Leur écologie et la nôtre : technologistes contre naturiens (par Nicolas Casaux)

Image de cou­ver­ture : à gauche : Cyril Dion, à droite : Alexandre Grothendieck.


Il y a 37 ans, en 1985, le phi­lo­sophe états-unien Theo­dore Ros­zak, célèbre théo­ri­cien de la « contre-culture », don­nait une pré­sen­ta­tion à San Fran­cis­co, inti­tu­lée « Du sato­ri à la Sili­con Val­ley », dans laquelle il sou­li­gnait une carac­té­ris­tique du mou­ve­ment éco­lo­giste, ou contre-cultu­rel, tel qu’il s’était déve­lop­pé depuis les années 60 : l’existence, en son sein, de deux pers­pec­tives anta­go­nistes au sujet de la technologie.

Réversionnaires et technophiles

Une pre­mière qu’il qua­li­fiait de « réver­sion­naire », dont la filia­tion intel­lec­tuelle remonte « à John Rus­kin, William Mor­ris et aux roman­tiques en géné­ral », pour laquelle « l’industrialisation consti­tue l’état extrême d’une mala­die cultu­relle devant être soi­gnée avant qu’elle ne nous tue tous ». Les réver­sion­naires « attendent avec impa­tience le jour où les usines et les machines lourdes seront lais­sées à l’abandon, et où nous pour­rons reve­nir au monde du vil­lage, de la ferme, du camp de chasse, de la tri­bu. Cela nous ramè­ne­rait à une vie proche de la terre et des élé­ments, faite de plai­sirs simples et com­mu­nau­taires, en mesure d’offrir un véri­table épa­nouis­se­ment. » C’est pour­quoi les réver­sion­naires arti­culent une cri­tique radi­cale de l’industrie, du capi­ta­lisme[1], de la tech­no­lo­gie et de l’État.

« En contre­point de ce cou­rant visant un retrait radi­cal, une sorte de réver­sion, ajou­tait ensuite Ros­zak, nous trou­vons la vision tech­no­phile de notre des­tin indus­triel, un cou­rant de pen­sée moderne qui remonte à Saint-Simon, Robert Owen et H. G. Wells. Pour ces uto­pistes indus­triels, comme pour Buck­mins­ter Ful­ler après eux, le remède aux maux indus­triels ne se trouve pas dans les choses du pas­sé, mais dans des déve­lop­pe­ments futurs, dans le per­fec­tion­ne­ment du pro­ces­sus indus­triel. Ce qu’il faut, par consé­quent, n’est cer­tai­ne­ment pas une repous­sante réver­sion, mais une per­sé­vé­rance cou­ra­geuse. Nous devons nous adap­ter avec ingé­nio­si­té à l’industrialisation en tant qu’étape néces­saire de l’évolution sociale, en sur­veillant et contrô­lant minu­tieu­se­ment son pro­cès afin de favo­ri­ser ses poten­tia­li­tés sal­va­trices. Tan­dis que nous appro­che­rons de la crise qui mena­ce­ra de virer à la catas­trophe, nous devrons sai­sir les oppor­tu­ni­tés qui se pré­sen­te­ront et les uti­li­ser en vue de cor­ri­ger le sys­tème de l’intérieur. Afin de nous sor­tir de la mau­vaise passe actuelle, il nous faut conti­nuer sans peur à creu­ser jusqu’à atteindre la lumière du jour. On recon­naît immé­dia­te­ment, dans cette vision, la vieille croyance mar­xiste dans le déve­lop­pe­ment historique. »

Et non seule­ment la vieille croyance mar­xiste dans le déve­lop­pe­ment his­to­rique, mais plus géné­ra­le­ment l’idéologie domi­nante du culte du « pro­grès », pro­pa­gée et défen­due par la classe domi­nante, les capi­taines d’industrie et leurs col­lègues gouvernementeux.

Ros­zak remar­quait aus­si qu’une troi­sième pers­pec­tive, mélange des deux pré­cé­dentes — sorte d’utopie high-tech pri­mi­ti­viste (ou inver­se­ment) — se mani­fes­tait dans le mou­ve­ment contre-culturel.

Le titre de sa confé­rence, le titre du livre épo­nyme, Du sato­ri à la Sili­con Val­ley, évoque la filia­tion qu’il existe entre d’une part le mou­ve­ment contre-cultu­rel et ses aspi­ra­tions à l’émancipation, à la sagesse (le sato­ri, terme japo­nais, dési­gnant une forme d’éveil dans le boud­dhisme), et d’autre part le capi­ta­lisme tech­no­lo­gique de la Sili­con Val­ley. Comme le note Fred Tur­ner, pro­fes­seur en sciences de la com­mu­ni­ca­tion de l’université de Stan­ford, dans son livre Aux sources de l’utopie numé­rique : de la contre-culture à la cyber­cul­ture, cer­tains membres de la contre-culture (les tech­no­philes dont parle Ros­zak) « tour­nèrent le dos à l’action poli­tique et ado­ptèrent la tech­no­lo­gie et la trans­for­ma­tion de la conscience comme trem­plins natu­rels du chan­ge­ment social ». C’est ain­si que nombre de magnats de la Sili­con Val­ley sont issus de la mou­vance contre-cultu­relle, par­mi les­quels les plus connus sont Steve Jobs et Steve Woz­niak d’Apple, et, plus géné­ra­le­ment, que le capi­ta­lisme numé­rique, hau­te­ment tech­no­lo­gique, s’enracine dans le mou­ve­ment hip­pie[2].

