L’écologie™ du spectacle et ses illusions vertes (espoir, « progrès » & énergies « renouvelables »)

L’écologie™ du spectacle

« Contre le des­sè­che­ment de la pen­sée par la répé­ti­tion pares­seuse de sem­pi­ter­nels lieux com­muns ou par une fré­né­sie concep­tua­li­sa­trice fai­sant sou­vent fi de toute rigueur, l’exer­cice scru­pu­leux de l’es­prit cri­tique mérite, me semble-t-il, d’être ins­tam­ment réha­bi­li­té. […] J’en­tends par esprit cri­tique l’at­ti­tude consis­tant à ne por­ter des juge­ments que sur ce que l’on s’est d’a­bord effor­cé de com­prendre ; à recou­rir autant que faire se peut à des sources d’in­for­ma­tion de pre­mière main plu­tôt qu’à des syn­thèses toutes faites ; à ne rien tenir pour défi­ni­ti­ve­ment acquis et à refu­ser par prin­cipe tout argu­ment d’au­to­ri­té ; à se méfier de l’ad­mi­ra­tion sté­ri­li­sante comme des aspi­ra­tions pué­riles à l’o­ri­gi­na­li­té ; à tou­jours se deman­der si ce dont on parle existe réel­le­ment, pour­quoi cer­tains dis­cours paraissent sédui­sants alors qu’ils ne résistent pas à un exa­men appro­fon­di, et com­ment faire en sorte qu’une pen­sée soit à la fois logi­que­ment cohé­rente et empi­ri­que­ment véri­fiable, rigou­reu­se­ment argu­men­tée et ouverte à la dis­cus­sion, même lorsque celle-ci prend une tour­nure polémique. »

— Jean-Marc Man­do­sio, D’or et de sable (2008)

En cette époque d’accélération incon­trô­lée d’à peu près tous les aspects de la civi­li­sa­tion indus­trielle, de dés­in­for­ma­tion média­tique orga­ni­sée par divers inté­rêts finan­ciers et de pou­voir, de crises en tous genres qui n’en finissent pas d’empirer, avec comme corol­laire une soif angois­sée, fré­né­tique et gran­dis­sante de solu­tion­nisme et de bonnes nou­velles, un com­plexe de Cas­sandre déli­mite le cadre auto­ri­sé du débat poli­tique (et éco­lo­gique). Pen­sée magique et aspi­ra­tion au posi­ti­visme viennent occul­ter les réa­li­tés der­rière les « solu­tions » pré­sen­tées par les médias de masse, par les poli­ti­ciens, par les cor­po­ra­tions, par les gou­ver­ne­ments, et même par cer­tains médias dits « alter­na­tifs » ou « indépendants ».

Cet aveu­gle­ment plus ou moins volon­taire est dénon­cé par une poi­gnée de voix bien trop peu relayées, sauf par quelques médias de second plan, et quelques col­lec­tifs lar­ge­ment incon­nus du grand public. En France, citons, pour exemple, les édi­tions de l’Encyclopédie des Nui­sances de Jaime Sem­prun, René Rie­sel, Jean-Marc Man­do­sio, etc., le col­lec­tif gre­no­blois Pièces et Main d’Oeuvre (PMO), le men­suel La Décrois­sance, divers auteurs, anciens et actuels, comme Jacques Ellul, Ber­nard Char­bon­neau, Guy Debord, Pierre Four­nier, Armand Far­ra­chi, Fran­çois Jar­rige et Oli­vier Rey.

Si nous nous ins­pi­rons en par­tie des excel­lentes cri­tiques qu’ils pro­posent, nous pui­sons éga­le­ment dans celles que for­mulent plu­sieurs auteurs anglo­phones, par­fois jamais tra­duits en fran­çais, comme Lewis Mum­ford (qui a été tra­duit), Der­rick Jen­sen (qui com­mence à l’être), Lierre Keith, Will Falk, Cory Mor­ning­star, Arund­ha­ti Roy et bien d’autres. Nous essayons de dif­fu­ser, en France, les ana­lyses de l’organisation éco­lo­gique Deep Green Resis­tance (en fran­çais : Résis­tance éco­lo­gique pro­fonde) créée aux États-Unis, à tra­vers, par exemple, un livre que nous venons de publier : Éco­lo­gie en résis­tance : Stra­té­gies pour une terre en péril (Vol. 1), qui pré­sente des textes et dis­cours de Van­da­na Shi­va, Der­rick Jen­sen, Ste­pha­nie McMil­lan, Lierre Keith et Aric McBay. Si je cite tous ces col­lec­tifs et tous ces auteurs, c’est pour vous encou­ra­ger à décou­vrir leurs œuvres, qui sont cru­ciales et plus que jamais d’actualité, si ce n’est pas déjà fait.

L’article qui suit vise à briè­ve­ment expo­ser un des nom­breux et des prin­ci­paux pro­blèmes liés à cette aspi­ra­tion au posi­ti­visme : le mythe des éner­gies « renou­ve­lables ».

En effet, l’écologie, dans le dis­cours poli­tique domi­nant aus­si bien que dans celui des médias « alter­na­tifs » ou « indé­pen­dants » et des prin­ci­pales ONG, tourne désor­mais, le plus sou­vent, autour du déploie­ment des sources d’énergie dites renou­ve­lables, pré­sen­tées comme des inno­va­tions pou­vant nous per­mettre de conci­lier le main­tien d’un cer­tain confort indus­triel moderne et le res­pect de l’environnement ; les prin­ci­pales auto­ri­tés, gou­ver­ne­men­tales et scien­ti­fiques, de la civi­li­sa­tion indus­trielle ayant admis, in fine, que les éner­gies issues de com­bus­tibles fos­siles et du nucléaire, étaient pol­luantes, éco­lo­gi­que­ment des­truc­trices, outre qu’elles dépen­daient de res­sources finies.

Du gou­ver­ne­ment des États-Unis à celui de la Chine, en pas­sant par celui de la France, de l’armée des USA à Jean-Luc Mélen­chon, du Réseau Sor­tir du nucléaire à l’association nega­Watt, de Green­peace au WWF, des Coli­bris à Vin­ci Ener­gies, d’Al­ter­na­ti­ba au minis­tère de la Tran­si­tion éco­lo­gique et soli­daire, tous en font désor­mais la pro­mo­tion. Bien sûr, les moti­va­tions dif­fèrent, du moins en apparence.

Dans les faits, le déploie­ment de ces tech­no­lo­gies s’avère aus­si anti-éco­lo­gique et anti­dé­mo­cra­tique que tout ce qui consti­tue la civi­li­sa­tion indus­trielle. Voi­ci donc les prin­ci­pales rai­sons pour les­quelles les­dites éner­gies « renou­ve­lables » sont une illu­sion mar­ke­ting de plus — s’inscrivant dans la longue lignée d’illusions pro­mues par les idéo­logues du pro­grès — qui nous mène, et la pla­nète avec nous, droit au mur :

