Les dossiers de la WPATH ou Vous reprendrez bien du tilapia ? (par Yagmur Uygarkizi)

Scandale au sein de la plus grande organisation mondiale de « santé trans »

Début mars, la publi­ca­tion des WPATH files — des extraits de conver­sa­tions entre membre de la WPATH, l’Association pro­fes­sion­nelle mon­diale pour la san­té des per­sonnes trans­genres — a révé­lé que la plus grande orga­ni­sa­tion de san­té trans au monde n’était rien d’autre qu’un regrou­pe­ment de savants fous. Des méde­cins et autres pro­fes­sion­nels de san­té ont expo­sé des per­sonnes par­fois vul­né­rables à de graves risques sans aucune rai­son scien­ti­fique, au nom de pré­ten­dues « iden­ti­tés de genre ». Per­sonnes trau­ma­ti­sées, aux traits schi­zoïdes, sans domi­cile, adolescent.es ont ain­si été abreuvé.es de cock­tails hor­mo­naux, subi des abla­tions d’organes sains ou ont vu leur risque de contrac­ter un can­cer croître.

Note sur l’écriture : J’emploie par moments le terme « elle/il ». Mais ras­su­rez-vous, ce n’est pas parce que je m’adapte à ce nou­veau lan­gage mas­cu­lin qu’est la nov­langue queer. C’est sim­ple­ment que je ne sais pas tou­jours si la per­sonne qui écrit est une femme ou un homme, parce que les noms sont par­fois dis­si­mu­lés sur les conver­sa­tions, et parce que l’anglais est très peu gen­ré par rap­port au français.

Dans cer­tains cas j’utilise déli­bé­ré­ment le mas­cu­lin pour rap­pe­ler que le mou­ve­ment trans est un mou­ve­ment masculiniste.

J’ai pris le plus grand soin à uti­li­ser le genre cor­rect pour les femmes et hommes cité.es. Si tou­te­fois, vous notez que je me réfère à un homme comme s’il était une femme, et vice-ver­sa, ce n’est que par inad­ver­tance, et je vous prie­rais de bien vou­loir me le signaler.

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Se van­tant de 3000 membres rien qu’en 2022, la WPATH (World Pro­fes­sio­nal Asso­cia­tion of Trans­gen­der Health), l’Association pro­fes­sion­nelle mon­diale pour la san­té des per­sonnes trans­genres, est consi­dé­rée comme la réfé­rence scien­ti­fique mon­diale sur la « san­té trans ». La publi­ca­tion le 6 mars der­nier des « WPATH Files » (« Fichiers [ou dos­siers] de la WPATH ») pour­rait bien mettre fin à ce statut.

Publiées par l’ONG état­su­nienne Envi­ron­men­tal Pro­gress, les WPATH Files sont des cap­tures d’écran et des enre­gis­tre­ments vidéo de conver­sa­tions internes entre dirigeant.es (peut-être devrais-je mettre un x quelque part comme le vou­drait l’écriture queer) et autres membres. En les consul­tant, on y découvre ­— ou retrouve, selon votre connais­sance du sujet — des indi­vi­dus idéo­lo­gi­que­ment moti­vés, gui­dés par une logique com­mer­ciale et ayant infli­gé en toute connais­sance de cause des risques sinon des pré­ju­dices à des per­sonnes par­fois en situa­tion de faiblesse.

Michael Shel­len­ber­ger, pré­sident de l’ONG Envi­ron­men­tal Pro­gress, a reçu les docu­ments fui­tés en tant qu’ex-contributeur aux Twit­ter Files. Mia Hughes, jour­na­liste qui aler­tait déjà sur la ques­tion trans a ensuite struc­tu­ré les docu­ments et rédi­gé un rap­port de plus de deux cents pages inti­tu­lé « The WPATH Files : Pseu­dos­cien­ti­fic Sur­gi­cal and Hor­mo­nal Expe­ri­ments on Chil­dren, Ado­les­cents and Vul­ne­rable Adults » (« Les fichiers de la WPATH : expé­ri­men­ta­tions chi­rur­gi­cales et hor­mo­nales sur enfants, adolescent.es et adultes vulnérables »).

[Shel­len­ber­ger est par ailleurs un ardent défen­seur du capi­ta­lisme indus­triel, et notam­ment du nucléaire. Mais le sujet trans, comme quelques autres, illustre le fait que la pen­sée binaire gauche = camp du bien, droite = camp du mal, est une inep­tie. L’esprit de par­ti qu’avait brillam­ment dénon­cé Simone Weil conti­nue de faire des ravages. NdE]

Les décou­vertes sont acca­blantes, même pour les habitué.es. Nul besoin d’aller voir de médiocres films de science-fic­tion quand la réa­li­té est bien plus glauque. La conclu­sion de l’autrice — « nous sommes actuel­le­ment témoins d’un des pires crimes de la méde­cine moderne » — est pesée. Il est dif­fi­cile de décrire l’expérimentation médi­cale trans autre­ment que comme un jeu bio­tech­nique aux mains de scien­ti­fiques abu­sant mani­fes­te­ment de leur posi­tion d’autorité et d’expertise, pour para­phra­ser un.e éthicien/ne cité/e dans le rapport.