& ce qui devrait être qua­si­ment indé­niable, aujourd’hui, en 2022, après fran­chis­se­ment d’une « cin­quième limite pla­né­taire » — la noyade de la pla­nète dans un déluge de pro­duits chi­miques et plas­tiques diver­se­ment toxiques[3] —, désor­mais que l’on sait com­bien la civi­li­sa­tion étiole le corps humain — bien­tôt tous cré­tins, obèses et myopes[4] ?! — et nous prive de liber­té[5], c’est que les réver­sion­naires avaient rai­son et que les tech­no­philes fan­tas­maient complètement.

Aux origines de la perspective réversionnaire

On rap­pel­le­ra, pour mieux com­prendre ce qui se joue ici, que le cou­rant « réver­sion­naire » décrit par Ros­zak s’inscrit dans la veine de la cri­tique pri­mi­ti­viste, inhé­rente à la civi­li­sa­tion depuis sans doute son avè­ne­ment, rela­ti­ve­ment récent au regard de l’histoire de l’humanité, en tout cas depuis, au moins, les taoïstes anar­chistes de l’antiquité chi­noise — dont les pre­miers écrits remontent à il y a près de 3000 ans[6]. Entre-temps, la cri­tique pri­mi­ti­viste s’est mani­fes­tée au tra­vers des cyniques grecs, des stoï­ciens romains puis de divers groupes et indi­vi­dus (Julien Pomère, Maxime de Turin, Isi­dore de Séville, etc.) durant le Moyen Âge[7], des roman­tiques au début du XIXème siècle puis des anar­chistes natu­riens[8] fin XIXème, début XXème siècle. Plus proches de nous, les « pré­cur­seurs » du mou­ve­ment éco­lo­giste en France que sont Ber­nard Char­bon­neau et Jacques Ellul, Alexandre Gro­then­dieck et ses cama­rades de Sur­vivre… et vivre, Pierre Four­nier[9] et les autres de La Gueule Ouverte, les anar­cho­pri­mi­ti­vistes et les anti-indus­triels (ou lud­dites, néo­lud­dites, etc.) des Édi­tions de l’Encyclopédie des Nui­sances[10] et d’autres groupes et indi­vi­dus gra­vi­tant aujourd’hui autour des édi­tions La Len­teur, L’Échappée, des Édi­tions de la Roue, les Gre­no­blois de Pièce et Main d’Œuvre (PMO), l’organisation Deep Green Resis­tance dont je fais par­tie, des col­lec­tifs comme le média Flo­rai­sons, les éco­fé­mi­nistes de la « pers­pec­tive de sub­sis­tance » théo­ri­sée par les socio­logues Maria Mies et Vero­ni­ka Benn­holdt-Thom­sen de concert avec Van­da­na Shi­va[11] — savam­ment pré­sen­tées dans un ouvrage de la socio­logue fran­çaise Gene­viève Pru­vost paru l’an der­nier, inti­tu­lé Quo­ti­dien poli­tique — peuvent, entre autres, être consi­dé­rés comme appar­te­nant au cou­rant « réver­sion­naire » dont par­lait Roszak.

Autre­ment dit, le cli­vage est ancien entre, d’un côté, les par­ti­sans d’une vie décente, res­pec­tueuse du sen­sible, de la mesure de l’être humain, de sa nature évo­luée et de la nature, oppo­sés aux auto­ri­tés et hié­rar­chies illé­gi­times, à toute forme de pou­voir sépa­ré — l’idéal des taoïstes anar­chistes était la com­mu­nau­té à échelle humaine, auto­gou­ver­née, auto­suf­fi­sante et éga­li­taire, aus­si res­pec­tueuse que pos­sible du monde sau­vage —, et de l’autre les adeptes du Pro­grès (tech­nique), de la civi­li­sa­tion, de l’industrie.