1. Ces tech­no­lo­gies néces­sitent des matières pre­mières non-renou­ve­lables, en grandes quan­ti­tés, et donc des pra­tiques extrac­ti­vistes nui­sibles pour l’environnement, comme toutes les acti­vi­tés minières, ce qui n’est jamais dis­cu­té par leurs pro­mo­teurs. L’in­dus­trie des pan­neaux solaires, pour prendre l’industrie per­çue comme la plus « propre », requiert, entre autres, les maté­riaux sui­vants, lis­tés en avril 2016 par le site Resource Inves­tor : l’ar­se­nic (semi-conduc­teur), l’a­lu­mi­nium, le bore (semi-conduc­teur), le cad­mium (uti­li­sé dans cer­tains types de cel­lules pho­to­vol­taïques), le cuivre (câblage et cer­tains types de cel­lules pho­to­vol­taïques), le gal­lium, l’in­dium (uti­li­sé dans les cel­lules pho­to­vol­taïques), le mine­rai de fer (acier), le molyb­dène (uti­li­sé dans les cel­lules pho­to­vol­taïques), le phos­phore, le sélé­nium, le sili­cium, l’argent, le tel­lure et le titane. L’industrie de l’éo­lien requiert elle aus­si une longue liste de maté­riaux dont l’aluminium, l’acier, des métaux stra­té­giques (terres rares, comme le néo­dyme), etc., pour la fabri­ca­tion des 3000 pièces qui com­posent une éolienne. Même chose en pire pour l’industrie de l’hy­dro­lien. Une par­tie de ces maté­riaux pour­rait effec­ti­ve­ment pro­ve­nir du recy­clage, mais pas la tota­li­té, et de toute manière, le recy­clage engendre des pertes, étant limi­té lui aus­si (entre autres en rai­son de la com­plexi­té des alliages métal­liques de plus en plus uti­li­sés). En matière de tech­no­lo­gies dites « vertes » cela ne semble poser pro­blème à per­sonne d’encourager des pra­tiques extrac­ti­vistes — tant que ce sont d’autres gens qui se retrouvent obli­gés de tra­vailler dans des mines, et que les dégâts envi­ron­ne­men­taux sont expor­tés (les habi­tants des envi­rons du lac de Bao­tou, en Chine, en savent quelque chose). L’industrie des bat­te­ries au lithium qui servent au sto­ckage des soi-disant éner­gies « vertes » est elle aus­si socia­le­ment et éco­lo­gi­que­ment des­truc­trice, ce qu’expose le Washing­ton Post dans une série d’articles sur les pra­tiques extrac­ti­vistes qu’elle requiert (dans les mon­tagnes d’Amérique latine, par exemple), et le quo­ti­dien fran­çais Repor­terre, notam­ment dans cet article inti­tu­lé « Cor­rup­tion, pol­lu­tion, consom­ma­tion : les ravages du lithium en Argen­tine ». On entend désor­mais par­ler de nou­velles tech­no­lo­gies de pan­neaux solaires basées sur le gra­phite, anti­ci­pons alors, les consé­quences désas­treuses de son extrac­tion sont éga­le­ment rap­por­tées par le Washing­ton Post (déso­lé pour les non-anglo­phones, nous n’avons mal­heu­reu­se­ment pas de dos­siers en fran­çais sur ces sujets). Les tech­no­lo­gies dites « renou­ve­lables » impliquent tou­jours des pra­tiques extrac­ti­vistes nui­sibles pour l’environnement. D’autant plus en rai­son de l’échelle colos­sale (pla­né­taire) à laquelle leur déve­lop­pe­ment est envi­sa­gé, ain­si que l’ex­plique Oli­vier Vidal (direc­teur de recherches CNRS au labo­ra­toire de l’Institut des sciences de la terre de Gre­noble, dont les tra­vaux ont fait l’objet d’un article dans la revue Nature Geos­cience), dans une inter­view parue sur le site de l’Université Joseph-Fou­rier : « D’ici 2050, il fau­dra six ou sept fois la pro­duc­tion mon­diale d’acier actuelle pour les seuls sec­teurs des éner­gies renou­ve­lables ». Si l’on prend en compte toute l’énergie grise néces­saire à leur concep­tion et à leur déploie­ment, leur carac­tère sou­te­nable et éco­lo­gique est immé­dia­te­ment remis en ques­tion, tout comme leur carac­tère démo­cra­tique (les indus­tries des renou­ve­lables reposent, comme toutes les indus­tries de la socié­té capi­ta­liste, sur l’ex­ploi­ta­tion sala­riale, la ser­vi­tude impo­sée que l’on appelle sala­riat, sur les orga­ni­sa­tions sociales anti­dé­mo­cra­tiques que sont les États modernes, etc.). Pour para­phra­ser Aldo Leo­pold, si une pra­tique est éco­lo­gique lorsqu’elle tend à pré­ser­ver l’intégrité, la sta­bi­li­té et la beau­té de la com­mu­nau­té bio­tique, ni la fabri­ca­tion ni l’usage des tech­no­lo­gies « renou­ve­lables » ne sont éco­lo­giques. Lorsqu’on fait la pro­mo­tion d’une tech­no­lo­gie, quelle qu’elle soit, il faut s’assurer de connaître tout ce qu’elle requiert — bien que ce ne soit pas évident, puisque rien n’est fait pour l’encourager. Il est absurde de pro­mou­voir comme solu­tions aux pro­blèmes de notre temps des tech­no­lo­gies impli­quant exploi­ta­tions sociales et des­truc­tions envi­ron­ne­men­tales, même si celles-ci se font à l’autre bout du monde.

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2. Ces pra­tiques extrac­ti­vistes sont dépen­dantes des com­bus­tibles fos­siles, ain­si que l’explique le cher­cheur amé­ri­cain Ozzie Zeh­ner — dont nous avons tra­duit une excel­lente inter­view — dans son livre Green Illu­sions : The Dir­ty Secrets of Clean Ener­gy and the Future of Envi­ron­men­ta­lism  (qui n’a mal­heu­reu­se­ment pas été tra­duit, et dont le titre fran­çais serait : Les illu­sions vertes : les vilains secrets de l’énergie propre et le futur de l’environnementalisme). Ozzie Zeh­ner explique ain­si que nous devrions par­ler d’énergies alter­na­tives « déri­vés des com­bus­tibles fos­siles », et pas d’énergies « renou­ve­lables », ou « vertes », ou « propres ». Le site web IEEE Spec­trum, un maga­zine anglo­phone édi­té par l’ins­ti­tut des ingé­nieurs en élec­tri­ci­té et élec­tro­nique (Ins­ti­tute of Elec­tri­cal and Elec­tro­nics Engi­neers IEEE), a d’ailleurs publié, en 2016, un article inti­tu­lé « To get wind power you need oil » (en fran­çais : « Pour obte­nir de l’éner­gie éolienne, nous avons besoin de pétrole ») dans lequel il expose la dépen­dance au pétrole de la fabri­ca­tion des éoliennes, et ce pour encore « très long­temps ». Dans l’interview d’Ozzie Zeh­ner pré­cé­dem­ment men­tion­née, il ajoute éga­le­ment que les emplois « verts » et les éner­gies vertes « ne ser­vi­ront à rien dans la réso­lu­tion de la crise que nous tra­ver­sons, qui n’est pas une crise d’énergie mais plu­tôt de consom­ma­tion ». Gail Tver­berg, ana­lyste et auteure qui étu­die les pro­blèmes liés à la ques­tion éner­gé­tique, vient de publier un article (le 30 jan­vier 2017) dans lequel elle explique qu’il fau­dra 860 ans pour que l’u­ti­li­sa­tion de com­bus­tibles fos­siles soit tota­le­ment aban­don­née (en l’an 2877, donc). Dans son der­nier rap­port sur « Les chiffres clés des éner­gies renou­ve­lables », en date de 2016, l’A­gence inter­na­tio­nale de l’éner­gie (Inter­na­tio­nal Ener­gy Agen­cy, IEA) rap­porte que le solaire et l’éo­lien four­nissent aujourd’­hui moins de 1% de l’éner­gie totale uti­li­sée par les humains. C’est-à-dire qu’a­près 30 ou 40 années de déploie­ment de ces éner­gies, leur impor­tance reste déri­soire et négli­geable au regard de la consom­ma­tion éner­gé­tique de la civi­li­sa­tion indus­trielle. De la poudre aux yeux.

