Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont parvenues au même degré grâce aux efforts de la science et de l’industrie. »
On reconnait quasiment les mêmes mots qu’avait utilisé Jules Ferry en 1885 pour justifier les colonisations en Indochine et en Afrique ! Et encore en 1952 Félix Gaillard, secrétaire d’État à la Présidence (pour justifier l’industrie atomique) expliquera que les nations qui ne suivraient pas la voie du développement grâce à la physique atomique seraient dans les 25 ans :
« aussi arriérées face aux nations nucléaires que les peuples primitifs africains le sont face aux nations industrialisées d’aujourd’hui… »
Maintenant avec le recul acquis grâce à la prise de conscience de la situation suicidaire où mène la modernité, on sait que la « civilisation » était depuis le début un projet absurde, et que les petits peuples modestes, équipés techniquement du stricte minimum, étaient ceux qui avaient raison… Et en plus, dans ces sociétés, la notion de « travail » n’existe pas (lire, de Marshall Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance, et l’article de Jacques Lizot paru dans la revue LIBRE n° 4 (Payot 1978) sur l’économie des sociétés primitives : l’exemple des Yanomami. Dire que ces sociétés (qui avaient trouvé les clés du bonheur, donc le progrès dans le vrai sens du terme) faisaient mourir de rire les fiers européens les découvrant sous les tropiques ou au-delà de l’Oural, en Asie du Nord, ou encore de l’autre côté de l’Atlantique… en s’amusant à les traiter de « primitifs », de « sauvages », d’ « arriérés » !
Décoloniser son imaginaire, c’est sortir pour de bon de ce préjugé de supériorité des colonisateurs en abandonnant le vieux vocabulaire qui justifiait l’expansion coloniale.
Désormais, les écolos radicaux disent :
A bas la civilisation !
Vive la féralité !
Vive les multiples sylvilisations (du latin « sylva », la forêt) ; à bas la « civis », la ville, lieu d’entassement inhumain et d’exploitation des populations paysannes environnantes, dont la ville dépend pour sa nourriture !
A bas le développement, vive son contraire : l’enveloppement !
Pour la notion « d’enveloppement » voir l’article : « Le développement durable, c’est le problème, pas la solution », ainsi que « l’art de traduire sustainable development ».
Solidarité avec les petits peuples qui ont encore tous les savoir-faire de la vie tranquille et autarcique. Au dernier comptage, ils parlent 6 900 langues différentes, mais partout l’ethnodiversité est menacée, soit directement : génocide ; soit indirectement, ethnocide…
C’est d’eux que les écolos radicaux peuvent s’inspirer pour retrouver l’art des modes de vie à faible empreinte écologique, l’art de se constituer en microsociétés à taille humaine, où tout le monde connaît tout le monde et où les structures hiérarchiques sont hors-jeu, indécentes ! Agriculture moderne aux U.S.A. : on investit 7,4 calories pour à la fin en récolter une seule (source : le rapport de Pablo Servigne téléchargeable sur www.greens-efa.eu/nourrir-l-europe-en-temps-de-crise-10570.html). Agriculture traditionnelle des Yanomami en Amazonie : pour 1 calorie investie (travail : que l’énergie musculaire, et aucun intrant) ils récoltent 19,8 calories. Source : travaux de Jacques Lizot, sur place de 1968 à 1991, tous les chiffres sur le site de permaculture MORIKIDO, article « Agroécologie, nouvel oxymore » (ou encore sur http://anarchieverte.ch40s.net/2014/01/les-verts-de-rage/ ).
Écologie radicale : radicalement contester notre monde !
En effet, l’écologie, c’est la remise en cause totale du plurimillénaire délire mégalo des occidentaux. C’est la fin de l’anthropocentrisme, et donc de toutes les religions monothéistes, le retour aux visions du monde biocentristes, celles qui poussent à vivre en paix avec nos sœurs les plantes et nos frères les animaux, car il n’y a de justice que si toutes les espèces vivantes se partagent la biosphère de façon équitable. Les humains n’ont pas à occuper toute la place ! Actuellement, parmi les 5 000 espèces de mammifères, une seule pèse 90% du poids de la biomasse de tous les mammifères : l’espèce humaine, en y ajoutant le poids de ses animaux d’élevage ! Les 4 999 autres espèces doivent se contenter de 10% du poids de la biomasse restante ! Scandaleux ! Injuste ! Source : Valérie Chansigaud 2013, L’Homme et la nature, une histoire mouvementée, éditions Delachaux-Niestlé.
Crise ? Non, ce n’est pas une crise :
nous vivons la phase finale de l’agonie terminale.