Le Parti technologiste

Aujourd’hui, la plu­part de ceux qui se pré­tendent — ou sont pré­sen­tés comme — « éco­lo­gistes », qu’ils soient employés d’ONG (Green­peace, WWF, 350.org, Alter­na­ti­ba, ATTAC, etc.), de par­tis poli­tiques (EELV, LFI, par­ti de Gauche, NPA, « éco­so­cia­listes », etc.), membres de « labo­ra­toires d’idées », per­son­na­li­tés média­tiques diver­se­ment liées au « mou­ve­ment cli­mat » ou encore éco­lo­gistes soi-disant « déco­lo­niaux[12] », appar­tiennent à la mou­vance « tech­no­phile » décrite par Ros­zak — aus­si appe­lée « tech­no­lo­giste », dans le voca­bu­laire de PMO.

Les tech­no­lo­gistes par­tagent essen­tiel­le­ment une même pers­pec­tive, soit une même ana­lyse de la situa­tion, une même lec­ture de l’histoire et une même aspi­ra­tion. Selon eux, le pro­grès dont on nous rebat les oreilles est bien réel. L’avènement de l’État, le déve­lop­pe­ment du capi­ta­lisme et de l’industrie, des « forces pro­duc­tives », l’usage des com­bus­tibles fos­siles, nous ont per­mis de pas­ser de modes de vie misé­rables au confort heu­reux de la moder­ni­té tech­no­lo­gique. Certes, aujourd’hui, la civi­li­sa­tion indus­trielle s’avère très inéga­li­taire et lour­de­ment des­truc­trice du monde natu­rel, en tout cas du cli­mat. Il s’agit donc de la décar­bo­ner, d’effectuer une « tran­si­tion éco­lo­gique » (ou « tech­no­lo­gique », car comme le sou­ligne notre cher pré­sident, c’est idem[13]) en direc­tion d’une civi­li­sa­tion indus­trielle « bas-car­bone » (et basse consom­ma­tion, pour les plus har­dis), et si pos­sible d’y infu­ser un peu de « jus­tice sociale » au pas­sage, de la rendre « plus démocratique ».

Exemple. Dans un article pour Repor­terre, Dion déclare qu’un de ses prin­ci­paux objec­tifs consiste à « conser­ver le meilleur de ce que la civi­li­sa­tion nous a per­mis de déve­lop­per », qui com­prend notam­ment « la capa­ci­té de com­mu­ni­quer avec l’ensemble de la pla­nète[14] », prin­ci­pa­le­ment au tra­vers de l’Internet, cette « incroyable inno­va­tion per­met­tant de relier l’humanité comme jamais pré­cé­dem­ment ». En effet, selon lui, le « web et les outils numé­riques pour­raient nous aider à réin­ven­ter nos socié­tés[15] […] ».

Cyril Dion défend donc l’« éco­lo­gie indus­trielle » de son amie Isa­belle Delan­noy, dont le livre L’Économie sym­bio­tique a été publié chez Actes Sud dans la col­lec­tion qu’il dirige :

« L’économie sym­bio­tique d’Isabelle Delan­noy ima­gine une socié­té où nous par­vien­drions à poten­tia­li­ser la sym­biose entre l’intelligence humaine (capable d’analyser scien­ti­fi­que­ment, d’organiser, de concep­tua­li­ser), les outils (manuels, ther­miques, élec­triques, numé­riques…) et les éco­sys­tèmes natu­rels (capables d’accomplir par eux-mêmes nombre de choses extra­or­di­naires). […] Le récit d’Isabelle Delan­noy reprend et arti­cule de nom­breuses pro­po­si­tions por­tées par les tenants de l’économie du par­tage, de la fonc­tion­na­li­té, cir­cu­laire, bleue, de l’écolonomie…[16] »

Aux côtés de Dion et Delan­noy, le cénacle des tech­no­lo­gistes, (par­fois) pré­sen­tés comme des éco­lo­gistes, auto­ri­sés et même bien­ve­nus dans les médias — en rai­son du carac­tère inof­fen­sif et même seyant de leur pro­pos aux yeux du pou­voir, des puis­sances domi­nantes, du capi­ta­lisme, de l’État, de la tech­no­cra­tie —, com­prend de nom­breuses per­son­na­li­tés aux opi­nions aus­si super­fi­ciel­le­ment variées que Maxime de Ros­to­lan, Camille Étienne, Yann Arthus-Ber­trand, Nao­mi Klein, George Mon­biot, Nico­las Hulot, Bap­tiste Mori­zot, Bru­no Latour, Ber­trand Pic­card, Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Gaël Giraud, etc.