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3. En plus de ne pas être démo­cra­tique, puisqu’elle encou­rage des exploi­ta­tions sociales mon­dia­li­sées, la pro­mo­tion de ces tech­no­lo­gies « vertes » béné­fi­cie avant tout aux grands groupes indus­triels, et ren­force donc le contrôle cor­po­ra­tiste. Quelques exemples de tailles : le conglo­mé­rat indus­triel Ada­ni (qui inves­tit éga­le­ment dans les acti­vi­tés minières, dans le char­bon, etc.) pos­sède la plus grande cen­trale solaire du monde, en Inde ; le groupe Vin­ci s’occupe du déve­lop­pe­ment de cen­trales solaires en France, au Séné­gal, et ailleurs ; l’armée US est un des plus grands pro­mo­teurs des tech­no­lo­gies « renou­ve­lables » et en par­ti­cu­lier des cen­trales solaires, qui fleu­rissent sur ses bases mili­taires ; la deuxième plus grande cen­trale solaire du monde (qui a été détrô­née par la construc­tion en Inde de celle du groupe Ada­ni) appar­tient au groupe Berk­shire Hatha­way, un conglo­mé­rat et une socié­té d’investissement US, diri­gé par War­ren Buf­fett et Char­lie Mun­ger, qui compte Bill Gates à son direc­toire et qui est, selon le Forbes Glo­bal 2000, la qua­trième entre­prise mon­diale (on ne va pas détailler plus, vous com­pre­nez bien qu’elle pos­sède des inves­tis­se­ments dans à peu près tout). Pour plus de ren­sei­gne­ments, sui­vez ce lien. Rap­pe­lons éga­le­ment qu’En­gie (ancien­ne­ment GDF Suez), Vin­ci et Are­va s’as­so­cient pour déve­lop­per l’éo­lien en France. Les acti­vistes du mou­ve­ment éco­lo­gique qui font la pro­mo­tion de ces tech­no­lo­gies se changent ain­si en lob­byistes au ser­vice de grands groupes indus­triels, comme l’explique Der­rick Jen­sen.

4. En plus des dom­mages liés à l’extractivisme et à la dépen­dance des com­bus­tibles fos­siles, le déve­lop­pe­ment des éner­gies dites « vertes » est à l’origine d’autres des­truc­tions éco­lo­giques. On peut s’en rendre compte en ana­ly­sant un cer­tain type d’articles men­son­gers (dont les titres sont de l’ordre de : « Le Cos­ta Rica tourne à 100 % avec des éner­gies renou­ve­lables »), qui par­ti­cipe à la créa­tion d’un mythe qui entoure les sources d’énergie dites « renou­ve­lables ». Confon­dant très sou­vent éner­gie et élec­tri­ci­té, ou assi­mi­lant les deux (pre­mier men­songe), ces élé­ments de dés­in­for­ma­tion encensent une des indus­tries les plus dom­ma­geables pour le monde natu­rel : l’industrie des bar­rages, qui anéan­tit la bio­di­ver­si­té des rivières qu’elle ravage, qui par­ti­cipe au réchauf­fe­ment cli­ma­tique (le célèbre cli­ma­to­logue James Han­sen dit des bar­rages qu’ils sont des « usines à méthane »), et qui entraîne des expul­sions et des dépla­ce­ments mas­sifs de popu­la­tion (dénon­cés, entre autres, par Arund­ha­ti Roy dans son magni­fique essai publié en France sous le titre Le coût de la vie). Pour plus de détails sur les des­truc­tions éco­lo­giques et sociales qu’engendrent les bar­rages, vous pou­vez lire notre article : « Les illu­sions vertes : le cas des bar­rages (& non, le Cos­ta Rica n’est pas un para­dis éco­lo­gique) ». Sou­li­gnons une autre nui­sance éco­lo­gique grave. La prin­ci­pale source d’énergie soi-disant « renou­ve­lable », en Europe, cor­res­pond actuel­le­ment à la pro­duc­tion d’électricité issue de l’incinération de bio­masse, dont le Guar­dian, et d’autres quo­ti­diens de pre­mier plan, ont récem­ment révé­lé qu’elle entraîne la des­truc­tion des forêts d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs, dont les arbres sont impor­tés pour être brû­lés. Pour plus de ren­sei­gne­ments sur la catas­trophe éco­lo­gique de cette pro­duc­tion d’énergie à par­tir de bio­masse, vous pou­vez lire notre article : « Les illu­sions vertes : brû­ler des forêts (ou des mono­cul­tures d’arbres) pour l’électricité ».

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5. Der­nier point. Le plus impor­tant. La des­truc­ti­vi­té de la civi­li­sa­tion indus­trielle ne relève pas que de la manière dont elle pro­duit l’éner­gie qu’elle consomme. La civi­li­sa­tion indus­trielle détruit la pla­nète au tra­vers des acti­vi­tés, des pro­ces­sus et des pra­tiques qui sont ren­dus pos­sibles grâce à la pro­duc­tion indus­trielle d’éner­gie (sup­po­sé­ment verte, renou­ve­lable, ou pas). Bien avant le début de l’u­ti­li­sa­tion des com­bus­tibles fos­siles, la civi­li­sa­tion, le type de socié­té humaine basé sur la crois­sance de villes, avait déjà appau­vri la bio­di­ver­si­té mon­diale, alté­ré le cli­mat, et mas­si­ve­ment déboi­sé et rava­gé la pla­nète. La pro­duc­tion indus­trielle d’élec­tri­ci­té (soi-disant verte, renou­ve­lable, ou pas) per­met seule­ment une accé­lé­ra­tion expo­nen­tielle de ces des­truc­tions. Et plus on aug­mente la quan­ti­té d’éner­gie dis­po­nible, plus les des­truc­tions se multiplient.

Les éner­gies dites « renouvelables »

Que les usines Nike se recouvrent de pan­neaux solaires ne change en rien le fait qu’elles exploitent des mil­liers de tra­vailleurs et qu’elles uti­lisent mas­si­ve­ment des « res­sources natu­relles » de manière insou­te­nable, afin de pro­duire des vête­ments hors de prix (ven­dus dans des centres com­mer­ciaux qui, même recou­verts de pan­neaux solaires, demeurent de très bons exemples du carac­tère anti-éco­lo­gique et inéga­li­taire de l’ensemble de la civi­li­sa­tion indus­trielle). Que les usines où sont fabri­qués les iPhones d’Apple se recouvrent de pan­neaux solaires ne change en rien le fait qu’elles exploitent des mil­liers de tra­vailleurs, qu’elles uti­lisent mas­si­ve­ment des « res­sources natu­relles » (dont les extrac­tions détruisent le monde natu­rel et néces­sitent éga­le­ment l’exploitation de mil­liers de tra­vailleurs dont des enfants, comme au Congo où sont extraits, entre autres, le cobalt et le col­tan) de manière insou­te­nable. Que vous rou­liez dans une voi­ture élec­trique avec bat­te­rie au lithium, et donc très cer­tai­ne­ment au cobalt, ne change en rien le fait que votre voi­ture a dû être fabri­quée dans une usine, qui uti­lise mas­si­ve­ment des « res­sources natu­relles » de manière insou­te­nable, qui exploite un cer­tain nombre de tra­vailleurs, et relève d’un modèle de socié­té inéga­li­taire et insou­te­nable. Que la toi­ture d’une usine de camions Ford (comme de celle Wayne, dans le Michi­gan, aux USA) se recouvre de pan­neaux solaires ne change pas le fait que cette usine pro­duit des camions (et tout éco­lo­giste qui se res­pecte devrait savoir que les camions sont tout sauf essen­tiels à la san­té des éco­sys­tèmes), en exploi­tant tra­vailleurs et matières pre­mières (de manière insou­te­nable dans les deux cas). Que six usines de Renault ou que l’usine espa­gnole de Gene­ral Motors, à Sara­gosse, se recouvrent de pan­neaux solaires ne change en rien le fait que Renault et Gene­ral Motors par­ti­cipent, avec Ford, du sec­teur par­ti­cu­liè­re­ment nui­sible qu’est l’industrie automobile.