Serment d’Hypocrite

La WPATH est née d’un siècle d’expérimentation « médi­cale » sur les carac­té­ris­tiques sexuelles des indi­vi­dus. Avant 2007, la WPATH s’appelait la Har­ry Ben­ja­min Inter­na­tio­nal Gen­der Dys­pho­ria Asso­cia­tion (HBIGDA), soit l’Association inter­na­tio­nale Har­ry Ben­ja­min pour la dys­pho­rie de genre. Les ori­gines de cette asso­cia­tion remontent à 1963. Har­ry Ben­ja­min était un endo­cri­no­logue alle­mand grand ami et admi­ra­teur de Magnus Hir­sch­feld, sexo­logue gay adepte de tra­ves­tisme ayant réa­li­sé la pre­mière chi­rur­gie dite de « chan­ge­ment de sexe ». La force d’Harry Ben­ja­min a été de dura­ble­ment for­ma­li­ser et finan­cer la méde­cine trans grâce à son opé­ra­tion de la richis­sime Reed/Rita Erick­son qui sera son plus grand mécène.

[En 1964, Rita Erick­son, deve­nu Reed, fille d’un magnat de l’industrie du plomb, crée la Erick­son Edu­ca­tio­nal Foun­da­tion, qui finan­ce­ra ensuite « la recherche sur la trans­sexua­li­té », comme l’explique Joan Meye­ro­witz dans son livre How Sex Chan­ged. Et en 1966, l’hô­pi­tal uni­ver­si­taire Johns Hop­kins, avec des fonds pro­ve­nant d’E­rick­son, annonce la créa­tion de sa Gen­der Iden­ti­ty Cli­nic, sa cli­nique dédiée à l’identité de genre, la toute pre­mière à pro­po­ser des opé­ra­tions chi­rur­gi­cales impro­pre­ment dites de « chan­ge­ment de sexe ». La vie de Reed Erick­son est tra­gique. Après ses opé­ra­tions de « chan­ge­ment de sex », elle sombre dans les drogues puis déve­loppe de lourdes formes de démence dont elle fini­ra par mou­rir. NdE]

Depuis 1979, l’HBIGDA/WPATH publie régu­liè­re­ment de nou­velles ver­sions de ses « stan­dards de soins » (Stan­dards of Care) comme un pape convo­que­rait un concile du Vati­can : des réformes entre croyant.es qui empiètent sur la vie de tout le monde. Les Stan­dards of Care 8 (SoC8) du véné­rable an 2022 pro­clament que le but de la WPATH consiste à :

« offrir des conseils cli­niques aux profesionnel.les de san­té pour sou­te­nir les per­sonnes trans­genres et diverses dans leur genre [trans­gen­der and gen­der diverse (TGD)] dans l’accès à des par­cours sûrs et effec­tifs pour atteindre un confort per­son­nel durable avec leur être gen­ré dans le but d’optimiser glo­ba­le­ment leur san­té phy­sique, leur bien-être psy­cho­lo­gique et leur épa­nouis­se­ment personnel ».

Non, ce n’est pas du Judith But­ler, mais c’est tout comme. Lec­trices, vous étiez prévenues.

Pour atteindre ce mer­veilleux but, la WPATH pro­digue un « soin affir­ma­tif du genre » [gen­der affir­ming care] jamais défi­ni dans le manuel. On voit tout de suite le pre­mier man­que­ment médi­cal rele­vé par Mia Hughes : la néga­tion de l’identité sexuelle des patient.es. En effet, les membres de la WPATH plaident pour l’administration de blo­queurs de puber­té, d’hormones de l’autre sexe et de chi­rur­gies à des enfants et adultes sou­hai­tant confor­mer leur corps à leur pré­ten­due « iden­ti­té de genre ». Concrè­te­ment, nous par­lons, entre autres, de la sup­pres­sion des mens­trua­tions, de l’ablation des seins ou encore de l’inversion du pénis. Ces des­truc­tions de carac­té­ris­tiques sexuelles pri­maires et secon­daires peuvent entraî­ner la sté­ri­li­sa­tion des jeunes patient.es — la repro­duc­tion humaine étant un fla­grant rap­pel de notre condi­tion ani­male et de la per­ti­nence des sexes.

En dénon­çant ce pre­mier gra­vis­sime man­que­ment éthique, Mia Hugues va au cœur du para­doxe du « soin » trans : une pro­fonde dis­so­cia­tion corps/esprit qui donne la pri­mau­té à l’esprit, notam­ment la parole, pour ensuite agir uni­que­ment sur le corps. Les « professionnel.les » de san­té figent en outre des iden­ti­tés dont ils et elles admettent pour­tant qu’elles sont poten­tiel­le­ment tran­sientes, dans un vaste n’importe quoi médical.