Les tech­no­philes ne réa­lisent pas que l’idée de Pro­grès est une mytho­lo­gie — un tis­su de men­songes et de dis­tor­sions — raciste et supré­ma­ciste. Ni que le déve­lop­pe­ment de l’industrie et de la tech­no­lo­gie est allé — et va néces­sai­re­ment — de pair avec celui de ter­ribles formes de domi­na­tions imper­son­nelles (bureau­cra­tique, éta­tique, capi­ta­liste, tech­nos­cien­ti­fique), de vastes struc­tures sociales hié­rar­chiques, avec une dépos­ses­sion exis­ten­tielle et une sépa­ra­tion sociale mas­sives (entre pro­duc­teurs et consom­ma­teurs, experts et pro­fanes, etc.) ni qu’il implique, là encore néces­sai­re­ment, diverses dégra­da­tions éco­lo­giques. Au contraire, les tech­no­lo­gistes pré­tendent que la « tran­si­tion éco­lo­gique » qu’ils appellent de leurs vœux per­met­tra de rendre « durable », éco­lo­gique en quelque sorte, la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle. Notam­ment grâce aux tech­no­lo­gies de pro­duc­tion d’énergies dites « renou­ve­lables », « vertes », « propres » ou « bas-car­bone » et aux tech­no­lo­gies dites « vertes » ou « propres » en géné­ral — qui ne sont, en véri­té, jamais rien de tout cela[17]. C’est pour­quoi les com­bus­tibles fos­siles consti­tuent le prin­ci­pal, voire l’unique enne­mi des technologistes.

Quelques exemples. Clé­ment Séné­chal, porte-parole de Green­peace France, a tout récem­ment affir­mé, après l’abandon par Total de son pro­jet d’implantation à Poly­tech­nique, qu’il s’agissait d’une « vic­toire au sein d’une bataille plus large : réduire à néant l’influence de l’industrie fos­sile par­tout dans la socié­té[18] ». Dans une inter­view récem­ment parue dans le jour­nal CQFD, Mickaël Cor­reia, jour­na­liste à Media­part, « spé­cia­liste des ques­tions cli­ma­tiques » et auteur d’un ouvrage récem­ment paru, inti­tu­lé Cri­mi­nels cli­ma­tiques, en appelle à la for­ma­tion d’un « vaste front anti-éner­gies fos­siles », sou­tient que « toute firme, banque ou État qui conti­nue à mettre de l’argent dans les éner­gies fos­siles relève for­cé­ment du cri­mi­nel cli­ma­tique puisqu’ils le font en toute connais­sance de cause », et résume ain­si l’essentiel des pro­blèmes actuels selon le mou­ve­ment cli­mat : « En bref, nous sommes face à une poi­gnée d’entreprises qui attisent sciem­ment les flammes qui brûlent notre pla­nète pour engran­ger tou­jours plus de pro­fit en extra­yant les res­sources des entrailles de la Terre. » L’ennemi, le pro­blème, donc : « une poi­gnée d’entreprises » et « les éner­gies fos­siles ». Notre salut — en réa­li­té celui de la civi­li­sa­tion indus­trielle ou du capi­ta­lisme indus­triel, c’est idem — exige alors que firmes, banques et États inves­tissent exclu­si­ve­ment dans le déve­lop­pe­ment des indus­tries de pro­duc­tion d’énergies dites « renou­ve­lables », « vertes », « propres » ou « bas-car­bone ». Non merci.

Technologistes contre naturiens

À rebours d’une optique aus­si absurde, les réver­sion­naires — ou natu­riens, pour reprendre l’appellation de ce groupe d’anarchistes de la fin du XIXème siècle —, au même titre que les éco­fé­mi­nistes de la « pers­pec­tive de sub­sis­tance » mises en avant par Gene­viève Pru­vost, « rééva­luent les notions de moder­ni­sa­tion, d’autonomie et d’émancipation […] à l’aune de l’autogouvernement des socié­tés de chas­seurs-cueilleurs et des socié­tés pay­sannes. La lutte pour l’égalité entre les sexes, sur le plan du droit, de l’accès à l’éducation et au tra­vail, est à leurs yeux indis­so­ciable d’une cri­tique radi­cale de la socié­té de consom­ma­tion, de l’industrialisation et du capi­ta­lisme. L’attention por­tée à l’autonomie que confère le tra­vail de sub­sis­tance les conduit à pro­po­ser une tout autre lec­ture de l’Histoire[19]. » En d’autres termes, les natu­riens défendent la « quête d’autonomie contre le fan­tasme de déli­vrance », comme l’énonce le sous-titre du livre Terre et Liber­té d’Aurélien Ber­lan paru fin 2021[20].

& tan­dis que les natu­riens per­pé­tuent une ancienne — plu­ri­mil­lé­naire — aspi­ra­tion popu­laire de contes­ta­tion du pou­voir, ce der­nier consti­tue en revanche le prin­ci­pal ins­ti­ga­teur du cou­rant tech­no­lo­giste. Depuis les pre­mières COP, les pre­miers « som­mets de la terre », depuis que les pro­blèmes éco­lo­giques engen­drés par la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle sont trop mas­sifs pour être niés et en viennent à inquié­ter, le pou­voir — le capi­ta­lisme, ses diri­geants éta­tiques et entre­pre­neu­riaux, la classe domi­nante, consti­tuée par les plus riches — s’efforce de coop­ter les pré­oc­cu­pa­tions éco­lo­gistes et de les inté­grer[21]. Le phi­lo­sophe André Gorz — qui, para­doxa­le­ment, mal­gré une cri­tique rela­ti­ve­ment lucide des impli­ca­tions de la tech­no­lo­gie[22], pen­cha toute sa vie durant du côté des tech­no­lo­gistes, ne ces­sant jamais de croire en une uto­pie auto­ges­tion­naire hau­te­ment tech­no­lo­gique, notam­ment ren­due pos­sible grâce au poten­tiel éman­ci­pa­teur qu’il per­ce­vait dans les tech­no­lo­gies numé­riques — Gorz, donc, le sou­li­gnait en 1974 dans un texte inti­tu­lé « Leur éco­lo­gie et la nôtre » :