Éner­gies renou­ve­lables, vraies fausses solutions

Loin d’être mises au ser­vice d’une illu­soire tran­si­tion éner­gé­tique vers un mode de vie sou­te­nable, les éner­gies dites « renou­ve­lables » s’a­joutent aux autres, qui conti­nuent de se déve­lop­per (on construit des cen­trales à char­bon et nucléaires dans le monde entier, en Asie, en Amé­rique, en Afrique, en Océa­nie, et en Europe, où plus de 10 pays construisent ou pla­ni­fient la construc­tion de réac­teurs) : toutes ali­mentent le fonc­tion­ne­ment nor­mal, mais aus­si la crois­sance et l’é­ta­le­ment de la socié­té de consom­ma­tion indus­trielle. Ce que rap­pelle Jean-Bap­tiste Fres­soz dans son texte « Pour une his­toire déso­rien­tée de l’énergie » :

« Du fait de la crise cli­ma­tique, l’histoire de l’énergie connaît actuel­le­ment un regain d’intérêt. Selon cer­tains his­to­riens, l’examen des ‘tran­si­tions éner­gé­tiques’ du pas­sé per­met­trait d’élucider les condi­tions éco­no­miques pro­pices à l’avènement d’un sys­tème éner­gé­tique renou­ve­lable. Cette his­toire de l’énergie à visée ges­tion­naire repose sur un sérieux mal­en­ten­du : ce qu’elle étu­die sous le nom de ‘tran­si­tion éner­gé­tique’ cor­res­pond en fait très pré­ci­sé­ment à l’inverse du pro­ces­sus qu’il convient de faire adve­nir de nos jours.

La mau­vaise nou­velle est que si l’histoire nous apprend bien une chose, c’est qu’il n’y a en fait jamais eu de tran­si­tion éner­gé­tique. On ne passe pas du bois au char­bon, puis du char­bon au pétrole, puis du pétrole au nucléaire. L’histoire de l’énergie n’est pas celle de tran­si­tions, mais celle d’additions suc­ces­sives de nou­velles sources d’énergie pri­maire. L’erreur de pers­pec­tive tient à la confu­sion entre rela­tif et abso­lu, entre local et glo­bal : si, au 20ème siècle, l’usage du char­bon décroît rela­ti­ve­ment au pétrole, il reste que sa consom­ma­tion croît conti­nû­ment, et que glo­ba­le­ment, on n’en a jamais autant brû­lé qu’en 2013.

S’extraire de l’imaginaire tran­si­tion­niste n’est pas aisé tant il struc­ture la per­cep­tion com­mune de l’histoire des tech­niques, scan­dée par les grandes inno­va­tions défi­nis­sant les grands âges tech­niques. À l’âge du char­bon suc­cé­de­rait celui du pétrole, puis celui (encore à venir) de l’atome. On nous a récem­ment ser­vi l’âge des éner­gies renou­ve­lables, celui du numé­rique, de la géné­tique, des nanos etc. Cette vision n’est pas seule­ment linéaire, elle est sim­ple­ment fausse : elle ne rend pas compte de l’histoire maté­rielle de notre socié­té qui est fon­da­men­ta­le­ment cumulative. »

La bulle auto­cen­trée dans laquelle cer­tains éco­lo­gistes semblent réflé­chir ne reflète pas du tout les aspi­ra­tions des popu­la­tions du monde, qui ne se pré­oc­cupent majo­ri­tai­re­ment pas (ou de manière tout à fait secon­daire) des pro­blèmes envi­ron­ne­men­taux — d’où les explo­sions de ventes de smart­phones, de tablettes et d’autres gad­gets élec­tro­niques en Asie, en Afrique et en Amé­rique du Sud, d’où le fait qu’1,4 mil­liards de foyers sur les 1,8 que compte l’humanité pos­sèdent au moins une télé­vi­sion (!), un nombre qui ne cesse de croître. Elle oublie qu’elle ne concerne qu’une mino­ri­té d’individus au sein des pays les plus déve­lop­pés, et ignore les volon­tés de ceux qui gou­vernent et orientent véri­ta­ble­ment la socié­té indus­trielle, comme les diri­geants cor­po­ra­tistes, à l’instar de Jeff Bezos, PDG d’A­ma­zon, qui déclare que :

« Nous ne vou­lons pas vivre dans un monde rétro­grade. Nous ne vou­lons pas vivre sur une Terre où nous devrions geler la crois­sance de la popu­la­tion et réduire l’utilisation d’énergie. Nous pro­fi­tons d’une civi­li­sa­tion extra­or­di­naire, ali­men­tée par de l’énergie, et par la popu­la­tion. […] Nous vou­lons que la popu­la­tion conti­nue à croître sur cette pla­nète. Nous vou­lons conti­nuer à uti­li­ser plus d’énergie par personne. »

Ain­si, le pire et le prin­ci­pal pro­blème que pose la pro­mo­tion des éner­gies « renou­ve­lables » relève du fait que leur déve­lop­pe­ment se met au ser­vice de la socié­té de indus­trielle, de sa pro­pa­ga­tion, de sa crois­sance, du sys­tème éco­no­mique de pro­duc­tion et de consom­ma­tion d’objets plas­tiques et élec­tro­niques tous plus pol­luants les uns que les autres, et fina­le­ment d’une seule culture, au détri­ment de la pléiade que la pla­nète abri­tait aupa­ra­vant. Ce qui appa­raît clai­re­ment lorsqu’on observe ce qui se passe en Afrique, où le déve­lop­pe­ment des éner­gies dites « renou­ve­lables » (qui s’opère en paral­lèle au déve­lop­pe­ment des éner­gies pas renou­ve­lables du tout), per­met et encou­rage l’achat de télé­vi­sions, de réfri­gé­ra­teurs, de smart­phones, d’ordinateurs, etc. Même chose dans le Paci­fique, avec l’exemple ter­ri­ble­ment signi­fi­ca­tif de l’archipel des Toke­lau. Les éner­gies renou­ve­lables, à l’instar des éner­gies non-renou­ve­lables, servent à pro­pa­ger la moder­ni­té (la culture occi­den­tale) à tra­vers le globe, puisque l’hérésie de notre temps, c’est de ne pas avoir l’électricité (et l’accès aux pos­si­bi­li­tés de consom­ma­tion indus­trielle), et que les nou­veaux mes­sies sont ses pro­mo­teurs. Sous cou­vert de phi­lan­thro­pie, des cam­pagnes de déploie­ment du réseau élec­trique mon­dial et des infra­struc­tures de trans­port pro­mettent de sor­tir tous les peuples encore non-indus­tria­li­sés, non-civi­li­sés, des ténèbres dans les­quelles ils évo­luent encore. Ceux qui refusent l’électricité, comme ces peuples de la Sier­ra Neva­da, en Colom­bie, et qui se battent contre ce « déve­lop­pe­ment », contre ce que l’Occident pré­sente comme « le pro­grès », ou comme la civi­li­sa­tion (et tous ceux qui refu­saient le déve­lop­pe­ment et l’élec­tri­ci­té et la civi­li­sa­tion mais qui ont été mas­sa­crés) ne sont pas média­ti­sés, bien que ce soit de leurs modes de vie que nous devrions nous ins­pi­rer. Les tech­no­lo­gies « vertes » servent donc à dif­fu­ser un seul mode de vie, d’être, et sur­tout d’avoir, une mono­cul­ture de consom­ma­tion indus­trielle. Sachant que toutes les indus­tries de pro­duc­tion de biens en tous genres (élec­tro-métal­lo-plas­tiques) sont pol­luantes et insou­te­nables (cf. la crois­sance qua­si-expo­nen­tielle des déchets élec­tro­niques, qui pol­luent lour­de­ment les sols, les océans et l’atmosphère, sont peu recy­clés et recy­clables, et sont encore lar­ge­ment déver­sés dans les pays en déve­lop­pe­ment). En d’autres termes, la foca­li­sa­tion de la ques­tion éco­lo­gique sur la seule pro­blé­ma­tique de la pro­duc­tion éner­gé­tique per­met de dis­si­mu­ler l’ampleur de ce qui pose réel­le­ment pro­blème : à savoir que toutes les pro­duc­tions indus­trielles sont pol­luantes, que toutes sont toxiques, que toutes sont insou­te­nables (de l’industrie chi­mique, à l’industrie tex­tile, en pas­sant par les indus­tries agri­cole, auto­mo­bile, élec­tro-infor­ma­tique, du jouet, de l’armement, cos­mé­tique, etc.). En résu­mé, l’in­dus­trie des éner­gies « renou­ve­lables » se déve­lop­pe­ra de plus en plus mais cela ne règle­ra aucun des pro­blèmes liés à l’in­sou­te­na­bi­li­té totale de la civi­li­sa­tion indus­trielle et de son éco­no­mie mon­dia­li­sée. Même si elle par­ve­nait à être entiè­re­ment ali­men­tée par ces éner­gies dites « renou­ve­lables », même si cela était véri­ta­ble­ment pos­sible, la civi­li­sa­tion indus­trielle conti­nue­rait d’être un désastre social et écologique.