Les agis­se­ments de ces méde­cins évoquent davan­tage l’artiste Orlan que de véri­tables opé­ra­tions médi­cales. Un ou une professeur/se décrit d’ailleurs « le corps trans comme une expres­sion libre et artis­tique du genre » [trans embo­di­ment as a free-form artis­tic expres­sion of gen­der]. Dans les WPATH Files, on découvre que le renom­mé chi­rur­gien cali­for­nien Tho­mas Sat­terw­hite aurait deman­dé des conseils pour des abla­tions de seins et de tétons [top sur­ge­ry without nipples], une pro­cé­dure de nul­li­fi­ca­tion (lorsque vos par­ties géni­tales res­semble à celles de Bar­bie ou à une exci­sion très nette) et des vagi­no­plas­ties avec pré­ser­va­tion du phal­lus [phal­lus-pre­ser­ving vagi­no­plas­ty].

Face à cette ques­tion, les autres membres du forum s’insurgent. « Com­ment osez-vous bidouiller ain­si avec des per­sonnes saines ? Pour­quoi pas des implants d’ailes de pou­let aus­si pen­dant que vous y êtes ? ». Non, bien sûr que non, rien de tel, j’invente tota­le­ment : les autres membres ont sim­ple­ment été offus­qués par son lan­gage, aucun professionnel.le de san­té ne sou­hai­tant être pris.e en fla­grant délit de soin. Un.e thé­ra­peute dénonce son lan­gage « cis­gen­riste ». Une étu­diante en méde­cine insiste sur la néces­si­té de « dé-gen­rer » [de-gen­de­ring] les chi­rur­gies de modi­fi­ca­tions sexuelles. Après tout, pour­quoi dénon­cer ces pra­tiques à la carte lorsque ce genre de pro­cé­dure rentre plei­ne­ment dans le par­cours de san­té WPATH sous le nom de chi­rur­gies « cus­to­mi­sées indi­vi­duel­le­ment » [indi­vi­dual­ly cus­to­mi­sed] ?

Cri­ti­quer les pra­tiques de la WPATH ne revient pas nier les ori­gines phy­siques de cer­tains troubles men­taux et vice-ver­sa. Au contraire, c’est insis­ter sur le fait que la dis­so­cia­tion corps/esprit aus­si est une belle inven­tion mas­cu­line. La cri­tique sert avant tout à ques­tion­ner ces opé­ra­tions sys­té­ma­tiques. La san­té « trans » incarne la confu­sion entre capa­ci­té et néces­si­té médi­cale : qu’on puisse le faire ne signi­fie pas qu’on doive le faire. Autre­ment, c’est la men­ta­li­té du vio­leur : « je l’ai fait parce je pouvais ».

Ils font du mal (Primum nocere)

Même si la « dys­pho­rie de genre » était un trouble psy­cho­lo­gique cor­rec­te­ment défi­ni, les soins pro­mul­gués ne cor­res­pondent pas à la défi­ni­tion d’un trai­te­ment médi­cal. Les recom­man­da­tions de la WPATH n’ont aucune base scien­ti­fique. La pre­mière pres­crip­tion de sup­pres­sion de puber­té (SoC6 en 2001) se basait sur une étude por­tant sur une per­sonne, la deuxième sur une étude néer­lan­daise peu pro­bante (SoC7 en 2012). Cette étude rele­vait d’ailleurs de ce que l’on appelle en méde­cine une « pra­tique inno­vante » [inno­va­tive prac­tice] qui éta­blit un cadre pour que méde­cins puissent tes­ter des inter­ven­tions encou­ra­geantes en l’absence de meilleurs traitements.

Si ces lacunes scien­ti­fiques fon­da­men­tales sont graves, les remèdes pro­po­sés sont pires. Sur les forums on peut lire des dizaines et de dizaines de mes­sages de professionnel.les de san­té hagard.es. Un ou une infir­mière demande des conseils pour une patiente souf­frant de mala­die pel­vienne inflam­ma­toire après trois ans sous tes­to­sté­rone, la crème d’œstrogène ne fai­sant plus d’effet. En guise de réponse, on ne lui pro­pose que des anec­dotes concer­nant d’autres crèmes à tes­ter. Vin­ted a des forums plus rigoureux.

Ailleurs, un/e endo­cri­no­logue demande com­ment gérer les dou­leurs érec­tiles d’un patient sous hor­mones. Encore une fois que des anec­dotes, aucune réponse sur les consé­quences d’une vagi­no­plas­tie future. Un thé­ra­peute [coun­sel­lor] explique avoir vécu la même chose et qu’une ampu­ta­tion du pénis aurait fini par le sou­la­ger. (Quand des fémi­nistes le sug­gèrent c’est misandre apparemment).