« La prise en compte des exi­gences éco­lo­giques conserve beau­coup d’adversaires dans le patro­nat. Mais elle a déjà assez de par­ti­sans capi­ta­listes pour que son accep­ta­tion par les puis­sances d’argent devienne une pro­ba­bi­li­té sérieuse. Alors mieux vaut, dès à pré­sent, ne pas jouer à cache-cache : la lutte éco­lo­gique n’est pas une fin en soi, c’est une étape. Elle peut créer des dif­fi­cul­tés au capi­ta­lisme et l’obliger à chan­ger ; mais quand, après avoir long­temps résis­té par la force et la ruse, il céde­ra fina­le­ment parce que l’impasse éco­lo­gique sera deve­nue iné­luc­table, il inté­gre­ra cette contrainte comme il a inté­gré toutes les autres[23]. »

C’est désor­mais chose faite : aujourd’hui, les grandes ONG envi­ron­ne­men­tales et les par­tis éco­lo­gistes sont aux éco­lo­gistes ce que les syn­di­cats et les par­tis de gauche sont aux tra­vailleurs[24]. Des moyens insi­dieux de récu­pé­rer et désa­mor­cer le poten­tiel véri­ta­ble­ment sub­ver­sif, déran­geant, pro­blé­ma­tique, de leurs reven­di­ca­tions, de leurs colères. En d’autres mots — ceux de l’Encyclopédie des Nui­sances de Jaime Semprun :

« Les éco­lo­gistes [ou, plu­tôt, tech­no­lo­gistes] sont sur le ter­rain de la lutte contre les nui­sances ce qu’étaient, sur celui des luttes ouvrières, les syn­di­ca­listes : des inter­mé­diaires inté­res­sés à conser­ver les contra­dic­tions dont ils assurent la régu­la­tion, des négo­cia­teurs voués au mar­chan­dage (la révi­sion des normes et des taux de noci­vi­té rem­pla­çant les pour­cen­tages des hausses de salaire), des défen­seurs du quan­ti­ta­tif au moment où le cal­cul éco­no­mique s’étend à de nou­veaux domaines (l’air, l’eau, les embryons humains ou la socia­bi­li­té de syn­thèse) ; bref, les nou­veaux cour­tiers d’un assu­jet­tis­se­ment à l’économie dont le prix doit main­te­nant inté­grer le coût d’un “envi­ron­ne­ment de qua­li­té”. On voit déjà se mettre en place, cogé­rée par les experts “verts”, une redis­tri­bu­tion du ter­ri­toire entre zones sacri­fiées et zones pro­té­gées, une divi­sion spa­tiale qui régle­ra l’accès hié­rar­chi­sé à la mar­chan­dise-nature[25]. »

& l’on com­prend pour­quoi le seul éco­lo­gisme ayant voix au cha­pitre dans les médias est le tech­no­lo­gisme des Dion, Delan­noy et consorts. Pour­quoi l’immense majo­ri­té des Fran­çais ignorent l’existence des anar­chistes natu­riens, d’Alexandre Gro­then­dieck ou de PMO, mais pas celle de Nico­las Hulot.

C’est enfin à dire que, contrai­re­ment à ce que croient nombre de ceux qui se pensent éco­lo­gistes, l’écologie n’est pas une grande famille d’individus dési­rant à peu près la même chose. Aujourd’hui comme dans les années 1960, l’écologie est consti­tuée de cou­rants anta­go­nistes dont un seul, à nos yeux, est digne de ce nom. D’ailleurs, la plu­part de ceux qui s’imaginent l’existence d’un « nous » éco­lo­giste aspi­rant à une seule et même chose ont étran­ge­ment ten­dance à ne pas bien savoir la défi­nir, ou à s’empêtrer dans des aspi­ra­tions contradictoires.

Il importe de savoir ce qu’on veut — com­men­cer par savoir ce qu’on ne veut pas peut aider. Nous concer­nant, nous conti­nue­rons de défendre la pers­pec­tive natu­rienne (que l’on peut aus­si nom­mer réver­sion­naire, anti-indus­trielle, pri­mi­ti­viste, lud­dite, etc.) contre les men­songes et les idées délé­tères des technologistes.