Pour illus­trer ce point, l’exemple de l’in­dus­trie de la construc­tion : Étant don­né le niveau de dépen­dance et d’interdépendance en termes de res­sources et de main d’œuvre inhé­rent à l’économie indus­trielle, qui est inévi­table étant don­né la répar­ti­tion des matières pre­mières néces­saires aux tech­no­lo­gies com­plexes (et donc aux « renou­ve­lables »), les éner­gies « vertes » sont d’autant plus anti-éco­lo­giques qu’elles dépendent des infra­struc­tures de trans­port et donc du sec­teur de la construc­tion de la socié­té indus­trielle, eux-mêmes lar­ge­ment insou­te­nables. Ain­si que le for­mule l’entreprise de construc­tion bri­tan­nique pri­vée Will­mott Dixon dans un dos­sier sur les impacts de la construc­tion (routes, bâti­ments, etc.) : « Près de la moi­tié des res­sources non-renou­ve­lables que l’humanité consomme est uti­li­sée par l’industrie de la construc­tion, ce qui en fait l’une des moins sou­te­nables au monde ». Sachant que la lon­gueur du réseau mon­dial de routes et d’autoroutes, déjà insou­te­nable, donc, va plus que dou­bler d’ici 2050 (« D’ici  2050 la lon­gueur des routes béton­nées du monde aura aug­men­té de 40 à  65 mil­lions de kilo­mètres », explique William Lau­rance, pro­fes­seur à l’université James Cook en Aus­tra­lie, dans un article que nous avons tra­duit). Sachant éga­le­ment que la sur­face totale des zones urbaines du monde devrait tri­pler au cours des quatre pro­chaines décen­nies, comme l’a récem­ment rap­por­té le Guar­dian (ima­gi­nez donc, « l’industrie de la construc­tion » est « l’une des moins sou­te­nables au monde », et pour­tant les construc­tions ne vont faire que croître au cours des pro­chaines décen­nies). Et sachant que la seg­men­ta­tion du monde natu­rel (des « éco­sys­tèmes ») par le réseau rou­tier actuel est d’ores et déjà insou­te­nable pour la bio­di­ver­si­té pla­né­taire, pour les com­mu­nau­tés natu­relles que sont les forêts et les prai­ries, comme l’indiquent de nom­breuses études sur l’impact des routes. En quoi le déploie­ment des tech­no­lo­gies dites « renou­ve­lables » va-t-il résoudre ce pro­blème de l’im­pact insou­te­nable et crois­sant de l’in­dus­trie de la construc­tion sur la pla­nète ? Selon toute pro­ba­bi­li­té, il ne va faire que l’ag­gra­ver, ce qu’il fait déjà.

***

Il est un sujet cru­cial dont peu de gens dis­cutent, et qui est pour­tant au cœur de tout ce que nous venons d’é­crire : la déme­sure, l’é­chelle et la com­plexi­té inhu­maines (qui dépassent l’en­ten­de­ment) de nos socié­tés indus­trielles, ou de la socié­té indus­trielle puisque son fonc­tion­ne­ment est à peu près le même de Paris à Kua­la Lum­pur. Tant que l’être humain vivait en com­mu­nau­tés res­treintes, rela­ti­ve­ment auto­suf­fi­santes et auto­nomes, il était en mesure de com­prendre et de maî­tri­ser — indi­vi­duel­le­ment, ou au moins de manière col­lec­tive, à l’aide des autres membres de sa com­mu­nau­té — les tech­no­lo­gies qu’il avait à sa dis­po­si­tion. Aujourd’­hui, la majo­ri­té d’entre nous igno­rons tout des tech­no­lo­gies que nous uti­li­sons au quo­ti­dien (en quoi, où et par qui votre brosse à dent a‑t-elle été fabri­quée ? Votre réfri­gé­ra­teur ? Votre montre ? Votre voi­ture ? D’où viennent et quels sont les maté­riaux dont votre loge­ment est construit ? Dont les pan­neaux solaires sont fabri­qués ? Les éoliennes ? Les bar­rages ? Votre fri­go ? Les sondes spa­tiales envoyées dans l’es­pace par les ins­ti­tu­tions qui vous gou­vernent, et avec vos impôts ? Les armes dont votre gou­ver­ne­ment fait mon­dia­le­ment com­merce ? etc.). De la même manière, la plu­part d’entre nous ne connais­sons pas les codes légis­la­tifs qui régissent nos vies, n’a­vons pas lu la consti­tu­tion, ne sommes abso­lu­ment pas en mesure de suivre au quo­ti­dien toutes les déci­sions des dif­fé­rents éche­lons gou­ver­ne­men­taux concer­nant la poli­tique inté­rieure de notre pays, encore moins concer­nant la poli­tique étran­gère, et encore moins celles des gou­ver­ne­ments étran­gers. En bref, la com­plexi­té — crois­sante — de la socié­té indus­trielle nous dépos­sède de toute maî­trise sur notre des­tin indi­vi­duel autant que col­lec­tif. Les dis­po­si­tions qui la régissent sont l’af­faire d’une élite de spé­cia­listes et de diri­geants éta­tiques et cor­po­ra­tistes. La liber­té moderne tant van­tée n’est qu’une illu­sion mar­ke­ting qui dis­si­mule une sou­mis­sion au fonc­tion­ne­ment rigide et impi­toyable d’un sys­tème tech­no­lo­gique déme­su­ré, qui n’offre pour seule liber­té qu’un choix de consom­ma­teur entre dif­fé­rentes marques et dif­fé­rents pro­duits, et qui impose la ser­vi­tude moderne du sala­riat. La seule manière de retrou­ver la vraie liber­té, qui relève de l’autonomie et de l’autosuffisance, est de réduire la chaîne de dépen­dance des tech­niques uti­li­sées afin qu’elle soit cir­cons­crite dans le champ de l’en­ten­de­ment et de la mai­trise com­mu­nau­taires. Ce qui cor­res­pond à la dis­tinc­tion entre tech­niques auto­ri­taires et tech­niques démo­cra­tiques for­mu­lée par Lewis Mum­ford, et méri­te­rait d’être appro­fon­di par la lec­ture des auteurs tech­no­cri­tiques men­tion­nés au début de cet article.