Conséquences

La liste des consé­quences de toutes ces pro­cé­dures est immense. En jan­vier 2022, la pré­si­dente de la WPATH, Mar­ci L. Bowers (un homme qui se dit femme, ou femme trans) admet l’absence de don­nées sur l’impact des blo­queurs de puber­té pour les gar­çons et la pré­sence de « consé­quences chi­rur­gi­cales pro­blé­ma­tiques ». Mia Hughes nous rap­pelle que blo­quer la puber­té d’un gar­çon bloque la crois­sance de son pénis. Il n’y a donc pas assez de tis­su pour la vagi­no­plas­tie qui consiste à inver­ser le pénis. Des méde­cins s’aventurent alors dans les colons ou les cavi­tés abdo­mi­nales de leurs jeunes patients pour y récu­pé­rer de la peau. Cer­tains expé­ri­mentent avec la peau de pois­son, le tila­pia, pour les adultes. Un ado­les­cent de 18 ans est mort après l’utilisation d’une par­tie de son intes­tin pour sa vagi­no­plas­tie. Il était un des patients de l’étude néer­lan­daise. « Pra­tique inno­vante ». L’auteur cri­tique cité par Mia Hughes, Michael Biggs, note qu’avec un taux de mor­ta­li­té d’1%, il n’y aurait pas dû y avoir d’autres expé­ri­men­ta­tions sur des adolescent.es.

Sur son site, Mar­ci L. Bowers pro­pose aus­si des chi­rur­gies répa­ra­trices pour des femmes vic­times d’excision.

En plus des dou­leurs récur­rentes post-chi­rur­gi­cales et hor­mo­nales, pour les filles et femmes on peut noter : les dif­fi­cul­tés à orgas­mer (autre cui­sant rap­pel de la réa­li­té sexuelle humaine), l’atrophie vagi­nale (inflam­ma­tion vagi­nale), la mala­die pel­vienne inflam­ma­toire, les uté­rus atro­phiés, l’accroissement cli­to­ri­dien dou­lou­reux (ce cli­to­ris qui conti­nue de « pous­ser » est sobre­ment qua­li­fié de « crois­sance du bas » [bot­tom growth]).

Un/e méde­cin se demande si la tumeur au foie détec­tée chez sa patiente de 16 ans pour­rait être liée à la prise de pro­ges­té­rone et tes­to­sté­rone. Un/e autre lui répond qu’elle ou il nour­rit le même doute au sujet de sa col­lègue ayant déve­lop­pée un can­cer du foie après 8–10 ans de prise de tes­to­sté­rone. Elle ou il n’a jamais eu le temps de s’assurer de la cau­sa­li­té car la col­lègue serait décé­dée quelques mois après le diag­nos­tic. Rap­pe­lez-vous qu’en France, lors des élec­tions pré­si­den­tielles de 2017, les per­tur­ba­teurs endo­cri­niens étaient un réel sujet de cam­pagne. Et com­pa­rez cela avec l’accueil fait à ces nou­veaux per­tur­ba­teurs endocriniens.

Cas encore plus graves

Ces révé­la­tions sont déjà assez graves sur des adultes, encore plus sur des enfants et adolescent.es. Pour des per­sonnes atteintes de graves troubles de san­té c’est encore pire. Mala­die dégé­né­ra­tive ? Obé­si­té ? La WPATH prend. Même s’il s’agit de dys­tro­phie mus­cu­laire de Becker carac­té­ri­sée par une fai­blesse et une fonte mus­cu­laire ? Oui. Même si les chi­rur­gies non-néces­saires doivent être limi­tées à cause des com­pli­ca­tions qu’elles entraînent pour les per­sonnes atteintes d’obésité ? Pas de problème.

Un/e thé­ra­peute relate qu’elle/il a déjà conseillé des chi­rur­gies géni­tales à des per­sonnes atteintes de dépres­sion sévère, syn­dromes post-trau­ma­tiques ou même sans-abris. On relève de très nom­breuses réfé­rences à des patient.es atteintes de troubles dis­so­cia­tifs sévères, sans que la demande de tran­si­tion sexuelle elle-même soit consi­dé­rée comme un symp­tôme. Des cas schi­zoïdes sont régu­liè­re­ment cités dans le forum. Une décla­ra­tion publique de la WPATH en date de 2022 va jusqu’à affir­mer que la néga­tion des soins affir­ma­tifs du genre à des per­sonnes atteintes d’autisme ou de troubles men­taux serait « dis­cri­mi­na­toire et erronée ».

Les conver­sa­tions sur les patient.es atteint.es de trouble de la per­son­na­li­té mul­tiple ou de trouble dis­so­cia­tif de l’identité sont lunaires. Certain.es recom­mandent de bien deman­der le consen­te­ment à chaque per­son­na­li­té du/de la patient.e. Dan Kara­sic de l’Université de Cali­for­nia San Fran­cis­co et un des auteurs des SoC8 se vante de sa répu­ta­tion de « psy­chiatre » non-plu­riel­phobe [not plu­ral pho­bic]. Au congrès inter­na­tio­nal de 2022 de la WPATH, des « scien­ti­fiques » ont pré­sen­té leur « recherche » sur les indi­vi­dus trans et aux iden­ti­tés « plu­rielles » (les fameux gens aux pro­noms they/them ?).