Entre 2020 et 2060, il va y avoir des MILLIARDS de morts avec la fin des ressources énergétiques, la multiplication des accidents nucléaires (la radioactivité a déjà tué 63 millions 200 000 personnes depuis 1945 : rapport du C.E.R.I. Comité Européen sur le Risque de l’Irradiation, Chris Busby et Alexei Yablokov, traduction de Paul Lannoye aux éditions Frison-Roche 2004), la fin des ressources minières, la multiplication des cancers et autres maladies chroniques du fait des produits chimiques et des ondes électromagnétiques (lire Toxique Planète, ed. du Seuil 2013, d’André Cicolella, du réseau « santé-environnement »). Des milliards de morts : le taux de mortalité sera chaque jour 150 fois plus élevé que pendant la Deuxième Guerre Mondiale… Des migrations massives de populations, avec les premiers effets délétères du bouleversement du climat, engendreront des crispations racistes de peuples se sentant envahis, s’en suivront des guerres civiles, des guerres inter étatiques, des famines, des épidémies bien plus graves que lors de la Peste Noire du milieu du XIVe siècle…
On ne sera jamais « 9 milliards en 2050 » !
Cet effondrement démographique va se ralentir dans les années 2070, et à la fin, les humains ne seront plus qu’UN MILLIARD en 2100 comme l’indiquent les courbes terrifiantes du démographe Paul Chefurka montrant le parallèle constant depuis 300 ans entre la courbe des ressources énergétiques (dont l’effondrement est imminent, surtout pour le pétrole) et la courbe de la population : www.CourtFool.info : énergie et population mondiale. Chris Clugston (sqswans.weekly.com/peak-nnr-chris-clugston.html) aboutit au même résultat, mais page 228 de Requiem pour l’espèce humaine, Presses de Sciences Po 2013, Clive Hamilton dit qu’il ne restera que « quelques centaines de millions de survivants d’ici un siècle ou deux » !
Autant dire que pour nous qui nous réunissons « sagement » pour discuter d’écologie radicale, il ne faut pas se voiler la face : la plupart d’entre nous, nous allons mourir de mort violente, et ce sera encore pire pour nos enfants ! Surtout si nous continuons à vivre au cœur des sociétés industrielles et des zones très peuplées !
Que faire quand le Titanic coule ?
En tout cas, ne pas rester dedans. Et pas le temps de jouer au jeu boy-scout catho de la gentille « transition » : c’est de bouleversement, de basculement qu’il s’agit !
Mais comme lors du naufrage, jusqu’au dernier moment les gens ont continué à préférer se distraire : on jouait alors de la belle musique dans les salons du Titanic ! De même ici, les gens s’excitent d’abord pour se ruer dans une gare parisienne, Saint Lazare, car ils ont entendu dire qu’un Burger King y ouvrait !
Bertrand Meheust a raison : l’ambiance n’est pas à la révolution ! Voir ses deux derniers livres :
Politique de l’oxymore et Nostalgie de l’Occupation. Les gens sont définitivement crétinisés, imbécilisés par la Société de Consommation. Foutaise de parler de démocratie : dès le début des années 1920, la dictature de la Marchandise se mettait en place avec Lippmann et Bernays (lire Propaganda)… et les marxistes n’ont rien vu venir ! Normal, car ils étaient comme les capitalistes hypnotisés par la vie moderne ! Déjà en son temps Marx défendait les modernes États-Unis contre les Mexicains « arriérés », car il ne jurait que par la « grosse industrie », et il était du côté des Anglais contre les « primitifs » des Indes qui se révoltaient contre la pénétration européenne… D’où mon anticommunisme au même titre que mon anticapitalisme…
Thierry Sallantin
Qui a fréquenté dans plusieurs pays d’Europe les anars qui se définissent « anti-civ » (contre la civilisation) : réunions annuelles en Angleterre, en Catalogne, et en Suède entre autre. On y apprend différentes techniques de sabotages, et aussi les savoir-faire pratiques de la vie en totale liberté dans la nature, dans un style paléolithique comme on peut le voir sur www.youtube.com/watch ?v=NgMS73kGEcs ou www.lynxvilden.com, documentaire Lynx, une femme hors du temps, sur le même sujet le livre d’Eric Valli Rencontres hors du temps ed. La Martinière : il a enquêté parmi les déjà un million de personnes en Amérique du Nord qui ont fait sécession, ont radicalement déserté le Système pour vivre de façon enfin véritablement humaine et harmonieuse. Pour un exemple en France, lire le témoignage « Mon enfance sauvage, de Djala Maria Longa (bientôt et aussi chez Glénat, elle va publier Terre courage). Il s’agit de ces 6 000 hippies entre Foix et Saint Girons en Ariège, les premiers arrivés à la suite de Mai 1968, et certains de leurs enfants tels Djala ont été interviewés par France-Culture dans l’émission Les pieds sur terre, émission des 20 et 21 novembre 2013 ré écoutable : www.franceculture/emission-les-pieds-sur-terre-enfances-sauvages-12–2013-11–20, 2e partie : … ‑12–2013-11–21 et www.gens-des-bois.org . Autant de témoignages des deux côtés de l’Atlantique pour donner des idées afin de sortir de la Société de Consommation, puisque « consommer, c’est être …sommé d’être…con » ! Urgence de quitter les villes car y gagner sa vie, c’est perdre sa vie à la gagner : il faut vivre ses rêves au lieu de rêver sa vie en restant paresseusement en ville ! Mais alors partir où ?