Rap­pe­lons et pré­ci­sons que les éner­gies issues de com­bus­tibles fos­siles, ain­si que l’énergie nucléaire, sont bien évi­dem­ment anti-éco­lo­giques, et que si nous cri­ti­quons ici les éner­gies dites « renou­ve­lables », ce n’est pas pour défendre les pre­mières, mais sim­ple­ment pour expo­ser en quoi toutes les pro­duc­tions indus­trielles d’électricité, au même titre que toutes les acti­vi­tés indus­trielles, devraient être aban­don­nées (sachant, de toutes manières, qu’elles le seront à terme, et à court terme d’ailleurs, que nous le vou­lions ou pas, en rai­son de leur carac­tère lar­ge­ment insou­te­nable, ici expo­sé). Ce qui pri­ve­rait effec­ti­ve­ment la par­tie la plus pri­vi­lé­giée de l’humanité du confort indus­triel moderne, et ce qui l’obligerait à réap­prendre à vivre de manière auto­nome, en rela­tion directe avec son envi­ron­ne­ment. Mais ce qui la libè­re­rait éga­le­ment d’une exis­tence creuse, auto­ma­ti­sée, stan­dar­di­sée, et de sa ser­vi­tude envers un sys­tème machi­niste insen­sé et incon­trô­lé. Et ce qui met­trait un terme à la des­truc­tion de la pla­nète. La peur de souf­frir d’un manque en renon­çant au confort indus­triel, ou en en étant pri­vé, est une réac­tion com­pré­hen­sible. D’ailleurs, Rex Tiller­son, PDG d’ExxonMobil — une des plus impor­tantes socié­tés pétro­lières et gazières du monde — que Donald Trump a nom­mé secré­taire d’État des USA, a décla­ré en 2013 : « A quoi cela sert-il de sau­ver la pla­nète si l’humanité souffre ? ». Ce qu’il faut com­prendre, et ce dont il faut se rap­pe­ler, c’est que jusqu’au début du 20ème siècle, l’humanité avait sur­vé­cu et pros­pé­ré sans le confort indus­triel moderne et, accro­chez-vous, qu’à tra­vers le globe, beau­coup d’existences étaient heu­reuses, que la vie ne se rédui­sait pas à la tor­ture sombre et vio­lente dépeinte par la culture domi­nante. L’humanité n’a pas « souf­fert » jusqu’à l’invention de l’électricité et de l’économie indus­trielles. Il est gro­tesque et très pré­somp­tueux de pré­tendre que la moder­ni­té a appor­té le bon­heur, ce qui, au vu du mal-être mon­dia­li­sé, de l’explosion du stress, des bur­nouts, des angoisses et des troubles men­taux, des taux de sui­cides et des pres­crip­tions d’antidépresseurs, est aisé­ment contes­table. (Tout ceci méri­te­rait de bien plus amples dis­cus­sions sur l’idée de pro­grès et sa réa­li­té, et sur l’histoire et la façon dont elle est pré­sen­tée). Mais, bien sûr, ce que Rex Tiller­son enten­dait par sa ques­tion était plu­tôt : « A quoi cela sert-il de sau­ver la pla­nète si mon compte en banque et mon pou­voir en souffrent ? » ou « A quoi cela sert-il de sau­ver la pla­nète si nous, les indus­triels du monde riche, la classe domi­nante des pri­vi­lé­giés, ne sommes plus en mesure de béné­fi­cier de la souf­france et de l’exploitation du tiers-monde et du monde naturel ? »

Bien sûr, dans une culture lar­ge­ment conta­mi­née par le culte du pro­grès, véri­table reli­gion moderne, tout ce qui relève du renon­ce­ment est héré­sie. Dès lors, l’es­pé­rance com­mune consiste à croire qu’il est pos­sible de sau­ver la pla­nète de la des­truc­tion, de faire de nos socié­tés indus­trielles des socié­tés démo­cra­tiques et éco­lo­giques, sans jamais avoir à renon­cer à quoi que ce soit, ou presque, et sur­ement pas à l’élec­tri­ci­té indus­trielle. Les sacri­fices admis relèvent, au mieux, de l’al­ter­na­tive, de la sub­sti­tu­tion. Le mar­ke­ting se charge de faire croire que les éner­gies « vertes » rem­pla­ce­ront les éner­gies sales, la nour­ri­ture indus­trielle devient de la nour­ri­ture indus­trielle bio™, ou équi­table™, comme les télé­phones por­tables (le fair phone, télé­phone équi­table), les voi­tures deviennent des éco-voi­tures™, la construc­tion de l’é­co-construc­tion™, le plas­tique du bio­plas­tique™, et ain­si de suite. Une illu­sion de chan­ge­ment qui ne résout rien, comme nous le consta­tons tous les jours ; l’in­verse du si pré­cieux conseil d’Hip­po­crate : « Si quelqu’un désire la san­té, il faut d’abord lui deman­der s’il est prêt à sup­pri­mer les causes de sa mala­die. Alors seule­ment il est pos­sible de l’éliminer. » L’i­dée obses­sion­nelle de pro­grès (tech­no­lo­gique ou social), au centre de la culture domi­nante, n’a aucun sens et aucun autre but que sa propre per­pé­tua­tion (que le mar­ke­ting a brillam­ment asso­cié au bon­heur, avec lequel elle n’a pour­tant rien à voir). Elle nous pousse à conser­ver les causes de notre mala­die, à les rendre durable™, à les amé­na­ger, mais jamais — Dieu (qui est tech­no­lo­gie) nous en garde ! — à les sup­pri­mer, à y renon­cer. Ain­si, la croyance en un pro­grès tech­no­lo­gique pou­vant faire adve­nir un monde éco­lo-démo­cra­tique par­fait per­pé­tue la mala­die.

Tan­dis que sur le ter­rain, la pro­mo­tion et le déve­lop­pe­ment des éner­gies « vertes » ne béné­fi­cient pas au monde natu­rel, aux plantes et aux ani­maux non-humains, qui souffrent direc­te­ment de l’implantation de ces nou­velles machines indus­trielles, des bar­rages aux cen­trales solaires en pas­sant par les usines à bio­masse et par les parcs éoliens, et indi­rec­te­ment, en rai­son des points expo­sés dans ce texte. (Nous pour­rions sou­li­gner l’exemple de la cen­trale solaire de Ces­tas, en France, près de Bor­deaux, la plus grande d’Eu­rope, qui a néces­si­té l’a­bat­tage de 250 hec­tares de pinède ; un pro­jet du consor­tium Eif­fage, Schnei­der Elec­tric, Krin­ner). Elles ne béné­fi­cient pas non plus aux êtres humains que ces nou­velles indus­tries exploitent, ou à ceux que la socié­té indus­trielle conti­nue et conti­nue­ra à exploi­ter, et à tous ceux, humains et non-humains, qui vien­dront au monde sur une Terre au cli­mat détra­qué, à la bio­di­ver­si­té for­te­ment appau­vrie, et dont l’air, l’eau et le sol seront contaminés.

Pour toutes ces rai­sons, il est essen­tiel que nous com­pre­nions, et que nous nous rap­pe­lions, que les besoins du monde natu­rel sont plus impor­tants que les besoins des éco­no­mies, et des socié­tés humaines, puisque sans un envi­ron­ne­ment sain, aucune socié­té n’existe, ni aucune éco­no­mie. Et le monde natu­rel a besoin que nous déman­te­lions autant d’usines que pos­sible, et qu’au mini­mum nous ces­sions d’en construire ; il a besoin que nous met­tions fin aux pro­duc­tions en masse de l’industrialisme, et qu’au mini­mum nous les rédui­sions de manière dras­tique, et qu’au strict mini­mum nous stop­pions leur crois­sance ; il a besoin que nous délais­sions une large par­tie de nos infra­struc­tures de trans­port et de com­mu­ni­ca­tion, et qu’au mini­mum nous ces­sions de les étendre, et ain­si de suite. Ce à quoi le déve­lop­pe­ment des éner­gies « renou­ve­lables » ne par­ti­cipe pas.

La magni­tude du carac­tère insou­te­nable de la civi­li­sa­tion indus­trielle est lar­ge­ment occul­tée par les grands médias, qui n’en sou­lignent presque jamais les dif­fé­rentes pro­blé­ma­tiques, et qui les relient plus rare­ment encore. La tête dans le gui­don du quo­ti­dien, du métro-bou­lot-dodo, et l’esprit hyp­no­ti­sé par les infor­ma­tions fil­trées et stan­dar­di­sées que dif­fusent les haut-par­leurs cultu­rels de la socié­té de masse, nous évo­luons majo­ri­tai­re­ment dans une réa­li­té fabri­quée de toutes pièces, par et pour cer­tains groupes d’intérêts.