Ils savent

Ce qui est encore plus glauque, c’est qu’elles et ils savent. Les « professionnel.les » de la WPATH savent agir dans l’obscurité scien­ti­fique la plus totale, embar­qué dans le même « voyage de genre » [gen­der jour­ney] pro­di­gué à leur « patient.es ». Cette expres­sion, digne de tech­niques de mani­pu­la­tion de proxé­nètes, est d’ailleurs uti­li­sée pour dédra­ma­ti­ser la détran­si­tion, cette pro­cé­dure par laquelle certain.es sou­haitent reve­nir sur leur « chan­ge­ment » de sexe. Ain­si, il n’y a plus de regret véri­table, aucune erreur médi­cale, juste une belle aven­ture. Father knows best.

Les membres de la WPATH connaissent en fait très bien les cri­tiques fémi­nistes du phé­no­mène trans. Elles et ils savent que cer­taines patient.es confondent leur homo­sexua­li­té avec leur « iden­ti­té de genre ». Elles et ils savent qu’un trau­ma­tisme lié à une vio­lence sexuelle peut être un fac­teur déclen­chant de « tran­si­den­ti­té ». Par exemple, dans un ate­lier inti­tu­lé « Évo­lu­tion de l’identité » [Iden­ti­ty Evo­lu­tion Work­shop], Ren Mas­sey, psy­cho­logue et co-auteur du cha­pitre sur l’adolescence des SoC8 admet que des patient.es ont cla­ri­fié leur rap­port à l’ « iden­ti­té de genre » après avoir explo­ré leur sexua­li­té, et dis­tingue alors les agres­sions sexuelles de l’identité de genre.

Dr Ren Mas­sey : sou­rire Col­gate et zygo­ma­tiques saillantes.

Les membres de la WPATH pré­fèrent tri­via­li­ser ces ques­tions poli­tiques et les risques que leurs actions posent. Elles et ils s’amusent des enfants et ado­les­centes inca­pables de sai­sir la nature et les effets de leurs faux trai­te­ments, notam­ment sur leur vie sexuelle et repro­duc­tive future. Mais com­ment ces enfants pour­raient-ils et elles com­prendre la repro­duc­tion humaine alors que leurs méde­cins nient le dimor­phisme sexuel et la bina­ri­té de la repro­duc­tion sexuée ?

L’endocrinologue Daniel Metz­ger rap­pelle devant l’auditoire tout à fait récep­tif d’« experte.es » de l’atelier sur l’évolution de l’identité que les plus jeunes patient.es des membres de la WPATH n’ont par­fois même pas eu le temps de suivre des cours de SVT. Ses patient.es à qua­torze n’envisagent pas une vie avec des enfants ou se font des illu­sions sur l’adoption. Confron­té à un/une ex-patient/e regret­tant son infer­ti­li­té cau­sée par le bour­rage hor­mo­nal, Daniel Metz­ger l’aurait provoqué/e ain­si : « Ah un chien ne te suf­fit plus main­te­nant, c’est ça ? ».

Logique commerciale

La moti­va­tion com­mer­ciale et non médi­cale de ces candidat.es en Char­la­ta­ne­rie Sup Option Sciences trans­pire par leur uti­li­sa­tion constante du mot « client.e » [client] dans leurs conver­sa­tions pri­vées. Mia Hugues parle de modèle clien­té­liste de l’autonomie – autre mot fétiche de la WPATH – qui consiste à offrir à la patiente-cliente ce qu’elle veut tant que celle-ci peut payer et que les pro­grès tech­niques per­mettent de le faire. L’autonomie étant invo­quée sur­tout pour se dédouaner.

C’est le prin­cipe même d’une autre catas­trophe médi­cale affec­tant dis­pro­por­tion­nel­le­ment femmes et ado­les­centes, celle de la chi­rur­gie esthé­tique sans aucune fina­li­té répa­ra­trice. Mia Hugues relève que le pré­sident de la WPATH Mar­ci L. Bowers admet inad­ver­tam­ment que les pro­cé­dures de san­té trans sont cos­mé­tiques et donc super­flues : « les légis­la­tions et les médias ne s’en prennent pas à l’augmentation mam­maire, à la liga­ture des trompes ou aux lif­tings ». Pour lui, les « patient.es doivent prendre la res­pon­sa­bi­li­té de leurs déci­sions médi­cales, sur­tout lorsque celles-ci ont des effets poten­tiel­le­ment permanents ».

Per­son­nel­le­ment, je par­le­rais aus­si de l’institution de quin­ceañe­ras grin­gas par ces professionnel.les de san­té étatsunien.nes. Les quin­ceañe­ras, fêtes d’anniversaire de quinze ans, sont des rites de pas­sage à l’âge adulte pour les ado­les­centes d’Amérique Latine (pen­sez Mon incroyable anni­ver­saire/My Super Sweet 16 de MTV ou bar-mits­vah pour vous faire une idée du niveau). Il est désor­mais cou­tume « d’offrir » des « seins » (des implants mam­maires) à ces filles deve­nues femmes. Comme dans ce rite de pas­sage, les méde­cins offrent désor­mais un « chan­ge­ment » de sexe à leurs patient.es-client.es avant leur entrée à l’université : « Pour les patient.es qui sont prêt.es, je pense que le moment idéal pour la chi­rur­gie aux Etats-Unis est l’été avant leur der­nière année à l’université. Beau­coup de chirurgien.nes me l’ont confirmé ».