Créons partout des Z.A.D., (zones d’autonomie définitive), des tribus de réensauvagé(e)s, des rebelles à la civilisation, donc d’abord constituer des bandes de joyeux lurons et gaies luronnes, puis se donner les moyens de sortir définitivement de la Société Industrielle : s’installer en groupes, sans hiérarchie, là où la nature est encore libre, en se destinant peu à peu à la vie de plus en plus autonome, auto suffisante, déjà au niveau de l’alimentation (bio!). Puis à tous les autres niveaux : retrouver les techniques et savoir-faire pour tout fabriquer sur place avec art et amour, hymne à la beauté du « fait-main ». Beau mode de vie à empreinte écologique zéro. Cohérence avec la volonté de s’inscrire harmonieusement dans l’écosystème local, donc en laissant toute la place dont ont besoin les autres espèces végétales et animales : biodiversité maximum cohabitant avec le maximum d’ethnodiversité. Parmi les possibilités de « terres à libérer » comme disaient les anarchistes naturiens en 1900, il y aurait dans le sud d’un département français à 99% recouvert de forêt et grand comme le Portugal, un espace inhabité et garanti sans pollution de 2 millions d’hectares, où l’État, par décret d’avril 1987, accorde des droits d’usage collectif dans sa forêt domaniale : les squatters ont le droit de rester gratuitement dans la forêt à 2 conditions : 1° vivre en groupe ; 2° vivre en autosubsistance traditionnelle, qu’avec les ressources de la forêt : pêche, chasse, cueillette et petit jardinage sur clairières provisoires, donc semi-nomadisme. Quoi de mieux pour des… écolos radicaux ! Inutile d’acheter la terre : foncier gratuit ! Assez de place pour une centaine de villages de rebelles et d’artistes de la vie belle !
J’ai pris ce film comme une gifle.
Créer une ZAD, oui. Là où la nature est encore libre. Ça existe ? On oublie la propriété, évidemment. Qui est prêt à se mouiller, perdre ses repères, son confort et sa douce et illusoire sécurité ?
Moi. Peut-être. J’ai la trouille. Pas toi ?
Et je rêve aussi.
Moi je suis pret pour la ZAD je suis pas une tapette
choquée par le fait que les militaires se nomment crazy horse…en plus du reste .. la goutte d eau
bien bel article, merci !
Gellenoncourt, j’adore me mouiller dans l’eau des rivière et me baigner dans la mer,
mon confort je le bâtit de mes mains en laissant libre court a mon imagination par rapport a la fonctionnalité des objets.
ma sécurité je la crée en prenant le temps de connaitre les personnes que je rencontre et nouer des liens avec ces personne, et naturellement entretenir ces liens précieux.
Oui je suis libre, parce que je me suis libérer dans ma tête, je rêve chaque seconde, et ma vie est un rêve éveillé.
cependant j’ai encore la trouille que ce monde capitaliste, ses papiers, son non respect et ses dictât me rattrape.
ce dont j’ai peur c’est ce pour quoi vous vivez chaque jour, ceux pour quoi vous vous levez le matin : l’argent.
Ecologiste radical ? non ! personne sensée dans un monde de fou !
Pô
je suis contre l’anthropocentrisme, de la domination de l’homme sur la nature, mais en tant qu’anarchiste ne tombons pas dans le travers opposé de la domination de la nature sur l’homme. Ne rejetons pas en bloc la technique, aujourd’hui corrompu car entre les mains d’intérêt prive et capitaliste, mais peut être source d’énorme progrès humain pour une humanité responsable vivant au même niveaux que sont environnement.
Il est évident qu’en épuisant les ressources naturelles on court à la catastrophe. Mais n’oublions pas qu’au départ nous voulions sortir de notre gangue primale. Ce sont les dérives qu’il faut combattre.
déconstruire c est créer
Ecologie, décroissance, vie plus saine , respect des Hommes…je vous invite vraiment à lire « Déconstruire c’est créer » de l’auteure stéphanoise Béatrice Tracol .Un essai sur la mondialisation capitaliste et ses dérives auxquelles selon elle nuls ne réchappent… » l’ Homme à fini de scier la branche sur lequel il était assit. Ce démembrement ; cette rupture violente n’est pas qu’environnementale elle est aussi spirituelle car nous ne voyons plus la beauté du monde mais seulement ce qu’il peut nous rapporter en terme de profit… »