C’est pour­quoi il est si rare de lire ce genre d’analyse dans les médias grand public, dont le fonc­tion­ne­ment, et les lignes édi­to­riales (ou plu­tôt, la ligne édi­to­riale) impliquent de ne pas com­mu­ni­quer de cri­tiques aus­si « radi­cales » de la civi­li­sa­tion et de son carac­tère anti-éco­lo­gique ; de ne pas relayer les pers­pec­tives d’un effon­dre­ment iné­luc­table qui empor­te­ra ce que tant prennent pour les accom­plis­se­ments les plus impor­tants de l’hu­ma­ni­té, ce sans quoi la plu­part ne s’i­ma­ginent plus vivre (ayant per­du les savoir-faire qui le per­met­traient). Faute de quoi ils ris­que­raient d’ébranler la paix ou, plu­tôt, la léthar­gie sociale qui garan­tit la conti­nua­tion de la civi­li­sa­tion indus­trielle sur ses ten­dances des­truc­trices. Par consé­quent, les rares tri­bunes « éco­lo­giques » que les médias de masse se per­mettent de dif­fu­ser sont celles qui pro­mettent des sor­ties de crise en forme de len­de­mains qui chantent, à l’aide de pseu­do-solu­tions tech­no­lo­giques n’impliquant presque aucun renon­ce­ment, du genre de celles que nous expo­sons ici, et qui sont autant de nou­velles nui­sances pour le monde natu­rel. Tan­dis que nous rap­por­tons la néces­si­té d’une trans­for­ma­tion fon­da­men­tale et pla­né­taire de tous nos modes de vie, d’un réap­pren­tis­sage de la vie com­mu­nau­taire locale, indé­pen­dante de tout indus­tria­lisme et de tout éco­no­mie mon­dia­li­sée, d’une lutte contre tous les pro­jets de déve­lop­pe­ment indus­triel, qu’ils soient pré­sen­tés comme « verts » ou pas, la néces­si­té du déman­tè­le­ment inté­gral des struc­tures de pou­voir et des infra­struc­tures indus­trielles exis­tantes, sans quoi les des­truc­tions éco­lo­giques (dont la 6ème extinc­tion de masse) et les exploi­ta­tions sociales ne ces­se­ront pas, avec un écrou­le­ment glo­bal à la clé.

***

En 2016, lors de la 15ème ses­sion du Forum per­ma­nent de l’ONU sur les ques­tions autoch­tones, à New York, Ati Qui­gua, une autoch­tone dont le peuple vit dans les mon­tagnes colom­biennes, résu­mait ain­si leur lutte : « Nous nous bat­tons pour ne pas avoir de routes et d’électricité — cette forme d’autodestruction qui est appe­lée ‘déve­lop­pe­ment’ c’est pré­ci­sé­ment ce que nous essayons d’éviter. »

Il y a plus de bon sens dans cette seule phrase que dans l’en­semble du dis­cours éco­lo­giste grand public.

Puis­sions-nous nous en inspirer.

Nico­las Casaux


En exclusivité, un aperçu en images du magnifique futur vert que nous vendent les promoteurs des « renouvelables »

Des espaces riches en biodiversité :

 

La plus grande cen­trale solaire du monde, en Inde.
La plus grande cen­trale solaire d’I­ta­lie. Mon­tal­to Di Castro.

La pla­nète après avoir été sauvée :

Cen­trale solaire en Californie

Des pano­ra­mas fabuleux :

Des hori­zons majestueux :

Des pro­ces­sus sym­bio­tiques qui res­pectent le vivant :

Des pay­sages grandioses :

Les pho­to­mon­tages qui en font la pro­mo­tion sont tout aus­si effrayants : Une mono­cul­ture végé­tale et une mono­cul­ture éolienne

De belles usines capi­ta­listes recou­vertes de pan­neaux solaires :

Et d’autres usines, et d’autres pan­neaux sur les toits, à Singapour :

Et des sta­tions-ser­vices recou­vertes de pan­neaux solaires (mer­ci Total) :

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  1. Mer­ci à vous pour cet, encore une fois, excellent article !
    Et sur ce thème là fran­che­ment cela fai­sait un moment que cela me déman­geait de l’é­crire mais de votre part cela ne pou­vait être que d’une bien meilleure veine, écri­ture et ana­lyse. Mer­ci à vous d’exis­ter, j’ai pro­po­sé à un ami de mettre en forme vos articles en for­mat dis­tri­buable pour les dis­tri­buer dans la rue (le papier avait de l’im­por­tance aupa­ra­vant et per­met­tait au moins l’é­change humain, de tou­cher des gens qui ne vien­draient pas à ce genre d’in­fos et don­nais par la suite la pos­si­bi­li­té d’en­ga­ger des actions col­lec­tives). Mais mer­ci d’exis­ter sur ce net où j’ai l’im­pres­sion que l’a­na­lyse n’existe plus, qu’elle se dilue dans un mael­strom d’in­fos com­plo­tistes, super­flus, pré-digé­rées ou consen­suelles et où mal­heu­reu­se­ment de plus en plus de gens passent par là pour s’y informer…

    Je vou­lais par là même occa­sion vous deman­der si il était pos­sible de repu­blier en par­tie ou en tota­li­té l’ar­ticle ci-des­sus en par­tie ou en tota­li­té sur mon blog, en met­tant bien en avant votre site ?

    Sinon, pour info, les forages de pros­pec­tions miniers com­mencent en France (j’ai eu l’in­fo qu’ils ont été menés il y a déjà un an dans le nord du 44, qu’ils com­mencent tout juste dans le Maine et Loire et qu’ils vont com­men­cer en Bre­tagne mi-Février).
    J’es­père que la mobi­li­sa­tion contre ces pro­jets va faire prendre conscience à suf­fi­sam­ment de per­sonnes que cet appé­tit expo­nen­tiel de notre éco­no­mie et de la tech­no­lo­gie pour les res­sources minières et natu­relles se déroulent déjà ailleurs dans le monde pour notre petit confort…Confort aujourd’­hui mena­cé par la néces­si­té des mul­ti­na­tio­nales et Etats des pays riches de trou­ver jus­qu’à la der­nière miette de ces res­sources quitte à mena­cer sa paix sociale…
    Comme vous le dites si bien, aujourd’­hui nous assis­tons à un déve­lop­pe­ment de l’é­co­lo­gie occi­den­tale auto­cen­trée sur elle-même qui ne se concentre que sur les ini­tia­tives déve­lop­pées loca­le­ment mais qui ne remet en rien en cause la des­truc­tion sociale, éco­lo­gique et éco­no­mique que gou­ver­ne­ments et mul­ti­na­tio­nales causent de plus en plus dans le monde entier et par­ti­cu­liè­re­ment dans les pays du Tiers-Monde.
    Nous devons à la fois lut­ter contre ce mythe de la socié­té moderne, être lucide sur la catas­trophe à venir et à la fois créer le monde de demain (mais pas celui que nous pré­sente Cyril Dion, déso­lé Cyril mais j’ai vrai­ment du mal avec ton film beau­coup trop posi­ti­viste, consen­suel et anni­hi­lant toute envie de résis­tance à mon goût) pour dimi­nuer l’am­pleur de la catas­trophe et retrou­ver le che­min de la sim­pli­ci­té, de la soli­da­ri­té et des rela­tions étroites et équi­li­brées avec la nature. 

    Per­ma­cul­ture et Révo­lu­tion en somme ! 😉

    Ami­ca­le­ment,

    Yoann du blog docuclimat
    https://docuclimat.com/

    1.  » (…) mais qui ne remet en rien en cause la des­truc­tion sociale, éco­lo­gique et éco­no­mique que gou­ver­ne­ments et mul­ti­na­tio­nales causent de plus en plus dans le monde entier et par­ti­cu­liè­re­ment dans les pays du Tiers-Monde. »

      Nous avons trop sou­vent, à mon sens, la faci­li­té de dénon­cer des ins­tances informes et loin­taines pour avoir le confort intel­lec­tuel de se dédoua­ner de nos propres responsabilités. 

      Gou­ver­ne­ments et mul­ti­na­tio­nales existent, en par­tie, parce que je consomme l’élec­tri­ci­té néces­saire à écrire ce com­men­taire, et que j’u­ti­lise en (dés-)ordinateur que j’ai ache­té en âme et conscience, en sachant l’ex­ploi­ta­tion et la pol­lu­tion que cela impliquait. 