Nico­las Casaux


  1. Non seule­ment réduit à l’existence d’une classe de riches, de grands patrons, ou assi­mi­lé aux seuls excès de la finance, mais com­pris comme la forme de vie sociale orga­ni­sée sur la base, notam­ment, de l’argent, du tra­vail, de la pro­prié­té pri­vée, sur le prin­cipe de la mar­chan­dise, de la pro­duc­tion de valeur, ain­si qu’une vaste divi­sion et spé­cia­li­sa­tion du tra­vail.
  2. Lire, par exemple, outre le livre sus­men­tion­né de Tur­ner, L’Évangélisme tech­no­lo­gique : de la révolte hip­pie au capi­ta­lisme high-tech de la Sili­con Val­ley, de Rémi Durand (2018, Fyp édi­tions).
  3. https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/28/la-pollution-chimique-cinquieme-limite-planetaire-franchie_6111378_3244.html
  4. Cf. « Une brève contre-his­toire du “pro­grès”, de la civi­li­sa­tion et de leurs effets sur la san­té » : https://www.partage-le.com/2017/09/03/une-breve-contre-histoire-du-progres-et-de-ses-effets-sur-la-sante-de-letre-humain/
  5. Cf. « Sommes-nous plus libres que nos ancêtres pré­his­to­riques ? » : https://www.partage-le.com/2022/01/14/sommes-nous-plus-libres-que-nos-ancetres-prehistoriques-par-nicolas-casaux/
  6. Cf. « Le taoïsme anar­chiste contre la civi­li­sa­tion » : https://www.partage-le.com/2021/01/10/le-taoisme-anarchiste-contre-la-civilisation-par-nicolas-casaux/
  7. Cf. Pri­mi­ti­vism and Rela­ted Ideas in Anti­qui­ty, Arthur Love­joy et George Boas, et Pri­mi­ti­vism and Rela­ted Ideas in the Middle Ages, George Boas (1948).
  8. Cf. « Les natu­riens, pré­cur­seurs d’une cri­tique de la civi­li­sa­tion » : https://www.partage-le.com/2019/03/02/les-naturiens-precurseurs-dune-critique-de-la-civilisation-par-nicolas-casaux/
  9. Pour en savoir plus sur Pierre Four­nier, nous vous pro­po­sons ici quelques extraits d’une antho­lo­gie de textes de sa plume publiée en 1975 : https://www.partage-le.com/2016/08/31/yen-a-plus-pour-longtemps-la-civilisation-industrielle-et-son-desastre-ecologique-par-pierre-fournier/
  10. « Qu’est-ce que l’anti-industrialisme et que veut-il ? » (Miguel Amo­ros) : https://www.partage-le.com/2016/02/23/quest-ce-que-lanti-industrialisme-et-que-veut-il-par-miquel-amoros/
  11. https://sniadecki.wordpress.com/2018/09/30/mies-perspective-subsistance/
  12. Dans son livre Une éco­lo­gie déco­lo­niale — Pen­ser l’écologie depuis le monde cari­béen (2019), Mal­com Fer­di­nand, prin­ci­pal théo­ri­cien de « l’écologie déco­lo­niale », exprime clai­re­ment son appar­te­nance à la sphère des tech­no­lo­gistes, par exemple en embras­sant l’idéologie cybor­gienne de Don­na Hara­way : « L’écologie-du-monde sup­pose une onto­lo­gie rela­tion­nelle qui recon­naisse que nos exis­tences et nos corps sont entre­mê­lés des ren­contres avec une plu­ra­li­té d’humains et une plu­ra­li­té de non-humains. Une onto­lo­gie ges­talt créo­li­sée ou une créo­li­sa­tion ges­talt de l’espèce humaine. L’ontologie du Chthu­lu­cène pro­po­sée par Don­na Hara­way qui trouble les fron­tières entre ani­maux humains et non humains et tech­no­lo­gie, tout en ren­dant compte des dis­cri­mi­na­tions de genre et de race, est un pas pos­sible en ce sens. » Éco­lo­gie « pseu­do-déco­lo­niale » serait plus juste tant on y retrouve la plu­part des idées domi­nantes concer­nant le pro­grès tech­nique, etc.
  13. https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/30/pour-emmanuel-macron-la-transition-ecologique-est-avant-tout-une-transition-technologique_6100407_3232.html
  14. https://reporterre.net/Pour-changer-la-societe-nous-devons-etre-des-millions-pas-une-poignee-de
  15. Cyril Dion, Petit manuel de résis­tance contem­po­raine, 2018.
  16. Cyril Dion, Petit manuel de résis­tance contem­po­raine, 2018.
  17. Quelques docu­men­taires sont récem­ment sor­tis qui exposent ces grands men­songes verts, qui exposent les illu­sions vertes que consti­tuent les éner­gies dites vertes, propres ou renou­ve­lables, par­mi les­quels Pla­net of The Humans de Zeh­ner, Gibbs et Moore (« Pla­nète des humains », à voir ici : https://www.partage-le.com/2020/04/24/planete-des-humains-ou-comment-le-capitalisme-a-absorbe-lecologie-par-michael-moore-jeff-gibbs-ozzie-zehner/), La face noire des éner­gies vertes réa­li­sé pour la chaîne M6 (à voir ici : https://www.partage-le.com/2021/12/16/la-face-noire-des-energies-vertes-par-nicolas-casaux/), La face cachée des éner­gies vertes de Guillaume Pitron, copro­duit par Arte (à voir ici : https://www.partage-le.com/2021/05/10/a‑propos-de-la-face-cachee-des-energies-vertes-par-nicolas-casaux/), Blue