Mar­ci L. Bowers en fait partie :

« par­fois la fin du lycée [pour la chi­rur­gie de « tran­si­tion »] est un bon moment puisque [les patient.es] sont sous la sur­veillance de leurs parents […]. Pour l’instant notre stan­dard est 18 ans, même si je suis d’accord pour dire que ce nombre est arbitraire ».

His­toire de pré­ci­ser : les pre­mières recom­man­da­tions sont celles du chi­rur­gien ex-mili­taire Chris­tine N. McGinn. Ses propres fini­tions sont, je l’avoue, très réus­sies. Il répon­dait à un/une col­lègue se deman­dant si elle/il pou­vait opé­rer une fille de qua­torze ans en « tran­si­tion » depuis l’âge de 4 ans

Le site de Chris­tine McGinn.

Idéologie

Chris­tine N. McGinn n’est pas le seul méde­cin trans qui « tran­si­tionne » des enfants. En lisant les WPATH Files, je ne peux m’empêcher de pen­ser au film pos­ta­po­ca­lyp­tique Bird Box (2018), avec pour vedette San­dra Bul­lock. Bul­lock y incarne un per­son­nage qui doit constam­ment se cou­vrir les yeux pour ne pas suc­com­ber à une enti­té invi­sible menant au sui­cide. Une poi­gnée d’illuminé.es sur­vit mal­gré son expo­si­tion. Elles et ils tentent par tous les moyens d’inciter les autres à les imi­ter, à ouvrir les yeux pour vivre cette mer­veille, les pous­sant ain­si au suicide.

Une per­sonne sur le forum de la WPATH écrit :

« Je m’appelle [nom reti­ré] (they/them) […]. Si vous avez besoin de consul­ter avec un.e professionnel.le avec du vécu, je serais ravi.e de dis­cu­ter avec vous. J’ai écrit pas mal de lettres de recom­man­da­tion […] pour les mineur.es [pour des chi­rur­gies de « transition »] ».

Une ou un gyné­co­logue pose une ques­tion sur un patient qui se plaint de ses éja­cu­la­tions post-vagi­no­plas­tie — trop d’odeur de sperme dans son « vagin ». Un homme dont la pro­fes­sion n’est pas révé­lée répond :

« En tant que femme à expé­rience trans et qui a eu une chi­rur­gie du bas [bot­tom sur­ge­ry] il y a qua­rante ans, je dis pro­fi­tez-en. Selon mon expé­rience c’est le signe phy­sique ultime de l’orgasme…que deman­der de plus ? »

La force de l’idéologie trans est évi­dente dans les WPATH Files, les fac­tions les plus pous­sées ayant évin­cé les modé­rées. En 2001, le méde­cin Richard Green, pré­sident de l’époque, défait le tra­vail de Ste­phen B. Levine, pré­sident du comi­té ayant rédi­gé les SoC5 en 1998. Les Stan­dards of Care 6 n’exigent plus qu’une lettre de recom­man­da­tion psy­cho­lo­gique avant la prise d’hormones au lieu des deux requises par le SoC5.

Le lan­gage pré­co­ni­sé a évo­lué avec la pen­sée. Nous avons déjà vu les iden­ti­tés mul­tiples, mais avant cela il y avait la pré­fé­rence pour « l’incongruence de genre » de la Clas­si­fi­ca­tion Inter­na­tio­nale des Mala­dies de l’OMS au lieu de la « dys­pho­rie de genre » du Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux de l’Association amé­ri­caine de psy­chia­trie. L’ingénierie lin­guis­tique faite pour dis­tin­guer l’identité trans des mala­dies men­tales rend la posi­tion de la WPATH encore plus contra­dic­toire. Si l’incongruence n’est pas une mala­die, nul besoin de méde­cins, et s’il devait y avoir besoin de méde­cin, il fau­drait évi­ter le clien­té­lisme. La mas­ca­rade est révé­lée pour ce qu’elle est : des méde­cins qui viennent en aide à des client.es qui ne sont pas malades. 

Eunuques

Le cas d’influence nocive la plus grave (et plus folle) reste celle de l’« iden­ti­té de genre » dite « eunuque ». Les Stan­dards of Care 8 de 2022 incluent tout un cha­pitre sur les per­sonnes s’identifiant « eunuque ». « Les indi­vi­dus iden­ti­fiés eunuques ont ten­dance à vou­loir enle­ver chi­rur­gi­ca­le­ment leurs organes géni­taux ou du moins à vou­loir les rendre non-fonc­tion­nels ». Ce cha­pitre mythique source les Eunuch Archives, un forum où des hommes par­tagent leurs fan­tasmes de castration.