      J’ai encore une longue route à par­cou­rir en sens inverse avant de tendre vers un mini­mum de cohé­rence, puis­siez-vous éga­le­ment vous en rendre compte. Je pour­rai cri­ti­quer le sys­tème avec cohé­rence (même si je pense que je m’en moque­rai bien à ce moment-là), dès lors que je n’en ferai plus du tout par­tie. Or, si je n’en fait plus par­tie, mes moyens tech­niques, de com­mu­ni­ca­tion et de pro­pa­ga­tion de ma cri­tique, seront lar­ge­ment limi­tés, si pas inexistants. 

      Dès que pos­sible, ne faites rien, cela a plus d’im­pact de chan­ge­ment, à mon sens, que de ten­ter de « faire quelque chose ». D’ailleurs j’au­rais pu ne pas écrire ce commentaire…encore une longue route à par­cou­rir avant de s’ar­rê­ter ! Para­doxe, quand tu nous tiens.

  2. Lec­teur de la Décrois­sance je ne puis qu’être d’ac­cord avec cet article.
    Mais il serait non moins utile de dépol­luer AUSSI votre site qui comme actuel­le­ment sur la Tour Eif­fel dégou­line de « glo­bish »(Leave a com­men­tYour email address will not be published.Comment)
    Car c’est d’a­bord nos têtes qui sont pol­luées par le style de vie imposé(dont la langue).
    Com­men­çons par nous res­pec­ter nous-mêmes si nous vou­lons être respectés.
    René Bal­la­guy Citoyen du Monde.

  3. Certes certes René Bal­la­guy, vous veille­rez aus­si de votre côté de mieux indi­quer votre appar­te­nance à un ter­ri­toire (qui est tou­jours plus que seule­ment cela), comme Fran­çais et non « citoyen du monde », expres­sion qui dans son fon­de­ment vaut autant que le glo­bish dont vous dénon­cer par ailleurs jus­te­ment l’en­va­his­se­ment. Ne vous assi­mi­lez pas à ces citoyens de nulle part, aux­quels s’i­den­ti­fient les imbé­ciles qui défendent les apa­trides mon­dia­listes. Eux sont sans racine, tranh­su­ma­nistes pour la plu­part et ne croient en rien si ce n’est dans leur petit ego maté­ria­liste. De toute manière, nous sommes trop nom­breux sur terre et le menage sera fait de manière bru­tale dans assez peu de temps, je pense. Ce qui n’est fina­le­ment que dans l’ordre natu­rel des choses. La peste mon­dia­liste sera empor­tée avec tous les idiots utiles qui la servent depuis des décen­nies. Vive­ment la Grande Purge !

    1. Je vous lis par hasard, de Corinne M‑D à Repor­terre, site qui a l’é­qui­té de publier un brave homme qui vous cite. Autant je vous suis dans la cri­tique du « packa­ging renou­ve­lable », autant je ne com­prends pas, humai­ne­ment, com­ment vous pou­vez publier le mes­sage ci-dessus…????

  4. Lire et com­prendre tout ce qu’il y a dans votre articles et dans le livre « le sens du vent » d’Ar­naud Michon, par exemple (un excellent article aus­si sur « lun­di­ma­tin », n’est pas à la por­tée de tout le monde. Nous sommes ici en direct avec le pro­blème, avec des groupes poli­tiques comme les verts, la gauche et encore des asso­cia­tions de pro­tec­tion de la nature, qui ont fait des éner­gies renou­ve­lables les sau­veuses de leurs pro­grammes et de leur rai­son d’être. Même le mou­ve­ment « Soli­da­ri­tés » a sou­te­nu un pro­jet immense de déve­lop­pe­ment éolien indus­triel sur un site pro­té­gé en Suisse. La confu­sion est totale. Les jeunes foncent têtes bais­sées dans ces illu­sions. Nous témoi­gnons régu­liè­re­ment avec mon mari (nous sommes par­mi les très rares à assu­mer publi­que­ment notre oppo­si­tion et on vient sou­vent nous voir pour des tra­vaux sco­laires ou autres) nous leur don­nons des liens, leur expli­quons les pièges de la com­mu­ni­ca­tions offi­cielle, etc.… mais soit ils res­tent tièdes soit ils titrent en faveur de ces éner­gies. Je suis par­fois décou­ra­gée. Je pense que ce piège-là sera le plus effi­cace pour anéan­tir les luttes locales. Dans mon vil­lage, ils viennent d’ins­tal­ler des camé­ras de sur­veillance sur un parc de deux éoliennes dont le trans­for­ma­teur a été incen­dié. Nous vivons dans une région magni­fique qui était très pré­ser­vée. Cette sur­veillance ins­tal­lée en pleine cam­pagne, sur un pâtu­rage com­mu­nal, s’est faite sans aucune consul­ta­tion publique. Les pro­prié­taires des éoliennes ne sont pour­tant que loca­taires du site. mais les citoyens n’ont plus rien à dire sur ce qu’il se passe là-haut. Ils font péter les der­niers ver­rous pour s’ap­pro­prier et indus­tria­li­ser des espaces natu­rels jus­qu’i­ci libres ou pro­té­gés, sous cou­vert d’é­co­lo­gie. Et la majo­ri­té n’y voit rien. Applau­dit même cette colo­ni­sa­tion, fière de par­ti­ci­per à la tran­si­tion éner­gé­tique. Mes coups de gueules dans la presse régio­nale sont appré­ciés par quelques uns, on me féli­cite de résis­ter même. Mais les éner­gies renou­ve­lables gardent la quote et les can­tons éla­borent des plans ter­ri­fiants pour « sau­ver le monde »… C’est une machine immense et très des­truc­trice qui est en route. Notre infor­ma­tion doit sor­tir de nos sites et de nos blogs pour atteindre beau­coup plus large et beau­coup plus souvent.

  5. Un petit com­men­taire néga­tif ne fera pas de mal. Moi qui cher­chais une cri­tique construc­tive des éner­gies renou­ve­lables pour ali­men­ter ma réflexion sur le sujet, je trouve encore une fois un article sen­sa­tion­na­liste type « les éner­gies renou­ve­lables sont un men­songe » qui jette le bébé avec l’eau du bain. Sans trop m’é­tendre sur le sujet je sou­hai­te­rais sim­ple­ment rap­pe­ler que le termes « éner­gies renou­ve­lables » inclut éga­le­ment des pro­duc­tions non-élec­triques telles que le bois-éner­gie, la géo­ther­mie, le solaire ther­mique domes­tique et la récu­pé­ra­tion de cha­leur fatale. Je nuan­ce­rait éga­le­ment votre point de vue sur la fuite en avant tech­no­lo­gique que consti­tue­rait les renou­ve­lables en rap­pe­lant que les objec­tifs de la France dans le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables qui pro­viennent de feu les accords de Kyo­to s’ins­crivent dans une poli­tique cohé­rentes (sur le papier nous sommes d’ac­cord) visant en pre­mier lieu la sobrié­té, la mai­trise de l’éner­gie et le recours aux éner­gie renou­ve­lables. Il est facile de reje­ter toutes les solu­tions sous pré­texte qu’elles ont un impact envi­ron­ne­men­tal (comme toute acti­vi­té humaine).

    1. Tes argu­ments me confirment que j’au­rais du déve­lop­per dans cet article des points que je déve­loppe dans d’autres, donc, si tu veux bien, lis ceux-ci, et reviens me dire ce que tu penses du sujet :

      1. https://partage-le.com/2017/07/letrange-logique-derriere-la-quete-denergies-renouvelables-par-nicolas-casaux/
      2. https://partage-le.com/2017/08/ce-nest-pas-seulement-la-production-delectricite-qui-pose-probleme-cest-son-utilisation-et-tout-le-reste/

  6. Ok, le constat et le déve­lop­pe­ment sont bien écrits, inté­res­sants et tota­le­ment décou­ra­geants. Et qu’est-ce qu’on fait main­te­nant ? On va vivre dans une grotte sans chauf­fage, sans élec­tri­ci­té, sans ordi­na­teurs, sans télé­phone et on cir­cule à pieds ou à vélo???

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