Heart, réa­li­sé par Pata­go­nia, sur les impacts des bar­rages (https://www.youtube.com/watch?v=OhmHByZ0Xd8), et Bright Green Lies (« De grands men­songes verts ») de Julia Barnes (à voir ici : https://vimeo.com/ondemand/brightgreenlies). Quelques livres existent aus­si sur le sujet dont La Guerre des métaux rares de Guillaume Pitron. Enfin, de nom­breux textes publiés sur le site Le Par­tage (www.partage-le.com) l’abordent aus­si, par­mi les­quels « Confu­sion renou­ve­lable et tran­si­tion ima­gi­naire », « L’étrange logique der­rière la quête d’énergies “renou­ve­lables” », « Sur les illu­sions renou­ve­lables », « L’écologie™ du spec­tacle et ses illu­sions vertes (espoir, “pro­grès” & éner­gies “renou­ve­lables”) ». Sur les bar­rages, spé­ci­fi­que­ment, voir « Com­ment les bar­rages détruisent le monde natu­rel (et non, le Cos­ta Rica n’est pas un para­dis éco­lo­gique) » et « Dans la famille des fléaux tech­no­lo­giques, voi­ci les bar­rages ».
  18. https://twitter.com/ClemSenechal/status/1487092279991021571
  19. Gene­viève Pru­vost, Quo­ti­dien poli­tique (2021).
  20. Pour lire quelques extraits de cet excellent livre d’Aurélien Ber­lan, c’est par ici : https://www.partage-le.com/2021/11/16/a‑propos-de-terre-et-liberte-daurelien-berlan/
  21. Lire, par exemple, « Com­ment les riches ont façon­né et neu­tra­li­sé le mou­ve­ment éco­lo­giste grand public » (Michael Bar­ker) : https://www.partage-le.com/2017/06/03/comment-les-riches-ont-faconne-et-neutralise-le-mouvement-ecologiste-grand-public-par-michael-barker/
  22. Dans Éco­lo­gie et Liber­té (1977), il écri­vait notam­ment que « la tech­nique n’est pas neutre : elle reflète et déter­mine le rap­port du pro­duc­teur au pro­duit, du tra­vailleur au tra­vail, de l’individu au groupe et à la socié­té, de l’homme au milieu ; elle est la matrice des rap­ports de pou­voir, des rap­ports sociaux de pro­duc­tion et de la divi­sion hié­rar­chique des tâches. Des choix de socié­té n’ont ces­sé de nous être impo­sés par le biais de choix tech­niques. Ces choix tech­niques sont rare­ment les seuls pos­sibles. Ce ne sont pas néces­sai­re­ment les plus effi­caces. Car le capi­ta­lisme ne déve­loppe que les tech­niques conformes à sa logique et com­pa­tibles avec sa domi­na­tion. Il éli­mine les tech­niques qui ne conso­li­de­raient pas les rap­ports sociaux en vigueur, même quand elles sont plus ration­nelles au regard des buts à atteindre. Les rap­ports capi­ta­listes de pro­duc­tion et d’échange se sont ins­crits dans les tech­no­lo­gies que le capi­ta­lisme nous lègue. Sans la lutte pour des tech­no­lo­gies dif­fé­rentes, la lutte pour une socié­té dif­fé­rente est vaine : les ins­ti­tu­tions et les struc­tures de l’État sont, dans une large mesure, déter­mi­nées par la nature et le poids des tech­niques. Le nucléaire par exemple, qu’il soit capi­ta­liste ou socia­liste, sup­pose et impose une socié­té cen­tra­li­sée, hié­rar­chi­sée et poli­cière. »
  23. À lire ici : https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027
  24. Lire « Qui a tué Ned Ludd ? Petite contre-his­toire du syn­di­ca­lisme » (par John Zer­zan) : https://www.partage-le.com/2015/05/01/qui-a-tue-ned-ludd-petite-contre-histoire-du-syndicalisme-john-zerzan/ & les dis­cus­sions sur le syn­di­ca­lisme dans les extraits du livre Métro, bou­lot, chi­mio publiés dans cet article : https://www.partage-le.com/2022/01/22/vive-la-guerre-vive-lemploi-vive-dassault-par-nicolas-casaux/
  25. « Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nui­sances mais les sup­pri­mer » : https://www.partage-le.com/2018/12/23/adresse-a-tous-ceux-qui-ne-veulent-pas-gerer-les-nuisances-mais-les-supprimer-par-ledn/
Print Friendly, PDF & Email
Total
50
Shares
5 comments
  1. La cri­tique des tech­no­lo­gistes a un angle mort :
    Elle oublie que nous étions seule­ment 2 mil­liards sur Terre dans la pre­mière moi­tié du XXe siècle. Et 1 mil­liard au début de la révo­lu­tion indus­trielle du XIXe siècle.
    Nous sommes 3 ou 4 fois plus nom­breux aujourd’­hui. Ce qui était pos­sible hier, ne l’est plus aujourd’­hui (si l’on parle d’un mode de vie à généraliser)
    Les révo­lu­tions agri­coles suc­ces­sives depuis l’an­ti­qui­té, qui sont des révo­lu­tions tech­niques, ont sys­té­ma­ti­que­ment eu deux effets :
    — La fin des famines pro­vo­quées par le pla­fond de verre de la pro­duc­ti­vi­té agri­cole pour une sur­face agri­cole donnée.
    — Un effet de cli­quet qui empêche de reve­nir en arrière, a cause d’une aug­men­ta­tion de la popu­la­tion consé­cu­tive a une meilleur alimentation. 