Pen­dant le congrès inter­na­tio­nal de 2022 à Mont­réal, Michael Irwig, un co-auteur du cha­pitre a décla­ré que sa pre­mière opé­ra­tion « eunuque » était sur un jeune homme de 19 ans, peut-être atteint d’Asperger. Celui-ci ne se serait pas iden­ti­fié comme tel, mais Irwig l’aurait « déduit ». Irwig s’est d’ailleurs féli­ci­té de l’acceptation pro­gres­sive du terme :

« Plus nous aurons de ses­sions du genre, plus les gens seront édu­qués, et plus nous aurons des gens comme vous [Tho­mas Sat­terw­hite, le même qui fai­sait déjà des nul­li­fi­ca­tions] capables de le faire. »

La jour­na­liste fémi­niste Gene­vieve Gluck n’est bizar­re­ment pas citée dans les WPATH Files alors qu’elle mène les plus grandes enquêtes sur l’organisation et autres dérives trans depuis plu­sieurs années. Ce site, Le Par­tage, a dif­fu­sé son tra­vail par le pas­sé. Avec ses col­lègues de Reduxx elle a révé­lé en 2022 que trois uni­ver­si­taires par­ti­cu­liè­re­ment actifs sur le forum ont joué un rôle déter­mi­nant dans l’adoption de la ter­mi­no­lo­gie « eunuque » dans les SoC8. Il s’agit notam­ment de Tho­mas W. John­son (pseu­do­nyme « Jesus »), Richard J. Was­ser­sug (« Eunu­chU­nique ») et Kris­ter H. Willette (« Kris­toff »). John­son et Was­ser­sug ont publié leurs son­dages sur les membres du site conte­nant plus de 10 000 his­toires sadiques, dont des mil­liers sur des mineurs. John­son va jusqu’à se van­ter d’avoir été choi­si en 2016 par Eli Cole­man, un ancien direc­teur de la WPATH, pour contri­buer aux SoC8.

Tho­mas W. John­son pré­sente sa recherche sur les eunuques en 2022.

Autres influenceurs

Pour conti­nuer à valo­ri­ser le pré­cieux tra­vail de Gene­vieve Gluck et pour pour­suivre tout aus­si sua­ve­ment dans l’horreur, men­tion­nons le cas de Lau­ra Jacobs, membre du comi­té édi­to­rial d’une revue édi­tée par la WPATH, inti­tu­lée Inter­na­tio­nal Jour­nal of Trans­gen­der Health. Cet homme dont les talents de tra­ves­tis­se­ment vous don­ne­ront envie de vous arra­cher les yeux et les orbites avec se décrit comme un « tra­vailleur du sexe kin­ky et BDSM ». Ce « thé­ra­peute » est un expert en « tor­ture géni­tale », jeu de rôles pour enfants et à jouer au doc­teur — cas­tra­tion, pedo­cri­mi­na­li­té et féti­chi­sa­tion des rap­ports médecin-patient.e. Il a contri­bué au cha­pitre sur les approches thé­ra­peu­tiques pour adolescent.es dans les SoC8.

Influence mondiale

L’influence n’est pas qu’interne à l’organisation : par­mi le comi­té d’expert.es sur la san­té trans convo­qué en ce début d’année par l’Organisation Mon­diale de la San­té, 16 membres sur 21 sont des acti­vistes trans, dont 5 affilié.es à la WPATH.

En France, Nico­las Casaux a sou­li­gné que la WPATH était men­tion­née dans le « Rap­port rela­tif à la san­té et aux par­cours de soins des per­sonnes trans, remis à mon­sieur Oli­vier Véran, ministre des Affaires sociales et de la San­té » de jan­vier 2022. Il existe même la suc­cur­sale fran­çaise, l’association TRANS SANTÉ France, ou FPATH (L’Association pro­fes­sion­nelle fran­çaise pour la san­té des per­sonnes transgenres).

Manquements déontologiques de toute part

On aura beau en faire un pro­blème de « wokisme », de liber­té d’expression, d’avarice, d’abus d’enfants (gar­çons uni­que­ment d’habitude), tant qu’on n’appréhendera pas le trans­gen­risme comme un phé­no­mène miso­gyne, on ne pour­ra y appor­ter une réponse adé­quate. La cher­cheuse Janice Ray­mond nous l’avait appris en 1979 dans L’Empire trans­sexuel. Elle mérite le plus grand « je vous l’avais dit » de l’histoire du féminisme.

Mia Hugues com­pare à juste titre le scan­dale trans à d’autres expé­ri­men­ta­tions médi­cales com­por­tant chi­rur­gies et hor­mones comme la lobo­to­mie ou la crois­sance induite d’enfants. Mais c’est à l’ovariectomie de masse du 19ème siècle et à l’apotemnophilie que le phé­no­mène trans s’apparente le plus. Le pre­mier impli­quait l’ablation des ovaires sains des femmes dans le but de soi­gner des troubles men­taux ou phy­siques par­fois liés aux mens­trua­tions dou­lou­reuses. Le deuxième, l’amputation de membres sains pour satis­faire un désir d’identité d’amputé ou éro­tique des hommes.

Les WPATH Files indiquent que les filles et femmes « tran­si­tion­nant » le font pour des rai­sons dif­fé­rentes de celles des gar­çons et hommes. Cer­taines sou­haitent sim­ple­ment et uni­que­ment mettre fin à leurs règles. La tran­si­tion est alors un double man­que­ment médi­cal dans la prise en charge des filles/femmes. Depuis les hys­té­rec­to­mies, il n’y a tou­jours pas eu le même engoue­ment médi­cal pour appor­ter des solu­tions durables à nos besoins de san­té et on nous pro­pose main­te­nant de cocher une case pour sor­tir de notre féminité.

Mais que les hommes dési­rent une chose et les méde­cins accourent. Comme avec l’apotemnophilie, la méde­cine trans sert avant tout les hommes, avec une pré­oc­cu­pa­tion pure­ment esthé­tique et non éthique. Mia Hugues note que le recours aux blo­queurs de puber­té n’a été ini­tié que parce que les hommes ayant « tran­si­tion­né » à l’âge adulte étaient encore trop mas­cu­lins pour être pris pour des femmes. 

Les fausses tran­si­tions sexuelles ne font en effet que réa­li­ser des fan­tasmes mas­cu­lins, comme le disait Janice Ray­mond. Les néo-tétons des fausses femmes flottent en l’air défiant la gra­vi­té pour satis­faire le par­te­naire plu­tôt que nour­rir le bébé. Les pseu­dos-vagins sont conformes à la vision mas­cu­line du vagin comme outil de mas­tur­ba­tion et n’ont rien à voir avec le cou­loir vital qu’est le véri­table vagin. On dirait des Ten­ga® incor­po­rés, ces objets mas­tur­ba­toires mas­cu­lins japo­nais res­sem­blant à des ther­mos. Et si cer­tains sou­haitent ajoute l’option « lac­ta­tion » à la car­ros­se­rie c’est « juste pour expérimenter ».

L’apotemnophilie par contre, contrai­re­ment au trans­gen­risme, n’a pas d’utilité patriar­cale plus large. Les chi­rur­gies trans réa­lisent l’idéal mas­cu­lin de gar­çons Peter Pan — cas­trés mais avec des seins en bonus — et des femmes qui ne ver­ront jamais le jour, puisque leurs carac­té­ris­tiques sexuelles secon­daires, seins et mens­trues, entre autres, seront défi­ni­ti­ve­ment effa­cés. Je dois donc nuan­cer les quin­ceañe­ras grin­gas : les pro­cé­dures de « tran­si­tion » des adolescent.es sont des rites de pas­sage anti-pas­sage. Ils imposent à des enfants des concepts d’adultes en les main­te­nant dans un état de per­pé­tuelle dépen­dance morale mais sur­tout cli­nique et donc financière.

Les WPATH Files nous per­mettent aus­si de sai­sir les man­que­ments éthiques et déon­to­lo­giques de toute part. D’accord, des méde­cins veulent tes­ter des trucs sur des gens. Mais pour­quoi toi, revue sup­po­sée scien­ti­fique, tu le publies ? Pour­quoi toi, uni­ver­si­té, tu l’embauches ? Com­ment ces articles ont pu être publiés et pris au sérieux ?

L’autre man­que­ment cui­sant est celui du corps jour­na­lis­tique qui a pour la plus grande par­tie adop­té le lan­gage trans sans esprit cri­tique. UnHerd, The Tele­graph, le New York Post, The Washing­ton Post ont immé­dia­te­ment écrit des­sus. Même le trans-friend­ly Guar­dian a dû en par­ler. Mais ce week-end encore, The New York Times était capable de faire co-exis­ter une enquête sur les tra­vailleuses du Maha­ra­sh­tra en Inde contraintes à des hys­té­rec­to­mies pour sup­pri­mer ce grand frein au tra­vail for­cé, les règles (« reti­rer l’utérus d’une femme com­porte de graves consé­quences ») avec un entre­tien avec Judith But­ler sur les fémi­nistes « excluant les trans ». En France, il n’y a à ce jour pas eu de cou­ver­ture média­tique notable.

Comme avec la pros­ti­tu­tion trans­for­mée en inno­cent petit bou­lot, des jour­na­listes nous ont pri­vé des mots pour dénon­cer ces énor­mi­tés. La jour­na­liste fémi­niste Helen Joyce appelle jus­te­ment à dénon­cer les jour­na­listes pour dif­fu­sion de « fausse infor­ma­tion » lorsqu’elles et ils font déli­bé­ré­ment pas­ser des hommes pour des femmes.

Des hommes imposent une énième fois leur lan­gage. Ce n’est pas du har­cè­le­ment sexuel mais de la « drague ». Ce n’est pas une « agres­sion » mais une « main bala­deuse ». Ce n’est pas « un vio­leur » mais « une vio­leuse ». Ce n’est pas un « homme » mais une « femme ». Comme si nous étions à la der­nière étape d’un gyno­cide où l’existence même des vic­times – réduite à une image por­no­gra­phique pro­je­tée sur un corps faus­se­ment neutre — serait vouée à l’effacement. Comme si.

Yag­mur Uygarkizi

Edi­tion : Nico­las Casaux

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