    Certes l’a­gro-busi­ness n’est pas un modèle, mais il n’est pas arri­vé de nulle part et les trac­teurs suc­cèdent à la culture atte­lée lourde, qui elle même suc­cède à la culture atte­lée, qui elle même suc­céde à l’a­raire, etc. Jus­qu’à la culture sur brû­lis en cra­mant les forêts.

    Idéo­lo­gi­que­ment la deep eco­lo­gy est incon­tour­nable, et la cri­tique de la tech­no-struc­ture aus­si. Mais la cri­tique tech­nique pour la cri­tique tech­nique est absurde si l’on ne prends pas en compte le contexte socié­tal et démo­gra­phique. A moins de vou­loir accé­lè­rer le retour des famines, mais c’est la stra­té­gie du pire…

    1. Je ne com­prends pas en quoi il s’a­gi­rait d’un angle mort. Les famines n’ont jamais rien eu de natu­rel. La condi­tion socio-éco­lo­gique de l’être humain en dehors de et avant la civi­li­sa­tion n’im­plique pas la famine.

  2. « L’ex­pli­ca­tion de la « crise de l’en­vi­ron­ne­ment » par une pénu­rie phy­sique est en fait la défense d’un rap­port social particulier.
    Sans même l’aide d’un ordi­na­teur, en pas­sant en revue les res­sources ter­restres deve­nues néces­saires à l’homme (oxy­gène, nour­ri­ture, eau, miné­raux, éner­gie), on peut consta­ter qu’il n’y a pas d’autres pénu­ries phy­siques que celles créées par le Capi­tal. Le véri­table pro­blème est celui de l’emploi et du gâchis actuel des facul­tés humaines et de celles de la pla­nète. Mon­trer ce gâchis, c’est dévoi­ler l’a­bon­dance pos­sible. Une abon­dance ren­due néces­saire par la mul­ti­pli­ca­tion des hommes et des besoins engen­drés par le capi­ta­lisme. Une abon­dance néces­saire à une socié­té sans classes : la rare­té va de pair avec l’ap­pro­pria­tion pri­va­tive et celle ci repro­duit la rare­té pour se repro­duire elle même. Une abon­dance dépen­dant de l’ins­tau­ra­tion de la com­mu­nau­té entre les hommes et entre les hommes et la nature et qui serait en fait la pra­tique de cette double communauté.
    Non un pro­lon­ge­ment de l’ac­tuelle fré­né­sie de consommation »
    « La guerre sociale »

  3. Il est ques­tion de Bru­no Latour dans cet article ; ce mes­sage pour signa­ler celui-ci : 

    http://www.journaldumauss.net/?Une-nouvelle-theodicee-Remarques-sur-la-sociologie-des-techniques-de-Bruno#nh33

    Un article sidé­rant, dont l’ob­jet est bien plus vaste que le simple cas ‘Latour’. Accrochez-vous !
    Pour retrou­ver des racines catho­liques-jésuites de l’é­co­lo­gisme tech­no­phile — néo libé­ral (le lec­teur éclai­ré pour­ra aus­si faire un rap­pro­che­ment avec Gaël Giraud par ex. et d’autres : mer­ci de com­plé­ter la liste) ; je ne suis pas convain­cu par le célèbre article de Lynn Town­send White mais le rap­pro­che­ment semble évident et sans doute trop facile (on peut oppo­ser Ivan Illich par ex. ; des idées sur ses rap­ports avec les jésuites ?).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles connexes